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Enver Hoxha - Les khrouchtchéviens - communisme-bolchevisme

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quand je dis versé leur sang, je veux dire que durant la lutte ils ont non seulement combattu les<br />

ennemis extérieurs l'arme à la main, mais aussi renié la classe dont ils sont issus, et même leurs parents<br />

et leurs proches lorsque ceux-ci se sont opposés au Parti et au peuple. Tous les cadres de notre armée<br />

ont participé à la lutte, ils sont issus de la lutte et non seulement je rejette ces accusations, mais je vous<br />

dis que vos indicateurs vous trompent, qu'ils calomnient. Je puis vous assurer que les armes que nous<br />

avons reçues et celles que nous recevrons de vous, seront toujours, comme elles l'ont été, en des mains<br />

sûres, que notre Armée populaire a été et est dirigée par le Parti du Travail et par nul autre. C'est tout<br />

ce que j'avais à dire !», et je me rassis.<br />

Mon intervention terminée, Malenkov prit la parole pour clore le débat. Après avoir indiqué qu'il<br />

s'associait à ce qui avait été dit, et nous avoir donné tout un paquet de «conseils et d'instructions», lui<br />

aussi s'arrêta au débat que nous avions eu avec Boulganine et Beria sur les «ennemis» dans les rangs<br />

de notre armée.<br />

«Quant aux épurations à entreprendre dans l'armée, je pense que le problème ne doit pas être posé de<br />

cette manière», dit-il, désavouant ainsi le «conseil» que Boulganine m'avait donné dans ce sens. «<strong>Les</strong><br />

hommes ne naissent pas déjà formés, ils peuvent aussi commettre des erreurs dans la vie. Nous ne<br />

devons pas avoir peur de pardonner leurs fautes passées à ceux qui se sont trompés. Nous avons chez<br />

nous des hommes qui nous ont combattus les armes à la main, mais maintenant nous promulguons des<br />

lois spéciales pour leur pardonner leur passé et leur donner ainsi la possibilité de travailler dans<br />

l'armée, d'entrer même dans le parti. Le terme d'«épuration» de l'armée, souligna Malenkov, n'est pas<br />

approprié», et il mit fin à la discussion.<br />

C'était à ne rien y comprendre : l'un disait gratuitement «vous avez des ennemis» et «épurez-les !», et<br />

l'autre déclarait «nous promulguons des lois pour leur pardonner leur passé» !<br />

Quoi qu'il en fût, c'étaient là leurs manières de juger. Nous les écoutâmes avec attention et leur<br />

exprimâmes ouvertement notre opposition sur tous les points sur lesquels nous n'étions pas d'accord.<br />

Finalement, je les remerciai de leur accueil et, comme en passant, leur fis savoir que le Comité central<br />

de notre Parti avait décidé de me décharger, de m'alléger de plusieurs de mes fonctions, de manière<br />

que je ne garde que le poste essentiel de Secrétaire général du Parti. (J'étais alors à la fois secrétaire<br />

général et président du Conseil, ministre de la Défense et ministre des Affaires étrangères. J'avais<br />

assumé ces fonctions dès la libération, alors que le pays avait à surmonter de multiples difficultés,<br />

suscitées par nos ennemis extérieurs et intérieurs).<br />

Malenkov jugea cette décision judicieuse et répéta par deux fois son pravilno favori. Nous n'avions<br />

plus rien à nous dire, nous nous séparâmes après nous être serré la main.<br />

De cette rencontre je tirai d'amères conclusions. J'avais constaté que la direction de l'Union soviétique<br />

n'était pas bien disposée à l'égard de notre pays. Le comportement hautain observé envers nous au<br />

cours de notre entrevue, le refus de nous accorder le peu de choses que nous demandions et l'attaque<br />

calomnieuse à rencontre des cadres de notre armée n'étaient pas de bons signes.<br />

Cette rencontre me permit également de constater qu'au Présidium du Parti communiste de l'Union<br />

soviétique l'unité faisait défaut : Malenkov et Beria y dominaient, Molotov ne parlait presque pas,<br />

Mikoyan, qui se tenait plutôt dans l'ombre, crachait de temps en temps son venin, alors que<br />

Boulganine vomissait sa fange.<br />

On devinait qu'au Présidium du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, les gros<br />

bonnets s'étaient mis à jouer violemment des coudes. Malgré leur soin à ne pas donner au dehors<br />

l'impression d'une «relève de la garde» au Kremlin, ils ne pouvaient tout cacher. Des mutations avaient<br />

eu et continuaient d'avoir lieu dans le parti et dans le gouvernement. Khrouchtchev, après avoir<br />

supplanté Malenkov, à qui il ne laissa que le poste de premier ministre, devint lui-même, en septembre<br />

1953, premier secrétaire du Comité central. Il va de soi que lui et le groupe qui lui était proche avaient<br />

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