MANUEL GENERAL - INRP

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S66 <strong>MANUEL</strong> GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE Il faut prendre d'énergiques résolutions en présence de ces dangers : Si l'on doit restreindre la claustration dans les classes et l'immobilisation sur les bancs des écoles, vous prévoyez que la restriction de l'horaire du travail intellectuel aura pour conséquence directe et obligatoire la revision des programmes, et indirectement, mais nécessairement aussi le remaniement et le rajeunissement des méthodes d'enseignement. La pédagogie de demain, qui sera la pédagogie naturelle, la pédagogie physiologique, devra résoudre ce problème : améliorer l'éducation intellectuelle en diminuant le temps consacré à l'étude et à l'enseignement. Beaucoup de bons esprits jugent que la chose est possible et qu'étant possible, elle se fera. Goethe mourant s'écriait : « De la lumière, encore plus de lumière ! » Le cri : De l'air, encore plus d'air! pourrait résumer les vœux et l'espoir des ligueurs internationaux de l'hygiène scolaire : De l'air dans l'école! De l'air dans les poitrines! De l'air dans les programmes! Cette formule courte et synthétique peut résumer d'une façon saisissante le cahier de nos revendications. Gomment réaliser ces desiderata 1 conclut M. le docteur Mathieu. D'une part, enaméliorant l'éducation physique ; d'autre part, en organisant, à l'exemple de quelques villes comme Paris et Lyon, l'inspection médicale des écoles. l'inspection médicale des écoles est à la veille d'être instituée légalement avec la triple collaboration des communes, des départements et de l'Etat. Un projet de loi, élaboré par Al. le ministre de l'Instruction publique, a été déposé devant les Chambres. Grâce à l'appui du groupe parlementaire de l'hygiène et de la préservation de l'enfance et de l'adolescence, qui compte à sa tête des hommes de grande valeur et de grande autorité, parmi lesquels MM. Léon Bourgeois, Paul Deschanel, Ferdinand Buisson, Paul Strauss, la discussion de ce projet aboutira prochainement au vote d'un règlement national, qui cette fois, espérons-le, ne sera pas un document inerte. * • * A la fin de la séance, les délégués étrangers prennent tour à tour la parole. Celui de Suisse se distingua par une attention charmante. Déposant sur le bureau un bouquet de magnifiques et vigoureuses fleurs de son pays, il déclara que ce bouquet est un symbole, car le congrès ne se propose-t-il pas de rendre nos enfants aussi roses, que ces fleurs et aussi forts que ces plantes ? * * * Le congrès se divise en onze sections qui se partagent l'étude d'un vaste programme d'hygiène scolaire. Leurs travaux sont discutés en séance plénière, au Grand-Palais. A la première, MM. les docleurs Méry et Dufestel exposent la nécessité de l'unification des méthodes d'examen physique des écoliei's et précisèrent en quoi consistent les mensurations anthropométriques et l'examen médical. Le rapport de M. Kerr délimite le rôle de l'inspection médicale à la lutte contre les maladies contagieuses et aussi à l'amélioration de la santé générale par l'inspection suivie du traitement approprié. La question importante, mais délicate, de l'éducation sexuelle occupe deux séances. Un rapport complet de M. le docteur Doléris, membre de l'Académie de médecine, traite la question de « l'éducation sexuelle par la famille, par la science, par la morale et l'hygiène » i Voici défini le rôle de la famille : Tout ce qu'il faut demander aux parents, c'est de ne point mentir à leurs enfants; c'est de les laisser obéir à leur tendance naturelle de s'instruire et de répondre nettement aux questions qui leur sont posées en graduant la réponse selon l'âge et l'intelligence de l'enfant. C'est surtout de les laisser observer les exemples que la nature leur offre, sans les efiaroucher par des défenses et des reproches inutiles. Mais c'est la science surtout qui doit donner cet enseignement. En voici le programme : Parler clairement aux entants, soumettre le langage scientifique à. des formules claires et compréhensibles en développant progressivement les détails, en élargissant les thèmes, tel est le point de vue spécial et concret qui s'impose. Cette éducation exige une grande circonspection, des qualités de tact et de mesure qui devront être développées chez les éducateurs par un enseignement préalable, par des cours spéciaux faits par des médecins dans les écoles normales. Et l'auteuf conclut : Comme il importe que la vie de l'homme soit saine, la société a