29.06.2013 Views

GOBBESPONDflHGE DU MARÉCHAL

GOBBESPONDflHGE DU MARÉCHAL

GOBBESPONDflHGE DU MARÉCHAL

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

[108/<br />

GOUVERNEMENT GÉNÉRAL DE L'ALGÉRIE<br />

Collection de Documents inédits<br />

et d'Etudes sur l'Histoire de l'Algérie<br />

1" SERIE. -<br />

CORRESPONDANCE<br />

GENERALE<br />

VI<br />

<strong>GOBBESPONDflHGE</strong> <strong>DU</strong> <strong>MARÉCHAL</strong> VHLËE<br />

Gouverneur Général des possessions françaises<br />

dans le Nord de l Afrique<br />

(SEPTEMBRE -1840 - MARS 1841)<br />

PAR<br />

Georges YVER<br />

PROFESSEUR HONORAIRE A LA FACULTE DES LETTRES D'ALGER<br />

PARIS (V)<br />

-<br />

Editions LAROSE<br />

il. Rue Victor -Cousin<br />

1957


Collection de Documents inédits et d'Etudes<br />

SUR<br />

L'HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE<br />

DE L'ALGÉRIE<br />

PUBLIÉE 80US LES AUSPICES <strong>DU</strong><br />

Gouvernement Général de l'Algérie


DEJA PARUS :<br />

1"<br />

— Série. Correspondance générale. — I.<br />

— duc de Rovigo, t. I, II, III et table.<br />

Correspondance du<br />

IL Correspondance<br />

— du général Voirol. III. Correspondance du général Drouet<br />

— d'Erlon, par Gabriel Esquer. IV. Correspondance du<br />

par Georges Yver. V. Correspon<br />

— général Damrémont,<br />

dance du maréchal Clauzel, t. I et II, par Gabriel Esquer. —<br />

VI. Correspondance du maréchal Valée, t. I, II, III et IV,<br />

par Georges Yver.<br />

2m°<br />

— — Série. Documents divers. I.<br />

— taine Daumas, consul à Mascara (1837-1839).<br />

Correspondance du capi<br />

II. Docu<br />

ments relatifs au Traité de la Tafna (1837), par Georges<br />

— Yver. III. Reconnaissance des ville, forts et batteries<br />

d'Alger, par le chef de bataillon Boutin (1808), suivie des<br />

Mémoires sur Alger par les Consuls de Kercy (1791) et<br />

— Dubois-Thainville (1809), par Gabriel Esquer. IV. L'Al<br />

par Marcel Emerit.<br />

gérie à l'époque d'Abd el-Kader,<br />

3me Série. —<br />

Etudes.<br />

—<br />

Les Bureaux Arabes et l'évolution des<br />

genres de vie indigènes dans l'ouest du Tell algérois, par<br />

Xavier Yacono. —<br />

Roger Germain.<br />

La<br />

politique indigène de Bugeaud, par<br />

— Hors Série. Inventaire sommaire des séries E et EE (Corres<br />

pondance politique générale) des Archives du Gouverne<br />

ment Général, par G. Esquer et E. Dermenghem.<br />

Répertoire de la Série H (Affaires musulmanes et sahariennes)<br />

des Archives du Gouvernement Général,<br />

E. Dermenghem.<br />

par G. Esquer et<br />

Répertoire de la Série X (Dons et acquisitions diverses), par<br />

G. Esquer et E. Dermenghem.


1108<br />

GOUVERNEMENT GÉNÉRAL DE L'ALGÊRI<br />

Collection de Documents inédits<br />

et d'Etudes sur l'Histoire de l'Algérie<br />

l" SERIE. -<br />

CORRESPONDANCE<br />

GENERALE<br />

VI<br />

|A/6J£<br />

CDBBESPONDflNGE DD IHËBIIL ïflLÉE<br />

Gouverneur Général des possessions françaises<br />

dans le Nord de L'Afrique<br />

V<br />

(SEPTEMBRE 1840 -<br />

PAS<br />

Georges YVER<br />

MARS -1841)<br />

PROFESSEUR HONORAIRE A LA FACULTÉ DES LETTRES D'ALGER<br />

*L108/A/6/V*<br />

BUAlger<br />

PARIS (Ve)<br />

Editions LAROSE<br />

11, Rue Victor-Cousin<br />

1937<br />

4 r~^\


Correspondance générale (D<br />

(1) L'abréviation H.M.A. désigne l'Histoire manuscrite de l'Algérie de<br />

18S0 à 1865 (n°" 859-873 du Catalogue Tuetey, T. I, p. 167), rédigée par ordre<br />

du ministre de la guerre en 1868.


Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, I.E. 146 « -<br />

copie)<br />

Paria, le S septembre 18^0<br />

J'ai reçu votre lettre du 8 août dernier, par laquelle vous<br />

appelez l'attention du gouvernement du Roi sur les renseigne<br />

ments qui lui étaient transmis, à la même date, par M. le lieute<br />

nant-général Guéhéneuc. Je reconnais avec vous, Monsieur le Ma<br />

réchal, combien il serait important, dans les circonstances actuel<br />

les, d'établir une communication par bateaux à vapeur entre Tan<br />

ger et Oran, et, avant même les dernières dépêches, j'avais, dès<br />

le 12 août, éveillé la sollicitude de M. le ministre de la marine sur<br />

cet objet. Mais mon collègue, en me répondant le 23 août, m'a<br />

fait connaître que les ressources de son département ne lui per<br />

mettaient point de donner plus de développements aux services<br />

déjà existants, et qu'on ne saurait, en ce moment, attendre de la<br />

marine autre chose que ce qu'elle a fait jusqu'à ce jour. Nous<br />

sommes donc contraints d'attendre quelque temps encore les amé<br />

liorations dont vous signaliez si justement la nécessité. Toute<br />

fois,<br />

si les communications que vous auriez à m'adresser à l'ave<br />

nir à ce sujet recevaient des événements un plus grand caractère<br />

d'urgence et de gravité, j'insisterais de nouveau auprès de M. le<br />

ministre de la marine pour qu'il eût autant que possible à prendre<br />

des mesures convenables.<br />

Valée à d'Illens<br />

(Girod de l'Ain, p. 278, note)<br />

Je charge le colonel Changarnier de conduire à Miliana un<br />

convoi composé de 60.000 rations de toute espèce. L'approvision<br />

nement des troupes sous vos ordres se trouvera assuré ainsi jus<br />

qu'au 15 octobre. Je vous recommande d'apporter un soin parti<br />

culier à la conservation des denrées déposées dans vos magasins,


— — 8<br />

de n'autoriser jamais de distributions extraordinaires et d'exiger<br />

toute l'économie possible dans l'emploi des farines et des autres<br />

denrées. Je vous recommande de ménager beaucoup<br />

vos muni<br />

tions. L'approvisionnement que je vous ai laissé est très considé<br />

rable, mais il peut cependant s'épuiser et peut-être serait-il utile<br />

cartouches de faire rentrer dans les magasins une partie des dis<br />

tribuées aux soldats. Vous les leur rendrez au moment du besoin.<br />

P.S. —<br />

Je<br />

ne vous fais pas envoyer de viande en grande<br />

quantité ; votre approvisionnement est déjà au complet ;<br />

recevrez seulement 20.000 rations.<br />

Valée au Ministre de la Guerre (1)<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

vous en<br />

Alger, le 6 septembre 18ifi<br />

La colonne que j'avais envoyée au-delà de l'Atlas sous les<br />

ordres du général Changarnier a châtié les tribus d'Ouzra et de<br />

Béni Mesaoud, et a communiqué avec Médéa.<br />

Le 29, elle a rencontré sur le versant méridional du Mouzaia<br />

deux bataillons réguliers d'Abd el-Kader. Es ont été culbutés et<br />

dispersés complètement avec une perte de plus de 100 hommes.<br />

Nous avons eu 2 tués et 6 blessés.<br />

La province d'Alger est tranquille. Les bateaux de Bône et<br />

d'Oran ne sont pas encore arrivés.<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archive du Gouvernement Général, E. 138 2<br />

copie)<br />

Alger, le 6 septembre 1840<br />

La tranquillité de la province d'Alger n'a pas été troublée<br />

depuis le dernier courrier. Les Arabes ne se sont montrés sur<br />

Dépêche télégraphique, expédiée de Toulon le 10 septembre à 12 h. 30.


— — 9<br />

aucun point. Un convoi a été dirigé sur Blida et n'a pas été in<br />

quiété. Depuis un mois la chaleur a forcé de suspendre partout<br />

les travaux. J'adresse à V.E. un rapport particulier sur l'expédi<br />

tion du général Changarnier au-delà de l'Atlas.<br />

Un fait nouveau a eu lieu à Coléa ; des parlementaires se<br />

sont présentés aux avant-postes ; ils étaient porteurs de lettres<br />

du capitaine Morizot, si malheureusement défait et pris au com<br />

bat du Mazafran. Cet officier, après avoir rendu compte de la<br />

manière dont il était traité, proposait un échange de la parti du<br />

khalifa de Miliana. Je n'ai pas cru qu'une semblable proposition<br />

pût être accueillie. Le moment ne me semble pas arrivé d'ouvrir<br />

des négociations ; je prendrai plus tard à cet égard les ordres du<br />

gouvernement du Roi ; maintenant, je crois que nous devons pous<br />

ser la guerre avec vigueur. Le commandant de Coléa n'a donc<br />

pas été autorisé à accepter les propositions qui lui avaient été<br />

faites et il a répondu d'une manière évasive aux parlementaires<br />

qui se sont présentés, une seconde fois pour recevoir une réponse.<br />

Les bateaux de Bône et d'Oran ne sont pas arrivés.<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Moniteur, 8 octobre 18lfi)<br />

Le ministre de la guerre a reçu aujourd'hui les détails sui<br />

vants sur le combat du 13 août dont les premières<br />

étaient parvenues par dépêche télégraphique.<br />

nouvelles* lui<br />

Après le combat de Medzergah, l'ennemi s'était retiré au-<br />

delà de Sidi Embarék, dans l'espoir de soulever les Kabyles des<br />

montagnes de Ouennougha, mais, ayant échoué dans ce dessein et<br />

craignant de se voir pressé entre le général Galbois et notre kha<br />

lifa de la Medjana, il se décida à évacuer la province en suivant<br />

la route par laquelle il y était entré.<br />

Le général Galbois, qui épiait ses mouvements, lança à sa<br />

poursuite une colonne qui, dès le 12 août, fut de très près sur ses<br />

traces et qui le joignit le lendemain. Le capitaine de Vernon, à


-10-<br />

la tête d'une reconnaissance composée d'un escadron de spahis de<br />

el-<br />

Constantine, des spahis de Sétif et des cavaliers du cheikh<br />

Arab, partit, le 13, de grand matin et découvrit au pied du col<br />

d'Ouled Braham la cavalerie ennemie, qu'il n'hésita pas à aborder<br />

dès qu'il vit un escadron français à portée de le soutenir.<br />

La position des Arabes, à l'entrée du col et flanquée par deux<br />

pitons, était avantageuse. M. de Vernon la fit attaquer d'un côté<br />

par les spahis et de l'autre par un peloton du 4e de chasseurs<br />

d'Afrique aux ordres du sous-lieutenant Martin. Un combat vi<br />

goureux s'engagea, dans lequel les spahis mirent pied à terre,<br />

abordèrent l'ennemi à la baïonnette et luttèrent hardiment jus<br />

qu'à l'arrivée des escadrons des 3e et 4* de chasseurs d'Afrique<br />

et des compagnies des 228, 61° de ligne et des tirailleurs de Cons<br />

tantine (Coulouglis).<br />

La cavalerie fit de belles charges, une entre autres, conduite<br />

par le capitaine Marion et un feu d'infanterie bien nourri acheva<br />

la défaite des Arabes qui abandonnèrent le champ de bataille<br />

pour se retirer dans la direction de la Hensena ( ?) et de Emsila.<br />

(1).<br />

Les forces ennemies engagées dans cette affaire, sous les<br />

ordres d'Hadj Mustapha, se composaient d'un bataillon régulier<br />

et d'environ 600 cavaliers ; les tribus voisines n'ont pas voulu<br />

se joindre à lui. Nous avons perdu deux spahis et un cavalier<br />

du cheikh el-Arab,<br />

qui ont été tués et nous avons eu onze blessés<br />

parmi lesquels figurent MM. de la Rochefoucauld et Ben Oueni,<br />

officiers de spahis, le maréchal-des-logis de Kermainguy, du 4« de<br />

chasseurs, deux spahis et un cavalier du cheikh el-Arab ; tous<br />

ont été pansés sur le terrain et ramenés au camp.<br />

Le général Galbois cite comme s'étant distingués :<br />

Le lieutenant de spahis Ressayre,<br />

qui a rallié ses hommes<br />

un moment repoussés et qui a blessé un cavalier régulier ennemi ;<br />

le sous-lieutenant de la Rochefoucauld, blessé en se précipitant<br />

pour secourir le brigadier El Garby, qui allait tomber au pouvoir<br />

de l'ennemi ; le sous-lieutenant de Lugo, qui se jeta au milieu<br />

des Arabes qui entouraient son camarade, tua un ennemi et en<br />

blessa un autre ; le lieutenant Ben Bueni, dangereusement bles-<br />

(D M'sila.


—li<br />

se ; le sous-lieutenant Sandre, du 22e de ligne,<br />

ben Lakdar, dont le burnous a été percé de dix balles.<br />

et le spahi Amar<br />

Le cheikh el-Arab a dignement soutenu sa belle réputation ;<br />

le drapeau déployé devant lui a été percé de cinq balles et celui<br />

qui le portait a été blessé.<br />

La Medjana est à présent délivrée de tout ennemi et notre<br />

colonne est rentrée à Sétif après avoir porté ses pas dans une<br />

contrée nouvelle et avoir reconnu de belles plaines cultivées et<br />

arrosées de cours d'eau.<br />

Les Kabyles des Portes de Fer sont demeurés fidèles.<br />

Thiers à Valée (1)<br />

(Girod de l'Ain Le maréchal Valée, p. 297)<br />

Paris, 10 septembre 18ifi<br />

Monsieur le Maréchal, vous me pardonnerez de ne pas vous<br />

avoir encore répondu, en considération du nombre immense de<br />

mes affaires ; j'ai à peine le temps de suffire aux plus urgentes.<br />

J'ai lu avec attention vos dépêches au ministre de la guerre et<br />

les lettres particulières que vous avez bien voulu m'adresser.<br />

Voici les résolutions auxquelles le cabinet croit devoir s'arrêter.<br />

M. le ministre de la guerre vous les communiquera par la voie de<br />

son département.<br />

Les événements généraux s'aggravent ; il est impossible d'en<br />

prédire le résultat définitif. Pour n'être pas prise au dépourvu,<br />

la France pousse ses armements avec la plus grande activité. La<br />

campagne en Afrique doit être basée sur cette situation. Beau<br />

coup d'esprits seraient disposés aujourd'hui à restreindre consi<br />

dérablement les efforts que nous faisons pour l'Afrique. Ce n'est<br />

pas l'avis du Roi, ce n'est pas le mien, ce n'est pas celui de la très<br />

grande majorité du cabinet. A moins d'accidents très graves et<br />

très imprévus, nous ne priverons l'Afrique ni des ressources qui<br />

lui sont actuellement consacrées,<br />

(1) Président du Conseil.<br />

ni même des renforts qui lui


— — 12<br />

étaient destinés pour réparer les pertes de la guerre. Mais une<br />

nouvelle extension de nos établissements est actuellement impossi<br />

ble. Nous ne voulons pas, sans doute, qu'un mouvement rétrograde<br />

fasse croire à Abd el-Kader que nous nous préparons à abandon<br />

ner l'Algérie, mais nous ne voulons pas non plus que de nouvelles<br />

expéditions, ayant pour but de créer de nouveaux établissements,<br />

nous entraînent à diminuer sensiblement l'armée de l'intérieur<br />

au profit de l'armée d'Afrique. Ce serait une imprudence sous le<br />

rapport militaire, ce serait une faute sous le rapport politique.<br />

On en conclurait, comme on le fait déjà,<br />

que nos armements ne<br />

sont pas sérieux. Beaucoup de gens se demandent aujourd'hui<br />

pourquoi nous ne rappelons pas une partie de notre armée ; ils<br />

diraient bien autre chose si nous faisions partir pour l'Afrique<br />

10.000 ou 15.000 hommes de plus.<br />

Ces considérations doivent donc modifier beaucoup votre<br />

plan de campagne ; il faut renoncer à l'expédition sur Takdempt<br />

et Mascara ; laisser 1.000 ou 1.200 hommes à Mascara serait les<br />

constituer prisonniers. Il leur arriverait bien pis qu'à la garnison<br />

du général Duvivier à Médéa et vous ne pourriez pas aussi facile<br />

ment les secourir. Il ne faudrait pas moins qu'un grand établis<br />

sement à Mascara contenant 4.000 à 5.000 hommes avec des<br />

approvisionnements et des moyens de transport proportionnés.<br />

C'est ainsi du reste que nous entendions le constituer, mais au<br />

jourd'hui nous ne pouvons faire un tel effort. Il faut se borner à<br />

mettre le général de La Moricière en mesure d'occuper active<br />

ment la province d'Oran ; il faut qu'il soit assez fort pour tenir<br />

la campagne, pour pouvoir se montrer à Abd el-Kader et le battre<br />

au besoin, mais il ne faut pas organiser à Oran un corps expédi<br />

tionnaire suffisant pour aller fonder à Tlemcen ou à Mascara des<br />

établissements permanents.<br />

Il faudra, pendant la campagne d'automne, vous attacher à<br />

contenir la province de Constantine et à consolider vos établisse<br />

ments de Médéa et de Miliana dans les provinces d'Alger et de<br />

Titteri. Il y aura là de quoi fournir un objet à la guerre et prou<br />

ver à Abd el-Kader que nous ne ralentissons pas nos efforts. Le<br />

combat qu'il vient de nous livrer à Médéa prouve qu'il veut venir<br />

nous chercher et qu'il ne fuira pas les rencontres. Nous aurons<br />

donc l'occasion de le combattre, de continuer à l'épuiser, sans nous<br />

enfoncer davantage dans le pays et sans nous condamner à lais-


-13 —<br />

ser sur le sol de nouvelles garnisons avec obligation de les secou<br />

rir. L'activité de la guerre ne sera pas moindre, mais elle se fera<br />

plus près de nous et exigera moins de monde. Rien du reste ne<br />

nous empêchera d'aller à Médéa même détruire l'établissement<br />

d'Abd el-Kader le plus voisin. La guerre devra donc avoir en au<br />

tomne le même théâtre qu'au printemps et pourra être tout aussi<br />

active et tout aussi énergique.<br />

Cette nouvelle situation fait tomber la question de savoir si<br />

vous laisserez à Alger un de vos lieutenants pour aller prendre<br />

le commandement des opérations à Oran ; vons voudrez probable<br />

ment rester là où les opérations auront le plus d'activité, c'est-à-<br />

dire entre Alger, Médéa et Miliana.<br />

M. le ministre de la guerre vous enverra les renforts néces<br />

saires pour réparer les pertes que vous avez faites, soit par le feu,<br />

soit par les maladies ;<br />

rien ne vous sera refusé pour soutenir<br />

dignement la guerre, mais il nous est impossible de vous envoyer<br />

jusqu'à 80.000 hommes, comme nous l'aurions voulu, si les événe<br />

ments en Europe nous l'avaient permis et dans un but qui était le<br />

nôtre, celui de finir promptement la guerre. Je sais bien que cer<br />

tains esprits croiront imaginer un plan meilleur en conseillant<br />

de porter tout de suite 80 ou 90.000 hommes en Afrique pour<br />

terminer la guerre d'une manière prompte et décisive,<br />

afin de<br />

pouvoir se reporter ensuite en France après en avoir fini avec Abd<br />

el-Kader. Cela peut paraître solide et brillant au premier aspect,<br />

mais, au fond, cela ne serait pas sage. On n'en aura pas fini avec<br />

Abd el-Kader tant qu'il conservera une forte espérance. Vous<br />

porteriez 100.000 hommes en Afrique aujourd'hui,<br />

riez de vos soldats,<br />

vous l'inonde<br />

que les Arabes se soumettraient pour un ins<br />

tant. Abd el-Kader s'enfuirait au désert et reparaîtrait après le<br />

retour en France de la grande masse de vos forces. Vous en seriez<br />

pour un grand déplacement inutile. Cette grande manière de pro<br />

céder ne serait bonne et n'aurait de résultats que si vous étiez en<br />

pleine paix, si, après un grand coup porté, vous n'étiez pas pressé<br />

de revenir et si vous ne laissiez pas à Abd el-Kader toutes les<br />

espérances que doit exciter en lui la possibilité d'une guerre euro<br />

péenne. Se tenir solidement sur le terrain qu'on occupe doit donc<br />

être l'objet de la prochaine campagne.<br />

Les mêmes considérations nous obligent à ajourner une par<br />

tie des travaux que vous demandez. Il faut vous restreindre à ce


— 14 —<br />

qui est indispensable pour loger les troupes et mettre nos prin<br />

cipales places à l'abri de l'ennemi. Il faudrait revoir vos proposa<br />

tions et en extraire ce qu'il y<br />

aurait de plus urgent à exécuter<br />

pour mettre la ville et le port d'Alger à l'abri d'une attaque mieux<br />

dirigée que celles que pourraient tenter les Arabes. Vous pourriez<br />

y joindre vos propositions pour les points les plus indispensables<br />

de la côte, tels qu'Oran, Philippeville et Bône. Il faut nous dire<br />

aussi quels seraient les travaux qui pourraient, dans le cas d'une<br />

guerre européenne,<br />

vous assurer une partie de la plaine de la<br />

Métidja, afin de vous y nourrir et de vous passer de communica<br />

tions aussi fréquentes que celles qu'on entretient en temps de<br />

paix. Je ne vous dissimule pas que la possibilité d'une guerre<br />

nous rend plus évidente encore la nécessité d'un obstacle continu<br />

autour de la plaine. Si le temps ne devait pas manquer, je serais<br />

d'avis d'y travailler sur-le-champ. Sans ce moyen d'occuper la<br />

plaine, les troupes françaises pourraient se trouver privées des<br />

ressources les plus indispensables à la vie. Elles seraient exposées<br />

à dépendre des arrivages toujours incertains de la mer. Le gou<br />

vernement se propose d'approvisionner l'Afrique pour un an ou<br />

deux ; mais, dites-nous si vous auriez des magasins suffisants ou<br />

des abris qui pussent en tenir lieu.<br />

Il faudra enfin, monsieur le Maréchal, porter votre esprit<br />

sur le moyen de renvoyer en France, après la campagne d'autom<br />

ne, une partie de vos troupes aguerries pour les remplacer par<br />

d'autres ; le nombre total ne sera pas diminué, mais il y a des<br />

régiments dont les qualités acquises en Afrique nous seraient pré<br />

cieuses et dont les fatigues, d'ailleurs, méritent quelque repos.<br />

Du reste, monsieur le Maréchal, n'allez pas conclure de tout<br />

ce que je vous dis ici que la guerre est imminente ; il s'en faut.<br />

La paix est encore plus probable que la guerre, mais le gouverne<br />

ment doit toujours se conduire dans la pire des suppositions afin<br />

de n'être pas pris au dépourvu. Soyez assuré qu'aucune ressource<br />

ne vous manquera pour remplir activement et dignement votre<br />

tâche ; que moi, en particulier, je m'appliquerai à vous seconder<br />

de mon mieux ; soyez convaincu aussi que le département de la<br />

guerre a l'intention de vous aider puissamment. Ayez toute con<br />

fiance à cet égard et dirigez votre conduite en conséquence.


— — 15<br />

7<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Girod de l'Ain, -<br />

p. 298 note 1 extrait)<br />

11 septembre 181$<br />

Le gouvernement du Roi reconnaît qu'il y a nécessité de faire<br />

la guerre contre Abd el-Kader et ses partisans pendant la saison<br />

d'automne et probablement aussi pendant celle du printemps pro<br />

chain. Il vous autorise donc à reprendre dès que la saison le per<br />

mettra, l'offensive contre Abd el-Kader,<br />

en renforçant la garnison<br />

de Médéa, de manière à pouvoir opérer dans la région du haut<br />

Chélif pour ravitailler Miliana,<br />

si toutefois vous reconnaissez<br />

qu'il n'y ait pas trop de dangers à y laisser garnison. Le but sera<br />

aussi de détruire les établissements de l'émir qui ne seront pas<br />

jugés hors de notre portée et de parcourir la vallée du Chélif<br />

dans la direction de l'Ouest pour faciliter par une diversion effi<br />

cace les mouvements de la division d'Oran. Celle-ci devra tenir<br />

campagne de manière à inquiéter sérieusement l'ennemi, à lui<br />

faire éprouver des pertes considérables, à ébranler l'autorité de<br />

l'émir sur les tribus, à attirer celles-ci dans notre alliance, à faire<br />

peser sur celles qui resteront hostiles tout le poids de la guerre,<br />

enfin à se porter sur ceux des établissements de l'émir qui ne<br />

seraient pas trop éloignés et dont la perte lui serait le plus sen<br />

sible. Pendant ces opérations dont la durée devra être abrégée<br />

autant que possible, il conviendra, ainsi que vous le proposez, de<br />

couvrir la province de Constantine par un corps mobile d'une<br />

force respectable qui aurait pour instructions de manœuvrer en<br />

avant de Sétif , mais non pas d'y fonder une nouvelle place et un<br />

nouveau camp permanent.<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre H.M.A. VIII - p. 204)<br />

Paris, le 8 septembre 181$<br />

Il serait d'un fâcheux effet que l'intendance de l'armée d'Afri<br />

que ne se crût pas dans la dépendance du pouvoir militaire et<br />

qu'elle osât le déclarer publiquement. D serait encore plus fâcheux


— 16 —<br />

que son action s'exerçât comme si l'intendance n'avait en Afri<br />

que d'ordres à recevoir de personne. Mais, s'il en était ainsi, vous<br />

auriez tout pouvoir pour faire rentrer dans l'ordre l'administra<br />

tion et ses agents, de quelque rang qu'ils fussent. Je l'avoue, tou<br />

tefois, j'aurais peine à comprendre qu'un administrateur, quel qu'il<br />

fût, pût contester l'autorité à laquelle appartient la direction pre<br />

mière de tout le service.<br />

La libre disposition de toutes les ressources réunies en Algé<br />

rie vous appartient,<br />

monsieur le Maréchal, sans autre contrôle<br />

que celui résultant de votre responsabilité de général en chef,<br />

mais le ministre de la guerre,<br />

chargé de pourvoir à tous les be<br />

soins de l'armée, doit conserver son action directe sur les agents<br />

administratifs pour l'exécution des règlements et la réalisation<br />

des approvisionnements sur tous les points où ils sont jugés néces<br />

saires.<br />

J'apprécie les difficultés qui vous entourent, mais il y aurait<br />

de l'injustice à ne pas reconnaître aussi combien la tâche de l'ad<br />

ministration est rude en Afrique et quels obstacles elle a à sur<br />

monter à chaque pas.<br />

Valée au Ministre de la Guerre (1)<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 1382)<br />

Alger, le 13 septembre 181^0<br />

Le colonel Levasseur a attaqué les troupes d'Abd el-Kader<br />

à Medzergah en avant de Sétif. Le bataillon régulier a été entou<br />

ré ; il a perdu son drapeau ; 115 cadavres sont restés sur la place<br />

et l'ennemi a eu un grand nombre de blessés.<br />

Nous avons eu 5 tués et 24 blessés.<br />

L'ennemi a abandonné la Medjana où le général Galbois a dû<br />

arriver le 7.<br />

La province d'Alger est tranquille.<br />

(1) Dépêche télégraphique de Toulon le 17 septembre à 11 h. 30.


— 17-<br />

10<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Alger, le 13 septembre 1840<br />

La tranquillité de la province d'Alger n'a pas été troublée<br />

depuis le dernier courrier. J'ai porté des colonnes sur Coléa, Blida<br />

et le Fondouk ; elles n'ont pas aperçu l'ennemi.<br />

Le général de Lamoricière a rendu compte à V.E. de la ten<br />

tative faite pour enlever les troupeaux des Douairs et des Smelas<br />

et de la conduite du lieutenant-colonel Smidt du 13e léger, dans<br />

cette circonstance. Cet officier supérieur que je ne connais pas<br />

personnellement paraît avoir toutes les qualités nécessaires pour<br />

faire un bon chef de corps et je le recommande à votre bienveil<br />

lance.<br />

Abd el-Kader se prépare à soutenir vigoureusement la lut<br />

te ; il a préparé l'évacuation de toutes les places qu'il occupe en<br />

ce moment et il recrute partout pour ses bataillons réguliers ; il<br />

exploite surtout avec habileté et succès les probabilités de guerre<br />

européenne et les embarras qu'il prévoit pour la France.<br />

Le courrier de Constantine est arrivé la nuit dernière ; il m'a<br />

apporté la nouvelle d'un combat qui a eu lieu en avant de Sétif :<br />

un bataillon régulier d'Abd el-Kader a été enfoncé et a perdu son<br />

drapeau. Voici le rapport succinct que m'a adressé le général Gai-<br />

bois sur cette affaire.<br />

« Mila, le 3 septembre : Ayant été informé que les troupes<br />

« d'Abd el-Kader étaient venues camper à trois lieues de Sétif,<br />

« j'ai donné l'ordre à M. le colonel Levasseur de les attaquer im-<br />

« médiatement. J'avais mis à la disposition de cet officier supé-<br />

« rieur des forces suffisantes. En conséquence, une colonne est<br />

« sortie de Sétif, le 1"<br />

de ce mois et, ayant rencontré l'ennemi<br />

« l'a abordé sur le champ avec la plus grande vigueur. 4 escadrons<br />

« des 3° et 4e régiments de chasseurs d'Afrique ont chargé sur<br />

« un bataillon régulier formant le carré, l'ont enfoncé et lui ont<br />

« enlevé un drapeau qui a été pris par un maréchal-des-logis du<br />

« 4° de chasseurs. L'ennemi, commandé par Hadj Mustapha, a<br />

« montré de la résolution dans cette affaire et a soutenu assez


■18 —<br />

« bien le choc de notre cavalerie,<br />

mais il n'en a pas moins juge<br />

« prudent de lever son camp ; les forces qu'il a présentées ont<br />

« été évaluées à 3.000 hommes de cavalerie, 1.200 fantassins et<br />

« 2 pièces de canon. Il a laissé 115 tués sur le champ de bataille,<br />

« le nombre de ses blessés paraît très grand et ne saurait être<br />

« apprécié. De notre côté,<br />

nous avons eu 24 blessés et 5 tués<br />

« parmi lesquels se trouve malheureusement M. de Lesparda, chef<br />

« d'escadron au 4e régiment de chasseurs.<br />

« Cette affaire a produit un bon effet moral dans le pays et<br />

« fait honneur aux troupes de la division qui se sont conduites<br />

« avec leur bravoure accoutumée. Je suis en marche pour Sétif où<br />

« j'arriverai sous peu de jours. A ma sortie de Constantine, j'ai<br />

« été accompagné par les principaux indigènes et une grande par-<br />

« tie de la population. Sur ma route, je reçois des protestations<br />

« de dévouement de la part des indigènes ».<br />

Un second rapport daté de Djemila, le 5 septembre, contient<br />

les renseignements suivants :<br />

« Depuis l'affaire du 1er<br />

de ce mois, dont j'ai eu l'honneur de<br />

« vous rendre compte, l'ennemi n'a pas reparu ; il s'est au con-<br />

« traire retiré dans les montagnes d'Aïn Turco.<br />

« Les différentes nouvelles que je reçois m'annoncent comme<br />

« très positif qu'Abd el-Kader a envoyé à son frère 10 cavaliers<br />

« porteurs de dépêches importantes ;<br />

on assure que l'émir an-<br />

« nonce sa prochaine arrivée dans la Medjana et qu'il recommande<br />

« de ne pas engager son infanterie régulière qui devra lui servir<br />

« de noyau pour l'insurrection de la province.<br />

« Jusqu'à présent, il n'y a eu.de défection de la part des tri-<br />

« bus que de celles qui sont les plus rapprochées du camp ennemi<br />

« parce qu'elles craignent des razzias de sa part ».<br />

Dans un troisième rapport daté de Djemila, le 6 septembre,<br />

le général Galbois s'exprime ainsi :<br />

« L'ennemi n'a pas reparu depuis le 1"<br />

septembre et S'est<br />

« retiré dans les montagnes du côté de Zamorah ; d'après les<br />

« différents rapports des Arabes, il paraît qu'une nouvelle colon-<br />

« ne commandée par El-Berkani est en marche pour se rendre<br />

« dans la Medjana et que Hadj Mustapha, frère d'Abd el-Kader,<br />

« est allé au devant d'elle.


— 19-<br />

« L'affaire de Medzergha a eu d'heureux résultats et fait<br />

« beaucoup d'honneur à nos armes, principalement à la cavalerie ;<br />

« elle a arrêté les défections et rendu la confiance aux indigènes<br />

« qui nous sont restés dévoués. J'ai appris par les Arabes que<br />

« l'ennemi avait perdu beaucoup plus de monde qu'on ne le disait<br />

« d'abord. J'aurai l'honneur de vous adresser un rapport détaillé<br />

« sur cette affaire.<br />

« Il vient de m'arriver un jeune Arabe qui est en marche<br />

« depuis vingt jours pour vous apporter des nouvelles de Tedjini,<br />

« du cheikh de Laghouat et d'un de vos émissaires nommé Moha-<br />

« med Caroni ; il annonce qu'un khalifa d'Abd el-Kader est venu<br />

« dans la ville de Laghouat du Sahara, y<br />

a levé des contributions<br />

« et a voulu ensuite emmener avec lui les chefs du pays comme<br />

« otages ; mais les habitants se sont révoltés,<br />

ont massacré tous<br />

« les soldats d'Abd el-Kader et se sont emparés de deux pièces<br />

« de canon qu'ils avaient avec eux ; il assure aussi que la ville<br />

« d'Ain Madhi commence à se rétablir et que tous les anciens<br />

« habitants sont rentrés. Ci-joint la lettre de Tedjini et celle du<br />

« cheikh de Laghouat ». V.E. trouvera ci-joint copie de ces deux<br />

lettres.<br />

« L'état sanitaire est bon ici de même qu'à Milah ; il n'y a<br />

« pas plus de malades que dans les temps ordinaires ».<br />

Dans un rapport de Constantine, du 1"<br />

septembre, le général<br />

Galbois me rend compte des faits suivants :<br />

« La colonne que j'avais envoyée à Aïn Babouch, dans le but<br />

« d'observer la frontière de Tunis et de faciliter le payement de<br />

« la contribution imposée aux habitants, vient de rentrer à Cons-<br />

« tantine,<br />

rapportant 80.000 boudjoux qui proviennent de cette<br />

« contribution. Le colonel Josse a parfaitement conduit cette opé-<br />

« ration et se loue beaucoup de l'accueil qu'il a reçu chez les<br />

« Haractas dont il regarde la soumission comme franche et sin-<br />

« cère. Les principaux chefs de cette importante tribu, sachant<br />

« que j'allais partir,<br />

sont venus me voir pour m'en confirmer<br />

« l'assurance ; ils m'ont apporté un paquet de lettres et de pro-<br />

« clamations d'Abd el-Kader encore cachetées et sont bien déci-<br />

« dés à ne pas prendre parti pour lui.<br />

« Les Nemenchas ont attaqué et poursuivi Achmet Bey qui<br />

« s'est réfugié sur le territoire des Hannenchas. Cette tribu, sans


— 20 —<br />

« être hostile, ne peut cependant être considérée comme soumise ;<br />

« elle ne paye pas ses contributions et ses chefs ne se rapprochent<br />

« pas de nous. Ce sera un compte à régler plus tard. Le bey de<br />

« Tunis est rentré dans sa capitale. Tout est tranquille sur cette<br />

« frontière, mais ses sujets ne sont pas bien<br />

« égard ; plusieurs chefs ont refusé de se<br />

intentionnés à son<br />

rendre auprès de lui<br />

« et ont demandé si on serait disposé à les recevoir sur le terri-<br />

« toire de France ».<br />

Les rapports que je reçois de Philippeville me font connaître<br />

qu'une certaine agitation règne chez les Kabyles. J'espère que la<br />

nouvelle du combat de Medzergha les<br />

contiendra. El Berkani n'a<br />

pu marcher au secours d'Hadj Mustapha ; il était, le 30 août,<br />

devant Médéa avec les bataillons réguliers de Médéa et de Sebaou,<br />

et je vais attirer son attention sur la province de Titteri. Abd el-<br />

Kader est dans l'ouest et malade, d'après les rapports parvenus<br />

au général Lamoricère. Les bruits de l'arrivée de ces deux chefs<br />

dans la Medjana sont donc faux, mais répandus par les partisans<br />

de l'émir afin d'agiter les populations.<br />

La position du général Galbois va devenir plus forte chaque<br />

jour ; les hommes qui sortiront des hôpitaux augmenteront l'effec<br />

tif de ses bataillons. 1.246 hommes ont dû être embarqués, le 10,<br />

à Toulon et à Port Vendres pour Philippeville ; 200 cavaliers doi<br />

vent être dirigés sur le 4e régiment de chasseurs ; déjà 240 cava<br />

liers ont été envoyés d'Alger pour ce régiment et le 3e.<br />

Afin d'augmenter encore les forces dont dispose le général<br />

Galbois, je l'ai autorisé à porter à 1.000 hommes le bataillon de<br />

tirailleurs de Constantine et je lui ai prescrit de former immé<br />

diatement deux nouveaux escadrons de spahis irréguliers. Ces<br />

forces suffiront, mais il faut qu'elles soient conduites avec intel<br />

ligence et activité. Je ne cacherai pas à V.E. que je n'ai pas trouvé<br />

que le général Galbois se fût porté assez rapidement dans la<br />

Medjana. Je dois croire que d'importantes affaires l'ont retenu,<br />

mais je désire qu'un maréchal-de-camp<br />

soit chargé du comman<br />

dement de Sétif et je renouvelle la demande que j'ai faite précé<br />

demment à cet égard.<br />

Les événements qui semblent menacer la province de Cons<br />

tantine font un devoir plus impérieux de conmmencer de bonne<br />

heure la campagne d'automne. Je m'y prépare, mais je dois rap-


-21-<br />

peler à V.E. que l'armée d'Afrique ne peut subir en ce moment<br />

aucune réduction et que le départ du 2e léger serait très fâcheux.<br />

Les corps venus récemment en Afrique n'ont pas encore l'habi<br />

tude de la guerre et l'énergie nécessaire pour la soutenir au milieu<br />

des privations qui leur sont imposées.<br />

L'approvisionnement des places de Coléa et du Fondouk est<br />

complet jusqu'au 1er<br />

avril 1841. La place de Blida, outre l'approvi<br />

sionnement nécessaire à l'approvisionnement de la garnison, ren<br />

ferme 1.100.000 rations complètes destinées aux places de Médéa et<br />

de Miliana et 400.000 rations complètes destinées aux troupes expé<br />

ditionnaires. Je fais réunir en outre dans cette place tout le mo<br />

bilier nécessaire pour les hôpitaux de Médéa et de Miliana. Un<br />

dernier convoi qui partira cette semaine complétera l'approvision<br />

nement ordonné par moi.<br />

Les approvisionnements dans les provinces d'Oran et de Cons-<br />

tantine ne sont pas dans une situation aussi favorable. A Oran, il<br />

n'existe que pour 38 jours d'orge ; à Sétif, l'approvisionnement<br />

n'est pas complet. L'ordre donné par V.E. de laisser l'intendance<br />

militaire prévoir et pourvoir aux besoins des troupes et de laisser<br />

les officiers généraux en dehors de cette partie si importante du<br />

service a produit de fâcheux résultats. Il faut en revenir aux rè<br />

gles suivies de tout temps dans les armées bien organisées, sous<br />

peine de voir échouer toutes nos opérations et, contrairement à<br />

votre dépêche du 8 avril dernier,<br />

rendre aux officiers généraux<br />

le droit de surveiller les approvisionnements afin de s'assurer que<br />

les ordres du commandant en chef ont été exécutés et de lui ren<br />

dre compte. Prévoir les besoins et surveiller l'exécution des ordres<br />

donnés, telle a toujours été, telle devra toujours être la mission du<br />

commandement. Pourvoir en vertu des ordres qu'elle reçoit, tel<br />

est le seul rôle de l'administration militaire. J'ai donné des ordres<br />

d'urgence pour que les approvisionnements d'Oran soient portés<br />

au complet et je charge le général Lamoricière de veiller à leur<br />

exécution.<br />

Le fâcheux état des approvisionnements est la conséquence<br />

immédiate du principe faux qui rend l'intendance militaire indé<br />

pendante de l'autorité militaire pour l'approvisonnement de l'ar<br />

mée et la nourriture des troupes. C'est à ce principe qu'à l'inten<br />

dance militaire appartient le droit de prévoir et de pourvoir sans


— 22 —<br />

contrôle aux besoins de l'armée qu'on doit ce qui arrive aujour<br />

d'hui (à Oran). Ce principe est énoncé dans la lettre ministérielle<br />

du 8 avril dernier ; des marchés sont faits et défaits sans que<br />

l'autorité militaire supérieure en soit informée.<br />

Tel est le résultat de ce système qui compromet le succès<br />

des opérations et ne donne, en présence des grands intérêts enga<br />

gés dans la lutte, que la responsabilité d'un intendant ou d'un<br />

sous-intendant que l'on ne peut atteindre. (1).<br />

Je me prépare à diriger sur Médéa et Miliana les convois des<br />

tinés à ces places. Le général Duvivier n'a pas encore établi le<br />

télégraphe qui doit correspondre avec celui de Djemaâ-Dra. De<br />

ce dernier point on aperçoit les ouvrages 4 et 5 de Médéa et, dans<br />

sa dernière course à Médéa, le général Changarnier et les officiers<br />

du génie qui étaient avec lui ont acquis la certitude que de ces<br />

postes on apercevait parfaitement la redoute de Djemaâ-Dra.<br />

P.S. —<br />

Depuis<br />

quelques jours plusieurs déserteurs des trou<br />

pes régulières de l'émir sont venus se rendre à nous, ils s'accor<br />

dent à dire que la misère est extrême dans les tribus et que les<br />

Kabyles sont très mécontents de l'administration de l'émir.<br />

(1) [ ] Archives de la guerre, H.M.A. VIII,<br />

11<br />

p. 202.<br />

Mohammed Guerzouaou à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2) (1)<br />

Sans cachet et sans date<br />

J'ai l'honneur de vous exposer que lorsque je suis arrivé chez<br />

le seïd Mohammed ben Ahmed el Tedjini et chez l'honorable Seïd<br />

Cheikh Ahmed ben Salem, ils ont été très contents. J'ai passé<br />

une journée à causer avec eux ; j'ai vu que leur amitié pour les<br />

(1) Traduction Zaccar datée du 13 septembre. Jointe à la lettre de Valée<br />

au Ministre de la Guerre du 13 septembre 1840.


— 23 —<br />

Français est réelle et que leur haine contre Abd el-Kader est sin<br />

cère. Alors je leur ai remis votre lettre et je leur ai communiqué<br />

les choses dont vous m'aviez chargé pour eux. Leur joie s'en est<br />

augmentée ainsi que l'amitié qu'ils ont pour vous. Ils ont fait<br />

inviter à venir tous les grands des Arabes et des villes. Quand<br />

ceux-ci ont été réunis, nous leur avons parlé secrètement de<br />

toutes ces affaires ; ils ont été tous contents et charmés, mais<br />

on me dit : « Nous avons confiance en vous, mais nous ne voulons<br />

pas rendre publiques ces propositions de peur que,<br />

si les Français<br />

n'agissent pas selon leurs paroles, nous ne soyons regardés comme<br />

des menteurs et qu'on ait le droit de nous insulter, mais nous<br />

continuerons à attaquer Abd el-Kader ». Alors les troupes se<br />

sont réunies et nous sommes tous partis pour Aïn Madhi et nous<br />

l'avons reconstruit mieux qu'auparavant. Puis l'on y a laissé une<br />

partie des troupes de chaque village et de chaque tribu. Ensuite,<br />

je leur ai demandé de partir ; on a fait préparer pour m'accom-<br />

pagner par ordre du Seïd Mohammed et de Yahya, cheikh de La<br />

ghouat, un homme de chaque tribu, sous prétexte d'un pèlerinage<br />

à la Mecque ; mais voilà qu'un homme qui s'était enfui des pri<br />

sons du sultan est arrivé chez eux et leur a dit qu'un homme de<br />

Laghouat nommé Saïd Haddad avait apporté au sultan une<br />

lettre écrite par des gens d'Alger dont il ne savait pas les noms,<br />

que, dans cette lettre on instruisait le sultan de tout ce qui se<br />

passait à Alger ;<br />

qu'alors le sultan avait fait mettre des hommes<br />

de garde sur toutes les routes. Cette nouvelle a fait peur aux dé-<br />

putations qui ont craint d'être arrêtées par les gardes. Alors on<br />

m'a dit : « Nous ne savons pas si réellement nous pourrons avoir<br />

ce dont vous nous avez parlé, attendu qu'il n'est pas fait mention<br />

dans la lettre du maréchal : écrivez-lui, nous lui écrirons aussi ;<br />

si nous ne pouvons obtenir de lui cette affaire, nous vous ferons<br />

accompagner par une escorte jusqu'à Constantine ainsi que notre<br />

députation ». Nous avons envoyé déjà plusieurs courriers pour<br />

vous instruire de cela,<br />

mais ils ont tous été arrêtés par le sultan<br />

qui a fait tuer les uns et mettre les autres en prison ; on n'a voulu<br />

me laisser retourner près de vous qu'avec la députation ; c'est<br />

pour cela,<br />

monsieur le maréchal, que je vous prie de daigner me<br />

répondre, si vous le voulez bien.


— 24-<br />

12<br />

Yahyia ben Zaanoun à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2) fl.)<br />

A S.E. M. le maréchal,<br />

15 djamad el rani 1B56<br />

que Dieu fasse durer son élévation.<br />

Le salut, la miséricorde et la bénédiction de Dieu soient sur vous,<br />

de la part du cheikh de Laghouat, Yahyia ben Zaanoun.<br />

Sachez que nous sommes fidèles à l'amitié et à l'alliance que<br />

nous avons contractées avec vous,<br />

nous faire changer,<br />

tellement que rien ne pourra<br />

ni le temps ni l'éloignement, qu'enfin rien ne<br />

pourra nous séparer de vous. Lorsque votre envoyé, le fidèle, le<br />

vertueux, l'intelligent Seïd Mohammed ben el-Mouloud nous a ins<br />

truits de vos intentions, de votre loyauté, de votre sincérité, de<br />

votre capacité et nous a transmis vos promesses, l'amitié que nous<br />

vous portons s'en est accrue ; elle s'est renouvelée, elle a pénétré<br />

dans notre cœur et s'y est gravée si profondément qu'avec l'aide<br />

de Dieu, elle ne changera jamais. Enfin nous avons reconstruit<br />

Aïn Madhi qui est maintenant beaucoup plus fort qu'auparavant<br />

et en état de repousser les attaques d'Abd el-Kader ben-Mahiddin<br />

auquel nous ne laisserons plus de repos dans tout le pays des Ara<br />

bes du Sahara. Nous regardons Abd el-Kader comme au-dessous<br />

du plus faible des hommes ; quant à nous,<br />

nous sommes son en<br />

nemi et nous serons son vainqueur. Pour vous, il faut que vous<br />

consentiez à nous aider en nous fournissant du matériel de guerre<br />

tel que pièces de canon, poudre, balles, fusils et autres objets dont<br />

les troupes ont besoin.<br />

Lorsque votre envoyé est arrivé près de nous, nous avons<br />

ordonné à toutes les tribus et aux Kabyles qui sont nos voisins<br />

de venir à nous ; ils y sont venus en effet et nous les avons déci<br />

dés à se déclarer pour vous et à se ranger sous vos ordres contre<br />

l'autre ; enfin vous pouvez être tranquille sur tout le Sahara et<br />

les environs ; ils ne sont qu'à vous. Nous n'avons pas laissé votre<br />

envoyé retourner chez vous, parce que nous voulons le faire ac<br />

compagner par quelques-uns de nos notables. Nous vous avons<br />

(1) Copie de la traduction faite par l'interprète principal Zaccar, jointe<br />

à la dépêche de Valée au Ministre de la Guerre du 13 septembre 1840.


25 —<br />

déjà écrit six fois ; nous n'avons pas reçu de réponse ; lorsque<br />

nous aurons reçu de vous une réponse revêtue de votre cachet,<br />

nous vous renverrons votre envoyé ;<br />

ce Seïd s'occupe toujours de<br />

vos affaires avec zèle et fidélité. Nous avons reçu plus de vingt<br />

lettres d'Abd el-Kader ; maintenant nous n'avons voulu ni l'écou<br />

ter ni lui répondre. Salut.<br />

Ecrit le 15 Djamad el Rani 1256.<br />

13<br />

Tedjini à Valée (1)<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Sans date<br />

Louange à Dieu seul qui bénit Notre Seigneur Mohammed<br />

et ses compagnons.<br />

Le salut soit sur vous et sur ceux qui sont autour de vous<br />

et pour vous.<br />

De la part de Ahmed ben Mohammed el-Tedjini au maréchal,<br />

grand des chrétiens.<br />

Sachez que nous sommes fidèles à l'amitié et à l'alliance que<br />

nous avons contractée avec vous et qui ne peuvent être rompues<br />

ni par le temps ni par l'éloignement. Mohammed, le vertueux<br />

amin, vous instruira de nos intentions. Depuis son arrivée de chez<br />

vous, nous et le cheikh Ahmed nous travaillons avec intelligence<br />

à ourdir des ruses. Aussi avons-nous détruit tous les liens qu'Abd<br />

el-Kader avait formés avec les gens du Sahara et les Arabes. Nous<br />

attendons votre sortie, mais vous tardez ; hâtez-vous de sortir<br />

promptement et sans crainte. Lorsque nous sommes tombés d'ac<br />

cord avec le cheikh Ahmed, il a fait réunir les Arabes en leur<br />

faisant connaître vos promesses et c'est pour cela que nous vous<br />

demandons de vous hâter de sortir, car vous n'ignorez pas l'état<br />

du pays arabe. Le cheikh Ahmed a envoyé précédemment un<br />

courrier, mais ce courrier a été tué. Salut.<br />

(1) Copie de la traduction faite par l'interprète principal Zacoar jointe<br />

à la dépêche de Valée au Ministre de la Guerre du 13 septembre 1840


— 26-<br />

14<br />

De Lagau (1) à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 128 »)<br />

Tunis, le 18 septembre 18^0<br />

J'ai reçu, il y a quelques jours, la lettre que V.E. m'a fait<br />

l'honneur de m'écrire en date du 1er<br />

elle me recommande la question des limites,<br />

août dernier et par laquelle<br />

que je m'efforcerai<br />

de faire décider à notre profit. Je m'en serais même déjà occupé<br />

si je n'avais reçu des ordres pressants pour terminer les ancien<br />

nes affaires du commerce français à Tunis. Au reste, je dois avoir<br />

la semaine prochaine avec le bey une entrevue, dans laquelle je<br />

commencerai à discuter la question précitée. Ainsi,<br />

sous peu, j'es<br />

père pouvoir vous donner des renseignements plus favorables sur<br />

cette affaire.<br />

Quant à l'ancien bey de Constantine, il se trouve abandonné<br />

de presque tous les siens. Toutefois je renouvellerai au bey mes<br />

représentations relativement à son séjour dans le voisinage de<br />

cette Régence. Je ne manquerai pas non plus de faire valoir toutes<br />

les raisons qui me paraîtront de nature à amener le bey à accorder<br />

l'autorisation nécessaire à l'achat d'une partie des chevaux dont<br />

nous avons besoin pour la remonte des régiments de cavalerie<br />

de l'armée d'Afrique.<br />

(1) Consul Général et Chargé d'Affaires de France à Tunis.<br />

15<br />

Valée au Ministre de la Guerre (1)<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Alger, le 21 septembre 1840<br />

J'ai fait attaquer par le général Changarnier le camp du kha-<br />

lifa Ben Salem sur l'oued Boudouaou. L'ennemi a été complète-<br />

(1) Dépêche télégraphique, de Toulon le 25 septembre 1840.


27 —<br />

ment défait : 129 cadavres indigènes sont tombés en notre pou<br />

voir ; nous avons fait 17 prisonniers, pris 40 chevaux, 200 fusils<br />

et plusieurs mulets. Nous avons eu 1 tué et 6 blessés.<br />

La province d'Alger est tranquille. Le bateau de Bône n'est<br />

pas arrivé ; celui d'Oran mouille à l'instant.<br />

16<br />

Valée au Ministre de la Guerre (1)<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Alger, le SI septembre 1840<br />

Bou Hamidi, khalifa de Tlemcen, a essayé d'enlever auprès<br />

de Misserghin, dans la journée du 6 septembre, une partie des<br />

troupeaux des Douairs. Cette tentative a complètement échoué. Le<br />

lieutenant-colonel de Smidt a suivi l'ennemi jusqu'au-delà de la<br />

Bridia et lui a tué ou blessé quelques hommes ; de notre côté, il<br />

y a eu cinq blessés, mais aucun mortellement.<br />

L'émir est malade à Mascara. La majeure partie des troupes<br />

régulières est dans l'est,<br />

1er<br />

où elles ont été battues, les 29 août et<br />

septembre, par le général Changarnier et le colonel Levasseur.<br />

Ben Thami, khalifa de Mascara, est à Saïda,<br />

où il fait tra<br />

vailler et payer les contributions. Bou Hamidi fait faire des éva<br />

cuations de Tlemcen sur Tafraoua. Le recrutement des troupes<br />

régulières de l'émir continue.<br />

17<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Moniteur, 1" octobre 18ifi)<br />

Alger, le 21 septembre 181fi<br />

L'évacuation momentanée du camp de Kara Mustapha que<br />

j'ai ordonnée pour couper court à une affection scorbutique qui<br />

affligeait les troupes, a ifait naître, comme je l'espérais, une<br />

occasion de battre l'ennemi.<br />

(1) Dépêche télégraphique.


