Transformation urbaine et appropriation des espaces ... - entpe

Transformation urbaine et appropriation des espaces extérieurs : Les limites du modèle de la résidentialisation.
Arrivée en France dans les années 1980, l’émergence de la sécurité comme enjeu urbain a
d’abord suscité de nombreuses réticences de la part des architectes et urbanistes, les critiques
allant de la crainte de la privatisation de l’espace public (apparition de « gated communities » 62 à
la française) à celle de l’exclusion de certaines populations indésirables. Pour comprendre les
modalités d’émergence sur la scène française de cette notion, d’origine anglo-saxonne, il est
indispensable de considérer les origines de ce courant dit de "prévention situationnelle".
2.2.2. 2.2.2. Origines Origines et et histoire histoire de de la la prévention prévention situationnelle.
situationnelle.
La prévention situationnelle telle que décrite précédemment, c'est-à-dire comme « approche de la
prévention du crime par une manipulation environnementale » 63, fait son apparition dans les
pays anglo-saxons, sous cette dénomination, dès le début des années 1970, à travers une série
d’études sur la sécurité et l’espace. Mais ses origines sont plus anciennes : sans même que la
prévention situationnelle soit présentée sous ce nom, ses orientations étaient déjà exposées
dans un ouvrage de 1961 : The Death and Life of Great American Cities 64.
Ainsi, trois auteurs et ouvrages marquent l’histoire de la prévention situationnelle, de part les
réflexions menées et les préconisations instituées.
Jane Jane Jacobs Jacobs ou ou « « les yeux braqués sur sur la rue ».
».
C’est dans l’ouvrage The Death and Life of Great American Cities de l’Américaine Jane Jacobs,
paru en 1961, que la prévention situationnelle trouve ses origines. A l’époque, l’Ecole de Chicago
a déjà travaillé sur les conditions dans lesquelles est commis un délit, et notamment sur l’auteur
du crime et sa victime. Mais pour le moment, les circonstances du délit n’ont jamais fait l’objet
d’études approfondies. C’est donc cet aspect du délit que tient à explorer Jane Jacobs.
De sa réflexion ressort d’abord l’idée selon laquelle tout délit se réalise dans un contexte
particulier, un contexte qui lui est propre. C’est ainsi qu’un hall d’entrée sombre et avec des
recoins peut rapidement devenir le lieu d’une embuscade. Par ailleurs, en comparant la ville
traditionnelle et les quartiers « modernes », Jane Jacobs se rend compte que plus les quartiers
sont fonctionnels et sûrs, plus ils sont pratiqués et appropriés.
Ainsi, à partir de ces premiers constats, Jane Jacobs propose une série de recommandations pour
(re)créer un sentiment de sécurité chez les habitants : le contrôle par les résidents, illustré par
l’allégorie des « yeux braqués sur la rue ». Ses recommandations sont diverses et variées : de la
62 Terme américain signifiant « communautés fermées ». Très présents aux Etats-Unis, il s’agit de quartiers résidentiels
dont l’accès est contrôlé, et dans lesquels l’espace public (rues, trottoirs, parcs, terrains de jeux, …) est privatisé.
63 DE MONICAULT K., L’aménagement urbain et la prévention du crime : l’exemple anglo-saxon. Un bilan des œuvres
influentes et des expériences réussies, IHESI, février 1999, page 3.
64 Traduit en français par Claire Parin sous le titre Déclin et Survie des grandes villes américaines.
ARANTES Laëtitia 30