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Enver Hoxha - Les khrouchtchéviens - communisme-bolchevisme

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Dans une des rencontres que j'eus avec Khrouchtchev en juin 1954, il se mit, soi-disant sur le plan des<br />

principes et de la théorie, à m'expliquer la grande importance de la «direction collégiale», les grands<br />

maux qu'entraîne la substitution à celle-ci du culte d'une personne, il me cita aussi des passages isolés<br />

des œuvres de Marx et de Lénine pour me donner à entendre qu'il appuyait ses dires sur un «fond<br />

marxiste-léniniste».<br />

Il ne s'en prit pas à Staline mais déchargea toutes ses batteries contre Beria, l'accusant de fautes réelles<br />

et imaginaires. Il faut dire qu'à cette étape initiale de son offensive révisionniste. Khrouchtchev n'avait<br />

pas de meilleure carte que Beria pour la réalisation de ses propres plans secrets. Comme je l'ai déjà dit,<br />

Khrouchtchev présenta Beria comme le responsable de beaucoup de maux; celui-ci aurait sous-estimé<br />

le rôle du premier secrétaire, il aurait nui à la «direction collégiale», il aurait tenté de mettre le parti<br />

sous la coupe de la Sécurité d'Etat. Sous le couvert de la lutte contre les torts causés par Beria,<br />

Khrouchtchev, d'une part, plongeait ses racines dans la direction du parti et de l'Etat, mettait la main<br />

sur le ministère de l'Intérieur, et, d'autre part, préparait l'opinion pour l'attaque ouverte qu'il lancerait<br />

un peu plus tard contre Joseph Vissarionovitch Staline, contre l'œuvre véritable du Parti communiste<br />

bolchevik de Lénine et de Staline.<br />

Beaucoup de ces actions et changements inopinés n'étaient pas sans attirer notre attention, mais il était<br />

trop tôt pour que nous puissions saisir les véritables dimensions du complot qui était mis en œuvre. Et<br />

pourtant, dès lors, nous ne pouvions ne pas noter la nature contradictoire des actes et des idées de ce<br />

«nouveau dirigeant» qui prenait les rênes de l'Union soviétique. Or, quelques jours plus tôt, au cours<br />

d'une rencontre où il nous avait parlé des rôles respectifs du premier secrétaire du parti et du premier<br />

ministre, ce même Khrouchtchev, qui maintenant se présentait en «adepte de la direction collégiale»,<br />

s'était posé à nous en ardent partisan du «rôle de la personnalité», de «la main forte».<br />

Après la mort de Staline, on eut l'impression que ces hommes «attachés aux principes» avaient établi<br />

une direction soi-disant collégiale. Cela était claironné pour faire ressortir que «Staline avait violé le<br />

principe de la collégialité», qu'il «avait abâtardi cette norme importante de direction léniniste» et que<br />

«la direction du parti et de l'Etat, de collégiale qu'elle était, s'était muée en une direction personnelle».<br />

C'était un grossier mensonge et les <strong>khrouchtchéviens</strong> le répandaient pour se préparer le terrain. Si la<br />

collégialité avait été violée, la faute devait en être recherchée non pas dans les idées justes exprimées<br />

par Staline sur divers problèmes, mais dans leurs flagorneries et dans les décisions arbitraires qu'ils<br />

prenaient eux-mêmes, en déformant la ligne dans les divers secteurs qu'ils dirigeaient. Et comment les<br />

agissements de ces éléments antiparti, qui avaient entouré Staline, pouvaient-ils être contrôlés alors<br />

que ceux-ci répandaient eux-mêmes l'idée que le «Tsé-Ka znayet vsio»?! [En russe : Le C.C. sait<br />

tout.] Ils voulaient par là convaincre le parti et le peuple que «Staline sait tout ce qui se passe» et<br />

qu'«il approuve tout». En d'autres termes, au nom de Staline et à travers leurs apparatchiks, ils<br />

étouffaient la critique et cherchaient à convertir le Parti bolchevik en un parti sans âme, en un<br />

organisme sans volonté et sans énergie, qui végétait au jour le jour en souscrivant à ce que décidait,<br />

tramait et déformait la bureaucratie.<br />

Dans la campagne pour la prétendue instauration d'une direction collégiale, Khrouchtchev s'efforça de<br />

jongler adroitement en menant un bruit assourdissant sur la lutte contre le culte de la personnalité. Il<br />

n'y avait plus de portraits de Khrouchtchev dans la presse quotidienne, plus de titres en gros caractères<br />

à sa louange ; on eut maintenant recours à une autre tactique rebattue : tous les journaux étaient<br />

remplis de ses déclarations publiques et de ses discours, de nouvelles annonçant ses rencontres avec<br />

des ambassadeurs étrangers, sa présence chaque soir à des réceptions de diplomates, ses contacts avec<br />

des délégations de partis communistes, ses entrevues avec des journalistes, hommes d'affaires,<br />

sénateurs américains et millionnaires occidentaux, de ses amis. Et toute cette tactique visait à opposer<br />

sa méthode de travail au «travail en vase clos de Staline, à son «travail sectaire», qui, selon les<br />

<strong>khrouchtchéviens</strong>, aurait été si néfaste pour l'ouverture de l'Union soviétique au monde.<br />

Cette propagande khrouchtchévienne avait pour but de montrer au peuple soviétique qu'il avait<br />

maintenant trouvé «le véritable dirigeant léniniste, qui sait tout, qui apporte une juste solution à tout,<br />

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