Enver Hoxha - Les khrouchtchéviens - communisme-bolchevisme
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Mais nos rencontres antérieures, particulièrement avec Mikoyan, nous avaient maintenant appris ce<br />
que nous devions faire pour que notre lettre agrée aux Soviétiques : nous retranchâmes donc plusieurs<br />
de nos demandes, nous ôtâmes du projet de plan futur une partie de nos prévisions et de nos<br />
propositions, en particulier dans le domaine de l'industrie, et leur écrivîmes une seconde lettre,<br />
«corrigée» ou plutôt «mutilée». Nous ne nous étions pas trompés : ils nous firent savoir qu'ils nous<br />
attendaient à Moscou «pour conférer avec nous et décider de la question des aides».<br />
Nous nous rencontrâmes donc avec les dirigeants soviétiques le 8 juin 1954. C'est précisément là que<br />
Khrouchtchev, étant encore «un mauvais Albanais», comme il nous l'avait dit, refusa de parler de nos<br />
problèmes économiques, mais tint sa petite conférence sur les rôles respectifs du premier secrétaire du<br />
parti et du premier ministre. Néanmoins, à la fin de son laïus, Khrouchtchev évoqua aussi, soi-disant<br />
en général, sous forme d'orientations et de conseils, des problèmes économiques, et en particulier la<br />
ligne que nous devions suivre dans notre politique économique. «Dans le développement de votre<br />
économie, dit-il, ayez soin de bien faire vos comptes. Prenons par exemple le pétrole. Avez-vous<br />
intérêt à faire de si gros investissements dans cette branche ?»<br />
Je compris aussitôt à quoi il faisait allusion. En dépit des «recommandations» qu'on nous avait<br />
données de renoncer à la prospection et à l'extraction du pétrole en Albanie, nous ne nous en tenions<br />
pas moins, dans notre seconde lettre aussi, à nos vues, et nous demandions à être aidés dans ce secteur.<br />
Et maintenant, comme il m'avait interrogé, je trouvai l'occasion d'exposer une nouvelle fois notre<br />
pensée.<br />
«Comme vous devez en être informés par notre lettre également, leur dis-je, notre gouvernement et le<br />
Comité central de notre Parti, se trouvant confrontés là à un grand problème économique et politique,<br />
sont arrivés à la conclusion qu'il nous faut à tout prix poursuivre notre travail d'extraction et de<br />
prospection en matière de pétrole, bien que cela soit et doive rester encore pour un certain temps une<br />
lourde charge pour notre économie, si notre production de pétrole n'augmente pas. Nous devons,<br />
poursuivis-je, continuer de chercher et d'extraire du pétrole, car c'est une matière première d'une<br />
grande importance stratégique et économique pour notre pays et pour notre camp. Mais les forages<br />
actuels de prospection et d'exploitation sont tout à fait insuffisants. Le débit des puits existants ne<br />
cesse de diminuer, ce qui provoque non seulement des déficits considérables dans la production,<br />
grevant par là notre économie, mais aussi de grandes fluctuations dans le tableau de nos exportations.<br />
— Etes-vous sûrs que votre sous-sol contient du pétrole ? demanda Khrouchtchev.<br />
— Permettez-moi de vous dire que la mission d'études géologiques sur le pétrole dirigée par des<br />
spécialistes soviétiques, qui poursuit ses travaux depuis 1950, est optimiste quant à l'existence de<br />
nouveaux gisements en de nombreux points de notre pays. Mais l'on ne peut, sans faire<br />
d'investissements, certifier l'existence de nouvelles réserves dans les anciens pas plus que dans les<br />
nouveaux gisements. Nous avons engagé de fortes dépenses dans ce secteur, nous construisons une<br />
raffinerie, où se trouve engagée la partie la plus militante de la classe ouvrière, nous avons formé des<br />
cadres de pétroliers. Nous sommes contraints de reconnaître honnêtement que, au cours de tout ce<br />
processus, de nombreuses carences et faiblesses se sont manifestées de notre part dans l'organisation<br />
du travail, et nous nous attachons de toutes nos forces à les éliminer. Mais avec les réserves existantes<br />
notre marche en avant est incertaine. <strong>Les</strong> réserves connues jusqu'à ce jour sont minimes et elles<br />
pourraient s'épuiser dans une période de deux ou trois ans si nous n'intensifions pas nos recherches.<br />
— Cela ne doit pas vous inquiéter, intervint Khrouchtchev. Nous avons du pétrole en abondance, et<br />
nous vous en donnerons.<br />
— Oui, lui répondis-je, nous avons été obligés d'importer dans les années 1948-1953 du pétrole raffiné<br />
et des huiles lubrifiantes pour un montant de plusieurs millions de roubles. Mais vous comprenez bien<br />
que cela a été et demeure pour nous une très lourde charge et pensez aux fonds importants que nous<br />
libérerons si nous trouvons et utilisons le pétrole que renferme notre sous-sol.<br />
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