N. 46/47 Palomar : voyeur, voyant, visionnaire - ViceVersaMag

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Palomar
ou le voyeur captif
Ce titre métaphorique, mystérieux à dessein, renvoie d'une part, par son côté dénominatif, à
l'observatoire du mont Palomar en Californie où se trouve l'un des télescopes les plus puissants
au monde et, d'autre part, au personnage créé par Italo Calvino, Monsieur Palomar 1 .
Inquisiteur du regard, observateur, voyeur, Monsieur Palomar constitue une profonde réflexion
sur le regard voyeur. Un voyeurisme qui est en fait un état de recherche perpétuelle sur
le regard.
H
e personnage de Calvino soulève une interrogation qui hante
le voyeur conscient: Si je ne la regarde pas (en parlant d'une
femme nue qui prend un bain de soleil) c'est comme si je faisais
semblant de ne pas la voir. A partir de cette double contrainte
(double bind) nous avons soulevé l'impossibilité de maintenir une
position indifférente par rapport au regard. Dans le cadre de notre
exposition Palomar ou le voyeur captif, le spectateur est constamment
maintenu dans une position ambivalente. Les installations présentées
font en sorte que le spectateur prend plaisir à regarder l'illicite, mais,
en même temps, il doit s'interroger sur son propre statut social de
voyeur. Comme il pourrait le faire s'il analysait sa réaction aux faits
divers (situation où le voyeurisme devient socialement acceptable) par
exemple. Le voyeur est généralement celui qui prend plaisir à regarder
et non pas à «faire». Toutefois, grâce aux installations, nous plongeons
le spectateur dans une position de «voyeur arrosé». Pour cela, nous
occupons le spectateur avec des installations interactives captivantes:
une fois plongé dans l'univers de l'installation, le spectateur se transforme
en acteur. Il devient partie prenante de la mise en scène d'un
autre voyeur.
Voyant, voyeur, visionnaire, faits et méfaits du regard. Trois types
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d'expériences visuelles, représentant respectivement la description, la
narration et enfin la méditation constituent les paramètres de l'exposition.
Ces expériences visuelles prennent la forme de relations simples
à l'objet; de relations plus complexes face à un univers impliquant
le langage; ou d'expériences plus spéculatives faisant appel à la relation
qu'entretient le spectateur avec le monde qui l'entoure.
La notion de regard semble, depuis quelques années, être au centre
des préoccupations de nombreux artistes et chercheurs. Toutes les
recherches récentes sur la perception et la proprioception montrent
bien l'acharnement porté sur ce sujet. Toutefois, entre les recherches
issues du milieu académique et l'interprétation hâtive et souvent facile
qu'en a donné le cinéma ou la vidéo populaire, les recherches sur le
regard n'ont pas suscité de nombreuses expositions. Le regard d'aujourd'hui
est immunisé, atrophié par la surcharge d'informations. Avec
cette exposition, nous désirons provoquer, avec un esprit inquisiteur,
la constante remise en question du jugement du spectateur face à l'art
contemporain.
Le titre, le concept et les oeuvres évoquent une sorte de relation
spontanée, joyeuse, intime avec le spectateur. Le thème questionne le
regard, le voir, c'est-à-dire un système d'appréhension de l'univers