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ulletin N° 28 - Association des Amis des Câbles Sous-Marins

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L<br />

'auteur, jean Devos, fut cadre supérieur d'un<br />

grand groupe industriel français. Né juste<br />

avant la guerre dans une ferme <strong>des</strong> Flandres<br />

françaises, il voit mourir sa mère alors qu'il n'a que<br />

sept ans. Son père le propulse vers le collège et<br />

l'université. Il entrera ensuite dans la grande<br />

industrie, au service d'une France d'après-guerre, à<br />

développer. Ce roman est le fruit de son<br />

expérience, mais aussi de toute sa philosophie<br />

humaniste.<br />

Nous présentons, avec l’accord de l’auteur<br />

quelques bonnes feuilles de ce livre qui constituent<br />

le chapitre 11 d’un roman qui en comporte 19. Bien<br />

sur toute ressemblance entre le texte qui suit et la<br />

réalité n’est que coïncidence puisqu’il s’agit d’un<br />

roman qui évoque <strong>des</strong> situations réelles mais n'en<br />

fournit pas une <strong>des</strong>cription complète ou fidèle".<br />

NDLR<br />

Jean Devos fut directeur de Submarcom à partir de<br />

1977 jusqu’à la constitution d’Alcatel-ASN en 1999.<br />

LES BASTIDES ANGLAISES<br />

Martin affronta ses premières vraies batailles en<br />

Europe. Ce qui paraît impensable aujourd'hui, c'est que<br />

deux pays étaient alors inaccessibles à l'industrie<br />

française, l'Espagne et l'Italie, bastions britanniques !<br />

Les raisons en étaient confuses, historiques et<br />

multiples. La France coopérait avec le Portugal, et<br />

BOTANY BAY<br />

Par Jean DEVOS<br />

l'Espagne avec l'Angleterre. L'administration française<br />

se voulait dominatrice en Méditerranée, captant le trafic<br />

à son profit. L'Italie ne pouvait que chercher le<br />

contrepoids anglais.<br />

Martin décida que cette situation ne pouvait durer. Il<br />

était temps de devenir le fournisseur de tous ! «Mare<br />

nostrum », il fallait bouter l'Anglais hors de la<br />

Méditerranée ! Quand il s'en ouvrit à la Direction<br />

générale, il ne reçut que <strong>des</strong> conseils de prudence. «<br />

Ne provoquez pas les Anglais; ils ont les moyens de<br />

nous le faire payer très cher ! » Martin choisit donc une<br />

méthode de présence progressive : se mettre en<br />

position de saisir l'occasion. Il fallut plus de deux<br />

années de préparation du terrain : visites <strong>des</strong><br />

dirigeants, implantation d'agents locaux, articles dans<br />

<strong>des</strong> revues techniques, présentation <strong>des</strong> produits,<br />

opérations de charme.<br />

Et la chance se mit à sourire, à récompenser le travail<br />

accompli. Les Espagnols voulurent une liaison directe<br />

vers la Belgique et l'Allemagne, lassée de supporter les<br />

coûts de transit par la France, pratique alors courante<br />

mais incompatible avec une légitime volonté<br />

d'indépendance.<br />

Martin était devenu familier de Luis Tyrol,<br />

directeur international de l'opérateur national<br />

espagnol. Luis était une personnalité remarquable,<br />

d'une culture gigantesque, au charme fou, parlant<br />

cinq ou six langues. Luis était l'ami de Jean<br />

Granger, son équivalent français, qu'il respectait<br />

mais dont il connaissait la capacité de nuisance.<br />

Martin suggéra à Luis qu'un contrat avec l'industriel<br />

français serait de nature à annihiler toute réaction<br />

française ! « Granger ne fera rien qui <strong>des</strong>serve<br />

l'industrie française, il mettra de côté ses envies de<br />

représailles. »<br />

Cette stratégie rencontra <strong>des</strong> circonstances<br />

favorables : le produit offert par SubCom<br />

correspondait mieux aux besoins que le produit<br />

anglais, et les Japonais étaient sortis les moinsdisant<br />

de l'appel d'offre. Cela offrait aux Espagnols<br />

<strong>des</strong> raisons valables pour se justifier auprès de leur<br />

fournisseur habituel.<br />

Martin accepta aussi de partager les risques<br />

d'une opération très délicate dans la Manche, une<br />

première mondiale. Il prit là, seul, une énorme

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