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suis retournée en écartant les bras pour leur bloquer le passage.
– Dégage, lança l’un des hommes d’un ton bourru.
Il a levé la main pour me pousser sur le côté. Je lui ai donné un coup de poing dans le ventre. L’air a
explosé de ses poumons et il s’est plié en deux sous le coup de la douleur. J’ai enfin pu le sentir. Ce
n’était pas un humain. Des Chercheurs.
Toute la chaleur de mon corps a disparu, remplacée par un courant glacé. Je n’arrivais pas à croire que
je les avais laissés s’approcher aussi près. Ma distraction aurait pu me coûter la vie. Shay était encore
plus dangereux que je ne l’avais imaginé.
Le second homme s’est jeté sur moi. J’ai plongé sur le trottoir et je me suis transformée en loup. Une
série de jurons lui a échappé.
– Ils font surveiller le gosse par des Protecteurs, Stu.
Le premier homme s’était remis ; il plongea la main dans son long manteau en cuir, les lèvres
retroussées par le dégoût.
– Voyons voir ce que tu as dans le ventre, sac à puces.
Quelque chose scintilla dans sa main. Je le mordis au poignet avant qu’il ait le temps de réagir et le
poignard tomba par terre. Montrant les crocs, je sautai sur lui. Son cri s’interrompit lorsque je refermai
mes mâchoires sur sa trachée. Son sang coula dans ma gueule, tel du cuivre en fusion. Lorsque son cœur
s’arrêta de battre, je relevai le museau.
L’autre Chercheur me regardait, le visage déformé par l’horreur. La tête à ras le sol, je me suis
approchée de lui. Il a commis l’erreur de se retourner pour partir en courant. J’ai bondi comme une fusée
et mes crocs ont arraché le tendon de son jarret. Il s’est écroulé par terre en hurlant, puis il a roulé sur le
côté et levé la main. J’ai gémi lorsqu’un coup-de-poing américain s’est enfoncé dans mon épaule. Le
choc, assez fort pour me blesser et me rendre furieuse, ne m’avait pas neutralisée. Je lui ai foncé dessus,
le clouant au sol, les yeux fixés sur sa gorge palpitante.
Arrête !
Je me suis figée en entendant cette voix sèche traverser mon esprit. Deux aînés Bane sont arrivés en
courant.
Efron le veut vivant, si c’est encore possible.
Ça l’est. J’ai repris ma forme humaine, et j’ai donné un violent coup de poing dans la mâchoire du
Chercheur ahuri. Sa tête a cogné contre le trottoir. Ses yeux se sont révulsés.
Les Bane ont repris leur forme humaine. J’ai reconnu le videur imposant de l’Éden.
– Impressionnant, murmura-t-il.
J’ai haussé les épaules, grimaçant en sentant la douleur à mon épaule. Le videur s’est avancé vers moi.
– Blessée ?
– Ce n’est rien, rétorquai-je, même si la douleur était plus intense que je ne l’aurais cru.
Il fronça les sourcils.
– T’a-t-il blessée avec son corps ou avec une arme ?
– Une arme, répondis-je en regardant la main du Chercheur inconscient. Émoussée, pas tranchante.
– Il va falloir qu’Efron t’examine. Les Chercheurs ensorcellent leurs armes. Ça pourrait être plus grave
que tu ne le crois.
L’autre Protecteur a pris le corps mou du Chercheur dans ses bras. Le videur lui a fait un signe de tête.
– Allons-y. Porte de derrière. Préviens les gars de l’entrée : il faut que quelqu’un vienne se
débarrasser du cadavre. Je vais aller chercher l’héritier Bane. Efron veut qu’il voie ça.
Je suivis les hommes robustes dans les rues désertes de Vail, jusqu’à une ruelle qui séparait la boîte de
nuit d’Efron des autres commerces du pâté de maisons. Sous l’effet des battements de la musique et de la
chaleur subite, je ressentis des élancements dans mon épaule. Nous nous engageâmes dans une série de
couloirs noirs couverts de placards jusqu’à une porte que je reconnus immédiatement. La suite privée