— — 28<br />

Ben Salem, khalifa de l'émir, enhardi par notre mouvement<br />

dont il a mal apprécié la portée, puisqu'en évacuant le camp, j'ai<br />

fait garder le blockhaus, s'est rapproché de nos lignes aussitôt<br />

que la colonne que j'avais envoyée dans l'est a été rentrée dans<br />

le Sahel et, établissant son camp sur le Boudouaou, il fit bloquer<br />

le blockhaus de Kara Mustapha. Le<br />

a une ligne télégraphique avec le Fondouk,<br />

commandant de ce poste, qui<br />

intruisit le colonel<br />

Macquery de l'état des choses et j'en fus informé dans la nuit.<br />

Je me tenais en mesure d'attaquer et, le 18 de ce mois, une<br />

colonne composée de 550 zouaves, 280 tirailleurs, 270 hommes du<br />

17e 1"<br />

léger, 380 chevaux du régiment de chasseurs d'Afrique, 2<br />

sections d'artillerie de montagne et 30 sapeurs du génie,<br />

se for<br />

ma, sous les ordres du général Changarnier, à qui le terrain sur<br />

lequel elle devait agir est bien connu.<br />

Les troupes parties secrètement de leurs divers cantonnements<br />

et réunies, à sept heures et demie du soir à la Maison-Carrée,<br />

s'ébranlèrent à huit heures et demie et, quittant la grande route,<br />

après avoir fait deux lieues, allèrent passer le Hamiz à Benchory,<br />

pour éviter les avant-postes ennemis. Le 19, au point du jour, la<br />

colonne arriva au pied des collines de Kara Mustapha et le général<br />

Changarnier, ayant porté dans la vallée du Boudouaou un demibataillon<br />

de zouaves et toute la cavalerie, se dirigea lui-même,<br />

avec le reste de ses troupes, sur le camp de Kara Mustapha, que<br />

l'ennemi occupait par un poste, Ben Salem ayant placé son infan<br />

terie entre le camp et la fontaine et sur le terrain qui entoure le<br />

blockhaus.<br />

Aux premiers coups de fusil tirés par le poste arabe, la char<br />

ge battit de notre côté ; l'ennemi surpris se sauva dans le plus<br />

grand désordre dans la direction du Boudouaou, vivement suivi<br />

par le général Changarnier qui rejoignit sa cavalerie, qui,<br />

en ce<br />

moment, débouchait dans la vallée. La cavalerie arabe parvint à<br />

se rallier sur la rive droite du Boudouaou ; mais le général Chan<br />

garnier, ayant fait rapidement passer la rivière au 1er<br />

de chas<br />

seurs d'Afrique, que l'infanterie se prépara à soutenir, l'ennemi<br />

fut de nouveau abordé vigoureusement,<br />

escadrons du 1"<br />

1"<br />

escadron.<br />

coupé en deux par les<br />

régiment, sabré et dispersé complètement par le<br />

129 cadavres indigènes restèrent sur la place ; 17 prison<br />

niers, dont 5 sont morts de leurs blessures, restèrent entre nos


— 29-<br />

mains : 40 chevaux, quelques mulets, 200 fusils et beaucoup d'au<br />

tres armes et des bagages furent pris. Le cachet et la lunette de<br />

Ben Salem furent trouvés sur le terrain et,<br />

remarqua Hadj Omar,<br />

parmi les morts, on<br />

caïd des Issers et plusieurs cheikhs im<br />

portants. L'ennemi se retira dans le plus grand désordre, les cava<br />

liers et fantassins des tribus s'éloignèrent par petits groupes pour<br />

gagner leurs habitations ; l'escadron régulier de Ben Salem, qui<br />

compte habituellement 150 hommes, en a perdu 44.<br />

La force de l'ennemi avant l'attaque a été évaluée à 1.200<br />

cavaliers, 200 fantassins réguliers et 5 à 600 Kabyles. Notre perte<br />

est un homme tué et six blessés, la plupart légèrement.<br />

Dans cette brillante expédition, le général Changarnier a<br />

montré beaucoup d'habileté et de vigueur. Il cite,<br />

fait remarquer d'une manière particulière :<br />

comme s'étant<br />

Dans le corps royal d'état-major : MM. de Mac Mahon, capi<br />

taine et Bourcet, lieutenant.<br />

Dans les zouaves : le chef de bataillon Leflô, le capitaine Gau-<br />

therin, le sergent Croillet, le caporal Guillarmi, les fusiliers Du-<br />

coédré, Pelletier et Jalabert.<br />

Dans les tirailleurs : le chef de bataillon Ladmirault, le capi<br />

taine Crignon, le lieutenant Jaubert de Pasta, le sergent Camps,<br />

le caporal Habet.<br />

Dans le 1"<br />

chasseurs d'Afrique, le lieutenant-colonel Tartas,<br />

le capitaine Boyer, le lieutenant de Lapérouse, les maréchaux-des-<br />

logis Regnault, de Coels,<br />

et le brigadier Salendre.<br />

Dans l'artillerie, le capitaine Bonami.<br />

Dans le génie : le capitaine de Villégier.<br />

L'ennemi ne se montrant dans aucune direction, la colonne<br />

rentra le 30 à Alger.<br />

18<br />

De Lagau à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, I.E. 128 8)<br />

Je viens d'avoir avec le bey<br />

Tunis, le 23 septembre 1839<br />

une longue conférence relative<br />

ment à la question des limites et à celle de la remonte de notre<br />

cavalerie en Algérie. A la solution de la première on m'a opposé


des difficultés,<br />

— 30-<br />

qui me commandent beaucoup de circonspection<br />

et me mettent dans le cas de revenir<br />

plusieurs fois à la charge<br />

avant de pouvoir annoncer à V.E. un résultat à cet égard. Quant<br />

à la seconde j'ai obtenu l'autorisation d'acheter et d'exporter des<br />

chevaux : mais au lieu de m'en accorder<br />

conformément 500, à ma<br />

demande, S;A. n'a consenti qu'au nombre de 150, parce que, selon<br />

le dire général, les chevaux deviennent ici de plus en plus rares<br />

et que, d'ailleurs, Elle craint de voir arriver les prix,<br />

par suite<br />

d'achats considérables, à un taux tel qu'il lui serait impossible<br />

de fournir aux besoins de sa propre cavalerie. Au surplus en ne<br />

faisant point de bruit de la concession qu'on vient de me faire, en<br />

envoyant à Tunis un officier jouissant de l'entière confiance de<br />

V.E., auquel Elle recommanderait d'agir avec prudence et suivant<br />

mes indications, je pense qu'on parviendrait facilement à dépas<br />

ser le nombre précité de 150.<br />

Dans l'espoir d'être informé du parti qu'Elle prendra à ce<br />

sujet, je profite, à la hâte, du départ d'un bâtiment de commerce,<br />

en destination pour Bône et déjà sous voiles,<br />

le faire connaître un moment plutôt.<br />

pour la prier de me<br />

Veuillez, monsieur le maréchal, agréer une nouvelle assurance<br />

de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être.<br />

19<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre, H.M.A. VIII,<br />

C'est avec un sentiment de peine,<br />

p. 205)<br />

24<br />

septembre 1840<br />

que j'ai vu que votre suf<br />

frage, M. le Maréchal, n'est pas acquis à l'intendance et que vous<br />

lui reprochez son esprit d'indépendance et de rivalité envers le<br />

pouvoir militaire. Une telle imputation a un si grand caractère de<br />

gravité qu'elle doit reposer sur des faits positifs et je vous prie<br />

de me faire connaître les circonstances dans lesquelles vous n'avez<br />

pas trouvé dans l'administration le concours que le commande<br />

ment doit en attendre. Vous émettez l'opinion que ce défaut de<br />

concours provient, sans doute, de l'appui qu'elle rencontre dans


— 31 —<br />

l'administration centrale. Mais cet appui, vous le comprendrez,<br />

est la condition de son existence. L'administration, instituée pour<br />

être la gardienne vigilante des règles et des principes qui sont la<br />

sauvegarde du Trésor public,<br />

ne pourrait remplir son mandat, si<br />

elle n'était soutenue par le pouvoir ministériel dont elle est une<br />

émanation ; il est donc nécessaire qu'elle ait liberté d'action dans<br />

les limites de ses attributions.<br />

C'est à l'autorité dont elle dépend de relever les erreurs<br />

qu'elle peut commettre, à la remettre dans la voie qu'elle doit sui<br />

vre, lorsqu'elle s'en écarte. C'est un devoir auquel je ne manque<br />

rai pas, toutes les fois qu'il me sera prouvé que l'intervention du<br />

ministre est nécessaire. Mais, M. le Maréchal,<br />

cette administra<br />

tion, quand elle fait preuve de zèle, de dévouement et de pré<br />

voyance, a droit à des égards de la part de tous et doit trouver<br />

dans votre autorité appui et protection.<br />

Il n'est pas possible de penser, pour le moment, à transporter<br />

en Algérie, l'immense matériel que nécessiterait l'assiette du<br />

casernement établi à l'instar de celui qui existe dans l'intérieur<br />

du royaume.<br />

Les troupes en Afrique sont sur le pied de guerre ; les ser<br />

vices y sont pénibles sans doute, mais il en est tenu compte et ils<br />

sont récompensés avec un empressement qui témoigne tout le<br />

prix qu'ils ont aux yeux du gouvernement. Chaque année de sé<br />

jour en Algérie figure comme double campagne dans les services<br />

des militaires qui y sont employés et cet avantage peut bien en<br />

trer en compensation d'une partie des fatigues et des privations<br />

qu'ils ont à supporter.<br />

20<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Girod de l'Ain Le maréchal Valée, p. 304)<br />

Paris, le 25 septembre 1840<br />

Monsieur le Maréchal, ma dépêche du 4 septembre courant, à<br />

laquelle vous avez répondu le 13 par la demande d'instructions<br />

plus claires et plus précises,<br />

suffisait à la situation. Avant les<br />

premières opérations de cette campagne, vous aviez soumis au


32<br />

gouvernement du Roi un plan complet pour l'exécution duquel<br />

son approbation vous fut donnée. Vous en avez, en effet, exécuté<br />

la première partie et,<br />

si les résultats obtenus ne répondent pas<br />

encore aux espérances qu'il avait été permis de concevoir, ce mé<br />

compte et la crainte qu'il ne s'en produise encore de pareils ne<br />

sont probablement pas le motif qui vous porte à en substituer un<br />

nouveau à votre projet primitif. Si telle eût été votre pensée,<br />

vous n'auriez pas manqué de l'exprimer.<br />

Les affaires d'Orient et leur influence possible sur nos rela<br />

tions avec les autres puissances de l'Europe,<br />

ne seraient pas non<br />

plus, du moins en ce moment, une raison d'abandonner la seconde<br />

partie de votre premier plan et rien ne s'opposerait de ce côté à<br />

ce que l'exécution en fût immédiatement poursuivie. Vous pro<br />

posez maintenant,<br />

pour le cas où les prévisions dont je viens de<br />

vous entretenir feraient hésiter à porter la guerre dans la pro<br />

vince d'Oran, de laisser cette province sur la défensive, de réunir<br />

toutes vos forces sur le haut Chélif afin d'opérer par une seule<br />

ligne sur Taza et Takdempt. Il semble toutefois résulter de l'al<br />

ternative que vous posez que, si la guerre n'éclatait pas en Eu<br />

rope, c'est encore le premier parti qu'il faudrait préférer.<br />

Nous avons surtout à nous préoccuper, monsieur le Maréchal,<br />

des conséquences de vos opérations relativement à l'Algérie elle-<br />

même. Si donc le plan primitif vous paraît aujourd'hui exécutable<br />

et atteindre plus sûrement le but proposé, les éventualités poli<br />

tiques ne vous en doivent aucunement détourner. Pour une telle<br />

situation, si elle devait se réaliser, vous recevriez des instructions<br />

spéciales.<br />

Si, au contraire, vous jugez la modification que vous proposez<br />

en ce moment plus propre à assurer le succès des opérations qui<br />

vous restent à accomplir, vous êtes autorisé à les diriger en con<br />

séquence. Vous aurez toutefois à considérer quels résultats a déjà<br />

produits sur l'esprit des Arabes de l'intérieur et sur la fidélité<br />

de nos alliés la longue défensive dans laquelle la province d'Oran<br />

a été tenue et à examiner s'il est en effet sans danger de la pro<br />

longer.<br />

Nous avons à détruire les forces de l'émir, à ruiner son crédit<br />

sur les tribus, à dissoudre, s'il se peut, le parti redoutable qu'il<br />

est parvenu à se faire. Cette entreprise serait peu avancée quand


— — 33<br />

nous aurions visité et rasé Takdempt et Taza, établissements nais<br />

sants, sans mportance actuelle et dont la perte n'affaiblirait en<br />

aucune manière l'ennemi. Il nous faut poursuivre d'autres résul<br />

tats pour justifier les sacrifices exigés par la guerre que vous con<br />

duisez et je ne doute pas que la nécessité de les obtenir ne vous<br />

soit, comme à moi, toujours présente. Ma dépêche du 4 septem<br />

bre dont je vous confirme ici le contenu avait aussi pour objet<br />

de mettre cette nécessité de plus en plus en évidence.<br />

La situation générale ne s'est pas améliorée depuis le com<br />

mencement de la campagne ; à Oran, elle est restée la même ;<br />

nous occupons, il est vrai, Médéa et Miliana, mais dans des con<br />

ditions jusqu'ici peu favorables ; les partis arabes n'en demeurent<br />

pas moins à peu près maîtres de la plaine et les communications<br />

entre nos postes sont difficiles et rares. Abd el-Kader,<br />

suite de combats heureux pour nos armes,<br />

après une<br />

a pu cependant faire<br />

envahir par ses lieutenants la Medjana et porter la guerre dans la<br />

province de Constantine, où nous n'avions que quelques embarras<br />

intérieurs. Il est urgent de remédier par des opérations heureuses<br />

et décisives à un état de choses dont il y<br />

s'alarmer.<br />

aurait bientôt lieu de<br />

Je n'ai jamais entendu gêner l'exercice du droit qui vous<br />

appartient de vous porter de votre personne là où votre présence<br />

vous paraîtra le plus utile au service du Roi. Quant à la rentrée<br />

en France du 2e léger, je persiste à croire qu'elle eût été sans in<br />

convénients réels à cause de nombreux renforts d'infanterie qui<br />

vous ont été envoyés et qu'elle ne saurait être retardée au-delà<br />

du terme des opérations que vous allez entreprendre.<br />

21<br />

D'IUens à Valée (1)<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Miliana, le 27 septembre I84O<br />

Rapport d'ensemble du 12 juin au 30 octobre 1840<br />

Par votre ordre du 11 juin, vous avez daigné me confier les<br />

fonctions de commandant supérieur de Miliana et vous avez mis<br />

(1) Joint à la dépêche de Valée au Ministre de la Guerre, du 18 octo<br />

bre 1840.


— 34-<br />

sous mes ordres le 2e bataillon du 3e léger et le 4e bataillon de la<br />

légion étrangère, une compagnie de sapeurs et 45<br />

canonmers avec<br />

5 pièces. Le détail des travaux qui ont été exécutés, le récit fidèle<br />

des événements qui ont eu lieu et l'exposé des faits qui se 'sont<br />

passés depuis le 12 juin jusqu'à ce jour, vous prouveront que,<br />

malgré les épreuves pénibles qu'elles ont eu à subir, les troupes<br />

formant la garnison ont dignement rempli la tâche qui leur était<br />

imposée ; ils établiront, je l'espère,<br />

que leur commandant supé<br />

rieur a fait tout ce qui dépendait de lui pour justifier le choix<br />

dont vous l'avez honoré.<br />

Travaux exécutés. — Les<br />

travaux exécutés par les troupes<br />

de la garnison de Miliana depuis le 12 juin, se divisent en travaux<br />

provisoires et en travaux définitifs. Aussitôt après le départ de<br />

l'armée, les travaux de première défense,<br />

qui avaient été com<br />

mencés mais qui étaient peu avancés, ont été continués et com<br />

plétés. Des créneaux, une communication intérieure provisoire ont<br />

été ouverts, les portes et les issues donnant sur la campagne ont<br />

été bouchées ; on a fait de nombreux abattis et on a escarpé les<br />

parties de l'enceinte qui étaient faibles. Dès que la place a paru<br />

présenter une résistance suffisante, on s'est occupé sans relâche<br />

de terminer d'une manière définitive les travaux ébauchés. Les<br />

bastions d'Alger et d'Oran ont été complètement organisés pour<br />

mettre les défenseurs à l'abri. Les trois tours en maçonnerie<br />

entre la porte d'Oran et la Casauba ont été refaites presque à<br />

neuf ; deux de ces tours ont été converties en espèce de grand<br />

blockhaus susceptible d'une très bonne défense et qui flanquera<br />

d'une manière avantageuse cette partie de l'enceinte qui n'a pu<br />

être réparée qu'en partie. Les murs d'enceinte entre la Casauba<br />

et le logement du commandant supérieur et,<br />

au-delà du logement,<br />

du côté de la porte d'Alger, ont été refaits en très grande partie<br />

à partir de la base. Une large communication a été ouverte à tra<br />

vers les maisons entre la porte d'Alger et celle d'Oran, communi<br />

cation qui a été continuée sur le pourtour de la place.<br />

A l'extérieur, la garnison a refait sur une plus grande dimen<br />

sion et avec un réduit la lunette Sartarieu (lunette de gauche)<br />

souvent attaquée par l'ennemi,<br />

Valée (lunette du centre)<br />

elle a presque achevé la lunette<br />

et entièrement terminé la maison cré<br />

nelée et y a établi des logements pour les postes ; elle a organisé<br />

le marabout en avant de la porte d'Alger pour recevoir quelques


— — 35<br />

hommes ; elle a commencé à creuser un fossé dans le roc autour<br />

du marabout près de la Casauba et qui regarde la plaine du Ché<br />

lif. En travaux intérieurs, la garnison a organisé une manutention<br />

et construit un grand four. L'hôpital a été l'objet de sa sollici<br />

tude ; elle y a fait toutes les réparations d'urgence ; elle a fait<br />

150 bois de lit qu'elle est parvenue à garnir d'un matelas et d'un<br />

traversin et, pour quelques-uns d'une paillasse ;<br />

elle a construit<br />

250 autres bois de lit dont plusieurs pourront durer plusieurs<br />

années, étant convenablement conservés. Les ateliers du génie,<br />

qui ont reçu les ouvriers d'art du corps, ont travaillé avec zèle et<br />

activité ; ils ont produit les instruments nécessaires aux travaux<br />

de la place, tels que civières, cadres pour pisé et surtout trois<br />

voitures sans lesquelles il eût été impossible de. refaire l'impor<br />

tante redoute Sartarieu. Plusieurs tables et autres objets ont été<br />

construits pour l'usage des officiers. L'artillerie a exécuté divers<br />

travaux importants ; elle a construit surtout deux grands maga<br />

sins à poudre qui manquaient et où les munitions sont actuelle<br />

ment en sûreté.<br />

Tous ces nombreux travaux d'une nécessité absolue ont été<br />

exécutés pendant les trois mois de l'année où la chaleur se fait<br />

le plus sentir, par des troupes livrées à des privations de toutes<br />

sortes et soumises à un régime alimentaire insuffisant, lorsque<br />

déjà, dès le commencement, plus du tiers d'entre elles était ma<br />

lade et fatigué et lorsqu'elles avaient à nourrir et à garder un<br />

troupeau fort nombreux et à résister aux attaques journalières<br />

d'un ennemi acharné. Les grandes fatigues et les souffrances<br />

qu'il en est résulté pour elles ont eu cela de favorable que Miliana<br />

est devenu pour la France une place forte et utile. Une autre<br />

garnison avec le même zèle et le même dévouement pourra, dans<br />

des circonstances plus propices, en faire, il faut l'espérer, une<br />

petite ville agréable. Pendant les trois mois de chaleur, les tra<br />

vaux ont toujours cessé à neuf heures pour n'être repris qufà<br />

trois heures de l'après-midi.<br />

Subsistances. —<br />

La<br />

conservation des vivres pour la garni<br />

son, la nourriture et la garde du troupeau ont été l'objet de tous<br />

nos soins. M. le commandant Ferrari remplissant les fonctions de<br />

sous-intendant militaire,<br />

n'a cessé d'exercer la plus grande sur<br />

veillance à l'égard des magasins et des distributions ; il a mis<br />

beaucoup<br />

d'ordre dans cette partie du service et il a fait preuve


— 36 —<br />

d'un zèle qui a produit de bons résultats. Lui et moi,<br />

aidés de M.<br />

le capitaine d'artillerie Niqueux, nous avons porté toute notre<br />

attention sur la fabrication du pain et nous avons fait de fré<br />

quentes vérifications des denrées<br />

existantes. En examinant les<br />

états de situation, nous avons reconnu qu'il y avait une différence<br />

assez grande entre les quantités de rations<br />

réellement reçues. Des<br />

annoncées et celles<br />

procès-verbaux ont constaté ces déchets<br />

importants dans notre position. Dès les premiers jours du blocus,<br />

des plaintes m'ont été portées contre la mauvaise qualité et le<br />

défaut de poids du pain de munition. J'ai nommé une commission<br />

et j'ai fait faire des enquêtes. Il a été reconnu que la plupart des<br />

sacs de farine qui nous ont été laissés avaient éprouvé des ava<br />

ries, soit dans les magasins antérieurs, soit pendant le transport ;<br />

que cette farine, formant notre principale nourriture, provenant<br />

en grande partie du blé dur, dit de Tangarock,<br />

pouvait difficile<br />

ment se conserver et qu'elle ne pouvait pas, par quintal métrique,<br />

rendre la quantité de rations voulues par le règlement, qu'elle<br />

était difficile à pétrir, qu'elle contenait un principe aqueux que<br />

la cuisson ne pouvait pas faire disparaître et qu'elle conservait<br />

un goût d'amertume, enfin que, dans l'état où elle était, cette<br />

farine ne pouvait pas donner une nourriture saine et suffisante.<br />

Nous avons fait plusieurs épreuves de cuisson et nous avons rare<br />

ment pu obtenir un pain convenablement cuit. Presque tous les<br />

employés de l'administration des vivres et viandes ayant été plus<br />

ou moins longtemps atteints par les maladies,<br />

cette partie du<br />

service a offert des difficultés que nous avons surmontées avec<br />

peine, malgré tout le zèle et la bonne volonté de M. l'agent comp<br />

table resté malade assez longtemps. Dès le mois de juillet, les<br />

rations pour les officiers ont été réduites à une ration et demie<br />

pour les officiers subalternes et à deux rations pour les officiers<br />

supérieurs.<br />

La différence en moins entre les rations annoncées et celles<br />

réellement reçues est de 30.869 pour la viande, de 13.916 pour le<br />

pain, de 11.700 pour le riz, de 6.300 pour le sel, de 8.969 pour le<br />

sucre et de 3.000 pour le café.<br />

Troupeau. —<br />

La<br />

nourriture et la garde du troupeau nous ont<br />

créé des difficultés et des dangers que nous avons heureusement<br />

surmontés et évités. L'ennemi a fait contre nos bœufs des atta<br />

ques journalières et, pour les mener paître, il a fallu, chaque fois,


37<br />

soutenir de petits combats qui tous ont tourné au désavantage<br />

des assaillants. Il n'est pas arrivé au troupeau le plus léger acci<br />

dent. Seulement 6 bœufs, venus de France au plus fort de la cha<br />

leur, sont morts d'apoplexie. Tant que nous avons pu fournir<br />

une garde suffisante j'ai fait paître le troupeau loin de la place<br />

et, bien que l'ennemi eût détruit une partie de l'herbe sèche, nous<br />

sommes parvenus à procurer aux bœufs une nourriture suffisante.<br />

Depuis que les maladies ont si considérablement réduit le nombre<br />

d'hommes valides, le troupeau a vécu dans les environs de la place<br />

au moyen de prairies que nous avons faites et dont plusieurs ont<br />

été créées par le commandant supérieur lui-même.<br />

Attaques faites par l'ennemi —<br />

Défense.<br />

—<br />

Ainsi<br />

que le<br />

prescrivent vos instructions, monsieur le Maréchal, je me suis<br />

borné à défendre la place qui m'était confiée et je me suis gardé<br />

d'aller chercher l'ennemi au loin, mais l'orsqu'il a paru devant<br />

nous, dans le rayon de notre défense, nous l'avons vigoureuse<br />

ment repoussé et, chaque fois qu'il a voulu avec des forces insul<br />

ter les environs de la place, il a été sévèrement châtié. Miliana<br />

est entouré au nord et à l'ouest par deux tribus fort guerrières<br />

et qui, du temps des beys,<br />

ont fait pendant plusieurs années la<br />

guerre à cette ville. Les Kabyles de ces tribus, poussés et guidés<br />

par des troupes régulières du camp arabe situé sur le Chélif, ont<br />

formé contre nous, dès le 12 juin, une ligne de blocus assez resser<br />

rée et n'ont cessé de nous harceler par de petits combats journa<br />

liers. Le 15 juin et le 1"<br />

août, des attaques plus sérieuses ont eu<br />

lieu, elles ont été funestes à nos ennemis qui ont fait d'assez<br />

grandes pertes et qui, depuis, sont devenus moins entreprenants.<br />

Ces deux affaires qui font honneur à la garnison seront l'objet<br />

d'un rapport particulier. Ici, je me borne à vous faire connaître,<br />

monsieur le maréchal, que, chaque jour, l'ennemi a fait des ten<br />

tatives contre nous, tantôt contre les ouvrages extérieurs, tantôt<br />

contre le troupeau que nous avons su préserver de toute atteinte.<br />

Toujours nous avons attendu l'ennemi de pied ferme et nous ne<br />

sommes rentrés dans la place qu'à l'heure accoutumée ; toujours<br />

le lendemain nous sommes retournés sur le même terrain où, la<br />

veille, nous avions combattu et,<br />

critiques de la maladie,<br />

même dans les moments les plus<br />

nous ne nous sommes pas laissé renfer<br />

mer dans la place et nous avons été maîtres de la plus grande<br />

partie des positions que l'armée avait occupées.


— 38 —<br />

Dès le 12 juin, j'ai formé deux sections de francs-tirailleurs<br />

qui, pris parmi les meilleurs tireurs,<br />

nous ont rendu les plus<br />

grands services. Dans les divers engagements qui ont eu lieu, je<br />

me suis toujours trouvé à la tête des combattants que j'ai dirigés<br />

avec prudence et énergie. Nos pertes,<br />

ainsi que le prouve l'état<br />

nominatif que j'ai fait dresser, sont depuis le 12 juin, d'un capi<br />

taine du 3e léger, d'un lieutenant du même régiment grièvement<br />

blessé, de 24 sous-officiers et soldats tués roides et de 40 sous-<br />

officiers et soldats blessés ; parmi ces derniers, 20 sont morts de<br />

leurs blessures.<br />

Après les ravages faits par les maladies, je me suis vu dans<br />

la nécessité de faire prendre un fusil à tous, à MM. les officiers<br />

des différentes armes, aux officiers de santé, à tous les employés<br />

des diverses administrations.<br />

Si mes moyens de défense ne nous ont pas permis de pour<br />

suivre et de châtier l'ennemi, si les circonstances n'ont pas encore<br />

pu être favorables pour établir avec les tribus qui nous environ<br />

nent des relations de commerce et d'amitié, toujours est-il que<br />

notre attitude ferme et décidée dans les moments critiques où<br />

nous nous sommes trouvés, leur ont commandé la crainte et le<br />

respect.<br />

Etat sanitaire. —<br />

J'arrive, monsieur le maréchal, à la partie<br />

la plus difficile des fonctions qui m'ont été confiées. A vous parler<br />

de l'état sanitaire des troupes de la garnison pendant tout le<br />

temps de notre blocus rigoureux, j'éprouve un sentiment d'autant<br />

plus pénible qu'il n'a été au pouvoir d'aucun de nous de prévenir<br />

les maux qui nous ont frappés et d'éviter les pertes cruelles que<br />

nous avons faites. Dieu seul pouvait les empêcher et il ne l'a pas<br />

fait.<br />

Le 2e bataillon du Sé léger et le 46 bataillon de la légion étran<br />

gère, vous le savez, avaient, à leur entrée à Miliana, un assez grand<br />

nombre d'hommes malades et fatigués ; plusieurs éclopés des<br />

autres corps de l'armée nous ont été laissés à deux fois différen<br />

tes. Malgré les fatigues des travaux urgents de première défense,<br />

la santé des hommes s'est maintenue en bon état pendant tout le<br />

mois de juin, époque où il y a eu bien peu de malades, mais, dès<br />

les fortes chaleurs des premiers jours de juillet, des diarrhées ont<br />

atteint beaucoup de monde et ont fait des victimes. Bientôt, des


— 39-<br />

fièvres pernicieuses et ensuite la fièvre intermittente suivie de<br />

diarrhée se sont déclarées et n'ont épargné personne. Tout le<br />

monde a été atteint plus ou moins de maladie ; tous les officiers,<br />

excepté le capitaine du génie Bonafout, tous les officiers<br />

de santé, tous les administrateurs et les employés, tous les sous-<br />

officiers et soldats, anciens ou nouveaux en Afrique ont été ma<br />

lades plus ou moins longtemps. Les Arabes eux-mêmes employés<br />

à notre service n'en ont pas été exempts. A peine est-il resté à<br />

certaine époque 150 hommes capables d'un bon service, et les<br />

bataillons se sont trouvés souvent presque sans officiers et l'hôpi<br />

tal presque sans chirurgien. Les infirmiers et les boulangers nous<br />

ont souvent manqué et c'est avec une peine infinie que j'ai pu en<br />

trouver. La maladie a principalement atteint ceux qui n'étaient<br />

assujettis ni au service de garde ni aux travaux, tels que les ser<br />

gents-majors, les fourriers, les employés, les infirmiers, les bou<br />

langers, bouchers, etc.. Chaque malade a rechuté plusieurs fois.<br />

Moi-même, j'ai été atteint par la maladie, mais je me suis armé<br />

de courage et suis resté constamment à la tête des travailleurs<br />

et des combattants. Il est mort à l'hôpital 4 capitaines et 2 autres<br />

officiers et 650 environ sous-officiers et soldats, quelques-uns par<br />

suite des blessures reçues de l'ennemi et la plus grande partie par<br />

effet de la maligne influence des maladies régnantes. Ceux qui<br />

sont encore convalescents ont la plus grande peine à se rétablir.<br />

Dieu fasse qu'ils y parviennent ! La plupart d'entre eux sont en<br />

flés et presque tous ont besoin de changer d'air et de suivre un<br />

régime alimentaire plus convenable. Le restant des troupes de<br />

la garnison tout entière, administration comprise,<br />

ne peut plus<br />

continuer de servir à Miliana et doit être relevé, aussitôt que;<br />

faire se pourra.<br />

Les officiers de santé feront connaître dans leurs rapports<br />

particuliers la cause première, la marche et les tristes résultats<br />

des maladies qui nous ont si cruellement frappés. Quant à moi,<br />

je les attribue à la malignité d'un climat de feu, car la chaleur a<br />

été au soleil jusqu'à 56° centigrades et le vent du désert a soufflé<br />

dans le seul mois d'août, pendant vingt-cinq<br />

jours. La ville et les<br />

jardins ne nous ont offert aucune ressource salutaire sous le rap<br />

port de la nourriture et nous n'avons vécu qu'avec les denrées<br />

de nos magasins. Si notre nourriture avait pu être plus suffisante<br />

et plus saine, si nos privations n'avaient pas été aussi fortes, nul


— 40<br />

doute que les convalescents se seraient mieux rétablis et que les<br />

rechutes n'auraient pas été aussi fréquentes. La nostalgie, dès<br />

le commencement, a fait quelques victimes. Il y<br />

ques cas de folie.<br />

Hôpital. —<br />

a eu aussi quel<br />

Quoique livrés à toutes sortes de privations dans<br />

une ville ruinée et malgré les embarras et les difficultés grandes<br />

de notre position, nous avons fait en faveur de l'hôpital des mala<br />

des tout ce qu'il était en notre pouvoir de faire. De nombreuses<br />

salles succursales et,<br />

plus tard, un vaste local pour les convales<br />

cents ont été établis. Plus de 400 bois de lits avec autant de tra<br />

versins ont été construits ; 150 de ces bois de lits ortt été garnis<br />

d'un matelas et quelques-uns d'une paillasse ; pendant tout le<br />

mois de juin, l'hôpital a reçu toute la viande qu'il demandait,<br />

mais vers le 15 juillet, je n'ai fait donner aux malades que la<br />

même ration que recevaient les hommes valides et combattants.<br />

Quelques médicaments ont manqué, mais il y<br />

a eu en abondance<br />

du sulfate de quinine. L'urgence de nos besoins m'a mis dans la<br />

nécessité d'en faire délivrer, d'après les demandes réitérées, une<br />

certaine quantité aux corps de la garnison pour les fiévreux qui<br />

ne pouvaient pas être traités à l'hôpital. Autant qu'il m'a été<br />

possible de le faire, j'ai fait fournir le nombre d'infirmiers néces<br />

saires. Les malades ont journellement été visités et souvent je<br />

les ai vus moi-même deux fois par jour. Sous le rapport des soins,<br />

on a fait tout ce qu'il était humainement possible de faire dans<br />

la position critique où nous nous sommes trouvés. Une nourriture<br />

saine et confortable a malheureusement manqué et bien peu de<br />

convalescents se sont rétablis.<br />

MM. les officiers de santé de l'hôpital et surtout MM. Aujou,<br />

aide-major, chargé en chef du service, Dutemps, sous-aide-major<br />

et Duplat, pharmacien, ont fait preuve d'un grand zèle et de<br />

beaucoup de dévouement. MM. les aides-majors Fourreau, du 3"<br />

léger et Dziewonski de la légion étrangère, méritent aussi des<br />

éloges pour l'activité qu'ils ont déployée dans les moments les<br />

plus critiques de la maladie. J'ai déjà dit que tous les officiers de<br />

santé sans exception avaient été plus ou moins malades. Si leurs<br />

efforts et les nôtres n'ont pas obtenu de meilleurs résultats, si nos<br />

pertes n'ont pas été diminuées, c'est que les circonstances mal<br />

heureuses ont été plus fortes que notre dévouement et notre bon<br />

ne volonté.


Relations avec les tribus. —<br />

— — 41<br />

Dès notre entrée dans Miliana,<br />

notre attitude a été calme et modérée parce qu'elle pouvait être<br />

forte. Entièrement occupés des travaux de défense, nous désirions<br />

pouvoir vivre en paix avec les tribus qui nous avoisinent. Les<br />

premières, elles nous ont attaqués et, depuis, elles n'ont cessé de<br />

nous faire une guerre acharnée. Plusieurs fois j'ai cherché à éta<br />

blir avec les Righa et les Béni Manasser quelques relations de<br />

commerce. Ces Kabyles ont fait semblant de vouloir traiter avec<br />

nous ; ils ont voulu nous attirer à eux, mais c'était pour nous<br />

tendre des pièges que nous avons heureusement évités. Dès lors,<br />

les actes d'hostilité ont continué entre nous et eux et, plus d'une<br />

fois, ces perfides ennemis ont appris à nous craindre et à nous<br />

respecter. Cette ténacité de sentiments hostiles de la part des tri<br />

bus a dépendu en grande partie, selon moi, du voisinage des<br />

camps arabes établis sur le Chélif et à (sic) la présence de quel<br />

ques bataillons réguliers. Lorsque ces forces ennemies auront<br />

disparu et lorsque la puissance de la France sera définitivement<br />

établie à Miliana, je pense que des rapports d'affaires s'établiront<br />

entre nous et les tribus arabes qui, autant que nous, ont intérêt<br />

à se créer des relations commerciales. Alors le sort de la garnison<br />

sera tout autre et les mêmes souffrances et les mêmes pertes ne<br />

se renouvelleront plus, il faut l'espérer.<br />

J'ai cherché pendant longtemps, sans pouvoir les trouver, les<br />

moyens de correspondre avec Alger et Blida. Enfin, j'ai été assez<br />

heureux pour décider le nommé Giacomo Martini, dit Abdallah, à<br />

se charger d'aller porter à Blida et même à Alger une lettre pour<br />

M. le gouverneur général. Abdallah, homme brave et dévoué, parti<br />

le 18 août de grand matin, est revenu à Miliana le 21 septembre<br />

au grand étonnement et à la plus vive satisfaction de toute la<br />

garnison. J'ai été d'autant plus agréablement surpris du retour<br />

imprévu de cet émissaire, qu'un nègre, déserteur d'une tribu,<br />

m'avait annoncé qu'Abdallah avait été pris sur l'oued Djer et<br />

avait été mis à mort. Cet Abdallah, par sa connaissance parfaite<br />

du pays, pourrait être fort utilement employé comme interprète<br />

de 2e ou 3e classe bien qu'il ne sache pas écrire et rendrait de très<br />

grands services. Je le recommande vivement.<br />

Observations générales et renseignements. — Ruinée à l'avance<br />

et entièrement incendiée, Miliana ne nous a offert aucune ressour<br />

ce et n'a en rien diminué les privations grandes que nous avons


— — 42<br />

éprouvées sous le rapport de la nourriture et de nos autres be<br />

soins. Nous avons trouvé trois ou quatre petites jarres de mauvaise<br />

huile distribuée à l'hôpital et aux compagnies pour l'entretien des<br />

armes et deux petits sacs de pommes de terre. Un de ces sacs a<br />

été semé. Il a été trouvé aussi dans un silo plusieurs boulets et<br />

obus dont près de cent ont pu être employés et ont augmenté nos<br />

coups de canon à tirer. Les récoltes des jardins qui entourent la<br />

ville nous ont été d'un bien faible secours et le peu de légumes<br />

que nous avons eus ont été produits par les jardins que nous<br />

avons créés nous-mêmes. Les fruits, la plupart de mauvaise qua<br />

lité,<br />

danger. J'ai dû même en défendre sévèrement l'usage et la gar<br />

cette année, ont été pour nous des causes d'embarras et de<br />

nison n'a guère mangé que ceux des arbres qui entourent la place<br />

du côté des montagnes. J'ai usé de telles précautions à cet égard<br />

que pas un homme n'a été pris ni tué, étant à la maraude.<br />

Situé au pied du mont Zaccar, la petite ville de Miliana est<br />

entourée de collines et de vallons fertiles parce qu'ils peuvent<br />

être convenablement arrosés par de belles eaux. Il est facile, au<br />

moyen d'une bonne culture, d'y créer de grandes prairies et d'y<br />

faire venir d'excellentes récoltes en fruits, légumes et même en<br />

grains ; la vigne y prospère. On trouve des minerais de plusieurs<br />

métaux. Au moyen de courants d'eau bien aménagés, il serait<br />

facile d'y établir au besoin des moulins et des usines. A en juger<br />

par les pertes grandes que nous y avons faites, le climat de Miliana<br />

serait très insalubre. La température y est en effet fort incons<br />

tante car, souvent à une très grande chaleur succède un vent très<br />

froid. Tout bien considéré, je pense, qu'en prenant beaucoup de<br />

précautions d'hygiène et qu'en donnant aux troupes une nourri<br />

ture abondante et saine,<br />

ce qui deviendrait facile si des relations<br />

avec les tribus viennent à exister, je pense, dis- je, que, malgré<br />

son éloignement, on peut établir à Miliana une sorte de colonie<br />

militaire qui achèvera de faire de cette petite ville un point fort<br />

important et un centre d'opérations militaires. Déjà le plus diffi<br />

cile est fait : le premier acte de possession est accompli. Avec de<br />

la persévérance et de nouveaux sacrifices, les tribus finiront, je<br />

le crois, par y<br />

adhérer et par le ratifier.<br />

La plus cruelle de nos privations a été, sans contredit, pour<br />

les amateurs, le manque total de tabac. -J'avais décidé un Kabyle<br />

à nous en vendre ; il m'en avait même remis trois ou quatre livres


43-<br />

que j'ai distribuées aux hommes les plus nécessiteux. Mais pris<br />

par les Arabes, il n'a plus reparu. Alors j'ai fait ramasser des<br />

feuilles de vigne et d'une autre plante, lesquelles, convenablement<br />

préparées, ont produit une espèce de tabac dont beaucoup d'hom<br />

mes ont usé à défaut de meilleur.<br />

Dans l'intention de combattre les tristes effets de la nostalgie<br />

qui faisait des ravages, j'avais organisé une section de chanteurs<br />

qui, deux fois par semaine, récréaient par leurs chants harmo<br />

nieux leurs camarades. Les progrès de la maladie nous ont privés<br />

de cette puissante et agréable ressource contre les ennuis de notre<br />

isolement et les regrets de la patrie absente.<br />

Dès les premiers moments, les souliers ont manqué. Pour<br />

remédier à cet inconvénient grave, j'ai fait distribuer aux com<br />

pagnies des peaux de bœufs fraîches ; elles ont été employées à<br />

faire des espadrilles.<br />

La plupart des hommes enfermés dans Miliana manquaient<br />

d'effets, de linge et de chaussures. J'ai ordonné, vu l'urgence des<br />

besoins, que les effets des hommes morts fussent distribués en<br />

gratification aux hommes restants et de préférence aux blessés<br />

et aux malades qui avaient perdu leur sac ou en avaient été dê-t<br />

pouillés.<br />

La mort a fait de grands vides dans les cadres des compa<br />

gnies. Pour éviter une désorganisation complète et pour parer à<br />

l'exigence extrême du service, j'ai dû nommer aux emplois de<br />

sous-officiers et de caporaux devenus vacants ; j'ai choisi les can<br />

didats parmi ceux qui s'étaient le plus fait remarquer par leur<br />

zèle, leur dévouement et leur bravoure.<br />

Sur les 2.000 francs laissés à l'agent comptable et qui sont<br />

restés intacts, j'ai fait remettre à titre de prêt pour le payement<br />

de frais de travaux, 1.000 francs au génie et 400 à l'artillerie. En<br />

souvenir de la belle conduite et de la mort glorieuse du capitaine<br />

Sartarieu du 3e léger, tué à la lunette de gauche, j'ai ordonné que<br />

cette lunette de gauche prît le nom de redoute Sartarieu.<br />

Police et discipline. —<br />

été facile,<br />

grandes privations,<br />

Ici,<br />

Monsieur le Maréchal, ma tâche a<br />

consolante. Au milieu de tant de fatigues et d'aussi<br />

chacun est resté calme et soumis. Je n'ai<br />

jamais entendu le plus léger murmure et la plus petite plainte<br />

n'a pas été proférée. Je n'ai pas eu à réprimer le moindre acte


— — 44<br />

d'indiscipline. Partout j'ai trouvé obéissance et dévouement. La<br />

plus grande union n'a cessé de régner entre toutes les troupes de<br />

la garnison et les deux bataillons d'infanterie organisés momen<br />

tanément en régiment provisoire, n'ont fait qu'une seule et même<br />

famille.<br />

Après avoir inutilement employé la force des armes sans<br />

grand succès, organisé autour de nous une guerre d'incendies,<br />

l'ennemi a eu recours aux moyens de séduction et d'embauchage.<br />

Il a répandu force lettres écrites en toutes sortes de langues pour<br />

engager à la désertion. J'ai fait saisir toutes ces lettres. Environ<br />

25 soldats de la légion étrangère ont lâchement abandonné nos<br />

drapeaux pour passer à l'ennemi. Des mesures de prudence et<br />

de fermeté ont arrêté le mal dès sa naissance et le bataillon de la<br />

légion étrangère, quoique incomplètement organisé et manquant<br />

d'une partie de ses effets, a rendu, sous la bonne direction de M.<br />

le commandant Ferrari et du capitaine Bazaine, d'excellents ser<br />

vices et m'a été fort utile. Le bataillon du 3e léger, si bien orga<br />

nisé et si bien tenu, composé entièrement de jeunes soldats, a<br />

éprouvé de très grandes pertes par les maladies. Officiers, sous-<br />

officiers et soldats se sont conduits avec un dévouement et une<br />

résignation admirables. Enfin, génie, artillerie et infanterie, tous<br />

ont rempli leur devoir avec un zèle et une bonne volonté dignes<br />

de meilleure chance.<br />

M. le commandant Sérioud, du 3e léger, qui, vous le savez,<br />

Monsieur le Maréchal, était resté à Miliana à contre-cœur, a fini<br />

par prendre son parti ; il a fait un bon service et j'ai lieu d'être<br />

satisfait de la manière dont il m'a secondé.<br />

En résumé, Monsieur le Maréchal, la garnison placée sous<br />

mes ordres a exécuté de considérables et d'importants travaux ;<br />

au milieu de circonstances difficiles, elle s'est fait craindre et res<br />

pecter d'un ennemi acharné ; elle a souffert pendant quatre mois<br />

avec une admirable résignation toutes sortes de privations mo<br />

rales et physiques ; elle a généreusement payé les frais de pre<br />

mière occupation de Miliana ; plus de six cents des siens y sont<br />

morts pour la France. Cette garnison tout entière a bien mérité<br />

du pays ; elle est digne de toute la bienveillance du gouvernement<br />

du Roi. Je la recommande à votre puissant intérêt et à votre<br />

justice.


— 45 —<br />

22<br />

D'Illens à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Miliana, le 21 septembre 1840<br />

Rapport sur les événements militaires à compter du 12 Juin<br />

1840. (1).<br />

Dans mon grand rapport d'ensemble, du 27 de ce mois sur<br />

tout ce qui s'est passé à Miliana depuis quatre mois, j'ai eu l'hon<br />

neur de vous faire connaître que, depuis le 12 juin, l'ennemi qui<br />

nous a toujours étroitement bloqués, n'avait pas cessé de nous<br />

harceler par des attaques,<br />

soit contre les postes extérieurs, soit<br />

contre la garde de notre troupeau. Le récit de ces petits combats<br />

journaliers, toujours les mêmes,<br />

quant au résultat défavorable<br />

aux Arabes, serait trop long. Je me bornerai à vous parler avec<br />

quelques détails des deux affaires qui m'ont paru les plus impor<br />

tantes.<br />

Affaire du 15 juin. —<br />

Le<br />

15 juin, les troupes de la garnison<br />

se livraient avec zèle aux travaux de première défense. Vers les<br />

huit heures du matin, 4 à 500 Kabyles formés en trois colonnes,<br />

soutenus et poussés par quelques compagnies d'infanterie régu<br />

lière attaquent à l'improviste nos francs tirailleurs chargés de<br />

protéger les travaux et s'avancent en silence et avec résolution<br />

jusqu'au petit ravin qui touche à la porte d'Oran ; plusieurs d'en<br />

tre eux gravissent en même temps l'escarpement qui conduit à la<br />

lunette de gauche qu'ils attaquent par la gorge. Le commandant<br />

supérieur qui, dans ce moment, se trouvait au bastion d'Oran,<br />

réunit environ 150 hommes du 38 léger et de la légion étrangère<br />

et marche rapidement à l'ennemi. Nos tirailleurs guidés par le<br />

commandant Ferrari abordent les Kabyles avec tant d'audace et<br />

d'impétuosité que ceux-ci sont partout culbutés et laissent en se<br />

retirant plusieurs morts et blessés. De notre côté, le chasseur<br />

Groy, du 3e léger, reçoit une blessure à la tête ; les nommés Gon-<br />

zalès, caporal, et Michel, de la légion étrangère, sont l'un et l'autre<br />

(1) Joint à une dépêche de Valée au Ministre de la Guerre du 18 octo<br />

bre 1840.


— 46 —<br />

blessés. Le fourrier Brébiou, de la même légion, reçoit une balle<br />

qui lui traverse l'avant-bras gauche et endommage l'os. Ce ser<br />

gent fourrier,<br />

Afrique,<br />

qui a quitté un régiment français pour venir en<br />

est un bon sujet qui mérite d'être récompensé. M. le<br />

sous-lieutenant Bernelle,<br />

légion étrangère,<br />

commandant les francs tirailleurs de la<br />

a agi contre l'ennemi avec intelligence et réso<br />

lution. Les nommés Georgi, carabinier et 3e<br />

Colomb, chasseur du<br />

léger et Michel, voltigeur de la légion étrangère, ont montré du<br />

courage et du sang-froid. M. le commandant Ferrari et le capi<br />

taine du génie Tripier, qui se trouvaient présents, m'ont parfaite<br />

ment secondé.<br />

Affaire du 1er<br />

août. — Informés<br />

sans doute par les déserteurs<br />

de la légion étrangère de la situation de la garnison affaiblie par<br />

les maladies, les Kabyles des tribus de RighaEl Adelia et des Beni-<br />

Menasser qui nous entourent, avaient formé le projet d'une sur<br />

prise et d'une attaque générale qu'ils cachaient sous les appa<br />

rences d'une tranquillité trompeuse. Le 1"<br />

août, dès cinq heures<br />

du matin, des Arabes armés assez nombreux occupaient les ro<br />

chers formant le plateau qui domine le poste crénelé autour du<br />

quel, depuis quelques jours, allait paître le troupeau, à environ<br />

500 mètres du bastion d'Alger. Ce n'est pas sans peine que nos<br />

tirailleurs parviennent à les débusquer et à les pousser au loin.<br />

Par un heureux pressentiment, le commandant supérieur mar<br />

chait avec un détachement formant la garde des bœufs et l'avait<br />

fait appuyer ce jour-là par un obusier de montagne. Vers les six<br />

heures, de nombreuses bandes d'Arabes armés de la tribu des<br />

Righa, tantôt se montrent sur les hauteurs placées devant nous,<br />

tantôt se tiennent cachés dans des ravins. M. le capitaine d'artil<br />

lerie Nicqueux fait lancer quelques obus sur ces groupes ennemis<br />

qui éprouvent des pertes. Bientôt une vive fusillade s'engage ;<br />

mais elle cesse à sept heures. Une demi-heure après,<br />

l'ennemi au<br />

nombre de 5 à 600, parmi lesquels on remarque beaucoup de sol<br />

dats réguliers, entendant une vive fusillade venant de la partie<br />

ouest de la ville, du côté de la lunette Sartarieu (lunette de gau<br />

che), recommence le combat, s'excite par de grands cris et s'avan<br />

ce contre nous avec rapidité et résolution. H est arrêté et contenu.<br />

Les Arabes sont reçus à bout portant et l'on se bat, pour ainsi<br />

dire, corps à corps. Nos soldats ne perdent pas un pouce de ter<br />

rain.


— 47 —<br />

Au même moment, 4 ou 500 Arabes armés, de la tribu des<br />

Béni Menasser (1), je crois, poussés et guidés par des chefs et<br />

des soldats réguliers, s'étant réunis sur les hauteurs qui dominent<br />

la lunette de gauche, se forment en plusieurs bandes. Il se préci<br />

pitent comme une avalanche sur cette redoute qui, étant refaite,<br />

n'est pas encore entièrement achevée. Ils l'attaquent de tous les<br />

côtés à la fois et plusieurs d'entre eux arrivent jusqu'à dix pas<br />

de la gorge. Tous sont accueillis par un feu bien nourri. Quelques<br />

obus et boulets tirés des bastions de la place les atteignent et les<br />

décident à battre en retraite, emportant avec eux plusieurs tués<br />

et blessés.<br />

Dans ces deux engagements assez sérieux vu notre petit<br />

nombre, nos soldats, dont quelques-uns étaient convalescents, se<br />

sont battus avec courage et résolution ; ils ont contenu et arrêté<br />

un ennemi bien supérieur en nombre ; la plupart ont lutté corps<br />

à corps avec lui. Du côté du poste crénelé, le caporal Moreau, de<br />

la légion étrangère, assailli par plusieurs Kabyles qu'il a attendus<br />

de pied ferme, reçoit sept coups de fusil dont plusieurs sont mor<br />

tels. Nous n'avons pas battu en retraite d'une semelle et nous ne<br />

nous sommes retirés qu'à l'heure habituelle et après que l'ennemi<br />

se fut lui-même éloigné. Il va sans dire que notre troupeau, tant<br />

convoité par les Arabes, n'a pas été compromis un seul instant.<br />

Sur moins de 200 hommes qui ont été réellement engagés<br />

pour repousser ces deux attaques simultanées, nous avons eu 9<br />

tués et 6 blessés, savoir 6 tués et 4 blessés du 3S léger, 3 tués et<br />

2 blessés de la légion étrangère.<br />

L'ennemi a dû faire d'assez grandes pertes, à en juger par<br />

les morts et les blessés que nous lui avons vu emporter. Toutes<br />

les pièces en batterie ont dû faire feu ; il a été tiré en tout 25 coups<br />

de canon ; plusieurs ont fait grand effet.<br />

A l'attaque faite contre la garde des bœufs,<br />

en avant du<br />

poste crénelé, le commandant supérieur est constamment resté à<br />

la tête des soldats qui se battaient. Il ne les a quittés que lors<br />

qu'il a reconnu que sa présence devenait nécessaire du côté de<br />

-<br />

(1) Béni Menasser tribu kabyle - limitée au Nord par la mer - au Sud<br />

-<br />

par Miliana et la berge droite du Chélif à l'Ouest par les Bidah et les Béni<br />

Perah à l'Est par les Righa du Zaccar, les Béni Menad et le Chenoua -<br />

habitaient 1.500 gourbis répartis en 200 dechera ; ils comptaient 2.500 à<br />

3.000 habitants en état de porter les armes (Etablissements... 1843-44, p. 430).


— — 48<br />

la redoute Sartarieu et qu'après s'être bien assuré que l'ennemi<br />

était et serait maintenu. Alors il a remis le commandement du<br />

détachement au capitaine Bazaine de la légion étrangère, officier<br />

d'expérience et de résolution et il s'est rendu aux bastions d'Al<br />

ger et d'Oran, où déjà MM. les chefs de bataillon Ferrari, de la<br />

légion étrangère, et Sérioud, du 3e léger, avaient pris de bonnes<br />

mesures de défense.<br />

Le commandant supérieur se plaît à reconnaître qu'il a été<br />

parfaitement secondé par M. le capitaine d'artillerie Nicqueux,<br />

M. le capitaine Bazaine et MM. les sous-lieutenants Duplessis et<br />

Bernelle de la légion étrangère, lesquels ont fait preuve de sang-<br />

froid et de résolution. A la lunette de gauche, M. le lieutenant<br />

léger,<br />

Sarant, commandant le détachement du 3e<br />

chargé de la<br />

défense, a montré de la présence d'esprit et du sang-froid. Le<br />

sergent Viand, le caporal Nogaret et le chasseur Morel se sont<br />

courageusement conduits.<br />

M. le capitaine Lejean, du 3e léger, qui avait amené au com<br />

mandant supérieur un petit renfort, a fait preuve de zèle et de<br />

bonne volonté. M. le lieutenant Espinasse, de la légion étrangère,<br />

envoyé en tirailleur, s'est conduit avec intelligence et résolution.<br />

Du côté de la porte crénelée, le caporal Moreau, intrépide<br />

soldat, mort à l'hôpital, le grenadier Bostock, grièvement blessé<br />

et le voltigeur Schwitzer, de la légion étrangère, le caporal Leliè-<br />

vre, du 24° de ligne, les carabiniers Georges et Martin, du 3e<br />

léger,<br />

se sont fait remarquer par leur attitude ferme et courageuse. Le<br />

brigadier Carbonnières, du 1"<br />

d'être cité.<br />

régiment d'artillerie,<br />

mérite aussi<br />

J'ai oublié de vous parler, Monsieur le Maréchal, d'un autre<br />

engagement que nous avons eu avec l'ennemi et dans lequel<br />

les Righa ont été chassés des hauteurs qu'ils occupaient en avant<br />

du poste crénelé et ont été poursuivis jusqu'à plus d'une demi-lieue<br />

de la place. Ce jour-là, 5 juillet, l'ennemi a éprouvé des pertes et le<br />

3e léger a eu un homme tué et un autre grièvement blessé. Je<br />

commandais le détachement à cette petite affaire, dans laquelle<br />

M. le sous-lieutenant Bidequin, du 3e<br />

léger,<br />

commandant les francs<br />

tirailleurs, s'est fait particulièrement distinguer par son courage<br />

et son sang-froid.<br />

Après l'affaire du 1"<br />

août, l'ennemi s'est montré, pendant<br />

une quinzaine de jours, un peu moins entreprenant ; mais il a


_49<br />

Xu/ UNIVERSITÉ^'1,<br />

f°/ D'ALGER<br />

'l^n Dépôt<br />

,<br />

bientôt renouvelé ses attaques journalières, tantôt cppxre les posi-<br />

tions extérieures, tantôt, et le plus souvent, contra \œy troupeau<br />

que nous avons pu préserver de toute atteinte. C'esàsçr^out du y&>j<br />

1"<br />

etT~<br />

au 20 septembre qu'il a montré le plus d'acharnemen^<br />

a redoublé d'efforts pour nous rejeter dans la place et potrr^-c<br />

pêcher quelquefois de porter des vivres à la redoute Sartarieu<br />

(lunette de gauche). Ces attaques ont échoué et l'ennemi a été<br />

contenu et repoussé, bien que les maladies eussent considérable<br />

ment affaibli la garnison. Toujours nous avons attendu nos assail<br />

lants de pied ferme et nous ne sommes jamais rentrés dans la<br />

place qu'à l'heure accoutumée ; toujours,<br />

ainsi que je l'ai déjà<br />

dit, nous sommes retournés sur le terrain où nous avions com<br />

battu la veille et, même dans les moments les plus critiques de<br />

la maladie, nous ne nous sommes pas laissés enfermer dans l'en<br />

ceinte de la place et nous avons été maîtres d'une grande partie<br />

des positions que l'armée occupait autour de nous, du 8 au 12<br />

juin.<br />

Dans ces petits combats journaliers que nous avons soutenus<br />

depuis le 12 juin, nous avons eu un capitaine (M. Sartarieu) du<br />

3e léger tué, et un lieutenant (M. Meyer) du même régiment,<br />

blessé grièvement ; 24 sous-officiers et soldats ont été tués raides<br />

et 40 autres ont été blessés ; parmi ces derniers, 20 environ sont<br />

morts de leurs blessures. Ci-joint l'état des pertes. Dans un autre<br />

rapport, j'aurai l'honneur de vous faire des propositions en faveur<br />

des officiers, sous-officiers et soldats qui se sont distingués et qui<br />

ont été honorablement cités.<br />

23<br />

Valée au Ministre de la Guerre (1)<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 1382)<br />

Alger, le 28 septembre 1840<br />

Une brillante affaire a eu lieu dans le chaînon de l'Atlas qui<br />

sépare la Medjana du désert. Les spahis de Constantine et de Sétif<br />

et un escadron du 4e de chasseurs ont enlevé le col de Ouled Bra-<br />

(1) Dépêche télégraphique, de Toulon le 2 octobre à 8 h. 30 du matin.<br />

/?


ham,<br />

-50 —<br />

défendu par les troupes du frère d'Abd el-Kader. L'ennemi<br />

a été chassé complètement de la Medjana et s'est réfugié dans le<br />

désert.<br />

La province d'Alger est parfaitement tranquille.<br />

24<br />

Lamoricière à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 125 * -<br />

extrait)<br />

4<br />

octobre I840<br />

L'ennemi nous a fourni hier l'occasion d'avoir avec lui un en<br />

gagement heureux,<br />

qui a eu pour résultat de remonter sensible<br />

ment le moral de nos alliés et de faire reculer d'environ 10 lieues<br />

le camp de cavalerie de Bou Hammedi,<br />

nous. Voici quelques détails sur ce qui s'est passé.<br />

qui s'était rapproché de<br />

J'étais informé que Bou Hammedi mettait tout en œuvre<br />

pour réunir du monde et faire la guerre sainte : Des prédications<br />

faites par des marabouts renommés avaient déterminé des con<br />

tingents de Kabyles de l'ouest à suivre la bannière du khalifa.<br />

Son camp se composait à l'époque du 30 septembre, d'environ 800<br />

fantassins réguliers, 12 à 1.500 fantassins kabyles et d'environ<br />

2.500 chevaux. Il était placé aux sources du Rio Salado, où se<br />

trouvent des fontaines d'eau douce. Le projet de Bou Hammedi<br />

était de venir s'établir à Agbaïl,<br />

attaques contre nous.<br />

et de diriger de ce point des<br />

Dans la nuit du 2 au 3, Bou Hammedi envoya 800 chevaux<br />

à Aïn Beïda. Cette troupe qui s'était cachée, devait, au jour, atta<br />

quer notre correspondance et les troupeaux des Douairs. Le capi<br />

taine Daumas me prévint à 3 heures du matin que l'ennemi avait<br />

fait son mouvement et me désigna de la manière la plus précise,<br />

sa position et ses forces.<br />

Je fis immédiatement prendre les armes aux troupes que<br />

j'avais à Oran, et j'écrivis au colonel Nogent qui commande à<br />

Messerghin, de partir au point du jour avec les spahis, un batail<br />

lon du 41e et deux pièces de montagne et de manseuvrer sur le<br />

flanc gauche de l'ennemi.


