MANUEL GENERAL - INRP
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LECTURES DE VACANCES<br />
Les Races humaines 1 .<br />
Prodigieuse est la diversité des races humaines. Entre le sauvage de la Terre de Feu et l'Européen des<br />
cités modernes, qu'il y a-t-il de commun? Les couleurs, les moeurs, les langues et les idées, les traits du<br />
visage, la stature du corps, la barbarie et la civilisation, tout cela forme, dans la carte de l'humanité, un<br />
bariolage immense.<br />
Pittoresque au suprême degré, ce spectacle nous invite de plus à de graves méditations : d'où vient<br />
l'homme? Procède-t-il d'un couple unique dont les descendants se sont différenciés au cours des temps, au<br />
gré des climats et des hasards? On bien ces différenciations ont-elles existé dès l'origine?<br />
Pour contempler ce tableau passionnant, que de journées ne faudrait-il pas consacrer à la visite des<br />
musées d'anthropologie du monde entier? Heureusement le livre est là qui, avec le secours de la photographie,<br />
peut nous permettre de voyager commodément dans toute l'étendue de la famille humaine.<br />
Le Japon.<br />
Aucun peuple de VExtrême-Orient ne nous intéresse<br />
autant, par sa rapide ascension au premier<br />
rang des civilisés, que le peuple japonais. Nous<br />
avons appris, par de récents événements, à connaître<br />
ses vertus civiques et guerrières, mais il y a aussi<br />
dans le Japonais, comme on va le voir, un vif sentiment<br />
du pittoresque et de la beauté.<br />
L'étranger qui fait son premier tour en ville<br />
japonaise, dans une bruyante jinriliàhaw, trouve<br />
tout, petit, fantastique, théâtral. Tout homme,<br />
toute chose lui semblent étranges, menus, mystérieux,<br />
vivant dans un cadre bleu ; les maisons<br />
sont couvertes de tuiles bleues, les façades<br />
des petites boutiques sont tendues de bleu, le<br />
petit peuple souriant qui passe a plus de bleu<br />
dans son vêtement que de toute autre couleur.<br />
Le premier, coup d'œil dans les rues bizarres où<br />
l'on passe a quelque chose de baroque : c'est<br />
comme une agitation infinie de drapeaux, de<br />
tentures d'un bleu sombre où éclatent les lettres<br />
chinoises et japonaises qui les singularisent,<br />
qui les relèvent, on peut dire qui les embellissent<br />
en leur donnant un charme très spécial.<br />
Partout des enfants : dans les rues les plus<br />
tranquilles, on voit des processions de fillettes<br />
portant derrière leur dos, dans une sorte de capuchon,<br />
de drôles de petits bébés dont on ne sait<br />
trop si elles sont" les sœurs ou les mamans ; car<br />
les Japonaises se marient très jeunes.<br />
Les femmes qui en ont les moyens portent<br />
toutes le hitomo, vêtement de dessous en soie,<br />
généralement de couleur claire. Sur ce lcitomo,<br />
on revêt, suivant la saison, deux ou trois, et<br />
jusqu'à cinq ou six robes flottantes, de soie ou<br />
de crêpe, dites kimono, et qui tombent sur les<br />
pieds ; les kimonos de dessous sont d'habitude<br />
clairs, ceux de dessus foncés, et le plus souvent<br />
Meus. Ils sont serrés à la ceinture par un obi<br />
long de 1 m. 80 à 2 m. 50, large de 30 centimètres,<br />
soit de satin, soit de soie lourde; les<br />
bouts de cet obi se nouent en une grande rosette<br />
carrée. Les pieds sont protégés par des sabots<br />
de bois d'ormeau ou des sandales de paille,<br />
suivant le temps qu'il fait.<br />
On peut dire des Japonais, avec beaucoup<br />
plus de vérité que des Chinois, que c'est une<br />
- nation d'artistes. Dans les objets les plus vulgaires,<br />
ils déploient un grand sens artistique en<br />
. 1. Les Races humaines. Librairie Hachette et Cie. 1 vol.<br />
in-4°. Illustré de plus de -lOOsplendides reproductions en noir<br />
ot en couleurs. Broché 15 fr., relié toilo 20 fr.<br />
Lectures de Vacances.<br />
même temps qu'un sens pratique et une industrie<br />
consommés.<br />
L'art au Japon n'est pas, comme en Europe,<br />
la greffe des styles les uns sur les autres, la résultante<br />
de l'enseignement des diverses écoles<br />
depuis les temps les plus reculés ; c'est, au contraire,<br />
un art strictement national, qui s'est<br />
développé de lui-même, en dehors de toute influence<br />
extérieure, qui est lui, seulement lui,<br />
et se soutient de lui-même. En comparant l'art<br />
décoratif du Japon avec celui de la Chine,<br />
on voit combien les Japonais ont laissé derrière<br />
eux les Chinois, et combien leur école d'art leur<br />
appartient en propre.<br />
La peinture telle qu'on la comprend en Europe<br />
n'existe point au Japon, où l'art est essentiellement<br />
décoratif et où le dessin des objets naturels<br />
est un dessin conventionnel ; les fleurs, par<br />
exemple, peuvent très bien jurer avec la botanique<br />
et les oiseaux offenser l'œil de l'ornithologue,<br />
mais on y admire pourtant une vérité<br />
qui montre comment chaque feuille, chaque<br />
plume, chaque brin d'herbe ont été patiemment<br />
et passionnément étudiés.<br />
Dans leurs procédés d'ornementation, Japonais<br />
pas plus que Chinois ne peignent, mais<br />
ils décorent, et la décoration est extraordinairement<br />
belle, et aussi la délicatesse de touche.<br />
Leurs artistes excellent à donner l'impression<br />
du vol rapide d'un oiseau, du glissement des<br />
poissons, et c'est là un des triomphes les plus<br />
difficiles de l'art. Mais ils n'ont jamais su transporter<br />
sur la toile la « divine forme humaine »<br />
ni, comme les primitifs italiens, élever le cœur<br />
des hommes de la terre au ciel, en une extase<br />
d'adoration. L'art japonais est grand dans les<br />
petites choses, petit dans les grandes .<br />
Les Japonais n'observant pas le repos du<br />
dimanche, y suppléent par la célébration des<br />
fêtes sans nombre, qui ponctuent de jours de<br />
joie le cours de l'année. Ce ne sont pas anniversaires<br />
de batailles sanglantes ni de triomphes<br />
patriotiques ; l'occasion la plus fréquente de ces<br />
jours de liesse est l'apparition de certaines fleurs,<br />
fait significatif, _ révélant un sentiment exquis.<br />
Des troupes joyeuses vont, dès le mois de<br />
février, admirer les fleurs du pommier et en respirer<br />
l'odeur, célébrée par d'antiques chansons ;<br />
on va voir fleurir les cerises au mois d'avril ;<br />
les azalées et les glycines au début de mai ;<br />
les lotus au mois d'août ; les feuilles rougies<br />
des érables en automne ; la première semaine<br />
de novembre est celle des chrysanthèmes. Dans<br />
N° 49.