Transformation urbaine et appropriation des espaces ... - entpe

Transformation urbaine et appropriation des espaces extérieurs : Les limites du modèle de la résidentialisation.
l’appliquer. En effet, où se terminent l’espace public et l’espace privé de part et d’autre de ce
nouvel espace intermédiaire ? Comment mettre en place ces unités résidentielles sans
engendrer un repli sur soi des résidents ? Comment tout simplement éviter ce que craignent le
plus les aménageurs en ce qui concerne la résidentialisation, c'est-à-dire une séparation et un
déclin encore plus grands et plus rapides des grands ensembles ?
C’est ce sur quoi travaillent les architectes et urbanistes depuis qu’ils ont inventé le concept au
début des années 1990 : expliciter et expérimenter au mieux les moyens et principes, avant de
généraliser l’expérience et de promulguer, sans preuve tangible, la résidentialisation comme
solution au problème des grands ensembles. On peut peut-être voir ici les raisons pour lesquelles
la notion a mis du temps à émerger et à s’affirmer en France, tant dans les propos et les
pratiques que dans les lois.
En effet, même si aujourd'hui le terme est galvaudé, , ce n’est qu’en 2003 qu’il apparaît dans les
textes de loi en France, et plus précisément dans la Loi n° 2003-710 du 1er août 2003
d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine. Mais là encore, le terme
est uniquement évoqué, comme complément des actions de réhabilitation et de démolition-
reconstruction :
« Il [le Programme National de Rénovation Urbaine] comprend des opérations
d’aménagement urbain, la réhabilitation, la résidentialisation, la démolition et la
production de logements, la création, la réhabilitation et la démolition d’équipements
publics ou collectifs, la réorganisation d’espaces d’activité économique et
commerciale, ou tout autre investissement concourant à la rénovation urbaine. » 91
Une fois de plus ici, le règlement du PNRU ne précise en rien ni la définition explicite de ce qu’est
la résidentialisation, ni ses procédés de mise en application. Libre aux concepteurs et
aménageurs d’imaginer les moyens de mise en œuvre.
Ainsi, encore aujourd'hui, et bien qu’elle fasse presque partie du langage usuel et des pratiques
courantes en terme de rénovation urbaine, la résidentialisation peine encore à trouver une
définition ferme et intelligible. Entre l’action sur les pierres et l’espace, et l’action sur les hommes
et le besoin de lien social, la corrélation n’est pas évidente. Peut-être faut-il alors s’intéresser aux
fondements qui font les certitudes des inventeurs de la résidentialisation : les principes
préconisés et les effets escomptés.
91 Loi n° 2003-710 du 1er août 2003 d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine, 1 er Août
2003, article 6.
ARANTES Laëtitia 42