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La mort du Roi Arthu..

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<strong>La</strong>ncelot et Guenièvre sont liés par un amour coupable, assurément, je m’y refuse ! » Agravain se permit<br />

néanmoins d’insister : « Bel oncle, dit-il, les apparences, il est vrai, sont parfois trompeuses, mais<br />

d’étranges murmures agitent cette cour. Pour mettre un terme à ces médisances, tu devrais, m’est avis,<br />

faire épier la reine : ainsi édifié, tu serais à même de clouer les langues… » Le roi haussa les épaules.<br />

« Voilà bien des futilités ! dit-il, mais si tu crois le faire pour mon bien, je t’autorise à agir à ta guise et je<br />

ne t’en empêcherai pas. » Agravain se déclara satisfait de la permission, et il quitta le roi, le cœur empli<br />

de méchante joie.<br />

Toute la journée, <strong>Arthu</strong>r réfléchit beaucoup aux révélations d’Agravain mais, au fond de lui-même, il<br />

n’en était pas tellement troublé. Quand approcha l’heure de partir, il regroupa quelques-uns de ses<br />

compagnons et les pria de s’équiper. Or, Guenièvre vint alors le trouver. « <strong>Roi</strong>, dit-elle, j’assisterais<br />

volontiers, s’il te plaisait, à ce tournoi. Il me serait agréable d’y aller, car tout y présage, dit-on, de<br />

grands faits d’armes. – Guenièvre, répondit <strong>Arthu</strong>r, je ne souhaite pas que tu viennes cette fois-ci. »<br />

Alors, sans insister, la reine se retira. Quant au roi, il vit là un excellent moyen de prouver qu’Agravain<br />

mentait.<br />

Une fois parti avec ses compagnons, notamment Gauvain, Yvain et Girflet, le roi leur parla de<br />

<strong>La</strong>ncelot, et tous déplorèrent qu’il eût dû renoncer au tournoi. Or, à peine celui-ci les sut-il en route pour<br />

Caerwynt que, quittant son lit, il s’équipa et, allant trouver Guenièvre : « Dame, dit-il, avec ta<br />

permission, j’irai à ce tournoi. – Mais, s’étonna-t-elle, pourquoi n’avoir pas accompagné les autres ? –<br />

Reine, c’est que je souhaitais m’y rendre seul et à l’insu de quiconque. – Fort bien, dit Guenièvre, et<br />

puisque tel est ton bon plaisir, je consens volontiers à te laisser partir. Cependant, je t’en prie, reviens<br />

vite. » <strong>La</strong>ncelot quitta alors la reine et retourna en son logis pour y demeurer jusqu’à la nuit.<br />

Quand tout le monde fut couché dans la forteresse de Kamaalot, il se glissa hors de sa chambre et alla<br />

trouver son écuyer. « Ami, lui dit-il, il te faut monter à cheval et m’accompagner, car je veux aller au<br />

tournoi de Caerwynt. Cependant, comme pour rien au monde je ne voudrais être reconnu en route, nous<br />

voyagerons tous deux de nuit. » Après s’être équipé rapidement, l’écuyer s’en alla chercher le meilleur<br />

cheval que possédât <strong>La</strong>ncelot puis, sitôt sortis de la forteresse, les deux hommes se dirigèrent droit vers<br />

Caerwynt, et ils chevauchèrent la nuit entière sans prendre le moindre repos.<br />

Le lendemain, au lever <strong>du</strong> jour, ils atteignirent une forteresse où le roi avait passé la nuit. <strong>La</strong>ncelot<br />

toutefois s’abstint d’y pénétrer, de peur qu’on le reconnût, et se contenta d’en longer les murs, tête<br />

baissée, car au même instant les chevaliers <strong>du</strong> roi sortaient <strong>du</strong> château, et il était fort marri d’être arrivé<br />

si tôt.<br />

Cependant, le roi <strong>Arthu</strong>r, qui s’était accoudé sur l’entablement d’une fenêtre, aperçut la monture de<br />

<strong>La</strong>ncelot et la reconnut aussitôt, car il la lui avait lui-même offerte. <strong>La</strong>ncelot, quant à lui, ne vit pas le roi,<br />

puisqu’il avançait toujours tête basse. Pourtant, au détour d’une rue, il se redressa, et le roi le distingua si<br />

nettement qu’il dit à Girflet, penché à ses côtés : « Regarde <strong>La</strong>ncelot ! Hier encore, il se prétendait<br />

malade et fatigué, et le voici déjà dans cette forteresse ! » Girflet répondit : « Seigneur, je crois deviner<br />

sa con<strong>du</strong>ite : il veut prendre part au tournoi sans que personne ne le reconnaisse. Et voilà pourquoi il n’a<br />

pas voulu partir avec nous. » Le roi s’en trouva tout ragaillardi, car, à l’évidence, les rapports<br />

d’Agravain n’étaient que mensonge et calomnie.<br />

Après le coin de la rue, <strong>La</strong>ncelot avait poursuivi sa route. Toujours à sa fenêtre, le roi attendait de le<br />

voir repasser. Il demeura si longuement à son poste qu’il <strong>du</strong>t finir par admettre que <strong>La</strong>ncelot était resté<br />

dans le village, et il dit alors à Girflet : « Nous l’avons per<strong>du</strong> de vue ! Aurait-il pris logis ici ? – Certes,<br />

répondit Girflet, il se pourrait bien. Selon moi, il ne chevauche que la nuit, de peur d’être reconnu. –<br />

Puisqu’il souhaite se cacher, reprit le roi, respectons sa discrétion. Garde-toi de raconter à quiconque<br />

que nous l’avons vu. Quant à moi, je n’en dirai mot. » Girflet lui promit de faire de même et, là-dessus,<br />

tous deux quittèrent la fenêtre.

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