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La Symbolique des Archétypes dans la Mythologie Phénicienne

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<strong>La</strong> <strong>Symbolique</strong> <strong>des</strong> <strong>Archétypes</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Mythologie</strong> <strong>Phénicienne</strong><br />

Dr. Clovis Karam<br />

Lyon-France 1984<br />

© Copyright 2008<br />

Car <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue parlée, même nos <strong>la</strong>ngues très évoluées, a donc <strong>la</strong> possibilité de<br />

fixer soit <strong>dans</strong> les racines, soit <strong>dans</strong> <strong>des</strong> expressions usuelles, <strong>des</strong> symbolismes<br />

très anciens ; nous en indiquerons <strong>dans</strong> notre essai. Mais, mis à part ces cas<br />

privilégiés ou celui <strong>des</strong> dogmes religieux d’une fixité re<strong>la</strong>tive, Salomon Reinach<br />

indique <strong>la</strong> nature fluente <strong>des</strong> symboles qui évoluent de façon souvent<br />

imprévisible. Ainsi en est-il pour ne citer qu’un exemple, de <strong>la</strong> transformation<br />

étrange qu’ont subi les deux piliers de Tyr, “Boaz”, et “Ouakin”. A. Audin, 1 a<br />

fait une enquête sur les piliers jumeaux <strong>dans</strong> l’iconographie et les textes du<br />

Proche-Orient ancien. En prolongeant l’examen ébauché par ce chercheur, on<br />

s’aperçoit que les anciens avaient déjà quelques peines à décrypter le <strong>la</strong>nguage<br />

du symbole. Ainsi Hérodote 2 dit-il son étonnement de voyageur devant le temple<br />

de Meikart à Tyr, où le Dieu était adoré sous <strong>la</strong> forme de deux piliers d’or fin et<br />

d’émerau<strong>des</strong> qui bril<strong>la</strong>ient <strong>dans</strong> <strong>la</strong> nuit. Mais Hérodote s’en tient là et ne fait pas<br />

d’autre commentaire,<br />

Lucien affirme que Dionysos avait érigé <strong>dans</strong> le temple d’Atargatis à<br />

Hiérarpolis (Membig en Syrie) deux colonnes phalliques hautes de plus de<br />

cinquante cinq mètres, avec cette inscription ; “ces phallus ont été élevés par<br />

moi, Dionysos, en l’honneur de Junon, ma belle-mère” 3 .<br />

En fin de compte, pour le lecteur arrivé au terme du récit, le symbolisme <strong>des</strong><br />

deux phallus reste ambigu. Hérodote et Lucien sont <strong>des</strong> observateurs pour<br />

lesquels le sens architectural <strong>des</strong> deux piliers, ou du moins le sens de <strong>la</strong> dualité<br />

<strong>des</strong> piliers est déjà perdu. Ne possédant plus <strong>la</strong> clé de lecture du symbole, ils s’en<br />

tiennent à de simples mentions d’observateurs. Il y a là le phénomène d’une<br />

symbolique vidée de sa portée significative première et affectée d’une nouvelle<br />

fonction 4 . Ce<strong>la</strong> doit nous amener à conclure que le repérage <strong>des</strong> significations<br />

dont <strong>la</strong> symbolique est chargée, peut être une opération très délicate, et plus<br />

encore quand il s’agit d’opérer <strong>dans</strong> <strong>la</strong> symbolique phénicienne. Schelling 5 et<br />

Creuzer nous montrent bien le chemin à suivre <strong>dans</strong> ce domaine.<br />

Un exemple biblique illustre bien <strong>la</strong> surdétermination <strong>la</strong>ngagière dont un<br />

symbole peut être affligé. Le temple de Salomon comportait deux piliers :<br />

Ouakin au Nord et Boaz au Sud, qui précédaient l’entrée monumentale, et selon<br />

toute vraisemb<strong>la</strong>nce, ne supportaient rien, f<strong>la</strong>ns son état actuel, le texte biblique<br />

(1.R.7, 18-20) insiste surtout sur <strong>la</strong> pureté de <strong>la</strong> décoration, veil<strong>la</strong>nt à mettre en<br />

avant l’absence de toute représentation idolâtrique, selon l’interdit de Ex. 20, 2-<br />

1<br />

A. Audin, "les piliers jumeaux <strong>dans</strong> le monde sémitique" Arch. Orient. 1953, P. 430-439<br />

2<br />

Hérodote Hist., 11. 44<br />

3<br />

Lucien. "De Dea Syria" 16, 28.<br />

4<br />

Notre thèse sur Adonaï vient à l'appui de ces propos.<br />

5<br />

Voir Schelling <strong>dans</strong> les "Les âges du Monde" suivi <strong>des</strong> "Divinités de Samothraces" Aub. Mont. Kiris, 1949.<br />

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