Françoise HÉRITIER : une “valence différentielle des sexes” Françoise HÉRITIER se pose la question du fondement de la hiérarchie entre <strong>les</strong> sexes. Cette anthropologue a mis en évidence, à partir de l’étude de nombreux systèmes de parenté, l’existence de ce qu’elle nomme une valence différentielle des sexes “qui exprime une relation conceptuelle orientée, sinon toujours hiérarchique, entre le masculin et le féminin, traduisible en terme de poids, de temporalité (antérieur/postérieur), de valeur” (37) . Selon Héritier, ce concept est universel, soit nécessaire pour qu’apparaisse l’organisation sociale. Six ans plus tard, Héritier revient sur ce concept et spécifie que “<strong>les</strong> hommes doivent passer par <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> pour se reproduire à l’identique, ce qui implique l’appropriation et l’asservissement de ces dernières à cette tâche, et leur infériorisation” (38) . Ainsi pour F. HÉRITIER, il est clair que <strong>les</strong> conditions d’un véritable changement pour <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> passent par l’utilisation des moyens de contraception et de contrôle des naissances qui marquent une rupture radicale dans <strong>les</strong> rapports entre <strong>les</strong> sexes en donnant aux <strong>femmes</strong> le libre usage de leur corps. Christine DELPHY et l’ennemie principale (39) Est un nom incontournable du féminisme contemporain. <strong>Le</strong> “mode de production domestique”, le “patriarcat” conçu en tant que système, <strong>les</strong> rapports de sexe vus en tant que “rapports de classe” ont été d’importants points d’inflexion pour la pensée féministe. Elle mène une réflexion sur <strong>les</strong> rapports de classe, ethnie et sexe. Française, elle est docteure en Sociologie de l’Université du Québec à Montréal et chercheure au CNRS, à Paris, depuis 1966. Elle a participé en 1968 à la construction de l’un des groupes fondateurs du Mouvement de Libération des Femmes. Elle a co-fondé, avec Simone de Beauvoir, <strong>les</strong> revues Questions féministes et Nouvel<strong>les</strong> Questions féministes (qu’elle dirige actuellement). Elle a déjà publié aux éditions Syllepse, en 1998, le 1er tome de L’Ennemi principal, Économie politique du patriarcat et d’innombrab<strong>les</strong> artic<strong>les</strong> dans des revues et journaux. Delphy distingue trois façons de penser et de combattre l’oppression spécifique des <strong>femmes</strong>: l’option de la différence qui débouche sur la revendication d’équivalence <strong>femmes</strong> - hommes, l’option de l’égalité - rattrapage ou de l’équité qui conduit à l’adoption de mesures de soutien sans remettre en cause le “système de genre”, enfin, l’option de l’égalité subversive qui permet de combiner le combat contre <strong>les</strong> inégalités avec la critique radicale du système qui <strong>les</strong> produit. <strong>Le</strong>s critiques Des critiques centra<strong>les</strong> viendront secouer non seulement le féminisme radical, mais bien l’ensemble des trois traditions de pensée féministe, comme la critique de l’hétérosexualité comme institution centrale du patriarcat, effectuée par des <strong>les</strong>biennes. El<strong>les</strong> apporteront dès lors une nouvelle perspective sur chacun de ces trois courants. Il en est ainsi du féminisme noir (Black Feminism) qui, lui aussi, enrichira de sa perspective l’ensemble de l’édifice de la pensée féministe ; <strong>les</strong> féministes afro-américaines remettront en question la notion même de différence féminine : pour el<strong>les</strong>, la différence cachait <strong>les</strong> différences de toutes sortes qui composaient le groupe des <strong>femmes</strong>. (37) F. HERITIER, Masculin/féminin La pensée de la différence, Paris, Ed. Odile Jacob, 1996, p.26 (38) F. HERITIER, Masculin/Féminin. II Dissoudre la hiérarchie, Paris, Ed. Odile Jacob, Paris, 2002, p.26. (39) http://www.solidarites.ch/solinf page 88 Des associations & des <strong>femmes</strong>... Quels enjeux, quels défis pour <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> migrantes ? 04-2006
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