ulletin N° 28 - Association des Amis des Câbles Sous-Marins
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LES TELECOMMUNICATIONS ENTRE L’EUROPE ET L’ORIENT DEPUIS 1860<br />
Première partie : La route impériale de l’Eastern Telecom<br />
Pour Edith et François Bernard Huyghe, les<br />
épices sont avec l’argent le prétexte <strong>des</strong><br />
occidentaux pour découvrir l’Inde, un espace aux<br />
contours imprécis englobant l’Inde, l’Insulinde<br />
mais également la Chine. Les épices sont le<br />
prétexte à innover, naviguer, commercer,<br />
communiquer mais aussi à dominer. Les voies de<br />
Sur les routes <strong>des</strong> épices, les communications<br />
sont longtemps limitées à un échange<br />
d’informations entre personnes se rencontrant<br />
avant que l’écrit permette l’échange de<br />
correspondances à distance. La diffusion<br />
d’informations apparaît avec le livre. Ainsi, la<br />
relation du voyage de Marco Polo en Chine (1271<br />
– 1295) est l’une <strong>des</strong> premières diffusions<br />
d’informations qui s’apparente aujourd’hui aux<br />
techniques de télécommunications sans fil<br />
(radiodiffusion et télévision). La télédiffusion se<br />
différentie <strong>des</strong> télécommunications entre deux<br />
correspondants.<br />
Longtemps limitées à la vitesse du cheval et à la<br />
force <strong>des</strong> vents sur les voiles, les échanges de<br />
correspondances se sont accélérés au milieu de<br />
19 ème siècle avec le télégraphe électrique. La<br />
transmission de l’information devient possible à la<br />
vitesse de la lumière. Une seconde évolution<br />
survient à la fin du 20 ème siècle lorsque les<br />
échanges d’informations couvrent la parole,<br />
l’image et les reportages. La mise en service <strong>des</strong><br />
fibres optiques et de la numérisation de<br />
l’information (application de la théorie de<br />
Shannon) modifie les données techniques et<br />
économiques, libérant les télécommunications à<br />
grande distance. Ce sont les lignes à fibres<br />
optiques qui permettent le développement actuel<br />
de l’internet.<br />
Depuis 1860 et la mise en place du télégraphe<br />
électrique, les moyens de télécommunications de<br />
la route <strong>des</strong> épices ont suivi les gran<strong>des</strong> routes<br />
<strong>des</strong> voyageurs et <strong>des</strong> transports. Si la route <strong>des</strong><br />
transports maritimes par la Méditerranée, la Mer<br />
Rouge et l’Océan Indien s’est imposée après le<br />
percement du canal de Suez, c’était déjà la route<br />
<strong>des</strong> télécommunications. Des câbles sous marins<br />
britanniques posés entre territoires britanniques<br />
reliaient Londres à Bombay, Singapour, l’Australie<br />
et la Chine à partir de 1972. Les centres de<br />
câbles sous marins se trouvaient situés à<br />
Gibraltar, Malte, Alexandrie, Suez, Aden,<br />
Bombay, Colombo, Malacca, Singapour, Cairn et<br />
HongKong. Ces ports abritaient <strong>des</strong> dépôts de<br />
G. Fouchard<br />
communication permettent les transports de<br />
marchandises et les échanges d’idées le long<br />
d’itinéraires terrestres et maritimes. Les<br />
voyageurs doivent affronter <strong>des</strong> conditions<br />
climatiques et géographiques difficiles et les<br />
routes sont périlleuses. Ils doivent survivre aux<br />
accidents et aux maladies, éviter les zones en<br />
guerre, les bandits et les pirates.<br />
charbon, les garnisons et les services de<br />
renseignement et de contrôle <strong>des</strong><br />
télécommunications. The Red Route fonctionna<br />
jusqu’en 1970 et le centre d’Aden fut<br />
définitivement clos en 1978.<br />
Aujourd’hui, plus de 90 % <strong>des</strong><br />
télécommunications mondiales (téléphone et<br />
Internet) empruntent <strong>des</strong> câbles terrestres ou<br />
sous marins, alors que moins de 10 % du trafic<br />
est acheminé par les satellites de<br />
télécommunications. Par contre, ceux-ci<br />
conservent la part belle pour la diffusion <strong>des</strong><br />
programmes de radio et de télévision.<br />
1 - Echec de la première tentative de liaison<br />
sous marine vers l’Inde (Bright – 1860).<br />
En 1860, le télégraphe terrestre s’est densifié<br />
dans trois gran<strong>des</strong> régions du monde : l’Europe,<br />
l’Inde et l’Amérique du Nord. Le télégraphe,<br />
jusqu’alors utilisé par les forces armées et la<br />
police est mis à la disposition du public (1951 en<br />
France). Tout naturellement, on cherche à<br />
traverser les mers et les océans (premières<br />
tentatives entre la France et l’Angleterre en 1850<br />
et 1851). Entre 1850 et 1860, la longueur totale<br />
<strong>des</strong> câbles sous-marins posés en mer est de<br />
20.826 Km, dont 5.173 Km en Méditerranée et en<br />
mer Noire. En 1877, de ce réseau construit avant<br />
1860, il ne restera plus en service que 5.113 Km 1 ,<br />
dont très peu en Méditerranée.<br />
Parmi les sinistres, le transatlantique de 1858<br />
(promoteurs JW Brett, Charles Bright et Cyrus<br />
Field), la liaison Bornéo – Batavia, les câbles<br />
posés en Méditerranée (concessions accordées à<br />
JW Brett) et la ligne entre l’Egypte et l’Inde de<br />
1860 (promoteur Charles Bright). Le coût de tous<br />
ces échecs est considérable aussi bien pour les<br />
entrepreneurs britanniques que pour leur<br />
1 Nomenclature <strong>des</strong> câbles formant le réseau<br />
sous-marin du globe, Bureau International <strong>des</strong><br />
Administrations télégraphiques, Berne, 1°<br />
Edition, 1877.