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MAIRIE DE BAGNEUX - GONSEIL MUNICIPAL - NSEIUIN 2010<br />
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A travers sa réforme des retraites, le gouvernement poursuit la mise en œuvre d’un projet de société<br />
où le droit individuel l’emporte sur le droit collectif, où la solidarité intergénérationnelle,<br />
fondement du système de retraite par répartition est menacée car pour s’assurer une retraite<br />
décente, les salariés auront intérêt à prendre des assurances privées ou des fonds de pension dont<br />
on connait les ravages produits.<br />
Les arguments avancés par le Gouvernement pour justifier cette réforme sont des trompe-l’œil : la<br />
vraie raison de la réforme n’est pas liée à la démographie (on nous compare souvent à l’Allemagne<br />
au taux de natalité de 1,4 alors qu’il est de 2,1 dans notre pays) ni à l’allongement de la durée de<br />
vie, mais à une volonté de réduire les dépenses publiques d’autant plus que, depuis la crise<br />
financière qui a provoqué une récession et une augmentation importante des déficits publics.<br />
Je rappelle que le Président Nicolas Sarkozy, en 2007, s’était engagé à ne pas toucher à la retraite à<br />
60 ans et, en 2008, quand Laurence Pariso, la Présidente du Medef, lui demandait de revenir en<br />
arrière sur cette question, il avait répondu à l'époque : « je n'ai pas de mandat des Français, je n'ai<br />
pas été élu pour cela et donc je ne toucherai pas à l'âge légal de 60 ans de départ à la retraite ».<br />
Bien évidemment, ce qui est évoqué aujourd'hui, c'est la crise financière provoquée par le système<br />
économique capitaliste que nous connaissons.<br />
Plutôt que de proposer des mesures qui permettraient de mettre à contribution le capital et les<br />
revenus financiers, de mettre en œuvre des politiques volontaristes pour relancer l’emploi et les<br />
salaires, en étant en appui des entreprises qui créent de l’emploi et qui payent correctement les<br />
salariés en sanctionnant les autres, sources de financement essentielle de la protection sociale et des<br />
retraites, le gouvernement s’attache à imposer des plans d’austérité dont les salariés et les retraités<br />
sont les premiers à faire les frais tandis que les tenants de la finance se feront une santé sur le<br />
compte des budgets publics.<br />
Ce sont finalement les salariés et les retraités qui payent les conséquences de la crise, ainsi que les<br />
chômeurs bien évidemment.<br />
La réforme des retraites risquerait d’amener les conditions de départ en retraite en France parmi<br />
les plus dures d’Europe, à 67 ans sans décote. Auparavant, lorsque les salariés choisissaient de<br />
partir plus tôt, ils subissaient une décote. Pour avoir une retraite à taux plein, il faudra aller jusqu’à<br />
67 ans.<br />
Jumelées à un nouvel allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein,<br />
ces mesures entraîneront la pauvreté de la plupart des futurs retraités, surtout les femmes et tout<br />
ceux et celles qui ont connu et connaîtront des périodes de chômage et de précarité importantes. Ce<br />
sont les salariés les plus jeunes qui subiront les effets cumulés de ces orientations au moment de<br />
partir à la retraite.<br />
Pourtant, dans ce pays de financement des retraites, à partir de 60 ans, est possible à condition<br />
d’en finir avec l’inégalité de la répartition de la richesse produite. C’est ce partage qui constitue le<br />
tabou à faire sauter et non l’âge de départ à la retraite. Il s’agit là d’un choix politique, de justice<br />
et de solidarité. Rappelons qu’une simple application du taux de cotisation patronale en dividendes<br />
distribués comblerait immédiatement le déficit actuel de la Caisse Nationale d’Assurance<br />
Vieillesse.<br />
La question des retraites pose, ainsi, celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. C’est un<br />
véritable enjeu de civilisation.<br />
C’est pourquoi nous n’acceptons pas le « travailler toujours plus », la paupérisation programmée<br />
des futurs retraités est la destruction des solidarités sociales. Il n’est pas possible qu’un tel projet<br />
puisse se réaliser et chacune et chacun peut contribuer à une vaste mobilisation citoyenne pour<br />
stopper cet engrenage.