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La mort du Roi Arthu..

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compagnons se crurent obligés de l’imiter.<br />

<strong>La</strong>ncelot s’approcha et salua le roi qui, de peur de mécontenter Gauvain, ne lui rendit pas son salut,<br />

quoiqu’il fût navré de répondre si mal à de bons procédés ; il avait en effet remarqué l’exquise courtoisie<br />

de <strong>La</strong>ncelot descendant de cheval pour mieux témoigner son respect. « <strong>Roi</strong> <strong>Arthu</strong>r, dit alors celui-ci, tu<br />

m’as demandé de venir te parler. Me voici prêt à t’écouter. » Mais, avant que le roi n’eût pu répondre,<br />

Gauvain s’était avancé. « <strong>La</strong>ncelot, dit-il, le roi est venu ici s’engager solennellement sur tous les points<br />

que tu m’as soumis. Je te combattrai pour prouver que tu as tué mon frère par trahison. Mais si j’ai le<br />

dessous dans cette bataille, le roi te promet que ni lui ni ses hommes ne te causeront plus jamais d’ennuis,<br />

aussi longtemps qu’il vivra. Ils lèveront le siège et s’en retourneront en leur pays. – Qu’en pense le roi ?<br />

demanda <strong>La</strong>ncelot. – Tu as ma promesse », répondit simplement <strong>Arthu</strong>r.<br />

<strong>La</strong>ncelot s’adressa alors à Gauvain. « Avant toute chose, dit-il, je veux que tu saches, Gauvain, que, si<br />

tu en étais d’accord, je renoncerais volontiers à cette bataille, dût la honte en rejaillir sur moi et dût-on<br />

m’accuser de couardise. Ah ! Gauvain ! tu as tant fait pour moi que porter les armes contre toi me cause<br />

une peine immense. Certes, ce n’est pas la crainte, mais l’amitié et la courtoisie, qui me dictent ces<br />

paroles. Et je ne les prononce pas non plus par vantardise ni parce que tu es le plus vaillant chevalier <strong>du</strong><br />

royaume, mais parce que je serais trop heureux que la paix régnât entre nous. Pour obtenir cette paix, je<br />

suis prêt à aller très loin. »<br />

Après un regard à ses compagnons, qui gardaient la tête baissée, il reprit : « Voici donc ce que je<br />

propose : j’accepte de devenir ton homme lige, et toute ma parenté te rendra hommage, y compris mon<br />

frère Hector, mais à l’exception des deux rois Bohort et Lionel, car je ne veux pas les voir au service<br />

d’autrui. Je peux jurer tout cela sur les saintes reliques à l’instant même, et je peux en même temps<br />

prendre l’engagement de quitter Bénoïc demain matin, à la première heure, pieds nus, grossièrement vêtu,<br />

seul, pour un exil qui <strong>du</strong>rera dix ans. Si je meurs avant ce délai, je te pardonnerai ma <strong>mort</strong> et t’en tiendrai<br />

quitte, ainsi que toute ma famille. Et si, à mon retour, au bout de ces dix ans, le roi et toi vivez encore, je<br />

veux vivre en votre compagnie à tous deux comme par le passé. De plus, sur les mêmes reliques,<br />

Gauvain, je suis prêt à jurer que je n’ai jamais tué de plein gré ton frère Gahériet, et que sa <strong>mort</strong> m’a<br />

causé plus de chagrin que de satisfaction. Tout cela, je suis prêt à le faire, et non parce que j’ai peur de<br />

toi, mais parce que ce serait, je pense, un grand malheur que l’un de nous deux tuât l’autre. »<br />

Le roi fut bouleversé en entendant les paroles de <strong>La</strong>ncelot et, les larmes aux yeux, il se pencha vers<br />

Gauvain. « Beau neveu, lui dit-il, pour l’amour de Dieu, accepte ! <strong>La</strong>ncelot t’offre là toutes les formes de<br />

satisfaction qu’un chevalier peut offrir pour la <strong>mort</strong> d’un parent. Jamais je n’entendis discours plus<br />

généreux ni plus sincère. » Mais, au lieu de s’incliner, Gauvain tendit son gant à <strong>Arthu</strong>r. « Voici mon<br />

gage, dit-il simplement. Je suis prêt à prouver que <strong>La</strong>ncelot a tué mon frère par traîtrise. Que le combat<br />

soit fixé au jour qu’il choisira. »<br />

<strong>La</strong>ncelot s’avança à son tour, et tendant son gant : « Puisqu’il en est ainsi, dit-il, et que je ne saurais<br />

me dérober, voici le gage de ma défense. Que la bataille ait lieu demain matin, si cela convient à<br />

Gauvain. » Le roi ne pouvait faire qu’accepter les gages. Le cœur brisé, il les prit, salua <strong>La</strong>ncelot et ses<br />

compagnons et reprit la direction <strong>du</strong> camp. Mais au moment de la séparation, Hector dit à Gauvain : « Tu<br />

viens de refuser la plus belle offre et la plus généreuse réparation qu’ait jamais faites un haut baron. En<br />

ce qui me concerne, je voudrais que ton refus te portât malheur, et je pense qu’il en sera ainsi. » <strong>La</strong>ncelot<br />

le somma alors de se taire, car il en avait assez dit, et tous deux rentrèrent avec Bohort dans la forteresse.<br />

Lorsque Yvain, fils <strong>du</strong> roi Uryen, eut appris ce qui s’était passé, il alla trouver Gauvain et le blâma<br />

vivement : « Seigneur ! s’écria-t-il, pourquoi avoir agi ainsi ? As-tu donc une telle haine de la vie pour<br />

avoir décidé de te battre contre le meilleur chevalier <strong>du</strong> monde, à qui personne n’a pu résister sans<br />

connaître la défaite et le déshonneur ? Pourquoi as-tu entrepris ce combat alors que tu es en tort, car<br />

jamais <strong>La</strong>ncelot n’a voulu tuer Gahériet par trahison ou déloyauté ? – C’est toi qui le dis ! riposta

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