— 51-<br />

Le général Mustapha reçut ordre de monter à cheval avec<br />

ses Douairs, de se porter en avant du Figuier et de couvrir notre<br />

gauche. Je me mis en marche et me dirigeai à une demi-lieue à<br />

l'est d'Aïn Beïda.<br />

En débouchant dans le vallon du lac, qui est aujourd'hui par<br />

faitement à sec, le régiment de chasseurs s'élança sur la cavalerie<br />

ennemie qui se repliait sur sa réserve ;<br />

on s'aborda à l'arme<br />

blanche et nous eûmes plusieurs hommes blessés de coups de lance<br />

et de yatagan. Je me portait alors en avant aussi vite que possi<br />

ble ; mais à mon arrivée, l'ennemi n'échangeait plus avec nous<br />

que de rares coups de fusil.<br />

Pendant ce temps-là, le général Mustapha me fit prévenir<br />

qu'il était engagé en avant du Figuier mais qu'il n'avait pas<br />

besoin de soutien. Ce général, voyant la colonne ennemie du centre<br />

faire un mouvement de retraite, chargea vigoureusement ce qu'il<br />

avait devant lui, et poursuivit les Arabes pendant plus de deux<br />

lieues. Il n'avait que 400 cavaliers et, cependant, les 1.000 che<br />

vaux de l'ennemi se sont enfuis, lui laissant plusieurs cadavres,<br />

un cheval, des armes, etc.. et n'ont pas osé lui tirer un coup de<br />

fusil pendant sa retraite.<br />

25<br />

Valée à Thiers<br />

(Girod de l'Ain Le maréchal Valée, p. 301)<br />

5 octobre 1840<br />

J'ai donné des ordres dans toute l'Algérie pour que le plan<br />

de campagne adopté par le gouvernement du Roi et dont V.E.<br />

m'a prescrit la mise à exécution,<br />

soit suivi avec la plus grande<br />

exactitude. -J'ai prescrit au général de La Moricière d'ouvrir la<br />

campagne dans la province d'Oran, dès que le temps le permettra,<br />

de combattre les tribus qui sont à portée des bases d'opérations<br />

sur lesquelles il peut s'appuyer, mais de ne pas créer de nouveaux<br />

établissements dans l'intérieur. La nombreuse cavalerie dont cet<br />

officier général peut disposer lui permettra de surprendre sou<br />

vent l'ennemi et de le tenir partout en échec. Une défensive active


— — 52<br />

avait été prescrite au printemps dernier à M. le lieutenant-géné<br />

ral Guéhéneuc et j'ai vivement regretté qu'il n'ait pu suivre mes<br />

instructions. Dans la province de Constantine, le général Galbois<br />

est déjà en position en avant de Sétif ; je lui ai prescrit de ne pas<br />

permettre à l'ennemi de pénétrer de nouveau dans la Medjana,<br />

de développer notre influence sur les tribus et de donner à Sétif<br />

toute l'importance dont cette place est susceptible. L'état sani<br />

taire s'améliore dans l'est ; le général Galbois pourra augmenter<br />

la force du corps mobile dont il dispose. Il recevra d'ailleurs, sous<br />

peu de jours, 1.200 hommes de renfort et je lui ai en outre donné<br />

les pouvoirs nécessaires pour prendre à la solde de la France une<br />

partie des cavaliers arabes du plateau de Sétif.<br />

Dans la province d'Alger, les opérations commencent ; une<br />

colonne est en ce moment dans la vallée du Chélif et, sous peu de<br />

jours, je réunirai le corps expéditionnaire qui doit aller à Médéa.<br />

Ne croyez pas, Monsieur le président du conseil, que la position<br />

de cette place soit fâcheuse (1). J'ai, à la vérité, été obligé d'en<br />

voyer une colonne pour avoir des nouvelles de la province de Tit-<br />

teri, mais cela tient à l'esprit de système, bien connu dans l'ar<br />

mée, du général Duvivier. Il n'a devant lui que des forces moins<br />

considérables que celles dont il peut disposer. Plusieurs Arabes<br />

que j'ai laissés avec lui porteraient volontiers des dépêches à<br />

Blida ; il a d'ailleurs tous les matériaux nécessaires pour cons<br />

truire un télégraphe qui correspondrait avec celui de Djema<br />

Dra. Par système, il s'isole et ne fait aucun usage des moyens<br />

mis à sa disposition. L'année dernière, lorsqu'il commandait à<br />

Blida, je ne pouvais avoir de rapports de lui qu'en envoyant le<br />

général d'Houdetot les chercher ;<br />

cependant la ligne télégraphi<br />

que existait alors et, depuis son départ, elle fonctionne régulière<br />

ment tous les jours.<br />

Le gouvernement du Roi peut être convaincu que les opéra<br />

tions qu'il a prescrites seront faites avec toute la vigueur possi<br />

ble. Les événements qui semblent menacer la paix de l'Europe ne<br />

permettaient pas de donner une nouvelle extension à nos établis<br />

sements d'Afrique et je ne m'étonne pas que le gouvernement du<br />

(1) A la suite de l'attaque dirigée au mois d'août contre Médéa, par Abd<br />

el-Kader et El Barkani, le Ministre de la Guerre (11 septembre) écrivait à<br />

Valée qu'il se demandait si l'avantage obtenu par l'occupation de Médéa pou<br />

vait compenser les pertes déjà causées.


53 —<br />

Roi n'ait pas cru devoir adopter le plan de campagne que je lui<br />

avais donné dans d'autres conditions. Je le regrette pour l'Algé<br />

rie, parce que les tribus paraissent être fatiguées par la guerre<br />

et que déjà plusieurs chefs influents ont engagé l'émir Abd el-<br />

Kader à demander la paix. Il résiste parce qu'il compte1<br />

sur les<br />

éventualités que peut présenter la question d'Orient. Si la paix<br />

de l'Europe n'est pas troublée, nous reprendrons au printemps<br />

l'exécution du plan primitivement arrêté ;<br />

c'est le seul qui puisse<br />

asseoir définitivement la puissance française dans l'Algérie.<br />

Je comprends la nécessité de faire rentrer en France les<br />

régiments qui sont depuis longtemps dans l'Algérie ; mais je<br />

pense qu'il ne faut adopter cette mesure qu'avec une sage réserve.<br />

Le 2e léger doit quitter l'armée après la campagne d'automne ; je<br />

n'y mettrai pas opposition ; mais je ne puis laisser ignorer au<br />

gouvernement du Roi que les régiments arrivés récemment en<br />

Afrique ne peuvent rendre encore de bons services. Ils ont été<br />

fortement éprouvés par le climat au moral et au physique ; trois<br />

colonels et plusieurs officiers supérieurs ont demandé leur retraite.<br />

Leurs successeurs ne sont pas encore arrivés et les corps auront<br />

besoin d'être pendant plusieurs mois sous les ordres de chefs<br />

énergiques, pour reprendre un peu de vigueur. Je renverrai en<br />

France tous les régiments que le gouvernement du Roi rappellera,<br />

mais je prie V.E. de ne pas oublier qu'un contingent de recrues<br />

ne peut, à nombre égal,<br />

matés.<br />

remplacer des soldats aguerris et accli<br />

Je désire vivement que le gouvernement du Roi puisse mettre<br />

à ma disposition les fonds nécessaires pour la construction des<br />

hôpitaux et des casernes. L'humanité et l'intérêt du Trésor com<br />

mandent impérieusement cette mesure. L'Etat retrouvera par la<br />

disparition des malades une partie des capitaux qu'il aura em<br />

ployés à créer des établissements salubres. Je réduirai, autant que<br />

possible, les demandes de crédits pour l'année 1841, mais je ne<br />

crois pas que le budget du génie militaire puisse être ramené au-<br />

dessous de 4.500.000 à 5.000.000 de francs. En 1840, on aura<br />

dépensé 3.600.000 francs et,<br />

core, le service est en souffrance. Il y<br />

suspendre les travaux ;<br />

sur un grand nombre de points en<br />

aurait d'ailleurs danger à<br />

une partie des ouvriers abandonnerait<br />

l'Afrique et, dans un pays qui manque de population, tout départ


— 54 —<br />

serait un immense malheur. Je n'insiste sur cet objet qu'autant<br />

que la position de la France devant l'Europe lui permettrait de<br />

continuer pour l'Algérie les sacrifices qu'elle a faits depuis quel<br />

ques années et je sens que, d'ici, je ne puis prononcer sur une<br />

situation qui ne m'est pas complètement connue.<br />

En définitive, la colonie est en voie de progrès et tout est<br />

prêt pour qu'elle prenne un rapide développement. Si la paix de<br />

l'Europe est maintenue, l'Algérie compte sur l'intérêt que vous<br />

lui portez, Monsieur le président du conseil,<br />

pour obtenir de la<br />

France les sacrifices qui nous sont encore nécessaires. Si l'émi<br />

gration de l'Europe vers l'Afrique commençait,<br />

en bien peu d'an<br />

nées la colonie arriverait à un haut degré de prospérité et le règne<br />

du Roi aurait donné à la France un empire nouveau que soutien<br />

draient de belles et riches colonies européennes.<br />

26<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Moniteur, 16 octobre I84O)<br />

5 octobre I84O<br />

La diligence de Douera à Alger a été arrêtée, le 4, près, du<br />

poste de la Borne, par des Arabes embusqués dans un ravin. M.<br />

Massot, sous-intendant militaire adjoint et le conducteur de la<br />

diligence qui avaient mis pied à terre ont été enlevés, un voya<br />

geur a été tué.<br />

Les troupes du poste de la Borne, accourues au bruit, ont mis<br />

les Arabes en fuite et la voiture a pu continuer sa route. Ou sup<br />

pose que les assaillants, qu'on croit appartenir à des douars restés<br />

sur notre territoire, étaient informés du chargement sur cette<br />

diligence d'une somme considérable en numéraire.<br />

Le maréchal gouverneur général a ordonné une enquête afin<br />

de constater s'il y a eu négligence de la part de ceux qui devaient<br />

protéger la diligence.<br />

Le 1"<br />

octobre, trois carabiniers du 17e léger, ayant dépassé<br />

la ligne des avant-postes, ont été enlevés par des cavaliers ara-


55-<br />

bes ; mais un détachement de chasseurs d'Afrique est parvenu<br />

à reprendre les trois carabiniers et à faire prisonniers les Arabes.<br />

Le lendemain, trois colons furent également enlevés par les ma<br />

raudeurs et repris par les chasseurs d'Afrique.<br />

Une colonne aux ordres du général Changarnier a été dirigée<br />

sur Miliana ; on attendait son retour vers le 8 octobre.<br />

On assure que les Hadjoutes ont fait connaître au khalifa<br />

de Miliana (M'bareck), que leur position actuelle devenait insou<br />

tenable, attendu que l'occupation de toutes les villes par les Fran<br />

çais les mettait dans l'impossibilité de faire ferrer leurs chevaux,<br />

de faire réparer leurs armes et d'acheter les ustensiles de pre<br />

mière nécessité. On ajoute que ces tribus désirent la paix et que<br />

cette disposition se manifeste également dans les tribus de l'ouest.<br />

27<br />

De Lagau à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 128 8 -<br />

original)<br />

Tunis, le 5 octobre 1840<br />

Je viens de recevoir une lettre de Malte, en date du 28, par<br />

laquelle on m'annonce que l'amiral Stopford a attaqué Beyrout<br />

avec 9 vaisseaux, 4 ou 5 vapeurs, plusieurs frégates et que ce<br />

n'est qu'après avoir réduit en cendres cette ville,<br />

presque sans<br />

défense, que les Anglais et Autrichiens ont pu s'y établir. D'après<br />

le « Portofoglio », que je crois bien faire de joindre ici, Soliman<br />

Bey<br />

se serait très bien conduit. Dans les diverses attaques les<br />

Anglais ont perdu du monde. 8 soldats ont été tués et 20 blessés.<br />

Mais Beyrout pris, cela termine-t-il la question ? non, sans<br />

doute, si les montagnards ne bougent pas, car, dans 15 jours, les<br />

vaisseaux anglais vont être obligés de se tirer de ces côtes inhos<br />

pitalières.<br />

Le 21 ou le 22 est arrivé, à Alexandrie par un steamer autri<br />

chien, le firman portant la déchéance de Méhémet Ali. Il paraît<br />

qu'après l'avoir signifié au pacha, les agents des quatre Puissan<br />

ces se sont retirés à bord des vaisseaux.


— 56 —<br />

28<br />

Le Duc d'Orléans à Valée<br />

(.Récits de campagne, p. 498)<br />

Saint-Cloud, 6 octobre 1840<br />

Je vous remercie, mon cher Maréchal, des décorations abdel-<br />

kadériennes que vous m'avez envoyées ; je les conserverai pré<br />

cieusement comme un témoignage de la bravoure de l'armée que<br />

vous commandez et dans les rangs de laquelle je m'honorerai<br />

toujours d'avoir servi. Je vous prie d'exprimer au 23° Régiment<br />

qui a conquis ces trophées à la baïonnette, combien j'ai été sen<br />

sible au souvenir qu'il m'a conservé et je vous serai reconnaissant<br />

de le faire également savoir au général Duvivier.<br />

L'extrême gravité des affaires extérieures a momentanément<br />

détourné l'attention publique du théâtre de la guerre en Afrique<br />

et les ministres eux-mêmes, préoccupés d'une situation chaque<br />

jour plus menaçante, n'apportent plus aux affaires de l'Algérie<br />

cette active sollicitude si nécessaire au succès de la grande entre<br />

prise que vous dirigez. Pour moi, partisan zélé de notre établisse<br />

ment français, je fais tous mes efforts pour que tous les moyens<br />

possibles soient mis à votre disposition afin d'atteindre le but<br />

que vous vous proposez, et je suis d'avis que la marche des évé<br />

nements en Orient n'est qu'une raison de plus de pousser avec<br />

la dernière vigueur la guerre en Algérie. J'espère que cette opi<br />

nion triomphera et que ce ne sera pas à la France continentale<br />

que se borneront les grands préparatifs qui s'exécutent en ce<br />

moment. En tout cas, ces mesures énergiques et prudentes met<br />

tront la France en état de prendre librement les résolutions qu'elle<br />

va, sous peu, être appelée à formuler. Les Chambres s'assemblent<br />

le 28 et c'est probablement sur le champ de bataille parlemen<br />

taire que la question sera jugée.<br />

On y parlera de l'Afrique, mais le système suivi par vous<br />

avec tant de persévérance trouvera, j'en ai la certitude, des dé<br />

fenseurs et des interprètes dignes de lui.<br />

Veuillez recevoir, mon cher Maréchal, la nouvelle assurance<br />

de tous mes sentiments d'estime et de sincère attachement, avec<br />

mes vœux ardents pour le brillant succès de la campagne d'au<br />

tomne,<br />

pour votre gloire et pour celle de la brave armée d'Afri<br />

que, dont je me regarderai toujours ici comme le défenseur né.


— 57 —<br />

29<br />

Valée à Lamoricière<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 1382<br />

copie) (1)<br />

Alger, le 11 octobre I84O<br />

Le gouvernement du Roi, en présence des événements qui se<br />

préparent en Europe, de ceux déjà accomplis en Orient, a dû se<br />

préoccuper vivement de l'Algérie et de la campagne d'automne<br />

que l'armée est appelée à faire prochainement. Avant les conven<br />

tions qui ont si profondément modifié le système politique de<br />

l'Europe (1),<br />

un vaste plan de campagne avait été combiné. L'ar<br />

mée devait de nouveau franchir l'Atlas sur plusieurs colonnes,<br />

fonder au revers méridional de la première chaîne des établisse<br />

ments destinés à devenir les centres d'action des corps mobiles et<br />

faire sur tous les points la guerre avec une grande activité. Mais,<br />

pour que le succès couronnât les efforts que le gouvernement se<br />

proposait de faire, le maintien de la paix en Europe était néces<br />

saire et, dès l'instant où il devenait douteux, des modifications<br />

devaient être apportées aux premiers projets.<br />

Ne concluez pas cependant, général, des observations qui pré<br />

cèdent, que la guerre en Europe soit imminente. La France se<br />

prépare pour des éventualités qu'il sera peut-être possible d'évi<br />

ter mais, dans tous les cas, la prudence fait un devoir au gouver<br />

nement du Roi de restreindre les opérations dans l'Algérie et de<br />

n'entreprendre pendant l'automne aucune expédition qui pût en<br />

gager l'avenir.<br />

M. le président du conseil,<br />

d'isolement que la France suit en ce moment,<br />

me faisant connaître la politique<br />

a résumé dans les<br />

termes suivants les effets qu'elle devait avoir pour l'Algérie :<br />

« Se tenir solidement sur le terrain qu'on occupe, doit être<br />

« l'objet de la prochaine campagne. En ce qui concerne la provin<br />

ce ce d'Oran, il faut renoncer à l'expédition de Tagdempt et de<br />

« Mascara ; il faut se borner à mettre le général de Lamoricière<br />

« en mesure d'occuper activement la province d'Oran ; il faut<br />

« qu'il soit assez fort pour tenir la campagne, pouvoir se montrer<br />

(1) Jointe à une dépêche de Valée au Ministre de la Guerre du 19 octo<br />

bre 1840.


— — 58<br />

orga-<br />

« à Abd el-Kader et le battre au besoin, mais il ne faut pas<br />

« niser à Oran un corps expéditionnaire suffisant pour aller fon-<br />

« der à Tlemcen ou à Mascara des établissements ».<br />

d'Oran ;<br />

Ces instructions tracent complètement le rôle de la division<br />

elle devra tenir la campagne de manière à inquiéter sé<br />

rieusement l'ennemi, à lui faire éprouver des pertes considérables,<br />

à attirer dans notre alliance les tribus, à faire peser sur celles qui<br />

resteront hostiles tout le poids de la guerre. Vos opérations de<br />

vront commencer par une attaque tenue autant que possible se<br />

crète contre les Gharaba et les Béni Amer ; vous aurez à ravager<br />

à l'improviste tout le territoire qui se trouve au sud du lac, à<br />

enlever les bestiaux des tribus, à les mettre dans l'impossibilité<br />

d'ensemencer leurs terres. Pendant ces premières opérations, vous<br />

trouverez probablement devant vous le khalifa Bou Hammedi, il<br />

est très important de l'amener à un combat décisif ; du succès<br />

des premiers engagements dépend probablement celui de la cam<br />

pagne entière.<br />

Après les premières opérations, vous pourrez vous porter sur<br />

la plaine de l'Habra. Vous prendrez alors pour base d'opérations<br />

la place de Mostaganem dans laquelle j'ai fait établir un hôpital<br />

pour vos blessés et des magasins de vivres considérables. Attein<br />

dre l'ennemi, si cela est possible, détruire les bataillons réguliers<br />

de l'émir et, surtout, empêcher les tribus de cultiver ces terres,<br />

voilà le but que vous devez vous proposer.<br />

Je vous autorise à commencer vos opérations dès que le temps<br />

le permettra. La division d'Alger sera en mouvement vers le 20<br />

octobre. Je désire que vous entriez en campagne à peu près à la<br />

même époque, si cela est possible. Tenez vos projets secrets, an<br />

noncez que la campagne ne s'ouvrira qu'en novembre et que je<br />

me rendrai à Oran pour y<br />

l'improviste.<br />

prendre part et attaquez l'ennemi à<br />

La division que vous commandez est la plus nombreuse de<br />

l'Algérie. A Alger, le corps qui passera l'Atlas aura un effectif<br />

beaucoup moins considérable que celui dont vous pouvez disposer,<br />

vous avez des auxiliaires précieux dans les Douairs, les difficultés<br />

seront donc moins grandes de votre côté que du nôtre et je compte<br />

aussi sur de brillants succès.


— 59-<br />

Je vous recommande de prendre, avant de quitter Oran, tou<br />

tes les mesures nécessaires pour protéger nos alliés et nos éta<br />

blissements. Le bataillon du lor<br />

de ligne qui était resté à Alger,<br />

s'embarque aujourd'hui pour vous rejoindre. Tous vos régiments<br />

sont au-dessus du complet réglementaire. Votre cavalerie est belle<br />

et nombreuse et les rapports de M. le lieutenant-général de La<br />

Hitte (2) me font connaître que votre artillerie est dans le meil<br />

leur état. Vous avez donc tous les éléments nécessaires pour faire<br />

une belle campagne.<br />

(1) Le traité de Londres du 15 juillet 1840.<br />

(2) Inspecteur général de l'Artillerie.<br />

30<br />

Valée au Ministre de la Guerre (1)<br />

(Moniteur, 19 octobre)<br />

Alger, le 12 octobre 1840<br />

La colonne que j'avais envoyée dans la vallée du Chélif est<br />

rentrée à Blida le 7, après une heureuse expédition.<br />

Un combat avantageux pour nos armes a eu lieu à Oran.<br />

La province d'Alger et celle de Constantine sont tranquilles.<br />

(1) Dépêche télégraphique, de Toulon le 17 octobre à 9 heures.<br />

31<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

(Moniteur, 23 octobre I840)<br />

Alger, le 11 octobre I840<br />

La colonne que j'avais envoyée dans la vallée du Chélif sous<br />

les ordres du général Changarnier est rentrée à Blida le 7 octobre.<br />

Elle a ramené avec elle la garnison de Miliana que j'ai fait relever<br />

par un bataillon du 3° léger. Cette garnison a été fortement éprou-


— — 60<br />

vée par les grandes chaleurs. L'ennemi l'a fait faiblement tour<br />

menter et ne lui a fait éprouver pendant quatre mois qu'une perte<br />

de 20 hommes tués et 38 blessés.<br />

Voici le rapport du général Changarnier sur l'opération qu'il<br />

a conduite avec succès :<br />

« Le 1"<br />

octobre, le corps expéditionnaire se mit en marche<br />

« à onze heures ; à trois heures, il arriva au camp d'Haouch<br />

« Mouzaia et établit son bivouac.<br />

« Le 2, au point du jour, la colonne se mit en marche, non<br />

« dans la direction du Ténia, mais vers l'ouest de la Mitidja et<br />

« vers le pays des Béni Menad.<br />

« Douze ou quinze cavaliers et trois cents Kabyles longèrent<br />

« notre gauche sans descendre des montagnes ; quelques tirail-<br />

« leurs seulement entretinrent une fusillade à longue portée.<br />

« A une heure, nous quittâmes la plaine et commençâmes à<br />

« nous engager dans la montagne des Béni Menad ; à deux heures<br />

« et demie nous passâmes la Bourkika à Karoubet el Ouzri. De<br />

« ce point au défilé de la Chaaba el Ketta les Kabyles renforcés<br />

« de quelques centaines de cavaliers devinrent plus incommodes<br />

« sans toutefois entreprendre une attaque sérieuse.<br />

« J'établis mon bivouac sur l'oued El Hammam. Les gendar-<br />

« mes maures, qui éclairaient notre avant-garde, tuèrent deux<br />

« Kabyles et enlevèrent 50 têtes de bétail.<br />

« Le 3, à sept heures du matin, nous arrivâmes à l'oued Ger,<br />

« sans avoir rencontré d'autres obstacles que ceux du terrain.<br />

« En atteignant les hauteurs de la rive droite, nous vîmes les<br />

« crêtes à notre gauche couronnées par environ 2.000 cavaliers ;<br />

« un bataillon d'infanterie régulière fut distinctement reconnu<br />

« aux dernières limites de la vallée de l'oued Ger,<br />

« remonter.<br />

qu'il semblait<br />

« A dix heures, la cavalerie ennemie s'engagea avec nos tirail-<br />

« leurs et devint plus pressante quand nous commençâmes à gra-<br />

com-<br />

« vir les pentes du Gontas. Mais M. le colonel Leblond, qui<br />

« mandait l'arrière-garde, la refoula brusquement au-delà de<br />

« l'oued Adelia qu'elle traversa sous le feu bien dirigé de deux<br />

« obusiers et d'un bataillon.


— 61 —<br />

« Du sommet du Gontas, nous vîmes plusieurs corps de ca-<br />

« valerie, forts ensemble de 4 à 5.000 hommes, longer le pied des<br />

« montagnes et se diriger vers Miliana. A cinq heures nous cam-<br />

« pâmes sur l'oued Seboudji.<br />

« Bien que nous n'eussions fait que cinq lieues et demie, l'ex-<br />

« cessive chaleur et le vent du désert avaient beaucoup fatigué<br />

« le soldat.<br />

« Le 4, partis à cinq heures et demie, nous étions à sept<br />

« heures sur la rive droite de l'oued Soussai, qui coule à 2.000<br />

« mètres à l'est du marabout de Sidi Abd el-Kader presque pa-<br />

« rallèlement à l'oued Boucitoun.<br />

« Quatre mille cavaliers arabes appuyant leur gauche au<br />

« marabout et ayant leur droite dans la plaine avec de nombreu-<br />

« ses réserves, 1.500 Kabyles se montraient sur les hauteurs qui<br />

« couvrent le défilé de Miliana. On pouvait supposer ces positions<br />

« défendues par d'autres troupes encore.<br />

« Les dispositions d'attaque furent rapidement prises. Quatre<br />

« colonnes enlevèrent les positions que l'ennemi abandonna sans<br />

« résistance sérieuse.<br />

« Nous étions alors maîtres de l'entrée du défilé,<br />

mais l'en-<br />

« nemi au nombre de 7 à 8.000 hommes était toujours présent. Il<br />

« pouvait porter ses principaux efforts sur notre arrière-garde,<br />

« lorsque nous aurions commencé notre mouvement sur Miliana,<br />

« ou défendre les positions qui entourent cette ville,<br />

ou bien en-<br />

« core se croire assez fort pour défendre les approches de Miliana<br />

« et attaquer en même temps notre<br />

arrière-garde. Son attitude<br />

« et ses habitudes connues me firent pencher pour la première<br />

« hypothèse, d'après laquelle je pris mes dispositions,<br />

me tenant<br />

« prêt à les modifier suivant les circonstances qui pourraient se<br />

« développer successivement.<br />

« Le colonel Leblond, avec un bataillon du 48e et un demi-ba-<br />

« taillon du 24e,<br />

chassa des hauteurs de la rive gauche un millier<br />

« de Kabyles, qui laissèrent une vingtaine de cadavres sur le ter-<br />

« rain.<br />

« Avec les zouaves, un demi-bataillon de la lre brigade, un<br />

« demi-bataillon de la 2e,<br />

100 hommes du génie et les six pièces<br />

« de montagne, je couronnai les hauteurs qui ferment le défilé


— 62 —<br />

« et me reliant aux colonnes de droite et de gauche, j'étais en me-<br />

« sure de repousser tous les efforts de l'ennemi.<br />

« Les colonels Bedeau et Leblond avaient heureusement opéré<br />

« leurs mouvements. La garnison de Miliana se montrait au de-<br />

« hors de la place, où j'allais faire entrer la tête du convoi, quand<br />

« je fus averti par le commandant de la 1 brigade que quelques<br />

« soldats d'infanterie régulière se montrant derrière une crête<br />

« pouvaient être une tête de colonne fortement établie entre la<br />

« ville et lui.<br />

« Avec le chiffre de troupes dont je disposais, je ne pouvais<br />

« dans cette circonstance continuer à occuper un aussi grand<br />

« développement. Je poussai dans la gorge tous les bagages et la<br />

« cavalerie et, m'appuyant à 1.500 m. en arrière du marabout,<br />

« à deux contreforts qui resserrent cette étroite vallée, je fermai<br />

« le défilé avec un demi-bataillon, une compagnie du génie et 150<br />

« chasseurs qui avaient mis pied à terre. Je confiai la garde du<br />

« défilé qui aboutit à la place de Miliana à l'expérience et à l'éner-<br />

« gie de M. le colonel Korte. Emmenant avec moi deux bataillons<br />

« et la réserve, je gagnai la tête du convoi. Je pris le demi-ba-<br />

« taillon qui le couvrait et, avec ces troupes, j'abordai la position<br />

« qu'on croyait occupée par l'ennemi avec son infanterie régulière<br />

« et sur laquelle j'espérais me venger du retard apporté à mes<br />

« opérations. Notre attente fut déçue ; nous ne rencontrâmes que<br />

« quelques coups de fusil mais point de résistance sérieuse.<br />

« Je renvoyai deux bataillons de zouaves au colonel Korte,<br />

« qui reçut l'ordre de réoccuper immédiatement les positions que<br />

« nous venions de quitter et sur lesquelles l'ennemi commençait<br />

« à s'établir. Ce double revirement fut exécuté par les troupes<br />

« avec tant de précision et de promptitude que, à quatre heures<br />

« après midi, le ravitaillement de Miliana, l'évacuation des mala-<br />

« des et le remplacement de la garnison étaient effectués. Avant<br />

« la nuit, nous étions établis au bivouac sur l'oued Soussai. Cette<br />

« journée si bien employée fait le plus grand honneur aux trou-<br />

ci pes qui ont manœuvré et combattu avec une ardeur et un<br />

« aplomb remarquables.<br />

« Le 5, pendant les premières heures de marche, nous vîmes<br />

« la cavalerie rassemennemie,<br />

aussi nombreuse que la veille, se<br />

« bler, soutenue par deux colonnes d'infanterie, qu'elle laissa bien-


63<br />

« tôt arriver au premier rang. Les engagements de tirailleurs<br />

« commencés dans la plaine devinrent plus vifs, dès que nous<br />

« eûmes atteint les pentes sud-ouest du Gontas. A mi-côte, le<br />

« colonel Bedeau prit position avec un bataillon du 17e léger et<br />

« le 1er<br />

bataillon de zouaves placés à l'arrière-garde sous ses or-<br />

« dres. L'ennemi ayant cherché à les déborder par la droite, il le<br />

« chargea. Un feu d'artillerie court mais bien dirigé appuya ce<br />

« mouvement qui eut un plein succès, causa de grandes pertes<br />

« à l'ennemi et le rendit plus circonspect. De nouveaux contin-<br />

« gents d'infanterie étant entrés en ligne, nous eûmes encore au<br />

« sommet du Gontas et sur l'oued Adelia des engagements assez<br />

« vifs qui ne nous coûtèrent que des pertes très faibles en com-<br />

« paraison de celles de l'ennemi. L'arrière-garde, parfaitement<br />

« commandée par le colonel Bedeau, a supporté presque seule le<br />

« poids de cette journée.<br />

« L'ennemi avait reçu des renforts aussi nombreux que la<br />

« veille. Sur nos derrières ainsi que sur nos flancs, il montra de<br />

« fortes colonnes et semblait vouloir attaquer notre avant-garde.<br />

« Le 6, dès le départ du bivouac, l'arrière-garde fut vivement<br />

« pressée. L'infanterie ennemie, renforcée par les tribus des Béni<br />

« Menad et des Soumata, montrait une audace peu ordinaire, mais<br />

« nos troupes,<br />

profitant de toutes les occasions favorables que<br />

« le terrain pouvait leur fournir, leur donnèrent plusieurs leçons<br />

« sévères. A Chabâa el Ketta, le lieutenant-colonel Cavaignac fit<br />

« exécuter par le 2e bataillon de zouaves un retour offensif qui<br />

« eut un plein succès.<br />

« A dix heures et demie, la colonne arriva à Karoubet el<br />

« Ouzri. L'ennemi,<br />

montrant un corps considérable de cavalerie<br />

« en avant de notre gauche, tentait en même temps de nous dé-<br />

« border par notre droite. Avant de nous engager sur le terrain<br />

« mamelonné qui nous séparait de la plaine, nous opérâmes un<br />

« mouvement de concentration qui nous permettait de contenir<br />

« l'ennemi sur tous les points et de maltraiter le corps principal,<br />

« s'il continuait à attaquer l'arrière-garde.<br />

« L'ennemi n'ayant pas osé descendre dans le vallon de Karou-<br />

« bet et prolongeant sa marche par les hauteurs de droite et de<br />

« gauche, trois obusiers mis en batterie derrière un escadron,<br />

« puis démasqués à propos, firent deux salves à balles et trois


— — 64<br />

« salves à obus, qui jetèrent à terre un grand nombre de cavaliers<br />

« et de fantassins. La fusillade des tirailleurs fut aussi très meur-<br />

« trière. Dès ce moment, l'ennemi se tint à distance.<br />

« Le 7, à 11 heures, le corps expéditionnaire est rentré à<br />

* Blida après une insignifiante fusillade contre la cavalerie enne-<br />

« mie qui s'est montré fort peu entreprenante.<br />

« Dans cette expédition pénible par la rapidité des marches<br />

« et la rareté des cours d'eau, nous avons perdu 42 hommes tués<br />

« et 26 blessés. Les Arabes ont fait des pertes triples ».<br />

J'ai envoyé cette semaine une colonne mobile sur l'oued Ked-<br />

dara. Elle n'a pu joindre l'ennemi et a seulement échangé quel<br />

ques coups de fusil avec les cavaliers de ben Salem. Nous n'avons<br />

personne d'atteint par le feu de l'ennemi.<br />

Voici ce que contient le rapport du général Galbois sur la<br />

province de Constantine :<br />

« La province est tranquille depuis que Sidi Mustapha a été<br />

« battu et chassé au-delà des frontières de la Medjana. Il fait<br />

« encore des tentatives auprès des Kabyles qui ne lui répondent<br />

« pas et m'en donnent connaissance. Mes relations sont bien éta-<br />

« blies avec le khalifa de la Medjana et je me dispose à me rap-<br />

« procher de lui ainsi qu'il le désire. Je profite de mon séjour ici<br />

« pour faire rentrer les contributions des tribus environnantes.<br />

« Les Ouled Assar refusaient de payer, mais j'ai envoyé sur<br />

« leurs territoires une colonne qui y<br />

est établie depuis plusieurs<br />

« jours et maintenant le versement de l'impôt s'effectue.<br />

« Les réparations de Sétif sont poussées avec activité et j'y<br />

« fais faire en même temps de grands approvisionnements. A<br />

« mon arrivée, il n'y avait que pour quelques jours de bois, et<br />

« maintenant nous en avons pour trois mois. Du blé provenant<br />

« de l'achour est versé dans les magasins. Le génie s'occupe d'éta-<br />

« blir des moulins à eau et à manège dont le besoin se fait vive-<br />

« ment sentir.<br />

« Tout est parfaitement tranquille dans la subdivision de<br />

« Bône, mais l'état sanitaire laisse toujours à désirer. Il s'est un<br />

« peu amélioré à Philippeville et il est maintenant très satisfai-<br />

« sant à Constantine, à Sétif et dans nos camps ».


65 —<br />

32<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2<br />

copie)<br />

Alger, le 18 octobre I84O<br />

J'ai l'honneur d'envoyer à V.E. copie des rapports que m'a<br />

faits M. le commandant de Miliana sur la situation de cette place<br />

et les événements dont cette partie de l'Algérie a été le théâtre<br />

depuis le 12 juin jusqu'au 4 octobre. Je crois devoir, M. le minis<br />

tre,<br />

mettre sous les yeux de V.E. les points principaux de ces<br />

longs rapports.<br />

Le rôle de Miliana est parfaitement défini par l'expérience<br />

de la dernière campagne et par les considérations que présente M.<br />

le lieutenant-colonel d'Illens. Non seulement cette place nous don<br />

ne un établissement dans la vallée du Chélif et assure dans l'ave<br />

nir un point d'appui et des magasins d'approvisionnements à nos<br />

colonnes mobiles, mais surtout elle contribue à neutraliser une<br />

partie des forces ennemies,<br />

elle fait peser sur les tribus de l'inté<br />

rieur une partie du poids de la guerre. V.E. verra dans le rapport<br />

du lieutenant-colonel d'Illens que, pendant quatre mois, deux<br />

camps arabes, un de cavalerie et l'autre d'infanterie, dont on éva<br />

lue les forces réunies à plus de 3.000 hommes, ont constamment<br />

été établies à proximité de Miliana pour empêcher les tribus de<br />

communiquer avec cette place. D'un autre côté, nous savons, par<br />

les rapports de Médéa et de Cherchel que ces villes sont égale<br />

ment observées par des camps arabes. Ces trois places tiennent<br />

donc en échec plus de 10.000 arabes et obligent l'émir à dissémi<br />

ner ses forces. D'un autre côté, l'absence de commerce, que l'occu<br />

pation des marchés principaux a fait presque complètement ces<br />

ser, a réduit les tribus à une extrême misère et leur fait vivement<br />

désirer la fin des hostilités. Abd el-Kader a besoin de ses troupes<br />

régulières pour contenir les populations,<br />

pour les empêcher de<br />

lier avec nous des relations. Si nous repassions l'Atlas,<br />

si nous<br />

abandonnions les places que nous occupons dans l'intérieur, la<br />

guerre serait ramenée dans la Mitidja. Toutes les forces de l'émir<br />

viendraient,<br />

Boufarik et le Sahel.<br />

comme en 1839, bloquer Blida et Coléa et menacer


66<br />

La place de Miliana est aujourd'hui dans un bon état de dé<br />

fense, les dispositions d'installation intérieure des troupes sont<br />

commencées et il ne reste plus qu'à les perfectionner.<br />

L'établissement d'une route de Cherchel à Miliana donnera<br />

à cette dernière place une importance plus grande encore. Le tracé<br />

de cette route, d'après tous les renseignements qui me sont par<br />

venus, ne présente pas de difficultés insurmontables. Je m'occupe<br />

de cette importante opération que j'exécuterai dès que Médéa<br />

aura été relié à Blida par une voie praticable dans tous les temps.<br />

Je regarde l'établissement de routes dans la première chaîne de<br />

l'Atlas comme un de nos principaux moyens d'action sur les tri<br />

bus et, à cet égard, l'expérience ne peut laisser aucun doute.<br />

Les attaques des Arabes contre Miliana n'ont pas été très<br />

sérieuses ; ils ont seulement bloqué et inquiété cette place.<br />

Les pertes de la garnison par le feu de l'ennemi n'ont été que de<br />

20 hommes tués et 34 blessés. Cette garnison n'en a pas moins<br />

bien mérité du Roi et de la France, car elle a eu à supporter de<br />

grandes privations, à lutter contre l'isolement si pénible sur une<br />

terre étrangère. L'armée d'Afrique acquiert, autant par les fati<br />

gues et les privations qu'elle supporte avec une si admirable rési<br />

gnation que par les glorieux faits d'armes qu'elle accomplit, des<br />

titres à la reconnaissance du pays et je ne doute pas, Monsieur<br />

le ministre,<br />

que le gouvernement du Roi n'appelle constamment<br />

l'attention de S.M. sur le dévouement des troupes que ses ordres<br />

ont envoyées en Algérie.<br />

J'ai parlé des privations que la garnison de Miliana a suppor<br />

tées ; les unes sont inhérentes à la position d'isolement d'une<br />

place de l'intérieur ; les autres proviennent des difficultés d'un<br />

premier établissement. Ces dernières se feront désormais moins<br />

sentir ; des jardins, que la saison va permettre de cultiver, four<br />

niront des légumes qui permettront d'augmenter l'alimentation<br />

des hommes, augmentation qui exercera une influence favorable<br />

sur l'état sanitaire. Je dois signaler d'une manière toute spéciale<br />

à V.E. la mauvaise qualité des denrées qui ont été envoyées en<br />

Afrique. A Miliana, il a été reconnu qu'avec les farines de l'admi<br />

nistration, il était impossible d'avoir du pain de bonne qualité.<br />

Des faits semblables ont été signalés de tous les points de l'Algé<br />

rie et, quoique l'administration de la guerre les ait contestés dans<br />

une dépêche récente, je persiste à en maintenir l'exactitude et à<br />

demander qu'il soit tenu compte de mes observations.


— — 67<br />

J'arrive à la partie la plus douloureuse des rapports que j'ai<br />

reçus, celle qui est relative aux pertes que les maladies ont fait<br />

éprouver à la garnison. 600 hommes environ sont morts dans l'es<br />

pace de quatre mois. Les causes présumées de cette mortalité sont<br />

l'extrême chaleur par suite de la durée presque constante du vent<br />

du désert pendant le mois d'août, la grande quantité de fruits que<br />

les soldats ont mangés, la mauvaise qualité et l'insuffisance de la<br />

nourriture fournie par les rations. Ces dernières causes ne sont,<br />

à mon avis, monsieur le ministre, qu'incidentes. En 1840, le nom<br />

bre des malades et la mortalité ont été très considérables sur tous<br />

les points de l'Algérie et les indigènes eux-mêmes ont beaucoup<br />

souffert. Cette situation se représente, au reste, presque toutes<br />

les années. Elle a constamment des effets plus malheureux dans<br />

les localités nouvellement occupées. Miliana a payé cette année<br />

le même tribut que Philippeville en 1839, car,<br />

en appréciant la<br />

mortalité de Miliana, il ne faut pas oublier que Philippeville a<br />

perdu, l'année dernière, 700 hommes morts dans les hôpitaux ;<br />

que le Fondouk, que Blida et Coléa ont éprouvé des pertes cruel<br />

les pendant la première année de l'occupation. La mortalité, quoi-<br />

qu'<br />

encore trop forte, a été moins considérable sur ces points, mal<br />

gré le chiffre très élevé des malades. Les villes de Médéa et de<br />

Miliana se trouveront dans l'avenir placées dans de meilleures<br />

conditions.<br />

V.E. remarquera, dans le rapport du lieutenant-colonel d'Il<br />

lens que l'hôpital de Miliana a été installé avec tout le soin possi<br />

ble, que les malades ont presque tous eu des lits, que le sulfate<br />

de quinine était en très grande abondance, que le dévouement des<br />

officiers de santé ne s'est pas ralenti un seul instant et que tous<br />

les soins désirables ont été donnés aux malades.<br />

Je terminerai ce long<br />

rapport en citant les expressions du<br />

commandant de la place sur l'avenir de Miliana et l'influence que<br />

cette place doit exercer sur les tribus :<br />

« Cette ténacité de sentiments hostiles de la part des tribus a<br />

« dépendu, selon moi, du voisinage des camps arabes établis sur<br />

« la Chiffa (1)<br />

et à la présence de quelques bataillons réguliers.<br />

« Lorsque ces forces ennemies auront disparu et lorsque la puis-<br />

(1) Chélif (rapport d'Illens).


— — 68<br />

« sance de la France sera définitivement établie, à Miliana, je<br />

« pense que des rapports d'affaires s'établiront entre nous et les<br />

« tribus arabes qui, autant que nous, ont intérêt à établir des re-<br />

« lations commerciales avec nous. Alors le sort de la garnison<br />

« sera tout autre et les mêmes souffrances et les mêmes pertes<br />

« ne se renouvelleront plus.<br />

« Tout bien considéré, je pense qu'en prenant de grandes<br />

« précautions d'hygiène,<br />

qu'en donnant aux troupes une nourri-<br />

« ture abondante et saine, ce qui serait facile, si les relations avec<br />

« les tribus viennent à exister, je pense, dis-je, que malgré son<br />

« éloignement,<br />

on peut établir à Miliana une espèce de colonie<br />

« militaire qui achèvera de faire de cette petite ville un point<br />

« fort important et un centre d'opérations militaires. Déjà le plus<br />

« difficile est fait. Le premier acte de possession est accompli.<br />

« Avec de la persévérance et de nouveaux sacrifices, les tribus<br />

« finiront, je crois, par y adhérer et par le ratifier ».<br />

33<br />

Valée à Galbois<br />

(Archives du Gouvernement, Général, E. 138 2 -<br />

copie) (1)<br />

Alger, le 18 octobre 1840<br />

La campagne d'automne s'ouvre en ce moment sur tous les<br />

points de l'Algérie et la division de Constantine est appelée à y<br />

prendre une part active et brillante. Les succès qu'elle a obtenus<br />

seront, je n'en doute pas, suivis de résultats avantageux à la<br />

colonie et qui assiéront définitivement la domination française<br />

dans la province de Constantine.<br />

Mon intention était,<br />

ainsi que je vous l'ai fait pressentir, de<br />

porter simultanément vers les Bibans et le pays d'Ouennougah<br />

les colonnes mobiles des provinces de Titteri et de Constantine,<br />

d'embrasser ainsi dans un vaste mouvement concentrique tout le<br />

territoire à l'est qui n'a pas encore reconnu la souveraineté de la<br />

(1) Jointe à une dépêche de Valée au Ministre de la Guerre du 19 octo<br />

bre 1840.


France et de forcer à la soumission toutes les tribus qui se sont<br />

montrées hostiles jusqu'à ce jour. Mais l'état sanitaire de l'ar<br />

mée et les événements qui semblent se préparer en Europe ne<br />

permettent pas l'accomplisement de ce vaste plan. La guerre en<br />

Europe n'est pas imminente, mais la France, dans la position que<br />

lui a faite la politique d'isolement à laquelle elle a été réduite, a<br />

cru devoir faire des armements considérables et se préparer à une<br />

lutte qu'elle espère encore éviter. Dans cette situation, il devenait<br />

nécessaire de restreindre dans des limites plus étroites, les opéra<br />

tions projetées pour la campagne d'automne en Afrique, de nous<br />

établir plus fortement sur le territoire que nous occupons, mais<br />

de ne pas former d'établissements permanents à de trop grandes<br />

distances des bases d'opérations.<br />

La division de Constantine devra donc encore,<br />

pendant cette<br />

campagne, manœuvrer isolément et je vais vous indiquer les opé<br />

rations qu'elle devra exécuter.<br />

La guerre n'existe aujourd'hui que sur un point du vaste<br />

territoire soumis à votre commandement. C'est à l'extrémité de<br />

la Medjana que l'ennemi se montre et, d'après vos derniers rap<br />

ports, il se borne en ce moment à menacer le Djérid. Nous devons<br />

donc agir dans ces deux directions. Le cheikh el-Arab devra se<br />

rendre le plus tôt possible dans le Djérid. Ce chef a dû, d'après<br />

mes instructions, former un corps de cavalerie et de fantassins<br />

qui assurera sa prépondérance sur le rival que l'émir peut lui<br />

opposer. Je vous autorise à donner au besoin à Benganah deux<br />

compagnies du bataillon de tirailleurs de Constantine. Vous lui<br />

donnerez des instructions et des conseils sur les opérations qu'il<br />

doit exécuter et vous lui rappellerez qu'il doit avoir pour but de<br />

se rendre maître du désert, de se mettre en relations avec le<br />

cheikh de Touggourt et Tedjini qui est maintenant à Aïn-Madhi<br />

et qu'il peut employer pour asseoir son influence la somme néces<br />

saire. Elle lui sera remboursée par la France. Tous les impôts qu'il<br />

lèvera dans le Djérid devront d'ailleurs être employés à soutenir<br />

la guerre.<br />

Dans la Medjana nous opérerons par nous-mêmes et, d'après<br />

vos derniers rapports,<br />

c'est dans la direction de M'Sila qu'il fau<br />

dra nous porter. Sétif est votre base naturelle d'opérations, mais<br />

je crois qu'il faudra en établir une temporaire à Bordj Medjana.<br />

Vous devrez faire mettre ce point en état de défense. Toutefois,


— 70 —<br />

il ne devra pas rester occupé après la campagne. J'examinerai au<br />

printemps si cette position convient définitivement pour un éta<br />

blissement permanent. En vous portant en avant,<br />

vous devrez<br />

assurer vos communications et ne pas permettre que des rassem<br />

blements ennemis se forment entre votre colonne et Sétif ou dans<br />

la direction de Zamora. Si l'ennemi se présentait de nouveau dans<br />

le nord ou l'ouest de la Medjana, vous devriez manœuvrer pour<br />

l'atteindre et le détruire.<br />

Si je ne me trompe, en menaçant M'Sila, vous ferez une diver<br />

sion puissante en faveur du cheikh el-Arab. Je vous autorise au<br />

besoin à porter vos armes jusqu'à cette ville. Mais, dans l'igno<br />

rance où je suis encore de la configuration exacte du pays, je ne<br />

puis prescrire cette opération d'une manière absolue. Elle ne peut<br />

d'ailleurs être faite que dans les conditions suivantes : occuper<br />

fortement le col d'Ouled Braham, de manière à laisser la commu<br />

nication avec la Medjana assurée, emporter avec la colonne des<br />

vivres en quantité suffisante pour toutes les éventualités ; avoir<br />

la certitude que le mouvement rétrograde, qui aura pour résultat<br />

de ramener les troupes dans la Medjana, ne sera pas considéré<br />

comme un succès pour l'ennemi ; dans tous les cas, rester en posi<br />

tion pendant un certain nombre de jours sur les montagnes qui<br />

entourent le col d'Ouled Braham, de manière à ne rentrer dans<br />

la Medjana qu'avec la certitude de n'avoir pas d'ennemis autour<br />

de soi.<br />

Je verrais avec plaisir qu'il vous fût possible de prendre à<br />

la solde de la France des Turcs et des Coulouglis qui occuperaient<br />

M'Sila pendant l'hiver ; mais cette pensée ne doit être accueillie<br />

qu'autant qu'elle ne rencontrerait pas de difficultés graves.<br />

Le cheikh el-Arab devra occuper Biskra et y laisser une gar<br />

nison qui lui assure la possession de cette place. Il devra appro<br />

visionner pour tout l'hiver cette garnison et s'entendre avec les<br />

tribus qui lui sont dévouées pour l'empêcher d'être bloquée. Il est<br />

bien entendu que Biskra ne devra être occupée que par des indi<br />

gènes à la solde de Ben Ganah.<br />

Vous prolongerez la campagne aussi longtemps que la saison<br />

vous le permettra. Les troupes rentreront ensuite dans les garni<br />

sons et, pendant l'hiver, elles devront profiter de toutes les occa<br />

sions favorables pour se montrer sur différents points. Je vous re-


— 71<br />

commande de nouveau de prendre toutes les mesures possibles<br />

pour installer convenablement la garnison de Sétif. Pendant cette<br />

saison, le camp de Mellaha, où il n'existe pas de bâtiments en<br />

pierre, pourrait être évacué.<br />

J'ai indiqué les opérations dans la Medjana comme devant<br />

être faites par vous. Dans mon opinion, cependant, vous pourriez<br />

revenir à Constantine après avoir installé le général Gueswiller<br />

dans son commandement et lui avoir donné vos instructions. Du<br />

chef lieu de la province, vous dirigerez mieux l'ensemble des opé<br />

rations. Philippeville appelle toute votre attention. Vous avez à<br />

surveiller la frontière de Tunis et à maintenir la sûreté des routes<br />

de Bône et de Philippeville. Au reste, je vous laisse entièrement<br />

libre de vous porter sur les points où votre présence vous paraîtra<br />

nécessaire.<br />

J'ajouterai que, pendant les opérations de l'automne, le corps<br />

du général Gueswiller devra être renforcé d'un bataillon d'infan<br />

terie fort au moins de 800 hommes, de manière à ce que cet offi<br />

cier général ait sous ses ordres 3.000 baïonnettes.<br />

34<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2 extrait)<br />

Alger, le 19 octobre 1840<br />

La tranquillité de la province d'Alger n'a pas été troublée<br />

depuis le dernier courrier. J'ai fait relever par un bataillon de la<br />

légion étrangère, le 58° de ligne qui occupait le Fondouk. L'ennemi<br />

n'a pas inquiété cette opération. Une colonne que j'ai dirigée sur<br />

Coléa est également revenue sans coup<br />

n'ont pas été inquiétés.<br />

férir. Blida et Boufarik<br />

Un événement fâcheux a eu lieu : un navire chargé de bara<br />

ques crut devoir quitter le mouillage de Mostaganem sur une<br />

apparence de mauvais temps ; il mit sous voiles et quelques heu<br />

res après, il était échoué sur un banc qui se trouve à l'embouchure<br />

du Chélif. Le bâtiment perdu est l'Henriette, récemment arrivé de


Toulon,<br />

— 72 —<br />

chargé de quatre baraques. Il avait à bord la moitié de<br />

son chargement environ. (1).<br />

Le consul général du Roi à Tanger m'annonce que les agents<br />

de l'émir s'agitent beaucoup dans le Maroc ; que plusieurs d'entre<br />

eux sont passés en Europe pour acheter des munitions et faciliter<br />

des relations avec le gouvernement anglais. M. le consul surveille<br />

avec soin les émissaires de l'émir et déjà plusieurs fois il est par<br />

venu à déjouer leurs intrigues. M. le ministre des affaires étran<br />

gères a sans doute reçu des rapports plus détaillés de M. de Nion.<br />

35<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

(Girod de l'Ain Le maréchal Valée, p. 306)<br />

Alger, le 19 octobre 1840<br />

M. le président du conseil m'ayant fait connaître, le 10 sep<br />

tembre, les intentions du gouvernement du Roi pour la campagne<br />

d'automne en Afrique et les dépêches de V.E. des 11 et 25 du<br />

même mois ayant confirmé les instructions qui m'avaient été<br />

adressées, j'ai pris des dispositions pour commencer, dès que la<br />

saison le permettra, les opérations de la campagne en les resser<br />

rant dans les limites tracées par le gouvernement de S.M. V.E.<br />

trouvera ci-joint copie des ordres que j'ai adressés au lieutenant-<br />

général Galbois et au maréchal-de-camp Lamoricière.<br />

Dans la province d'Alger, je me prépare à ouvrir prochaine<br />

ment la campagne. Déjà,<br />

ainsi que j'en ai rendu compte à V.E.,<br />

la place de Miliana a été ravitaillée et je serais déjà à Médéa si<br />

l'état sanitaire de l'armée ne me retenait de ce côté de l'Atlas.<br />

Même en conservant le 2° léger et les tirailleurs, j'aurai peine à<br />

mettre en ligne plus de 5.000 baïonnettes, et encore la province<br />

d'Alger ne sera-t-elle défendue que par un faible corps. Cette situa-<br />

(1) En accusant réception de ce rapport, le 11 novembre, le Ministre a<br />

ajouté :<br />

« La perte du navire chargé de baraques, qui a échoué à l'embouchure<br />

du Chélif, est regrettable ; il est, heureux, du moins, que l'équipage ait pu<br />

rentrer sans accident à Mostaganem.


