Enver Hoxha - Les khrouchtchéviens - communisme-bolchevisme
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— Nous aussi, nous travaillons nous-mêmes, rétorquai-je, nous n'avons pas de colons chez nous. Nous<br />
ne mendions pas, nous vous demandons une aide internationaliste.»<br />
Mes répliques lui firent baisser un peu le ton. Néanmoins il poursuivit :<br />
«Vos plans successifs ne sont pas réalisés. Prenons la construction. Vous avez entrepris des<br />
constructions colossales pour votre pays, mais si ces constructions ne se réalisent pas, c'est, d'abord,<br />
parce que vous manquez de main-d'œuvre et que vous n'avez pas créé les conditions appropriées à cet<br />
effet, et ensuite parce que vous avez entrepris de bâtir de nombreuses usines qui ne vous sont pas<br />
nécessaires. Vous vous êtes attaqués à ces constructions sans tenir compte des conditions réelles de<br />
l'Albanie. Vous construisez une centrale hydroélectrique sur le Mat. Nous nous demandons où vous<br />
utiliserez cette énergie électrique. Nous ne voyons pas où vous pouvez l'employer, vous n'avez pas<br />
besoin de tant d'électricité».<br />
Ce raisonnement me sembla ne pas tenir debout et je m'y opposai :<br />
«La centrale sur le Mat, lorsqu'elle sera terminée, aura une puissance d'environ 25.000 kW. Comment<br />
pouvez-vous penser que ce soit excessif ?! Considérez bien, camarade Mikoyan, que non seulement<br />
nous avons besoin dès aujourd'hui d'énergie électrique, mais que le futur développement planifié de<br />
notre économie ne peut être garanti si nous ne prenons pas en temps voulu les mesures requises pour<br />
nous assurer l'énergie nécessaire.<br />
— Vos planifications ne sont pas exactes. La centrale vous coûte les yeux de la tête et vous ne saurez<br />
que faire de ce courant, insista-t-il. Vous avez également projeté de construire des usines et fabriques<br />
inutiles, entre autres une aciérie, une usine de traitement du bois, une papeterie, une verrerie, une usine<br />
de traitement du lin et une fabrique de pain. En quoi l'Albanie a-t-elle besoin de toutes ces fabriques ?<br />
Pourquoi construisez-vous une raffinerie? [Il s'agit de la raffinerie de Cerrik, en cours de construction<br />
à l'époque.] Avez-vous suffisamment de pétrole, ou bien bâtissez-vous cette usine pour qu'elle<br />
suspende son fonctionnement ? Considérez bien tout cela et supprimez le superflu. La question de<br />
l'agriculture est très préoccupante, réduisez donc vos investissements dans l'industrie et renforcez votre<br />
agriculture !»<br />
Je l'écoutais parler, et, l'espace d'un moment, j'eus l'impression d'avoir devant moi non pas un membre<br />
du Présidium du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique et vice-premier ministre<br />
soviétique, mais l'envoyé de Tito, Kidric qui, sept ou huit ans auparavant, avait tout mis en œuvre avec<br />
ses compagnons pour nous persuader de renoncer à l'industrialisation du pays, de ne construire aucun<br />
établissement industriel. «L'agriculture, l'agriculture», insistaient les hommes de Belgrade.<br />
«L'agriculture, seulement l'agriculture», entendais-je maintenant, en 1953, me conseiller aussi à<br />
Moscou...<br />
Tout cet entretien, qui avait pour objet l'examen de nos problèmes économiques, se poursuivit dans cet<br />
esprit jusqu'au bout.<br />
Quelques jours après, nous rencontrâmes à nouveau Mikoyan et deux ou trois autres fonctionnaires<br />
soviétiques pour «débattre» encore de nos questions économiques. Voyant les mauvaises dispositions<br />
de nos hôtes, nous mîmes nous-mêmes une grande croix sur beaucoup de nos demandes. Nous nous<br />
limitâmes à certaines requêtes indispensables, et, indépendamment de leurs «conseils», j'insistai pour<br />
obtenir un petit crédit pour notre industrie, en particulier pour les secteurs du pétrole et des mines.<br />
Je ne puis oublier notre entretien final avec Malenkov et Mikoyan.<br />
«Suivant vos conseils, leur dis-je, j'ai discuté avec mes camarades et nous avons décidé de retrancher<br />
de nos premières demandes celles concernant la papeterie, la verrerie, l'aciérie et la fabrique de pain,<br />
que nous renverrons au prochain quinquennat.<br />
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