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Enver Hoxha - Les khrouchtchéviens - communisme-bolchevisme

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jolie façade soi-disant «amicale», agissait intensément la garde des Mikoyan et des autres<br />

fonctionnaires du commerce, qui, dans les discussions sur les problèmes économiques, se<br />

comportaient avec nous et avec d'autres comme de véritables trafiquants. C'étaient des gens de<br />

Khrouchtchev, lesquels, à son su et selon ses instructions, usaient dans les «rencontres de travail»,<br />

dans «l'examen concret des questions)», de toutes sortes de pressions et de subterfuges pour réduire<br />

nos demandes et «aplanir» les questions, de manière que, lorsque nous irions finalement chez<br />

Khrouchtchev, il ne lui restât plus qu'à nous prodiguer des sourires, des flatteries et des toasts. Une<br />

fois, nous eûmes une violente prise de bec avec Mikoyan à propos de l'octroi d'un crédit pour des<br />

produits de consommation courante. Il n'y a pas lieu ici d'évoquer la grave situation que nous<br />

connaissions ces années-là pour ce genre de marchandises et les grands et pressants besoins qui étaient<br />

alors ceux de notre pays en ce domaine. La direction soviétique connaissait cette situation, mais nous<br />

lui avions, à l'appui de la demande de crédits que je viens d'évoquer, écrit une lettre pour lui brosser un<br />

bref tableau de la manière dont nous satisfaisions les besoins de notre population. Mais avant même<br />

d'examiner notre demande, Mikoyan nous fit un grief :<br />

«Vous dépensez, dit-il, dans d'autres secteurs les crédits que nous vous avons accordés pour le<br />

développement de votre économie. Vous vous procurez avec ces crédits des produits de consommation<br />

courante.<br />

— Nous avons eu et nous avons toujours, lui répondis-je, de grands besoins de biens de<br />

consommation, mais je n'ai pas connaissance de ce que vous affirmez. Nous n'avons jamais permis que<br />

les crédits destinés au développement de l'industrie ou de l'agriculture soient employés pour l'achat de<br />

ce genre de marchandises.<br />

— Si, si ! répéta Mikoyan. Vous avez dépensé tant de millions de roubles, et il cita un chiffre dont je<br />

ne me souviens pas exactement, mais qui dépassait les dix millions.<br />

— C'est la première fois que j'en entends parler, lui dis-je, mais malgré tout nous allons vérifier cela.<br />

— Je peux vous en convaincre !» dit Mikoyan d'un ton rogue et irrité, et il ordonna à un des<br />

fonctionnaires qui l'entouraient d'apporter les documents relatifs.<br />

Un moment après, celui-ci revint, tout pâle, et posa les quittances devant Mikoyan.<br />

«Il n'y a pas violation de la part de la partie albanaise, dit-il, elle a acheté les marchandises que vous<br />

venez de citer avec le crédit que nous lui avons accordé précisément à cette fin».<br />

Mikoyan, déconcerté, marmonna quelques mots entre ses dents, puis, concernant notre demande d'un<br />

nouveau crédit pour l'achat de produits de consommation, nous répondit :<br />

«Nous ne pouvons pas vous accorder des crédits de ce genre, car avec ces produits-là nous<br />

commerçons. C'est donnant, donnant.<br />

— Je regrette, répondis-je, de vous entendre poser la question de cette manière, alors que vous savez<br />

bien que notre pays se trouve en difficulté et à un moment où nos ennemis italiens, yougoslaves et<br />

grecs nous ont encerclés et complotent à notre encontre. Que voulez-vous d'autre de nous ? Nous vous<br />

donnons à vous et aux pays de démocratie populaire le chrome, le pétrole et le cuivre que nous<br />

extrayons. Ne voudriez-vous pas que nous vous donnions aussi le pain que notre peuple n'a pas encore<br />

en quantité suffisante ? Je trouve votre raisonnement non fondé, dis-je à l'Arménien, et je demande que<br />

vous reconsidériez cette question».<br />

Ils la réexaminèrent, mais n'acquiescèrent à nos demandes qu'après y avoir fait des coupes sombres. Ils<br />

nous accordèrent bien quelques crédits limités, mais nous abreuvèrent surtout de critiques hautaines et<br />

de «conseils».<br />

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