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Qu'est-ce donc que le katechon ? - Faculté des sciences sociales

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qu’un élément stylisti<strong>que</strong> : « Ce n’est pas un pessimisme, <strong>ce</strong> n’est pas un autodéchirement,<br />

<strong>ce</strong> n’est pas un vain plaisir de nier, […] mais bien une aversion<br />

féro<strong>ce</strong> pour <strong>le</strong>s illusions […] » 26. La for<strong>ce</strong> de l’argumentation paulinienne dans<br />

<strong>ce</strong> passage sert, selon Barth, à rappe<strong>le</strong>r l’homme à sa misère histori<strong>que</strong> et <strong>le</strong><br />

Chrétien à la radicalité de l’homme nouveau. Notons <strong>que</strong>, de <strong>ce</strong>tte manière, il ne<br />

répond pas à l’accusation de gnosticisme. Seul un OUI, simp<strong>le</strong> et définitif, peut<br />

récuser <strong>ce</strong>tte accusation. Il faut qu’il y ait une for<strong>ce</strong> mora<strong>le</strong>, <strong>des</strong> « personnages<br />

importants », qui, même s’ils ne sont pas « justes », œuvrent pour <strong>le</strong> bien de<br />

Dieu. Pour <strong>que</strong> <strong>ce</strong> passage puisse être interprété à la façon de Karl Barth, il faut<br />

<strong>que</strong> <strong>ce</strong>t OUI soit dit définitivement dans un autre passage. À notre humb<strong>le</strong> avis,<br />

<strong>ce</strong>la se fait dans <strong>le</strong> passage de l’Épitre <strong>que</strong> nous étudions dans <strong>ce</strong> travail. L’autre<br />

passage qui pourrait accuser saint Paul de gnosticisme est <strong>le</strong> Romains, 3,31 :<br />

« Abrogeons-nous <strong>donc</strong> la loi par la foi ? ». Dans <strong>le</strong> dualisme entre « loi » et<br />

« foi », Barth dis<strong>ce</strong>rne <strong>le</strong> danger gnosti<strong>que</strong> : « Comment nous défendre de <strong>ce</strong>tte<br />

représentation et du reproche, lié à el<strong>le</strong>, de dualisme gnosti<strong>que</strong> ? » 27 Si saint<br />

Paul avait acquiescé à <strong>ce</strong>tte dualité, au lieu de la nier comme il <strong>le</strong> fait, en<br />

affirmant la continuité entre <strong>le</strong> bien terrestre et la grâ<strong>ce</strong>, il aurait succombé à la<br />

gnose. Dieu lui-même dit, après avoir créé l’homme, <strong>que</strong> son œuvre (ὅσα<br />

ἐποίησε) est « très bien » (καλὰ λίαν) (Genèse, 1.31). Or, <strong>que</strong> serait un monde<br />

« très bien » sans, sinon perfection mora<strong>le</strong>, au moins, un bride de moralité<br />

authenti<strong>que</strong> ? Il est plus <strong>que</strong> probab<strong>le</strong> <strong>que</strong> <strong>ce</strong>rtains éléments de la théologie<br />

paulinienne constituent tout simp<strong>le</strong>ment la réponse à la <strong>que</strong>stion <strong>que</strong> la gnose<br />

se posera sous la plume d’un Basilide ou d’un Va<strong>le</strong>ntin28 : pourquoi <strong>ce</strong> monde<br />

26 Idem, p.87.<br />

27 Karl Barth, op. cit., p.112.<br />

28 Sur la Gnose, voir, Νικολάου Χρόνη, Οι μετασχηματισμοί της φιλοσοφίας από των ελληνιστικών μέχρι<br />

και των πρωτοχριστιανικών χρόνων, Βιβλιοθήκη Σοφίας Ν. Σαριπόλου, Αθήνα, 1988, pp.174-247 ; Rémi<br />

Brague, La Sagesse du monde. Histoire de l’expérien<strong>ce</strong> humaine de l’univers, Fayard, Paris, 1999, pp.93-105 ;<br />

Tobias Churton, Gnostic Philosophy ; trad. grec<strong>que</strong>, Γνωστική φιλοσοφία. Από την αρχαία Περσία μέχρι<br />

σήμερα, Ενάλιος, Αθήνα, 2005 ; Birger A. Pearson, Ancient Gnosticism. Traditions and Literature, Fortress<br />

press, Mineapolis, 2007 ; Gershom Scho<strong>le</strong>m, Jewish gnosticism, Merkabah mysticism and Talmudic tradition,<br />

New York, 1965. À la lumière de <strong>ce</strong>tte bibliographie, nous pouvons soutenir <strong>que</strong> même si <strong>le</strong>s premiers<br />

représentants de la gnose apparaissent à la fin du I er s. après J.-C., notamment Basilide et après Va<strong>le</strong>ntin,<br />

dont <strong>le</strong>s tra<strong>ce</strong>s nous sont connues par <strong>le</strong>s philosophes chrétiens de l'épo<strong>que</strong> qui ont fait <strong>le</strong> ménage dans <strong>le</strong>s<br />

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