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22<br />

HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS<br />

25 de janvier, Hébert fit une chute qui lui occasionna la mort. C'a été le premier chef de<br />

famille résidant au pays qui vivait de ce qu'il cultivait \ Les exhortations que le pauvre<br />

blessé adressa à sa famille sont rapportées par le frère Sagard en termes touchants l On voit<br />

du reste, j>ar les écrits du temps et même par ceux des personnes venues au Canada un<br />

demi-siècle après sa mort, que Louis Hébert avait laissé parmi les Canadiens un riche<br />

souvenir. " Ce premier habitant de la colonie tomba malade, épuisé des fatigues qu'il avait<br />

souffertes, et, après avoir traîné quelques jours, il rendit le tribut à la nature. Il laissa un<br />

regret universel de sa mort. On l'enterra solennellement dans notre cimetière ; mais, comme<br />

ce lieu fut renversé depuis notre rétablissement (1670) en Canada, on trouva encore ses<br />

ossements renfermés dans un cercueil de cèdre en 1678. Le révérend père Valentin Le Roux,<br />

alors commissaire et supérieur de toutes nos missions, le fit tirer de cet endroit et transporter<br />

solennellement dans la cave de la chapelle de l'église de notre couvent qu'il y avait fait<br />

bâtir; et le corps de celui qui avait été la tige des habitants du pays est le premier dont les<br />

ossements reposent dans cette cave, avec ceux du frère Pacifique Duplessis. Madame (Guil-<br />

lemette Hébert, veuve de Guillaume Couillard) Couillard, fille du sieur Hébert, qui vivait<br />

encore alors, s'y fit transporter et voulut être présente à cette translation... On peut appeler<br />

Hébert l'Abraham de la colonie, le père des vivants et des croyants, puisque sa postérité a<br />

été si nombreuse qu'elle a produit quantité d'officiers de robe et d'épée, de marchands<br />

habiles pour le négoce, de très-dignes ecclésiastiques, enfin grand nombre de bons chrétiens<br />

dont plusieurs même ont beaucoup souffert et d'autres ont été tués des sauvages 3<br />

pour les<br />

intérêts communs 4<br />

."<br />

Le deuil du premier colon canadien et l'indifférence de la compagnie à l'égard des<br />

habitants de Québec n'étaient pas les seuls sujets que la petite colonie eût à méditer. Il y<br />

avait un autre nuage à l'horizon : la guerre des sauvages. On se rappelle que le complot des<br />

Algonquins et des Montagnais, au printemps de 1618, avait déjà beaucoup inquiété les<br />

Français. La bonne entente, une fois rétablie, ne devait plus être brisée, il est vrai, mais ce<br />

n'était pas chose facile que d'empêcher les nations, alliées, répandues sur un territoire de<br />

deux cents lieues de longueur, d'entrer en conflit avec les Iroquois ! L'ancienne coutume des<br />

embuscades et des coups de main se continuait comme avant l'arrivée des traiteurs sur le<br />

Saint-Laurent, avec cette différence, néanmoins, que les Iroquois se gardaient d'aller<br />

rencontrer leurs ennemis près de Québec. Après quelques années, voyant que les Français<br />

n'augmentaient guère en nombre, ils reprirent de l'audace. Dans l'été de 1622, trente pirogues 5<br />

de leurs guerriers allèrent attaquer la maison des récollets à la rivière Saint-Charles. Ils<br />

furent repoussés et placèrent des patrouilles sur le fleuve pour gêner les communications. Le<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Œuvres de Champlain, p. m6.<br />

Histoire du Canada, pp. 590-91.<br />

Voir Relation, 1661, p. 35.<br />

Le Clercq : Premier Etablissement, I, 112, 210, 374, 375.<br />

" Les Canadiens emploient le mot canot partout où les Français disent pirogues. Néanmoins, ce dernier mot n'est pas dispara de parmi<br />

nous ; car 011 dit une vieille pirogue pour désigner une embarcation délabrée.

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