— — 73<br />

tion, que l'expérience des années précédentes faisait prévoir, est<br />

due au grand nombre de malades et je crois, qu'à cet égard, le<br />

gouvernement du Roi n'apprécie pas encore bien exactement l'in<br />

fluence du climat d'Afrique sur les soldats.<br />

Mon intention est, pendant la campagne d'automne, de com<br />

pléter d'abord pour six mois les approvisionnements de Médéa et<br />

de Miliana, opération longue et pénible. Je porterai ensuite des<br />

colonnes dans la vallée du Chélif, pour détruire les approvisionne<br />

ments que les indigènes ont faits sur plusieurs points et, si la sai<br />

son le permet, j'irai jusqu'à Taza pour renverser le fort qu'Abd<br />

el-Kader a fait construire sur les ruines de cette ancienne ville<br />

romaine.<br />

Je ramènerai ensuite le corps expéditionnaire dans ses can<br />

tonnements et je lui donnerai le repos dont il a besoin! pendant<br />

les grandes pluies d'automne.<br />

Pendant le mois de janvier, qui est ordinairement beau dans<br />

la province d'Alger, je me porterai par une marche rapide sur<br />

Cherchel et de ce point sur Miliana, de manière à ouvrir la route<br />

entre ces deux places. J'attache une haute importance à cette opé<br />

ration qui doit assurer notre établissement dans la vallée du Ché<br />

lif. Le but de toutes les opérations que nous avons faites depuis<br />

six mois a été d'éloigner la guerre de son ancien théâtre dans la<br />

province d'Alger et de la porter dans la vallée du Chélif. Médéa<br />

et Miliana tiennent les forces de l'émir en échec. De ces points<br />

nous pouvons agir à l'improviste sur les tribus de l'intérieur et<br />

les obliger à émigrer. L'expérience a prouvé l'avantage de ces<br />

établissements permanents. Blida et Coléa ont forcé les Hadjou-<br />

tes eux-mêmes à reculer devant nous. Mais, pour atteindre ce<br />

but, il faut que nos places au-delà de l'Atlas soient approvision<br />

nées. Pour Médéa, les convois partiront de Blida ; pour Miliana,<br />

Cherchel est le port nécessaire.<br />

L'année prochaine, monsieur le ministre, nous éprouverons<br />

des difficultés moins grandes qu'en 1840. Je ferai cultiver les en<br />

virons de Médéa en blé et en orge. Au printemps,<br />

nous pourrons<br />

faire autour de cette place et autour de Miliana des approvision<br />

nements considérables de fourrages. D'un autre côté, la fabrica<br />

tion du biscuit, qui sera établie à Médéa, rendra moins difficiles<br />

les transports de l'armée. Le gouvernement du Roi, dans les


— 74 —<br />

affaires d'Afrique, doit regarder le temps comme un des premiers<br />

éléments de succès. Nous avons,<br />

en opérant avec suite et persé<br />

vérance, porté nos établissements de La Calle aux Portes de Fer,<br />

d'Alger à Miliana. Il faut attendre maintenant les résultats que<br />

l'application du même système nous promet à l'ouest. Je ferai<br />

connaître à V.E. l'époque précise du départ du corps expédition<br />

naire, de la province d'Alger et je profiterai de toutes les occa<br />

sions pour faire connaître au gouvernement du Roi pendant la<br />

campagne, la suite des opérations de la guerre.<br />

P.S. —<br />

Tous<br />

ces projets ne seraient exécutés et même exécu<br />

tables qu'autant que la France n'aurait pas à soutenir une grande<br />

guerre en Europe. Dans le cas contraire, ce qui resterait de l'ar<br />

mée française en Algérie, nécessairement et exclusivement occu<br />

pée à se maintenir en possession des points principaux du littoral,<br />

n'exigerait pas la présence d'un maréchal de France. Je crois de<br />

voir dès aujourd'hui en faire l'observation à titre de prévision<br />

pour ce qui me concerne, espérant qu'alors le Roi me croirait plus<br />

utile ailleurs.<br />

36<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2 extrait)<br />

Alger, le 19 octobre 1840<br />

La situation de l'armée d'Afrique ne me paraît pas bien ap<br />

préciée et il importe de la présenter avec toute l'exactitude possi<br />

ble. 3.800 soldats non éprouvés par le climat d'Afrique,<br />

nus, à la vérité,<br />

sont ve<br />

augmenter l'effectif des corps depuis trois mois,<br />

mais, à côté de ce gain, il faut tenir compte des pertes qu'ils ont<br />

éprouvées et de l'état sanitaire des corps. Depuis le 1"<br />

juin der<br />

nier, 4.800 soldats environ sont morts dans les hôpitaux, 2.700<br />

ont été évacués sur les hôpitaux de Marseille, Toulon et Mahon ;<br />

800 ont reçu des congés de convalescence parce qu'il était cons<br />

taté que leur santé ne pouvait se rétablir en Afrique et que d'ail<br />

leurs, il était nécessaire de faire des places dans les hôpitaux.<br />

Ainsi, monsieur le ministre, près de 8.000 hommes ont été rayés


73-<br />

des contrôles de l'armée ou n'y comptent plus que pour mémoire.<br />

Ces pertes ont en grande partie été supportées par les divisions<br />

d'Alger. Le feu de l'ennemi dans les pénibles campagnes qu'elles<br />

ont faites, les fatigues qu'elles ont éprouvées, ont diminué consi<br />

dérablement leurs effectifs, tandis que ces causes ont agi moins<br />

fortement sur les autres points de l'Algérie.<br />

L'état sanitaire des troupes qui restent en Afrique n'est pas<br />

satisfaisant. A Alger seulement, les hôpitaux ont 3.600 malades,<br />

mais ce chiffre n'exprime pas le nombre réel des hommes qui ne<br />

peuvent paraître dans le rang. Il existe en outre un grand nom<br />

bre de malades à la chambre. Le 58e, par exemple, qui revient du<br />

Fondouk, n'a pas 200 hommes présents sous les armes. Le batail<br />

lon du 36 léger, qui a occupé Miliana et Boufarik, n'a pas 150 hom<br />

mes valides. Le 53e de ligne, qui est à Blida, n'a pas 150 hommes<br />

en état de faire campagne. Les régiments plus anciennement en<br />

Afrique ont été moins éprouvés par les maladies,<br />

ves et le 17e léger, qui sont les plus nombreux,<br />

mettre en ligne 1.100 hommes.<br />

mais les zoua<br />

peuvent à peine<br />

Cette situation est extrêmement grave, car les divisions d'Al<br />

ger doivent tout à la fois opérer au-delà de l'Atlas et couvrir le<br />

territoire occupé par la population européenne. Je conçois parfai<br />

tement que, dans les circonstances actuelles, le gouvernement du<br />

Roi sente la nécessité de rappeler en France une partie des corps<br />

qui servent en Algérie et ses ordres à cet égard seront exécutés,<br />

dès qu'il aura mis à ma disposition les bâtiments nécessaires pour<br />

leur transport,<br />

mais il importe que V.E. apprécie bien les suites<br />

de cette détermination. Abandonner les positions que nous occu<br />

pons dans la province de Titteri ne paraît pas rationnel en ce<br />

moment. Il faut donc les ravitailler et laisser en même temps un<br />

corps considérable pour couvrir Alger et le Sahel. D'un autre côté,<br />

je ne crois pas possible d'affaiblir le général Galbois,<br />

au moment<br />

où l'ennemi peut de nouveau se montrer dans la Medjana. Dans<br />

la province de Constantine, un pas rétrograde pourrait compro<br />

mettre tous nos établissements. En conservant le 2e léger et les<br />

tirailleurs, je pourrais passer l'Atlas avec 5.000 baïonnettes ; je<br />

n'en aurais pas 3.500 après le départ de ces deux corpsl et il y<br />

aurait imprudence à<br />

entreprendre des opérations avec des forces<br />

aussi peu considérables. Il n'y a donc qu'un parti à prendre, celui<br />

de retirer une portion des troupes d'Oran. Je ne me dissimule


— — 76<br />

pas les inconvénients de cette résolution,<br />

surtout après avoir pré<br />

paré avec éclat des opérations dans l'ouest ; mais je ne connais<br />

pas d'autre moyen de concilier les ordres du gouvernement avec<br />

la nécessité de défendre nos établissements. Oran restera dans<br />

une défensive absolue,<br />

cela est fâcheux sans doute mais ne peut<br />

se comparer aux tristes résultats qui seraient la suite de notre<br />

affaiblissement à Alger.<br />

37<br />

De Lagau à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 128 8 -<br />

original)<br />

Tunis, le 20 octobre 1840<br />

Je m'empresse de répondre à la lettre que V.E. m'a fait l'hon<br />

neur de m'adresser le 4 de ce mois et par laquelle Elle me prie de<br />

faire, pour le compte du rr<br />

de chasseurs d'Afrique, l'achat de<br />

cent chevaux. Quoique cette Régence en soit, dans ce moment,<br />

dépourvue et que le bey ait lui-même à remonter sa cavalerie,<br />

qui a tant souffert pendant sa dernière expédition, j'espère pou<br />

voir remplir, à votre satisfaction, monsieur le Maréchal, la com<br />

mission dont vous me chargez. Il faut, toutefois, ne pas vous lais<br />

ser ignorer que j'aurai de la peine à obtenir un permis d'embar<br />

quement à la Goulette pour le nombre précité et que si, contre<br />

mon espoir, je n'y parvenais pas, je tâcherais de tourner cette<br />

difficulté en choisissant un second port. En attendant les fonds<br />

que M. l'intendant de l'armée doit m'envoyer par le prochain cour<br />

rier, je ferai, d'après le désir de V.E., les avances nécessaires<br />

pour ne pas retarder les achats.<br />

L'envoyé du bey à Constantinople et l'officier que la Porte<br />

a chargé de remettre à S.A. les insignes de sa nouvelle dignité<br />

sont arrivés à Malte où une corvette tunisienne est allée les cher<br />

cher. Lorsqu'ils seront ici on saura, j'espère, à quoi s'en tenir rela<br />

tivement au bruit qui s'accrédite de la réunion de la Régence de<br />

Tripoli à celle de Tunis. Il paraît, en effet, que le sultan, fatigué<br />

de l'occupation de Tripoli,<br />

aussi onéreuse qu'incertaine dans son<br />

avenir, se montrerait, dit-on, disposé à charger le bey de Tunis<br />

de gouverner cette province au nom de la Porte moyennant un


— 77 —<br />

tribut annuel. Si ce projet venait à s'exécuter, le bey n'y gagne<br />

rait qu'un pays de tout temps ennemi du sien, aguerri, aujour<br />

d'hui, par des combats continuels livrés au pouvoir turc et dominé<br />

par trois grands cheikhs dont les prétentions changeraient de na<br />

ture du jour où l'autorité du pacha actuel serait remplacée par<br />

la sienne. Par rapport à nous ce jeune prince ne deviendrait pas,<br />

ce me semble, plus puissant car les nouvelles villes qui lui tombe<br />

raient en partage sont autant de points vulnérables et dans l'in<br />

térieur il aurait, sans cesse, à employer son activité.<br />

38<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Girod de l'Ain Le maréchal Valée, p. 309)<br />

Paris, le 23 octobre 1840<br />

J'ai reçu la dépêche par laquelle vous rendez compte de l'ex<br />

pédition dirigée par le général Changarnier pour le ravitaille<br />

ment de Miliana. J'y<br />

vois que cette opération habilement con<br />

duite a réussi, mais qu'elle s'est faite en présence de forces con<br />

sidérables qui ont constamment précédé ou suivi nos colonnes.<br />

L'importance de nos pertes témoigne assez des efforts de l'enne<br />

mi pour entraver notre marche et la résistance sérieuse que nos<br />

troupes ont rencontrée doit faire présager que les expéditions<br />

qu'il faudra faire encore dans le même but, offriront des difficul<br />

tés de plus en plus graves, tant que les forces dont disposent Abd<br />

el-Kader et ses khalifas n'auront pas éprouvé quelque échec qui<br />

diminue leur nombre et leur confiance. Je dois donc appeler de<br />

nouveau votre sérieuse attention sur la question de savoir s'il y<br />

a nécessité ou, du moins,<br />

utilité bien réelle de prolonger l'occupa<br />

tion de Miliana en présence des immenses inconvénients qui résul<br />

tent de l'éloignement, de l'insalubrité de cette place et des difficul<br />

tés de son ravitaillement,<br />

ou s'il ne serait pas à propos de l'éva<br />

cuer après l'avoir ruinée et démantelée. C'est cette question, dont<br />

la décision devient chaque jour plus urgente et dont vous ont en<br />

tretenu mes lettres des 4,<br />

11 et 25 septembre, auxquelles vous<br />

n'avez pas répondu, que je vous prie itérativement de vouloir bien<br />

examiner.


port des<br />

--78 —<br />

J'ai vainement, monsieur le Maréchal, cherché dans votre rap<br />

liana et le<br />

renseignements sur l'état sanitaire de la garnison de Mi<br />

gouvernement est d'autant plus affligé et surpris de<br />

votre silence à cet égard que des lettres répandues dans le public<br />

et dont plusieurs ont été communiquées au Cabinet, peignent la<br />

situation de cette garnison avec les plus sombres couleurs. Ces<br />

lettres nombreuses, authentiques, écrites par des gens dignes de<br />

foi et qui n'ont pu se concerter,<br />

sont unanimes pour dire que la<br />

garnison de Miliana, qui ne comptait pas 1.200 hommes, a subi la<br />

perte effrayante de plus de 600 décédés ; que plus de 300 malades<br />

ont dû être laissés comme intransportables et enfin que, sur le<br />

nombre des soldats qui ont pu revenir avec la colonne, une très<br />

faible fraction était seule en état de faire la route à pied, avec<br />

ses armes sans bagage.<br />

Si ces détails sont exacts ou seulement s'ils approchent de<br />

la vérité, il était de toute nécessité, monsieur le Maréchal, d'infor<br />

mer le gouvernement d'un état de choses si déplorable ; si vous<br />

pensiez, au contraire, que les pertes éprouvées n'excédaient pas<br />

les proportions prévues, il était nécessaire encore d'en faire la<br />

mention expresse. Je suis donc obligé de vous inviter formelle<br />

ment à vouloir bien vous expliquer catégoriquement sur ce sujet<br />

important. L'effet que ces nouvelles ont produit sur l'esprit pu<br />

blic ajoute à la gravité des considérations militaires indiquées<br />

au commencement de cette lettre et rend plus pressant encore de<br />

prononcer sur l'alternative d'abandonner ou de continuer à occu<br />

per Miliana,<br />

malgré les pertes douloureuses et les sacrifices que<br />

cette occupation impose. J'attends donc de vous, monsieur le Ma<br />

réchal, une explication claire et motivée sur cet objet qui fixe<br />

l'attention publique, qui excite la sollicitude du Cabinet et qui<br />

engage votre responsabilité à un très haut point.<br />

39<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2<br />

copie)<br />

Alger, le 26 octobre 1840<br />

J'ai l'honneur de vous informer que je vais prendre aujour<br />

d'hui à Blida le commandement des troupes destinées à opérer


— 79-<br />

dans la vallée du Chélif et à compléter l'approvisionnement des<br />

places de Médéa et Miliana.<br />

J'ai donné à M. le lieutenant-général Schramm le commande<br />

ment supérieur de la province d'Alger ; je l'ai nommé membre<br />

du conseil d'administration qu'il présidera par ordre de préséance<br />

et l'ai autorisé à prendre, pendant mon absence, toutes les me<br />

sures et donner tous les ordres nécessaires pour pourvoir à la sû<br />

reté du pays et y maintenir l'ordre et la tranquillité. Je l'ai éga<br />

lement autorisé à correspondre avec les commandants supérieurs<br />

des provinces latérales et à leur donner, en cas d'urgence absolue,<br />

les ordres nécessaires pour le bien du service.<br />

J'ai prescrit aux commandants supérieurs de ces provinces<br />

de se conformer aux dispositions que vous avez ordonnées pen<br />

dant le cours de la campagne du printemps dernier,<br />

pour qu'ils<br />

vous tiennent informé, pendant mon absence, des événements mi<br />

litaires et politiques qui pourront survenir dans l'étendue de leur<br />

commandement.<br />

Je ferai, de mon côté, tout ce qui sera possible pour vous<br />

rendre compte fréquemment des opérations de l'armée et de leurs<br />

résultats.<br />

40<br />

Lamoricière à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 125* -copie) (1)<br />

J'ai l'honneur de vous rendre compte que,<br />

Oran, le 26 octobre 1840<br />

pour me préparer<br />

à exécuter les instructions annoncées par votre correspondance<br />

de l'avant-dernier courrier, j'avais employé tous les moyens en<br />

afin d'être exactement informé de la position des<br />

mon pouvoir,<br />

khalifas de l'émir et des tribus qui environnent Oran.<br />

(1) Rapport envoyé au Ministre de la Guerre par Valée de Blida, le<br />

4 novembre 1840.<br />

« Cette expédition, note Valée, a parfaitement réussi, mais la distance<br />

à laquelle on a rencontré les premiers douars arabes ne permet pas d'espé<br />

rer qu'il soit, possible de faire sur l'ennemi de fréquentes razzias. »<br />

Archives du Gouvernement Général, LE. 125 4.


— — 80<br />

J'appris, de la manière la plus positive,<br />

de tentes des Ouled Ali (fraction des Béni Amer)<br />

qu'un grand nombre<br />

et des Garabas<br />

s'étaient établies sur le haut Tlélat. Sidi Zin, agha des Béni Amer<br />

et Ben Yacoub,<br />

agha des Garabas, campaient au milieu de ces<br />

tentes. La sécurité des deux tribus était complète et les deux kha-<br />

lifas Mustapha Ben Tami et Bou Hammedi étaient trop loin pour<br />

leur porter secours.<br />

La distance à parcourir était d'environ onze lieues par des<br />

chemins faciles. Avec du secret et de la promptitude, je ne déses<br />

pérai point d'atteindre les tribus et, malgré les doutes du général<br />

Mustapha à qui seul j'avais confié mon projet, je me décidai à<br />

tenter une razzia.<br />

Sous le prétexte de vérifier la bonne exécution des mesures<br />

prescrites, dans un ordre du jour du 9 octobre, sur l'organisation<br />

des troupes en marche, j'ordonnai le 21 au matin, pour trois heu<br />

res de l'après-midi, une revue de toutes les forces actives de la<br />

division. J'avais déjà parlé de mon intention de passer cette re<br />

vue et l'ordre ne surprit personne. Le secret ne fut réellement<br />

ébruité qu'une heure avant le départ, lorsque je fis prévenir les<br />

corps de prendre leurs dispositions pour une absence de deux ou<br />

trois jours.<br />

A 3 heures et demie, la colonne partit pour le Figuier où elle<br />

prit 500 hommes du 1"<br />

bataillon d'Afrique. Elle se trouva alors<br />

composée de 3.000 hommes d'infanterie environ (13e léger, 15e<br />

léger, 1"<br />

bataillon d'Afrique, 1"<br />

et 41e de ligne), 80 sapeurs du<br />

génie, la batterie de montagne (6 pièces), 700 chevaux du 2e chas<br />

seurs, 400 des spahis, conduits par M. le général inspecteur Bourjolly,<br />

qui avait bien voulu m'offrir sa coopération, et enfin de 500<br />

Douairs et Smélas commandés par le général Mustapha. El Me-<br />

zary encore très malade n'a pu marcher. Une section d'ambulance<br />

et 80 mulets haut-le-pied suivaient la colonne : j'avais expressé<br />

ment ordonné de n'emmener que des hommes valides.<br />

A 6 heures et demie, après une demi-heure de halte au<br />

Figuier, je me remis en marche. Le plus grand ordre et le plus<br />

grand silence avaient été recommandés. La tête marchait très<br />

lentement et les bataillons se serraient les uns sur les autres, de<br />

manière à ne jamais perdre leur trace. La cavalerie se tint sur<br />

nos flancs pendant la première partie de la marche. Plus loin,


— 81 —<br />

je lui fis prendre la gauche, de peur que le hennissement des che<br />

vaux ne donnât l'alarme aux tribus.<br />

La marche s'exécuta ainsi sans retard et sans accident.<br />

L'infanterie marchait à merveille et cinq ou six hommes à peine<br />

avaient réclamé des cacolets.<br />

A cinq heures du matin, nous étions arrivés, sans ren<br />

contrer ni gardes ni vedettes, à une lieue des campements indi<br />

qués. Un Douair envoyé en reconnaissance affirmait s'être appro<br />

ché des tentes et les avoir vues parfaitement en repos. Ceux qui<br />

nous guidaient à la tête de colonne prétendaient entendre déjà les<br />

aboiements des chiens. Le jour commençait à poindre. Le moment<br />

était venu de tenter le coup de main.<br />

Le 1er<br />

de franchir un ravin,<br />

bataillon d'Afrique qui marchait le premier venait<br />

seul passage vraiment difficile de la route.<br />

Je le portai en avant de manière à masser toute la<br />

rière lui et je fis dire au général Bourjolly<br />

pha de gagner rapidement la tête.<br />

colonne1<br />

der<br />

et au général Musta<br />

Le passage du ravin opposait à ce mouvement de sérieuses<br />

difficultés. Mais les Douairs, avertis des signes certains qui an<br />

nonçaient la présence des ennemis et du butin,<br />

ne furent pas<br />

longtemps arrêtés. Je vis bientôt arriver sur notre droite le géné<br />

ral Mustapha précédé de ses deux drapeaux, M. le capitaine Dau-<br />

nas du 28 chasseurs et Coqueret, officier payeur des indigènes,<br />

l'avaient placé entr'eux deux. Soutenu sous les deux épaules, bien<br />

monté d'ailleurs et ardent comme un jeune homme, le général<br />

s'était heureusement tiré des roches et des crevasses. Tous ses<br />

cavaliers groupés autour de lui n'attendaient plus que le signal<br />

et il était évident que je ne réussirais pas longtemps à les retenir.<br />

Le général de Bourjolly,<br />

avec la cavalerie, n'avait pu passer<br />

aussi vite. Cependant le retard ne fut que de quelques minutes.<br />

Dès que je le vis paraître à la tête des premiers spahis, le général<br />

Mustapha,<br />

avec tous ses cavaliers, partit à toute bride.<br />

Je priai le général de Bourjolly et le colonel Yusuf qui con<br />

duisaient la tête de notre cavalerie, et ensuite M. le colonel Randon,<br />

de suivre rapidement le mouvement pour soutenir au besoin<br />

nos alliés.<br />

Les deux régiments nous dépassèrent au galop. Le bataillon<br />

d'Afrique parti du Figuier et moins fatigué que les autres s'avan-


ça d'un pas accéléré,<br />

— 82 —<br />

pendant que je reformais le reste de la co<br />

lonne et que je la dirigeais doucement dans la même trace.<br />

Les tentes de Ben Yacoub rencontrées les premières furent<br />

envahies par nos alliés. Une partie des habitants avertis par le<br />

bruit eurent le temps, à la faveur de la demi-obscurité qui régnait<br />

encore, de s'enfuir dans les gorges voisines, quelques-uns essayè<br />

rent de se mettre en défense et furent tués ou blessés. Plusieurs<br />

femmes ayant accueilli nos Douairs par le cri : « Voici les bapti<br />

sés », éprouvèrent le même sort. A part quelques chevaux sur les<br />

quels les hommes purent s'élancer, toutes ces tentes de Ben Ya<br />

coub et ce qu'elles contenaient restèrent au pouvoir de nos alliés.<br />

L'agha Ben Yacoub était parti, depuis deux jours,<br />

pour Mas<br />

cara. Son fils est au nombre des morts. Sa fille, deux de ses belles-<br />

filles, quatre femmes de chefs secondaires,<br />

un marabout de la<br />

tribu, des nègres etc., en tout vingt individus, hommes, femmes<br />

et enfants sont faits prisonniers. Dix hommes et six femmes ont<br />

péri.<br />

D'autres Douairs dépassant les tentes de Ben Yacoub avaient<br />

poussé sans s'arrêter jusqu'au-delà du marabout de Muley Abd<br />

el-Kader où ils tombèrent dans les tentes de l'agha Sidi Zin, déjà<br />

en fuite, mais qui n'avait pu enlever que bien peu de choses de ses<br />

tentes. La terreur et la précipitation de la fuite furent telles que<br />

les gens de Sidi Zin et de Ben Yacoub laissèrent là leurs drapeaux<br />

qui tous les deux sont tombés au pouvoir de nos cavaliers. Je n'ai<br />

pas osé, monsieur le Maréchal, vous envoyer ces deux trophées<br />

qui ne nous ont pas coûté de sang.<br />

Deux escadrons de spahis et deux du 2e chasseurs, jetés en<br />

tirailleurs,<br />

avaient pénétré dans les tentes avec les alliés, ou,<br />

gravissant les deux berges, rabattaient dans le fond de la vallée<br />

les troupeaux qui fuyaient de toutes parts.<br />

M. le général de Bourjolly,<br />

avec les six autres escadrons,<br />

s'était arrêté, à une demi-lieue environ, en arrière du marabout,<br />

et formait ainsi une puissante réserve,<br />

offensif de l'ennemi.<br />

pour le cas d'un retour<br />

Le 1" bataillon d'Afrique formait un 2e échelon à 3/4 de<br />

lieue plus en arrière.<br />

A mille ou quinze cents mètres de ce bataillon, sur le petit<br />

ruisseau de Mekedra, je m'arrêtai moi-même avec le gros de la<br />

colonne.


— ss-<br />

Il était sept heures du matin. Les Douairs, qui s'étaient aven<br />

turés au loin, commencèrent à se rapprocher des réserves. Deux<br />

heures furent employées à reposer l'infanterie, à charger le butin,<br />

à réunir les troupeaux et à détruire ce qu'on ne pouvait emporter.<br />

Je n'avais plus d'autre intérêt que de mettre nos prises en<br />

sûreté ; un engagement ne me promettait aucun avantage sérieux<br />

et je risquais de perdre les troupeaux qui s'échappaient sans<br />

cesse pour retourner aux tribus. A neuf heures, je me mis en<br />

mouvement pour sortir des gorges du haut Tlélat, et à deux heu<br />

res de l'après-midi, je m'établis au bivouac, à l'entrée de la plaine,<br />

un peu au-dessous des marabouts de Sidi Bel-<br />

sur l'oued Tlélat,<br />

Kaïr, à environ quatre lieues du Figuier.<br />

Quelques cavaliers étaient venus tirailler avec les chasseurs,<br />

à l'arrière-garde. Deux ou trois furent tués ou blessés. Un groupe<br />

assez nombreux s'étant formé, M. le général de Bourjolly embusqua<br />

dans les broussailles les 4 obusiers que j'avais laissés à l'arrière-<br />

garde et continua sa retraite avec les chasseurs ; le groupe trom<br />

pé par ce mouvement s'approcha sans défiance et reçut à bonne<br />

portée une décharge qui jeta par terre plusieurs hommes et plu<br />

sieurs chevaux.<br />

Le lendemain 23, à 10 heures et demie du matin, la colonne<br />

fut rendue au Figuier où elle déposa le troupeau capturé. Dans<br />

l'après-midi, toutes les troupes rentrèrent à Oran ou dans leurs<br />

cantonnements respectifs.<br />

Ce coup de main nous a coûté un spahi tué et un Douair bles<br />

sé en pénétrant dans les tentes de Ben Yacoub.<br />

J'ai fait connaître à la division, par un ordre du jour<br />

dont vous trouverez ci-joint la copie, les principaux résultats de<br />

cette razzia. Ils ne sont pas sans importance et la perte qu'ils<br />

font peser sur les tribus leur sera plus sensible encore que le béné<br />

fice ne l'est pour<br />

nous-mêmes. Les tribus de Ben Yacoub et de<br />

Sidi Zin ont sauvé bien peu de choses de leurs troupeaux : toutes<br />

leurs tentes, tout leur mobilier ont été pris ou brûlés.<br />

J'ose espérer,<br />

monsieur le Maréchal, que vous voudrez bien<br />

ratifier les éloges que j'ai cru pouvoir adresser aux troupes de la<br />

division. H ne m'appartenait pas comprendre d'y M. le général de<br />

Bourjolly<br />

et je n'ai pu que le remercier du concours qu'il m'a<br />

loyalement prêté dans cette<br />

circonstance. Vous achèverez de m'ac-


quitter envers mon collègue,<br />

— 84 —<br />

si vous voulez bien ajouter à ces<br />

remerciements le témoignage de votre satisfaction. La division<br />

d'Oran et son chef seraient également fiers de l'obtenir et ne né<br />

gligeront rien pour s'en rendre dignes dans l'accomplissement des<br />

opérations que vous jugerez à propos de leur confier.<br />

Ordre de la Division<br />

Oran, le 24 octobre I840<br />

Le général commandant la province d'Oran s'empresse de<br />

faire connaître à la division le résultat du coup de main exécuté<br />

le 22 de ce mois, sur la tribu ennemie de Ben Yacoub.<br />

20 hommes, femmes et enfants ont été enlevés, parmi les<br />

quels la fille et deux belles-filles de l'agha Ben Yacoub, la femme<br />

du cadi des Garabas, quatre femmes de chefs secondaires et un<br />

marabout très vénéré.<br />

943 bœufs, 2.010 moutons ou chèvres ont été livrés à l'admi<br />

nistration le 23 au soir, au camp du Figuier.<br />

Il faut ajouter à ces prises plus de 500 moutons ou chèvres<br />

distribués à la troupe, en route ou en arrivant au Figuier, et en<br />

fin tout ce qui a été abandonné aux Arabes alliés ;<br />

60 chevaux de guerre ;<br />

30 chameaux ;<br />

40 mules ;<br />

300 ânes ;<br />

80 ou 90 selles complètes, des armes, de l'argent, etc.. assu<br />

rent aux alliés un butin considérable,<br />

qui stimulera leur ardeur<br />

et nous garantira de leur part un concours de plus en plus utile.<br />

Toutes les circonstances nous ont favorisés pour obtenir ce<br />

résultat. M. le général de Bourjolly, inspecteur général de cava<br />

lerie, a bien voulu se charger de conduire la brigade de cavalerie.<br />

Le général ose à peine le remercier, ainsi que MM. les colonels Ran-<br />

don et Yusuf, d'avoir gardé la masse de leurs escadrons réunie et<br />

rassemblée, pour servir de ralliement au loin à leurs tirailleurs<br />

et aux alliés dispersés et lancés à perte de vue dans toutes les<br />

directions. On ne pouvait attendre d'eux une conduite moins<br />

habile.


■85-<br />

L'infanterie a fait onze lieues sans s'arrêter. L'intelligence<br />

du soldat a été de pair avec sa vigueur et avec sa bonne volonté.<br />

Dans une marche, où trop d'hommes se déclarant faibles nous<br />

eussent obligés de nous arrêter, où un coup de fusil tiré au hasard,<br />

des cris, la moindre confusion, eussent tout compromis, quelques<br />

soldats à peine ont réclamé les moyens de transport, l'ordre et le<br />

silence n'ont pas manqué un seul instant.<br />

La division trouvera, sans aucun doute, des occasions plus<br />

éclatantes. Cependant la marche du 22 est un bon échantillon de<br />

ce qu'elle saura faire au besoin. C'est déjà de l'expérience pour<br />

les jeunes soldats. Ils comprendront désormais que souvent un<br />

ordre de départ ne peut être annoncé longtemps d'avance et que<br />

ce n'est pas sans nécessité qu'il est prescrit d'être toujours prêt<br />

à partir.<br />

Le général ne croit être que juste en citant, dans le présent<br />

ordre M. le capitaine Daumas du 2e chasseurs d'Afrique qui,<br />

chargé de recueillir tous les renseignements sur la position de<br />

l'ennemi, a fourni, avec la dernière précision, tous ceux qui ont<br />

servi de base à l'entreprise, et M. le capitaine d'état-major de<br />

Martimprey, chef du service topographique,<br />

que ses études con<br />

sciencieuses du pays ont mis à même de conduire la tête de colon<br />

ne de telle manière, qu'il n'y<br />

a pas eu, pendant toute la marche,<br />

un seul instant d'incertitude ni un quart d'heure de retard sur<br />

les prévisions d'où le succès devait dépendre.<br />

41<br />

Le Ministre de la Guerre au Général Lamoricière (1)<br />

J'ai reçu,<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

13 novembre 1840<br />

avec la lettre que vous m'avez écrite le 31 octobre<br />

dernier, la copie de votre rapport à M. le maréchal Valée, du 26<br />

du même mois, dans lequel vous rendiez compte du coup de main<br />

que vous avez effectué sur les tribus des Béni Amer et des Gara-<br />

(1)<br />

Commandant la province d'Oran.


86<br />

ba. J'ai mis sous les yeux du Roi et fait insérer au Moniteur le<br />

contenu de ce rapport. S.M. m'a chargé de vous témoigner sa<br />

satisfaction ainsi qu'aux troupes françaises et indigènes qui ont<br />

pris part au fait de guerre dont il s'agit, pour la nouvelle preuve<br />

de dévouement qu'elles viennent de donner.<br />

42<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2) ci)<br />

Blida, le 2 novembre 1840<br />

L'expédition de Médéa a complètement réussi. Abd el-Kader<br />

n'a pas osé s'opposer à notre marche et nous n'avons pu avoir<br />

d'engagement sérieux.<br />

Nous avons eu 32 hommes tués.<br />

(1) Dépêche télégraphique, de Toulon le 6 novembre à 4 heures du soir.<br />

43<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2<br />

copie)<br />

Blida, le 2 novembre I840<br />

Le 26 octobre, je réunis à Blida le corps destiné à opérer<br />

pendant l'automne dans la province de Titteri. Je l'organisai en<br />

deux brigades sous les ordres des généraux Duvivier et Changar<br />

nier ; le premier remplacé momentanément par le colonel Bedeau.<br />

Le corps expéditionnaire était composé de 6.000 baïonnettes, 500<br />

chevaux et 10 obusiers de montagne.<br />

Le 27, je passai la Chiffa et je pris position à Haouch Mou-<br />

zaïa. La 2° brigade, après deux heures de repos, continua sa route<br />

vers le col de Mouzaïa ; elle y arriva à deux heures du matin, sur<br />

prit la sentinelle que les troupes de l'émir y avaient enleva<br />

placée,<br />

une patrouille arabe, mais ne put joindre les bataillons réguliers


- 87<br />

dont le camp était établi sur le versant méridional et qui s'éloi<br />

gnèrent précipitamment dès qu'ils apprirent l'approche des trou<br />

pes françaises. Au jour, le général Changarnier fit occuper les<br />

crêtes qui dominent la route ; son avant-garde aperçut auprès du<br />

lac les bataillons réguliers d'Abd el-Kader qui se retirèrent pré<br />

cipitamment, passèrent le grand ravin qui sépare le piton de Mou-<br />

zaïa du pic du même nom, sans qu'il fût possible de les joindre.<br />

Abd el-Kader emmena ensuite ses troupes sur la Chiffa.<br />

Le 28, à six heures du matin, la 1 brigade et le convoi quit<br />

tèrent Haouch ; à onze heures, j'arrivai au col sans avoir eu d'en<br />

gagement. Je renvoyai le soir même le colonel Bedeau à Haouch<br />

Mouzaïa pour prendre la partie du convoi qui était restée dans ce<br />

camp<br />

Boufarik.<br />

et je prescrivis à la cavalerie et aux voitures de rentrer à<br />

Le 29, à onze heures du matin, tout le corps expéditionnaire<br />

était réuni au col. Je me portai immédiatement au bois des Oli<br />

viers, laissant le 48e au col pour garder les approvisionnements<br />

que je ne pouvais emmener, faute de moyens de transport ; à<br />

quatre heures, nous étions massés au bois des Oliviers. Une fusil<br />

lade insignifiante s'engagea sur notre flanc gauche entre les<br />

zouaves et un détachement des troupes d'Abd el-Kader qui occu<br />

pait une position inabordable. Nous n'eûmes qu'un petit nombre<br />

d'hommes atteints très légèrement par le feu de l'ennemi, mais<br />

un peloton arabe, ayant essayé de s'approcher des zouaves, fut<br />

culbuté par eux et perdit une grande partie des soldats qui le<br />

composaient.<br />

Dès que l'arrière-garde fut arrivée au bois des Oliviers, je<br />

continuai mon mouvement sur Médéa ; je laissai le général Chan<br />

garnier à l'arrière-garde pour repousser l'ennemi que nous n'aper<br />

cevions, au reste, dans aucune direction.<br />

Lorsque le convoi fut réuni au pied du Nador et que l'arrière-<br />

garde eut en partie défilé sur l'arête étroite par laquelle on sort<br />

du bois des Oliviers,<br />

1.200 hommes de troupes arabes régulières<br />

se montrèrent et attaquèrent l'arrière-garde. Le général Chan<br />

garnier les repoussa<br />

vigoureusement mais la nuit l'empêcha de<br />

reprendre l'offensive contre l'ennemi qui, d'ailleurs, se serait pro<br />

bablement retiré dans les montagnes ; à huit heures du soir, tout<br />

le corps expéditionnaire était réuni sous le canon de Médéa.


— - 88<br />

Je trouvai la garnison de cette place très fatiguée par les<br />

privations qu'elle avait souffertes et par l'isolement ; mais le<br />

moral du 23e était excellent et ce régiment rentrera en ligne avec<br />

de nouveaux titres à la bienveillance du gouvernement du Roi.<br />

Les renseignements, que j'avais reçus précédemment,<br />

m'avaient fait connaître qu'Abd el-Kader était aux environs de<br />

Médéa avec toute son infanterie régulière et un grand nombre<br />

de Kabyles. Le mouvement des Arabes, dans la soirée du 29, nous<br />

ayant indiqué qu'ils étaient en position dans la vallée de la Chiffa,<br />

je résolus de marcher à eux pour les amener à un combat, ou, du<br />

moins, s'ils fuyaient devant nous, pour disperser le rassemble<br />

ment kabyle que l'émir avait formé autour de lui. Dans ce but,<br />

le 30 octobre, je quittai Médéa sur trois colonnes ; à la gauche,<br />

le général Changarnier suivit, avec le convoi et quatre bataillons,<br />

la route directe de Médéa au bois des Oliviers ; le colonel Bedeau,<br />

avec le 17B léger, tourna par la droite le massif de Médéa et se<br />

porta dans la direction de la coupure de la Chiffa ; je me dirigeai<br />

moi-même avec deux bataillons sur le Nador, à travers le massif.<br />

Cette position, que l'ennemi avait jusqu'à ce jour occupée, était<br />

complètement évacuée.<br />

Abd el-Kader avait établi son camp à peu de distance du<br />

point où la Chiffa entre dans la gorge par laquelle elle pénètre<br />

dans la plaine de la Mitidja. Dès qu'il nous aperçut, il fit lever<br />

son camp ; les contingents kabyles se dispersèrent dans toutes les<br />

directions ; les bataillons réguliers eux-mêmes se séparèrent :<br />

deux d'entre eux passèrent le Bou Roumi et prirent la direction<br />

du Boualouan ; les autres remontèrent dans les montagnes de<br />

Mouzaïa. Je fis brûler le camp de l'émir où on reconnut les empla<br />

cements occupés par quatre bataillons. A la droite, le colonel Be<br />

deau,<br />

en couronnant les hauteurs qui dominent la rive droite de<br />

la Chiffa, put tirer quelques obus sur les groupes ennemis qui<br />

s'éloignaient rapidement. La ligne se porta ensuite sur le bois<br />

des Oliviers en échelons, afin d'empêcher les tirailleurs de l'arriè<br />

re-garde du 2e bataillon d'Afrique,<br />

tagne, d'être inquiétés par l'ennemi.<br />

qui avait pénétré dans la mon<br />

Le convoi se rendit au col et, le 31, à neuf heures du matin,<br />

il revint au bois des Oliviers. Je pris position au pied du Nador<br />

et j'envoyai le convoi à Médéa. A six heures du soir, le corps


- 89<br />

-<br />

expéditionnaire était campé au bois des Oliviers, sans que l'enne<br />

mi l'eût inquiété pendant toute la journée.<br />

J'espérais qu'Abd el-Kader, comme au 20 mai et au 15 juin,<br />

attaquerait mon arrière-garde pendant que la colonne se dirige<br />

rait vers le col. Je pris les dispositions nécessaires pour marcher<br />

à lui et écraser ses troupes dès qu'elles se montreraient. Dans ce<br />

but, le 1"<br />

novembre, à quatre heures du matin, le 2e bataillon<br />

d'Afrique et le 24e de ligne occupèrent les crêtes qui dominent<br />

la route à droite et à gauche, pendant que le 48" de ligne s'éta<br />

blissait au-dessus du plateau de la Croix. Le convoi se dirigea en<br />

suite vers le col. Le reste de l'infanterie se trouva formé au jour<br />

au-dessus du bois des Oliviers et en mesure de prendre vigoureu<br />

sement l'offensive. L'ennemi ne se montra pas et j'appris, en arri<br />

vant au col, par le colonel Leblond, que les troupes d'Abd el-Kader<br />

s'étaient dirigées, le 31 octobre, vers Boualouan. Quelques Kabyles<br />

seulement s'engagèrent avec nos derniers tirailleurs ; ils eurent<br />

25 à 30 hommes mis hors de combat. De notre côté 2 hommes<br />

seulement furent légèrement blessés.<br />

En arrivant au col, je fis occuper par la 2e brigade la crête<br />

qui domine la route ; je prescrivis au général Changarnier de<br />

descendre ensuite par l'arête qui aboutit à la coupure de la Chiffa<br />

pour détruire les derniers établissements des Mouz&ïa. Après<br />

une halte d'une heure, le convoi se dirigea vers Haouch Mouzaïa.<br />

L'arrière-garde formée par le 17e léger, fut suivie par environ 150<br />

cavaliers ou Kabyles. En arrivant à la position qu'occupait l'artil<br />

lerie dans l'affaire du 12 mai, les tirailleurs du 17e léger se cachè<br />

rent derrière un pli de terrain et, lorsque l'ennemi fut à portée,<br />

se précipitèrent sur lui à la baïonnette. Les Arabes laissèrent qua<br />

rante cadavres sur la place ; les autres se précipitèrent dans les<br />

ravins et ne reparurent plus. L'arrière-garde ne fut plus inquié<br />

tée que par quelques rares coups de fusil et elle arriva à trois<br />

heures à Haouch Mouzaïa où j'avais formé l'avant-garde et le con<br />

voi. Je continuai ma marche sur Blida où j'arrivai le soir.<br />

Le général Changarnier pénétra dans la gorge de la Chiffa,<br />

détruisit quelques établissements qu'il n'avait pu atteindre dans<br />

les précédentes expéditions et acquit la certitude que la tribu des<br />

Mouzaïa avait presque complètement abandonné le versant sep<br />

tentrional de l'Atlas.


90 —<br />

Dans les différents engagements de l'expédition sur Médéa,<br />

nous avons eu 32 hommes tués et environ 200 blessés, la plupart<br />

légèrement. Les pertes de l'ennemi ont dû être beaucoup plus<br />

considérables. D'après les rapports des déserteurs arabes qui sont<br />

venus nous joindre, 100 réguliers au moins ont été tués ou mor<br />

tellement blessés dans l'affaire du 29 octobre.<br />

Je n'ai pas encore reçu les rapports officiels des officiers gé<br />

néraux et je ne puis citer les militaires qui se sont distingués<br />

dans cette expédition ; je les ferai connaître à V.E. dans mon<br />

rapport général. J'ai été, sous tous les rapports, très content des<br />

troupes ; les régiments anciennement en Afrique ont soutenu<br />

leur belle réputation et le bataillon du 53e,<br />

qui entrait en ligne<br />

pour la première fois, a pris une place honorable à côté des corps<br />

qui sont depuis longtemps connus dans l'armée.<br />

Je vais maintenant me porter dans la vallée du Chélif.<br />

44<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2<br />

copie)<br />

Blida, le 2 novembre 1840<br />

Je reçois à l'instant la dépêche de V.E. du 3 octobre et je<br />

m'empresse d'y<br />

répondre. Je regretterais que mes rapports fus<br />

sent passés inaperçus sous les yeux des ministres du Roi et cette<br />

circonstance pourrait seule m'expliquer la nouvelle demande que<br />

vous m'adressez relativement à l'occupation de Miliana. Je me<br />

suis déjà expliqué plusieurs fois à cet égard et je vois avec peine<br />

qu'il faille sans cesse remettre en discussion le système adopté<br />

pour l'Algérie. Je crois qu'il est important que le gouvernement<br />

prenne enfin à l'égard de la colonie d'Afrique une résolution défi<br />

nitive de manière à faire cesser l'état d'incertitude dans lequel<br />

nous sommes. Le système suivi dans l'Algérie a été successive<br />

ment soumis à trois cabinets (1) ; celui dont vous faites partie<br />

l'a formellement approuvé et je ne puis dès lors comprendre qu'il<br />

faille sans cesse, pour les détails, rentrer dans une discussion<br />

nouvelle.<br />

(1) Cabinets : Mole, Soult, Thiers.


— — 91<br />

Je vous prie, monsieur le ministre, de vous rappeler que<br />

l'occupation de Cherchel, de Miliana et de Médéa a fait partie du<br />

système adopté par le gouvernement du Roi. Le rôle que jouent<br />

ces trois places est immense ; elles ont porté la guerre dans la<br />

vallée du Chélif. Ainsi que je l'ai fait remarquer à V.E. dans une<br />

de mes précédentes dépêches, toutes les forces d'Abd el-Kader ont<br />

été, depuis six mois, contenues au-delà de la première chaîne de<br />

l'Atlas. Miliana évacuée, la guerre serait sur la Chiffa ; Blida se<br />

rait constamment attaquée et la colonie que j'établis dans cette<br />

ville ne pourrait se développer. Tous les hommes qui connaissent<br />

l'Afrique savent que l'évacuation d'une place produirait un effet<br />

moral immense en faveur d'Abd el-Kader et commencerait une<br />

série d'abandons qui ne tarderait pas à nous enfermer dans Alger.<br />

Le gouvernement du Roi peut voir dans le rapport du comman<br />

dant de Miliana l'opinion de cet officier supérieur à cet égard.<br />

D'un autre côté, le projet d'abandonner cette place que, malheu<br />

reusement, les lettres de France ont annoncé en Afrique, est con<br />

nu des Arabes et voici comme s'explique à cet égard M. le lieute<br />

nant-général Galbois dans une dépêche que je reçois à l'instant :<br />

« Le bruit court que vous êtes parti pour Médéa et Miliana dans<br />

« le but d'en retirer les garnisons et de raser ces deux villes. S'il<br />

« en était ainsi, la tranquillité de la province de Constantine<br />

« pourrait être compromise dans un temps plus ou moins éloigné<br />

« et il faudrait pour la maintenir un plus grand nombre de trou-<br />

« pes ».<br />

Personne plus que moi, monsieur le ministre,<br />

ne déplore les<br />

souffrances de nos soldats ; ils me rendent la justice de dire que<br />

je fais tout ce qui dépend de moi pour les adoucir et V.E. n'ignore<br />

pas que j'ai constamment réclamé contre la mauvaise qualité et<br />

l'insuffisance des rations qui leur sont accordées. Ce n'est pas<br />

moi, monsieur le ministre, qui ai répondu au tableau de leurs souf<br />

frances en disant qu'ils étaient dédommagés par la double cam<br />

pagne qu'on consentait à leur compter. Mes rapports prouvent<br />

que j'ai constamment réclamé une nourriture saine et abondante<br />

et que, trop souvent, mes demandes n'ont produit aucun résultat.<br />

J'ai constamment tenu à ce que la France comprît qu'elle avait<br />

entrepris en Afrique une œuvre longue et coûteuse et qu'elle de<br />

vait acheter par de nombreux sacrifices l'accroissement de gran<br />

deur que lui promettait l'avenir sur la côte d'Algérie. Ma respon-


sabilité sera complètement couverte envers le Roi et la France<br />

lorsque la vérité tout entière sera connue.<br />

J'ajouterai,<br />

monsieur le ministre, que je n'ai jamais dissi<br />

mulé au gouvernement du Roi la situation réelle des affaires de<br />

l'Algérie. En ce qui concerne particulièrement Miliana, j'ai en<br />

voyé à V.E. copie des rapports du commandant de cette place en<br />

y joignant toutes les explications nécessaires. Mais pour que ces<br />

rapports pussent vous être transmis, il fallait qu'ils me fussent<br />

parvenus et que j'eusse pu en prendre connaissance. Il n'est donc<br />

pas étonnant que des lettres particulières soient arrivées avant<br />

eux à Paris.<br />

Je reviens à l'occupation des trois places qui forment à l'ouest<br />

la ceinture de défense de la Mitidja. Je persiste à penser qu'elle<br />

est indispensable dans les conditions où nous sommes placés. Je<br />

suis entré à cet égard dans de longues explications dans la dé<br />

pêche que j'ai adressée à V.E. sur Miliana et ce que je viens de<br />

voir à Médéa me confirme dans cette opinion. Maintenant, mon<br />

sieur le ministre,<br />

système qu'il a approuvé,<br />

si le gouvernement du Roi veut renoncer au<br />

qu'il me fasse connaître celui qui lui<br />

paraît préférable et je remplirai un dernier devoir en lui expli<br />

quant les dangers de combinaisons nouvelles. Je dirais seulement<br />

à l'avance que, lorsqu'on aura abandonné Miliana, il faudra se<br />

préparer à évacuer Médéa et renoncer également à la province de<br />

Constantine pour se borner à l'occupation de quelques comptoirs<br />

sur la côte. Je suis loin de penser que la guerre puisse se terminer<br />

promptement en Afrique ; j'ai toujours dit que plusieurs années<br />

étaient nécessaires pour que des résultats positifs apparussent à<br />

tous les yeux et je vois avec une profonde douleur que le gouver<br />

nement du Roi n'apprécie pas les immenses avantages que nous<br />

avons obtenus depuis l'ouverture de la campagne. J'attendrai donc<br />

que le Roi me fasse donner un ordre formel d'abandonner les pla<br />

ces de l'intérieur et je continuerai jusque là à en faire des bases<br />

imposantes d'opérations. Au printemps, lorsque les colonnes mo<br />

biles trouveront sur ces différents points des vivres et des muni<br />

tions, elles pourront faire supporter aux tribus de l'intérieur les<br />

maux de la guerre et les amener ainsi à la soumission. Nous avons<br />

la guerre dans l'Algérie ; nous l'aurons encore pendant longtemps<br />

et je pense qu'il est plus utile, dans l'intérêt de la colonie, qu'elle<br />

se fasse au loin que sous les murs d'Alger.


93 —<br />

Je ne comprends pas non plus ce que V.E. entend par la né<br />

cessité de faire éprouver quelque échec aux troupes d'Abd el-<br />

Kader ; je croyais que, depuis dix mois, la valeur de nos soldats<br />

avait fait éprouver à l'émir une série de mécomptes et de pertes<br />

en hommes qui avaient assuré la supériorité de nos armes et<br />

que toutes les prévisions des projets approuvés par le gouverne<br />

ment avaient été réalisées. En Afrique, on le comprend ainsi car<br />

on sait que la guerre doit être longue et que l'on ne peut soumet<br />

tre un peuple en quelques jours. Je regretterais vivement pour<br />

l'Algérie que la France ne comprît pas complètement la position<br />

qu'elle s'est faite en Afrique et je ne pourrais que rappeler que<br />

la persévérance seule assure le succès d'une vaste entreprise ; que<br />

c'est elle qui nous a conduits en deux années de Bône aux Portes<br />

de Fer, qui nous donné Blida, Coléa, Cherchel et Philippeville dont<br />

la prospérité grandit chaque jour, Médéa et Miliana qui seront<br />

l'année prochaine des centres d'action et de population. Ce sys<br />

tème vaut bien celui de courses et de razzias sans but qu'on vou<br />

drait y substituer et contre lequel je ne cesserai de m'élever.<br />

45<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2<br />

copie)<br />

Blida, le 2 novembre 1840<br />

Je reçois à l'instant la dépêche de V.E. du 23 octobre rela<br />

tive au départ d'Afrique du 2e léger et des tirailleurs. Les corps<br />

n'ont pas encore quitté l'Algérie parce que, d'abord, je n'avais<br />

pas à ma disposition de moyens de transport et, ensuite, parce<br />

qu'ils étaient indispensables pour assurer la sécurité du Sahel.<br />

Ces deux corps forment les seules troupes disponibles que j'aie<br />

laissées au lieutenant-général Schramm pour défendre la province<br />

d'Alger et cependant j'ai à peine avec moi 6.000 hommes. V.E.<br />

m'avait d'abord annoncé que le 6e léger remplacerait le 2e de même<br />

arme. Cette disposition a été changée et le 5e bataillon de la lé<br />

gion étrangère, qui n'est pas encore arrivé, a dû remplacer le 21e<br />

léger et les tirailleurs, mesure qui produira un affaiblissement


94 —<br />

considérable dans la force de la division d'Alger. J'ai donné l'or<br />

dre à M. le lieutenant-général Schramm de faire partir pour la<br />

France le 2e léger sur les bâtiments qui amèneront le bataillon<br />

espagnol (1). Les tirailleurs partiront ensuite mais, jusqu'à l'ar<br />

rivée du bataillon de la légion, il est impossible d'affaiblir la gar<br />

nison d'Alger, car j'ai dû avoir recours à la milice africaine pour<br />

faire le service de cette place. (2) .<br />

J'ai expliqué à V.E. dans une de mes précédentes dépêches<br />

la situation exacte de l'armée d'Afrique et particulièrement des<br />

divisions d'Alger,<br />

par suite des pertes éprouvées et des maladies<br />

qui sévissent chaque année sur les troupes. Il faut accepter l'Al<br />

gérie avec toutes les mauvaises chances qu'elle présente et ne pas<br />

oublier que, chaque année, l'influence du climat met dans les hô<br />

pitaux une grande partie de l'armée. La construction de bâti<br />

ments militaires, l'envoi de lits pour tous les soldats et une nour<br />

riture abondante et composée de denrées de bonne qualité sont<br />

les seuls moyens d'améliorer cette situation.<br />

46<br />

De Lagau à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 128 8<br />

original)<br />

Tunis, le 2 novembre 1840<br />

J'ai reçu la lettre que V.E. m'a fait l'honneur de m'adresser<br />

le 18 octobre dernier ainsi qu'un mandat de 20.000 francs destiné<br />

à payer les chevaux dont Elle m'a recommandé l'achat. Il eut été<br />

préférable, dans les circonstances actuelles, d'avoir un crédit sur<br />

Alger, dont j'aurais profité au fur et à mesure de mes achats. Au<br />

reste, je prie par ce courrier M. le payeur à Bône, de m'envoyer<br />

comme à-compte sur ce mandat 10.000 francs de traites sur Mar<br />

seille, c'est-à-dire de suivre, sous ce rapport, la marche adoptée<br />

pour la remonte effectuée par M. Decroix. Je suis déjà parvenu à<br />

réunir quelques bons chevaux, pour lesquels j'ai fait les avances<br />

(1) Bataillon formé en France avec des Espagnols réfugiés en France<br />

après la défaite des Carlistes.<br />

(2) Au moment de la rupture du traité de la Tafna, la milice algérienne<br />

comptait 1.807 hommes. Pendant les expéditions, elle faisait le service dans<br />

les principaux postes de la ville et même dans certains postes extérieurs.<br />

(Etablissements.... 1841).


—<br />

— 95<br />

nécessaires. Dès que j'aurai les fonds en question j'en augmente<br />

rai le nombre, conformément à vos désirs, monsieur le Maréchal,<br />

et m'occuperai même de l'achat de beaux étalons pour le 4e chas<br />

seurs d'Afrique.<br />

Le firman, par lequel le Grand Seigneur élève le bey à la<br />

dignité de Muscir, a été remis, ce matin, à S.A. par Hassan<br />

Effendi, envoyé de la Porte et en présence des agents des puis<br />

sances européennes. Après cette cérémonie, dont les riches uni<br />

formes des officiers tunisiens, les costumes variés des ministres<br />

et autres fonctionnaires de l'Etat et un fond de luxe oriental re<br />

haussaient l'éclat, je me suis approché du bey pour lui offrir mes<br />

félicitations. Quoique assis sur son trône, entouré de toute sa<br />

cour ainsi que d'une foule d'Arabes et tout fier des nouvelles fa<br />

veurs de la Porte, il m'a, (contrairement à l'usage) tendu la main<br />

et cela de la manière la plus affectueuse pour me remercier, sans<br />

doute, de ma présence et de quelques bons avis que j'avais donnés<br />

la veille à son premier ministre. Quant à la réunion de Tripoli à<br />

cette Régence, il n'en a point été fait mention, toutefois, je sais<br />

qu'il en est toujours fortement question.<br />

Le dernier « Portofoglio » et les lettres de Malte en date du 28<br />

octobre, nous ont appris que les Anglais avaient repris Beyrout,<br />

battu Soliman Pacha et que le fameux émir Bechir non seulement<br />

avait fait sa soumission aux alliés, mais encore était arrivé à<br />

Malte avec toute sa famille. Cette nouvelle a produit ici une sensa<br />

tion peu favorable aux Anglais, car ils paraissent n'avoir respecté<br />

aucune forme. On sait, d'ailleurs, qu'ils se renforcent partout et<br />

se préparent à la défense. Ils ont déjà 14 vaisseaux et en atten<br />

dent 4, 8 bateaux à vapeur de guerre et en attendant 2. Enfin,<br />

du côté de l'Orient, la guerre paraît imminente.<br />

47<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général 1 E 146* copie)<br />

Paris, le 4 Novembre 1840<br />

Le général Guingret, par dépêche du 25 octobre, m'a rendu<br />

compte de l'odieux guet-apens dont M. le capitaine Saget, le kaïd<br />

Mahmoud et deux cavaliers sont tombés victimes. La perte du


96 —<br />

capitaine est d'autant plus regrettable que ce jeune officier d'état-<br />

major joignait à un mérite éprouvé un zèle ardent pour ses de<br />

voirs, zèle dont témoigne sa mort même, puisque le désir de lever<br />

un territoire inexploré l'a entraîné dans le piège où il a malheu<br />

reusement succombé. Ce qui n'est pas moins déplorable, c'est que,<br />

par un excès de confiance, par son imprudence même, il ait faci<br />

lité l'accomplissement du lâche assassinat commis sur sa person<br />

ne et celle de plusieurs de ses compagnons.<br />

Trop souvent déjà en Algérie de semblables imprudences et<br />

l'oubli des ordres donnés à cet égard ont amené des malheurs<br />

semblables. Pour en prévenir le retour, je vous invite à renouveler<br />

de la manière la plus expresse les prescriptions précédemment<br />

faites et à veiller à leur rigoureuse exécution.<br />

Quoi qu'il en soit de la cause de ce crime, il importe de ne pas<br />

le laisser impuni.<br />

Vous prendrez en conséquence les mesures convenables pour<br />

infliger à ses auteurs un châtiment exemplaire.<br />

Ce châtiment ne saurait être ni trop prompt ni trop complet<br />

contre le cheikh ben Chaïb et son douar.<br />

J'ai vu d'ailleurs avec une vive satisfaction que les tribus<br />

voisines ne s'étaient pas montrées complices de cet attentat, que<br />

les corps des victimes avaient été rapportés à Bône et que les<br />

honneurs funèbres avaient pu leur être rendus.<br />

Le kaïd Mahmoud a laissé un jeune fils qui annonce, d'après<br />

le général Guingret, les plus heureuses dispositions. Le gouver<br />

nement est prêt à se charger de son éducation et à honorer ainsi<br />

la fidélité et le dévouement de son père. Vous prescrirez au géné<br />

ral Guingret de lui fournir les moyens nécessaires pour venir à<br />

Paris.<br />

Vous voudrez bien m'informer, monsieur le Maréchal, de la<br />

suite donnée aux instructions contenues dans la présente dépêche.<br />

48<br />

Schramm au Ministre de la Guerre<br />

(Moniteur, 15 novembre 1840)<br />

Alger, le 5 novembre 1840<br />

M. le maréchal, en partant le 27 octobre dernier, pour diriger<br />

en personne le ravitaillement des places de Médéa et Miliana, a


— 97-<br />

jugé à propos de me remettre pendant son absence le comman<br />

dement supérieur de la province d'Alger et de me déléguer une<br />

partie de ses attributions à l'égard des généraux commandant les<br />

provinces de Bône et d'Oran ; je me suis donc vu, avec un vif<br />

regret, dans l'impossibilité d'accompagner M. le maréchal dans<br />

sa course et, dès lors, j'ai dû me consacrer entièrement aux<br />

moyens de maintenir la sécurité dans la province et de veiller<br />

à ce que la marche des affaires civiles et militaires ne fût point<br />

ralentie par l'absence momentanée du gouverneur général.<br />

J'ai l'honneur de vous annoncer en conséquence que l'ordre<br />

le plus parfait règne dans la colonie et dans toutes les branches<br />

des différents services et que,<br />

malgré que je n'aie près de moi<br />

qu'un très petit nombre de troupes, elles ont été disposées jde<br />

manière à protéger efficacement toutes les approches du Sahel,<br />

qui jouit d'une tranquillité parfaite.<br />

4 à 500 cavaliers arabes seulement,<br />

gent de l'est,<br />

rentes,<br />

appartenant au contin<br />

ont été vus dans la plaine et à deux reprises diffé<br />

une portion de cette cavalerie est venue menacer la Res-<br />

sauta et la Maison-Carrée,<br />

où deux faibles engagements ont eu<br />

lieu les 28 et 29 octobre, dans lesquels nos indigènes,<br />

ces postes, leur ont tué et blessé quelques hommes.<br />

qui gardent<br />

Un groupe de maraudeurs attiré par le désir d'enlever quel<br />

ques colons imprudents ou des militaires isolés, a également osé<br />

s'aventurer dans les ravins qui avoisinent Douera ; ils étaient<br />

même parvenus à saisir quatre colons lorsqu'ils ont été joints par<br />

un détachement d'infanterie,<br />

et quelques gendarmes qui ont déli<br />

vré leurs prisonniers ; ils les ont mis en fuite après avoir tué<br />

quatre des leurs. Ces événements ont, du reste,<br />

tance,<br />

qu'ils méritent à peine d'être mentionnés.<br />

si peu d'impor<br />

Je viens d'être informé que, dans la province d'Oran, tout<br />

va également très bien et que le général de Lamoricière a com<br />

plètement réussi dans une grande razzia qu'il a faite, le 21 du<br />

mois dernier, sur deuxl grandes tribus appartenant aux Bem<br />

Amer et aux Garrabas, qui nous sont hostiles et qui n'avaient<br />

pas craint de venir s'établir dans le haut Tlélat à onze lieues<br />

d'Oran, dans la direction de Mascara.<br />

Cette surprise faite avec autant de bonheur que d'intelli<br />

gence parce qu'elle ne nous a coûté qu'un homme et qu'elle a


complètement ruiné ces tribus, ne peut manquer de produire un<br />

grand effet sur les Arabes de cette province ;<br />

elle a produit un<br />

butin considérable dont les Douairs et les Smelas, nos alliés, ont<br />

profité et elle a fait tomber en nos mains environ 3.000 à 4.000<br />

têtes de bétail et un assez bon nombre de chevaux, chameaux,<br />

etc.<br />

Les femmes des principaux chefs de ces tribus et un des<br />

marabouts les plus influents du pays se trouvent au nombre des<br />

prisonniers.<br />

Les nouvelles que j'ai reçues de la province de Constantine<br />

ne font mention d'aucun fait nouveau. Le 18 octobre, le frère<br />

d'Abd el-Kader se trouvait à trois ou quatre journées de marche<br />

dans le sud de Sétif et le général Galbois se disposait à marcher<br />

à sa rencontre pour le forcer à la retraite.<br />

Les opérations militaires que le général a dirigées dans cette<br />

partie de la province ont atteint le but qu'on se proposait d'en<br />

chasser l'ennemi et d'y rétablir partout notre autorité. Le châ<br />

timent qui a été infligé aux tribus qui s'étaient laissé entraîner<br />

par les promesses de l'émir les a fait rentrer dans le devoir et a<br />

puissamment contribué à resserrer notre alliance avec toutes<br />

celles qui sont venues combattre sous notre drapeau.<br />

La plus grande tranquillité règne également dans la province<br />

de Bône ; mais elle vient d'être le théâtre d'un événement très<br />

malheureux. M. Saget, capitaine d'état-major,<br />

en mission dans<br />

le cercle de La Calle pour des travaux topographiques, a péri,<br />

victime d'un assassinat traîtreusement prémédité par le chef<br />

d'une tribu des Beni-Sala de la montagne, dont on n'avait point<br />

encore pu obtenir la soumission.<br />

Ce jeune et brillant officier, attiré par l'amour du dessin, a<br />

commis la fatale imprudence de se rendre à une invitation que<br />

lui avait faite ce chef insoumis, malgré qu'il connût ses antécé<br />

dents et contrairement aux avis du caïd de La Calle et de plu<br />

sieurs chefs de tribus. Il a été tué d'un coup de pistolet,<br />

au mo<br />

ment où, après avoir mis pied à terre, il se promenait devant la<br />

tente du chef de la tribu Ouled Ahmed. Au même moment, le caïd<br />

de La Calle, Mohammoud, homme très dévoué aux intérêts de la<br />

France et d'un mérite supérieur,<br />

qui avait voulu accompagner<br />

M. Saget, ainsi qu'un chasseur d'ordonnance, tombèrent mortel-


— — 99<br />

lement blessés ; les neuf spahis qui composaient l'escorte, furent<br />

entièrement dépouillés de leurs vêtements et de leurs chevaux.<br />

Ce cruel événement est venu fournir une nouvelle preuve de<br />

la sincérité des Béni Sala de la plaine, car ils n'eurent pas plus<br />

tôt été informés de cet attentat, que, de toutes parts il se préci<br />

pitèrent vers la tribu coupable et parvinrent à enlever le corps<br />

du capitaine Saget qu'ils portèrent à Bône où ils ramenèrent éga<br />

lement le caïd de La Calle et les spahis qui avaient échappé au<br />

massacre. Je suis informé que les Ouled Ahmed, justement<br />

effrayés sur leur avenir, ont abandonné le pays et se sont enfon<br />

cés dans la montagne. On ignore encore le lieu où ils ont dressé<br />

leurs tentes.<br />

Philippeville est toujours en voie de prospérité et,<br />

si ce<br />

n'était quelques maraudeurs et quelques fanatiques qui viennent<br />

pendant la nuit pour commettre de temps à autre des vols ou des<br />

assassinats,<br />

cette ville naissante jouirait du calme le plus com<br />

plet, mais cette tranquillité ne saurait exister avec les mœurs des<br />

populations que quand le mur d'enceinte sera entièrement ter<br />

miné.<br />

Bougie est très calme, les tribus environnantes paraissent<br />

vouloir se rapprocher de nous. En général, tous les Arabes parais<br />

sent las de la guerre et leurs dispositions à notre égard s'amé<br />

liorent.<br />

Au moment où j'allais clore mon courrier, j'apprends qu'un<br />

brillant mais court engagement vient d'avoir lieu un peu en avant<br />

de la Maison-Carrée. L'ennemi,<br />

qui avait été signalé, s'est avancé<br />

en deux colonnes jusqu'à portée de fusil de ce poste,<br />

tout à coup<br />

quand il fut<br />

attaqué de front par les spahis et les tirailleurs indi<br />

gènes et pris de flanc par notre infanterie et des piquets de gen<br />

darmerie qui, d'après mes instructions, avaient convergé en même<br />

temps des différents camps sur le point de l'attaque. Bien que<br />

l'ennemi comptât environ 500 chevaux, il ne put résister long<br />

temps à nos efforts combinés et au feu de deux pièces de canon<br />

qui jetaient le trouble et le désordre dans la masse compacte qu'il<br />

formait.<br />

Forcé ainsi à une retraite précipitée, il laissa en notre pou<br />

voir une douzaine de tués et plusieurs chevaux. Les troupes qui


— — 100<br />

le poursuivaient purent voir qu'il emportait encore un assez grand<br />

nombre de blessés et de morts. Nous n'avons personne à regret<br />

ter,<br />

seulement quelques blessures assez légères.<br />

Mes dispositions sont prises de telle manière que, de quelque<br />

côté que se présente l'ennemi, il sera reçu comme aujourd'hui.<br />

M. le lieutenant Pellet, qui commande les indigènes, s'est<br />

particulièrement distingué dans ces dernières affaires et a donné<br />

de nouvelles preuves de courage et de capacité militaire.<br />

49<br />

Le Ministre la Guerre au Général Schramm (1)<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

13 novembre 1840<br />

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le rapport que vous m'avez<br />

adressé le 5 novembre courant. Je l'ai mis sous les yeux du Roi<br />

et fait insérer au Moniteur. S.M. m'a chargé de vous témoigner<br />

sa satisfaction ainsi qu'aux troupes sous vos ordres pour les nou<br />

velles preuves de dévouement qu'elles ont données dans les divers<br />

engagements que vous me signalez et notamment dans celui de<br />

la Maison-Carrée.<br />

J'apprends avec plaisir que le calme règne dans la province<br />

de Constantine et j'approuve les dispositions que vous avez faites<br />

pour être en mesure de combattre les partis d'Arabes qui tente<br />

raient des incursions vers le Sahel.<br />

Je déplore la perte du capitaine d'état-major Saget ; il est<br />

bien fâcheux que cet officier n'ait pas cru devoir tenir compte des<br />

conseils du caïd de Bône qui, dans cette circonstance, est aussi<br />

tombé victime de la perfidie du chef arabe insoumis, des Ouled<br />

Ahmed.<br />

(1) Commandant provisoirement la province d'Alger.


