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Il me sourit brièvement et je haussai les épaules. Il parut satisfait de ma réaction modérée à ses éloges.
– Il est probable que nos patrouilles s’intensifient bientôt. Je pense qu’ils envisagent d’utiliser votre
nouvelle meute avant même que l’union soit officielle.
Il faut croire que tout le monde veut que la nouvelle meute voie le jour plus tôt que prévu.
– Logan Bane en a obtenu le contrôle en guise d’héritage, annonçai-je.
Il croisa les mains devant sa poitrine.
– C’est inattendu. Quoique je suppose que le fils d’Efron atteindra bientôt l’âge adulte.
– Sais-tu qui est Bosque Mar ? demandai-je en fronçant les sourcils.
Il secoua la tête.
– Qui ça ?
– C’est un Gardien. Il était à l’Éden hier soir, répondis-je en me rappelant notre étrange rencontre. Je
crois que c’est lui qui a décidé que Logan dirigerait notre meute. Notre maîtresse s’est inclinée devant
lui. Je ne l’avais jamais vue faire une chose pareille.
– Nous ne nous occupons pas de la hiérarchie du monde des Gardiens, dit-il sèchement. Ce sont leurs
affaires. J’obéis à Lumine et à personne d’autre.
Il se mit à faire les cent pas devant la porte.
– Lorsque votre nouvelle meute sera formée, vous n’aurez de comptes à rendre qu’à Logan. Ne te mêle
pas des affaires des Gardiens. Tu es une guerrière, Calla. Ne l’oublie pas et sois prudente. Ce genre de
distractions ne peut que te faire du mal.
– Oui, bien sûr.
Je me suis recroquevillée sous mes couvertures. J’ai été stupide hier soir ; mon père a raison. Ce que
je veux n’a aucune importance. Je dois être forte. Rien de plus.
J’ai mordu mon oreiller. Je déteste les garçons.
Il a observé ma retraite en fronçant les sourcils.
– Ta mère prépare le déjeuner. Te joindras-tu à nous ?
– OK.
Ma forteresse en coton n’y changerait rien : j’étais une guerrière et il était temps que je me comporte
comme telle.
La mélodie carillonnante a résonné dans mes oreilles avant que mes yeux ne s’ouvrent. Les notes
pénétraient par la fenêtre de ma chambre, que j’avais laissée entrouverte la veille, accompagnées d’un
courant d’air mordant. Le gel. La première gelée de l’année. J’ai regardé mon réveil. Bryn arriverait dans
une demi-heure pour notre patrouille hebdomadaire.
Comment vais-je me débarrasser d’elle ? Je mâchais mes flocons d’avoine en me demandant si Shay
arriverait vraiment à gravir la montagne à une heure aussi matinale, quand Ansel est apparu en bas de
l’escalier.
– Hé, frangine.
– Qu’est-ce que tu fais déjà debout ? demandai-je en regardant l’horloge, craignant d’être en retard.
Mais il n’était que six heures et demie. Nos patrouilles commençaient à sept heures.
– Je voulais savoir si je pouvais venir avec vous aujourd’hui.
Il s’efforçait de paraître nonchalant, mais il se servit du café d’une main tremblante. Le liquide noir
éclaboussa le comptoir.
– Tu as patrouillé avec Mason hier, dis-je en le regardant essuyer le café avec une serviette en papier.
– Je sais, répondit-il rapidement. Je pense seulement qu’un peu de pratique me ferait du bien. Je veux
dire, avec l’attaque d’hier, et tout ça.
Je me suis mordillé la lèvre.
– Oh, à vrai dire, j’allais donner sa journée à Bryn et patrouiller seule.