ulletin N° 28 - Association des Amis des Câbles Sous-Marins
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placier gardien" a beaucoup de mal à faire régner<br />
un semblant d’ordre.<br />
Il y a aussi le coiffeur ambulant qui de plus collecte<br />
le courrier <strong>des</strong> rares marins qui tentent de poster<br />
quelques vues de la ville à peine entrevue.<br />
Le représentant de l’agence, à l’issue <strong>des</strong> formalités<br />
d’escale me remet le petit cadeau habituel, à savoir<br />
une jolie boite de loukoums confectionnés en<br />
Turquie. Mais il n’oublie pas de me demander 5<br />
cartouches de "Marlboro", cadeau qu’il doit soit<br />
disant redistribuer à une myriade d’employés, afin<br />
que notre passage du canal se fasse dans les<br />
meilleures conditions possible.<br />
Ce sera là le début de la longue série de<br />
distributions, car chacun réclame son du,<br />
remorqueur, lamaneurs, et aussi canotiers et<br />
électricien projecteur embarqués pour la traversée,<br />
sans oublier les pilotes qui ont parfois <strong>des</strong><br />
deman<strong>des</strong> saugrenues : parfums, savons, et même<br />
camembert"made in France". Sur les navires<br />
occidentaux, il est bon de prévoir un demi carton de<br />
cigarettes "bakchich" pour un transit canal. Mais à<br />
ma connaissance, les navires sous pavillons <strong>des</strong><br />
pays de l’est ou du tiers monde ne donnent rien, on<br />
le comprend aisément.<br />
Enfin le 9 à 4h du matin nous levons l’ancre pour<br />
prendre la tête du 1 er convoi <strong>des</strong>cendant vers la Mer<br />
Rouge, il faut croire que le bakchich ça paye.<br />
Défilent alors les stations canal aux noms<br />
évocateurs : 6h "El Quantara", 8h30 "Ismailia" ou<br />
nous changeons de pilote avec quelques cartouches<br />
à la clef. Sur la berge Est du canal, un immense<br />
monument de béton en forme de Kalachnikof avec<br />
sa baïonnette pointée vers le ciel, érigé à la gloire<br />
<strong>des</strong> "Vaillants Héros" de la guerre <strong>des</strong> six jours,<br />
mais aussi par endroit, <strong>des</strong> carcasses de chars, de<br />
camions ou blindés, ensablés et rouillés, autres<br />
vestiges de cette guerre éclair.<br />
10h25, nous mouillons dans le Grand Lac Amer, et<br />
ce jusqu'à midi, pour laisser passer le convoi<br />
remontant vers le Nord. C’est là que l’on peut voire<br />
ce que j’appelle les "Vrais Vaisseaux du Désert" :<br />
De gros pétroliers et minéraliers ou porte<br />
conteneurs qui semblent dans le lointain, progresser<br />
lentement, leur étrave fendant le sable. La chaleur<br />
aidant, (la température extérieure frisant à cette<br />
époque de l’année les 35°), le phénomène de<br />
mirage en est encore accru.<br />
A 15h40 c’est Suez, débarquement <strong>des</strong> canotiers et<br />
électricien, changement de pilote contre quelques<br />
cartouches à l’un et à l’autre, cet ultime spécialiste<br />
nous emmènera au mouillage de Ras Adabya dans<br />
le fond du golfe de Suez ou nous attendrons jusqu'à<br />
1h30.<br />
le 10, arrivée de trois techniciens et observateur<br />
Américains de la société Tyco<br />
A 9h30 le Croze est sur sa zone de travaux et à midi<br />
après récupération de la queue dragable et passage<br />
Av/Ar, l’extrémité du câble est à bord ( à l’autre<br />
bout, à plusieurs milles l’atterrissement, puis la<br />
section S7, partie terrestre de la liaison entre Suez à<br />
Alexandrie). Pour les lecteurs non avertis en<br />
matière de liaison sous marine et qui se poseraient<br />
la question, je précise qu’il est bien évident que<br />
pour traverser l’isthme de Suez, il était<br />
inconcevable pour le câble d’empreinter le canal.<br />
D’ailleurs souvenons nous de l’expérience du<br />
"Bosphore" qui pourtant n’est pas vraiment<br />
comparable à un canal.<br />
Après 24h de station pour mesures et épissure, soit<br />
le 11 à12h36, le Croze part en pose à 2nds avec mer<br />
calme et vent nul, ce qui est très appréciable, car<br />
entre 14h30 et 16h40 nous allons faire plusieurs<br />
arrêts/stations pour pose d’"Uraducts".(Les<br />
Uraducts sont <strong>des</strong> protections en deux parties, de<br />
2m de long, en matière synthétique de couleur<br />
orange qui sont fixées sur le câble à l’aide de 2<br />
ban<strong>des</strong> Inox , afin d’éviter d’endommager par<br />
ragage, le câble et les nombreux "Pipe Lines"<br />
(oléoducs et gazoducs) qui tapissent le fond de la<br />
Mer Rouge et que nous croisons dans ces parages).<br />
D’ailleurs dans la soirée nous côtoyons le champ<br />
pétrolier de Ras Shukheir et là ce sont les torchères<br />
<strong>des</strong> plates formes à foison qui nous servent de<br />
repères.<br />
Le dimanche 12 en matinée nous posons le dernier<br />
Uraduct qui théoriquement viendra délicatement<br />
couvrir le pipe <strong>N°</strong> 23. Le premier répéteur partira<br />
en début d’après-midi et se couchera sur le fond<br />
après une <strong>des</strong>cente de 80m.<br />
Le 13 tôt le matin nous changeons de cuve, de la II<br />
à la I et c’est aussi la transition du câble "armure<br />
légère" à "Fish Bite"( "Fish Bite" est une<br />
appellation en Anglais qui veut dire que le câble est<br />
conçu pour être protégé contre les morsures de