— 101<br />

50<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 146*<br />

copie)<br />

Paris, le 6 novembre 1840<br />

Des rapports confidentiels qui m'ont été adressés font con<br />

cevoir l'espérance d'ouvrir avec un chef puissant de la Régence<br />

de Tripoli des relations profitables à la politique et aux intérêts<br />

français en Algérie, spécialement dans la province de Constan<br />

tine. Ce chef nommé Abd el-Gellil, qui tient le pacha en échec et<br />

presque prisonnier sur une zone étroite du littoral, a exprimé l'in<br />

tention de faire reprendre aux caravanes le chemin qu'elles sui<br />

vaient jadis et qu'elles ont abandonné depuis notre conquête.<br />

Maître de Mourzoug dans le Fezzân, lieu où s'opèrent les pre<br />

miers échanges avec les indigènes de l'Afrique intérieure et de<br />

Gadamès, point de partage des diverses branches des grandes<br />

caravanes se dirigeant ensuite sur les points de la côte qu'elles<br />

fréquentent encore, Abd el-Gellil peut certainement exercer une<br />

influence décisive sur le rétablissement des relations rompues<br />

mais non pas oubliées. Ce chef est à la tête de forces nombreuses<br />

et en possession d'une indépendance que le pacha de Tripoli n'au<br />

ra pas la force de lui enlever. Il peut communiquer avec Cons<br />

tantine, dont Gadamès ne paraît guère éloigné de plus de vingt<br />

journées, sans emprunter le territoire de la Régence intermé<br />

diaire de Tunis, qu'il contournerait au sud. Il ne resterait ainsi<br />

qu'à lui assurer un pacifique trajet à travers les tribus orientales<br />

ou méridionales de la province de Constantine,<br />

en combinant avec<br />

la marche commune des caravanes les mouvements militaires opé<br />

rés pour recouvrer le tribut, ou pour assurer la soumission ; les<br />

mesures à prendre, quand il y aura lieu, sont l'objet d'instructions<br />

ultérieures et spéciales.<br />

Il vous sera facile, monsieur le Maréchal, d'apercevoir tous<br />

les avantages qui pourraient résulter du rétablissement des an<br />

ciennes relations.<br />

Constantine et Philippeville deviendraient l'entrepôt d'un<br />

riche commerce d'échange et, dans les temps difficiles, les appro<br />

visionnements pourraient être éventuellement assurés indépen<br />

damment des moyens empruntés à l'Europe.


-102 —<br />

Au point de vue politique, lorsque les Arabes placés entre<br />

l'Algérie et l'Egypte, affranchis chez nous,<br />

comme c'est mon in<br />

tention, des taxes onéreuses qu'ils acquittent ailleurs et des ava<br />

nies qu'ils n'auraient pas à redouter, auraient recueilli quelque<br />

temps les avantages d'un commerce direct avec nous, ils feraient<br />

nécessairement des efforts sérieux pour le maintenir. Nous pour<br />

rions avec leur aide, inquiéter la Régence de Tunis sur la fron<br />

tière orientale et la détourner ainsi de nous susciter des embarras<br />

sur la nôtre.<br />

Enfin, et ce point mérite d'être pris en sérieuse considéra<br />

tion, on me fait connaître que l'armée d'Abd el-Gellil, dans sa<br />

portion la moins irrégulière, est composée de noirs du Soudan<br />

obtenus par la guerre ou à prix d'argent, qui font un très bon<br />

service et demeurent invariablement fidèles au drapeau. Ils for<br />

ment l'infanterie du chef arabe et ne l'ont pas médiocrement aidé<br />

à se rendre maître de la presque totalité du pays. Abd el-Gellil<br />

paraîtrait disposé à faire acheminer vers la province de Constan<br />

tine, le nombre que nous déterminerons de ces noirs généralement<br />

de belle race, que nous rachèterions à bas prix et auxquels on<br />

confierait des armes en leur donnant la liberté. L'Inde a eu, elle<br />

a encore, des compagnies noires. Nos colonies des Antilles les ont<br />

connues ; le Sénégal ne s'en est pas mal trouvé et les rapports<br />

qui me sont faits témoignent que les nègres dont il s'agit ici<br />

peuvent être comptés parmi les meilleurs et les plus sûrs de leur<br />

race. Je suis disposé à autoriser une première imputation et si,<br />

comme tout permet de l'espérer, l'essai tourne à bien, l'introduc<br />

tion pourrait recevoir un plus grand développement et s'étendre<br />

par exemple jusqu'à la colonisation par de nouveaux habitants<br />

de race noire, sur les points de la Régence où nous pourrions le<br />

moins obtenir la sympathie des indigènes. Les Turcs leur impo<br />

saient l'obéissance en armant les Coulouglis qui se croyaient<br />

supérieurs à l'Arabe, bien que maintenus dans une grande infé<br />

riorité à l'égard des vainqueurs. Les peuples conquérants partout<br />

en petit nombre dans les premiers temps, ont presque partout<br />

aussi recouru à des auxiliaires également étrangers aux nations<br />

conquises et à eux-mêmes. Nous sommes dans une situation à la<br />

quelle de pareils expédients sont applicables. L'emploi des noirs<br />

armés semble d'autant mieux indiqué que la défection en masse<br />

ne serait jamais à craindre, l'Arabe considérant le nègre comme


-103 —<br />

éternellement voué à la servitude par la malédiction divine. Par<br />

la même raison, la désertion individuelle serait assez rare, du<br />

moment surtout où le nègre aurait le sentiment de la liberté.<br />

-J'aurai soin, M. le Maréchal, de vous tenir informé des suites<br />

de la présente communication.<br />

51<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 146*<br />

copie)<br />

Paris, le 6 novembre 1840<br />

Je me suis fait représenter la dépêche ministérielle du 8 août<br />

dernier par laquelle votre attention a été appelée sur la forme<br />

et les conséquences politiques de la prière musulmane (khotba)<br />

dans les mosquées le jour du vendredi. L'objet m'en a paru d'une<br />

telle gravité que je crois devoir vous rappeler la nécessité d'une<br />

réponse qui n'est point encore parvenue à mon département, en<br />

même temps que l'urgence de remédier à un inconvénient grave,<br />

que vous aviez certainement observé vous-même.<br />

Avec l'intention la mieux arrêtée de ne porter aucune attein<br />

te, même éloignée, à la liberté du culte mahométan, je pense que<br />

l'égalité qui lui est assurée par la loi avec tous les autres cultes<br />

doit s'étendre aussi à l'accomplissement des mêmes devoirs. Au<br />

nombre de ces devoirs est la prière publique pour le souverain<br />

temporel, pris comme le chef de l'empire et non comme celui de<br />

la religion. Les ministres du culte musulman doivent d'autant<br />

moins être dispensés de cette obligation qu'il ne saurait être<br />

question de leur défendre de prier aussi pour le chef spirituel de<br />

l'islamisme,<br />

pour l'héritier du prophète, seulement à titre de re<br />

présentant religieux de la foi.<br />

Toute confusion cessera sur ce point,<br />

temps pour le Roi des Français,<br />

sultan c'est-à-dire impérial.<br />

s'il est prié en même<br />

maître de l'Algérie à titre de<br />

Il est de plus impossible de tolérer qu'on prie publiquement<br />

pour le succès des armes musulmanes dans un moment où nous<br />

n'avons qu'elles à combattre, ou, en d'autres termes, qu'on prie


-104-<br />

pour l'ennemi. Je dois m'en rapporter à votre sagesse pour le<br />

choix des moyens de mettre fin à une telle irrégularité, mais<br />

mon désir est qu'elle cesse immédiatement s'il est possible.<br />

Si le muphti d'Alger refuse de donner le précepte et, s'il faut,<br />

l'exemple à cet égard, il sera déposé et vous me proposeriez son<br />

successeur, mon intention étant de me réserver ce choix qui, dans<br />

tous les temps, et surtout dans les circonstances actuelles, peut<br />

exercer une grande influence sur nos rapports avec les indigènes<br />

des villes et de l'intérieur.<br />

Vous auriez d'ailleurs, monsieur le Maréchal, d'autres rai<br />

sons de remplacer le muphti d'Alger dont les intrigues et les<br />

sourdes excitations à la haine des Français ont été signalées par<br />

vous-même. Le successeur que vous me proposerez de lui donner<br />

devra accepter franchement la position que vous lui ferez et se<br />

renfermer strictement dans ses attributions religieuses.<br />

A l'égard du dignitaire actuel et des imams des grandes mos<br />

quées vous aurez, ce me semble, dans les mains un puissant<br />

moyen de coercition. Vous pourriez faire provisoirement retenir<br />

par le directeur des finances les revenus des mosquées et ôter au<br />

muphti la dispensation des aumônes faites sur les fonds de la<br />

Mecque et Médine. Les pauvres secourus maintenant dans un es<br />

prit de parti avec exclusion fréquente de nos partisans ou de ceux<br />

dont les enfants fréquentent nos écoles, gagneraient probable<br />

ment à cet arrangement. La saisie du temporel fut souvent vis-<br />

à-vis du clergé de France une arme efficace dans les mains des<br />

parlements ; contre les musulmans, généralement avides et qui<br />

ne se font pas même scrupule de s'approprier les deniers de l'au<br />

mône, un sembalble expédient mis en pratique doit réussir. Peutêtre<br />

suffirait-il d'en faire la menace.<br />

Au surplus, quelque moyen d'atteindre le but que votre ex<br />

périence vous suggère, indépendamment de ceux que j'indique<br />

sans les prescrire, l'état actuel des choses doit être modifié.<br />

-J'ai la confiance que vous trouverez dans l'usage précédent<br />

(sic)<br />

faire rentrer dans la règle.<br />

et mesuré de l'autorité dont vous disposez les moyens de le


-105<br />

52<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 148 «<br />

copie)<br />

Paris, le 6 novembre 1840<br />

Par dépêche du 12 août 1840 que je me suis fait représenter,<br />

vous avez été invité à exiger des otages pour garantie de fidélité,<br />

soit des chefs à qui la France accorde sa confiance en les inves<br />

tissant d'un commandement, soit des tribus elles-mêmes quand<br />

leur fidélité n'est ni assez ancienne ni assez affermie. Il vous a été<br />

recommandé de saisir, pour exiger ces otages, toutes les occa<br />

sions favorables et d'appliquer cette règle non seulement aux<br />

territoires nouvellement occupés, mais encore à ceux qui sont de<br />

puis plus longtemps soumis. Vous avez omis de répondre à cette<br />

importante communication. Je m'associe d'autant plus volontiers<br />

aux considérations sur lesquelles se fonde la dépêche précitée<br />

que moi-même, en 1839, j'ai eu l'occasion de vous adresser plu<br />

sieurs fois les mêmes recommandations. Les circonstances et<br />

d'ailleurs la situation particulière de l'Afrique jointes à la pré<br />

vision des embarras nouveaux qui pourraient surgir dans le cours<br />

de la guerre que vous conduisez contre l'émir Abd el-Kader nous<br />

font un devoir de ne négliger aucune des précautions, d'ailleurs<br />

parfaitement comprises des Arabes, qui peuvent nous assurer des<br />

auxiliaires et fonder notre propre sécurité.<br />

En conséquence, je vous invite, monsieur le Maréchal, à vous<br />

conformer à l'esprit des instructions qui vous ont été précédem<br />

ment données au sujet de l'exigence des otages et du parti que<br />

l'on en peut tirer et à entrer, sans doute avec ménagement et pru<br />

dence mais aussi avec netteté, dans la voie que déjà je vous avais<br />

personnellement indiquée.<br />

Vous voudrez bien,<br />

en m'accusant réception de la présente,<br />

m'informer de ce que vous aurez cru devoir prescrire pour l'ac<br />

complissement de mes instructions.


-106-<br />

53<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général,<br />

LE. 146 *<br />

copie)<br />

Paris, le 6 novembre I840<br />

Dans votre rapport du 6 septembre (opérations militaires)<br />

vous faites connaître que le capitaine Morizot, prisonnier chez les<br />

Arabes, ayant, de la part du khalifa de Miliana, proposé un échan<br />

ge de prisonniers, vous n'avez pas cru devoir accueillir cette pro<br />

position sur laquelle vous prendriez plus tard les ordres du gou<br />

vernement.<br />

Mon attention a été d'autant plus frappée de cette commu<br />

nication, que les motifs de votre refus n'y sont pas exposés, chose<br />

indispensable en matière si délicate.<br />

Aussitôt que vous les aurez portés à ma connaissance, j'exa<br />

minerai s'ils peuvent prévaloir sur les considérations qui me por<br />

teraient à ne point partager votre opinion sur ce sujet.<br />

Je serais peu touché de cette objection que le moment ne<br />

serait pas arrivé d'ouvrir les négociations,<br />

car il ne s'agit pas ici<br />

de traiter de la paix mais seulement de mettre en honneur une<br />

coutume particulière aux peuples civilisés et qui, à la longue,<br />

pourrait adoucir le caractère de la guerre avec les Arabes.<br />

La perspective d'un échange possible influerait favorable<br />

ment sur le moral du soldat et, d'ailleurs, l'intérêt si naturel dû<br />

aux militaires, qu'une surprise ou le sort des armes fait tomber<br />

aux mains de l'ennemi, doit porter à adoucir le plus tôt possible<br />

leur situation et à les rapatrier sous le drapeau.<br />

Mon intention est donc que vous vous assuriez, aussitôt qu'il<br />

sera possible, de la réalité des intentions qu'on prête au khalifa<br />

de Miliana et des bases sur lesquelles l'échange proposé serait<br />

éventuellement traité,<br />

tions qui touchent la guerre elle-même.<br />

sans toutefois engager en rien les ques<br />

Sur le compte que vous me rendrez, je vous adresserai des<br />

instructions positives.


—<br />

— 107<br />

54<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre copie)<br />

11 novembre 1840<br />

En répondant le 19 octobre dernier à la lettre de mon prédé<br />

cesseur (1), vous établissez que le rappel en France du 2e régi<br />

ment d'infanterie légère et du bataillon de tirailleurs, placera<br />

l'armée d'Afrique dans une position nouvelle qui amènera néces<br />

sairement un changement complet dans les projets d'opérations<br />

et vous appuyez cette opinion de calculs dans lesquels vous énu-<br />

mérez les pertes et les non-valeurs de l'armée sous vos ordres.<br />

J'apprécie les motifs que vous faites valoir pour la conser<br />

vation de ces corps et qui se déduisent particulièrement des mala<br />

dies qui ont sévi si fortement sur la division d'Alger.<br />

Je ne reviendrai pas sur les raisons qui ont fait rappeler le<br />

2e léger et les tirailleurs. Le 6e léger n'ayant pu vous être envoyé,<br />

aucun bâtiment de l'Etat n'a encore été dirigé sur Alger pour en<br />

amener le premier de ces corps, et vous avez commencé vos opé<br />

rations de la campagne d'automne dès le 26 octobre dernier. Dans<br />

cette situation, vous devrez, aussitôt que vous serez de retour<br />

de votre expédition, disposer les 4 compagnies du bataillon de ti<br />

railleurs à rentrer en France. Des ordres seront donnés pour les<br />

prendre ; vous profiterez à cet effet des moyens de transport qui<br />

seront alors à votre disposition et même des bateaux à vapeur. Il<br />

en sera de même pour le 2e régiment d'infanterie légère qui est,<br />

comme vous le savez, depuis cinq<br />

ans en Afrique. Ce régiment,<br />

ainsi que les tirailleurs, seront remplacés par le 5e bataillon de<br />

la légion étrangère qui est sur le point d'arriver à Alger, s'il n'y<br />

est déjà rendu et par les renforts que l'augmentation de l'effectif<br />

de l'armée permettra de vous envoyer.<br />

D'ailleurs, d'ici à quelques mois, je compte renforcer l'armée<br />

sous vos ordres de quelques milliers de nègres, comme je vous en<br />

ai écrit. Vous ne perdrez pas de vue, en outre, que mon intention<br />

(1) Soult avait été appelé à la présidence du Conseil à la suite de la dé<br />

mission de Thiers, le 29 octobre, et avait pris le Ministère de la Guerre à la<br />

place du général Cubières.


-108 —<br />

est que vous tendiez constamment à l'accroissement de vos for<br />

ces par des corps irréguliers afin de nous ménager la faculté de<br />

pouvoir tirer des cadres de l'armée d'Afrique.<br />

55<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 146 4<br />

copie)<br />

Paris, le 11 novembre 1840<br />

J'ai reçu, avec votre dépêche du 19 octobre, l'ampliation de<br />

l'arrêté du 15 du même mois, par lequel a été créé et organisé<br />

l'arrondissement de Sétif dans la province de Constantine. Je<br />

m'empresse d'approuver cette mesure importante que justifient<br />

tout à la fois les agitations incessamment entretenues dans cette<br />

partie de la province par les agents et en dernier lieu par le frère<br />

même d'Abd el-Kader et peut-être aussi l'impuissance ou du<br />

moins la faiblesse de notre khalifa de la Medjana. La création du<br />

nouvel arrondissement offre d'ailleurs l'avantage de substituer<br />

presque complètement le commandement français au commande<br />

ment indigène et d'amener ainsi peu à peu par une heureuse tran<br />

sition, l'autorité de la France à s'exercer directement sur tout le<br />

territoire soumis à sa domination.<br />

Votre arrêté rentrant dans l'esprit général des mesures pour<br />

lesquelles vous avez reçu des instructions ou des approbations,<br />

produira, je l'espère, des résultats semblables à ceux qui, depuis<br />

deux ans, ont été obtenus dans la subdivision de Bône, et j'ap<br />

prendrai avec une vive satisfaction qu'il ait atteint le but que<br />

vous vous êtes proposé.<br />

56<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre copie)<br />

11 novembre 1840<br />

Votre lettre très confidentielle du 19 et celle du 26 octobre,<br />

me sont parvenues en même temps, plusieurs courriers ayant été<br />

retardés par l'inondation du Rhône. J'ai pris connaissance avec


— — 109<br />

intérêt des dispositions que vous avez prescrites à MM. les géné<br />

raux Galbois et Lamoricière et de celles que vous avez arrêtées<br />

pour le corps qui se trouve sous vos ordres immédiats pour la<br />

campagne d'automne. Ces dispositions conformes aux ordres du<br />

gouvernement du Roi, ne peuvent manquer d'avoir un bon résul<br />

tat ; je les approuve entièrement.<br />

Seulement, monsieur le Maréchal, je vous recommande de<br />

faire en sorte que la campagne soit aussi courte que possible afin<br />

que les troupes puissent être rentrées dans leurs camps ou gar<br />

nisons avant l'arrivée de la mauvaise saison. Votre sollicitude<br />

pour le bien-être de l'armée sous vos ordres me donne d'ailleurs,<br />

à cet égard, une pleine sécurité.<br />

57<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

11 novembre 1840<br />

Votre lettre du 18 octobre, spéciale à la garnison de Miliana<br />

et à l'importance de cette place, a excité mon attention et mon<br />

intérêt. Les rapports que M. le lieutenant-colonel d'Illens vous a<br />

adressés à ce sujet et que vous m'avez transmis, jettent un grand<br />

jour sur la situation de Miliana, sur le parti que l'on en peut tirer<br />

et sur les causes des nombreuses pertes de la garnison.<br />

Les lettres de mon prédécesseur des 4, 11 et 25 septembre,<br />

auxquelles la vôtre répond,<br />

comme celle qu'il vous a écrite en<br />

dernier lieu, le 23 octobre, avaient pour but de vous mettre en<br />

demeure de faire connaître au gouvernement les avantages ou<br />

les inconvénients de l'occupation de Miliana. Maintenant que vous<br />

avez reconnu l'utilité de conserver cette place et que les motifs<br />

que vous donnez pour cette conservation paraissent en effet dé-<br />

trminants, je ne vois pas d'inconvénients à ce que l'occupation<br />

soit maintenue, même comme station défensive.<br />

Au reste, les opérations dont vous vous occupez actuellement<br />

changeront nécessairement la question et détruiront les sujets<br />

d'inquiétude que l'on avait pu concevoir de l'isolement de ce poste.<br />

J'attendrait donc que les résultats des opérations que vous avez<br />

entreprises soient connus, pour prendre une détermination.


-110 —<br />

58<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

11 novembre I840<br />

J'ai appris avec plaisir par votre rapport du 19 octobre que<br />

la tranquillité de la province d'Alger n'a pas été troublée depuis<br />

le précédent courrier ; que le poste du Fondouk a été relevé sans<br />

que l'ennemi ait inquiété cette opération ;<br />

qu'une colonne que<br />

vous aviez envoyée sur Coléa est rentrée sans coup férir ; que<br />

Blida et Boufarik sont tranquilles et que vous avez des nouvelles<br />

satisfaisantes de Médéa.<br />

Vous aurez sans doute appris quelque chose de positif rela<br />

tivement à Abd el-Kader.<br />

La perte du navire chargé de baraques qui a échoué à l'em<br />

bouchure du Chélif, est regrettable ; il est heureux du moins que<br />

l'équipage ait pu rentrer sans accident à Mostaganem.<br />

Tanger.<br />

Je vous remercie des nouvelles que vous me donnez de<br />

59<br />

Valée au Ministre de la Guerre (1)<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Blida, le 12 novembre I840<br />

Le corps d'expédition est rentré hier à Blida après d'heu<br />

reuses opérations sur Miliana et dans la montagne du Zickar (2).<br />

Plusieurs tribus ont été sévèrement châtiées. Nous avons eu 5<br />

hommes tués ; 62 blessés sont entrés dans les ambulances.<br />

(1) de Toulon, le 29 novembre 180 à 1 h. 30.<br />

(2) Zaccar.


• 111<br />

60<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2<br />

copie)<br />

Blida, le 12 novembre 1840<br />

Le 5 novembre, le corps expéditionnaire quitta Blida pour se<br />

porter sur Miliana. Une dépêche télégraphique datée de Médéa,<br />

le 3 novembre, m'avait fait connaître qu'Abd el-Kader s'était<br />

dirigé la veille avec ses troupes régulières vers la vallée du Chélif.<br />

Mon intention dans la nouvelle expédition que j'entreprenais était<br />

de suivre l'émir, de chercher à l'atteindre pour le combattre, de<br />

châtier une partie des tribus qui entourent Miliana, d'affermir<br />

l'établissement que nous avons formé dans cette place et de com<br />

pléter pour six mois les approvisionnements de la garnison.<br />

Le corps expéditionnaire arriva sur l'oued Ger sans rencon<br />

trer l'ennemi ; quelques douars hadjoutes surpris par la rapidité<br />

de notre marche furent enlevés. A cinq heures du soir, toutes les<br />

troupes étaient au bivouac.<br />

Le 6, la colonne se porta sur Karoubet el-Ouzri sans être in<br />

quiétée par les cavaliers hadjoutes que nous aperçûmes par petits<br />

groupes dans diverses directions. Après une halte d'une heure<br />

à Karoubet el-Ouzri, l'armée se porta vers la vallée supérieure<br />

de l'oued Ger. L'arrière-garde, formée par le 17e léger, échangea<br />

quelques coups de fusil avec les Kabyles dont nous traversions le<br />

territoire. Quelques obus, que le général Duvivier fit tirer, les<br />

tinrent éloignés et nous n'eûmes que trois hommes légèrement<br />

blessés ; à cinq heures du soir,<br />

nous prîmes position sur la rive<br />

droite de l'oued Ger, à peu de distance de la ligne de partage qui<br />

sépare les eaux de cette rivière de celles de son affluent, l'oued<br />

Adélia.<br />

Le 7, le corps expéditionnaire pénétra dans la vallée de l'oued<br />

Adélia et se porta sur le col de Gontas. Quelques Kabyles, excités<br />

par des cavaliers arabes,<br />

s'approchèrent de notre arrière-garde.<br />

Une fusillade sans importance eut lieu. Nous eûmes quatre hom<br />

mes légèrement blessés et le feu cessa promptement. En appro<br />

chant du col de Gontas nous aperçûmes sur les crêtes qui le do<br />

minent 3 à 400 cavaliers qui semblaient disposés à nous disputer


•112-<br />

le passage. Je les fis charger par les gendarmes maures qui mon<br />

trèrent une grande vigueur. L'ennemi se dispersa avec perte de<br />

trois ou quatre hommes. De notre côté, personne ne fut mis hors<br />

de combat. La colonne descendit tranquillement dans la vallée<br />

du Chélif et vint établir son bivouac au-dessous de Miliana.<br />

Des Arabes enlevés par nos flanqueurs me firent connaître<br />

que l'émir Abd el-Kader, après avoir quitté les environs de Médéa<br />

dans la journée du 2 novembre, avait établi son camp sur le Chélif<br />

au marché de Djendel et que, fatigué par les réclamations de ses<br />

soldats et des cavaliers des tribus qui demandaient du repos, il<br />

avait congédié toutes ses troupes et s'était lui-même dirigé vers<br />

l'ouest. Je ne pouvais donc plus atteindre ses bataillons réguliers<br />

et je dus, dès lors, songer à attaquer les tribus qui, depuis l'ou<br />

verture de la campagne, avaient montré le plus d'hostilité contre<br />

nous.<br />

Le 8 novembre, le convoi entra dans Miliana ; le corps expé<br />

ditionnaire s'établit sous le canon de cette place. J'accordai aux<br />

troupes un jour de repos et je pris les dispositions nécessaires<br />

pour assurer autant que possible le bien-être de la garnison qui<br />

doit occuper Miliana pendant l'hiver.<br />

La garnison que je faisais relever était dans un bon état.<br />

A la vérité, elle n'occupait Miliana que depuis le 1"<br />

placée dans des conditions meilleures que la première,<br />

octobre mais,<br />

elle avait<br />

peu de malades et le moral des hommes s'était bien soutenu mal<br />

gré l'isolement dans lequel ils se trouvaient placés. Je remplaçai<br />

néanmoins le bataillon du 3e léger par le 2" bataillon d'infanterie<br />

légère d'Afrique. Les denrées, que la colonne avait apportées avec<br />

elle, complétaient pour six mois les approvisionnements de la<br />

place. Un matériel considérable d'hôpital était destiné à augmen<br />

ter celui laissé précédemment. Des hamacs pour tous les soldats<br />

avaient été également apportés avec la colonne. Enfin, afin<br />

d'adoucir autant que possible les privations imposées aux soldats<br />

momentanément séparés de l'armée, j'avais autorisé des mar<br />

chands à suivre la colonne et à former des établissements à Mi<br />

liana.<br />

Je trouvai la place dans un excellent état de défense. L'en<br />

ceinte et les ouvrages extérieurs étaient presque complètement<br />

terminés ; dans l'intérieur, le génie s'occupait de déblayer et de


— — 113<br />

planter les rues. Les logements des soldats avaient été réparés<br />

avec toute l'activité possible. Je prescrivis de donner aux eaux<br />

une meilleure direction afin d'empêcher leur stagnation, l'une des<br />

causes principales, d'après les médecins, des maladies qui ont<br />

frappé la première garnison. Je donnai l'ordre également de cul<br />

tiver des jardins. J'avais fait apporter les graines et les instru<br />

ments nécessaires pour les travaux de culture qui placeront, l'an<br />

née prochaine, la garnison dans des conditions meilleures sous<br />

tous les rapports.<br />

Le 8 au soir, les mesures que j'avais prescrites étant conve<br />

nablement préparées, je donnai l'ordre du départ pour le 9, à six<br />

heures du matin.<br />

Mon intention était d'abandonner la route que l'armée avait<br />

suivie dans les précédentes expéditions, de pénétrer dans les hau<br />

tes montagnes qui entourent Miliana, de châtier les tribus des<br />

Righa et des Béni Menad dont l'hostilité avait été constante, enfin<br />

de détruire les établissements que les Hadjoutes avaient récem<br />

ment formés dans l'ouest de la plaine de la Mitidja. L'opération<br />

que je me proposais d'exécuter avait une importance plus grande<br />

encore que le châtiment de quelques tribus. Je voulais retrouver la<br />

grande voie qui, au temps de la domination romaine, unissait<br />

Cherchel, Miliana et Médéa. La route par le col de Gontas est lon<br />

gue et surtout difficile pendant l'hiver par le grand nombre de<br />

cours d'eau qu'elle traverse ; il était donc d'une haute importance<br />

pour l'avenir de l'Algérie de retrouver la direction que suivaient<br />

les Romains pour franchir la première chaîne de l'Atlas, de re<br />

connaître les positions que ce peuple avait cru nécessaire d'occu<br />

per pour assurer sa domination sur la Mauritanie. L'histoire de<br />

Rome en Afrique est partout écrite sur le sol et l'expérience nous<br />

a prouvé dans la province de Constantine que, pour asseoir sur<br />

des bases solides sa grandeur dans le nord de l'Afrique, la France<br />

devait suivre les traces des habiles conquérants qui l'ont précédée<br />

dans cette partie du monde et faire sortir de leurs ruines toutes<br />

les cités que l'Islamisme a renversées lors de la grande invasion<br />

arabe.<br />

Le 9, à six heures du matin, le corps expéditionnaire se forma<br />

sur la grande arête qui ferme à l'est le bassin de Miliana. Au point<br />

du jour, il se mit en marche sur trois colonnes. A gauche, le gêné-


— — 114<br />

rai Changarnier avec les zouaves suivit le pied des pentes abrup<br />

tes du djebel Zickar (1), à la droite, le colonel Bedeau se prolon<br />

gea sur les dernières arêtes de cette partie de la chaîne, flan<br />

quant le convoi qui marchait au centre. Le ;corps expéditionnaire<br />

embrassait ainsi dans sa marche toute la partie cultivée de la<br />

montagne de Zickar. Je confiai au général Duvivier la mission de<br />

couvrir avec le 48e de ligne le mouvement de l'armée contre les<br />

attaques des cavaliers du Chélif. J'étais dès lors certain que d'ha<br />

biles mesures seraient prises pour prévenir tout événement fâ<br />

cheux. Le corps expéditionnaire parcourut pendant toute la jour<br />

née le territoire de la tribu de Righa. J'autorisai les troupes à<br />

enlever tout ce qu'elles trouveraient et je prescrivis de mettre le<br />

feu aux villages kabyles. La tribu fut complètement ravagée, les<br />

meules de fourrage furent brûlées, le feu fut mis dans les silos<br />

de blé et d'orge, une grande quantité de poules, des bœufs, des<br />

chevaux, des mulets, de l'argent, des vêtements, etc.. furent pris<br />

par les soldats. Les Kabyles se sauvèrent sur les sommets les plus<br />

élevés du Zickar et se réfugièrent dans les tribus qui habitent au<br />

nord de cette montagne. Une centaine de cavaliers et autant de<br />

Kabyles tiraillèrent pendant quelques heures avec notre arrière-<br />

garde. Le général Duvivier leur fit éprouver des pertes et les<br />

obligea à abandonner le combat. Nous eûmes de notre côté 1 hom<br />

me tué et 16 légèrement blessés. A cinq heures du soir, le corps<br />

expéditionnaire s'établit sur l'oued Ger, à peu de distance du con<br />

fluent de cette rivière et de l'oued El Hammam.<br />

Le 10, à six heures du matin, la colonne se mit en mouvement<br />

dans la direction de Karoubet El-Ouzri. Après une heure de mar<br />

che, elle arriva sur l'emplacement d'une ville romaine ruinée dont<br />

la position domine les vallées de l'oued Ger et de l'oued El Ham<br />

mam. L'armée se trouvait alors sur les ruines d'une antique cité<br />

dont le nom est écrit sur le sol lui-même, c'est la ville d'Aquae<br />

Calidae, la première station que l'on trouvait en quittant la capi<br />

tale de la Mauritanie césarienne. Les eaux thermales, qui avaient<br />

donné son nom à cette ville, existent encore ; les bassins cons<br />

truits par les Romains n'ont pas été complètement détruits et l'on<br />

suit encore l'enceinte de la ville que flanquent des tours dont les<br />

fondations se retrouvent partout. L'armée a pu apprécier les<br />

(1) Zaccar.


— 115-<br />

avantages d'une position qui maîtrise à la fois la plaine de la Mi<br />

tidja, les vallées de l'oued Ger et de l'oued Adélia. Aux « Eaux-<br />

chaudes », la grande voie intérieure de l'Afrique se bifurquait ■<br />

une<br />

de ses branches se dirigeait sur Miliana ; la seconde conduisait à<br />

Médéa et de là à Carthage, par Sétif et Constantine. Les traces<br />

de ces voies se retrouvent presque sur tout leur développement<br />

et plusieurs de leurs parties pourront encore être utilisées, lors<br />

que nous construirons des routes nouvelles dans l'intérieur. J'in<br />

siste, monsieur le ministre, sur l'importance de la station romaine<br />

que l'armée vient de visiter parce qu'évidemment, elle commande<br />

le seul passage qui conduise facilement du littoral à la vallée du<br />

Chélif. La France devra donc occuper, à une époque prochaine,<br />

une position qui relie Médéa et Miliana et qui ferme la plaine dé<br />

la Mitidja. Lorsque cet établissement sera fait, que nos colonies<br />

militaires de Médéa et de Miliana seront complètement installées,<br />

qu'elles s'appuyeront sur les colonies agricoles de Cherchel, de<br />

Coléa et de Blida, la question d'Afrique sera résolue complète<br />

ment ; nos armées domineront la vallée du Chélif ; les établisse<br />

ment de Taza et de Tagdempt seront facilement détruits et la<br />

puissance de la France dans l'Algérie sera établie sur des bases<br />

inébranlables. J'ai l'espoir que, dans quelques mois, ces grands<br />

résultats pourront être obtenus et que la suite de la guerre si im<br />

prudemment engagée par l'émir sera de donner à nos établisse<br />

ments une force et une stabilité qui leur assureront, dans un ave<br />

nir prochain, une prospérité aussi grande que celle des colonies<br />

romaines dans les premiers siècles de l'empire.<br />

L'armée, après avoir fait, aux « Eaux-Chaudes » une longue<br />

halte, pour bien étudier la position, continua sa marche vers Ka<br />

roubet el Ouzri. L'arrière-garde fut un moment vivement inquié<br />

tée par les Kabyles des Béni Menad. Je fis, comme la veille chez<br />

les Righa, détruire tous les villages kabyles et. le général Chan<br />

garnier, qui couvrait avec les zouaves les mouvements de l'armée,<br />

leur fit éprouver des pertes nombreuses. De notre côté, nous eû<br />

mes 4 hommes tués et 35 blessés. L'armée regretta vivement le<br />

jeune d'Harcourt,<br />

que le Roi avait nommé récemment sous-lieute<br />

nant et qui fut tué en enlevant une position que les Kabyles occu<br />

paient et d'où ils inquiétaient la marche de l'arrière-garde.<br />

Dès que le corps expéditionnaire fut entièrement réuni dans<br />

la gorge de Karoubet el-Ouzri, je débouchai dans la plaine de la


-116-<br />

Mitidja. Pendant que la colonne se portait directement sur le<br />

camp que nous avions occupé, le 5 novembre, sur l'oued Ger, la<br />

cavalerie, sous les ordres du colonel Korte, marcha vers le lac<br />

Alloulah et se dirigea ensuite sur l'oued Ger. En même temps,<br />

le colonel Gentil prit, avec le 24e et le 53e, une position intermé<br />

diaire pour soutenir au besoin la cavalerie. Le corps expédition<br />

naire marcha dans cet ordre et atteignit ainsi tous les établisse<br />

ments hadjoutes. Ils furent successivement incendiés. D'immen<br />

ses meules de paille furent brûlées, le feu fut mis à un grand nom<br />

bre de silos. Les pertes des Hadjoutes durent être très considé<br />

rables. Ils se retirèrent précipitamment dans toutes les direc<br />

tions. La cavalerie les poursuivit vivement jusqu'au coucher du<br />

soleil ; elle se rapprocha ensuite de la colonne et, vers sept heures<br />

du soir, le corps expéditionnaire s'établit sur l'oued Ger.<br />

Le 11, à sept heures du matin, je passai l'oued Ger. Au mo<br />

ment où l'arrière-garde s'approchait de cette rivière, nous aper<br />

çûmes au pied des montagnes de Foum oued Ger, un corps d'en<br />

viron 2.000 cavaliers arabes précédés par une ligne de tirailleurs.<br />

Je fis tirer quelques obus sur ces derniers et le général Duvivier,<br />

qui commandait l'arrière-garde, arrêta ses bataillons et les dé<br />

ploya ; l'ennemi n'osa pas s'approcher. Ne pouvant l'amener au<br />

combat, je continuai ma marche sur Blida, où le corps expédition<br />

naire arriva à midi sans avoir eu un homme blessé. J'ai appris<br />

depuis par des déserteurs, qu'Abd el-Kader était avec la colonne<br />

de cavalerie que nous avions aperçue de loin, qu'il avait vaine<br />

ment excité les tribus au combat et qu'elles avaient formellement<br />

refusé de s'engager en déclarant qu'elles étaient épuisées par la<br />

guerre.<br />

tre,<br />

Les résultats de l'expédition de Miliana,<br />

monsieur le minis<br />

sont faciles à constater. L'ennemi n'a pas osé se présenter<br />

devant nos troupes ;<br />

plusieurs tribus influentes ont été sévère<br />

ment punies ; l'établissement de Miliana, base de nos opérations<br />

futures dans le Chélif, a été considérablement agrandi. Enfin une<br />

route nouvelle a été ouverte entre Blida et Miliana. Désormais<br />

nos colonnes peuvent se porter en deux jours d'un de ces points à<br />

l'autre et nous avons en outre acquis la certitude, que l'occupation<br />

d'une position intermédiaire nous rendrait maîtres, comme les<br />

Romains l'étaient autrefois, de toute la plaine de la Mitidja. Dé-


— — 117<br />

sormais, monsieur le ministre, la guerre se fera au sud de la pre<br />

mière chaîne de l'Atlas et il ne reste plus au gouvernement du<br />

Roi, pour amener la pacification de l'Algérie, qu'à opérer vigou<br />

reusement au printemps pour détruire entièrement la puissance<br />

du chef qu'à une autre époque nous avons si imprudemment<br />

grandi.<br />

Dans l'expédition que je viens de faire, l'armée a eu 5 hom<br />

mes tués ; 62 blessés sont entrés aux ambulances ; la plupart,<br />

heureusement,<br />

n'ont été que légèrement atteints.<br />

Je n'ai pas encore reçu les rapports officiels des officiers<br />

généraux commandant sous mes ordres et je ne puis faire con<br />

naître à V.E. les officiers, sous-officiers et soldats qui se sont dis<br />

tingués d'une manière particulière ; ils seront cités dans mon<br />

rapport général sur les opérations de cette campagne.<br />

Le temps continue à être beau ; je vais de nouveau me porter<br />

sur Médéa. Les dernières nouvelles que j'ai reçues de cette place<br />

sont très satisfaisantes,<br />

télégraphiques ci-jointes :<br />

« Médéa, le 3 novembre. — Hier<br />

« deux bataillons réguliers,<br />

ainsi que V.E. le verra par les dépêches<br />

matin, vers neuf heures,<br />

quelques bagages et deux troupeaux<br />

« de moutons ont défilé devant la place, laissant la route de Mi-<br />

« liana à l'ouest et s'engageant dans le ravin sous la redoute<br />

« L'ennemi avait mille (mot non compris),<br />

n°<br />

6.<br />

point de cavalerie et<br />

« marchait en ordre. Quatre obus ont été tirés pour le tenir éloi-<br />

« gné de la place. Tout est tranquille, l'intention de l'ennemi pa-<br />

« raît être de se reposer, mais je me tiens sur mes gardes ».<br />

« Médéa, le 5 novembre. — Tout<br />

est tranquille. La santé des<br />

« troupes s'améliore. Demande de nouvelles graines pour légu-<br />

« mes, plus 4 sacs de graine de trèfle ».<br />

« Médéa, le 9 à 4 heures. —<br />

Rien<br />

« reste du matériel de l'hôpital de Médéa ».<br />

de nouveau ; demande le<br />

Je m'occupe activement de l'organisation de la colonie de<br />

Blida ; elle sera sous peu définitivement constituée et j'ai la con<br />

viction qu'elle arrivera<br />

rité.<br />

rapidement à un haut degré de prospé


— 118<br />

61<br />

Bedeau à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Blida, le 12 novembre I840<br />

J'ai l'honneur de vous adresser le rapport des opérations de<br />

la lre brigade dont le commandement m'a été provisoirement con<br />

fié en l'absence de M. le général Duvivier.<br />

Le 27 octobre, en quittant Blida, la lre brigade fut chargée<br />

de l'escorte du convoi jusqu'au bivouac de Haouch Mouzaïa.<br />

Le 28, le même service fut ordonné et les deux régiments<br />

prirent position au plateau de l'artillerie pendant que le convoi<br />

achevait de monter la rampe du col ; le soir du même jour, la bri<br />

gade reprit le bivouac de Mouzaïa. Quelques coups de fusil furent<br />

échangés avec les Kabaïles ; 1 homme fut tué et 3 blessés sur le<br />

flanc gauche du côté du Mouzaïa.<br />

Le 29, à dix heures du matin,<br />

un nouveau convoi arriva au<br />

col sous l'escorte du 17e léger et du 48e de ligne ; ce dernier régi<br />

ment reçut l'ordre d'occuper les positions du col, le 17e continua<br />

l'escorte du convoi avec deux compagnies d'élite du 48e et releva<br />

successivement les détachements de la 2e brigade à gauche et à<br />

droite de la route.<br />

En arrivant au bois des Oliviers, le 1"<br />

bataillon du 17e fut<br />

placé sous les ordres du lieutenant-colonel Cavaignac pour flan<br />

quer à gauche le convoi ; le 2e bataillon du 17e et un demi-bataillon<br />

du 2e d'Afrique furent placés à droite sous mon commandement.<br />

A l'instant où l'arrière-garde allait quitter les positions qui<br />

dominent le bois des Oliviers, un bataillon régulier déboucha des<br />

gorges de la Chiffa et se porta rapidement sur le flanc des zoua<br />

ves.<br />

Le général Changarnier me fit plus tard donner l'ordre de<br />

marcher avec ces deux compagnies dans les traces du convoi et,<br />

pendant que l'affaire d'arrière-garde s'engageait sur la chaussée,<br />

je contins avec des tirailleurs les cavaliers et les Kabyles qui ten<br />

taient de se placer sur le flanc de l'arrière-garde.<br />

Le 30, le 17e forma la colonne de droite et se porta avec les<br />

sapeurs du génie et deux pièces de montagne par le versant est


-119 —<br />

du Nador vers la gorge de la Chiffa. Les cavaliers et les Kabyles se<br />

retirèrent promptement à notre approche et leur retraite fut<br />

hâtée par quelques coups d'obusier qui atteignirent les derniers<br />

groupes.<br />

La colonne de droite forma ensuite échelon de retraite à la<br />

colonne du centre qui mit le feu au camp des réguliers. A six<br />

heures du soir, les bataillons bivouaquèrent au bois des Oliviers.<br />

M. Clément, officier au 17e léger et deux hommes furent bles<br />

sés dans cette reconnaissance ; ils ont continué leur service.<br />

Le 31, le 17e forma l'avant-garde de la colonne et escorta le<br />

convoi depuis la ligne du Nador jusqu'à Médéa et retour. Une fu<br />

sillade insignifiante ne blessa personne.<br />

Le 1"<br />

novembre, les 2 bataillons du 17e et les compagnies<br />

d'élite du 48e reçurent l'ordre de former l'arrière-garde et res<br />

tèrent en position pendant que le convoi et les autres troupes s'en<br />

gageaient dans le défilé. Les deux bataillons de zouaves précé<br />

daient le 17e et devaient appuyer le mouvement offensif si, com<br />

me on en avait l'espérance, les troupes régulières se réunissaient<br />

pour attaquer.<br />

La colonne ne fut suivie que par des cavaliers et à peu près<br />

250 Kabayles qui furent toujours très bien contenus par les deux<br />

compagnies de voltigeurs du 17e de ligne, commandées par M. le<br />

capitaine Lafond.<br />

Toutes les positions furent successivement occupées avec une<br />

grande intelligence ; on engagea peu de monde, mais les embus<br />

cades furent toujours bien choisies ;<br />

aussi l'ennemi a-t-il eu plus<br />

de 40 hommes hors de combat, d'après le témoignage des officiers<br />

de la 2e brigade qui couronnaient les hauteurs et pouvaient suivre<br />

les détails de l'action. Grâce aux bonnes dispositions du capitaine<br />

Lafond, nous n'avons eu que 3 blessés pendant deux heures d'une<br />

fusillade assez vive et en traversant un terrain avantageux à la<br />

manière de combattre de l'ennemi.<br />

En arrivant au col, M. le général Duvivier prit le comman<br />

dement de la brigade. Je crois devoir, monsieur le Maréchal,^ pro<br />

fiter de cette circonstance pour<br />

recommander à votre intérêt M.<br />

le capitaine Lafond. Cet officier a été déjà mis a l'ordre en 1836,<br />

après le combat de Sidi Yacoub où il reçut deux blessures. Der<br />

nièrement, il a été cité pour sa bonne conduite pendant la pre-


— 120-<br />

mière expédition de Miliana. Il est, sous tous les rapports, f/itt<br />

méritant et fort capable. Il fera un chef de bataillon distingué.<br />

62<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton copie)<br />

13 novembre 1840<br />

Votre lettre du 2 de ce mois, que je viens de recevoir, répond<br />

à celle de mon prédécesseur du 23 octobre et ajoute de nouvelles<br />

considérations à celles qui sont exposées dans votre dépêche du<br />

18,<br />

pour la conservation des places de Miliana et de Médéa.<br />

Vous verrez, par ma lettre du 11 courant, que j'ai apprécié<br />

les raisons que vous avez données pour maintenir des garnisons<br />

dans ces places ; je n'ai qu'à répéter, qu'en principe, l'occupation<br />

de Médéa, de Miliana et de Cherchel est résolue, mais que j'atten<br />

drai votre retour de l'expédition que vous avez entreprise pour<br />

m'en expliquer davantage.<br />

Quant au mouvement du 2e régiment d'infanterie légère,<br />

j'apprends avec plaisir par votre autre lettre du 9 novembre, que<br />

vous avez donné des ordres pour son prochain départ pour France.<br />

Je désire que les 4 compagnies de tirailleurs rentrent également.<br />

Au moment où je vous écris, le 5e bataillon de la légion étrangère<br />

doit être arrivé à Alger ; les bâtiments qui l'ont transporté pour<br />

ront ramener une partie du 2e léger. Vous profiterez des moyens<br />

de transport que vous avez et même des bateaux à vapeur pour<br />

renvoyer le reste de ce régiment ainsi que les tirailleurs.<br />

63<br />

Lamoricière à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 125 4<br />

copie) (1)<br />

Oran, le 13 novembre 1840<br />

La razzia du 22 octobre avait excité dans les tribus rappro<br />

chées d'Oran et exposées à des incursions semblables,<br />

une très<br />

grande agitation, et je savais que d'instantes sollicitations avaient<br />

(1) Envoyé au Ministre de la Guerre par Valée, le 21 novembre 1840<br />

(archives du Gouvernement Général, LE. 125 4).


