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La Symbolique des Archétypes dans la Mythologie Phénicienne

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<strong>La</strong> <strong>Symbolique</strong> <strong>des</strong> <strong>Archétypes</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Mythologie</strong> <strong>Phénicienne</strong><br />

Dr. Clovis Karam<br />

Lyon-France 1984<br />

© Copyright 2008<br />

linguistique etc... Nous voilà donc ramenés à toutes les théories, également<br />

injurieuses pour <strong>la</strong> mythologie qui <strong>la</strong> condamne comme une erreur.<br />

Ces considérations générales, Schelling les applique à <strong>la</strong> critique de<br />

quelques unes <strong>des</strong> formes particulières de <strong>la</strong> thèse allégoriste. L’allégorie<br />

historique d’Evhémère, supposant une histoire antérieure à <strong>la</strong> mythologie, prend<br />

le conséquent pour l’antécédent, loin que les dieux soient <strong>des</strong> hommes déifiés,<br />

ce sont les dieux qui s’humanisèrent, pour devenir <strong>des</strong> rois et <strong>des</strong> héros. Le dieu<br />

Quirinus, par exemple, n’est pas un Romulus divinisé ; c’est Romulus qui est un<br />

Quirinus humanisé (par où Schelling “prophétiquement” prévient<br />

l’interprétation de Freud). <strong>La</strong> mythologie n’est pas une histoire devenue sacrée,<br />

c’est l’histoire qui transporte <strong>dans</strong> l’ordre de <strong>la</strong> vie humaine un drame<br />

essentiellement religieux. Pareillement, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zoolâtrie <strong>des</strong> Egyptiens, ce ne<br />

sont pas les animaux qui furent divinisés, mais le divin lui-même qui devint<br />

animal. Evhémère a inversé le vrai sens du passage ; l’imagerie mythologique<br />

résulte toujours d’une “incarnation” jamais d’une “apothéose “ 1 . Quant à<br />

l’allégorisme physique <strong>des</strong> stoïciens, il est stérile, car il suppose une coupure<br />

injustifiée entre <strong>la</strong> nature et le monde supérieur Schelling attaque en particulier<br />

l’interprétation “agricole” <strong>des</strong> mystères éleusiniens de Démétrer et de<br />

Perséphone ; de même que les héros sont <strong>des</strong> dieux humanisés et non les dieux<br />

<strong>des</strong> héros divinisés, de même c’est <strong>la</strong> semence qui Symbolise Perséphone, et non<br />

Perséphone qui symbolise <strong>la</strong> semence 2 . En effet, il serait anormal que le spirituel<br />

servît de symbole au sensible, tandis que le sensible est le symbole naturel du<br />

spirituel, et l’archétype invisible doit précéder son image visible 3 . C’est en<br />

définitive, un seul et même reproche que Schelling adresse à <strong>la</strong> thèse allégoriste;<br />

elle méconnaît l’antériorité de l’élément divin de <strong>la</strong> mythologie, elle oublie que<br />

<strong>la</strong> religion a obligatoirement précédé l’histoire aussi bien que <strong>la</strong> science ; s’il est<br />

un transfert, il s’opère du religieux à l’historique, s’il est une symbolique, elle<br />

représente le religieux par le physique et jamais l’inverse.<br />

Peut-être les équivoques sur <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> mythologie proviennent-elles<br />

<strong>des</strong> excès d’une rationalisation indiscrète qui tue <strong>la</strong> réalité religieuse qu’elle se<br />

proposait de comprendre. Toutes les tentatives allégoristes et autres partent de<br />

l’idée préconçue que <strong>la</strong> mythologie comme telle est fausse. Ne serait-ce pas un<br />

meilleur accès d’y adhérer en quelque sorte comme à uns synthèse religieuse<br />

authentique et vraie en elle-même. Une page de Gide l’a fort bien dit : “<strong>La</strong> fable<br />

grecque est pareille à <strong>la</strong> cruche de Philémon, qu’aucune soif ne vide, si l’on<br />

trinque avec Jupiter (...) Mais celui qui, sans respect pour le Dieu brise <strong>la</strong><br />

cruche, sous prétexte d’en voir le fond et d’en éventer le miracle, n’a bientôt<br />

1 Voir Jankélévitch "l'Odyssée..." p, 225-258 -M. Eliade emploie plutôt le mot "théophanie" à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du mot<br />

"incarnation". Il est incontestable que c'est de R. Otto que nous devons toutes ces théories à propos de <strong>la</strong><br />

"manifestation du sacré".<br />

2 Ce<strong>la</strong> vaut aussi bien pour le mythe d'Adonis que pour Perséphone son amante jalouse ; <strong>La</strong>grange a été<br />

catégorique là-<strong>des</strong>sus surtout à propos de l'animisme prétendu chez les Sémites.<br />

3 Voir Jankélévitch "L'Odyssée", p. 255-258.<br />

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