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quelques secondes plus tôt.
– Viens.
Nous avons traversé la rue au bout du pâté de maisons. Shay allait à mon rythme, inconscient de ma
soudaine nervosité. J’ai jeté un coup d’œil par-dessus mon épaule. Les hommes nous suivaient. J’ai
reniflé l’air, mais le vent soufflait face à moi, si bien que je ne pouvais distinguer s’ils étaient humains…
ou autres. Je me suis étiré les doigts en visualisant mentalement le plan du quartier.
J’ai penché la tête sur le côté et écouté. Je n’ai eu aucun mal à distinguer leurs propos bourrus.
– On ne peut pas être sûrs sans regarder sa nuque.
– Tu vas lui demander de baisser son col pour y jeter un coup d’œil ? Il correspond à la description et
il sort du club du sorcier. Attrapons-le. Les questions attendront.
– Il n’est pas seul.
– Tu as peur d’une fille ? Sans doute une poule qu’il a ramassée sur la piste de danse. On assomme la
fille, on enlève le garçon et on fiche le camp.
Je me suis étirée paresseusement et j’ai passé le bras autour de Shay, le rapprochant de moi. Un sourire
curieux et séducteur est apparu sur ses lèvres. Il a de nouveau regardé mon décolleté prêt à éclater. Une
douleur subite dans le bas de mon ventre m’a fait trébucher et le sang m’est monté aux joues. Alors, l’un
des hommes a fait un bruit obscène, me ramenant à la réalité. J’ai secoué la tête et planté mes ongles dans
l’épaule de Shay, m’efforçant d’attirer son attention.
– Il y a un problème. Ces types nous suivent.
J’ai pris soin de ne pas dire « te suivent ». J’ignorais encore ce qu’il savait ou non de son lien avec
notre monde.
– Quoi ? demanda-t-il en arrachant ses yeux de mes courbes et en commençant à tourner la tête.
– Non, sifflai-je. Continue de marcher. Regarde droit devant toi.
Lorsque je l’ai serré contre mon corps, son cœur s’est mis à battre à tout rompre. Le mien aussi. Mes
yeux se sont posés sur ses lèvres, en ont tracé le contour.
Arrête. Arrête. Arrête. Mon sang bouillonnait.
– Quand on arrivera au bout du pâté de maisons, lui murmurai-je à l’oreille, je veux que tu coures.
Retourne au club. Dis au videur qu’il y a un problème. Il enverra de l’aide.
– Je ne vais pas te laisser toute seule, protesta-t-il.
– Oh si ! dis-je en lui souriant, faisant luire mes canines pointues à la lumière des lampadaires. Je peux
me débrouiller, mais pas si je dois te protéger en même temps.
– J’ai un téléphone portable. Et si j’appelais la police ?
– Sûrement pas.
– Je ne partirai pas tant que tu ne m’auras pas promis quelque chose.
Il me fallut toute ma volonté pour ne pas le mordre à l’épaule comme s’il était un louveteau
désobéissant. Pourquoi n’a-t-il pas peur de moi ?
– Quoi ? demandai-je, le cœur battant, autant affolé par la chaleur de son corps que par la possibilité
d’une attaque.
– Retrouve-moi demain matin. Dans la montagne. Tu sais bien où.
– Ce n’est pas une…
– Retrouve-moi là-bas, me coupa-t-il. Promets-le moi, ou je reste.
Nous étions presque arrivés au coin de la rue.
– Pas demain ! Dimanche matin. J’y serai.
– Dimanche ? répéta-t-il en me prenant la main.
– Promis, chuchotai-je en pressant brièvement la sienne, avant de le pousser en avant. Fiche le camp,
maintenant !
Il a souri avant de partir en courant. Puis j’ai entendu des bruits de pas précipités derrière moi. Je me