ulletin N° 28 - Association des Amis des Câbles Sous-Marins

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poissons). Si je ne me trompe, une dizaine d’années auparavant le Croze avait remonté un câble de grand fond près des Iles Canaries, dont un défaut avait été provoqué par la morsure d’un requin ou gros poisson dont quelques dents étaient restées plantées dans le câble. Des chercheurs d’IFREMER notamment, s’étaient penchés sur la question, mais je crois qu’il n’y avait pas eu d’explications précises à cet attrait qu’exerçait le câble sur les monstres des grandes profondeurs ? Jusqu’au 15 la pose va se poursuivre dans d’excellentes conditions météorologiques, par fonds moyens de 1000 m et les répéteurs vont se succéder a un rythme variant de 6 à 12h, fonction de la vitesse de pose qui varie de 2 à 6 noeuds maximum. Ce même jour en soirée la première partie de ce segment est terminée et après avoir largué la queue dragable par 24° Nord, c’est à dire un peu au dessus du Tropique du Cancer, nous faisons route sur SUEZ, ou nous serons le 17 avant 2h du matin. Durant la nuit nous débarquerons 9 personnes, officiers, équipage et mission qui, étant nécessaires pour la pose, ne le sont plus pour le transit. La traversée du canal en sens inverse se fera avec une visibilité réduite due au vent de sable de force 7, qui souffle du Sud, ce qui n’empêchera pas certains pilotes de s’absenter quelques instants de la passerelle, mais aux heures réglementaires pour accomplir leur devoir religieux. Et les différentes autorités de réclamer leur Du. Entrés à 10h dans le canal, nous sommes libres à 20h 15 et livrés à nous mêmes dans l’étroit chenal de l’est qui permet de gagner la haute mer. Je suis contraint de prendre une forte dérive et de forcer l’allure pour contrer le vent de WNW, toujours force 7, qui nous attaque par bâbord et fait gîter le navire lège aux hautes superstructures, comme un vulgaire voilier. Une heure plus tard nous voguons à nouveau sur la « Mare nostrum » cap quasiment au nord sur Antalya ou nous attend la deuxième section du câble. Après une traversée marquée par quelques petits ennuis moteurs, nous atteindrons la rade de la ville la plus touristique de Turquie, le dimanche 19 et nous y mouillerons en attente d’instructions. La nuit sera agitée, comme la mer et à 4h du matin le fort vent de NW force 7 fera chasser l’ancre et je serai obligé d’aller faire des "Ronds dans l’eau" jusqu'à 16h30 le 20, moment où les autorités daigneront nous accoster au quai « Umaniyuk » normalement réservé aux paquebots qui viennent y déverser leur chargement de touristes. Il faut préciser que Le « Pietersgratch » n’est pas encore arrivé des USA où il devait prendre la 2 ième partie du câble ! Notre « freighter » est enfin là le 24 en matinée et en début d’aprèsmidi nous déhalons pour accoster Tribord de l’autre côté du port, mais la portion de quai qui nous est allouée est un peu trop courte, nous avons beau approcher notre étrave à 1,50m de celle du Pieters, l’arrière du Croze déborde de 35m de l’angle du quai. Qu’importe, nous ferons avec les moyens du bord, il faut que le transfert commence. Le Dimanche 26 avril, en plein milieu du repas, le commandant du Pieters me fait savoir qu’il faut immédiatement que le Croze cule d’au moins 10m car la forte houle qui pénètre dans le port le fait talonner assez violemment de l’étambot, car lui aussi a du se contenter de l’autre bout du quai ou il est bien accosté mais où la profondeur manque. Je mets rapidement l’équipage au poste de manoeuvre et nous nous exécutons promptement car le Cdt du Pieters menace de couper les deux lignes de câble pour pouvoir appareiller ! Enfin à 14h45 la manoeuvre est terminée mais le Croze à maintenant son arrière qui déborde de 45m du quai et toutes nos aussières arrière sont en garde. Entre temps j’ai fait louer (à prix fort et en dollars) un petit ponton que j’ai repéré et sur lequel on peut poser l’échelle de coupée, ce qui sera toujours mieux que la grossière échelle verticale de bois brut, confectionnée à la hâte pour la circonstance, et que nous propose l’agence. Dans la soirée alors que j’avais gagné le centre ville et que j’étais en train de téléphoner en métropole, d’un box public situé place Mustapha Kemal « Atatürk » « Père de la Turquie » (place principale de toute ville d’importance) j’ai assiste, médusé, à la cérémonie des couleurs, qui comme partout dans le monde, se déroule au coucher du soleil ! J’avais bien vu arriver une fanfare d’une dizaine de cuivres, vêtus de noir et rouge et aussi un escadron de militaires en armes et tenue kaki, mais lorsque le clairon a sonné, toute vie s’est brusquement arrêtée, tout piéton, touriste ou pas, au garde à vous, je n’osais plus souffler mot dans le combiné ! A comparer avec le fait que lorsque le muezzin appelle à la prière 5 fois par jour, personne ne semble s’en soucier. Le 30 avril nous déhalons une fois encore, mais pour permettre au freighter d’appareiller, car le transfert est terminé. Par contre pour nous ça ne l’est pas. Nous devons encore charger du câble de