-121 —<br />

été adressées aux deux khalifas Bou Hamedi et Mustapha ben<br />

Tami pour couvrir le pays contre nos entreprises.<br />

Inquiété par l'insurrection des Traras, par le mécontente<br />

ment qui commence à se manifester chez les Oulassas, redoutant<br />

un mouvement dans les populations de Tlemcen, sous l'influence<br />

des plaintes et des murmures occasionnés par la détention pro<br />

longée qu'il fait subir dans cette ville, par ordre de l'émir, aux<br />

marabouts vénérés de Sidi el-Arribi, Bou Hamedi se montrait peu<br />

empressé à s'éloigner de Tlemcen et de la vallée de Tisser.<br />

Mustapha ben Tami, malade à Mascara,<br />

ne se croyait pas<br />

en état de résister seul à nos incursions (je vous fais connaître<br />

par une dépêche de ce jour les détails de cette position des deux<br />

khalifas) .<br />

Je savais aussi que toute l'infanterie régulière avait été rap<br />

pelée de l'ouest par Abd el-Kader,<br />

qu'il avait attiré à lui sur le<br />

haut Chélif toute la portion mobile des cavaliers qui dépendent<br />

du gouvernement de Miloud ben Aratch, afin de réparer les échecs<br />

qu'il avait essuyés dans l'est et d'opposer toutes ses forces aux<br />

divisions d'Alger et de Constantine.<br />

Je devais donc,<br />

pour distraire Bou Hamedi de l'attention qu'il<br />

devait porter aux mouvements de l'ouest, pour empêcher les deux<br />

khalifas d'envoyer à l'émir de nouveaux contingents et retenir<br />

chez eux les cavaliers fanatisés qui vont en volontaires à la guerre<br />

sainte, faire un nouvel effort sur le territoire et agir de manière<br />

à inspirer d'égales inquiétudes des deux côtés. Je résolus d'opérer<br />

de nouveau dans la partie centrale du pays,<br />

des Béni Amer.<br />

Le premier coup<br />

sur la tribu influente<br />

de main avait donné l'éveil et je ne devais<br />

plus me flatter de réussir dans une surprise sur les tentes et sur<br />

les troupeaux. Mais je pouvais encore frapper les tribus dans un<br />

intérêt bien essentiel,<br />

en m'emparant des grains qui les alimen<br />

tent et leur sont doublement précieux au moment d'ensemencer<br />

les terres.<br />

En outre, le succès d'une entreprise de ce genre devait pro<br />

curer un grand<br />

soulagement à la misère affreuse à laquelle sont<br />

réduits nos alliés malgré tout ce que je puis faire en leur faveur.<br />

Le 2 novembre, à 6 heures du matin,<br />

et d'après les indica<br />

tions précises fournies par M. Daumas, je me suis mis en route


-122-<br />

avec 3.000 hommes d'infanterie, 1.100 chevaux et la batterie de<br />

montagne, me dirigeant vers les marabouts d'Aïn Kseur, situés<br />

sur le versant nord des mêmes collines aux flancs opposés des<br />

quelles étaient dressées, dès le 22 octobre, les tentes de Ben Ia-<br />

coub. Assuré de ne rencontrer qu'une résistance insignifiante,<br />

j^avais autorisé les Douairs à se faire suivre par tous leurs<br />

moyens de transport, et j'escortais leur convoi composé de plus<br />

de 1.000 chameaux, mulets,<br />

chevaux et ânes.<br />

A l'entrée de la nuit et après un trajet d'environ 9 lieues, la<br />

division s'établit au bivouac près des marabouts. Les matemores<br />

furent trouvés bien remplis et les Douairs employèrent toute la<br />

nuit à les vider. A 5 heures du matin, tout était enlevé, ceux qui<br />

n'avaient pas entièrement rempli leurs sacs les complétèrent dans<br />

d'autres matemores que nous avions reconnus sur la route et,<br />

poussant devant moi tout ce convoi pesamment chargé, je repris<br />

le chemin du Figuier où j'arrivai à une heure.<br />

Une fusillade insignifiante entamée un instant à l'arrière-<br />

garde par quelques cavaliers n'avait blessé personne.<br />

J'avais eu l'intention de m'arrêter au Figuier et de recom<br />

mencer le lendemain une opération semblable, mais l'incertitude<br />

du temps me décida à rentrer et à attendre l'effet de cette nou<br />

velle sortie. Un violent orage, qui tomba le soir, me fit trouver<br />

très heureux de n'avoir point arrêté les troupes dans un bivouac<br />

sans bois et dans un mauvais terrain.<br />

Le temps se remit et les troupes bien reposées étaient en état<br />

de repartir deux jours après. J'appris que les deux khalifas<br />

s'étaient enfin mis en état d'agir. Bou Hamedi était venu s'éta<br />

blir aux sources du Rio Salado et Mustapha ben Tami avait con<br />

voqué les cavaliers des environs de Mascara pour marcher au pre<br />

mier avis.<br />

Je résolus de les forcer à accepter le combat et dans ce but<br />

je me mis en route, le 8 novembre au matin, avec une colonne de<br />

3.200 hommes d'infanterie : 13e et 15e légers, 1"<br />

et 41e de ligne,<br />

1"<br />

bataillon d'Afrique, 1.100 chevaux de chasseurs et spahis, 100<br />

sapeurs et la batterie de montagne, pour aller sous leurs yeux<br />

enlever les grains que je savais déposés dans les matemores de<br />

Bou Chouicha, chez les mêmes Ouled Ali déjà dépouillés deux<br />

fois. Ces matemores sont situés sur la rive droite de l'oued Tlélat,


—<br />

— 123<br />

à l'est de Mekédra, à 3 lieues des marabouts de Sidi bou Rafour<br />

(indiqués sur la carte Sidi bel Kaïr) c'est-à-dire à environ dix<br />

lieues d'Oran.<br />

Je n'avais pas permis aux Douairs de m'encombrer du même<br />

convoi que le 2 novembre ; le général Mustapha marchait avec 500<br />

de ses meilleurs cavaliers suivis seulement d'une centaine de mu<br />

lets. J'avais emmené aussi 300 mulets du train, haut-le-pied et<br />

pourvus de sacs pour emporter le grain.<br />

A 3 heures de l'après-midi, la division prit son bivouac sur<br />

le Tlélat, près de Djerf el-Ammar, sans avoir rencontré d'enne<br />

mis.<br />

Pendant la nuit, des feux nombreux furent allumés sur les<br />

collines et me donnèrent pour le lendemain l'espoir d'une ren<br />

contre sérieuse. Le 9, à 6 heures du matin, la division pastea le<br />

Tlélat et marcha, par les marabouts de Sidi bou-Rafour, vers les<br />

matemores indiquées, en poussant devant elle quelques cavaliers<br />

qui s'engagèrent faiblement avec les Douairs et les spahis à<br />

l'avant-garde. A 9 heures, je pris position et les sapeurs aidés<br />

par des corvées d'infanterie commencèrent à vider les matemo<br />

res : à 3 heures, l'opération était finie, 200 sacs de blé et 250 d'or<br />

ge étaient chargés sur les mulets.<br />

Presque tous les Douairs avaient mis pied à terre pour em<br />

porter sur leurs chevaux du blé et de l'orge et s'étaient attribués<br />

une large part de prise. Pendant ce travail, les hauteurs se cou<br />

vraient de cavaliers dont le nombre augmentait d'heure en heure,<br />

mais n'avait rien d'inquiétant pour une colonne aussi compacte<br />

et aussi maniable que la mienne et dans un terrain facile bien<br />

qu'accidenté.<br />

Je sus par les Douairs entrés en conversation avec quelques-<br />

uns des Ouled Aly que Bou Hamedi arrivait par le Tlélat sur le<br />

flanc de ma retraite et que le contingent de Mustapha ben Tami,<br />

resté de sa personne malade à Mascara, ne tarderait pas à paraî<br />

tre sur ma droite (ce contingent était conduit par Si Mohamed<br />

ben-Saïd, frère de l'émir).<br />

Je repris en bon ordre le chemin de mon bivouac. 5 compa<br />

gnies du 15e léger, 8 compagnies du 1er<br />

bataillon d'Afrique avec un<br />

peloton de chasseurs et 4 pièces de montagne formaient mon ar-


-124 —<br />

rière-garde aux ordres de M. le lieutenant-colonel Pachot, du 15e<br />

léger. Cet officier supérieur laissa sortir du déflié,<br />

facile d'ailleurs,<br />

peu étroit et<br />

qui existe en deçà des matemores toute la cava<br />

lerie et le convoi. Dès que son mouvement de retraite fut pro<br />

noncé, les cavaliers ennemis descendant des crêtes s'engagèrent<br />

vivement avec le 15e léger et le bataillon d'Afrique. Ils furent<br />

néanmoins facilement contenus et la colonne s'avança sans diffi<br />

culté vers les marabouts.<br />

Cependant ce tiraillement retardait la marche de l'arrière-<br />

garde et allongeait la colonne. Je m'y rendis pour juger de ce qui<br />

s'y<br />

passait. Un intervalle assez considérable s'était ouvert entre<br />

les flanqueurs de gauche et les tirailleurs de l'arrière-garde, par<br />

suite de l'allongement de la colonne. J'y<br />

envoyai une compagnie<br />

d'infanterie. L'officier qui la commandait s'était laissé entraîner<br />

un peu légèrement à chasser devant lui jusqu'au-delà du Tlélat<br />

quelques cavaliers qui s'étaient montrés sur ce flanc ; je le fis<br />

soutenir par mon escorte de 25 spahis et bientôt après par le pelo<br />

ton de chasseurs d'arrière-garde.<br />

M. le colonel de Maussion,<br />

chef d'état-major de la division,<br />

se porta du même côté, pour ramener cette compagnie à sa place<br />

et faire réparer la faute qui avait été commise. Ces cavaliers<br />

étaient les premiers de la troupe de Bou Hamedi et, le nombre<br />

s'accroissant de plus en plus, l'engagement devint très vif. J'en-<br />

voyait l'ordre à M. le colonel Randon de diriger sur ce point au<br />

grand trot deux escadrons de chasseurs et de les suivre avec le<br />

reste de son régiment. Je m'y<br />

portai moi-même avec 4 compa<br />

gnies, les sapeurs du génie et les 4 pièces de montagne que je<br />

pris à l'arrière-garde.<br />

200 cavaliers environ avaient passé le Tlélat qui coule en cet<br />

endroit au fond d'un ravin pierreux, difficile à franchir. J'arrêtai<br />

de bonne heure l'infanterie et les pièces et je donnai l'ordre d'en<br />

tretenir fidèlement la fusillade afin de laisser l'ennemi s'engager<br />

de plus en plus jusqu'à l'arrivée des escadrons dont le mouvement,<br />

masqué par un pli de terrain,<br />

ne pouvait être aperçu. Dès qu'ils<br />

furent à ma hauteur, j'ordonnai au commandant Rey de charger,<br />

en lui défendant toutefois de dépasser le ravin du Tlélat. Le<br />

mouvement fut franchement exécuté. Les cavaliers ennemis re<br />

foulés en arrière et acculés aux étroits passages du ravin, lais-


— - 125<br />

sèrent six des leurs sur le bord. Plusieurs autres abandonnant<br />

leurs chevaux tués ou abattus, fuyaient à pied de l'autre côté. La<br />

tentation était trop forte, le ravin fut traversé par quelques chas<br />

seurs. Ceux-ci furent aussitôt aux prises avec les cavaliers accou<br />

rus au secours de leurs camarades démontés. Il fallut les soutenir ;<br />

60 ou 80 chasseurs se trouvèrent sur l'autre bord et poussant en<br />

avant, avec trop d'ardeur peut-être, poursuivirent les Arabes à<br />

plus de 400 mètres au-delà. M- le chef d'escadron Rey s'était mis<br />

au milieu d'eux pour les diriger et les rallier.<br />

M. le colonel de Maussion occupé du même soin, avait retour<br />

né son cheval ; il ne vit point venir trois cavaliers qui, sans aucun<br />

doute, ayant reconnu ses insignes, traversèrent la ligne des chas<br />

seurs et fondirent sur lui à toute bride. Il essuya à bout portant<br />

le feu des deux premiers et fut renversé mortellement atteint de<br />

deux balles. Presqu'au même instant, mais malheureusement trop<br />

tard, M. le chef d'escadron, de Creny, de l'état-major, accourant<br />

au secours de son chef, abordait ces mêmes cavaliers, se débarras<br />

sait du premier d'un coup de pistolet et était assez heureux pour<br />

écarter avec la main le fusil du deuxième déjà appuyé sur sa<br />

poitrine, mais alors assailli à coup de crosse et de canon de fusil,<br />

son cheval effrayé de l'explosion s'étant renversé,<br />

cet officier<br />

supérieur, à pied entre ses deux adversaires courait le plus grand<br />

péril, si quelques chasseurs, les obligeant à fuir ne lui eussent<br />

donné le temps de se remettre en selle.<br />

seurs,<br />

Un peu plus en avant, M. le capitaine de Villers, du 2e chas<br />

restait engagé sous son cheval tué et ne devait son salut<br />

qu'à la fermeté des chasseurs qui,<br />

tenant en respect les cavaliers<br />

ennemis, heureusement dégarnis de leur feu, lui permirent après<br />

de longs efforts, de se relever et d'atteindre en arrière le cheval<br />

de M. Maussion.<br />

Grâce au dévouement du maréchal des logis Chabaud, des<br />

brigadiers Vial et Delesparre, qui avaient mis pied à terre, au mi<br />

lieu de la charge, à quelques pas de l'ennemi,<br />

relevé.<br />

le colonel avait été<br />

La retraite recommença aussitôt sans précipitation. Les Ara<br />

bes avaient laissé sur le terrain plus de 20 tués et, occupés à rele<br />

ver leurs blessés, inquiétèrent à peine le retour de nos chasseurs.


-126 —<br />

2 volées de 4 obusiers, mis en batterie au-dessus du ravin, les<br />

arrêtèrent tout court.<br />

Le colonel Randon, avec ses 4 escadrons et le général Musta<br />

pha, avec ce qui lui restait de Douairs à cheval, étaient accourus<br />

à mon avertissement, mais il ne fut pas nécessaire de les faire<br />

entrer en action.<br />

Ce dernier coup de vigueur avait mis fin au combat ; il était<br />

nuit noire. La division reprit sa marche et s'établit au bivouac de<br />

la veille à 7 heures du soir.<br />

M. le colonel Maussion expira en arrivant. Outre cette perte,<br />

infiniment regrettable, la journée du 9 nous a coûté :<br />

1 maréchal des logis et 3 chasseurs tués ;<br />

2 officiers, MM. Sauvage et Housse, blessés (ce dernier légè<br />

rement) ;<br />

his) ;<br />

3 chasseurs blessés ;<br />

1 spahi tué ; 1 maréchal des logis et 1 brigadier blessés (spa<br />

15e léger : 2 hommes blessés ;<br />

1"<br />

Bataillon d'Afrique : 4 hommes blessés ;<br />

1"<br />

de ligne : M. Maçon, lieutenant, une forte contusion ; 1<br />

voltigeur blessé ;<br />

Artillerie : deux canonniers blessés ;<br />

Génie : un sergent blessé ;<br />

Ambulance : M. Delahaye, chirurgien sous-aide, blessé.<br />

En tout : 1 colonel et 5 sous-officiers et soldats tués ; 4 offi<br />

ciers et 15 hommes blessés.<br />

Le lendemain 10, à 6 heures du matin, dès que la division eut<br />

pris la direction du Figuier, les 2 khalifas dont les drapeaux se<br />

voyaient distinctement, nous entourèrent de 3 ou 4.000 cavaliers<br />

mais dispersés sur une immense étendue et peu entreprenants,<br />

ils s'étudiaient évidemment à éviter un engagement décisif, avec<br />

autant de soin que j'en mettais à le leur offrir. M. le colonel Ra-<br />

guet, avec 4 compagnies d'élite du 41e de ligne, le bataillon d'Afri<br />

que et 4 obusiers de montagne, forma l'arrière-garde et contint<br />

sans peine les cavaliers ennemis en jetant de temps en temps quel<br />

ques obus sur les groupes qui se formaient à portée.


—<br />

— 127<br />

Les tirailleurs du 13e léger et du 1"<br />

les deux flancs, eurent à peine l'occasion de faire feu.<br />

de ligne, qui gardaient<br />

Les Douairs, s'appuyant sur les spahis, poussèrent plusieurs<br />

fois sur notre flanc droit des hourras où ils firent quelque mal à<br />

l'ennemi.<br />

Je tenais mes deux régiments de cavalerie en colonne serrée,<br />

à la hauteur de l'avant-garde, prêt à les lancer si l'occasion s'en<br />

présentait, mais l'ennemi ne se compromit pas une seule fois de<br />

vant eux jusqu'aux collines de Dika, à deux lieues du Figuier.<br />

Arrivé à ce point, j'arrêtai toute la colonne pour la faire re<br />

poser et, laissant les spahis sur mon flanc droit avec les Douairs,<br />

j'établis le régiment de chasseurs face en arrière en bataille sur<br />

la crête de la colline dominant la plaine de Melata.<br />

Les cavaliers arabes ne tardèrent pas à déborder le régiment<br />

et à former parallèlement au flanc gauche de la colonne, dont les<br />

plus hardis dépassaient déjà la tête, une ligne très étendue lais<br />

sant à leur gauche un terrain difficile et raboteux.<br />

Profitant de cette faute, je lançai sur la crête deux escadrons<br />

qui coupèrent en deux cette longue ligne de cavaliers, pendant<br />

que deux autres les abordaient par leur flanc droit et que les<br />

deux derniers appuyaient le mouvement comme réserve.<br />

Cette manœuvre, bien comprise et vigoureusement exécutée<br />

par M. le colonel Randon et par M. le lieutenant-colonel de Beau-<br />

fort, ne fut pas sans résultat. Bon nombre de cavaliers, pris entre<br />

les deux charges, furent atteints et sabrés, 12 à 15 restèrent sur la<br />

place, le reste s'enfuit à toute bride et,<br />

comme la veille à Djerf<br />

el-Amar, cette charge termina la journée ; elle nous avait coûté :<br />

1 chasseur tué ;<br />

2 officiers, M. le capitaine Joly et le sous-lieutenant Vivil, légè<br />

rement blessés ;<br />

5 chasseurs blessés ;<br />

1"<br />

bataillon d'Afrique : 2 hommes blessés ;<br />

41e de ligne : 5 hommes blessés ;<br />

En tout, 1 homme tué, 2 officiers et 12 blessés.<br />

Nos alliés perdirent 2 tués, dont l'un est le kaid des Smélas,<br />

Adda Oulid Belaha, cavalier de réputation, très regretté et un


— 128-<br />

blessé. Je suis rentré à Oran le même soir et toutes les troupes<br />

ont repris leurs cantonnements.<br />

Ces deux engagements n'ont pu fournir à l'infanterie de la<br />

division l'occasion de voir sérieusement l'ennemi comme elle l'eût<br />

voulu, mais dans les plaines rases où nous agissions, la cavalerie<br />

arabe si mobile ne pouvait être amenée à combattre malgré elle.<br />

Toutefois, nos fantassins ont fait preuve d'aplomb. Très peu<br />

d'hommes ont réclamé les transports. Le détachement de sapeurs,<br />

qui a constamment marché avec l'arrière-garde, a droit aux mêmes<br />

éloges.<br />

La batterie de montagne a montré dans tous ses mouvements<br />

une exactitude,<br />

une célérité qui font le plus grand honneur aux<br />

soins de M. le capitaine Pariset ; son tir est remarquablement<br />

juste et les effets en ont été visibles pour tout le monde.<br />

Plus heureux que les autres corps, le 2e chasseurs a pu deux<br />

fois aborder l'ennemi et lui faire éprouver des pertes sensibles.<br />

Ce beau régiment n'a plus, depuis longtemps, à faire ses preuves<br />

de bravoure.<br />

Le service administratif s'est exécuté avec un ordre et une<br />

promptitude qui ont épargné à la troupe beaucoup de fatigues et<br />

dont je suis redevable à l'activité de M. le sous-intendant Lar-<br />

gillière, du docteur Saiget et de M. l'officier comptable de Bréa.<br />

Nos pertes dans ces deux journées ont été de :<br />

1 colonel et 6 sous-officiers ou soldats tués ;<br />

6 officiers et 27 sous-officiers ou soldats blessés ;<br />

11 chevaux tués et 37 blessés.<br />

A l'occasion de ces deux affaires, j'appellerai particulière<br />

ment votre attention bienveillante, monsieur le maréchal,<br />

sur M.<br />

le chef d'escadron de Crény, relativement auquel je vous adresse<br />

des demandes spéciales, sur le capitaine Philippe,<br />

camp, dont les bons services méritent une récompense ;<br />

mon aide-de-<br />

cet offi<br />

cier que vous avez proposé à l'inspection dernière pour le grade<br />

de chef d'escadron, a tous les droits possibles à obtenir cette fa<br />

veur. (Je n'adresse pas de proposition pour lui parce qu'il est au<br />

tableau d'avancement). J'ose espérer que vous voudrez bien le<br />

recommander au ministre.


— 129-<br />

Dans l'artillerie : le capitaine Pariset qui, par son intelligen<br />

ce, son sang-froid, la précision de son tir, la rapidité de ses ma<br />

nœuvres a puissamment contribué à nos succès. Cet officier a dû<br />

vous être particulièrement signalé par M. le lieutenant-général<br />

Lahitte.<br />

Dans le génie, le sergent Riche, qui a été dans ces derniers<br />

engagements ce qu'il s'était montré à Mascara, à Tlemcen, à la<br />

Tafna (proposé pour la croix).<br />

Dans la cavalerie, M. le lieutenant-colonel de Beaufort, pro<br />

posé depuis 3 ans aux inspections générales pour le grade de colo<br />

nel, qui, pendant toutes nos opérations a commandé le régiment<br />

de chasseurs (le colonel Randon commande la lre<br />

brigade) et s'est<br />

montré capable à tous égards (pas de proposition à son égard puis<br />

qu'il est au tableau d'avancement). M. le capitaine Bernard, déjà<br />

si souvent proposé pour le grade de chef d'escadron, cité plusieurs<br />

fois à l'ordre pour des faits d'armes brillants, qui a sauvé le<br />

général Trézel à la Macta et qui a commandé l'une des belles<br />

charges faites le 10 sur le plateau de Dika (proposé pour le grade<br />

de chef d'escadron). Le capitaine de Villers,<br />

qui a eu son cheval<br />

tué en tête de la charge où le colonel de Maussion a été frappé<br />

(proposé pour la croix) . Le<br />

maréchal des logis Sémidéi, remarqué<br />

en tête de plusieurs charges (proposé pour le grade de sous-lieu<br />

tenant). Le maréchal des logis Eustache, des spahis, blessé griè<br />

vement (proposé pour la croix) .<br />

Dans les ambulances : M. Delahaye, chirurgien sous-aide,<br />

blessé à l'arrière-garde en pansant un blessé (proposé pour un<br />

hôpital d'instruction ; les pièces sont envoyées à l'Intendant). Ci-<br />

joint toutes les propositions relatives à ces diverses demandes et<br />

le croquis relatif aux diverses opérations que nous avons faites.<br />

Je ne veux pas terminer ce rapport sans vous signaler la<br />

belle conduite de M. le baron de Craun, officier de hussards au<br />

trichiens, que vous aviez autorisé à suivre les opérations de la<br />

division d'Oran, qui a pris part à toutes les charges et a sauvé<br />

un brigadier dont le cheval s'était abattu. L'ordonnance que cet<br />

officier a amené avec lui a été atteint d'un coup de feu.


— 130-<br />

64<br />

Schramm au Ministre de la Guerre<br />

(Moniteur,<br />

28 novembre)<br />

Alger, le 16 novembre 1840<br />

La province d'Alger continue à jouir de la plus grande tran<br />

quillité. Depuis le combat du 3 novembre, sous les murs de la<br />

Maison-Carrée, l'ennemi ne s'est plus représenté ;<br />

mes disposi<br />

tions sont d'ailleurs telles que je n'ai rien à redouter d'une nou<br />

velle attaque, si elle devait avoir lieu.<br />

L'état sanitaire des troupes continue à s'améliorer et,<br />

si la<br />

saison continue d'être aussi favorable pendant quelque temps en<br />

core, la salutaire influence qu'elle exerce sur les malades ne tar<br />

dera point à en réduire le nombre. Elle a puissamment contribué<br />

au succès des opérations que M. le gouverneur général dirige en<br />

personne.<br />

L'expédition sur Miliana était de retour à Blida le 12 ; elle a<br />

été aussi heureuse qu'on pouvait le désirer. Miliana a été pourvu<br />

de vivres jusqu'au mois de mai prochain, en outre des approvi<br />

sionnements considérables qui y ont été portés en objets de toute<br />

nature à l'usage des hôpitaux et des troupes. La garnison a été<br />

intégralement renouvelée.<br />

Pendant le cours de cette opération, l'armée a été à peine<br />

inquiétée dans ses mouvements. Elle avait pris, pour aller, la<br />

route tracée lors de la première expédition et elle est revenue par<br />

les tribus des Righa et des Hadjoutes auxquelles elle a fait un<br />

mal considérable.<br />

Cette opération a eu d'importants résultats, mais nous avons<br />

à regretter la perte d'un officier, (le jeune d'Harcourt, qui don<br />

nait les plus grandes espérances et est vivement regretté) , de cinq<br />

sous-officiers ou soldats, qui ont été tués et une trentaine de bles<br />

sés, la plupart peu dangereusement.<br />

Hier, 15 novembre, M. le gouverneur général s'est remis en<br />

marche pour compléter les approvisionnements de Médéa, dont la<br />

garnison sera également renouvelée et complétée. J'ai tout lieu de<br />

penser que cette opération s'effectuera aussi heureusement que<br />

celle sur Miliana, car elle est favorisée par la continuation du beau


-131 —<br />

temps et par la diversion que les mouvements du général de Lamo<br />

ricière paraissent avoir opérée dans l'armée d'Abd el-Kader.<br />

Les dépêches reçues de la province de Constantine n'annon<br />

cent pas qu'il se soit passé rien de nouveau ni d'intéressant dans<br />

cette partie de nos possessions. M. le lieutenant-général Galbois,<br />

après avoir fait faire aux troupes campées à Sétif un mouvement<br />

vers le sud, qui a décidé la retraite de l'ennemi et imposé aux tri<br />

bus, est rentré à Constantine, où il s'occupe de surveiller l'orga<br />

nisation des corps indigènes qui, d'après les intentions de M. le<br />

maréchal gouverneur, doivent concourir à assurer la défense et<br />

la sécurité du pays.<br />

Cherchel a été un peu inquiété, le 10 et le 11 novembre, par<br />

El Berkani, un des lieutenants d'Abd el-Kader, qui est originaire<br />

de cette contrée et qui s'est présenté devant la place avec 7 ou 8.000<br />

hommes, tant cavaliers que fantassins réguliers ou kabyles. Après<br />

avoir engagé pendant deux jours de suite avec nos avant-postes,<br />

du côté de la porte de Ténès, une fusillade insignifiante, il s'est<br />

retiré après avoir perdu quelques hommes, sans nous avoir fait<br />

d'autre mal qu'un soldat tué et un blessé.<br />

La province d'Oran a été au contraire le théâtre de nouvelles<br />

opérations très importantes autant par l'effet qu'elles ont pro<br />

duit sur les Arabes de l'ouest, en les dépouillant de la majeure par<br />

tie de leurs approvisionnements,<br />

produite dans l'armée de l'émir,<br />

que par la diversion qu'elles ont<br />

qui était campée dans le haut<br />

Chélif et qui a été abandonnée par les contingents de la province<br />

d'Oran, malgré les défenses d'Abd el-Kader et la présence du<br />

corps expéditionnaire commandé par M. le maréchal.<br />

C'est le 2 et le 8 novembre que le général de Lamoricière a de<br />

nouveau, par deux expéditions habilement dirigées, frappé dans<br />

leurs intérêts les tribus influentes des Béni Amer, auxquelles il<br />

avait déjà causé un préjudice considérable par sa razzia du 22<br />

octobre.<br />

Ayant su que l'émir avait attiré vers lui toute l'infanterie<br />

régulière et la plus grande partie des cavaliers de l'ouest, que Bou<br />

Hamedi avait craint de s'éloigner de Tlemcen, dont la population<br />

mécontente était en fermentation et que Miloud ben Arrache était<br />

malade à Mascara, il se décida à opérer de nouveau dans la partie<br />

centrale du pays,<br />

sur les versants de l'oued Tlélat, occupés par<br />

les Ouled Aly, de la tribu des Béni Amer.


Parti le 2 novembre d'Oran,<br />

— 132 —<br />

avec une colonne forte de 3.000<br />

hommes d'infanterie, 1.100 chevaux et 4 pièces de montagne, il se<br />

dirigea sur les marabouts d'Aïn-Kseur,<br />

qui sont sur le versant<br />

nord du coteau où il avait rencontré, le 22 octobre, les tentes des<br />

Béni Yacoub. Là se trouvait un grand nombre de leurs silos, qui<br />

furent vidés pendant la nuit et chargés sur plus de 1.000 bêtes de<br />

somme amenées à cet effet. Aussitôt cette opération terminée, la<br />

colonne reprit la route d'Oran,<br />

départ sans avoir été inquiétée par l'ennemi.<br />

où elle arriva le lendemain de son<br />

Quelques jours après, sur l'avis que les deux khalifas, Mus<br />

tapha ben Tami et Bou Hamedi,<br />

se disposaient enfin à agir et<br />

que ce dernier était déjà venu prendre position vers les sources de<br />

Rio Salado, il résolut de se remettre en marche et il partit, le 8<br />

novembre, dans l'espoir de le forcer à combattre ou, tout au moins,<br />

d'enlever le reste des approvisionnement appartenant aux tribus<br />

qui avaient déjà été dépouillées deux fois et qui étaient dans les<br />

silos de Chouicha, sur la rive droite de l'oued Tlélat, à trois lieues<br />

des marabouts de Sidi ben Kaër et à dix lieues environ d'Oran.<br />

Le même jour, la colonne expéditionnaire, à peu près de même<br />

force que celle du 2 novembre, vint bivaquer sur le Tlélat qu'elle<br />

passa, le lendemain 9, pour se porter, par les marabouts de Sidi<br />

sur le terrain des silos qui furent bientôt découverts.<br />

ben Rafoud,<br />

Pendant la nuit, ils furent vidés et leur produit, évalué à 500<br />

sacs de blé et d'orge, fut chargé sur les transports. Dès le matin<br />

du 9, la colonne se mit en marche pour opérer son mouvement de<br />

retraite. Dans les premiers moments de sa marche,<br />

elle ne fut<br />

point inquiétée, mais, en arrivant au déflié situé en deçà des ma<br />

rabouts de Sidi ben Rafoud, son arrière-garde commença d'être<br />

harcelée par les Arabes qui descendaient des crêtes. Ils furent<br />

d'abord facilement contenus, mais leur nombre s'augmentait de<br />

plus en plus et une compagnie, s'étant un peu trop engagée, il<br />

fallut faire avancer des renforts. A cet effet, le général, après<br />

avoir arrêté sa colonne pour la resserrer, fit promptement arriver<br />

deux escadrons de chasseurs, soutenus par le reste du régiment,<br />

par une compagnie de sapeurs du génie et appuyés par la batterie<br />

de montagne. L'ennemi fut alors vigoureusement abordé et refou<br />

lé au-delà de l'oued Tlélat, qu'un assez grand nombre de ses cava<br />

liers avait franchi, puis, bientôt après, dispersé dans toutes les


-133 -<br />

directions, après avoir laissé sur le terrain une vingtaine de tués.<br />

La colonne et son convoi se trouvant ainsi dégagés, on arriva<br />

tranquillement au bivac.<br />

Le lendemain 10, la colonne se remit de bonne heure en mar<br />

che sur Oran, mais escortée sur ses flancs et sur ses derrières<br />

par 3 à 4.000 cavaliers, qui furent aisément maintenus à distance,<br />

jusqu'à la hauteur des collines de Dika, où se fit la halte.<br />

Pendant ce temps de repos, les Arabes devenus plus entrepre<br />

nants, finirent par se rapprocher à une faible distance de la co<br />

lonne et par se former en une longue ligne assez serrée, disposée<br />

parallèlement à son flanc gauche et couronnant les collines. Le<br />

général mit à profit cette occasion favorable pour les faire char<br />

ger en même temps sur leur droite et sur leur gauche par quatre<br />

escadrons de chasseurs soutenus par deux escadrons de réserve.<br />

Ce mouvement, qui fut exécuté avec ensemble et vigueur, termina<br />

la journée et mit en complète déroute toute cette cavalerie, qui<br />

laissa encore une quinzaine d'hommes tués sur place.<br />

Ces opérations, dont la réussite a été complète,<br />

ont donné<br />

lieu à deux brillants engagements de cavalerie, elles ont fait beau<br />

coup de mal à l'ennemi et divisé ses forces.<br />

Les pertes qu'elles nous ont causées sont, d'un officier, six<br />

sous-officiers ou soldats tués et de cinq<br />

officiers et vingt-sept<br />

sous-officiers ou soldats blessés. Ces pertes, peu considérables par<br />

le nombre, laissent cependant des regrets bien amers dans l'ar<br />

mée, car le seul officier qui ait succombé,<br />

colonel de Maussion,<br />

est le digne et brave<br />

chef d'état-major de la division d'Oran, qui<br />

a été frappé mortellement sur le champ de bataille,<br />

brillante charge du 9 sur le Tlélat.<br />

pendant la<br />

M. le général de Lamoricière fait les plus grands éloges des<br />

troupes qu'il a employées et il cite comme s'étant particulièrement<br />

distingués :<br />

dans l'état-major : M. de Crény, chef d'escadron (1), Philip<br />

pe, capitaine ;<br />

(1) de Crény (Louis, Léon), né à Neufchâtel (Seine-Inférieure) le 29 mai<br />

- 1807 Elève à l'Ecole de Saint-Cyr, 1er octobre 1823 - Sous-lieutenant, 1" oc<br />

- tobre 1825 Lieutenant, 1" octobre 1830 Capitaine, 29 août 1832 Chef<br />

-<br />

d'escadron, 21 juin 1840 Lieutenant-colonel, 25 février 1841 Colonel, 28<br />

- août 18*6 Général, 10 juillet 1851 - Retraité, 1" juin 1854 - Décédé, 5 jan<br />

vier 1862 - -<br />

Chevalier de la Légion d'honneur, 26 avril 1831 Officier, 23 no<br />

vembre 1839 Commandeur, 9 août 1850.


-134-<br />

dans l'artillerie, M. Pariset, capitaine ;<br />

dans le génie : le sieur Riche, sergent ;<br />

dans la cavalerie : MM. de Baufort, lieutenant-colonel ; Ber<br />

nard, capitaine ; de Villiers, id. ; le sieur Sémidéi, maréchal-des-<br />

logis ; le sieur Eustache, id. (blessé) ;<br />

(blessé) .<br />

dans les ambulances : M. de Lahaye, chirurgien sous-aide<br />

Il fait également le plus grand éloge de M. le colonel Randon.<br />

Nota. —<br />

J'apprends à l'instant que le convoi,<br />

approvisionner Médéa pendant huit mois,<br />

zaïa sans avoir éprouvé de résistance.<br />

à Bône,<br />

65<br />

De Lagau à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 128 8<br />

parti le 15 pour<br />

a franchi le col de Mou<br />

original)<br />

Tunis, le 15 novembre 1840<br />

Je profite du départ de deux Arabes qui se rendent, par terre,<br />

pour vous confirmer la lettre que j'ai eu l'honneur de vous<br />

adresser le 2 de ce mois et vous prévenir que j'espère effectuer,<br />

ces jours-ci, un premier envoi de chevaux à la destination d'Alger.<br />

Une escadre de 12 voiles a été remarquée dans les environs<br />

du Cap Blanc, faisant route vers le nord. On suppose que c'est<br />

celle de l'amiral Hugon, qui se rend à Toulon, où l'on doit, dit-on,<br />

concentrer nos forces navales.<br />

66<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre carton 259 copie)<br />

20 novembre I84O<br />

J'ai reçu avec la lettre que vous m'avez fait l'honneur de<br />

m'écrire le 4 novembre courant, la copie d'un rapport que le géné<br />

ral Lamoricière vous a adressé à la suite de l'expédition qu'il a


— 135-<br />

exécutée contre les Béni Amer et les Garabas. Je vous remercie<br />

de cette communication que j'ai également reçue de cet officier<br />

général.<br />

Je vois avec satisfaction que le général Lamoricière a obtenu<br />

dans cette razzia, faite à une aussi grande distance, tout le succès<br />

qu'il était possible d'espérer et qu'il a agi avec autant de vigueur<br />

que de prudence.<br />

Déjà j'ai adressé des éloges à cet officier général, en lui accu<br />

sant réception de son rapport, que j'ai mis sous les yeux du Roi<br />

et fait insérer au Moniteur.<br />

67<br />

Changarnier à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 1382<br />

copie)<br />

Blida, le 20 novembre 1840<br />

Le 27 octobre, la 2e brigade, composée des deux bataillons de<br />

zouaves, du 2e bataillon d'Afrique, d'un bataillon du 24e de ligne,<br />

d'un bataillon du 53e de ligne, forma l'avant-garde du corps expé<br />

ditionnaire.<br />

A cinq heures et demie, elle établit son bivouac sur le front<br />

sud de Haouch Mouzaïa.<br />

A huit heures et demie du soir, la brigade formée en silence,<br />

se mit en marche pour enlever le col dont nous fûmes maîtres le<br />

28, à deux heures du matin. Il n'était gardé que par une sentinelle<br />

endormie.<br />

J'y restai avec les zouaves et le bataillon d'Afrique et j'en<br />

voyai le bataillon du 24e et celui du 53e "de ligne, sous les ordres<br />

du colonel Gentil, vers les hauteurs de droite qui commandent la<br />

route.<br />

Une patrouille d'infanterie régulière s'étant présentée au<br />

col, quelques instants après que nous y fûmes établis, perdit deux<br />

hommes dont un capitaine. , r<br />

Arrivé au point du jour près du lac, le colonel Gentil fut aver<br />

ti par ses éclaireurs que plusieurs bataillons réguliers étaient bi-


— 136 —<br />

vouaqués sur les bords mêmes du lac. Il s'arrêta et me fit pré<br />

venir.<br />

A la réception de cet avis, je laissai le bataillon d'Afrique au<br />

col, je rejoignis le colonel Gentil avec les zouaves et marchai à<br />

l'ennemi qui s'était retiré vers le pic retranché qu'il ne défendit<br />

pas. Trois bataillons d'infanterie régulière évacuèrent successive<br />

ment devant nous plusieurs positions et s'établirent sur l'arête<br />

boisée qui conduit au grand pic est de Mouzaïa. Là, ils furent re<br />

joints par un fort bataillon que nous vîmes remonter de la berge<br />

droite du grand ravin où il s'était mis en mesure d'inquiéter le<br />

convoi ou d'occuper les retranchements qui flanquent les positions<br />

occupées le 12 mai.<br />

Le but des opérations générales autant que les circonstances<br />

du terrain s'opposant à une plus longue poursuite, je m'arrêtai et<br />

je fis rétrograder la moitié des troupes. L'ennemi, alors, tenta<br />

d'inquiéter notre position. Cette attaque vigoureusement repous<br />

sée lui coûta des pertes considérables, entre autres 3 officiers.<br />

Nous n'eûmes que 5 blessés. Dans cette affaire, je remarquai par<br />

ticulièrement M. le commandant Tatareau, chef d'état-major,<br />

M. le chef de bataillon Olivet, du 53e de ligne et M. le sous-lieute<br />

nant Ducros, du 24e.<br />

Le 29, la seconde moitié du convoi ayant été amenée du camp<br />

de Haouch Mouzaïa, la 2e brigade forma l'avant-garde. Le corps<br />

expéditionnaire arriva à deux heures au bois des Oliviers. Trois<br />

compagnies de zouaves et une compagnie du bataillon d'Afrique,<br />

aux ordres de M. le chef de bataillon Renaut, occupèrent les hau<br />

teurs découpées qui bordent la rive gauche de la Chiffa et y sou<br />

tinrent la fusillade d'un bataillon d'infanterie régulière qui fit<br />

inutilement une grande consommation de munitions.<br />

Après une halte d'une heure, nous nous remîmes en marche<br />

vers Médéa.<br />

Les troupes de la 1<br />

brigade, qui avaient été chercher le con<br />

voi à Mouzaïa, étant trop fatiguées pour continuer à faire l'ar<br />

rière-garde, le colonel Gentil, avec le bataillon du 24° et celui du<br />

53e de ligne,<br />

s'en trouva chargé. Les zouaves formaient l'avant-<br />

garde du convoi qui flanquait la 1 brigade et dont un demi-ba<br />

taillon du 53" de ligne fermait la marche.


-137-<br />

Lorsque la colonne principale et le convoi étaient déjà enga<br />

gés dans le ravin du Nador, 4 bataillons d'infanterie régulière,<br />

sortant de leur camp de la Chiffa, se portèrent rapidement sur le<br />

flanc gauche du colonel Gentil et menacèrent de couper la ligne<br />

de retraite de M. le chef de bataillon Renaut, qui n'avait pas en<br />

core évacué, avec les trois compagnies de zouaves et la compa<br />

gnie du bataillon d'Afrique, les positions qu'il occupait pendant<br />

la halte du corps expéditionnaire.<br />

Je quittai rapidement l'avant-garde. Je fis rétrograder un<br />

bataillon du 53e de ligne et un demi-bataillon de zouaves ; j'arrê<br />

tai le bataillon du 24e et la communication entre le commandant<br />

Renaut et le colonel Gentil fut entièrement rétablie. Le détache<br />

ment du premier passa en arrière et devint notre réserve.<br />

L'arrière-garde se trouva promptement et presque sans perte<br />

à la hauteur de la gauche du convoi, sur l'arête qui conduit à<br />

Médéa. Là nous eûmes quelques blessés. L'absence des moyens<br />

de transport occasionnée sans doute par le changement survenu<br />

dans le commandement de l'arrière-garde, nous retînt forcément<br />

dans une position sur laquelle l'ennemi,<br />

s'embusquant à droite et<br />

à gauche dans les ravins qui y aboutissent, faisait converger ses<br />

feux. Il fut vigoureusement repoussé dans toutes ses attaques et<br />

plusieurs retours offensifs exécutés par le bataillon du 24e de<br />

ligne lui firent éprouver des pertes notables.<br />

Quand nous eûmes fait charger tous nos blessés sur les caco-<br />

lets et même sur les mulets d'artillerie qui portaient des cartou<br />

ches d'infanterie,<br />

nous recommençâmes notre mouvement de re<br />

traite que l'ennemi suivit avec plus de circonspection. Deux pièces<br />

de montagne qui nous rejoignirent avant la nuit, trouvèrent ce<br />

pendant l'occasion de tirer quelques obus bien placés. Le demi-<br />

bataillon de zouaves, que j'avais fait rétrograder, sur notre droite<br />

et le détachement du commandant Renaut ne furent point enga<br />

gés. Nous arrivâmes au bivouac devant Médéa, à sept heures du<br />

soir.<br />

Dans cette journée, nous eûmes 17 tués dont 2 officiers, M.<br />

le capitaine Fouquet, du 53e de ligne et M. Caurine, lieutenant au<br />

24e, et 90 blessés. La plupart des pertes furent supportées par le<br />

24e de ligne qui, dans ce combat,<br />

se conduisit avec une vigueur<br />

remarquable. M. le colonel Gentil, dont je ne saurais trop faire


— — 138<br />

l'éloge, lui en donna l'exemple. J'ai remarqué particulièrement<br />

dans ce corps, M. le chef de bataillon Gallemand ; MM. les capi<br />

taines Carbuccia, Hémezy, Delobeau, de Mancour ; les sous-lieute<br />

nants Ducros, Gilles et Peyrusset ; l'adjudant Brodagh ; les ser<br />

gents David, Cochin, Rossi, Ballester et le voltigeur Allais.<br />

— Dans<br />

les zouaves, le commandant Renaut, le capitaine<br />

Bosc et le fusilier Blas.<br />

— Dans<br />

le 53e de ligne, le sergent-major Guillemin, les ser<br />

gents Houp et Grandpierre et le grenadier Benoît.<br />

— Dans l'artillerie, MM. les lieutenants du Penhoat et de<br />

Lafayette. Ce dernier a été légèrement blessé.<br />

— Dans<br />

l'état-major, M. le commandant Tatareau ; M. le<br />

capitaine de Latour-du-Pin et M. le lieutenant Pourcet. Ces deux<br />

derniers eurent leurs chevaux blessés.<br />

Le 30, le bataillon d'Afrique et le 24e de ligne passèrent à la<br />

colonne de droite commandée par M. le maréchal en personne. Us<br />

furent remplacés par un bataillon tiré du 23e et du 48e de ligne<br />

dans la brigade qui, avec le convoi et six obusiers de montagne,<br />

suivit la route ordinaire qui conduit au bois des Oliviers.<br />

Après avoir contourné le Nador, nous vîmes 5 ou 600 cava<br />

liers quitter les hauteurs de droite, passer sur celles de gauche<br />

où ils restèrent déployés, tandis que l'infanterie régulière éva<br />

cuait le camp de la Chiffa,<br />

moitié pour se retirer dans une gorge<br />

en arrière, moitié pour gagner le Bou Roumi en traversant le bois<br />

des Oliviers. Trop de distance nous séparait pour que nous puis<br />

sions inquiéter ce mouvement. Plusieurs centaines de Kabyles et<br />

quelques cavaliers restaient seuls aux abords ou sur l'emplace<br />

ment du camp.<br />

Mettant en position le convoi sous la garde du bataillon<br />

d'Afrique et du bataillon de marche aux ordres de M. le lieute<br />

nant-colonel Mouret, à qui je laissai trois obusiers de montagne,<br />

je me portai avec les trois autres obusiers, les zouaves et les gen<br />

darmes maures en face du camp où j'attendis la colonne de M. le<br />

maréchal, me tenant prêt à prendre part à ses opérations. Après<br />

la réunion des deux colonnes et l'incendie du camp de l'ennemi,<br />

nous établîmes notre bivouac au bois des Oliviers.<br />

Dans la nuit, les zouaves conduisirent le convoi au col. Il fut<br />

ramené de bonne heure et le corps expéditionnaire se mit en mar-


— — 139<br />

che pour Médéa à neuf heures du matin. La brigade forma l'ar<br />

rière-garde et prit position à trois quarts d'heure de la place<br />

pendant l'opération du déchargement.<br />

Au retour,<br />

elle forma l'avant-garde jusqu'au bois des Oli<br />

viers où s'établit le bivouac. L'ennemi ne se montra point ce<br />

jour-là.<br />

Le 1er<br />

novembre, le bataillon d'Afrique et le 53e de ligne fu<br />

rent mis en mouvement à trois heures du matin pour occuper les<br />

hauteurs à droite et à gauche de la route. Le convoi particulière<br />

ment couvert par le 24e de ligne suivit immédiatement. Les zoua<br />

ves venaient après, servant de réserve à l'arrière-garde formée<br />

par le 17e léger. Nous ne fûmes suivis que par quelques Kabyles<br />

facilement tenus à distance.<br />

A dix heures, le corps étant réuni tout entier au col, M. le<br />

maréchal conserva le bataillon d'Afrique dans sa colonne. Les<br />

zouaves et le 53e de ligne montèrent vers le lac, le 24e resta placé<br />

sur la pente et sur la crête, à l'est du col, pour protéger le départ<br />

de l'extrême arrière-garde.<br />

Après l'entière évacuation du col, le 24e de ligne vint me re<br />

joindre au lac. Nous vîmes deux bataillons d'infanterie régulière<br />

précédés de quelques centaines de Kabyles et d'environ 500 cava<br />

liers, occuper le col, prêts à déboucher à la suite de notre arrière-<br />

garde. Je me préparai moi-même à les attaquer, s'ils osaient s'en<br />

gager sur la route. Mais ils ne quittèrent point le col.<br />

Après que la gauche de la colonne de M. le maréchal eut dé<br />

passé le plateau dit du déjeuner, je me dirigeai vers le grand pic<br />

de Mouzaïa. Après l'avoir dépassé, je me prolongeai sur les crêtes<br />

jusqu'à la coupure de la Chiffa. Sur les dernières pentes qui con<br />

duisent au large lit de cette rivière,<br />

nous trouvâmes quelques<br />

beaux villages kabyles qui n'avaient point encore été visités par<br />

les Français. Nous les ruinâmes complètement. Nous arrivâmes à<br />

huit heures du soir à Blida.<br />

Nous eûmes dans la journée 3 tués et 12 blessés. M. le capi<br />

taine Grosjean et M. le lieutenant Perel, du 53e, furent au nombre<br />

de ces derniers.<br />

Le 5, après trois jours de repos, le corps expéditionnaire se<br />

remit en marche et vint coucher sur l'oued Djer. Les zouaves, le


-140 —<br />

24e et le 53e de ligne composant la brigade avec le 2e bataillon<br />

d'Afrique, chargés spécialement de la garde du convoi, avaient<br />

formé l'arrière-garde.<br />

Le 6, le corps expéditionnaire alla camper sur l'oued Djer<br />

supérieur sans avoir rencontré l'ennemi. La 2e brigade avait for<br />

mé l'avant-garde.<br />

Le 7, la 2e brigade fut chargée de l'arrière-garde et évacua la<br />

position sans aucune perte en présence de 150 Kabyles. La cha<br />

leur rendit la marche pénible et, dès les premières pentes du Gon<br />

tas, beaucoup de traînards commencèrent à nous embarrasser. Le<br />

nombre en augmenta successivement et les dernières troupes ne<br />

purent établir leur bivouac qu'à dix heures du soir, au plateau<br />

inférieur à Miliana, où l'avant-garde était arrivée dès cinq heures<br />

et demie. Quelques centaines de cavaliers qui, dans la journée,<br />

tiraillèrent de loin avec nos flanqueurs et notre extrême arrière-<br />

garde, méritent à peine d'être mentionnés. Nous eûmes 6 blessés<br />

dans toute cette journée.<br />

Le 8, le convoi étant monté dès le matin à Miliana, à deux<br />

heures après midi, le camp fut transporté au nord-est de la ville.<br />

Les zouaves furent poussés jusqu'au rideau qui borne l'horizon<br />

à l'est. Le bataillon d'Afrique avait remplacé à Miliana le batail<br />

lon du 3e léger qui, jusqu'à Blida, fut attaché à la garde du con<br />

voi.<br />

Le 9, au point du jour, on suivit la route qui longe les monts<br />

Zaccar. Les zouaves, débarrassés de leurs sacs qu'on avait placés<br />

sur des mulets, formèrent l'extrême avant-garde et ruinèrent les<br />

habitations de la tribu des Righa, à qui ils tuèrent quelques hom<br />

mes et firent éprouver des pertes matérielles considérables.<br />

A cinq heures du soir, on prit position sur l'oued Djer, à en<br />

viron trois quarts d'heure au-dessus de notre avant-dernier bi<br />

vouac. Aucun ennemi ne s'était montré à l'avant-garde. Quelques<br />

centaines de cavaliers seulement furent aperçus sur les pentes du<br />

Gontas, mais ils ne s'engagèrent point.<br />

Le 10, les zouaves formaient l'arrière-garde. Le 24e et le 53e<br />

de ligne, débarrassés à leur tour de leurs sacs, reçurent l'ordre de<br />

marcher à environ mille mètres à droite et à gauche de la colonne<br />

et d'incendier les habitations des Béni Menad.


-141-<br />

Dès le point du jour, 2 ou 300 Kabyles soutenus par la pré<br />

sence d'un corps d'environ 500 cavaliers se montraient prêts à<br />

attaquer l'arrière-garde qui, cependant, évacua la position pres<br />

que sans pertes. L'ennemi recevant des renforts successifs fut<br />

constamment tenu à distance et vigoureusement ramené quand<br />

il devenait pressant.<br />

Après le passage de Sehaba el Kelta, sur un terrain boisé où<br />

le tir de l'artillerie est très incertain, où les mouvements de l'in<br />

fanterie elle-même sont difficiles à surveiller, les Kabyles, au<br />

nombre de 1.000 à 1.200, s'engagèrent de très près avec notre<br />

arrière-garde. M. le lieutenant-colonel Cavaignac et ses zouaves<br />

y montrèrent beaucoup de vigueur et un retour offensif bien exé<br />

cuté termina le combat avant la descente de Karoubet el-Ouzri.<br />

M. le sous-lieutenant d'Harcourt et trois zouaves furent tués.<br />

Nous eûmes 28 blessés. M. le capitaine de Barrai, blessé à la tête<br />

de sa compagnie qu'il commanda avec une précision et une déci<br />

sion remarquables, et M. le capitaine de Latour-Dupin,<br />

mon aide-<br />

de-camp, qui aida beaucoup à la direction des mouvements prin<br />

cipaux, ont droit à une mention spéciale. Je recommande ces deux<br />

officiers à l'intérêt de M. le maréchal.<br />

J'ai remarqué : dans l'artillerie, M. le chef d'escadron Ver-<br />

nety, M. le capitaine de Sévelinges et l'adjudant Voirgard ; dans<br />

les zouaves, M. le chef de bataillon Leflô, M. le capitaine Bosc,<br />

le sergent Masson, le fourrier Achard, le sergent Mourrier, le<br />

caporal Guipont, les fusiliers Jouve et Clavequin.<br />

Dans le train des équipages, M. le lieutenant Guth, les ma-<br />

réchaux-des-logis Rémond et Berry que, dans plusieurs occasions,<br />

j'avais déjà vu se conduire avec un dévouement digne d'éloges.<br />

Cinq sous-officiers et trois soldats du train ont été atteints ce<br />

jour-là par le feu de l'ennemi en recueillant les blessés.<br />

M. Ubel, major suisse, dont j'ai déjà eu l'occasion de vous<br />

parler, reçut une blessure grave et acquit, ainsi que MM. Stiennon,<br />

de Culner et Dahl, de nombreux titres à la considération de l'armée.<br />

Après une halte d'une heure à Karoubet el-Ouzri, nous som<br />

mes arrivés à six heures à l'oued Djer,<br />

même bivouac que le 5 novembre.<br />

Le 11,<br />

retour du corps expéditionnaire à Blida.<br />

où nous avons occupé le


-142-<br />

Le 14, après deux jours de repos, la brigade formant une co<br />

lonne séparée s'est mise en marche à six heures du matin. Mais<br />

un contre-ordre reçu à la Chiffa l'a fait rentrer.<br />

Le 15, un peu avant le point du jour, la 2e brigade s'est mise<br />

de nouveau en marche et, après avoir fouillé tout le versant nord<br />

du Mouzaïa et laissé deux bataillons à la garde du pic retranché<br />

et des crêtes du lac, je suis arrivé au col avec les zouaves à quatre<br />

heures,<br />

c'est-à-dire une heure et demie avant la colonne dirigée<br />

par le maréchal en personne.<br />

Le 16, séjour au col. Une partie de la 2e brigade, cependant,<br />

va bivouaquer sur quelques positions avancées dans la direction<br />

du bois des Oliviers. Le 53e de ligne et le 5e léger occupent le col.<br />

Le 17,<br />

on conduit la première partie du convoi à Médéa. Le<br />

bataillon du 24e partant de la redoute du lac, descend directement<br />

au bois des Oliviers, incendiant toutes les habitations sur sa route.<br />

La 2e brigade, pendant le déchargement,<br />

reste en position à la<br />

hauteur du Nador, au point de partage des eaux du Chélif et de<br />

la Chiffa. Bivouac, le même soir, au bois des Oliviers.<br />

Le 18, la seconde moitié du convoi ayant été amenée du col,<br />

le corps expéditionnaire va bivouaquer devant Médéa. Les zoua<br />

ves remplacent à Médéa le 23e de ligne.<br />

Le 19, départ de Médéa ; bivouac à Haouch Mouzaïa.<br />

Le 20, retour à Blida.<br />

J'ai beaucoup à me louer de la manière dont M. le chef d'es<br />

cadron Tatareau a dirigé le service de l'état-major.<br />

68<br />

Duvivier à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Blida, le 20 novembre 1840<br />

Parti de ma personne de Médéa le 31 octobre, je pris, d'après<br />

vos ordres, au col de Ténia, le 1er<br />

novembre, le commandement<br />

de la lre brigade composée du 17e léger et du 48e de ligne.<br />

Médéa.<br />

Le 48e avait occupé cette position pendant la marche sur


La 1"<br />

143 —<br />

brigade fut destinée à marcher avec le convoi par la<br />

route directe du col, pendant que la 2e<br />

crêtes de Mouzaïa devait couvrir le flanc droit.<br />

brigade, suivant par les<br />

Pour exécuter sa marche, la lre brigade dut, d'après les tours<br />

de service, mettre le 48e en avant du convoi. Le 17e léger dut soute<br />

nir l'évacuation du col et couvrir la retraite. Deux compagnies du<br />

48e devaient y contribuer. L'une sur la gauche, face à l'ennemi,<br />

occupant des crêtes qu'il faut évacuer les dernières, avec ordre de<br />

suivre, lorsque le moment serait arrivé, la 2e brigade marchant<br />

par Mouzaïa. L'autre, ayant une fraction en position aux pitons,<br />

eut ordre de les évacuer au pas de course, lorsque le signal en<br />

serait donné, de passer par le point dit « camp des zouaves » et<br />

d'arriver ainsi jusqu'à un plateau en arrière où elle serait reçue<br />

par son autre fraction. Cette compagnie, ensuite, devait descen<br />

dre, à un second signal, de ce plateau au pas de course, traverser<br />

le ravin et rejoindre la route en arrière des dernières troupes qui<br />

auraient protégé sa descente et sa marche. Le but était de pré<br />

senter le plus longtemps possible un front étendu aux Arabes, jus<br />

qu'à ce qu'on eût pu gagner assez de chemin sur la route même<br />

pour que la retraite fût dans un terrain moins avantageux à<br />

l'ennemi.<br />

Je vis bien vite que M. le colonel Bedeau, du 17e léger, con<br />

naissait parfaitement ce terrain et la manière à employer pour<br />

l'évacuer au moindre prix possible. Par suite, je lui remis l'exé<br />

cution de tous les détails. Mais je restai de ma personne avec lui<br />

à l'extrême arrière-garde pour parer à tout ce qui pourrait sur<br />

venir ou être oublié. Il fallait éviter toute erreur et être à même<br />

de parer à tout accident,<br />

car nous avions vu distinctement 500<br />

Kabyles à pied et à cheval dans le second tournant du col et 3<br />

bataillons réguliers arrivant vers le plateau vert pour tourner les<br />

pitons.<br />

Au signal donné, tous les derniers postes partirent. L'ennemi<br />

(les blancs seulement) se hâta de les suivre ; la compagnie du 48e<br />

descendit de son plateau vers le ravin pour rejoindre la route ;<br />

elle fut un peu lente, ayant quelques hommes faibles et fatigués ;<br />

nous nous arrêtâmes avec la dernière compagnie de la route (ca<br />

pitaine Lafond)<br />

pour la couvrir et la recevoir. Cela nous soumit<br />

assez longtemps à une fusillade vive et rapprochée partant du


-144-<br />

col même. Mais tout se fit en bon ordre. La compagnie du 48e fut<br />

reçue et fila sur la route. Dès lors le capitaine Lafond fut en en<br />

tier chargé de la conduite de l'extrême arrière-garde, commis<br />

sion dont cet officier, brave et intelligent, s'acquitta très bien par<br />

des embuscades successives. Il eut même l'occasion d'une embus<br />

cade offensive contre l'ennemi qui y perdit 30 hommes. Le rap<br />

port ci-joint de M. le colonel Bedeau en donne les particularités<br />

et relate en même temps, à juste raison, tous les titres de cet offi<br />

cier pour être promu à un grade supérieur qu'il remplira d'une<br />

manière distinguée.<br />

L'ennemi suivit ensuite longtemps. Mais la retraite se fit<br />

toujours avec tranquillité, aplomb et intelligence. Le soir nous<br />

arrivâmes à Blida.<br />

Cette retraite coûta : au 17e léger, 2 tués, 17 blessés, contu<br />

sions comprises ; au 48e de ligne, 2 tués, 2 blessés.<br />

Le 5 novembre, au matin, la brigade dut repartir pour l'ex<br />

pédition de Miliana. Elle formait avant-garde, le 17e léger en<br />

tête, et arriva au bivouac de l'oued Djer sans difficulté. Le 6 no<br />

vembre, la brigade forma arrière-garde, le 48e en tête et en flan-<br />

queur du convoi, le 17e en extrême arrière-garde. Au passage du<br />

Chaba el-Ketta et après, jusqu'au camp de l'oued Djer supérieur,<br />

quelques tirailleurs ennemis cherchèrent à faire du mal, mais<br />

ils furent facilement maintenus malgré les difficultés du terrain<br />

et avec l'emploi de l'artillerie.<br />

Cette journée coûta : au 17e 48°<br />

léger, 2 hommes blessés ; au<br />

de ligne, 1 homme blessé.<br />

Le 7 novembre, la brigade forma avant-garde, le 17e en tête.<br />

On arriva ainsi jusqu'à petite distance de Miliana sans tués ni<br />

blessés aucun.<br />

Le 8 novembre, on monta à Miliana. Le 17e léger fut tout à<br />

fait en arrière-garde. Les cavaliers ennemis montrèrent de l'achar<br />

nement à suivre, mais la mort de plusieurs d'entre eux les força<br />

à s'arrêter. Le 48e gardait depuis le matin le mamelon qui couvre<br />

la gauche de la route.<br />

Cette journée coûta : au 17e léger : 2 blessés ; au 48e de<br />

ligne : 1 blessé.


