Transformation urbaine et appropriation des espaces ... - entpe

Transformation urbaine et appropriation des espaces extérieurs : Les limites du modèle de la résidentialisation.
Cadre de Vie et de l’Union HLM. Ou encore, parmi les plus récents, l’ouvrage du CERTU, rédigé
par Anne Faure en 1996, intitulé Entre les tours et les barres. Restructurer les espaces publics
des grands ensembles.
Ces diverses réflexions mettent l’accent sur les dysfonctionnements des espaces publics
modernes. Nous retrouvons donc ici les critiques préalablement énumérées dans la première
partie sur les grands ensembles : de la rigidité foncière au manque de lisibilité, en passant par
l’aspect pathogène tant de leurs espaces intérieurs que des « vides » qui les composent.
A partir de ces analyses critiques s’affirme l’importance de la conception et de l’aménagement
des espaces extérieurs dans la qualité de vie des grands ensembles. Ce ne sont plus seulement,
comme le préconisaient les premières interventions de la politique de la ville, les logements, le
bâti, ou encore les équipements qui sont perçus comme éléments essentiels de qualité d’un
quartier. La qualité de vie d’un quartier, son « urbanité » se construit également au niveau de
l’ensemble des « vides » qui constituent les grands ensembles, des « espaces entre les tours et
les barres » 50. Ces espaces libres apparaissent alors aux yeux des professionnels comme « l’atout
des grands ensembles » : peut-être « vides » mais loin d’être « vides de sens » 51, une fois aménagé
et leur statut clarifié, grâce à la définition d’un parcellaire, ces lieux pourront donner sens à des
usages plus spécifiques. C’est ainsi que la conception, l’aménagement, et la gestion de ces
espaces acquièrent une réelle importance.
Une nouvelle notion entre ici en jeu : celle de la limite entre les espaces publics et les espaces
privés. Or, dans l’urbanisme moderne, ces espaces sont d’autant plus flous que leur limite est
inexistante, comme le sous-entend Pierre Belli-Riz :
« L’urbanisme dit moderne est fondé sur l’idéal d’une ville verte et ouverte, faite de
bâtiments disposés librement dans un ‘‘libre’’ espace collectif, continu et
omniprésent. » 52
Les grands ensembles sont caractérisés par les vides qui les composent et, du fait de limites
entre public et privé incertaines, voire même totalement absentes, les statuts des différents
espaces sont inconnus. Ces absences engendrent des confusions, des problèmes, voire même
un certain désintérêt. Notamment, la gestion et l’entretien sont parfois soumis à des
interrogations : qui à la responsabilité de quoi ? La Ville ou le bailleur ? De ce fait, certains
espaces ne sont pas entretenus faute de responsable ; ils se retrouvent donc laissés pour
50 FAURE A., Entre les tours et les barres. Restructurer les espaces publics des grands ensembles, CERTU, Lyon,
novembre 1996.
51 HATZFELD H., MOUTTON Y., Les espaces libres, atouts des grands ensembles, éditions du CERTU, coll. “Écoles
d’architecture”, 2006.
52 BELLI-RIZ P., cité par GUIGOU B., LELEVRIER C., op.cit., page 32.
ARANTES Laëtitia 26