L'histoire de Maximus sous format pdf - WebRing

Chapitre 2 : Le Campement
Maximus s'adapta facilement à la vie militaire et eut l'impression d'avoir à nouveau trouvé un autre foyer.
Sa place était ici, avec ces hommes forts et leur serment de défendre la gloire de Rome, un endroit que
Maximus pouvait seulement imaginer.
En tant que nouvelle recrue, on lui confia d'abord la tâche la plus ingrate, nettoyer les écuries, mais il aima
le faire et était déterminé à devenir le meilleur nettoyeur d'écurie que l'armée ait jamais eu. Sa résolution
ne passa pas inaperçu et on lui donna bientôt des tâches plus significatives qui comprenaient les soins aux
chevaux et le polissage des armures des soldats. On faisait uniquement confiance aux garçons les plus
doués pour de tels travaux et il les exécuta avec fierté.
Comme il apprenait vite, Maximus connut bientôt parfaitement le fonctionnement de chaque partie du
campement et quand il ne travaillait pas, il s'installait pour observer ce à quoi aucun des garçons n'était
autorisé à participer : l'entraînement des soldats avec leurs armes dangereuses.
Il savait combien elles étaient lourdes et s'émerveillait de voir les hommes croiser les épées comme si
elles avaient été faites de bois. La seule preuve de leurs efforts étaient les grognements et les cris qui
s'échappaient de leurs gorges alors que le métal s'entrechoquait et projetait des étincelles.
L'armée avait été basée à Toletum2, dans le centre de l'Espagne et la majeur partie de leurs armures et de
leurs armes avaient été forgées là-bas, dans le meilleur métal de tout l'Empire, en l'honneur du nouveau
César, Marc-Aurèle, qui était le successeur par adoption du défunt Antonin Le Pieux.
Le campement près de la mer était temporaire et chaque homme savait qu'ils regagneraient bientôt le
Nord pour contre-carrer les soulèvements dans les tribus du Nord qui avaient profité du changement de
pouvoir à Rome. Il y avait même des rumeurs qui affirmaient que César viendrait voir le camp
prochainement, puisqu'il inspectait en ce moment ses nombreuses légions.
On ne faisait pas que travailler au campement. Tous les soirs, les hommes s'asseyaient autour des feux et
bavardaient à voix basse ou s'occupaient avec des jeux inoffensifs comprenant des dés et des pierres.
Il avait aussi conscience que des femmes des environs venaient dans le camp la nuit et il voyait des
soldats disparaître dans des tentes avec elles, un à la fois, pour ressortir quelques minutes plus tard en se
grattant le ventre et en riant, alors qu'un autre prenait leur place. Maximus savait ce qui se passait dans
ces tentes, tout comme les autres garçons, mais ils comprenaient seulement dans les grandes lignes ce
qu'il se passait entre les hommes et les femmes.
Lui et ses deux plus proches amis, Lucius et Quintus, s'asseyaient le dos appuyé contre des balles de foin
et observaient le défilé des hommes entrant et sortant de la tente. Quintus, âgé d'un an de plus que ses
camarades, venait d'essayer hardiment de se joindre à la file d'attente mais avait été remis brutalement à
sa place parmi les garçons, au milieu des rires et des sarcasmes des hommes. A 15 ans, Quintus
s'entraînait déjà avec des armes réelles et il se considérait comme un homme, un vrai.
Il s'assit à côté de ses amis, écumant de rage et d'embarras.
Lucius brisa leur silence.
- Ils ne mettent pas longtemps, hein. Même les chiens sont plus longs.
Maximus et Quintus tournèrent leurs têtes à l'unisson pour le regarder et Quintus eut un sourire narquois.
- Ca prend le temps que ça doit prendre.
Quintus venait de Rome et se considérait comme bien supérieur à ses compagnons qui venaient tous les
deux des provinces, Lucius étant né près d'Aquitania3.
Il y avait une réelle rivalité entre les garçons qui savaient tous que l'armée allait être toute leur vie pour de
nombreuses années et qui rivalisaient pour avoir les tâches les plus prestigieuses. Ils savaient que, dans
les années à venir, les chefs de l'armée seraient choisis parmi leurs rangs et ils étaient soucieux de faire
bonne impression auprès des personnes les plus importantes. La situation idéale était d'être choisi pour
servir un officier de haut rang et vivre dans ses quartiers. Quintus était sûr que ce temps viendrait bientôt
pour lui puisqu'il était dans l'armée depuis qu'il avait 9 ans.
Maximus regarda Quintus dans les yeux et dit tranquillement :
- Tu n'en sais pas plus que lui, Quintus.
Le ton supérieur de Quintus pouvait être très cassant mais n'avait jamais impressionné Maximus qui avait
pris sur lui de le remettre à sa place à chaque fois qu'il le jugeait nécessaire.
- Et je suppose que toi, oui ?
- Je n'ai jamais prétendu ça.
Quintus savait que la discussion tournait à son désavantage au profit de Maximus, comme souvent.
L'Espagnol semblait insensible aux railleries du garçon et avait le chic pour le réduire au silence d'une
seule phrase.
Quintus décida de changer de sujet de conversation.
- J'ai entendu dire que de jeunes soldats seraient bientôt choisis pour servir quelques uns des officiers les
plus gradés, y compris le Général Patroclus.
Quintus sourit.
- Ce travail sera le mien, vous n'avez qu'à me laisser faire.
Maximus ne répondit pas. Il avait entendu la même rumeur.
- J'aimerais faire ça, dit Lucius.
- Et qu'as-tu fait pour impressionner qui que se soit ?, répliqua Quintus.
Lucius se mit en colère.
- Je suis aussi bon que n'importe qui ici. Je travaille dur. Je suis intelligent et j'ai meilleure allure que toi.
Maximus éclata de rire au coup porté par Lucius à la vanité de Quintus.
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