charge de le préparer par un enseignement précoce, complet et convenable. La préparation et le choix du médecin scolaire ont donné lieu à d'intéressantes discussions. Dans ce rôle, si élargi, qui lui sera confié désormais, le médecin scolaire devra faire preuve de compétence dans toutes les questions qui intéressent l'enfant; il se doublera d'un hygiéniste et, au surplus, d'un pédagogue. Il lui faudra donc se consacrer entièrement à l'étude de l'enfance, d'où nécessité de le recruter au concours et de le rétribuer suffisamment. Voici les principaux vœux adoptés à l'assemblée générale de clôture. Le 3 e congrès International d'hygiène scolaire émet les vœux suivants : I. — Que l'enseignement de l'hygiène scolaire soit donné en tant qu'enseignement spécial, dans toutes les écoles destinées à former des maîtres ; II. — Que cet enseignement soit- donné par des médecins et soit sanctionné par des examens ; III. — Que la société des médecins des écoles de Paris nomme une commission chargée d'étudier et de codifier les instructions qui doivent être données aux médecins scolaires et aux instituteurs, en insistant sur la nécessité de donner des règles simples, précises et faciles à suivre ; IV. — Que des dossiers sanitaires individuels d'un type uniforme soient établis dans toutes les è.coles : fiches de santé plus simples pour les internats, carnets de santé plus détaillés pour les externats ; V. — Quel'éducation physique soit donnée obligatoirement dans tous les établissements d'enseignement (garçons et filles) et sur des données uniformes; VI. — Que des terrains de jeux soient réservés par les municipalités aux enfants. Education sexuelle 1 . VII. — Qu'un enseignement sexuel préparatoire soit donné aux enfants dans l'enseignement de l'histoire naturelle et que des renseignements complets soient donnés aux adolescents ; VIII. — Que les candidats aux fonctions de l'enseignement soient instruits par les médecins scolaires et 1. Se reporter au dernier vœu adopté par le Congrès International do l'Enseignement primaire. Manuel général n° 48, 1S août 1910.
par les professeurs de pédagogie sur tous les détails de la question sexuelle ; IX. — Que les instructions nécessaires aux parents leur soient données par les instituteurs bien instruits ou par les médecins scolaires dans des conférences pédagogiques. S... OPINIONS DE NOS LECTEURS (Les articles ou fragments d'articles insérés sous les rubriques OPINIONS DF, NOS LECTEURS, COMMUNICATIONS DIVERSES, REVUE DE LA PRESSE, expriment en toute liberté l'opinion de leurs auteurs, mais n'engagent en rien celle du Manuel Général.J Monopole ou droit commun. A Monsieur BUISSON, directeur du Manuel général. Vous ne voudriez pas le monopole de l'enseignement? Moi. non plus. Vous craignez d'y être acculé? Moi aussi. Il y aurait peut-être un moyen d'y échapper. Ce moyen, c'est le droit commun. Je m'explique. La loi accorde un grand nombre de •privilèges aux écoles privées. Qu'on fasse cesser tous ces privilèges, que les écoles privées soient soumises aux règlements universitaires et tout rentrera dans l'ordre. Ainsi, pour me borner à ce seul exemple : « Les instituteurs publics sont soumis à l'inspection des autorités universitaires, conformément aux règlements délibérés par le Conseil supérieur. » Je demande qu'on ajoute : « ...et les instituteurs privés... » Actuellement, « l'inspection des écoles privées ne peut porter sur l'enseignement que pour vérifier s'il n'est pas contraire à la morale, à la Constitution et aux lois. » Voici vingt ans que je suis inspecteur primaire; jamais je n'ai pù inspecter une école privée. Je sonne à la porte. Cinq minutes après, l'on ouvre. Aussitôt qu'on m'aperçoit, la cloche se fait entendre, soi-disant pour appeler la directrice, en réalité pour avertir les maîtresses que l'ennemi est dans la place. Et quand j'entre dans les classes, les enfants font... de la couture. Jamais je n'ai entendu un instituteur ou une institutrice faire une leçon ; l'on écrit, l'on copie, l'on coud ou l'on sort pour la récréation. Et l'on se paye la tête de l'inspecteur. Je soutiens que l'inspection aurait un sens, qu'elle serait certaine et suffisante si les écoles privées rentraient dans le droit commun, et si, en conséquence, l'inspecteur avait à surveiller l'enseignement dans les écoles privées comme dans les écoles publiques... U N DE VOS . ANCIENS • COLLABORATEURS . L'école et la famille. Une jeune et vaillante institutrice de mes amies m'adresse les lignes suivantes :
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