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Boyle et Hooke sur les causes finales - Savoirs Textes Langage

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[XXV] BULLETIN CARTÉSIEN XXXII 171<br />

travaille <strong>sur</strong> Descartes j’ai toujours considéréàla suite de votre enseignement...<br />

que l’ordre de raison était la norme », Au fil del’ordre, p. 46), il n’en pointe pas<br />

moins <strong>les</strong> limites de leurs thèses ; certes, il reconnaît encore la norme de l’ordre<br />

des raisons, mais il lui superpose la cohaerentia, c’est-à-dire l’ordre de la raison<br />

qui explique comment la folie, une fois convoquée, a pu être congédiée, sans pour<br />

autant acquérir une existence autonome. Les l<strong>et</strong>tres, que J.-M. Beyssade a échangées<br />

à ce propos avec M. Foucault <strong>et</strong> M. Gueroult, ici publiées, sont du plus grand<br />

intérêt.<br />

Tout au long de ces deux recueils on peut suivre la réflexion que leur auteur a<br />

consacrée à la compréhension <strong>et</strong> à l’enseignement de la pensée cartésienne, pour<br />

lui as<strong>sur</strong>er une assise d’absolue rationalité. Les études de J.-M. Beyssade ne sont<br />

pas conjoncturel<strong>les</strong>, mais répondent à l’exigence d’enseigner, <strong>et</strong> donc de clarifier,<br />

une pensée qui, malgré son immense rayonnement, restait encore à ses yeux très<br />

ambiguë. El<strong>les</strong> sont dues à la recherche d’une transparence qui émerge plus du<br />

dépassement d’un obstacle intérieur (pour l’historien, ses élèves ou ses lecteurs<br />

hypothétiques) que d’un obstacle réel (historique) que D. aurait rencontré dans la<br />

construction de sa conception du monde.<br />

Ces deux ensemb<strong>les</strong> de textes étudient tout le corpus de l’œuvre du philosophe<br />

français, considéré comme une vaste autobiographie intellectuelle. Le point<br />

de vue adopté par le commentateur consiste àériger l’Entr<strong>et</strong>ien avec Burman en<br />

modèle : «Àl’examen, il nous a semblé que <strong>les</strong> formu<strong>les</strong> de l’Entr<strong>et</strong>ien s’accordent<br />

souvent bien mieux avec <strong>les</strong> textes de Descartes qu’avec <strong>les</strong> thèses de ses<br />

commentateurs <strong>les</strong> plus réputés. Nous risquerions volontiers une hypothèse<br />

d’école. Que la qualité d’une interprétation, dans <strong>les</strong> études cartésiennes, se<br />

me<strong>sur</strong>e à ce qu’elle est capable de s’assimiler dans l’Entr<strong>et</strong>ien ».<br />

Du point de vue méthodologique, l’A. suit toujours l’exemple de Thésée :<br />

repérant dans l’un ou l’autre texte une aporie <strong>et</strong> une contradiction réelle ou<br />

apparente, il se fixe pour but le discernement de la bonne solution de la difficulté,<br />

<strong>et</strong> la transformation de l’aporie en euporia. Quelques exemp<strong>les</strong> : 1) dans « L’ordre<br />

dans <strong>les</strong> Principia » (Au fil del’ordre, p. 189-210) c<strong>et</strong>te structure est presque<br />

emblématique : l’ordre qui commande c<strong>et</strong>te œuvre de D. <strong>et</strong> que presque tous <strong>les</strong><br />

commentateurs jugent tout à fait évident, apparaît à J.-M. Beyssade masqué <strong>et</strong> lié<br />

à la solution d’un autre problème de même envergure, à savoir, l’authentique<br />

compréhension des procédés analytiques <strong>et</strong> synthétiques. Gueroult, bien conscient<br />

de c<strong>et</strong>te difficulté d’interprétation, s’était résigné àvoir dans la somme<br />

cartésienne quelque chose de bâtard ; J.-M. Beyssade voit bien l’antinomie, mais<br />

il refuse d’en rester prisonnier.<br />

2) Malgré le statut de modèle interprétatif qu’il lui confère, Beyssade semble<br />

penser que l’Entr<strong>et</strong>ien avec Burman (Études, p. 247-322) résume <strong>les</strong> ambiguïtés<br />

qu’il a rencontrées dans l’œuvre cartésienne : il l’appréhende comme une œuvre<br />

déroutante où <strong>les</strong> énigmes s’accumulent <strong>et</strong> où l’étrang<strong>et</strong>é atteint son paroxysme.<br />

Les quaestiones qu’on y rencontre sont, en eff<strong>et</strong>, bien nombreuses <strong>et</strong> de grande<br />

envergure ; rappelons-en quelques-unes. Par quel biais, par exemple, la théologie<br />

reconduit-elle le philosophe à son statut d’homme ? La raison peut-elle s’arroger<br />

le droit de juger <strong>les</strong> mystères révélés ou doit-elle se limiter à vérifier qu’elle<br />

n’entre pas en contradiction avec eux ? Ou encore, Dieu <strong>et</strong> ses perfections sont-ils

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