Qu'est-ce donc que le katechon ? - Faculté des sciences sociales

chrétienne de deux groupes influents dans le christianisme primitif : les
chrétiens grecs, dont le chef de file fut Paul, nommé Apôtre des Nations pour
cela même, et les juifs chrétiens dont les chefs de fil furent Jacques et Pierre. Se
faire l’écho des doctrines philosophiques serait pour saint Paul au moins
maladroit. Telles sont les raisons pour lesquelles saint Paul devrait cacher
habilement ses rapports à la philosophie et plus particulièrement à Platon. Les
seules traces de la récupération du platonisme dans les épîtres pauliniennes
restent ces points incompréhensibles, comme l’identification du katechon, qui ne
demandent que la mise en relation de ces passages aux textes platoniciens pour
trouver une réponse des plus complètes et compréhensibles. Notons par ailleurs
que nombreux sont les commentateurs qui parlent de communication cryptique
entre Paul et ses destinataires : R. D. Aus souligne que « le fait que quelque
chose de connu des destinataires de la lettre soit exprimé de façon quelque peu
cryptique parle en faveur de son authenticité. » 8
Notre position et hypothèse de travail est donc que le
katechon/katechôn, au neutre et au masculin, n’est rien d’autre que le
Philosophe, ou les philosophes, ce qui revient au même étant donné que les
Grecs appelaient un groupe ou un peuple à la fois par le neutre et par le
masculin : nous avons, par exemple, ὁ Ἕλλην, mais aussi, τὸ Ἑλληνικόν γένος,
pour désigner les Grecs ; ὁ φιλόσοφος mais aussi, τὸ φιλοσοφικόν γένος et
même τὸ φιλόσοφον γένος (par exemple, dans ce passage significatif de
République, VI, 501e, où Socrate reprend l’idée capitale de ce dialogue : « tant
que la classe des philosophes ne sera pas au pouvoir dans une cité, il n’y aura, ni
pour la cité ni pour les citoyens, aucun répit à leurs maux » 9 ), comme adjectif,
pour désigner ce que les traducteurs rendent parfois comme la « classe » des
philosophes mais dont la référence à la « naissance » devrait déjà être perdue
pour Platon pour ne garder que la signification de « groupe », de
8 François Bassin, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, EDIFAC, Paris, 1991, p.237.
9 Traduction de Georges Leroux, op. cit.
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