éserve venu de France sur trois camions et destiné à la réparation de la liaison « Turmeos » dans les eaux turques au nord de la mer Egée. Dans la soirée c’est chose faite et c’est à notre tour d’appareiller, avec 1845 T de câble cette fois, mais nous allons rester en station DP (Positionnement Dynamique) devant Antalaya pour saisissage du matériel sur le pont, cela jusqu'à 2h du matin le 1 er Mai qui, on peut le dire, ne sera pas chômé. Puis route à l’ouest avant de louvoyer entre les îles grecques et turques .Le 2 en matinée, mouillage devant le petit port touristique de Cesmé pour embarquement de deux observateurs de Türk Telecom en fin d’après-midi, arrivée sur zone de travaux à 15 miles dans l’ouest des Dardanelles. La réparation qui semblait aisée au début, avec un joint unique, va se compliquer par la suite sur sa 2 ième partie, non seulement à cause des conditions météo qui vont se dégrader, avec un vent de sud force 8, mais aussi à cause des méchantes bulles dans le moulage, qui vont obliger les jointeurs à refaire la BJ (Boite de Jonction) initiale. Enfin le 8 Mai en matinée (toujours pas chômé) la liaison étant rétablie, les Stambouliotes et leurs amis d’Izmir vont pouvoir converser à nouveau. Ce même jour en fin d’après-midi retour à Cesmé pour formalités et débarquement de nos deux observateurs. Puis route entre les îles, allure maxi sur 3 diesels, car la Mer Rouge nous appelle. Le Dimanche 10 mai à 10h20 nous sommes amarrés sur coffres à Port Saïd et le 11 à 3h30 du matin nous prenons la tête du convoi vers le sud : le bakchich a encore marché. Pour le transit canal RAS, nous commençons à être des habitués du lieu. Après Suez à la sortie du canal, nous débarquerons trois personnes dont un blessé, puis au mouillage il faudra souter 100 m3 de Diesel oil sur barge, embarquer 3 observateurs US et procéder à une incontournable relève de l’équipage, ce qui nous fera appareiller le 12 à 1h du matin. Le 13 en matinée le Croze est sur zone et nous retrouvons à la première drague, le câble qui nous attendait avec impatience. Après passage avant/arrière, mesures et BJ épissure Initiale, nous partons en pose le 14 à 18h30. Les conditions sont bonnes et nous atteignons rapidement notre vitesse de « croisière » de pose, à savoir 6nds (10,8 km/h) succession des répéteurs et deux courts arrêts pour atténuation de quelques estafilades faites à la gaine câble au passage de la machine à câble. Le 16 à 15h20, après une belle manoeuvre de passage AR/Av puis mise de l’extrémité sur bouée câble, le navire « libre » fait route sur Djedda qui se trouve à une heure de route à l’est . Dans les « Documents Nautiques » l’appellation officielle de ce port est : Port Islamique de Djedda ; à ma connaissance ce doit être le seul port de ce type dans le monde, mais c’est aussi le port qui dessert La Mecque et par lequel transitent annuellement les millions de pèlerins qui s’y rende par les voies maritimes. Ayant déjà fréquenté cet endroit par le passé et en connaissant les usages, je fais prendre avant notre arrivée au mouillage, toutes les mesures nécessaires pour ne pas « offenser » les autorités qui en fait se résumeront à une seule personne, un militaire, sous-officier en uniforme qui en moins d’un quart d’heure bâclera toutes les formalités; j’en suis agréablement surpris. Ou les temps ont changé, ou est-ce fait que nous soyons au mouillage extérieur, ou bien est-ce parce que nous allons apporter la « Lumière » au royaume d’Arabie ? Je me pose encore la question. L’attente des autorisations de travail va durer plus de deux jours alors que la météo est favorable, mais le Dimanche et le lundi seront mis à profit pour faire des vivres frais et envoyer quelques souffrants en consultation. Le 19 à 8h c’est le top du départ et à 9h20 le Croze est en station prêt à lancer l’atterrissement. Une vedette nous a préalablement accosté et ont embarqué deux officiers des services spéciaux de la marine saoudienne, ceux-ci, barbus, ne sont pas en uniforme mais portent la djellaba immaculée et le cheikh au serre tête noir. Il faut dire qu’une opération particulière nous attend, et ce pour différentes raisons. Notre position se situe à quelques encablures de la barrière de corail qui affleure la surface et ou vient se briser la houle; derrière la barrière un étroit lagon et une étroite plage, puis un haut mur d‘enceinte. Et derrière ce mur ? Le palais « d’été » du Roi Fahd lui même, lorsqu’il séjourne à Djedda D’ailleurs sur la gauche, le port privé du Roi, ou sont amarrés cinq énormes yachts, de vrais petits paquebots et tous, je vous l’affirme, au moins aussi gros que le Croze. Sur la plage et en zodiac, une équipe de quelques Britanniques spécialistes des atterrissements mais qui, vu la situation, feront appel au renfort de nos marins, surtout pour le tirage du câble dans l’étroit et houleux passage pratiqué dans le corail. En début d’après-midi l’extrémité est quand même passée sous le mur, prête à être raccordée à celle qui vient du palais ! Mais là je n’en sais pas plus ! Toujours est-il qu’avant 15h nous partirons en pose à 0,5nds, puis, malgré la présence de nos deux « barbus » qui ont troqué la djellaba contre le « jean » et la casquette américaine, nous ferons patiemment un arrêt de plusieurs heures dans les eaux territoriales, à attendre la nécessaire « clearance » Enfin peu avant minuit nouveau départ, et le 20 avant midi, est relevée la bouée laissée quatre jours auparavant. Puis ce sera pour moi non une première, mais une seconde opération peu courante à l’époque sur le Croze, à savoir, l’intégration d’une BU (boite de dérivation de la taille d’un répéteur, dans laquelle entre un câble d’un côté, et en sortent deux de l’autre) Je passe sur les problèmes qu’ont du résoudre le bosco et son équipe, pour amener et installer l’engin de plus d’une tonne, sur l’arrière
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