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FICHE THÉMATIQUE<br />
LA FAIM<br />
450<br />
400<br />
350<br />
300<br />
250<br />
200<br />
150<br />
100<br />
50<br />
0<br />
SPIRALE DESCENDANTE<br />
Le petit fermier du Sud, lui, n'a pas eu de solution<br />
de rechange. <strong>La</strong> confrontation avec l'agriculture<br />
industrielle fut beaucoup plus brutale et<br />
les pouvoirs publics ne se sont pas préoccupés<br />
du bien-être des agriculteurs. Une lutte désespérée<br />
s'est alors engagée.<br />
<strong>La</strong> commercialisation de produits alimentaires ne<br />
rapportant plus grand-chose, l’agriculteur s’est,<br />
partiellement ou entièrement, reconverti dans<br />
les cultures tropicales, réservant ses cultures<br />
vivrières pour sa propre consommation. Ce<br />
faisant, les agriculteurs ont induit des pénuries<br />
nationales forçant les pays en développement à<br />
importer des denrées alimentaires pour nourrir<br />
leur population urbaine croissante.<br />
Quant aux cultures tropicales, le choix devint de<br />
plus pl plus us een<br />
plus limité. <strong>La</strong> betterave sucrière offre<br />
une un une alternative a à la canne à sucre, tandis que le<br />
Indice FAO des prix des produits alimentaires<br />
SUCRE<br />
HUILES<br />
MATIÈRES<br />
GRASSES<br />
CÉRÉALES<br />
PRODUITS<br />
LAITIERS<br />
VIANDE<br />
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011<br />
En 2008, les prix alimentaires<br />
ont atteint un pic, causant des<br />
émeutes dans beaucoup de<br />
pays. Les prix actuels élevés ne<br />
semblent pas prêts de diminuer.<br />
II AVRIL-MAI 2011 I dimension 3<br />
INDICE FAO<br />
DES FERMIERS À L'ABRI DE LA FAIM<br />
DES PRIX PLUS ÉLEVÉS POUR LES<br />
PRODUITS ALIMENTAIRES<br />
Pour aider effectivement à éradiquer la <strong>faim</strong> dans<br />
le monde, les fermiers pauvres du Sud doivent<br />
se voir offrir des opportunités. Des prix suffi samment<br />
élevés pour leur récolte constituent un élément-clé.<br />
Mais pourquoi les prix élevés des denrées<br />
alimentaires en 2008, et aujourd'hui encore,<br />
provoquent-ils tellement de remous ?<br />
Nous distinguons ici deux groupes. D'une part,<br />
il y a les habitants des bidonvilles urbains.<br />
Il s’agit de paysans ou d’ouvriers agricoles<br />
découragés ayant fui la campagne ou des descendants<br />
d'une première vague de migrants<br />
d’origine rurale. Ils survivent le plus souvent<br />
grâce à de petits boulots : vente de toutes<br />
sortes de choses (cigarettes, batteries, noix,<br />
© FAO<br />
caoutchouc peut être remplacé par des substances<br />
synthétiques et que le coton peut être<br />
cultivé, par exemple, dans le sud des États-Unis.<br />
Il ne restait donc plus que : le café, le cacao, le thé,<br />
l'ananas, la banane, des cultures qui ne résistèrent<br />
pas longtemps aux grandes plantations mécanisées,<br />
souvent entre les mains de sociétés étrangères.<br />
Par ailleurs, tant de petits fermiers se sont<br />
jetés sur ces cultures tropicales que leurs prix ont<br />
trop baissé pour rester viables.<br />
Une dernière issue fut l'approvisionnement<br />
des villes : les bidonvilles ont absorbé un grand<br />
nombre de fermiers ayant fui les zones rurales.<br />
Or, ces derniers doivent se nourrir. <strong>La</strong> ville est<br />
donc un débouché pour les produits frais qui se<br />
prêtent moins bien aux exportations : légumes,<br />
fruits, lait, œufs. Malheureusement, les citadins<br />
n'ont guère d'argent, à défaut de perspectives<br />
d'emploi, et l'expansion de la ville rogne sur les<br />
terres agricoles. Les fermiers doivent donc s'établir<br />
plus loin. Peu à peu, les frais de transport<br />
deviennent trop élevés pour pouvoir vendre les<br />
denrées alimentaires avec bénéfi ce.<br />
Pour garder la tête hors de l'eau, le fermier,<br />
par exemple, négocie sa terre ou limite considérablement<br />
sa consommation. Mais certaines<br />
dépenses restent inévitables : le sel, les<br />
chaussures, les médicaments, les fournitures<br />
scolaires, etc. Pour tout de même conserver<br />
un certain revenu, le fermier vend plus de sa<br />
maigre récolte et n'en garde que trop peu pour<br />
lui. Lorsque ses réserves sont épuisées, il se<br />
voit lui-même contraint d'acheter des denrées<br />
alimentaires. Parfois, il est tellement appauvri<br />
qu'il ne peut même plus obtenir de prêt. Le<br />
résultat fi nal de cette spirale descendante est<br />
la <strong>faim</strong> ou l'exode vers les villes. Certains se<br />
hasardent encore à des cultures telles que celles<br />
du chanvre, du pavot ou de la coca.<br />
friandises, etc.), cirage de chaussures, gardiennage<br />
de voitures, prostitution, etc. 50 à 80 %<br />
de leur budget étant consacré à l'alimentation,<br />
ils ne peuvent faire face aux prix élevés des<br />
denrées alimentaires. Pour les jeunes nés dans<br />
la misère, l'absence de perspectives devient<br />
peu à peu intolérable. Le mécontentement et<br />
la frustration sont tels que la moindre étincelle<br />
suffi t à mettre le feu aux poudres.<br />
Le deuxième groupe se compose de petits<br />
agriculteurs. Ils ont effectivement besoin de prix<br />
équitables plus élevés, mais pas de hausses de<br />
prix brutales, telles que nous les connaissons<br />
aujourd'hui. Par ailleurs, fermiers ignorants, ils<br />
sont la proie facile d'acheteurs rusés qui paient<br />
un prix trop faible. Les maigres bénéfi ces retirés<br />
de leur récolte ne leur suffi sent pas pour investir