-145-<br />

Le 9 novembre, le corps expéditionnaire partit par la route<br />

qui, tournant autour de la montagne de Zakar, traverse les Ri-<br />

gha, qu'on avait l'intention de châtier. Le 17e léger sans sacs dut<br />

marcher à distance sur le flanc droit de la colonne générale.<br />

L'arrière-garde fut faite par le 48e. M. le lieutenant-colonel Re-<br />

gnault prit la direction et le commandement du bataillon qui for<br />

mait l'extrême arrière-garde. Je restai avec ce bataillon. Cet offi<br />

cier supérieur,<br />

que je connais depuis longtemps et en qui j'avais<br />

toute confiance, mena cette retraite très bien, quoique les Arabes<br />

ennemis se montrassent nombreux et acharnés. Je soutins les<br />

mouvements de position en position par le feu de l'artillerie. L'en<br />

nemi perdit du monde, ralentit sa poursuite et finit par nous<br />

quitter. Le soir nous bivouaquâmes sur l'oued Djer supérieur.<br />

blessés,<br />

Cette journée coûta : au 17e : néant — au 48e : 1 tué, 19<br />

contusions comprises.<br />

Le 11 novembre, la brigade devait fournir l'arrière-garde ;<br />

elle avait 6 obusiers de 12. L'ennemi, dès la pointe du jour, mon<br />

tra à très petite distance quatre corps de cavalerie sur un front<br />

parallèle à l'oued et pouvant présenter 1.000 chevaux ;<br />

un cin<br />

quième corps de 3 à 500 cavaliers débouchant du Foum oued Djer,<br />

filait dans les bois, le long du pied des montagnes comme ayant<br />

l'intention de tourner rapidement, de franchir l'oued Djer sur<br />

notre gauche et d'attaquer notre flanc gauche, tandis que la ligne<br />

de 1.000 chevaux eût attaqué directement les troupes passant de<br />

la rive gauche à la rive droite de l'oued Djer. Leurs démonstra<br />

tions indiquaient chez eux un grand désir d'attaquer.<br />

Le 48e et le 17e léger, déployés sur deux lignes parallèles,<br />

durent se retirer en marchant en bataille,<br />

en s'échelonnant suc<br />

cessivement pour se soutenir et en franchissant chacun à son<br />

tour l'oued Djer en arrière par les deux ailes. Au même instant,<br />

l'artillerie établie sur la rive droite de l'oued Djer, ouvrit son feu<br />

sur la tête du corps tournant de l'ennemi qui n'osa pas même<br />

venir tirailler et qui ne franchit pas l'oued Djer dont il ne s'ap<br />

procha que tard et avec crainte. Son corps tournant de droite<br />

seulement franchit très tardivement l'oued Djer près des monta<br />

gnes pour se porter par le pied de celles-ci vers l'Afroun. L'oued<br />

Djer complètement passé, les troupes reprirent l'ordre en colonne<br />

pour joindre l'oued Sebt, le 17e léger marchant le dernier. A l'oued<br />

10


— 146-<br />

Sebt, un bataillon du 48e fut déployé face à la montagne, sur la<br />

langue de terre allongée qui sépare les deux gués et fait faire un<br />

grand zig zag à cette rivière ; son but était d'empêcher toute<br />

tentative du corps tournant de l'ennemi dont quelques tirailleurs<br />

arrivaient. L'autre bataillon du 48e fut placé déployé dans le bois<br />

de la rive droite, à droite (nord) du grand gué, l'artillerie près de<br />

ce bataillon pour balayer la rive gauche. Ces dispositions ache<br />

vées, le 17e léger, qui était déployé sur la rive gauche, passa le<br />

défilé par les deux ailes sous la protection de ces forces, sans que<br />

le peu de cavaliers qui étaient en vue osât venir tirailler. L'on<br />

reprit un peu après l'ordre en colonne et l'on marcha ainsi jusqu'à<br />

Blida où l'on arriva de bonne heure. La cavalerie,<br />

que l'on avait<br />

vue le matin, avait trois drapeaux et parut être commandée par<br />

le bey de Miliana.<br />

Dans cette journée, le 17e léger eut seulement 1 homme blessé<br />

très légèrement et 3 autres contusionnés.<br />

Le 15, la brigade partit de nouveau. Elle formait la colonne<br />

qui, avec le convoi, devait arriver au col de Ténia par la route<br />

directe, tandis que la 2e brigade, passant par les Mouzaïa, tournait<br />

cette position. Le 17e léger fit son avant-garde. Elle arriva au col<br />

sans le moindre obstacle et sans perte aucune.<br />

Le 16, la brigade séjourna au col. Le 48e alla chercher un<br />

deuxième convoi à la ferme et revint très rapidement. Il n'eut<br />

qu'un seul blessé.<br />

Le 17, on marcha pour porter un premier convoi à Médéa.<br />

Le 17e léger formait l'avant-garde, le 48e l'arrière-garde. Arrivés<br />

à l'arête du Nador, d'où l'on commence à apercevoir Médéa, toutes<br />

les troupes s'arrêtèrent. Le 17e léger conduisit seul le convoi à<br />

Médéa, revint immédiatement et, le soir,<br />

des Oliviers.<br />

on bivouaquait au bois<br />

Le 18, de grand matin, le 48e alla au col chercher le deuxième<br />

convoi ; il s'acquitta de cette commission avec prestesse. Peu<br />

après son retour au bois des Oliviers, on partit pour Médéa, le 17e<br />

léger en tête, le 48e en arrière-garde. Le mouvement se fit sans<br />

difficulté et l'on bivouaqua de bonne heure devant Médéa. Le 48e<br />

eut un homme blessé.<br />

Le 19, au matin, on repartit de Médéa, le 48e en avant, le 17e<br />

léger en arrière-garde avec 2 pièces de canon. Quelques cavaliers


— 147-<br />

et quelques Kabyles voulurent inquiéter ; des tirailleurs éloignés<br />

s'engagèrent avec les flanqueurs ; 3 hommes du 176 léger, furent<br />

blessés légèrement. Ayant pu atteindre un point un peu conve<br />

nable, je mis fin à cette tiraillerie au moyen de quatre coups<br />

d'obusier et l'on atteignit le bois des Oliviers où l'on se reposa une<br />

heure. On se remit ensuite en marche, un bataillon du 48e en tête<br />

du convoi, l'autre bataillon du même régiment sous la conduite du<br />

lieutenant-colonel Regnault garnissant les crêtes pour flanquer<br />

la droite. Le 17e léger avec 4 pièces de montagne fit l'arrière-<br />

garde. Le bois des Oliviers à peine évacué, l'ennemi assez nombreux<br />

s'y précipita avec ardeur, mais maintenu et écarté par le feu des<br />

voltigeurs du capitaine Lafond et par le feu d'un obusier que je<br />

plaçai à petite distance, il ne put prendre aucun avantage. On<br />

parvint ainsi, appuyés de temps en temps par le feu de l'artille<br />

rie, sans perte aucune jusqu'au col. L'évacuation de celui-ci eut<br />

lieu par les mêmes principes que ceux déjà employés le 1er<br />

vembre. Seulement la commission qui avait été remplie sur les<br />

pitons et sur le plateau de droite par les compagnies du centre<br />

du 48e, le fut par 50 carabiniers du 17e aux ordres du sous-lieute<br />

nant Davins et débarrassés de leurs sacs portés par des mulets.<br />

Les carabiniers bien conduits par M. Davins et soutenus du reste<br />

par le feu de deux obusiers,<br />

no<br />

que j'avais fait placer d'avance sur<br />

le flanc droit de la route directe, firent leur mouvement beau<br />

coup plus lestement que n'avait pu le faire la compagnie du 48e<br />

le 1"<br />

novembre. La conséquence en fut une plus grande rapidité<br />

dans l'évacuation totale de toutes les parties dangereuses par<br />

leur trop<br />

grande proximité du col. Les 300 Kabyles environ, qui<br />

avaient voulu gêner cette opération, ne purent se présenter que<br />

trop tard et ils n'osèrent alors s'engager à notre poursuite. Le<br />

capitaine Lafond et ses voltigeurs furent chargés de l'extrême<br />

arrière-garde. Le mouvement se continua avec facilité et le soir<br />

on bivouaqua près de la ferme de Mouzaïa.<br />

Cette journée coûta : au 48e de ligne, 3 blessés ; au 17e léger,<br />

5 blessés, tous très rigoureusement.<br />

Le 20 novembre, la brigade ayant flanqué la droite et la<br />

gauche du convoi, vint sans événement aucun, bivouaquer sous<br />

Blida.


— 148 —<br />

Dans ces vingt jours d'opérations,<br />

qui ont présenté des mar<br />

ches fatigantes et qui quelquefois ont demandé de la vigueur<br />

militaire, les troupes de la brigade ont bien mérité par leur pa<br />

tience, leur zèle et leur élan.<br />

Je n'ai que de vifs éloges à donner à M. le colonel Bedeau,<br />

si bien connu déjà et à si juste titre par son courage et par son<br />

talent.<br />

Je dois aussi des éloges à M. le lieutenant-colonel Regnault,<br />

du 48e, très au fait des détails de cette guerre d'Afrique.<br />

Je citerai comme ayant bien fait leur devoir, MM. Leblond,<br />

colonel du 48e ; Fallot de Bronguard, capitaine, chef d'état-major<br />

de la 1"<br />

brigade,<br />

1"<br />

qui a eu le novembre, son cheval blessé sous<br />

lui de trois balles ; de Lorgeril, capitaine d'état-major, mon offi<br />

cier d'ordonnance. Les corps ont cité, comme méritant une men<br />

tion particulière, et j'appuie fortement leur demande, les mili<br />

taires dont les noms suivent :<br />

Dans le 17e léger, MM. Lafond, capitaine de voltigeurs ; Bour-<br />

rel, adjudant, blessé, qui a tué un Kabyle d'un coup de sabre ;<br />

Bourrel, sergent ; Peretti, Lavigne, Peigné (d°) ; Meyer, souslieutenant<br />

; Pugens, fourrier ; Barret, caporal ; Helbech, volti<br />

geur ; Andrieux (d°) ; Bach (d°) ; Thévenet (d°) ; Jaussion.<br />

Dans le 48e, MM. Lambert, Fauvel, capitaines ; Bosons, sous-<br />

lieutenant ; Glaentzer, sergent-major, blessé ; Dreuil, sergent ;<br />

Rouillé (d°), blessé ; Keidner, Brun, voltigeurs ; Helmelinger,<br />

fusilier, blessé ; Roquetaillade, lieutenant,<br />

que j'ai eu moi-même<br />

l'occasion de remarquer, le 19 novembre, à la gauche du bois des<br />

Oliviers.<br />

Plusieurs d'entre eux, tant par leurs anciens services que par<br />

des services récents, méritent de fixer l'attention de monsieur le<br />

maréchal.<br />

En résumé, les vingt jours d'expédition dans un vaste espace<br />

de montagnes éloignées et difficiles n'ont coûté au 17e léger que<br />

2 tués, 30 blessés, contusions comprises ; au 48e<br />

31 blessés, contusions comprises.<br />

de"<br />

ligne, 3 tués,


— 149-<br />

69<br />

Galbois à Valée (1)<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 138 2<br />

copie)<br />

Phïllppevile, le 20 novembre 1840<br />

Après avoir rétabli le calme et la paix dans la province, je<br />

me suis occupé des tribus les plus rapprochées de la frontière,<br />

dans le but de bien traiter celles qui nous étaient restées fidèles<br />

et de punir celles qui avaient pris les armes contre nous. Dans<br />

mon dernier rapport, je vous ai rendu compte de la razzia qui a<br />

si bien réussi contre les Ouled Assan. Il en restait une plus im<br />

portante à faire contre le chef des Righas de Kesseder, le caïd<br />

Messaoud, seul personnage un peu marquant qui ait fait défec<br />

tion. Il s'était retiré dans la montagne à douze lieues au sud de<br />

Sétif et était en communication avec le chériff Hadj Mustapha.<br />

Je savais qu'il se tiendrait sur ses gardes tant qu'il me saurait<br />

à Sétif. Aussi ce n'est qu'à mon retour à Constantine que j'ai<br />

donné les ordres nécessaires pour l'exécution de cette razzia qui<br />

a eu lieu, le 10 de ce mois, avec un succès complet. Elle a été faite<br />

par les spahis de Sétif, les cavaliers des Ammers Gharabas du<br />

Sahel Babor et même ceux de la partie des Righas qui nous est<br />

soumise. Une colonne française appuyait de loin cette cavalerie<br />

indigène conduite par le brave Ben Oueni. Peu s'en est fallu que<br />

le caïd Messaoud n'ait été pris ; il s'est échappé presque nu,<br />

abandonnant sa tente, ses effets, ses armes et même son cachet,<br />

objet si précieux pour les Arabes. Le fruit de cette expédition,<br />

qui a eu un si grand retentissement dans le pays, est la prise<br />

d'environ huit mille moutons dont 3.140 ont été remis à l'admi<br />

nistration et le surplus aux chefs et cavaliers indigènes qui ont<br />

fait la razzia : on s'est emparé également de chevaux, de mulets,<br />

de tentes, de 104 bœufs ou vaches et 160 chameaux. Les tribus<br />

de la montagne qui nous sépare du désert de ce côté de la provin<br />

ce, dont les chefs n'étaient pas encore venus à Sétif, ont envoyé<br />

demander l'aman en promettant soumission complète.<br />

Depuis son expulsion de la Medjana, le chérif n'a pas osé y<br />

reparaître, n'ayant pas trouvé, surtout dans la l'assispopulation,<br />

(1) Joint à la dépêche de Valée au ministre de la guerre du 24 novem<br />

bre 1840.


— — 150<br />

tance et la sympathie sur lesquelles il comptait. Il s'est retiré à<br />

M'Sila où il ne restera probablement pas. J'ai donné l'ordre au<br />

général Gueswiller, qui est parti pour Sétif, d'aller jusqu'à<br />

Bordj Medjana et de diriger de là une forte reconnaissance sur<br />

la route de M'Sila, près du grand défilé qui sépare la Medjana<br />

de la province de Titteri.<br />

Un des principaux officiers d'Abd el-Kader, Si Mouktar ben<br />

el Cheikh Mohamed ben el Daïkah, fils d'un marabout très distin<br />

gué, khalifa de la Heudena (1), pays qui s'étend entre M'Sila et<br />

la montagne située au sud de Sétif, m'a fait demander l'aman et<br />

la permission de se retirer avec sa famille dans la province de<br />

Constantine,<br />

lui ; j'ai accédé à sa demande et il est venu à Constantine me re<br />

ayant à se plaindre de la conduite de l'émir envers<br />

mercier et faire sa soumission ;<br />

nous être utile.<br />

ce chef est fort bien et pourra<br />

De tous les côtés, les Arabes travaillent à labourer leurs terres<br />

et montrent beaucoup de confiance dans la tranquillité du pays ;<br />

les marchés sont très suivis et abondamment pourvus ; les routes<br />

parfaitement sûres de tous les côtés, Sétif, Constantine et les<br />

camps intermédiaires approvisionnés pour six mois ; toutes les<br />

contributions rentrent facilement, et l'année 1840 offrira, sous ce<br />

rapport, de grands résultats. Depuis longtemps, la province de<br />

Constantine n'avait pas été aussi tranquille ni aussi soumise<br />

qu'elle l'est aujourd'hui. Les assassinats du capitaine Saget, près<br />

de La Calle et d'un officier du 62e à Philippeville, ne sont que des<br />

faits isolés, fort malheureux sans doute, mais tout à fait étran<br />

gers à la politique. Cela n'en demande pas moins un châtiment<br />

exemplaire.<br />

Les routes ne sont pas en bon état et seront mauvaises pen<br />

dant l'hiver. Je n'ai pas pu y mettre de travailleurs cette année,<br />

ayant eu besoin de tout ce que j'avais de troupes disponibles<br />

pour faire face à l'ennemi et maintenir la paix dans la province.<br />

Le général Guingret a fait une reconnaissance vers les Béni<br />

Salah (2), pour être en mesure, lorsque le moment sera venu, de<br />

punir sévèrement cette tribu du lâche assassinat commis sur le<br />

(1) Hodna.<br />

(2) Tribu faisant partie de la confédération appelée Cheikhat el Ma-<br />

zoula à l'E. de La Calle. Béni Salah M.


— 151-<br />

capitaine Saget : cette opération lui a donné tous les renseigne<br />

ments qu'il désirait sur la nature du pays occupé par cette tribu.<br />

L'état sanitaire est très satisfaisant dans toute la province,<br />

excepté à Philippeville, à Guelma et à Bône. Il n'est cependant<br />

pas aussi mauvais dans cette dernière ville que durant les années<br />

précédentes.<br />

Les nouvelles de Gigelli sont bonnes ; tout y est tranquille,<br />

et les Kabyles continuent à fréquenter le marché de cette ville qui<br />

est bien approvisionné.<br />

Je vous envoie ci-joint l'état de situation de la garnison et<br />

de l'hôpital de Sétif. Vous y verrez que sur 2.243 hommes, il n'y<br />

a que 64 malades dont 13 blessés.<br />

J'ai reçu, par la voie de terre, des nouvelles de Tunis en date<br />

du 15 de ce mois ; il n'y avait rien de nouveau dans cette Régence.<br />

70<br />

Le Ministre de la Guerre à Galbois<br />

(Archives de la guerre carton 259 copie)<br />

20 novembre I840<br />

J'ai reçu avec la lettre que vous m'avez écrite le 5 novembre<br />

courant, la copie du rapport que vous avez adressé le même jour<br />

à M. le maréchal Valée pour lui rendre compte de la situation de<br />

la province de Constantine et des dispositions que vous avez faites<br />

avant votre départ de Sétif pour retourner dans le chef-lieu de la<br />

division.<br />

Je remarque dans votre rapport que l'état sanitaire se main<br />

tient bon sur tous les points de la province à l'exception de Phi<br />

lippeville. Je vous recommande de prendre à l'égard de la garni<br />

son de cette place tous les soins curatifs et hygiéniques que ré<br />

clame la déplorable position où elle se trouve. Je m'étonne que<br />

vous n'ayez pas joint à votre rapport l'état numérique des mala<br />

des et blessés et celui des morts.


-152 —<br />

71<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2<br />

copie) (1)<br />

Alger, le 24 novembre 1840<br />

La tranquillité de la province d'Alger n'a pas été troublée<br />

depuis le dernier courrier. Les troupes du corps expéditionnaire<br />

sont rentrées dans leurs cantonnements. J'ai prescrit les disposi<br />

tions nécessaires pour qu'elles prennent le repos dont elles ont<br />

besoin.<br />

J'ai reçu en date de Médéa, le 22 novembre, la dépêche télé<br />

graphique suivante :<br />

« Tout est tranquille ; nous avons quarante-six malades.<br />

« Dimanche on reprendra les travaux. Le service de garde est<br />

« réduit à moitié ».<br />

La province de Constantine est parfaitement tranquille. Le<br />

rapport ci-joint de M. le lieutenant-général Galbois fera connaître<br />

à V.E. la situation de cette partie si importante de l'Algérie.<br />

72<br />

Le Ministre de la Guerre à Schramm<br />

(Archives de la guerre carton 59 copie)<br />

27 novembre I84O<br />

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire<br />

le 16 du mois courant, pour me rendre compte de ce qui s'est pas<br />

sé en Algérie depuis le combat du 3 près de la Maison Carrée.<br />

J'ai vu avec plaisir que l'ennemi ne s'est plus représenté et, parti<br />

culièrement, que l'état sanitaire des troupes s'est sensiblement<br />

amélioré. J'ai également appris avec satisfaction que le ravitail<br />

lement de Miliana a été heureusement opéré et que M. le gouver<br />

neur général, qui s'était dirigé de Blida sur Médéa, a franchi le<br />

col de Mouzaïa sans éprouver de résistance.<br />

(1) Réplique d'une dépêche télégraphique de Blida, le 24 novembre<br />

de Toulon, le 29 novembre à 2 h. 30.


-153 —<br />

Les nouvelles que vous me donnez de la province de Cons<br />

tantine sont aussi très satisfaisantes.<br />

Du côté de l'ouest, la tentative d'El Barkani sur Cherchel a<br />

été sans résultat pour lui. Enfin, vous me donnez sur les opéra<br />

tions dirigées par le général Lamoricière dans la province d'Oran,<br />

des détails fort intéressants, qui témoignent de l'habileté du gé<br />

néral et de la vigueur des troupes qui ont pris part aux affaires<br />

des 9 et 10 novembre, au défilé près de Sidi ben Kafour et sur les<br />

collines de Dika.<br />

J'applaudis aux bons effets des derniers mouvements de M.<br />

le maréchal Valée ainsi qu'à la tranquillité qui paraît régner par<br />

tout.<br />

Mais, quelque peu considérables qu'aient été les pertes faites<br />

par la colonne du général Lamoricière. il en est une fort sensible,<br />

celle du brave colonel Maussion, frappé mortellement en mar<br />

chant à la tête des troupes et en les encourageant par son exem<br />

ple. Je déplore la perte de cet officier supérieur, ainsi que celle du<br />

jeune d'Harcourt, officier qui donnait de belles espérances.<br />

73<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2)<br />

Alger, le 30 novembre I84O<br />

Je n'ai pas perdu de vue, ainsi que semble le croire V.E. dans<br />

sa dépêche du 6 novembre dernier, l'utilité d'avoir entre nos<br />

mains des otages appartenant aux tribus soumises à la France.<br />

Antérieurement à la dépêche que vous m'avez adressée, le 31 dé<br />

cembre 1839, j'avais pris des dispositions pour garantir la fidélité<br />

des chefs qui ont accepté des commandements dans la province de<br />

Constantine. Ces dispositions ont été complétées, en 1840,<br />

par la<br />

création de corps indigènes irréguliers sur tout le territoire sou<br />

mis à la domination française. Toutes ces mesures se rattachent<br />

au système général d'administration de l'Algérie et il ne m'a pas<br />

paru nécessaire de prendre une décision spéciale pour établir<br />

l'usage des otages. L'introduction d'une mesure qui aurait cons-


-154-<br />

taté la défiance que nous inspiraient les tribus, aurait pu présen<br />

ter des dangers. J'ai cru préférable d'entourer la population de<br />

liens qu'elle ne pût apercevoir qu'avec le temps, d'avoir entre nos<br />

mains de nombreux otages sans les demander, sans alarmer les<br />

affections de famille ou de tribu.<br />

La première mesure prise par moi dans ce but remonte à<br />

1838. J'ai obligé tous les grands feudataires de la province de<br />

Constantine à avoir dans cette ville une maison, à y établir leur<br />

famille et à ne pouvoir l'en éloigner qu'avec le consentement du<br />

lieutenant-général commandant supérieur de la province. Tous se<br />

sont soumis à cette obligation et, à l'exception du khalifa de la<br />

Medjana, habitent Constantine. Le khalifa de la Medjana, dont<br />

la présence est constamment nécessaire à l'extrémité occidentale<br />

de la province, a été autorisé à conserver sa famille auprès de lui.<br />

Mon intention est qu'il s'établisse prochainement à Sétif. Le<br />

cheikh el-Arab laisse ses femmes et ses enfants à Constantine<br />

lorsqu'il se rend dans le désert. V.E. a pu remarquer, d'ailleurs,<br />

que la fidélité d'aucun des chefs importants de Constantine ne<br />

s'est démentie dans la lutte que nous soutenons contre Abd el-<br />

Kader.<br />

Mon intention est d'obliger les caïds de cercle à établir leur<br />

famille au chef-lieu de l'arrondissement dont ils font partie, mais<br />

cette mesure a besoin d'être préparée avec soin ;<br />

elle ne peut<br />

être que le résultat de la persuasion. Au reste, monsieur le Maré<br />

chal, les populations de l'est sont trop soumises pour qu'il y ait<br />

urgence à adopter une semblable mesure.<br />

La formation des escadrons de spahis irréguliers nous a don<br />

né un nombre considérable d'otages. La France aura prochaine<br />

ment à sa solde, dans la province de Constantine, 1.500 cavaliers.<br />

Le service sera réglé de façon à avoir toujours dans nos établis<br />

sements un certain nombre de cavaliers de chaque tribu ; ils<br />

seront entre nos mains des gages de la fidélité de leurs coreli<br />

gionnaires.<br />

Le bataillon de tirailleurs de Constantine nous donne égale<br />

ment de nombreux otages. Ce corps n'est pas uniquement com<br />

posé de Turcs et de Coulouglis. Des Arabes et des Kabyles en font<br />

partie ; ils nous garantissent la fidélité des tribus auxquelles ils<br />

appartiennent. Au reste, le dévouement des indigènes à notre sol-


-155-<br />

de dans la province de Constantine est remarquable, car je ne<br />

crois pas que, depuis le commencement de la guerre, nous ayons<br />

eu à constater une seule désertion.<br />

En créant l'escadron de spahis de Sétif, pays plus rapproché<br />

de la puissance d'Abd el-Kader que le reste de la province et où<br />

je pouvais craindre que les intrigues de l'émir n'amenassent quel<br />

ques perturbations, j'ai exigé qu'une partie des principales tribus<br />

appelées à fournir des cavaliers vînt s'établir sous la protection<br />

du fort de Sétif. Ces familles sont des otages que nous avons cons<br />

tamment entre nos mains et qui forment des liens plus étroits<br />

entre les deux peuples. La même mesure sera successivement<br />

adoptée dans tous les cercles de la province.<br />

Le même système a été suivi dans la province d'Alger. Les<br />

spahis irréguliers sont des otages que nous avons constamment<br />

sous la main. Dans les moments difficiles, toutes les familles de<br />

ces cavaliers viennent se réfugier sous la protection de nos postes<br />

fortifiés.<br />

Le demi-bataillon de tirailleurs est devenu un véritable corps<br />

d'otages ; il est formé en partie d'hommes appartenant aux tri<br />

bus. Je fais occuper des postes très éloignés les uns des autres<br />

par des détachements de ce corps. Une section a fait partie pen<br />

dant six mois de la garnison de Médéa ; elle y<br />

a combattu avec<br />

honneur, pendant que les femmes et les enfants des hommes qui<br />

la composaient se trouvaient auprès du Fondouk.<br />

Les gendarmes maures, dont les familles habitent Alger, Bli<br />

da et Coléa, sont également des otages. J'ajouterai, monsieur le<br />

Maréchal, que, depuis le commencement de la guerre, les corps de<br />

nouvelle création n'ont presque pas eu de désertions, tandis qu'au<br />

trefois elles étaient fréquentes dans les régiments de spahis et<br />

de zouaves. Je crois qu'une organisation mieux appropriée au<br />

caractère et aux mœurs des indigènes est la cause principale de<br />

ce changement.<br />

Vous remarquerez,<br />

monsieur le Maréchal, qu'indépendam<br />

ment des dispositions que je viens de rappeler, je me suis réservé<br />

le droit de prendre des otages dans toutes les tribus soumises à<br />

notre domination. Je ferai surtout usage de ce droit, lorsque les<br />

tribus des provinces de Titteri et d'Oran se sépareront d'Abd el-<br />

Kader ; mais, en ce moment, je ne pense pas qu'il y ait avantage


-156 —<br />

à aller au-delà des mesures que j'ai prescrites. Nous ne pourrions,<br />

sans de graves inconvénients, dépasser certaines limites et je<br />

craindrais d'alarmer l'opinion en montrant une défiance que je ne<br />

sens pas.<br />

V.E. n'ignore pas d'ailleurs,<br />

que les peuples en présence des<br />

quels nous sommes, sont dominés par un fanatisme qui leur fait<br />

peu craindre la mort. Le Prophète a promis des récompenses dans<br />

l'autre vie à tous ceux qui périraient dans la guerre sainte. Cette<br />

croyance empêche que les otages ne soient une garantie certaine<br />

de la fidélité des tribus. Lorsqu'elles seront entraînées par l'ins<br />

piration religieuse, elles ne craindront pas de livrer à la mort quel<br />

ques-uns des leurs, convaincues qu'elles sont, que Dieu récompen<br />

sera les victimes de la foi. Je pourrais ajouter d'ailleurs, que les<br />

Français sont maintenant trop connus dans l'Algérie pour qu'on<br />

puisse faire croire aux indigènes qu'ils feraient périr les otages<br />

livrés entre leurs mains. Le caractère national, la civilisation de<br />

la France sont aujourd'hui appréciés et je puis dire qu'ils exci<br />

tent en Afrique plus de sympathie qu'on ne semble le croire en<br />

Europe et que le temps,<br />

qui peut seul amener l'union des deux<br />

peuples, a déjà puissamment agi sur les indigènes.<br />

Je n'ai pas répondu à la dépêche du 12 août dernier, parce<br />

qu'elle se rattachait au système de la direction d'Afrique, qui a<br />

fait tant de mal à l'Algérie, lorsqu'elle n'était pas placée sous la<br />

direction habile de V.E. et que je sentais depuis longtemps que le<br />

dévouement a des bornes que la dignité du commandement ne<br />

permet pas de dépasser. D'ailleurs, monsieur le Maréchal, les con<br />

sidérations contenues dans la dépêche précitée,<br />

s'éloignaient com<br />

plètement de la pensée émise par V.E. dans sa dépêche du 31<br />

décembre 1839. La direction des affaires d'Afrique avait évidem<br />

ment pour but de faire revivre l'institution mort-née du collège<br />

arabe de Paris. Mon devoir m'oblige à revenir sur une création<br />

qui a excité dans la Chambre des Députés de sévères observations,<br />

qui a entraîné l'Etat dans des dépenses inutiles et qui a occasion<br />

né dans l'Algérie une sérieuse inquiétude. V.E. peut se faire<br />

mettre sous les yeux les documents fournis sur cette question par<br />

la province de Constantine et surtout par celle d'Oran. Le collège<br />

arabe a fait abandonner notre cause à plusieurs douars des<br />

Douairs et des Smélas et une nouvelle tentative pour le maintenir


— 157-<br />

présenterait, dans les circonstances actuelles, des dangers plus<br />

graves encore. Il faut nécessairement abandonner une institution<br />

coûteuse et sans valeur réelle.<br />

J'ajouterai, monsieur le Maréchal, que nous ne devons en<br />

voyer des indigènes en France qu'avec une sage réserve. Les<br />

voyages coûtent très cher et n'ont que de minces avantages. Celui<br />

de Ben Arrach en est une preuve certaine. A cet égard, il faut se<br />

renfermer dans d'étroites limites. C'est en Afrique que le spec<br />

tacle de notre grandeur doit frapper tous les yeux et je crois que<br />

la vue de nos immenses travaux exerce une profonde influence<br />

sur les populations qui les voient s'élever presque par enchante<br />

ment.<br />

En résumé, monsieur le Maréchal, je pense que les mesures<br />

que j'ai prises pour nous assurer la fidélité des tribus sont suffi<br />

santes et qu'il faut, dans cette grave question,<br />

l'esprit de la dépêche de V.E. du 31 décembre 1839.<br />

74<br />

Annotation du Ministre<br />

continuer à suivre<br />

Ce rapport est très satisfaisant ; il sera répondu dans ce sens<br />

à M. le maréchal Valée,<br />

en lui faisant observer qu'il me suffit<br />

d'avoir l'assurance qu'il soit entièrement entré dans ce système<br />

qui,<br />

malgré ses inconvénients, procure cependant des avantages<br />

incontestables,<br />

pour attendre de l'avenir les progrès qu'il doit<br />

faire et les conséquences heureuses qui doivent en ressortir.<br />

Quant à l'établissement d'un collège arabe à Paris, je pense<br />

que l'idée doit en être abandonnée, mais il n'en est pas de même<br />

de l'Afrique et je crois qu'un collège à Alger serait d'un très bon<br />

effet, surtout s'il était établi sur une grande échelle.


-158 —<br />

75<br />

Tempoure (1) à Lamoricière<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 125*<br />

copie) (2)<br />

Mostaganem, le 30 novembre I840<br />

Je savais depuis longtemps déjà que des tribus ennemies<br />

étaient établies avec leurs troupeaux sur les montagnes de Cheiff,<br />

d'autres dans la plaine de Tounin, à trois lieues de cette place. Je<br />

résolus de tenter sur elles une razzia, et je choisis de préférence,<br />

malgré leur éloignement, celles de la plaine de Tounin, parce<br />

qu'on pouvait y arriver par un chemin assez facile, [circonstance<br />

importante à cause de la nécessité dans laquelle je me trouvais<br />

de suppléer à ma force numérique par de l'artillerie, souvent plus<br />

nuisible qu'utile dans des pays difficiles.<br />

Mes dispositions ayant été prises la veille], je suis parti au<br />

jourd'hui de Matamore à quatre heures du matin, avec une colon<br />

ne composée d'environ 500 hommes du 15e léger (mon régiment),<br />

de 50 sapeurs du génie, de 60 cavaliers Douairs du Magzen, de 25<br />

spahis,<br />

et de deux pièces de campagne. Je me suis dirigé par la<br />

vallée d'Aïn Safra, sur le village des Hachems ; [arrivé là, j'ai dû<br />

prendre à droite pour éviter les nombreux jardins bordés de haies<br />

de cactus qui rendent ce terrain impraticable à l'artillerie, au<br />

moins pendant la nuit] . Deux indigènes dirigeaient notre marche,<br />

l'un, homme sûr et éprouvé dans maintes circonstances, l'autre,<br />

un des cavaliers de l'émir récemment venu, et qui s'est montré<br />

digne de ma confiance par sa fidélité et le courage avec lequel<br />

il a combattu plus tard.<br />

Le plus important pour la réussite était d'éviter pendant la<br />

marche les postes nombreux qui entourent la place toutes les<br />

nuits, pour surveiller la garnison et empêcher les arrivages sur<br />

notre marché. Ce but difficile a été atteint ; cependant, par une<br />

(1) Commandant de la place de Mostaganem en remplacement de du<br />

Barrail.<br />

(2) Jointe à la dépêche de Valée au ministre de la guerre, du 8 décem<br />

bre 1840.<br />

« Cette opération, écrit Valée, est une preuve nouvelle de l'effet produit<br />

sur les Arabes par le succès de nos armes .>. (Archives du Gouvernement Gé<br />

néral, LE. 125* - copie).<br />

[ ] Passages non reproduits par le Moniteur.


fatalité inexplicable,<br />

159-<br />

une partie de mon bataillon ayant perdu la<br />

marche de la colonne, cela nous a occassionné un retard d'environ<br />

trois quarts d'heure,<br />

qui m'a empêché de surprendre les Douairs<br />

encore au milieu de leur premier sommeil ; mais le jour commen<br />

çant à poindre quand nous nous sommes approchés, nous fûmes<br />

aperçus par un poste ennemi qui prit rapidement la fuite après<br />

avoir fait feu et courut donner l'éveil. Je lançai alors le capitaine<br />

Walsain avec toute ma cavalerie,<br />

ce que je n'avais pu faire plus<br />

tôt, attendu son petit nombre, mais déjà l'alarme était donnée<br />

au milieu des tribus ; elles ployaient à la hâte leurs tentes et fai<br />

saient fuir devant elles leurs troupeaux : quels qu'aient pu être<br />

la vigueur et l'élan de la poursuite, il n'a été possible d'atteindre<br />

que les traînards.<br />

Pendant ce temps, l'infanterie et l'artillerie se portaient au<br />

pas de course à la suite de la cavalerie et bientôt, la jonction se<br />

fit sur un mamelon où cette dernière se trouvait aux prises avec<br />

une centaine de cavaliers ennemis qui soutenaient vigoureusement<br />

la retraite des troupeaux.<br />

Dans ce moment il était grand jour, 13 bœufs, 60 chèvres, 7<br />

bêtes de sommes, dont 2 chevaux, étaient tombés en notre pou<br />

voir ; vingt cavaliers ennemis avaient été tués pendant la charge,<br />

et deux des leurs avaient été pris vivants ; mais déjà les Arabes<br />

se réunissaient ;<br />

on les voyait paraître sur tous les points de<br />

l'horizon ; je ne crus pas convenable de faire continuer une pour<br />

suite dont les résultats eussent été fort douteux à cause de l'infé<br />

riorité de ma cavalerie, et surtout qui m'eût forcé à m'éloigner<br />

encore plus de Mostaganem. Je fis aussitôt mes dispositions de<br />

retraite, mais, pour éviter encore les difficultés de la vallée boisée<br />

du village des Hachems, je résolus de me jeter par un mouvement<br />

rapide sur ma gauche vers les montagnes qui se lient à la ligne<br />

de crêtes qui aboutit au fort de l'est. Bientôt la compagnie de<br />

voltigeurs qui était à l'arrière-garde fut vivement engagée ; elle<br />

était soutenue par les Douairs et les spahis,<br />

et là eut encore lieu<br />

une belle charge, dans le but d'enlever deux chevaux provenant<br />

de deux cavaliers ennemis abattus par notre feu.<br />

L'ennemi devenait à chaque instant plus nombreux,<br />

et la<br />

nécessité de traverser le sommet de la vallée des Hachems nous<br />

plaçant dans un terrain défavorable, il en profita pour nous har-


-160-<br />

celer plus vivement. Je fis placer une de mes pièces seulement<br />

dans une bonne position, et deux coups de canon suffirent pour<br />

diminuer son audace.<br />

Pendant que ceci se passait à l'arrière-garde, un groupe nom<br />

breux de fantassins et de cavaliers cherchait à nous tourner par<br />

notre gauche, et se portait rapidement vers un mamelon près<br />

duquel devait passer la colonne, et d'où il aurait pu lui faire<br />

éprouver quelques pertes s'il était parvenu à s'en emparer. Il y<br />

fut précédé par une de mes compagnies commandée par le capi<br />

taine Daygalliers,<br />

que j'avais dirigée au pas de course sur ce<br />

point, et qui le contint par un feu vif et nourri.<br />

Nous arrivâmes enfin sur la colline, conduisant avec nous<br />

notre proie que nous avions sauvée, sans en perdre une seule<br />

tête ; dès ce moment nous étions sur un bon terrain, et, quel<br />

qu'eût été son nombre, l'ennemi n'était plus à redouter ; nous<br />

nous retirâmes lentement,<br />

en prenant position sur toutes les<br />

crêtes, et le combat se réduisit à une fusillade insignifiante d'ar<br />

rière-garde,<br />

qui cessa entièrement même avant d'arriver à la<br />

hauteur du village des Hachems.<br />

Grâce au feu toujours si incertain des cavaliers arabes, cette<br />

opération poussée jusqu'à plus de trois lieues de Mostaganem, qui<br />

a produit un bon effet sur les troupes qui y ont pris part, a été<br />

faite sans que nous ayons eu une perte sensible à déplorer. Un<br />

seul homme de mon régiment, le caporal de voltigeurs Berot, a<br />

été blessé d'une manière très grave quoique non dangereuse ;<br />

trois autres l'ont été légèrement, et plusieurs ont reçu de fortes<br />

contusions ; nous avons eu aussi trois chevaux blessés. La perte<br />

de l'ennemi a dû être considérable ; en outre des vingt hommes<br />

tués pendant la razzia, il en a encore perdu beaucoup pendant<br />

notre retraite. Il a été exposé pendant deux heures au feu de trois<br />

de mes compagnies,<br />

qui sont devenues des ennemis redoutables à<br />

cause de la grande perfection de tir qu'elles ont acquise depuis<br />

quelques mois.<br />

Je dois citer comme s'étant particulièrement distingués dans<br />

cette opération, où tout le monde a fait son devoir, M. le capitaine<br />

Walsain,<br />

qui a dirigé la razzia avec autant d'élan que de pru<br />

dence et d'habileté ; son cheval a reçu sous lui une blessure qui<br />

en entraînera la perte. Dans le 15e léger, MM. d'André, Leberche


-161<br />

et d'Aygalliers, capitaines ; M. Goût, sous-lieutenant ; Chardon,<br />

sergent-major et Berot, caporal de voltigeurs, blessé grièvement.<br />

Dans l'artillerie, M. Despresles, lieutenant,<br />

qui a dirigé ses pièces<br />

sous le feu de l'ennemi avec intelligence et sang-froid. Dans le<br />

génie, MM. Abinal, capitaine, et Lejeune, lieutenant. Dans les spa<br />

his, le maréchal des logis Sauzede, dans le magzen, Mustapha ben<br />

Dhif,<br />

qui a eu son cheval blessé et son burnous percé de deux<br />

balles ; Caddour ben Mocqrfi, qui a poussé franchement et à fond,<br />

et a abattu le premier cavalier qui s'est présenté à lui ; Moham<br />

med Ouled Gaïcha.<br />

Je dois dire à la louange des Douairs qu'ils ont respecté sans<br />

leur faire le moindre mal des femmes et des enfants abandonnés<br />

par l'ennemi dans sa retraite précipitée ; ils ont aussi ramené sur<br />

le champ de bataille cinq fusils, plusieurs sabres et des pistolets.<br />

Je suis avec. etc..<br />

P.S. —<br />

La<br />

monte à 1.750 francs.<br />

vente de notre prise vient d'avoir lieu, elle se<br />

76<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 z)<br />

Alger, le 1" décembre I840<br />

V.E. me demande, dans sa dépêche du 6 novembre, de lui<br />

faire connaître les motifs qui m'ont engagé à ne pas accueillir la<br />

proposition d'échange faite par le capitaine Morizot et de lui in<br />

diquer les objections que je pouvais élever contre une disposition<br />

qui établirait un cartel entre les troupes d'Abd el-Kader et l'ar<br />

mée française.<br />

Les motifs de ma conduite à l'époque des propositions attri<br />

buées au capitaine Morizot sont faciles à<br />

d'un échec amené par l'impéritie,<br />

comprendre. A la suite<br />

quelques cavaliers se présen<br />

tèrent aux avant-postes devant Coléa ; ils remirent au comman<br />

dant de cette place une lettre du capitaine Morizot par laquelle<br />

cet officier demandait des effets dont il avait besoin et qui lui<br />

11


— — 162<br />

furent immédiatement envoyés. Les cavaliers arabes proposèrent<br />

en même temps de rendre les prisonniers faits quelques jours au<br />

paravant en échange des marabouts de Mouzaïa que nous rete<br />

nons à Blida et d'autres prisonniers qui étaient à Alger. Je ne<br />

crus pas devoir accepter par plusieurs motifs. D'abord, aucune<br />

preuve écrite n'établissait que le khalifa de Miliana eût réellement<br />

l'intention d'opérer l'échange dont il était question et je ne vou<br />

lais pas montrer un empressement qui aurait été mal interprété<br />

par les Arabes. D'un autre côté, je crois important de conserver<br />

entre nos mains les marabouts que nous avons pris au mois de<br />

juillet dernier chez les Mouzaïa ; ils pourront plus tard nous ser<br />

vir à amener cette tribu à la soumission.<br />

Le 6 septembre, je rendis compte de ces faits à M. le minis<br />

tre de la guerre et j'attendis des instructions pour l'avenir, ins<br />

tructions qui ne me parvinrent pas. J'écrivis plus tard pour le<br />

même objet à M. le président du conseil du cabinet du 1er<br />

mars.<br />

Ma lettre resta également sans réponse et je dus attendre de<br />

nouvelles circonstances pour demander de nouvelles instructions.<br />

La question de l'échange des prisonniers est une des plus<br />

importantes de celles qui se rattachent à la guerre que nous fait<br />

Abd el-Kader. Elle a besoin d'être étudiée sous le double rapport<br />

de l'effet qu'elle produirait sur les indigènes et de l'action qu'elle<br />

exercerait sur les soldats français.<br />

Je porte un intérêt bien naturel aux soldats que les chances<br />

de la guerre ont mis entre les mains de l'ennemi. Je ferai cer<br />

tainement tous les efforts en mon pouvoir pour les rendre à la<br />

liberté. Cependant, je ne puis nier que la pensée que l'esclavage<br />

peut être éternel, n'exerce une heureuse influence sur les troupes.<br />

La crainte d'être pris fait régner plus d'ordre dans les colonnes,<br />

nous n'avons que peu de traînards et les chefs eux-mêmes sont<br />

contraints à ne pas précipiter leurs mouvements. Le grand pas<br />

dans la civilisation fait par les Arabes, lorsqu'ils ont cessé de tuer<br />

les prisonniers,<br />

a fait diminuer les précautions que prenaient les<br />

soldats français et, sans aucun doute, ils seraient plus impru<br />

dents s'ils avaient l'espoir d'être promptement échangés.<br />

D'un autre côté, la France ne doit pas, dans mon opinion,<br />

établir de nouvelles relations avec Abd el-Kader. Ce chef, que<br />

nous avions imprudemment grandi, a manqué à tous les engage-


-163 —<br />

ments qu'il avait pris ; il nous a constamment trompés en s'ap-<br />

puyant sur nous et je crois que l'affaiblissement qui se fait re<br />

marquer dans son influence sur les tribus tient en partie à la<br />

conviction qu'elles acquièrent que la France ne veut plus traiter<br />

avec lui, que la chute de l'émir est une condition nécessaire pour<br />

arriver à la pacification du pays. Depuis une année, j'ai cons<br />

tamment cherché à me mettre en relations avec les chefs et les<br />

tribus et j'ai toujours refusé d'écouter les propositions dans les<br />

quelles le nom de l'émir intervenait. Cette politique, je crois qu'il<br />

faut la suivre avec persévérance. Abd el-Kader sera toujours<br />

l'ennemi de la France ; cet homme a rêvé la domination univer<br />

selle sur le nord de l'Afrique ; il veut forcer la France à renoncer<br />

à l'Algérie ; il faut donc que son pouvoir disparaisse ou que nous<br />

abandonnions l'œuvre que nous avons entreprise. Je n'ignore pas,<br />

monsieur le Maréchal, que ce système prolongera la guerre mais<br />

il est, chez moi, le résultat d'une conviction profonde de l'impossi<br />

bilité de ramener le chef arabe à une plus juste appréciation des<br />

forces de la France. L'émir est le grand agitateur de l'Algérie, il<br />

se considère et s'annonce aux peuples comme appelé par Dieu à<br />

rétablir la religion du Prophète dans son antique pureté et l'em<br />

pire musulman dans son ancienne splendeur. Pour lui, tout traité,<br />

quelque avantageux qu'il lui soit,<br />

n'est qu'une trêve pour réparer<br />

ses forces, pour agir par la ruse sur les indigènes, pour tirer de la<br />

France et de l'Europe les moyens de soutenir la lutte. J'ai fait<br />

en Afrique l'expérience de la paix et de la guerre avec Abd el-<br />

Kader et je n'hésite pas à dire que la paix est plus avantageuse<br />

à la grandeur de ce chef et que la guerre porte un coup mortel<br />

à son influence sur les tribus. Le sentiment religieux, le fana<br />

tisme lui-même,<br />

s'affaiblissent en présence d'intérêts matériels<br />

longtemps froissés et je crois nécessaire de bien convaincre les<br />

Arabes, qu'il n'y<br />

a pour eux d'autre alternative qu'une soumis<br />

sion complète ou une ruine imminente, que, surtout, la France<br />

n'admet ni empire ni nationalité arabe.<br />

Ces principes me servent de règle pour les échanges. J'ai<br />

volontiers rendu des prisonniers à la liberté sur la demande des<br />

tribus et sur leur propre réclamation. J'accepterais immédiate<br />

ment les propostions qu'un des chefs soumis à l'émir me ferait,<br />

mais je crois, en définitive, qu'il faut attendre qu'une demande


-164 —<br />

formelle soit adressée à cet égard et que même, il ne faut l'accueil<br />

lir qu'au nom du chef qui la ferait et la repousser, au moins en<br />

ce moment, si Abd el-Kader devait intervenir dans la négociation.<br />

J'ajouterai, monsieur le Maréchal, qu'on ne saurait mettre trop<br />

de prudence dans les relations avec l'émir. Ce chef astucieux, tire<br />

parti avec une grande habileté des communications qu'on a avec<br />

lui. Les lettres qu'il reçoit sont montrées aux tribus en en déna<br />

turant le sens,<br />

souvent même en ne montrant que le cachet et<br />

en supposant qu'elles contiennent des demandes de paix. Ces<br />

ruses exigent que les communications soient rares et que nous<br />

maintenions un blocus complet, tant que, de leur côté, les Arabes<br />

resteront séparés de nous. (1).<br />

77<br />

De Lagau à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 128 2 -<br />

original)<br />

Tunis, le 2 décembre 1840<br />

Je viens d'embarquer, à bord du brick sarde il Rondetto,<br />

Cap. Nozzardi, 26 chevaux dont il me tarde d'apprendre l'heu<br />

reuse arrivée à Alger. La plupart d'entre eux me semblent pro<br />

pres à monter des officiers et 3 ou 4 mériteraient même de tomber<br />

en partage à un officier supérieur. Par la copie ci-jointe de l'état,<br />

que je transmets à M. l'intendant militaire, V.E. sera à même de<br />

faire examiner ceux que j'ai signalés comme les meilleurs dans la<br />

colonne d'observations. Quant aux prix, ils ne dépassent pas 235<br />

francs 1/2 par cheval. Toutefois les frais d'entretien,<br />

assez con<br />

sidérables dans cette saison et ceux de transport, élèveront ce<br />

chiffre, à mon grand regret, au-dessus de mes premières prévi<br />

sions, malgré mes efforts pour le diminuer. S'il était possible,<br />

pendant les mois d'hiver, de placer cinq à six chevaux sur chaque<br />

(1) Annotation du ministre. — Ces observations sont fort sages et j'y<br />

applaudis sincèrement ; mais il n'en est pas moins vrai qu'il est à désirer<br />

de voir rentrer les Français qui sont au pouvoir des Arabes comme prison<br />

niers, surtout après qu'ils y sont restés quelque temps. Dans cette vue, je<br />

préférerais sans doute que les négociations s'établissement avec quelques<br />

chefs des tribus plutôt qu'avec Abd el-Kader.


— 165-<br />

bateau à vapeur, se rendant de Bône à Alger et de parer aux<br />

inconvénients qui peuvent résulter, sur la rade de Bône, d'un<br />

embarquement ou d'un transbordement, on éviterait, par là, un<br />

long<br />

voyage et une partie des frais précités.<br />

En me donnant votre avis sur ce point vous aurez, sans doute,<br />

la bonté, monsieur le Maréchal, de me dire si vous avez été satis<br />

fait de mon premier envoi. Je tiens d'autant plus à le savoir un<br />

moment plutôt que j'ai mis une sorte de prétention à atteindre<br />

ce but,<br />

en dépit de la rareté des chevaux et de certaines difficul<br />

tés qu'il m'a fallu tourner.<br />

L'envoyé du Grand Seigneur, qui a apporté ici les insignes de<br />

la nouvelle dignité du bey, n'a pas été très satisfait des présents<br />

qu'il a reçus et, de son côté, S.A. ne lui a pas marqué beaucoup<br />

d'empressement ; circonstance nullement favorable aux partisans<br />

de la Porte, dont le nombre ici est très limité.<br />

78<br />

Galbois à Valée<br />

(Moniteurs, 22 décembre 1840)<br />

Constantine, le S décembre I84O<br />

Le général Gueswiller a essayé d'aller à Bordj-Medjana mais<br />

le mauvais temps l'a empêché de passer à Aïn-Turco ; toute cette<br />

partie de la province était couverte de neige. Il a été constam<br />

ment en relations avec le khalifa de la Medjana qui nous est tou<br />

jours dévoué. Toutes les tribus sont<br />

avaient déjà commencé à labourer et<br />

parfaitement tranquilles et<br />

ensemencer leurs terres ;<br />

elles continueront ce travail après la fonte des neiges.<br />

Je vous ai annoncé, dans un de mes derniers rapports, qu'un<br />

khalifa d'Abd el-Kader pour la Heudna (1), m'avait demandé<br />

l'aman et la permission de venir à Constantine ; il est maintenant<br />

établi dans les environs avec sa famille et ses serviteurs et com<br />

mence à cultiver. Son marabout<br />

père,<br />

très vénéré, m'a aussi fait<br />

demander l'autorisation de venir à nous. Les agents de l'émir<br />

(1) Le Hodna.


— 166-<br />

pressurent tellement les contrées qu'ils occupent, que les habitants<br />

sont fatigués de leur présence et nous appellent de tous leurs<br />

vœux. Des envoyés d'une petite ville nommée Bou-Saada, située<br />

à une journée environ de M'Sila, viennent de se présenter devant<br />

moi pour me demander l'aman, désirant vivre désormais sous la<br />

domination française. En attendant que nous puissions occuper<br />

leur pays, ils me prient de permettre aux habitants de ces con<br />

trées de faire le commerce avec Constantine, autorisation que<br />

je n'ai pas hésité à leur donner.<br />

Déjà nous avons reçu dans nos murs plusieurs convois de<br />

leurs marchandises. Ils ont apporté des plumes d'autruche, des<br />

burnous, des haïcks et autres objets de laine. Ils m'ont déclaré,<br />

que les habitants de M'Sila et de toute cette contrée les avaient<br />

chargés de me rendre compte qu'ils désiraient instamment la pré<br />

sence des Français dans leur pays pour les délivrer des exactions<br />

commises journellement par les khalifas d'Abd el-Kader. C'est<br />

par là que passe la meilleure route qui conduit à Alger et si nous<br />

occupions Hamza, les communications avec la capitale de la Ré<br />

gence seraient très faciles.<br />

Je suis toujours en bonnes relations avec les Kabyles des<br />

Bibans ; les Béni Abbès, gardiens des Portes de Fer, ont un fon-<br />

douk à Constantine et y apportent beaucoup de marchandises ;<br />

ils emportent aussi des objets de manufactures françaises. Je<br />

favorise, autant qu'il est en mon pouvoir, le commerce avec les<br />

Arabes, pour les attirer à Constantine. C'est dans ce but que je<br />

tiens à voir cette ville conserver sa population indigène. Je déses<br />

pérerais d'y réussir, si on y admettait trop de Français et sur<br />

tout nos administrations civiles.<br />

J'ai été souvent en rapport avec les habitants de Tugurth ;<br />

la population du Sahara est bien disposée pour nous et quand<br />

nous occuperons Biscarah (1), avec des troupes indigènes à notre<br />

solde, tout le désert nous appartiendra ;<br />

plus de ressources qu'on ne le croit généralement.<br />

ce pays offre beaucoup<br />

J'ai fait approvisionner Sétif ; tout le pays étant calme et<br />

soumis, le général Gueswiller y a laissé le 61* de ligne et un esca<br />

dron de chasseurs et, de sa personne, il est rentré à Constantine.<br />

(1) Biskra.


-167-<br />

Un autre escadron de chasseurs est échelonné en arrière, à Mila<br />

et Djimila ; les troupes sont bien installées dans ces deux garni<br />

sons et les chevaux y sont à l'abri.<br />

La route projetée du camp d'el-Arouch à Bône, jusqu'au lac<br />

Fetzara, sera très facile à faire et très utile. Le pays qu'elle tra<br />

versera est magnifique et parfaitement cultivé ; il y a partout<br />

de l'eau et du bois en abondance ; les indigènes loin de redouter<br />

notre présence, la réclament au contraire. Plusieurs cheikhs m'ont<br />

déjà prié d'installer un camp<br />

chez eux.<br />

79<br />

Lamoricière à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 125* copie) (1)<br />

(Moniteur, 22 décembre 1840)<br />

Oran, le 4 décembre I840<br />

Après les opérations des 8, 9 et 10 novembre, dont j'ai eu<br />

l'honneur de vous rendre compte, je sus que les deux khalifas<br />

s'étaient de nouveau séparés ;<br />

son camp du Sig<br />

Mustapha ben Tami avait repris<br />

et Bou Hammedi, après avoir passé quelques<br />

jours à Aïn bou-Hadjar, avait cédé aux plaintes des tribus, et<br />

s'était rapproché de nous jusqu'à Sidi Raya (dans la contrée mon<br />

tagneuse du djebel Keroulin). Tous deux s'étaient donné parole<br />

de se réunir à notre première apparition ; des signaux avaient<br />

été convenus avec les tribus ;<br />

toutes celles qui pouvaient encore<br />

être inquiétées de notre voisinage se hâtaient de vider leurs ma<br />

tamores et de transporter leurs établissements plus en arrière.<br />

Tout le pays était devenu désert dans un rayon d'environ 20<br />

lieues autour d'Oran.<br />

M. le capitaine Daumas, dont les émissaires me procuraient<br />

tous ces renseignements, sut par eux que les tribus des Ouled<br />

Gebarra, Ouled Kalfa (fractions des Béni Amer) et ceux des<br />

s'étaient peu éloignés de leurs<br />

Douairs qui nous ont abandonnés,<br />

stations ordinaires. Les plus avancés s'étaient bornés à repasser<br />

l'oued Melah et s'étaient établis près de son embouchure et le<br />

(1) Jointe à la dépêche de Valée au<br />

ministre de la guerre du 8 décem<br />

bre 1840, LE. 1382 [passages non reproduits par le moniteurJ.


-168-<br />

long de l'oued Sinan, en arrière du pic de Sidi Cassem Boudia,<br />

se croyant suffisamment défendus par un éloignement de plus de<br />

dix-huit lieues, et par une rivière qui n'offre qu'un petit nombre<br />

de gués fort difficiles.<br />

Je savais par les mêmes émissaires que les vedettes les plus<br />

avancées de l'ennemi se tenaient sur le pic de Mezaïta, qui ne voit<br />

point la plaine d'Andalouse, ni la vallée de l'oued Sidi Amadi. Je<br />

pensai dès lors qu'il ne serait pas impossible de dérober une mar<br />

che à l'ennemi, pous venir camper au fond de cette vallée, et mar<br />

cher une partie du jour et toute la nuit suivante, ce qui devait<br />

nous amener plusieurs heures avant le point du jour au confluent<br />

de l'oued Melah et de l'oued Sinan. Là se trouve un gué très pra<br />

ticable, d'où les Douairs et la cavalerie, après un bon repos,<br />

prendraient leur course pour une razzia.<br />

Dans ce projet, je me portais sur l'une des extrémités du<br />

demi-cercle très étendu gardé par les deux khalifas, et si je<br />

réussissais à gagner une marche, Mustapha ben Tami et Bou<br />

Hammedi lui-même ne pouvaient être prévenus qu'après la raz<br />

zia, lorsque je serais bien préparé à les recevoir. Je m'arrêtai à<br />

cette idée, mais j'en reculai l'exécution aux derniers jours du<br />

rhamadan, époque où les Arabes ont la plus grande répugnance<br />

à s'éloigner de leurs tentes, et qui coïncidait précisément avec<br />

l'arrivée du courrier,<br />

circonstance aussi connue des Arabes que<br />

des Français, de telle sorte que personne ne pût s'attendre à une<br />

sortie des Douairs ou de la division.<br />

Depuis quelque temps, j'avais envoyé des détachements de<br />

deux ou trois bataillons dans la direction d'Andalouse,<br />

pour cou<br />

per l'alfa, herbe très propre à remplacer la paille de couchage<br />

dont nous manquions ; personne ne fut étonné de recevoir, le 25<br />

novembre, dans l'après-midi, un ordre en vertu duquel quatre<br />

bataillons devaient aller bivouaquer quelques jours au dessus<br />

d'Ain Ratidja,<br />

pour faire récolte d'alfa sur une grande échelle.<br />

Des ordres analogues furent successivement expédiés dans la soi<br />

rée au reste des troupes, et le 26, de 7 à 10 heures du matin,<br />

toute la division prit la route de Mers el-Kebir. Je ne la rejoignis<br />

qu'au-delà du col, au moment où elle atteignait les spahis et le<br />

bataillon d'Afrique, que j'avais envoyé chercher pendant la nuit,<br />

et qui étaient descendus par le sommet du Djebel Gamarra.


— — 169<br />

Alors seulement le secret fut compris, mais nous étions à<br />

trois lieues d'Oran, où les Douairs célébraient à grand bruit la<br />

dernière fête du Rhamadan, je n'avais plus d'indiscrétion à re<br />

douter.<br />

la nuit,<br />

di ;<br />

Le général Mustapha ne devait avertir ses cavaliers que dans<br />

pour partir au matin et me rejoindre.<br />

La division campa sur le cours supérieur de l'oued Sidi Ama-<br />

on n'alluma que les feux nécessaires pour les soupes. Toute<br />

batterie de tambours, toute sonnerie de clairon ou de trompette<br />

fut interdite.<br />

Je repartis, le 28 au matin, en me défilant soigneusement,<br />

des vues du pic de Mezaïta, et j'arrivai à deux heures aux sour<br />

ces de l'oued Selal, près du marabout de Sidi bel-Kali, où j'avais<br />

donné rendez-vous au général Mustapha.<br />

Là, je fus tiré d'une première inquiétude. Quatre éclaireurs<br />

indigènes, envoyés pendant la nuit par M. Daumas, avaient sur<br />

pris les deux hommes en vedette au sommet du Mezaïta et me les<br />

amenaient prisonniers. J'obtins de ces deux hommes des rensei<br />

gnements favorables, et après une halte de deux heures sans<br />

feux, pendant laquelle je fis tuer tous les chiens qui suivaient la<br />

colonne, je me remis en mouvement.<br />

Le général Mustapha et El Mezary m'avaient rejoint avec<br />

600 cavaliers, et nous étions convenus de ce qui restait à faire.<br />

Je marchai aussi longtemps que le reste du jour et la lune<br />

nous favorisèrent. Le terrain,<br />

quoique pierreux et couvert de<br />

broussailles, présentait peu de difficultés, la colonne marchait<br />

vite et en bon ordre, mais vers 10 heures,<br />

au moment où la lune<br />

nous manquait, la tête se trouva engagée dans un makis de buis<br />

sons épineux, où malgré tous les efforts des officiers et des sol<br />

dats, il fallut se résoudre à défiler un à un dans les sentiers<br />

frayés par les guides. Pour comble de malheur, les deux gendar<br />

mes à qui les prisonniers avaient été confiés, venaient de les lais<br />

ser échapper au moment où ils passaient au pied du Mezaïta, et<br />

moins d'une heure après cette évasion,<br />

sommet du pic.<br />

un grand feu brillait au<br />

Je reformai alors la colonne en avant de l'obstacle qui l'avait<br />

rompue et qui nous occasionna plus de deux heures de retard.


