Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
© DGD / E. Pirsoul<br />
Petite santé,<br />
pays immense,<br />
VASTE<br />
QUESTION<br />
Dans un pays aussi vaste que la République Démocratique<br />
du Congo, où presque tout est à reconstruire, la santé des<br />
mères et des jeunes enfants reste un domaine complexe<br />
qui dépasse la seule question de la santé et touche tous les<br />
domaines du développement.<br />
Le petit centre de santé<br />
de Maman Nzuzi<br />
De Kinshasa, il faut d’abord rouler une<br />
heure, à travers les incontournables<br />
embouteillages, sur ce qu’on a du mal<br />
à qualifi er de “route” tant la terre est<br />
cabossée. Ensuite la “route” s’arrête et<br />
c’est à pied qu’il faut descendre la colline<br />
et en remonter une autre par un petit<br />
chemin de terre rendu particulièrement<br />
boueux par cette journée pluvieuse. On<br />
arrive devant une petite maison dont on<br />
distingue à peine l’intérieur. “Voilà une<br />
semaine que nous n’avons plus d’électricité”,<br />
soupire sa patronne, “Maman<br />
Nzuzi”. Maman, elle ne l’est pas que par<br />
le nom tant elle s’est battue pour sa communauté.<br />
“Je voulais faire quelques chose<br />
pour mon quartier, je voyais les gens<br />
(10 % de la population active m’affirmera-t-elle)<br />
mourir de paludisme, d’anémie<br />
ou de choléra, sans qu’il y ait de prise<br />
en charge locale. Il n’y avait même pas de<br />
6 AVRIL-MAI 2011 I dimension 3<br />
lieu où accoucher.” Elle décide d’ouvrir<br />
en ‘92 un dispensaire pour sa communauté<br />
si démunie. Déterminée, elle obtint<br />
très vite de la coopération belge un fi nancement<br />
de 500.000 FB pour transformer<br />
le petit dispensaire en véritable centre<br />
de santé. Depuis, elle a créé son ONG,<br />
Action Bolingo, dont le but est d’améliorer<br />
le bien-être de la communauté. Car<br />
le bien-être, c’est la santé.<br />
Remarquant que la malnutrition était<br />
l’une des causes principales des maladies<br />
d’enfants et des grossesses à<br />
risques, “J’ai commencé à préparer à<br />
manger pour les démunis du quartier,<br />
mais on a constaté que ce n’était pas<br />
suffisant car lorsque mes patients rentraient<br />
à la maison en bonne condition, ils<br />
réapparaissaient mal nourris peu après.”<br />
Alors, avec l’aide du programme belge<br />
PAIDECO (voir encadré) et des habitants,<br />
elle défriche un marais pour le transformer<br />
en terre cultivable. Depuis lors, les<br />
habitants peuvent cultiver et consommer<br />
leurs propres légumes et les problèmes<br />
de nutrition ont diminué. De même,<br />
constatant que l’eau était impropre à la<br />
consommation et cause de diarrhées,<br />
elle obtint de l’UNICEF la construction<br />
d’un puits et des médicaments.<br />
Aujourd’hui, c’est jour de consultation<br />
prénatale (CPN) et une dizaine<br />
de femmes se présentent. Ici, on peut<br />
détecter une grossesse à risque qui sera<br />
signalée à un hôpital, un bassin trop petit,<br />
une séropositivité dont on peut prévenir<br />
la transmission à l’enfant à l’aide d’antirétroviraux,<br />
ou vacciner contre le tétanos<br />
néonatal… Malheureusement, les CPN<br />
ne sont pas suivies par toutes et il arrive<br />
souvent qu’une femme se présente au<br />
centre de santé en état de complication<br />
d’accouchement sans n’avoir jamais<br />
consulté un médecin…<br />
Dans la petite pièce sombre qui sert de<br />
maternité sont couchées une dizaine de<br />
jeunes accouchées. Chez l’une d’elles,<br />
le bébé présente une anomalie, il devra<br />
bientôt être référé à l’hôpital.<br />
Si un problème dépassant les compétences<br />
du centre se présente, le malade<br />
est amené à pied, ou en civière, sur des<br />
chemins escarpés au premier hôpital qui<br />
se trouve à 5 km. Et ce n’est pas le seul