ulletin N° 28 - Association des Amis des Câbles Sous-Marins

RAPPORT D’A MILLERAND SUR LES CABLES SOUS MARINS EN 1900
L
'attention du Parlement, aussi bien que celle
du Gouvernement, s'est portée à maintes
reprises sur l'insuffisance de notre réseau
télégraphique sous marins et sur les
inconvénients si nombreux qui résultent pour nous
de l'emprunt obligé et presque exclusif des lignes
étrangères. Personne n'a nié le péril de cette
situation, dont des exemples nombreux et récents
suffiraient à prouver la gravité.
Mais si le câble est devenu aujourd'hui un
élément important de défense, il n'a pas cessé
d'être un instrument d'influence politique et un
auxiliaire précieux du commerce. C'est surtout à
ce point de vue que nous devons, pour notre part
l'envisager, Le gouvernement Anglais l'a
merveilleusement compris, Il a favorisé de tout
son pouvoir l'organisation et le développement du
vaste réseau dont l'univers est tributaire et qui, en
rattachant à la métropole toutes les colonies
Britanniques "en enserrant presque toutes les
mers du globe, a fait de Londres le grand centre
d'information du monde et a contribué au
développement de la richesse du Royaume-Uni.
Il serait certes téméraire de songer aujourd'hui il
supplanter nos voisins et même à les égaler,
Toutefois, sans concevoir un programme qui
dépasserait le but auquel nous pouvons tendre
raisonnablement aujourd'hui, ne peut-on se
demander s'il n'y n pas un effort à faire ou à
renouveler et si la possession d'un domaine
colonial ne nous y oblige pas. Le Parlement a été
de cet avis puisqu'il a donne son approbation à un
projet qui avait pour but de mettre notre pays en
communication avec les Etats-Unis d'Amérique et
de là avec nos possessions de la mer des An tilles.
Il a fait aussi un sacrifice financier pour rattacher au
réseau Anglais notre colonie de la Nouvelle-
Calédonie et, sous la pression des événements
militaires qui se sont déroulés à Madagascar, il a
admis l'établissement d'une ligne entre Majunga et
Mozambique. Mais pour assurer dans des
conditions satisfaisantes des communications
télégraphiques entre la métropole et les colonies,
Françaises de l'Afrique occidentale, de l'Océan
Indien et de l'Indochine, d'autres sacrifices
importants sont encore nécessaires, Les colonies
de la côte occidentale d'Afrique ( Sénégal, Guinée,
Côte d'Ivoire, Dahomey et Congo) ne sont
actuellement desservies que par les câbles partant
de Cadix et dont les atterrissements principaux
sont : Ténériffe, Saint-Louis, Balhurst, Conakry,
Grand-Bassam, Accra, Kotonou, Librevi1le, Il y a
intérêt à constituer une nouvelle communication
sous-marine entre la métropole et le sènégal en
utilisant les câbles existant entre Marseille et Oran
et entre Ténériffe et Saint-Louis, et a compléter et a
améliorer, les lignes terrestres qui de Saint-Louis
vont a travers le Soudan rejoindre les
établissements du golfe de Guinée et du golfe de
Bénin.
L'île de Madagascar n'est reliée au réseau, général
que par le câble de Manjuga à Mozambique. Aucun
des autres établissements français de l'Océan
Indien n'est actuellement en communication avec
le réseau télégraphique. La jonction de la Réunion
à Madagascar s'impose, et il est nécessaire de
mettre les relations de la France à l'abri des
interruptions possibles du câble de Majunga et des
lignes Sous-marines de la côte orientale d'Afrique.
Le Tonkin était relié au réseau sous-marin de la
mer de Chine, qui va de Hong-Kong à
Wladiwostock (point terminus des lignes de la
Russie d'Asie), par un câble immergé entre
Haïphong et Hong-Kong. Ce câble est interrompu
depuis plus de trois ans et la compagnie
concessionnaire (Eastern Extension Australasia
and China, telegraph) a renoncé à le réparer en
raison de la difficulté d'entretenir un câble en bon
état dans les fonds tourmentés du détroit d'Haïnan.
Il est indispensable remplacer ce câble, dont la
concession touche d'ailleurs à sa fin par un autre
immergé en dehors du détroit d'Haïnan et
rejoignant, dans, les meilleures conditions
possibles, les lignes sous-marines qui atterrissent
à, Wladiwostock..