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Enver Hoxha - Les khrouchtchéviens - communisme-bolchevisme

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éconciliation avec les révisionnistes de Belgrade. Cette fois, ils m'avaient installé dans une villa des<br />

environs de Moscou, naguère réservée, selon leurs dires, à Staline. C'était une villa simple, dont toutes<br />

les pièces principales se trouvaient au rez-de-chaussée, y compris notre appartement privé, qui était<br />

séparé du vestibule par une porte vitrée. A droite, il y avait la salle à manger, le studio et la salle de<br />

séjour ou le salon, dont l'ameublement, très modeste, m'est resté à la mémoire. A gauche, à travers un<br />

couloir, puis une chambre aux murs bordés de divans, on accédait à une salle de projection. La cour<br />

n'était pas bien entretenue, il y avait très peu de fleurs et de verdure. Pas d'arbres ombreux, mais on<br />

avait construit une espèce de kiosque en demi-cercle, bordé d'un banc de la même forme appuyé aux<br />

poteaux et où jouaient les enfants. Sur un côté de la maison s'étendait une espèce de jardin potager.<br />

C'est dans cette villa qu'une nuit nous entendîmes frapper bruyamment à la porte vitrée qui séparait<br />

notre appartement. Ma femme, Nexhmije, se leva précipitamment, en croyant que notre fils était<br />

souffrant, car il était tombé ce jour-là et s'était meurtri la main. Mais elle revint aussitôt pour me dire :<br />

«C'est l'un des officiers de garde, Mikoyan te demande au téléphone. »<br />

Encore à moitié endormi, je lui demandai quelle heure il était.<br />

«Minuit et demi», me dit-elle.<br />

Je jetai un vêtement sur mes épaules et entrai dans le bureau où se trouvait le téléphone. A l'autre bout<br />

du fil, Mikoyan ne s'excusa même pas de m'avoir téléphoné si tard ou de m'avoir réveillé ; il me dit<br />

d'emblée :<br />

«Camarade <strong>Enver</strong>, le camarade Svetozar Vukmanovic Tempo se trouve actuellement à Moscou et<br />

j'étais avec lui il y a un moment encore. Vous le connaissez et il serait bien que vous le rencontriez, il<br />

est d'accord pour que vous vous voyiez demain.»<br />

Comme je restai un moment silencieux à l'appareil, j'entendis Mikoyan, qui n'avait pas l'intention de<br />

me demander mon accord, me dire : «Alors entendu, demain» sur le ton dont il aurait donné un ordre à<br />

un secrétaire de parti d'une de leurs régions.<br />

«Comment «d'accord», camarade Mikoyan ? objectai-je. J'ai discuté avec le camarade Souslov et je lui<br />

ai exposé le point de vue de notre Parti sur la position de la Yougoslavie et de Tito.»<br />

Mikoyan, au téléphone, se lança dans un monologue stéréotypé sur la «Yougoslavie socialiste», sur<br />

Tito, qui était, selon lui, un «brave homme», sur les erreurs de Beria et sur les fautes qu'eux (l'Union<br />

soviétique et le Kominform) auraient commises et il conclut:<br />

«Vous devez faire ce geste, camarade <strong>Enver</strong>, vous connaissez déjà Tempo, discutez avec lui, essayez<br />

d'aplanir vos désaccords, c'est dans votre intérêt et dans celui de notre camp. Vous aussi devez<br />

contribuer à empêcher la Yougoslavie de passer dans le camp impérialiste... Alors d'accord pour<br />

demain.<br />

— D'accord, d'accord, demain», lui répondis-je en serrant les dents de dépit. Je regagnai mon lit, mais<br />

le sommeil m'avait abandonné à cause du dégoût que m'inspiraient ces menées de coulisse et ces<br />

pratiques du fait accompli montées fébrilement par les <strong>khrouchtchéviens</strong> dans leur trahison. J'avais<br />

rencontré deux fois Tempo en Albanie durant la guerre, et les deux fois nous avions eu des mots, à<br />

cause de son arrogance et de sa mégalomanie morbide. Il formulait des griefs non fondés contre notre<br />

lutte et nos hommes qui la dirigeaient, ou faisait des propositions absurdes en vue de la constitution<br />

d'un «Quartier général balkanique», dont on n'aurait su dire comment il fonctionnerait, alors que l'on<br />

arrivait à peine à communiquer d'une zone à l'autre, sans parler des desseins que dissimulait<br />

l'organisation de ce «Quartier général». Mais maintenant qu'aurais-je à dire à Tempo, après tout ce<br />

qu'ils nous avaient fait, de Tito et Rankovic à leurs délégués Velimir Stoïnic, Niaz Dizdarevic et leurs<br />

agents Koçi Xoxe et consorts ? Comment ne pas appeler un chat un chat ? Je passai une nuit blanche<br />

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