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34 HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS<br />
le bas du fleuve. Son activité était comparable à celle de son oncle ; comme elle aussi, elle<br />
était toute dirigée vers le commerce. De 1621 à 1627, période durant laquelle le Canada fut<br />
virtuellement gouverné par les de Caen, il ne s'y fit pas d'autres progrès que ceux accomplis<br />
par Champlain avec les minces ressources dont celui-ci disposait ; aussi voit-on qu'il s'en<br />
plaint amèrement dans son rapport de 1627. Guillaume de Caen n'était pas revenu à Québec<br />
cette année, à cause de la défense qui lui en avait été faite ; c'était son neveu qui le rem<br />
plaçait, avec l'aide de Pontgravé ; mais ils étaient souvent aux prises ; car Pontgravé repré<br />
sentait ou les intérêts ou l'esprit de l'ancienne compagnie qui avait été forcée de s'amalgamer<br />
avec celle du sieur de Caen, et cela constituait en quelque sorte un troisième parti : celui de<br />
Champlain et des habitants, celui de Pontgravé et des anciens marchands, et celui de la<br />
compagnie de de Caen. Dans son Histoire de la Nouvelle-France (I, 166), Charlevoix dit que<br />
Pontgravé retourna à Québec (1627) "pour quelques intérêts de M. de Monts 1<br />
et de la<br />
société." De son côté, Champlain explique que Pontgravé était revenu à Québec (17 juin)<br />
sur la prière que lui en avait faite Guillaume de Caen, disant " que s'il trouvait moyen de<br />
passer en quelque vaisseau pour s'en venir hiverner en ce lieu (à Québec), il lui ferait un<br />
sensible plaisir, pour avoir l'administration des choses qui dépendaient de son service. Ce que<br />
voyant, tout incommodé qu'il était, par l'instante prière qu'il lui en avait faite, il s'était em<br />
barqué en un vaisseau de Honfleur pour venir à Gaspé, et de là prit une double chaloupe<br />
avec six ou sept matelots et son petit-fils 2<br />
, pour s'en revenir à Québec, où en chemin il avait<br />
reçu de grandes incommodités de ses gouttes, ce qui en effet étonna un chacun, et même le<br />
dit de la Ralde 3<br />
, à ce qu'il me dit, qu'il n'eut jamais cru que le dit du Pont eut voulu se<br />
retirer en un tel risque ayant l'incommodité qu'il avait 4<br />
."<br />
Cinq ou six colons importants paraissent être venus dans le pays vers cette date, sinon<br />
auparavant :<br />
Noble homme Jean Godefroy, sieur de Lintot, né 1608, fils de Pierre Godefroy et de<br />
demoiselle Perrette Cavelier, de Lintot, au pays de Caux, Normandie, fut amené dans la<br />
Nouvelle-France par Champlain et servit d'interprète durant plusieurs années. Il était d'une<br />
famille dont quelques membres avaient été anoblis 5<br />
. Lorsque les Anglais eurent pris Québec<br />
(1629), Godefroy se retira chez les sauvages ses amis, et au retour de Champlain (1633), il<br />
se fixa aux Trois-Rivières. On peut le regarder comme le fondateur de ce dernier poste. Il<br />
épousa (15 décembre 1636) Mlle Marie Leneuf, native de Caen. La compagnie des Cent-<br />
Associés lui concéda quatre ou cinq seigneuries aux environs des Trois-Rivières. En 1651, il<br />
était membre du conseil de la colonie. Louis XIV lui accorda des lettres de noblesse (1668),<br />
renouvelées plus tard (1721) en faveur de son petit-fils, le juge René Godefroy de Tonnan-<br />
court. Cette belle famille a brillé pendant plus d'un siècle parmi nous.<br />
1<br />
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4<br />
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Faut-il croire que de Monts vivait encore ?<br />
Desmarêts. Un autre parent de Pontgravé, le capitaine La Salle, naviguait alors dans le Saint-Laurent, au Maine et au Labrador.<br />
Revenu de France, cette année (1627), il y retourna à l'automne.<br />
Œuvres de Champlain, p. 1125, 1210.<br />
Voir la Remit de Montréal, 1880, p. 357.