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La mort du Roi Arthu..

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<strong>La</strong>ncelot était présent, et il a surpassé tous les chevaliers des deux camps. » Le roi baissa d’abord la tête<br />

d’un air accablé puis, se levant, il dit assez haut pour que chacun pût l’entendre : « Dieu ! quel dommage<br />

que la trahison loge dans le cœur d’un si vaillant homme ! » Sur ce, il se retira et s’en fut dans sa<br />

chambre, où il s’étendit sur son lit. Il ne pouvait s’empêcher de penser que si <strong>La</strong>ncelot était pris en<br />

flagrant délit, il en résulterait un grand malheur pour le royaume. Seulement, lui-même ne pouvait plus<br />

ignorer l’affront qu’il avait subi.<br />

Il envoya chercher les trois frères et, quand ils furent là, leur dit : « <strong>La</strong>ncelot va bientôt revenir <strong>du</strong><br />

tournoi de Karahet. Connaissez-vous un moyen de le surprendre avec la reine ? – Ma foi, dit Gareth, je ne<br />

sais. – Par Dieu, reprit Agravain, je vais, moi, te le dire. Fais savoir à tous tes serviteurs que tu iras<br />

demain chasser dans la forêt. Arrange-toi pour que t’accompagnent tous tes chevaliers, excepté <strong>La</strong>ncelot.<br />

Inutile de te dire qu’il restera volontiers ici et s’empressera de mettre à profit ton absence pour aller<br />

coucher avec la reine. De notre côté, nous nous tiendrons aux aguets pour t’informer de l’événement.<br />

Cachés dans une chambre, nous nous débrouillerons pour l’empêcher de partir jusqu’à ton retour. – Ton<br />

plan me paraît bon, dit <strong>Arthu</strong>r. Agissez donc en conséquence, mais gardez-vous que personne ne soit mis<br />

dans la confidence. »<br />

Ils en étaient là quand survint Gauvain. Il ne fut pas long à comprendre que ses trois frères avaient<br />

tramé de surprendre <strong>La</strong>ncelot et que le roi en était d’accord. « Mon oncle, dit-il, Dieu fasse que ta<br />

décision tourne à ton avantage mais, pour ma part, je te l’avoue, j’en attends pour toi plus de mal que de<br />

bien. » Puis, tourné vers Agravain : « Mon frère, continua-t-il, la haine et la jalousie te perdront, car<br />

<strong>La</strong>ncelot est meilleur chevalier que toi. M’est avis que tu te repentiras de ton attitude. – Gauvain !<br />

intervint le roi, va-t’en ! Tu es un homme en qui je ne me fierai plus jamais. Tu connaissais en effet ma<br />

honte et la supportais sans m’en avertir. – Certes, répondit Gauvain, mais c’était par respect pour toi. » Il<br />

quitta là-dessus la chambre et, le cœur rongé d’inquiétude, alla retrouver Gahériet.<br />

« Mon frère, dit-il, Agravain a tout raconté au roi et lui a soumis un plan pour surprendre <strong>La</strong>ncelot et<br />

la reine. Sache que cela lui portera malheur. Quant à moi, jamais je ne m’abaisserai jusqu’à dénoncer<br />

<strong>La</strong>ncelot et l’accuser de vilenie. – Moi non plus, approuva Gahériet. – Eh bien, mon frère, laissons<br />

Agravain poursuivre ce qu’il a entrepris. S’il en profite, tant mieux pour lui. Mais, s’il lui arrive malheur,<br />

il ne pourra pas dire que ce fut avec notre complicité. »<br />

Ils s’en allaient tous deux vers le logis de Gahériet quand ils rencontrèrent <strong>La</strong>ncelot. Ils se saluèrent<br />

mutuellement avec beaucoup d’amitié. « <strong>La</strong>ncelot, dit tout à coup Gahériet, je vais te demander une<br />

faveur. – Je te l’accorde bien volontiers, répondit <strong>La</strong>ncelot, à condition qu’elle n’excède pas mes<br />

moyens. – Grand merci, repartit Gahériet. Voici de quoi il s’agit : je désire que tu viennes loger<br />

désormais, avec tes compagnons, chez moi. Sache aussi que je te fais cette offre dans ton intérêt. » Par ce<br />

biais, Gahériet espérait en effet que <strong>La</strong>ncelot renoncerait à rejoindre la reine et échapperait au piège<br />

qu’on lui tendait. <strong>La</strong>ncelot accepta de bon cœur la proposition de Gahériet et, le soir venu, ils se<br />

rendirent tous ensemble à la cour. Mais <strong>La</strong>ncelot s’étonna grandement, à son arrivée, que le roi, qui lui<br />

réservait d’ordinaire l’accueil le plus chaleureux, ne le regardât même pas. Il s’assit alors avec les<br />

chevaliers et tenta de se détendre, mais en vain, tant l’attitude <strong>du</strong> roi le décontenançait.<br />

Lorsque, après le souper, on eut retiré les nappes, <strong>Arthu</strong>r invita ses chevaliers à l’accompagner le<br />

lendemain matin dans la forêt. <strong>La</strong>ncelot lui dit alors : « <strong>Roi</strong>, j’irai volontiers avec toi. – Non pas,<br />

seigneur <strong>La</strong>ncelot, répondit <strong>Arthu</strong>r. Pour cette fois, j’ai assez de chevaliers autour de moi. Repose-toi<br />

donc des fatigues <strong>du</strong> dernier tournoi. » <strong>La</strong>ncelot comprit parfaitement que le roi était de fort méchante<br />

humeur, et ce par sa propre faute, apparemment. Mais il s’interrogeait vainement sur ses torts éventuels et<br />

sur ce qu’il considérait comme une disgrâce. Cependant, l’heure <strong>du</strong> coucher venue, il regagna, en<br />

compagnie de Bohort, le logis où Gahériet l’avait invité.<br />

Une fois arrivé, il dit à Bohort : « As-tu remarqué quelle froideur m’a témoignée le roi ? Je le suppose

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