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La mort du Roi Arthu..

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11<br />

<strong>La</strong> Mortelle Bataille<br />

Lorsqu’il se fut quelque peu remis de son émotion, le roi <strong>Arthu</strong>r commanda à ceux qui l’entouraient de<br />

faire lever le camp et de se préparer à partir le plus tôt possible vers la mer afin de regagner l’île de<br />

Bretagne. Aussitôt l’ordre reçu, on démonta les tentes et les pavillons, et l’on prépara les chevaux. Le roi<br />

ordonna aussi de fabriquer une litière pour transporter Gauvain, qu’il ne voulait pas laisser derrière lui.<br />

Si son neveu devait mourir, <strong>Arthu</strong>r voulait l’assister dans ses derniers moments. S’il devait survivre, il en<br />

voulait savourer la joie.<br />

C’est ainsi que l’armée, quittant les abords de Bénoïc, se mit en route en direction de la côte.<br />

Cependant, Gauvain, qui avait repris connaissance, interpella ceux qui l’accompagnaient : « Seigneurs,<br />

dit-il, où suis-je donc ? – Seigneur, dit l’un des chevaliers, nous approchons de la mer. – Et où allonsnous<br />

? – Nous rembarquer pour regagner l’île de Bretagne. » Gauvain soupira longuement puis reprit :<br />

« Béni soit Dieu, puisque je pourrai mourir en ma terre que j’ai tant désiré revoir. – Seigneur Gauvain,<br />

pourquoi penses-tu mourir ? – Je sais bien qu’il ne me reste pas longtemps à vivre. Mais ce qui me<br />

chagrine le plus n’est pas de mourir, c’est de ne pouvoir, auparavant, revoir <strong>La</strong>ncelot. Car si je voyais<br />

encore une fois celui que je tiens pour le meilleur chevalier <strong>du</strong> monde, le plus courtois et le plus<br />

généreux, et pouvais lui demander pardon de m’être si mal con<strong>du</strong>it envers lui, je pense que mon âme s’en<br />

trouverait plus à son aise quand elle aura quitté mon corps. »<br />

Le roi survint à ce moment, qui entendit les dernières paroles de Gauvain. « Beau neveu, dit-il, ta folie<br />

m’a causé un bien grand dommage, car elle t’enlève à moi, toi que j’aimais plus que tous, ainsi que<br />

<strong>La</strong>ncelot après toi, <strong>La</strong>ncelot que l’on redoutait tant. Hélas ! si Mordret avait su qu’il demeurait en si bons<br />

termes avec moi, comme dans le passé, il n’aurait jamais eu la hardiesse de se lancer dans la félonie<br />

qu’il a entreprise. Me voici maintenant privé de bons et loyaux chevaliers, comme toi et ceux qui, sans<br />

hésiter, accouraient me seconder dans la nécessité. Sache que le traître Mordret a répan<strong>du</strong> le bruit que<br />

j’étais <strong>mort</strong> et s’est fait couronner à ma place. Je ne peux laisser impuni pareil outrage. Ah ! Dieu toutpuissant<br />

! si j’avais avec moi aujourd’hui tous ceux que j’avais jadis, le monde entier ne me ferait pas<br />

peur, quand bien même il se liguerait contre moi ! »<br />

Ainsi parla le roi <strong>Arthu</strong>r, et Gauvain en conçut une vive affliction. « Mon oncle, dit-il en faisant un<br />

effort pour parler, si ma folie t’a fait perdre <strong>La</strong>ncelot, regagne-le par ta sagesse. Tu pourrais facilement<br />

l’attirer à toi si tu le voulais, car c’est le meilleur homme <strong>du</strong> monde et le mieux disposé envers toi. Il<br />

suffirait, je suis sûr, que tu l’en pries, et il reviendrait te servir fidèlement. Or, il me semble que tu as<br />

bien besoin de lui en ce moment. Je ne peux plus rien pour toi, mon oncle, mais lui peut encore tout<br />

sauver, toi-même et le royaume. – Sans doute as-tu raison, répondit <strong>Arthu</strong>r, mais j’ai eu tant de torts<br />

envers lui qu’à mon avis toute prière serait inutile. Ainsi ne lui demanderai-je rien. »<br />

Les marins vinrent alors trouver le roi et lui dirent : « Seigneur, nous mettrons à la voile quand il te<br />

plaira. Nous avons préparé tout ce dont nous avons besoin, un bon vent s’est levé, qui nous emmènera<br />

rapidement vers l’île de Bretagne, ce serait folie que de tarder davantage. – Très bien, répondit le roi, je<br />

vais donner l’ordre d’embarquer. »<br />

Il fit transporter Gauvain dans le navire, et les gens chargés de lui le couchèrent le plus commodément<br />

qui se put. À leur tour montèrent à bord les barons, avec leurs armes et leurs chevaux. Ceux qui n’y<br />

trouvèrent pas de place le firent sur d’autres navires, leurs gens avec eux, et, bientôt, on leva les ancres.<br />

Ainsi quittait la Bretagne armorique le roi <strong>Arthu</strong>r, profondément peiné de la trahison de Mordret, mais

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