Qu'est-ce donc que le katechon ? - Faculté des sciences sociales
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<strong>le</strong>s rapports entre bien et mal et entre éros et agapè, nous conduit à la<br />
conclusion suivante : il faut envisager une machine hybride théologicophilosophi<strong>que</strong><br />
pour aider <strong>le</strong>s Élus à traverser <strong>le</strong> désert.<br />
Prima vista, <strong>ce</strong> <strong>que</strong> nous avançons est intenab<strong>le</strong> : comment la philosophie<br />
pourrait-el<strong>le</strong> conduire <strong>le</strong>s hommes au salut puis<strong>que</strong> <strong>ce</strong> dernier est un bien dont<br />
seu<strong>le</strong> l’Église est détentri<strong>ce</strong> ? Or, <strong>ce</strong> qu’el<strong>le</strong> peut faire, c’est éloigner <strong>le</strong>s hommes<br />
du mal ou, mieux, tenir <strong>le</strong> mal loin <strong>des</strong> hommes. Comme nous <strong>le</strong> démontrerons,<br />
si la définition du bien ne peut être la même pour la philosophie <strong>que</strong> pour<br />
l’Église, puis<strong>que</strong> <strong>le</strong> bien de <strong>ce</strong>tte dernière est Jésus-Christ, <strong>le</strong>s deux s’accordent<br />
pour la définition du mal.<br />
Dans un passage où il compare la théologie chrétienne au platonisme,<br />
Augustin écrit :<br />
Si l’homme a été créé de tel<strong>le</strong> façon <strong>que</strong>, par <strong>ce</strong> qu’il a de plus haut,<br />
il atteigne à <strong>ce</strong> qu’il surpasse toutes choses – je veux dire l’uni<strong>que</strong><br />
Dieu vrai et parfait sans qui nul<strong>le</strong> nature ne subsiste, nul<strong>le</strong> scien<strong>ce</strong><br />
n’instruit, nul<strong>le</strong> conduite ne vaut –, alors, c’est lui qu’il faut<br />
chercher, en qui pour nous tout s’enchaîne ; c’est lui qu’il faut<br />
contemp<strong>le</strong>r, qui pour nous est foyer de toute vérité ; c’est lui qu’il<br />
faut aimer, qui pour nous est norme de tout bien.<br />
Et, dans <strong>le</strong> paragraphe suivant, il poursuit :<br />
Et <strong>donc</strong>, si Platon définit <strong>le</strong> sage comme <strong>ce</strong>lui qui imite et aime <strong>ce</strong><br />
Dieu-là, et qui trouve son bonheur à participer de lui, à quoi bon<br />
examiner <strong>le</strong>s autres philosophes ? 6<br />
Ce <strong>que</strong> dit Augustin peut se lire comme suit : Platon connaissait la « forme »,<br />
ou <strong>le</strong> « principe », du Dieu vrai, comme Bien souverain à chercher, imiter et<br />
participer de lui (ὀμοιωθῆναι θεῶ), mais ne <strong>le</strong> connaissait pas. Par sa réf<strong>le</strong>xion,<br />
il est arrivé là où aucun autre philosophe n’est allé : à former, d’une <strong>ce</strong>rtaine<br />
6 Saint Augustin, La Cité de Dieu, VIII, IV-V, Gallimard, Paris, 2000, p.300-301.<br />
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