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Enver Hoxha - Les khrouchtchéviens - communisme-bolchevisme

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— Non, lui répliquai-je. Ce que vous dites là n'est pas vrai. Nous travaillons jour et nuit, nous en<br />

perdons le sommeil, mais telles sont nos conditions et nos difficultés». Et je continuai de lui parler du<br />

travail inlassable et plein d'abnégation qu'accomplissaient en Albanie les ouvriers, la paysannerie<br />

travailleuse, la jeunesse, les femmes, le peuple tout entier, jeunes et vieux.<br />

«Mais voilà, fit le mercanti, cherchant à atténuer ses dires, vous voulez mettre sur pied une industrie. Il<br />

vous est difficile d'en créer une et vous ne pourrez vous procurer les équipements nécessaires sans les<br />

demander à l'étranger, à nous. Engagez vos forces dans l'agriculture, améliorez la vie de vos<br />

campagnes, n'attendez pas de réaliser votre développement uniquement à travers l'industrie.»<br />

Nous continuâmes longuement de nous quereller avec le marchand arménien et, comme toujours, il<br />

mit un terme à la discussion en nous disant : «bon, j'en ferais part à la direction». En fait, Staline<br />

acquiesça à toutes nos demandes et ni dans ce cas ni dans aucun autre il ne nous fit des observations<br />

du genre de celles de Mikoyan. Toujours est-il que celui-ci aussi avait craché son fiel contre nous<br />

auprès de Staline.<br />

C'est donc ainsi, en trafiquant, que Mikoyan se comportait avec toutes nos délégations économiques.<br />

«Nous ne disposons pas de ce que vous nous demandez, les crédits que vous sollicitez sont excessifs.<br />

Nous ne pouvons pas vous aider à construire la rizerie, la cimenterie etc., que vous nous demandez»,<br />

nous disait-il, bien que les crédits que nous sollicitions fussent minimes.<br />

Notre modestie et notre hésitation dans nos demandes étaient le propre d'un pauvre qui avait connu la<br />

misère, qui avait éprouvé le labeur et la peine, qui connaissait aussi les besoins colossaux de l'Union<br />

soviétique dévastée par la guerre, et ses obligations internationales. Même pour la plupart des usines et<br />

autres établissements dont les équipements nous avaient été accordés à crédit et que nous étions en<br />

train de construire, la voie de l'octroi de ces crédits avait déjà été ouverte du vivant de Staline.<br />

Vainement, nous expliquions à Mikoyan la situation lamentable de notre pays, qui n'avait pas hérité la<br />

moindre usine de la bourgeoisie, qui avait été incendié et affamé durant la guerre, qui ne possédait pas<br />

un tracteur à faire travailler dans ses champs, nous lui faisions valoir qu'il n'était donc pas juste que<br />

nous soyons mis sur le même pied que l'Allemagne de l'Est, la Tchécoslovaquie, etc. Une fois que<br />

Mikoyan s'était mis à me reprocher que nos vaches ne donnaient que 500 à 600 litres de lait par an,<br />

j'eus avec lui une vive prise de bec.<br />

«Pourquoi les gardez-vous ? me dit-il, vous feriez mieux de les abattre !»<br />

Irrité, je répliquai :<br />

«Nous ne choisirons jamais la voie consistant à abattre le bétail, mais nous chercherons à mieux<br />

l'alimenter et à en améliorer la race. Vous devez savoir que notre peuple lui-même souffre encore<br />

d'une alimentation insuffisante, à plus forte raison le bétail en souffre-t-il aussi.<br />

— Chez nous, dit-il fièrement, une vache produit tant et tant de milliers de litres de lait.<br />

— Excusez-moi, lui dis-je, vous êtes un ancien cadre de l'Etat soviétique et vous devez le savoir : vos<br />

vaches produisaient-elles tant de lait au lendemain de la révolution d'Octobre, en 1920 ou en 1924 ?<br />

— Non, les choses alors étaient différentes.<br />

— C'est ainsi qu'elles sont aujourd'hui chez nous, et nous ne pouvons atteindre votre niveau quatre ou<br />

cinq ans seulement après notre libération. L'essentiel, c'est que nous nous sommes mis à la tâche et que<br />

nous aspirons ardemment au développement et au progrès. Ni le désir, ni la volonté ne nous font<br />

défaut. Mais il nous faut évaluer justement les choses.»<br />

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