ulletin N° 28 - Association des Amis des Câbles Sous-Marins
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T<br />
out à fait<br />
paradoxalement,<br />
c’est un homme de<br />
lettres, VOLTAIRE,<br />
qui sera l’un <strong>des</strong><br />
premiers en France<br />
à comprendre le<br />
génie de Newton et<br />
à vulgariser la<br />
pensée scientifique<br />
la plus originale <strong>des</strong><br />
temps modernes.<br />
A la fin du XVIIeme siècle, la philosophie<br />
cartésienne domine encore les esprits. D’après<br />
celle-ci, le système héliocentrique est<br />
incontestable, et le monde est mû par <strong>des</strong> «<br />
tourbillons de matière subtile », qui entraînent les<br />
astres dans leur mouvement de rotation. Ce<br />
système inventé par Descartes est soutenu en<br />
particulier par Fontenelle dans ses « Entretiens<br />
sur la Pluralité du Monde », publié en 1686.<br />
C’est lors de son séjour à Londres en 1727-17<strong>28</strong><br />
que VOLTAIRE découvre Newton. Il est très<br />
impressionné par les funérailles grandioses du<br />
savant, dont il se met à fréquenter l’entourage,<br />
ainsi que la famille et s’intéresse à la vie et à<br />
l’œuvre de celui-ci. Certains prétendent que<br />
l’anecdote de la pomme viendrait de lui !<br />
Il a près de 40 ans quand il rentre en France. Il<br />
n’est pas mathématicien, mais avec l’aide de<br />
MAUPERTUIS, chaud partisan lui aussi de la<br />
théorie newtonienne, il prépare les « Lettres<br />
Philosophiques » qui seront publiées<br />
clan<strong>des</strong>tinement en 1733. Il y vante la société<br />
anglaise et y soutient les idées de Newton :<br />
Dans son livre, VOLTAIRE présente l’Angleterre<br />
de 1730, comme « la patrie idéale d’un<br />
philosophe, pays de liberté où les savants<br />
marchent en tête de la pensée scientifique.» Il y<br />
oppose les partisans de « l’Impulsion » chère à<br />
Descartes à ceux de « l’Attraction » sans faire<br />
mystère de ses préférences pour Newton au sujet<br />
de l’attraction, mais aussi de la forme aplatie de la<br />
terre aux pôles, et non pas en « forme de melon »<br />
et de la nature de la lumière qui nous vient du<br />
soleil, alors qu’elle « existe dans l’ai »pour les<br />
cartésiens. Il ironise sur la théorie cartésienne <strong>des</strong><br />
marées due à la répulsion de la lune et soutient<br />
au contraire celle de Newton selon laquelle ce<br />
phénomène est dû à son attraction. Cet ouvrage<br />
lui vaut un « volée de bois vert »de la part du<br />
parlement : « ouvrage scandaleux, contraire à la<br />
religion, aux bonnes meurs et au respect dû aux<br />
puissances !».<br />
VOLTAIRE, contraint de s’enfuir, va chercher<br />
refuge à Cirey, sur la frontière lorraine, chez la<br />
Marquise du Châtelet, férue de sciences, lui-<br />
Voltaire et Newton<br />
même étant peu doué pour cela. Toujours aidé de<br />
MAUPERTUIS, et de Madame du Châtelet il<br />
travaille sur l’œuvre de Newton et établit les<br />
bases de son futur ouvrage. (MAUPERTUIS dira<br />
qu’il avait deux élèves, l’une douée d’une grande<br />
compréhension, l’autre ignorant les<br />
mathématiques !)<br />
En 1737, MAUPERTUIS, aidé de CLAIRAU dirige<br />
une expédition en Laponie et constate, en<br />
mesurant la longueur du degré de méridien<br />
terrestre, l’aplatissement de la terre au pôle Nord.<br />
A la même époque une expédition conduite par<br />
LA CONDAMINE effectue une mission de même<br />
nature au Pérou. Celle ci durera 7 ans mais sera<br />
couronnée de succès en dépit d’énormes<br />
difficultés. Ces résultats confirment les mesure,<br />
effectuées à l’aide du pendule, de la gravité<br />
différente sous nos latitu<strong>des</strong> et au voisinage de<br />
l’équateur.<br />
A la même époque VOLTAIRE ne se sent plus en<br />
sécurité à Cirey et doit se réfugier aux Pays-Bas<br />
où il reprend l’offensive et fait publier les «<br />
Eléments de la Philosophie de Newton » qui<br />
ont un retentissement considérable. Il y met les<br />
idées de Newton à la portée de tous, bien que<br />
toujours récusées par la science officielle. En<br />
1738, la bataille semble gagnée la plupart <strong>des</strong><br />
scientifiques, dont BERNOULLI appuient<br />
l’ouvrage de VOLTAIRE, contre l’avis de quelques<br />
irréductibles du clan cartésien.<br />
Pour couronner le tout, en 1752, parait<br />
Micromégas, habitant de Sirius qui connaît<br />
merveilleusement les lois de la gravitation.<br />
Jean Gérin janvier 2004