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La faim - Dimension 3

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SANTÉ REPRODUCTIVE<br />

Punir enfi n,<br />

POUR PRÉVENIR LES VIOLENCES SEXUELLES.<br />

Dans l’Est du Congo, avec les guerres de ces deux<br />

dernières décennies et l’insécurité persistante est apparu un<br />

phénomène nouveau et inhumain : les violences sexuelles<br />

pratiquées en masse par des militaires sur les civils.<br />

L’impunité qui a longtemps prévalu a contribué à l’ampleur<br />

stupéfi ante du phénomène dans les 2 Kivu. Mais aujourd’hui,<br />

les procès pour viols se multiplient. Encore insuffi sants et<br />

comptant de nombreuses failles, ils marquent la fi n d’une<br />

ère d’impunité. Partis d’un système judiciaire inexistant, les<br />

résultats, même symboliques n’auraient pu avoir lieu sans un<br />

effort à long terme de l’État congolais et ses partenaires.<br />

Des récits insupportables<br />

F. n’a que 20 ans mais son regard est<br />

éteint. Elle raconte, sans émotions :<br />

“C’était il y a 4 ans. Nous étions dans la<br />

maison familiale de Kaniola quand des<br />

soldats interahamwe (rebelles rwandais)<br />

ont fait irruption. Ils ont tué mon père et ma<br />

mère et nous ont emmenées, mes sœurs<br />

et moi, avant de nous séparer. J’ai du les<br />

suivre dans leurs différents camps dans la<br />

forêt pendant 4 ans, servant d’esclave pour<br />

les soldats. Trois fausses couches s’en sont<br />

suivies. J’étais enceinte une 4 e fois quand je<br />

me suis enfuie. Il m’a fallu deux semaines<br />

de marche, enceinte de 8 mois pour parvenir<br />

jusqu’ici, à Walungu. Je mendiais ma<br />

nourriture.” Le représentant local, Herman<br />

Bahara de l’ONG CAMPS continue : “C’est<br />

le chef du village voisin qui l’a menée<br />

chez nous Elle est arrivée en état de choc<br />

total, elle divaguait, ne se nourrissait plus.”<br />

CAMPS est une des ONG locales sur lesquelles<br />

s’appuie le programme STAREC.<br />

Les victimes peuvent y être emmenés en<br />

première instance et y être suivis psychologiquement.<br />

“Elle était atteinte d’une<br />

grave infection génitale mais elle a été soignée<br />

et a accouché à l’hôpital de Walungu<br />

qui prend en charge les femmes violées.<br />

Mais son avenir reste incertain, ses parents<br />

sont morts, ses sœurs disparues, la maison<br />

de sa famille a été récupérée par d’autres,<br />

elle ne sait où aller.”<br />

Pour madame M, les faits se sont déroulés<br />

dans sa maison, sous les yeux de son mari,<br />

un couteau planté dans le ventre pour<br />

l’empêcher de bouger. Son mari l’a abandonné<br />

avec ses 3 enfants. Le coupable,<br />

En mars 2011, le procès des militaires accusés de pillages et viols collectifs à Kalehe.<br />

22 AVRIL-MAI 2011 I dimension 3<br />

© DGD / E. Pirsoul<br />

Madame M.<br />

un militaire de l’armée régulière a été<br />

condamné mais elle attend toujours des<br />

indemnités qui pourraient l’aider à lancer<br />

une petite affaire pour survivre.<br />

Ces cas sont malheureusement loin d’être<br />

isolés. Dans le territoire de Walungu (qui<br />

compte 600.000 habitants), en province<br />

du Sud-Kivu, l’ONG CAMPS a dénombré<br />

102 violences sexuelles pour le seul<br />

mois de janvier. L’ONU Femmes estime<br />

que plus de 200.000 femmes ont été violées<br />

en RD Congo depuis 1998. Il s’agit,<br />

dans la plupart des cas, de violences<br />

exercées par des rebelles rwandais ou<br />

par les forces armées congolaises. Longtemps,<br />

l’impunité totale a prévalu.<br />

Les autorités congolaises et la communauté<br />

internationale ont pris la mesure<br />

du problème et ont résolu de l’attaquer à<br />

plusieurs niveaux : prévention, judiciaire<br />

et sécuritaire et médico-social. Un vaste<br />

programme s’est mis en place.<br />

Les procès se multiplient<br />

Kalehe, 40 k m de Bukavu, le 9 mars 2011.<br />

<strong>La</strong> salle d’audience, est pleine à craquer<br />

<strong>La</strong> cour militaire rend son jugement après<br />

une semaine d’auditions : 11 militaires des<br />

Forces armées régulières écopent de<br />

15 ans de peines de la servitude pénale<br />

à la perpétuité en plus du paiement d’indemnités<br />

aux victimes. Ils sont jugés coupables<br />

de pillages, viols collectifs d’une<br />

vingtaine de femmes et d’enlèvement d’un<br />

bébé dans le village de Katasomwa en<br />

septembre 2009. Malheureusement, 8 des<br />

11 militaires sont en fuite…<br />

© DGD / E. Pirsoul

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