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– Tu veux dire vendredi ?
Je hochai la tête.
– Les deux hommes qui nous suivaient. C’était des Chercheurs.
Il lâcha ma main et s’appuya contre la vitre.
– Que voulaient-ils ?
J’ai hésité. Cela me paraissait injuste d’avouer à Shay que les Chercheurs le pourchassaient tant que je
ne saurais pas pourquoi.
– Je ne sais pas trop.
Il tapota sur la glace.
– Mon oncle m’a dit qu’ils avaient été placés en garde à vue. Je pensais qu’il avait appelé la police.
– Non, dis-je en agrippant le volant. J’en ai tué un. Les Gardiens ont questionné le second.
– Tu as tué un de ces hommes ?
Il se tapit contre sa portière.
Je le foudroyai du regard en voyant qu’il approchait sa main de la poignée.
– Je suis une guerrière, Shay.
Il s’est figé, fixant le livre posé sur ses genoux. Sa peur et sa façon de me juger commençaient à
m’énerver. Je croisai les bras sur ma poitrine et continuai de l’observer, mon humeur s’assombrissant à
chaque seconde.
– Écoute. Je ne sais pas ce que tu fais là, mais il est évident que les Gardiens veulent que tu sois en
sécurité. Les Chercheurs te poursuivent peut-être, mais désormais les Gardiens et les Protecteurs t’ont à
l’œil. Tu ne crains pas grand-chose, mais trimballer ce livre avec toi est très dangereux.
Il serra le volume contre sa poitrine.
– Ce livre est la seule source d’information que je possède sur Bosque qui, comme tu viens de me le
faire remarquer, ne peut pas être mon oncle. Et il contient peut-être tout ce que je peux apprendre sur toi
et les tiens. Je veux connaître ton monde. J’en fais partie maintenant.
– Non, dis-je en relâchant le volant. Tu ne peux pas en faire partie. Tu n’es qu’un humain. Je ne veux
pas qu’il t’arrive quelque chose.
Comme il ne disait rien, je lui ai jeté un coup d’œil. Il m’observait, mais toute peur avait disparu de
ses yeux.
– Il ne s’agit pas que de moi. Apparemment, tu ne sais pas grand-chose sur tes maîtres. Les sorciers qui
dirigent le monde.
Ce fut à mon tour de regarder dehors.
– C’est pour cette raison que je voulais te montrer ce livre. Je me demande pourquoi ils se sont servis
du titre de Hobbes.
Je me tournai vers lui, un rire sinistre s’échappant de ma gorge.
– Ils ne l’ont pas fait. C’est Hobbes qui leur a piqué ce titre.
– Quoi ?
Je voyais bien qu’il ne me croyait pas.
Je haussai les épaules.
– L’histoire, telle qu’on me l’a racontée, c’est qu’autrefois, les Gardiens recherchaient la compagnie
de philosophes, pour se divertir. Ils s’entouraient d’une cour composée des humains les plus brillants.
Hobbes était un de leurs favoris.
Il se pencha en avant, intéressé.
– OK.
– Les Gardiens l’appréciaient tellement qu’ils lui ont parlé de leur monde. Ils lui ont proposé de
l’élever.
– L’élever ?