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La mort du Roi Arthu..

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troupes, ils firent mouvement un mardi matin, peu avant qu’un messager ne leur annonçât la nouvelle :<br />

<strong>La</strong>ncelot marchait contre eux, et il n’était guère à plus de cinq lieues galloises. On devait donc s’attendre<br />

à se battre avant la troisième heure. Ils décidèrent d’attendre l’ennemi de pied ferme, et descendirent de<br />

leurs montures afin de ne pas les fatiguer inutilement.<br />

<strong>La</strong>ncelot, de son côté, continuait à marcher sur Caerwynt. À son approche, les autres se précipitèrent<br />

en selle et passèrent immédiatement à l’attaque. Vu l’ampleur des forces en présence, la bataille <strong>du</strong>ra<br />

jusqu’à la neuvième heure. C’est alors que Melehan, fils de Mordret, s’élança sur le roi Lionel de toute la<br />

vitesse de son cheval et, de sa courte et grosse lance au fer tranchant et bien aiguisé, le frappa si<br />

violemment que celle-ci, malgré haubert et bouclier, lui passa au travers <strong>du</strong> corps. Harcelé là-dessus sans<br />

trêve, le blessé finit par mordre la poussière et, dans sa chute, brisa la lance de telle façon que le fer lui<br />

en resta fiché dans la chair avec un grand morceau de hampe.<br />

Le roi Bohort avait vu la scène. Il comprit que son frère était blessé à <strong>mort</strong> et en fut si affligé qu’il<br />

pensa mourir de douleur. Mais il se ressaisit, prit son élan et, l’épée au poing, se précipita sur Melehan<br />

qu’il frappa d’un si grand coup sur le heaume, avec son habileté coutumière, qu’il lui fendit le casque et<br />

puis la tête jusqu’aux dents. Puis, retirant son arme de la plaie, il fit basculer le cadavre de son<br />

adversaire en s’écriant : « Traître déloyal ! Ta <strong>mort</strong> ne me venge qu’en partie <strong>du</strong> tort que tu m’as causé,<br />

car tu m’as mis au cœur une douleur ineffaçable ! » Et, là-dessus, il se rua derechef au plus épais de la<br />

mêlée, abattant et tuant si bien tous ceux de ses ennemis qu’il croisait sur son passage qu’il suscita un<br />

début de déroute.<br />

En voyant tomber le roi Lionel, les chevaliers de Gaunes s’étaient démontés pour le prendre dans leurs<br />

bras et le porter sous un orme à l’écart de la mêlée. Bien qu’il fût à l’évidence grièvement blessé, ils se<br />

gardèrent de le pleurer ouvertement et, loin de régaler l’ennemi de leur deuil, ils repartirent aussitôt se<br />

battre pour mieux venger leur seigneur.<br />

Sur ce, <strong>La</strong>ncelot rencontra le cadet des fils de Mordret et le reconnut aisément, car il portait les mêmes<br />

armes que son père. Animé d’une haine <strong>mort</strong>elle, il se précipita sur lui, l’épée au poing. Sans chercher à<br />

l’éviter, l’autre brandit simplement son bouclier pour se protéger de l’assaut ; mais <strong>La</strong>ncelot, d’un coup<br />

formidable, le lui fendit jusqu’à la boucle et, en même temps, lui trancha le poing. Le blessé prétendit<br />

s’enfuir, mais <strong>La</strong>ncelot le talonnait, qui, sans même lui laisser loisir de se défendre, lui envoya voler tête<br />

et heaume à plus d’une demi-lance <strong>du</strong> buste.<br />

Désormais sans chef en qui mettre leurs espoirs, les gens de Caerwynt cherchèrent leur salut dans une<br />

fuite au triple galop vers la forêt toute proche, mais leurs ennemis se lancèrent à leur poursuite et, animés<br />

d’une fureur noire, se mirent à les abattre comme des bêtes sauvages. <strong>La</strong>ncelot, de son côté, les<br />

massacrait à telle foison qu’on aurait pu suivre sa trace aux têtes qu’il faisait sauter. Il finit par se trouver<br />

face à face avec le comte de Gorre, dont la traîtrise et la déloyauté vis-à-vis de puissants seigneurs lui<br />

étaient trop connues. Aussi, dès qu’il l’aperçut, il s’écria : « Ah ! traître, tu es <strong>mort</strong> ! Rien ne saurait<br />

désormais te sauver ! » Le comte de Gorre, en voyant que <strong>La</strong>ncelot le poursuivait, l’épée au poing,<br />

comprit qu’il était per<strong>du</strong> s’il ne se dérobait aux coups de son adversaire. Il piqua des deux vers la forêt<br />

mais, s’il avait une bonne monture, celle de <strong>La</strong>ncelot n’était pas moins rapide, et un faux pas de la sienne<br />

envoya brusquement le comte voler à terre.<br />

En le voyant éten<strong>du</strong> sur l’herbe, <strong>La</strong>ncelot sauta à bas de son cheval et assena au comte de Gorre un<br />

coup si bien ajusté que la lame lui fendit le crâne jusqu’au menton. Puis, sans s’attarder davantage, il se<br />

remit en selle et s’élança à bride abattue, sans s’apercevoir qu’au lieu de retourner vers ses gens, il<br />

s’éloignait d’eux. Et c’est ainsi qu’il s’enfonça dans les profondeurs de la forêt.<br />

Il finit par se retrouver au milieu d’une grande lande alors que la nuit commençait à tomber.<br />

Apercevant un valet à pied qui venait <strong>du</strong> côté de Caerwynt, il lui demanda qui il était et à quel seigneur il<br />

appartenait. Le prenant pour un fuyard de Caerwynt, l’autre répondit : « Seigneur, je rentre <strong>du</strong> combat où

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