Nulle part et partout - Je me livre ... Eric Vincent

18
Nulle part et partout
de vendre pour régler vos dettes. Seul votre appartement doit être lâché contre espèces
sonnantes et trébuchantes.
- J'ai droit à une part du mobilier, non ?
- Vu votre situation, je vous déconseille de compliquer la procédure. Acceptez l'argent, le
jugement et le reste.
- Le reste ?
- Un chèque afin de subvenir à vos besoins. Votre épouse est prête à vous accorder trente
cinq mille Euro d'acompte sur la vente de l'appartement.
- J'aimerais savoir comment elle a fait pour disposer d'une pareille somme !
- Des économies, monsieur. Des économies. Mais là n'est pas la question. Voici le chèque.
Vous êtes assuré de cette somme minimale, quel que soit le montant de la vente. Et elle vous
laisse votre véhicule qui cote officiellement douze mille Euro. Alors ?
- Alors ? Je ne crois pas un seul instant à cette histoire d'économie. Des économies ! Tu n'as
vraiment rien trouvé d'autre, Christine ? Quel manque flagrant d'imagination ! Allons ! C'est si
difficile d'avouer que cet argent vient de monsieur et que c'est lui qui va récupérer un bien
immobilier d'un peu plus de deux cent mille Euro par le biais d'une vente bidon où le quatre
pièces sera évalué, comme par hasard, à soixante mille Euro ?
- Monsieur, vous affirmez et vous n'avez pas la moindre preuve.
- Hélas ! Pas la moindre preuve. Très difficile. Je n'ai que mes intimes convictions...
- Dans ce cas, je vous prie d'oublier toutes ces allusions.
- OK !
- Que faites-vous ?
- Je prends mon chèque et je vous tire ma révérence.
- Il faut votre signature. Nous devons la télécharger pour le jugement.
- Tenez ! Dit Christian en griffonnant sur une feuille blanche.
- Vous ne restez pas ?
- Oh non ! Je me précipite dans une banque pour transférer le montant du chèque
électronique. Au cas où vous feriez opposition.
- Vous m'insultez, monsieur.
- Quand je dis "vous", je veux dire "vous deux", bien entendu. Je vous mets dans le même
sac...
Un dernier regard vers Christine, désormais son ex femme ? Non. Elle n'en valait pas la peine.
Cela lui donnerait davantage de cauchemars. A éviter en ce moment, afin de ne pas aggraver
ses visions.
En sortant du parking souterrain, il établit une communication avec la banque du crédit,
choisie au hasard sur la liste affichée par son ordinateur de bord. A l'aide de la voix, il ouvrit
un compte anonyme. Plus besoin d'aller en Suisse pour le faire. Evidemment, les
rémunérations étaient inexistantes pour ce type de compte. Seuls les comptes "légaux"
faisaient fructifier l'argent à hauteur de six pour cent. Aucune importance. Il disposait de
trente mille Euro intouchables. Motus et bouche cousue sur cette affaire face au banquier de
sa société moribonde.
*
* *