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Nulle part et partout - Je me livre ... Eric Vincent

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<strong>Nulle</strong> <strong>part</strong> <strong>et</strong> <strong>part</strong>out<br />

avaient amassé des richesses colossales <strong>et</strong> les avaient transmises à leur fille dans le but de les<br />

faire fructifier <strong>et</strong> non d'en profiter ou d'en faire profiter... le culte de l'argent.<br />

Christian n'eut aucun mal à comprendre l'enchaîne<strong>me</strong>nt logique des étapes qui suivirent.<br />

- Monsieur Prieur, nous vous r<strong>et</strong>irons notre confiance, poursuivit Contini, suivant le mot<br />

d'ordre de la fem<strong>me</strong> la plus riche de France. Nous allons procéder à votre déchéance<br />

économique <strong>et</strong> à la liquidation judiciaire de votre agence. Mademoiselle Kaskak ?<br />

- Oui ! <strong>Je</strong> m'y m<strong>et</strong>s, com<strong>me</strong>nta l'intéressée.<br />

Elle tapa ses ordres sur le clavier d'un ordinateur, à la vitesse de l'éclair, com<strong>me</strong> si chaque<br />

seconde comptait, com<strong>me</strong> si sa vie économique était en jeu. C'était le cas. Plus le temps<br />

passait, plus elle courait le risque d'aggraver une situation déjà peu brillante.<br />

Christian de<strong>me</strong>ura debout pendant tout le temps des opérations. Il était K.O. Il s'y attendait<br />

depuis plusieurs semaines. Cependant, il avait naïve<strong>me</strong>nt espéré qu'un miracle s'accomplirait<br />

<strong>et</strong> qu'au dernier instant, il serait sauvé.<br />

Autour de lui, le personnel bancaire, com<strong>me</strong>rcial, juridique, convoqué à l'avance (ce qui<br />

prouvait bien que son destin était scellé en entrant dans le bureau), s'affairait. A charge pour<br />

certains de recenser tous les actifs du "Pub irlandais", à d'autres d'accomplir les démarches<br />

administratives visant à rayer son agence des organis<strong>me</strong>s étatiques (Tribunal de Com<strong>me</strong>rce,<br />

Sir<strong>et</strong>, Ape, URSSAF), de purger les centaines de bases informatiques où le nom de l'agence<br />

était <strong>me</strong>ntionné (tout ceci afin de libérer les noms déposés), à d'autres encore de solder tous<br />

les comptes ouverts chez des fournisseurs.<br />

La ruche s'animait ; Christian de<strong>me</strong>urait presque hermétique à l'agitation ambiante : il avait<br />

encore vu ou interprété la mort du groupe Jansen dans ce cim<strong>et</strong>ière presque à l'abandon. Il<br />

croyait avoir vu. Il n'était plus sûr. Tout se bousculait dans son esprit. Il s'assit sur le bord<br />

d'une fenêtre, la face contre le verre glacé par les frimas de l'hiver <strong>et</strong> ferma les yeux. Il les<br />

rouvrit.<br />

L'im<strong>me</strong>uble ocre bâti en face de la banque abritait un complexe scolaire. Christian ne<br />

comprenait pas pourquoi il y avait tant de personnes à l'intérieur puisque aujourd'hui, lundi 27<br />

décembre, nous nous trouvions au coeur des vacances scolaires. Quelques adultes <strong>et</strong> des<br />

ribambelles de gosses, âgés de 3 à 10 ans, traînaient dans les couloirs. Répétaient-ils un<br />

spectacle de fin d'année ? Préparaient-ils une sortie <strong>part</strong>iculière, une sorte de ker<strong>me</strong>sse<br />

destinée à ani<strong>me</strong>r le quartier <strong>et</strong> à récolter des offrandes nécessaires à leur établisse<strong>me</strong>nt ?<br />

Christian brûlait d'envie de sortir <strong>et</strong> d'aller dans le bâti<strong>me</strong>nt, poser la question à la première<br />

personne venue. Hélas ! Il devait se tenir à disposition au cas où...<br />

Tout à coup, l'im<strong>me</strong>uble voisin explosa dans un bruit effroyable. Une boule de feu avait<br />

frappé <strong>et</strong> le béton avait éclaté com<strong>me</strong> une tomate trop mûre j<strong>et</strong>ée contre les forces de l'ordre,<br />

lors d'une manifestation.<br />

Instinctive<strong>me</strong>nt, il se j<strong>et</strong>a à terre, pour se protéger. Les gravats, brusque<strong>me</strong>nt montés haut<br />

dans le ciel, r<strong>et</strong>ombaient au hasard sur les voitures, les habitations, les personnes insouciantes.<br />

Au souffle mortel de l'explosion s'ajoutait maintenant le danger des projectiles <strong>me</strong>urtriers<br />

tombant en pluie. Le jeu de massacre se poursuivait dans l'indifférence totale, les passants<br />

étant soudain transformés en vulgaires quilles. Il releva la tête après la fin du tumulte. Dans la

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