Qu'est-ce donc que le katechon ? - Faculté des sciences sociales
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au-delà de <strong>ce</strong>tte interprétation circonstanciel<strong>le</strong>, même si tous <strong>le</strong>s éléments de<br />
son interprétation globa<strong>le</strong> de l’épitre l’y poussaient. Nous voulons entreprendre<br />
ici <strong>ce</strong>tte interprétation, en suivant <strong>le</strong>s éléments trouvés dans <strong>le</strong> commentaire de<br />
Karl Barth.<br />
En deux mots, notre argument est <strong>le</strong> suivant : (a) Si <strong>le</strong>s « pouvoirs<br />
surplombants » (ὑπερέχουσαι ἐξουσίαι, potestates sublimiores) ne sont pas<br />
reconnues comme une for<strong>ce</strong> mora<strong>le</strong> terrestre qui œuvre de ses propres for<strong>ce</strong>s<br />
pour <strong>le</strong> bien dans l’Économie du Seigneur, alors, <strong>le</strong> Christianisme sombrera<br />
dans la Gnose. (b) Il n’y qu’une seu<strong>le</strong> autre for<strong>ce</strong> mora<strong>le</strong>, comprise dans<br />
l’Économie du Seigneur qui œuvre de ses propres for<strong>ce</strong>s pour <strong>le</strong> bien, retenant<br />
<strong>le</strong> mal du mieux qu’el<strong>le</strong> peut : <strong>le</strong> <strong>katechon</strong>. For<strong>ce</strong> est <strong>donc</strong> d’identifier <strong>le</strong>s<br />
pouvoirs surplombants aux for<strong>ce</strong>s <strong>katechon</strong>ti<strong>que</strong>s. Ce passage traite <strong>donc</strong> bel et<br />
bien du mystère <strong>katechon</strong>ti<strong>que</strong>.<br />
Quels sont alors <strong>le</strong>s éléments dans la pensée du théologien al<strong>le</strong>mand qui<br />
nous poussent à <strong>ce</strong>tte interprétation ? Tout d’abord, de l’aveu même de Barth,<br />
la pensée paulinienne flirte avec <strong>le</strong>s gnoses de l’épo<strong>que</strong>. Commentant <strong>le</strong><br />
Romains, 9-18, et plus particulièrement la phrase : « Il n’y a pas de juste, pas un<br />
seul », Barth se demande : « Tout <strong>ce</strong>la est-il <strong>donc</strong> […] [r]adicalisme gnosti<strong>que</strong><br />
hautain ? » 24 La vision du monde humain, Grecs et Juifs, sont condamnés au<br />
péché. L’histoire est <strong>le</strong> théâtre du mal, rien de bien ne subsiste : « pas un seul ».<br />
« De tous <strong>le</strong>s personnages considérab<strong>le</strong>s, honnêtent, dignes d’être pris au<br />
sérieux, de tous <strong>le</strong>s personnages de l’histoire, de tous <strong>le</strong>s prophètes, psalmistes,<br />
philosophes, Pères de l’Église, réformateurs, poètes et artistes, s’en est-il<br />
trouvé, ne saurait-<strong>ce</strong> qu’un seul, qui <strong>le</strong> cas échéant, ai nommé l’homme bon, ou<br />
même seu<strong>le</strong>ment capab<strong>le</strong>s de faire <strong>le</strong> bien ? » 25 Or, même si l’Apôtre répond luimême<br />
<strong>que</strong> <strong>des</strong> païens font <strong>le</strong> bien naturel<strong>le</strong>ment, sans la grâ<strong>ce</strong> ou la Révélation<br />
(passage déjà cité), Barth ne l’affirme pas. Il se contente de dire <strong>que</strong> <strong>ce</strong>la n’est<br />
24 Karl Barth, op. cit., p.85.<br />
25 Idem, p.85-86.<br />
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