— 170-<br />

Le feu avait été vu de tout le monde, et les troupes désespérant<br />

du succès, que je n'espérais plus guère moi-même, commençaient<br />

à se fatiguer. La division n'avait jamais parcouru ce terrain et<br />

marchait exclusivement sur la foi des guides arabes ; j'étais<br />

extrêmement inquiet. Ils continuèrent de nous conduire à travers<br />

les pierres roulantes et les buissons qui couvrent le plateau entre<br />

l'Aïn el-Amria et l'oued Melah. Il fallut s'arrêter encore plusieurs<br />

fois pour reformer la colonne,<br />

allongée à plus d'une lieue en arriè<br />

re, enfin, à la petite pointe du jour, nous atteignîmes la crête du<br />

plateau, au-dessus de la vallée de l'oued Melah. Nous étions à<br />

deux lieues du gué, et à quatre des premières tentes indiquées ;<br />

c'était plus de quatre heures de retard. Cependant, tout espoir<br />

n'était pas encore perdu, le feu allumé sur le Mezaïta n'avait brillé<br />

qu'un instant et pouvait n'avoir pas été aperçu, aucun autre ne<br />

lui avait répondu.<br />

Les Douairs nous dépassaient déjà, je les fis suivre au grand<br />

trot par les spahis et les chasseurs ; à six heures et demie, ils<br />

traversaient le gué et se lançaient au galop vers les tentes.<br />

Je me dirigeais moi-même,<br />

aussi vite que pouvaient le per<br />

mettre la lassitude de l'infanterie et l'allongement du convoi, vers<br />

le gué de l'oued Melah. Je jetais sur l'autre rive quelques compa<br />

gnies, pour parer à tout événement en cas de retour offensif de<br />

l'ennemi, et j'établissais toute la colonne au bivouac. II était 8<br />

heures du matin.<br />

Pendant ce temps, les Douairs soutenus en réserve par les<br />

spahis et les chasseurs, fouillaient le pays dans toutes les direc<br />

tions. On ne rencontra rien d'abord, les tribus avaient vu de loin<br />

arriver nos cavaliers et avaient pris la fuite, poussant leurs trou<br />

peaux devant elles. Mais le feu du Mezaïta n'avait point été re<br />

marqué, elles avaient peu d'avance et furent bientôt rejointes.<br />

M. le chef d'escadron de Montauban, détaché par M. le lieutenant-<br />

colonel Yusuf avec deux escadrons de spahis pour appuyer quel<br />

ques Douairs qui donnaient la chasse à un troupeau considérable,<br />

parvint à en couper la plus grande partie et, soutenu à propos par<br />

les deux autres escadrons, ramenait sa prise derrière les chas<br />

seurs restés en réserve.<br />

La masse des Douairs et Smelas, le général Mustapha et El<br />

Mezary en tête, se jetait dans la vallée de l'oued Hallouf et attei-


-171 —<br />

gnait même l'oued Gettara, affluent du Rhaser, à plus de quatre<br />

lieues du gué,<br />

pillant ou détruisant les tentes abandonnées. Un<br />

immense troupeau fuyait devant eux ; après une longue poursuite,<br />

l'épuisement des chevaux les obligea de lâcher prise et de se re<br />

plier sur les chasseurs. Ils avaient perdu dans cet engagement<br />

trois hommes tués et un blessé.<br />

A deux heures de l'après-midi, l'arrière-garde des chasseurs,<br />

après avoir tiraillé faiblement et sans pertes avec les quelques<br />

cavaliers qui avaient suivi les Douairs,<br />

vouac.<br />

avait pris sa place au bi<br />

Deux hommes et douze femmes ou enfants ont été pris ; au<br />

nombre de ces prisonniers se trouvent la femme, le fils et la fille<br />

du caïd des Gebarras et un oukil (espèce de gérant ou fermier)<br />

de Bou Hammedi, qui est marié dans cette même tribu des Gebar<br />

ras. Toute la famille de cet oukil a été prise avec lui.<br />

700 bœufs, vaches ou veaux, un millier de moutons, chèvres,<br />

etc., 15 chevaux, 31 chameaux, 10 mulets, plus de 200 ânes ont<br />

été enlevés, près de 200 tentes ont été pillées et brûlées sur la<br />

place. Les Douairs ont rapporté quelques-unes des plus belles.<br />

J'abandonnai aux troupes et aux Douairs les moutons et les chè<br />

vres qui auraient gêné ma marche. J'avais besoin d'ailleurs de<br />

leur accorder cette petite gratification pour me faire pardonner<br />

la cruelle fatigue de la nuit précédente. Elle fut reçue avec une<br />

grande joie et tout le monde était disposé à bien faire le lende<br />

main.<br />

Le 29, à sept heures et demie, je repris la route d'Oran dans<br />

la direction d'el Amria. La colonne renfermant le convoi et le<br />

troupeau enlevé traversa en bon ordre la large vallée de l'oued<br />

Melah. Bou Hammedi, prévenu la veille dans la journée, était<br />

arrivé le soir en face de nous avec quelques centaines de cava<br />

liers et nous avions vu ses feux pendant la nuit. Il attaqua vive<br />

ment notre arrière-garde formée par le 13e léger,<br />

montagne et quatre fusils de<br />

une section de<br />

rempart. Les troupes l'attendirent<br />

avec fermeté, n'ouvrirent leur feu qu'à bonne portée et lui abatti<br />

rent en quelques instants 30 ou 40 cavaliers. L'attaque se ralentit<br />

immédiatement et<br />

continua avec mollesse, en se ranimant de<br />

temps en temps à l'arrivée de quelques nouveaux contingents.


— 172-<br />

L'engagement devint tout à fait insignifiant et finit entièrement<br />

à l'Amria.<br />

Cette arrière-garde a été conduite d'une manière très remar<br />

quable par M. le colonel de la Torre. Le 13e léger, qui se trouvait<br />

pour la première fois sérieusement engagé, y<br />

a bien commencé<br />

sa réputation. Ce régiment possède d'excellents tireurs, il a su<br />

ménager son feu et, secondé par la section de montagne et les<br />

fusils de rempart, il a promptement arrêté l'ennemi. Nous avons<br />

vu tomber plus de 60 cavaliers, et, d'après les nouvelles de l'inté<br />

rieur, je vois déjà que les pertes de l'ennemi ont été plus consi<br />

dérables.<br />

Cet engagement a coûté :<br />

au 13e léger : 3 morts et 16 blessés, parmi lesquels M. Ra-<br />

chou, sous-lieutenant ;<br />

au 15e léger : 1 blessé ;<br />

au 41e de ligne : 3 blessés.<br />

Au soir, Bou Hammedi avait réuni plus de 200 cavaliers. Ces<br />

cavaliers formés en trois grands échelons sur les collines qui joi<br />

gnent le Sebhga (1), nous virent prendre la route de Bridia, sans<br />

oser insulter notre arrière-garde.<br />

La division passa la nuit à Bridia et ne repartit le lendemain<br />

30 pour Messerghin et Oran qu'à 8 heures du matin. J'avais ap<br />

pris que Bou Hammedi, ainsi qu'il l'avait fait deux ou trois fois<br />

au printemps dernier, dépasserait le défilé de Bridia pour nous<br />

talonner ; j'avais fait mes dispositions en conséquence, mais pas<br />

un cavalier ne se montra.<br />

Dans l'après-midi, toutes les troupes reprirent leurs stations<br />

habituelles.<br />

Aux pertes déjà énumérées, il faut ajouter un gendarme qui<br />

a disparu dans la marche de nuit du 27 au 28, sans qu'on ait pu<br />

savoir ce qu'il est devenu.<br />

Les résultats matériels de cette razzia eussent été d'une<br />

toute autre importance,<br />

s'il eût été possible d'exécuter de point<br />

en point le projet tel qu'il avait été conçu. Les difficultés insépa-<br />

(1) La Sebkha d'Oran.


— 173-<br />

rables d'une marche de nuit de onze heures, dans un terrain in<br />

connu, raboteux et hérissé de broussailles, ne l'ont pas permis.<br />

Mais si nos captures en ont été amoindries, l'effet moral a été<br />

produit en son entier. Les tribus frappées à vingt-trois lieues<br />

d'Oran ont jeté l'alarme au loin. Je suis informé que de tous les<br />

côtés on vide les matamores et que les tentes se réfugient dans<br />

l'intérieur. La levée de l'impôt, les appels d'hommes pour les ba<br />

taillons réguliers et de contingents pour la guerre de l'est, qui<br />

déjà ne s'opéraient qu'avec une extrême difficulté, peuvent être<br />

considérés comme radicalement arrêtés. Si le temps,<br />

qui depuis<br />

ce matin s'est mis à la pluie, me le permet, et suivant les rensei<br />

gnements que je ne tarderai pas à obtenir, j'agirai de manière à<br />

contraindre encore les tribus à des émigrations plus lointaines et<br />

peut-être amènerai-je les khalifas à accepter le combat.<br />

Les marches des 26, 27 et 29 ont manifesté de plus en plus<br />

la bonne volonté des troupes de la division et la vigueur de l'in<br />

fanterie. Ces deux qualités ont été mises à une rude épreuve<br />

dans la journée du 27 et dans la nuit qui a suivi par une marche<br />

de vingt-deux heures à peine coupée par quelques haltes.<br />

Les officiers de mon état-major et de l'état-major de la divi<br />

sion, obligés pendant toute la durée de cette marche de remonter<br />

continuellement de la droite à la gauche pour maintenir la colonne<br />

unie dans la bonne direction, m'ont secondé avec une activité et<br />

une intelligence qui ne se sont point ralenties jusqu'à la fin de<br />

l'opération.<br />

M. le chef de bataillon du génie Bizot, que j'avais chargé du<br />

commandement du convoi avec dix compagnies d'infanterie pour<br />

escorte,<br />

s'est acquitté de ce service difficile et pénible avec un<br />

zèle infatigable. Je lui suis redevable peut-être de nous avoir<br />

épargné des retards tels que tout succès fût devenu impossible.<br />

M. le chef d'escadron Martin, du train des équipages, comman<br />

dant particulier du convoi de cette arme, et M. le capitaine du<br />

génie Calop, ajoint à M. le commandant Bizot, lui ont été d'un<br />

grand secours.<br />

J'ai déjà rendu justice à la conduite du 13e léger et de son<br />

colonel M. de la Torre ; les autres corps d'infanterie, 15e léger,<br />

1"<br />

bataillon d'Afrique, 1er<br />

et 41e de ligne, sans avoir eu l'occasion<br />

de repousser l'ennemi, n'ont pas montré moins d'ardeur et ont


— 174 —<br />

marché d'une manière remarquable. M. le colonel Roguet, les lieu<br />

tenants-colonels Gachot et Levaillant, qui ont commandé les co<br />

lonnes à l'avant-garde et sur nos flancs, les ont maintenues dans<br />

un ordre parfait, raccordant tous leurs mouvements à ceux de<br />

l'arrière-garde, et ne laissant jour à aucune entreprise de l'en<br />

nemi.<br />

M. le colonel Randon, à qui j'avais confié la direction de la<br />

cavalerie et l'exécution du coup de main décisif, m'a rendu bon<br />

compte de sa mission. Tous ses mouvements ont été exécutés<br />

avec l'audace et la célérité qui conviennent à l'arme et que récla<br />

mait surtout une opération de ce genre. M. le colonel Randon est<br />

(1') officier sur le concours duquel je fonde désormais mon plus<br />

ferme espoir de succès. M. le lieutenant-colonel des spahis, Yusuf,<br />

l'a secondé avec une intelligence parfaite de cette guerre du<br />

pays ; je dois citer à côté d'eux, M. le chef d'escadron de Mon-<br />

tauban, officier entreprenant à qui nous devons la principale prise<br />

dans la razzia.<br />

J'ai été particulièrement satisfait du service de l'ambulance,<br />

de la promptitude et des soins apportés à secourir les blessés.<br />

MM. le sous-intendant Largillière et le chirurgien major Saiget,<br />

méritent à cet égard de justes éloges.<br />

J'ai exprimé au général Mustapha toute ma reconnaissance<br />

pour la coopération énergique que je trouve chez lui dans toutes<br />

mes opérations. Partis d'Oran le 27 au matin, les Douairs, après<br />

avoir marché nuit et jour, chargeaient au galop le 28 au matin,<br />

à plus de 20 lieues du point de départ et ne rentraient au bivouac<br />

qu'après avoir fourni une course d'au moins vingt-cinq lieues.<br />

Après M. le colonel de la Torre, une mention spéciale est due<br />

dans le 13e léger aux militaires qui se sont distingués à l'arrière-<br />

garde, le 29. Ce sont :<br />

MM. Dubarry-Colomé<br />

capitaines<br />

Le Rousseau de Rosencoat<br />

Castelnau, lieutenant d'état-major détaché ;<br />

Vallet, sous-lieutenant ;<br />

Rachou, sous-lieutenant ;


— — 175<br />

Carré, sergent ;<br />

Fournier, sergent-fourrier ;<br />

Laffitte, clairon de voltigeurs.<br />

M. le capitaine Daumas, du 2e de chasseurs, et M. Coquet,<br />

lieutenant-officier payeur des indigènes, ne m'ont pas été moins<br />

utiles dans cette opération que dans les précédentes. M. Daumas<br />

m'a fourni cette fois encore,<br />

toutes les données de l'entreprise.<br />

avec la plus rigoureuse précision,<br />

80<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 1382)<br />

Alger, le 8 décembre 1840<br />

Depuis le dernier courrier, la province d'Alger a été parfai<br />

tement tranquille. Le convoi de Blida n'a pas aperçu d'Arabes<br />

dans la plaine. Une colonne mobile que j'ai dirigée sur le Fondouk,<br />

s'est portée dans la vallée de l'oued Kaddara,<br />

contré d'ennemi.<br />

elle n'a pas ren<br />

Dans la province d'Oran, le général Lamoricière a fait, vers<br />

le Rio Salado,<br />

une razzia qui a parfaitement réussi. Le khalifa de<br />

Tlemcen n'a pas osé attaquer sérieusement le corps expédition<br />

naire et les troupes sont rentrées à Oran avant le commencement<br />

des pluies (1). Le rapport ci-joint de M. le général Lamoricière<br />

fera connaître à V.E. les détails de cette opération.<br />

Tous les rapports qui arrivent de l'intérieur présentent la<br />

position d'Abd el-Kader comme très<br />

compromise. Les dépêches<br />

de M. le consul général du Roi à Tanger confirment les rensei<br />

gnements que j'ai reçus.<br />

Le courrier de l'est n'est pas arrivé.<br />

(1) Opération signalée dans une dépêche télégraphique de Valée au mi<br />

nistre de la guerre du même jour expédiée de Toulon le 15 décembre à<br />

4 heures du soir.


— — 176<br />

81<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

Paris, le 9 décembre I840<br />

J'ai reçu en même temps vos rapports des 12 et 24 novembre,<br />

par lesquels vous m'avez rendu compte de vos expéditions sur<br />

Miliana et sur Médéa pour chercher l'ennemi et le combattre,<br />

châtier les tribus qui s'étaient montrées les plus hostiles et com<br />

pléter les approvisionnements de ces deux places. Vous vous étiez<br />

proposé en outre de retrouver la grande voie qui, au temps de la<br />

domination romaine, unissait Cherchel, Miliana et Médéa.<br />

J'ai pris connaissance, avec un grand intérêt, de ces rapports,<br />

ainsi que de ceux de MM. les généraux Galbois, Duvivier et Chan<br />

garnier, que vous y avez joints ; je les ai mis sous les yeux du<br />

Roi et je les ai fait insérer dans les journaux.<br />

Les résultats que vous avez obtenus dans ces deux expédi<br />

tions sont d'une grande importance et j'ai surtout remarqué que<br />

nous avons peu de pertes à déplorer. L'effet moral de ces marches<br />

répétées dans les contrées où l'ennemi se croyait en force, nous<br />

sera aussi très favorable. Le Roi a été très satisfait de ces opéra<br />

tions auxquelles j'applaudis personnellement. Elles ont surtout<br />

cela de remarquable,<br />

le plus affaiblie par les maladies,<br />

que c'est au moment même où l'armée était<br />

que vos colonnes expéditionnai<br />

res ont imposé à l'ennemi et que les armes du Roi ont été pres<br />

que simultanément victorieuses sur tous les points de l'Algérie.<br />

Je partage les espérances que vous concevez de pareils résultats ;<br />

ils en promettent de plus grands encore, la pacification et l'affer<br />

missement de l'autorité du Roi dans tout le pays soumis par ses<br />

armes.<br />

La découverte de la route romaine qui unissait Cherchel,<br />

Miliana et Médéa est très importante, puisque désormais on pour<br />

ra communiquer plus facilement et plus promptement avec ces<br />

deux dernières villes et qu'en outre, l'établissement intermédiaire<br />

dont vous avez retrouvé les ruines (Aquae Calidae)<br />

va lier Milia<br />

na et Médéa à Blida et par suite au littoral. J'applaudis, monsieur<br />

le Maréchal, à ce que vous avez fait pour vous mettre à même de


— 177 —<br />

tirer parti de l'ancienne route et des restes de la ville romaine.<br />

La position de celle-ci sur le seul passage qui conduise facilement<br />

du littoral à la vallée du Chélif, sera un établissement intermé<br />

diaire extrêmement utile, qui donnera une force réelle à l'occu<br />

pation de Médéa et de Miliana. D'un autre côté, la grande voie ro<br />

maine que vous avez retrouvée pourra dispenser de construire la<br />

route que vous aviez le projet de faire de Cherchel à Miliana. Il<br />

conviendra d'étudier les travaux à exécuter par suite de ces im<br />

portantes découvertes et de m'en adresser les projets le plus<br />

promptement possible, afin qu'il soit statué sur ce qu'il conviendra<br />

de faire et que l'on s'en occupe aussitôt que la saison le per<br />

mettra.<br />

J'ai vu les demandes de récompenses que vous m'avez adres<br />

sées ; je ne tarderai pas à prendre les ordres du Roi sur ce travail<br />

et je m'empresserai de vous en faire connaître les résultats. Dès<br />

à présent, je vous prie de témoigner à l'armée la satisfaction de<br />

S.M. pour les nouveaux services qu'elle vient de rendre. (1).<br />

En attendant que vous puissiez m'adresser les projets que je<br />

vous demande par cette lettre, je vous prie, monsieur le Maréchal,<br />

de m'envoyer le plus tôt possible le plan de la ville romaine ainsi<br />

que de ses environs et d'y joindre les renseignements nécessaires<br />

pour que je puisse être fixé sur l'importance de la position de<br />

cette ville comme point défensif à occuper et sur la nature des<br />

travaux qu'il y aura à faire. Je vous prie également d'ajouter<br />

quelques données sur l'état de la voie romaine découverte, quant<br />

à sa conservation et au parti qu'en en peut tirer. Je désirerais<br />

enfin savoir si, par cette voie,<br />

on communiquera plus directement<br />

et plus sûrement avec Cherchel. Vous apprécierez,<br />

Maréchal,<br />

monsieur le<br />

qu'il importe d'être bien fixé sur les distances et que<br />

le pays soit bien exploré.<br />

Témoignage de satisfaction porté à la connaissance de l'armée par<br />

(1)<br />

un ordre général de Valée du 20 décembre 1840 (Moniteur algérien, 22 dé-<br />

cembre).<br />

12


— 178-<br />

82<br />

De Lagau à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 128 s -<br />

original)<br />

Tunis, le 13 décembre 1840<br />

Le bateau que j'ai envoyé à Bône le 20 novembre dernier,<br />

en l'absence du Brasier, ayant dû relâcher trois fois à Bizerte, je<br />

crains que le brick sarde II Rondello, capitaine Nozzardi, par le<br />

quel j'ai expédié, le 2 de ce mois, 26 chevaux à la destination<br />

d'Alger, n'ait été forcé de se réfugier en Sardaigne malgré le vent<br />

favorable qu'il a eu pendant le premier jour de sa navigation.<br />

Comme j'ai mis tous mes soins à effectuer ce premier envoi de<br />

manière à satisfaire complètement V.E. quant à la qualité des<br />

chevaux et à leurs prix, il me tarde on ne peut plus d'apprendre<br />

leur heureuse arrivée à Alger. A ma lettre du 2 décembre, confiée<br />

au capitaine Nozzardi, se trouve jointe la copie d'un état trans<br />

mis à M. l'intendant militaire et sur lequel les chevaux,<br />

qui me<br />

semblent propres à monter des officiers, sont désignés dans la<br />

colonne d'observations.<br />

83<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives de la guerre H.M.A. VIII p. 66)<br />

14 décembre 1893<br />

Ce corps (1), admirable peut-être pour tout ce qui est comp<br />

tabilité dans l'intérieur du royaume, est insuffisant dans un pays<br />

comme l'Afrique.<br />

Les plaintes élevées contre lui dénotent un mal insaisissable<br />

peut-être d'une manière absolue, mais qui n'en est pas moins réel ;<br />

c'est l'opinion de l'armée tout entière et, malheureusement, les<br />

faits ont parlé haut dans les expéditions de la province d'Oran,<br />

(1) L'intendance militaire.


— 179-<br />

comme dans celles qui, en 1836 et en 1837, ont eu lieu contre<br />

Constantine.<br />

Répondre à des accusations parties de loin est facile, car il<br />

est toujours possible de déplacer la question, mais lorsque, dans<br />

une longue suite d'années, les accusations se renouvellent sans<br />

cesse, le devoir du gouvernement est de s'en préoccuper et de mo<br />

difier peut-être une institution qui, malgré le zèle et la loyauté<br />

de ses membres,<br />

ne répond pas à ce qu'on en attendait.<br />

Dans les positions successives qu'elle occupe, l'armée opère,<br />

en Afrique, dans un pays difficile dénué de tout ; elle a nécessai<br />

rement beaucoup à souffrir. Mon devoir, celui des chefs sous mes<br />

ordres, est d'adoucir le plus possible ces souffrances, c'est le but<br />

de tous mes efforts.<br />

Hors des bases d'opération, l'armée doit trouver le bivouac,<br />

la tente, des fatigues, des périls, et les villes mêmes ne présen<br />

teront pas tous les éléments de bien-être désirables,<br />

mais c'est à<br />

ces conditions que nous avons fait la guerre dans toute l'Europe.<br />

La France ne doit pas oublier qu'en Afrique elle est dans un état<br />

de guerre permanent, qu'elle doit à la fois soumettre des peuples<br />

et créer des établissements et qu'elle n'a que son armée pour<br />

remplir cette double mission.<br />

84<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 1382 copie)<br />

La tranquillité de la province d'Alger n'a pas été troublée<br />

depuis le départ du dernier courrier. Le convoi de Blida est reve<br />

nu sans avoir aperçu d'Arabes dans la plaine. Les travaux des<br />

tinés à enceindre le territoire de cette ville continuant avec acti<br />

vité, j'espère qu'ils seront terminés avant le printemps prochain.<br />

J'ai reçu une dépêche télégraphique de Médéa. La garnison a<br />

fait une sortie et a brûlé les gourbis d'une tribu qui habite à<br />

plusieurs lieues au sud de la plaine. Elle a pris des bœufs et une<br />

assez grande quantité de légumes.


-180 —<br />

Un Arabe m'a apporté de Miliana des dépêches chiffrées dont<br />

voici la traduction :<br />

« Aussitôt après mon arrivée, j'ai visité l'hôpital qui se trou-<br />

« vait dans un état dégoûtant de malpropreté. Je l'ai fait nettoyer<br />

« immédiatement. La maison affectée au commandement est fort<br />

« belle et bien située. Il y a huit grandes chambres dans chacune<br />

« desquelles on peut placer 12 lits très à l'aise. J'ai ordonné qu'on<br />

« y fit de suite les réparations nécessaires afin d'y mettre les<br />

« malades le plus promptement possible, les salles de l'hôpital<br />

« étant tristes et trop<br />

sombres par la position. Cette maison est<br />

« comprise dans l'intérieur du nouveau plan. J'ai donné au génie<br />

« 40 ouvriers d'art permanents de mon bataillon, 160 hommes<br />

« comme manœuvres et 60 pour les démolitions, en tout 260 tous<br />

« les jours. La garnison relevée n'en fournissait pas 40. Les tra-<br />

« vaux bien dirigés sont poussés avec la plus grande activité.<br />

« Nous aurons une casbah en bon état de défense. J'ai organisé<br />

« une section de cultivateurs ; trois charrues labourent ; je me<br />

« sers pour cela des bœufs de l'administration. Sous peu j'aurai<br />

« fini d'ensemencer deux quintaux d'orge que j'ai trouvés et<br />

« deux quintaux de blé qui étaient en magasin. Par le moyen<br />

« d'irrigations, je (commence à avoir de l'herbe suffisamment<br />

« pour le pâturage du troupeau. J'ai formé aussi une section de<br />

« jardiniers, le meilleur terrain existant au nord de la ville, entre<br />

« le bastion d'Alger et celui d'Oran, a été affecté à cet objet. Ces<br />

« jardins sont très beaux et s'avancent. Dans quelque temps, la<br />

« garnison aura des légumes en abondance, ce qui pourra ensuite<br />

« avoir lieu toute l'année au moyen des arrosages et vu la pro-<br />

« ximité de l'eau. Je m'occuperai aussi en temps utile d'organiser<br />

« une section de vignerons pour tailler les vignes situées près de<br />

« la place et qui sont d'un très beau plant. J'ai augmenté de 10<br />

artil-<br />

« hommes le personnel de l'artillerie, ce qui fait qu'il y a 4<br />

%. leurs à chaque pièce et 10 restant pour les fusils de rempart.<br />

« Tous sont employés à la construction des plateformes.<br />

« L'état sanitaire ne laisse rien à désirer. Tous les services<br />

« sont bien administrés. Au reste, je jouis ici de la plus grande<br />

« tranquillité. Les Arabes de Béni Menacer ayant appris, à Cher-<br />

« chel, que je me trouvais ici,<br />

sont venus m'amener 13 beaux<br />

« bœufs dont j'ai fait l'achat pour la somme de 385 francs. Je


-181 —<br />

« suis fâché de n'avoir pas à ma disposition des douros d'Es-<br />

« pagne qu'ils ne cessent de me demander et je crains que cela<br />

« n'arrête leur bon vouloir. D'autres Arabes me sont annoncés<br />

« et ils doivent m'apporter diverses denrées. Je leur ai demandé<br />

« des fèves pour ensemencer qu'ils m'ont promises. La force de<br />

« la garnison est de 650 sous-officiers et soldats, non compris<br />

« 83 malades à l'hôpital. D'après un recensement que je viens<br />

« de faire, à moins de pertes par force majeure que je ne prévois<br />

« pas, j'aurai des vivres jusqu'au mois de mars inclus. Le sel,<br />

« seul, n'était pas en rapport avec les autres denrées. J'ai dimi-<br />

« nué cette ration d'un sixième,<br />

chose très peu sensible et qui<br />

« passe inaperçue. Trois déserteurs de la légion étrangère sont<br />

« rentrés. M. Ponet, chirurgien sous-aide à l'hôpital,<br />

est décédé<br />

«par suite d'une irritation d'estomac causée par une impru-<br />

« dence ».<br />

Dans une deuxième dépêche du 10 décembre, le commandant<br />

Blangini (1) ajoute :<br />

« Des déserteurs de la légion étrangère rentrés m'ayant dit<br />

« que, lors de leur arrivée à l'ennemi, le directeur de la fonderie<br />

« de Miliana leur avait demandé si la garnison avait fait des<br />

« fouilles dans le bâtiment du ravin et que leur réponse négative<br />

« avait paru lui faire grand plaisir, je me suis empressé de met-<br />

« tre un détachement à l'œuvre et nous avons trouvé 700 kilo-<br />

« grammes de fer de toute espèce que j'ai fait verser dans les<br />

« magasins du génie. Je viens aussi de découvrir un silo conte<br />

nt nant trois sacs de blé et d'orge. Les travaux vont bien et sont<br />

« poussés avec beaucoup d'activité ; mais nous avons à déplorer<br />

« la mort de M. Coumes, capitaine du génie,<br />

par suite d'une en-<br />

« céphalite. J'ai supprimé les gardes pendant le jour pour pou-<br />

« voir disposer de 70 travailleurs de plus ».<br />

La tempête qui a régné la semaine dernière sur la côte<br />

d'Afrique a occasionné plusieurs sinistres. Six à sept navires ont<br />

(1) Blangini (Jean, Baptiste), né à Fossano (Piémont) le 5 septembre<br />

1796 naturalisé français le 23 juin 1824 -<br />

soldat, 2 mars 1817 - sous-lieute<br />

-<br />

nant, 29 octobre 1826 lieutenant, 7 septembre 1831 capitaine, 30 septem<br />

bre 1835 - - chef de bataillon, 21 juin 1840 lieutenant-colonel, 28 mai 1841<br />

colonel, 3 juillet 1843<br />

28 août 1852.<br />

maréchal-de-camp, 22 avril 1847 décédé à Orléans,<br />

Chevalier de la Légion d'honneur, 30 août 1836 -<br />

officier, 27 octobre<br />

1844 commandeur, 15 avril 1846 grand officier, 26 février 1852.


— 182-<br />

fait naufrage sur divers points. J'ai donné des ordres pour retirer<br />

les naufragés des mains des tribus, même à prix d'argent.<br />

Les bateaux de Bône et d'Oran retardés par la tempête ne<br />

sont pas encore de retour.<br />

85<br />

Lamoricière à Valée<br />

(Moniteur, 9 janvier 1841 extrait)<br />

Oran, le 15 décembre I840<br />

Le 10 de ce mois, je fus informé, à neuf heures du matin,<br />

que le khalifa de Mascara, dont le camp est toujours sur le Sig,<br />

s'était avancé vers nous avec 1.400 chevaux et qu'il devait cou<br />

cher le soir à sept lieues d'Oran,<br />

près de Kadour Douby. Des<br />

éclaireurs des Douairs avaient aperçu, le matin, une grand'garde<br />

de 200 chevaux qui s'était approchée jusqu'à une lieue et demie<br />

de nos blockhaus. Je fis immédiatement prendre les armes à la<br />

division et marchai sur le chemin qui m'était indiqué.<br />

Après avoir fait quatre lieues, nous vîmes une soixantaine<br />

de cavaliers qui paraissaient chargés d'éclairer le pays. A notre<br />

vue, ils prirent la fuite, poursuivis par les Douairs qui ne purent<br />

les atteindre ; ils donnèrent l'alarme à la troupe du khalifa qui<br />

se retira au plus vite sur l'annonce de notre mouvement. Je<br />

m'avançai jusqu'à cinq lieues d'Oran et fis reposer mon monde.<br />

La nuit étant venue, je regagnai Oran où les dernières troupes<br />

rentrèrent à neuf heures et demie.<br />

L'ennemi, persuadé que j'allais marcher toute la nuit, éva<br />

cua son camp du Sig ; des cavaliers furent donner l'alarme à Mas<br />

cara, d'où les habitants commencèrent à se sauver. La nuit fut<br />

fort agitée entre le Sig et l'Habra, et les Arabes ont été fort hon<br />

teux d'avoir eu une si grande peur.


— — 183<br />

86<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

19 décembre I84O<br />

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire<br />

le 2 décembre courant, ainsi que votre dépêche télégraphique du<br />

même jour, par lesquelles vous me faites connaître que la tran<br />

quillité continue à régner dans les provinces d'Alger et de Cons<br />

tantine, que vous avez dirigé un nombreux convoi sur Blida et<br />

que l'ennemi n'a point paru dans la Mitidja pendant cette opéra<br />

tion. Je vous remercie de cette communication satisfaisante.<br />

87<br />

Galbois à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 138 2<br />

copie)<br />

Constantine, le 20 décembre I84O<br />

La tranquillité dont jouit la province de Constantine n'a pas<br />

été troublée depuis mon dernier rapport et tout porte à laisser<br />

croire qu'elle se consolidera de plus en plus. Toutes les tribus se<br />

livrent avec confiance aux travaux de l'agriculture et, si le temps<br />

est favorable,<br />

on doit espérer d'abondantes récoltes pour l'année<br />

prochaine. La population pauvre de Constantine souffrira (cet<br />

hiver à cause du renchérissement du blé et surtout de la viande<br />

dont on fait sans cesse de grandes exportations pour la province<br />

d'Alger.<br />

Les nouvelles que je reçois de Sétif sont des plus favorables.<br />

Le marché établi sous les murs de cette place est très suivi et en<br />

même temps bien approvisionné ; on y<br />

remarque des Arabes et<br />

des Kabyles venant de points très éloignés. Chaque jour, je reçois<br />

des demandes de soumission de la part de cheikhs qui ne<br />

s'étaient pas encore présentés. Un de ces cheikhs kabyles, Si Hadj<br />

ben el-Kabayli, chef des Ouled Maïman, a proposé de fournir le<br />

bois de construction et les planches dont nous pourrions avoir


— 184 —<br />

besoin. Le génie paraît content de ce qu'il a déjà reçu de lui ;<br />

c'est une ressource précieuse pour Sétif où le bois avait manqué<br />

jusqu'à ce jour, et que l'on était obligé d'approvisionner avec des<br />

planches tirées de Philippeville.<br />

Le commerce avec l'intérieur de l'Afrique semble devoir<br />

prendre une grande extension : le marché nouvellement établi à<br />

Djimmila est également très suivi et très bien approvisionné. Je<br />

fais en sorte d'en établir de semblables auprès de tous nos camps.<br />

Aussitôt que j'ai eu connaissance du naufrage d'un bâtiment<br />

français sur la côte entre Collo et Djigelli, j'ai donné ordre aux<br />

cheikhs les plus voisins du lieu où ce bâtiment avait échoué de<br />

veiller à la sûreté des naufragés. Le cheikh Ben Azzedin, entr'au-<br />

tres, a pris sur le champ les mesures nécessaires pour l'exécution<br />

de mes ordres et m'a envoyé son fils pour me donner l'assurance<br />

que je pouvais être tranquille sur le sort de nos malheureux com<br />

patriotes, et qu'il se chargeait de les amener lui-même à Cons<br />

tantine.<br />

çais,<br />

Plusieurs tribus m'ont prié de leur confier des soldats fran<br />

qui seraient chargés de leur enseigner la culture en général<br />

et celle de la pomme de terre en particulier ; j'ai accédé à leur<br />

demande et les hommes que je leur ai envoyés sont parfaitement<br />

traités par les Arabes.<br />

Les contributions continuent à rentrer avec facilité ; elles<br />

ont déjà produit à Constantine 2.776 sacs de blé (le sac pèse<br />

96 kilogrammes), 6.834 sacs d'orge et 2.668 charges de paille (la<br />

charge pèse 35 kilogs). Le payeur de la guerre vient d'envoyer<br />

dans la caisse des fonds coloniaux, 350.000 francs provenant de<br />

contributions. Dans la subdivision de Bône, elles se payent éga<br />

lement bien.<br />

J'ai fait partir de Constantine une colonne qui doit se réunir<br />

à celle de Bône, pour aller châtier d'une manière exemplaire la<br />

tribu dans laquelle le capitaine Saget a été assassiné. J'ai confié<br />

au général Guingret le commandement de cette expédition.<br />

L'état sanitaire s'est beaucoup amélioré, mais la mortalité<br />

est encore forte à Philippeville et à Ghelma en proportion du<br />

chiffre des malades. Celui de l'hôpital de Philippeville est de 404,<br />

dont 24 civils ; à Constantine, où la garnison est beaucoup plus<br />

forte et dépasse 4.000 hommes, il n'est que de 371 malades.


-185-<br />

La plupart de nos soldats n'ont pas été vaccinés et plusieurs<br />

sont attaqués de la variole dans les hôpitaux. Les indigènes com<br />

mencent à comprendre les avantages de la vaccine et, depuis quel<br />

ques mois, 358 d'entre eux ont eu recours à cet effet à nos méde<br />

cins de Constantine.<br />

Le travail pour le percement et le pavage des rues carossables<br />

de cette ville,<br />

avance rapidement et la construction des maisons<br />

commencera aussitôt que le projet de concession pour 99 ans aura<br />

été approuvé.<br />

tout y<br />

Les nouvelles de Djigelli continuent à être satisfaisantes :<br />

cette place.<br />

est tranquille et les Kabyles fréquentent les marchés de<br />

88<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2) (1)<br />

Alger, le 22 décembre 1840<br />

La tranquillité de la province d'Alger n'a pas été troublée<br />

depuis le dernier courrier. Les garnisons de Médéa, Blida et Mos<br />

taganem ont fait des razzias sur les tribus qui sont à une petite<br />

distance de ces villes.<br />

Le courrier de Bône n'est pas arrivé.<br />

89<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Moniteur, 9 janvier I84D<br />

Alger, le 22 décembre I84O<br />

La tranquillité de la province d'Alger n'a pas été troublée<br />

depuis le dernier courrier. Le convoi de Blida a été fait sans acci<br />

dents. Le 18 décembre, le colonel Bedeau a surpris, dans des gor-<br />

(1) Dépêche télégraphique de Toulon le 27 septembre.


— 186-<br />

ges de l'Atlas, une partie de la tribu des Béni Salah que le froid<br />

avait forcés à abandonner les sommets sur lesquels elle s'était<br />

retirée. 15 Kabyles ont été tués, 10 ont été faits prisonniers,<br />

200 têtes de bétail ont été enlevées ainsi qu'une assez grande<br />

quantité d'armes.<br />

J'ai reçu du colonel Cavaignac, de Médéa, les deux dépêches<br />

télégraphiques ci-après :<br />

1"<br />

dépêche : le 13, l'ennemi s'est présenté sur la ligne occu<br />

pant surtout la ferme du bey. Les troupes se sont portées pour<br />

marcher vers l'ennemi ; une vive fusillade s'est engagée. On a<br />

poursuivi l'ennemi dans plusieurs directions. On est resté jus<br />

qu'au soir sur la position prise. On peut évaluer les forces de<br />

l'ennemi à 200 cavaliers et 600 Kabyles.<br />

2e dépêche : Le 17, reconnaissance au nord de la vallée de la<br />

Chiffa. Le résultat qu'on se proposait est obtenu. On a enlevé peu<br />

de bétail faute de cavaliers. On a détruit l'ancien camp des régu<br />

liers.<br />

Une petite razzia a eu lieu à Mostaganem.<br />

Le général Lamoricière me rend compte de la situation de<br />

la province d'Oran et il termine dans les termes suivants :<br />

« Les nouvelles apportées dans notre province par les fantas-<br />

« sins venus de l'est ont été fatales à la cause de l'émir. Les<br />

« maladies du camp qui surveillait Miliana, les blessés qui ont<br />

« encombré Taza et qui sont presque tous morts sans secours,<br />

« les nombreuses pertes des bataillons réguliers, la démoralisa-<br />

« tion générale de l'armée des croyants, tout cela était resté<br />

« ignoré des tribus qui nous entourent. L'émir avait employé les<br />

« moyens les plus étranges et les plus énergiques pour cacher la<br />

« vérité, mais le temps a fini par dévoiler ce qu'il cachait pour<br />

« tant de raisons.<br />

« Abd el-Kader commence à manquer de ressources en numé-<br />

« raire ; les beyliks de Médéa et de Miliana, dévastés par la<br />

« guerre, ne lui fournissent plus rien. Des contributions extraor-<br />

« dinaires ont été demandées aux tribus de la province d'Oran,<br />

raz-<br />

« mais les khalifas, n'ayant pu protéger les tribus contre nos<br />

« zias, n'ont plus assez d'autorité pour les faire payer. Les armes<br />

« et lès munitions arrivent plus rarement de Maroc.


— — 187<br />

« L'émir est embarassé pour subvenir aux frais des Menas-<br />

« ser (1) (frontière de l'ouest), tribu qui est en guerre avec le<br />

« khalifa de Tlemcen ; cela rend les communications fort diffi-<br />

« ciles avec le Maroc et j'ai déjà eu l'honneur de vous faire savoir<br />

« qu'une fraction des Angad, dès longtemps hostile à l'émir,<br />

« avait aussi inquiété les caravanes qui se dirigeaient sur Tlem-<br />

« cen.<br />

« Le recrutement des troupes régulières à pied ne rencontre<br />

« pas de moindres obstacles. On engage de force dans les tribus<br />

« qui ne peuvent se révolter à cause de leur faiblesse.<br />

« En somme, les Arabes sont déjà fatigués de la guerre ; les<br />

« tribus de la province d'Oran sont effrayées de ce qui s'est<br />

« passé dans le haut Chélif et craignent de se voir poursuivies<br />

« comme viennent de l'être celles qui, trop confiantes aux paro-<br />

« les des khalifas, étaient restées près de nous. Il y a une parole<br />

« prononcée sur les bords du Chélif, à la vue des moissons embra-<br />

« sées, qui se répète aujourd'hui sous toutes les tentes : il faut<br />

« que cela finisse d'une manière ou d'une autre.<br />

« Abd el-Kader lui-même paraît comprendre ainsi sa position<br />

« et sa pensée semble trahie par le bruit qu'il fait répandre que<br />

« les chrétiens lui demandent la paix ».<br />

La situation de l'Algérie me paraît satisfaisante sous tous<br />

les rapports ; à l'ouest, les tribus qui avaient fui Abd el-Kader<br />

demandent la paix et tremblent devant nos colonnes ; à l'est,<br />

notre domination s'affermit ; les tribus apprennent à connaître<br />

notre civilisation, à apprécier la justice de notre administration.<br />

La population européenne augmente, une confiance entière dans<br />

l'avenir du pays se montre partout. J'ai la certitude que, pendant<br />

l'année qui va commencer, de nouveaux progrès se feront remar<br />

quer partout. (2).<br />

90<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

__ __<br />

^ décembre 1840<br />

J'apprends avec la douleur la plus vive que, pendant le mois<br />

d'octobre dernier, il est mort dans les hôpitaux de l'Algérie, celui<br />

(1) Béni Snassen.<br />

(2) [Archives de la guerre, H.M.A. VIII, p. 267].


-188-<br />

de l'Arouch non compris, 10 officiers et 1.598 sous-officiers et<br />

soldats.<br />

En recevant cette triste nouvelle, j'ai demandé si quelques-<br />

uns de vos rapports faisant connaître cette déplorable situation<br />

étaient parvenus ; il m'a été rendu compte qu'il n'en était arrivé<br />

aucun qui fût spécial à la situation des hôpitaux de l'Algérie et<br />

aux pertes en militaires de tous grades survenues depuis l'époque<br />

des maladies. J'ai trouvé dans votre lettre du 19 octobre dernier,<br />

une énumération totale des pertes éprouvées depuis le 1"<br />

juin<br />

par l'armée d'Afrique, mais cette lettre est relative au rappel<br />

du 2e léger et ne contient aucun renseignement sur les mesures<br />

que vous avez pu prescrire pour connaître les causes des maladies<br />

et pour en atténuer les effets.<br />

D'un autre côté, les situations des hôpitaux qui me sont<br />

adressées par l'intendant militaire de l'armée, suffisantes dans les<br />

temps ordinaires, ne me parviennent qu'à des époques périodi<br />

ques et ne contiennent que des renseignements trop généraux pour<br />

des temps calamiteux.<br />

Ne pouvant m'expliquer le silence que vous avez gardé sur<br />

cette perte affligeante éprouvée pendant le mois d'octobre, je dois<br />

supposer que quelqu'une de vos dépêches se sera égarée, car il est<br />

impossible que votre sollicitude n'ait été profondément éveillée<br />

par les rapports journaliers qui ont dû vous être faits sur l'état<br />

des troupes sous vos ordres, soit en santé, soit en maladie.<br />

Quoi qu'il en soit, je ne dois pas ignorer ce qui se passe dans<br />

les hôpitaux et il doit m'être rendu compte des pertes journalières<br />

qui surviennent. Ces pertes ont été malheureusement trop consi<br />

dérables pour que vous n'ayez pas cherché à vous rendre compte<br />

des causes qui ont pu les amener ; vous avez dû examiner si elles<br />

provenaient du manque de soins ou de moyens, des fatigues de la<br />

dernière campagne, de l'excessive chaleur du climat ou d'autres<br />

intempéries, de l'insuffisance de la nourriture, de la nature ou de<br />

la forme des vêtements, de l'insuffisance des établissements mili<br />

taires, de la répartition des troupes dans des postes ou des loca<br />

lités insalubres, enfin de toute autre cause, qu'il est inutile d'in<br />

diquer.<br />

Quant à l'insuffisance de la nourriture, vous m'avez déjà<br />

adressé des propositions pour modifier et augmenter l'alimenta-


189 —<br />

tion de la troupe ; je m'en occupe et je vous ferai connaître très<br />

incessamment les dispositions que j'aurai arrêtées.<br />

Cette question intéresse sans contredit la santé des troupes ;<br />

mais elle ne peut être l'unique cause des maladies qui ont frappé<br />

si généralement l'armée.<br />

Dans tous les cas, il est indispensable, monsieur le Maréchal,<br />

que je sois instruit, comme vous, de ce qui se passe dans nos hô<br />

pitaux, quant au nombre de malades qui s'y trouvent ; à la nature<br />

des maladies, aux évacuations qui se font sur d'autres localités,<br />

enfin aux pertes journalières que nous avons le malheur de sup<br />

porter, car il y a quelque chose à faire relativement à cette affli<br />

geante situation qui se renouvelle chaque année et mon intention<br />

bien formelle est de m'en occuper et d'y trouver un remède. Mais,<br />

pour le faire avec succès, vous comprendrez, monsieur le Maré<br />

chal, que j'ai besoin d'être secondé. Je ne puis donc que réclamer<br />

votre concours ; je vous le demande avec instance et je vous prie<br />

de me mettre promptement à même de prendre telles mesures<br />

que vous jugerez nécessaires pour prévenir le retour des désas<br />

tres que nous avons à déplorer chaque été, particulièrement en<br />

1840.<br />

91<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

23 décembre 1840<br />

J'ai reçu avec la lettre que vous m'avez fait l'honneur de<br />

m'écrire le 8 décembre courant, le Journal des opérations du corps<br />

expéditionnaire dans la province de Titteri du 26 octobre au 22<br />

novembre, auquel vous avez joint les plans des bivouacs qui ont<br />

été occupés par l'armée pendant cette campagne. Je vous remer<br />

cie de cette communication.<br />

Je recevrai avec intérêt la carte que vous faites dresser du<br />

territoire compris entre Médéa, Miliana et Cherchel.


-190 —<br />

92<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la Guerre Carton 259 -<br />

copie)<br />

23 décembre 180<br />

J'ai reçu avec les deux lettres que vous m'avez fait l'honneur<br />

de m'écrire le 8 décembre courant, les copies des rapports qui<br />

vous ont été adressés par MM. les généraux Galbois et Lamo<br />

ricière, ainsi que celui du colonel Tempoure, commandant à Mos<br />

taganem.<br />

Je me suis empressé de mettre cette correspondance sous<br />

les yeux du Roi et de la faire insérer dans le Moniteur. Je vois<br />

avec plaisir que la situation des provinces de Constantine et d'Al<br />

ger continue à être fort satisfaisante et que les coups de main<br />

exécutés dans la province d'Oran par le général Lamoricière et<br />

par le commandant de Mostaganem ont parfaitement réussi et<br />

que les troupes de toutes armes n'ont que des éloges à recevoir<br />

de ces deux officiers.<br />

J'aime à croire avec vous que la campagne du printemps por<br />

tera un grand coup à la puissance d'Abd el-Kader. Vous possédez<br />

tous les éléments pour mener à bien les opérations que vous en<br />

treprendrez à cette époque.<br />

93<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

23 décembre 1840<br />

J'ai reçu avec la lettre que vous m'avez fait l'honneur de<br />

m'écrire le 8 décembre courant, la copie d'une dépêche de M. le<br />

consul du Roi à Tanger à M. le général Lamoricière, faisant con<br />

naître les relations d'Abd el-Kader avec le Maroc, les ressources<br />

en munitions de guerre qu'il tire de ce pays, la situation d'Abder-<br />

Rahman et, enfin, les menées auxquelles se livre le nommé Ma-<br />

nucci, résidant à Gibraltar. Je vous remercie de cette communi<br />

cation.


— 191 —<br />

94<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

28 décembre 1840<br />

J'ai vu avec plaisir, par le rapport que vous m'avez adressé le<br />

15 du mois courant, que la province d'Alger continue à être tran<br />

quille ;<br />

qu'un convoi revenu de Blida n'a pas rencontré d'ennemis<br />

dans la plaine ; que les ouvrages de défense entrepris autour de<br />

cette ville pourront être terminés au printemps prochain.<br />

Les détails que vous me donnez sur la sortie faite par la gar<br />

nison de Médéa et sur la situation de Miliana sont satisfaisants.<br />

J'applaudis aux dispositions faites par le commandant Blangini,<br />

relativement au choix du local destiné à servir d'hôpital, ainsi<br />

qu'en ce qui concerne la culture du terrain contigu à la place de<br />

Miliana. Ce sera pour moi une bien vive satisfaction de voir se<br />

réaliser les espérances d'avenir que cette ville présente relative<br />

ment au bien-être des troupes ; l'officier qui aura procuré cette<br />

amélioration se sera acquis un très grand mérite.<br />

95<br />

De Lagau à Valée<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 128 2 -<br />

original)<br />

Tunis, le 28 décembre I840<br />

Le Brasier étant de retour de Toulon, je l'expédie, aujour<br />

d'hui, à Bône et profite de cette occasion pour confirmer à V.E.<br />

ma dernière lettre, par laquelle je l'informais de la relâche du<br />

brick sarde II Rondéllo, à bord duquel j'avais fait embarquer, le<br />

2 de ce mois, 26 chevaux. Reparti le 15, pour Alger, il a été favo<br />

risé par un vent du sud, qui l'aura probablement, mené à sa des<br />

tination. Si son capitaine exécute son projet de revenir à Tunis,<br />

je lui confierai peut-être les 20 ou 22 chevaux que j'ai achetés<br />

nouvellement.<br />

D'après mes dernières lettres de Malte, les Russes manifes<br />

taient, à Constantinople,<br />

un vif déplaisir de voir les succès des


— — 192<br />

Anglais en Syrie sans recueillir aucun profit de l'œuvre de Bru-<br />

now. Cette circonstance ne peut manquer de causer de grands<br />

embarras à l'Angleterre et de renforcer la position de la France<br />

qui, appuyée sur son épée, décidera, quand et comme Elle le vou<br />

dra, la question d'Orient.<br />

96<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 138 2<br />

copie)<br />

Alger, le 29 décembre 1840<br />

La tranquillité de la province d'Alger n'a pas été troublée<br />

depuis le dernier courrier ; quelques maraudeurs s'étant appro<br />

chés de Méred dans la journée du 26 et ayant fait feu sur un<br />

soldat isolé,<br />

un détachement du 1er<br />

régiment de chasseurs d'Afri<br />

que les a vivement poursuivis ; deux Arabes ont été tués, deux<br />

autres blessés. Deux chevaux harnachés, deux mousquetons et un<br />

sabre ont été pris. Le corps du soldat assassiné a été repris.<br />

Les travaux de l'enceinte du territoire de Blida avancent<br />

rapidement. Deux blockhaus ont été placés cette semaine sur<br />

l'arête qui ferme à l'est le bassin de la place. Dans la plaine, la<br />

partie qui s'étend du pied des montagnes à Méred sera terminée<br />

le 1"<br />

janvier. Un blockhaus a été placé au pied de l'Atlas et on<br />

prépare l'emplacement de celui qui doit protéger la prise d'eau<br />

du ruisseau des Béni Aza. A l'ouest, l'enceinte est presque termi<br />

née entre l'oued el-Kebir et le camp supérieur et l'on pousse rapi<br />

dement les travaux des maisons crénelées qui doivent flanquer la<br />

ligne. Dans les premiers jours de janvier, je ferai commencer les<br />

travaux de la ligne qui s'étend du camp supérieur à Méred. J'ai<br />

l'espoir qu'elle sera terminée à la fin de janvier.<br />

J'ai reçu de Médéa le rapport ci-joint. J'enverrai dans le cou<br />

rant de janvier une colonne mobile dans la province de Titteri.<br />

Tous les zouaves disponibles que je réunis dès ce moment à Bli<br />

da,<br />

marcheront avec cette colonne. J'ai également donné l'ordre<br />

pour que tous les objets que réclame le colonel Cavaignac lui<br />

soient envoyés. Je lui enverrai en même temps des instructions<br />

pour les travaux qui restent à faire autour de la place.


-193-<br />

Le colonel Bedeau m'adresse de Blida le rapport suivant sur<br />

la situation des tribus soumises à Abd el-Kader :<br />

« Deux hommes, que j'ai envoyés .dans l'ouest,<br />

m'ont appris<br />

« que Mohamed M'Barek était toujours au Pont du Chélif et que<br />

« El-Berkani se tenait au sud de Médéa. Us s'accordent à dire<br />

« qu'il n'y a pas de troupes régulières soit au versant sud, soit au<br />

« versant nord du petit Atlas.<br />

« Us répètent aussi qu'Abd el-Kader aurait fait publier qu'il<br />

« aurait prochainement la paix, qu'il allait s'arranger avec les<br />

« Français et que, si nos troupes se présentaient, il fallait se re-<br />

« tirer et ne pas s'opposer à notre passage.<br />

« Un de ces hommes, choisi par le hakem, a porté ma lettre<br />

« au cheikh des Soumata que le vieux Mehemet a connu intime-<br />

« ment, quand il était caïd es-Sebt. J'avais autorisé le caïd à<br />

« écrire quelques conseils à son ancien ami. Le cheikh a promis<br />

« de venir ici mardi prochain ou d'envoyer deux de ses parents<br />

« pour causer avec le hakem. S'ils viennent, je les laisserai entrer<br />

« en ville et le hakem aura la leçon faite pour ce qu'il devra dire<br />

« en conformité de vos instructions.<br />

« Les Mouzaïa ont écrit au hakem pour le prier de solliciter<br />

« près de nous un échange de prisonniers. Je crois qu'il convient<br />

« de leur répondre qu'ils n'obtiendront jamais rien de nous que<br />

« la guerre et la destruction tant qu'ils ne nous auront pas donné<br />

« des gages de leur soumission. Ces Mouzaïa sont revenus dans<br />

« leur pays et ils y cultivent surtout dans la partie de la plaine ;<br />

« ce sera une ressource pour nous au printemps prochain et aussi,<br />

« peut-être,<br />

un moyen de menace efficace.<br />

« Un des espions a été au marché des Hadjoutes à Bordj el-<br />

« Arba, il y a trouvé beaucoup de monde, de Beni-Menad surtout.<br />

« On y<br />

a parlé de la paix avec les Français et on aurait dit qu'il<br />

« fallait qu'Abd el-Kader fît la paix ou bien qu'on se rendrait<br />

« aux Français pour l'obtenir.<br />

« Les Hadjoutes ont cultivé partout ; ils ont de nombreux<br />

« troupeaux dans la plaine. Ces renseignements,<br />

« Maréchal,<br />

monsieur le<br />

sont assez acceptables et ils sont produits par deux<br />

« hommes qui ne se connaissent pas et qui n'ont pu s'entendre<br />

« pour les assimiler. Je vais remettre en course mes observateurs<br />

« afin d'être régulièrement informé.<br />

13


« P.S. —<br />

Un<br />

-194-<br />

de mes prisonniers m'a dit également qu'Abd el-<br />

« Kader avait fait publier partout qu'il allait faire tous les sacri-<br />

« fices pour avoir la paix. Si ce bruit n'est pas fondé, il indique<br />

« au moins que les Arabes souhaitent ce qu'il promet ».<br />

Le commandant supérieur de Gigelli m'annonce que l'équi<br />

page du navire la Jeune Apollonie, naufragé dernièrement entre<br />

Gigelli et Collo,<br />

a été remis au cheikh ben Azedin envoyé par M.<br />

le général Galbois dans la tribu kabyle où il était, pour réclamer<br />

les naufragés. Ils ont été conduits à Constantine.<br />

M. le lieutenant-général Galbois m'a adressé, à la date du 20<br />

décembre, le rapport dont V.E. trouvera ci-joint copie. Je vous<br />

prie, monsieur le Maréchal, de remarquer deux faits importants :<br />

le premier, l'envoi dans les tribus de soldats pour apprendre aux<br />

Arabes à cultiver la pomme de terre et le bon accueil que reçoi<br />

vent ces militaires ; en second lieu, la facilité avec laquelle les<br />

contributions rentrent : 350.000 francs provenant du hokor, ont<br />

été versés dans la caisse coloniale à Constantine seulement ; 2.776<br />

quintaux métriques de blé, 6.834 quintaux net d'orge ont été versés<br />

dans les magasins de l'Etat comme provenant de l'achour. Ces<br />

denrées représentent une valeur de près de 200.000 francs et<br />

toutes les tribus n'avaient pas encore fait leurs versements. Si, à<br />

cette somme on joint les revenus municipaux de la ville qui s'élè<br />

vent à près de 150.000 francs, on trouvera un revenu de 700.000<br />

francs pour Constantine seulement. A cette somme, il faut ajouter<br />

la valeur des versements faits à Sétif et les contributions de l'ar<br />

rondissement de Bône. Je ne crois pas exagérer en portant à près<br />

de 1 million le produit des impôts dans la province de Constantine.<br />

Le revenu montera à mesure que la tranquillité s'affermira et que<br />

notre influence grandira dans le sud. Dans l'arrondissement de<br />

Bône, le général Guingret a réuni des troupes à Guelma et il se<br />

prépare, d'après mes ordres, à punir sévèrement l'assassinat du<br />

capitaine Saget. Le bataillon espagnol (1)<br />

partie.<br />

marche avec lui en<br />

(1) 5" bataillon de la Légion étrangère. Sur ce bataillon cf. la note<br />

ci-après de l'Etat-Major général de l'armée en date du 30 novembre 1840.<br />

Composé de réfugiés espagnols, il comptait 19 officiers et 847 sous-officiers<br />

et soldats et était arrivé à Alger les 16 et 18 novembre - le rédacteur de la<br />

note signale le manque de discipline des hommes et de nombreuses déser<br />

tions. « Pour mettre fin aux désertions qui se renouvelaient chaque jour, jfai<br />

senti la nécessité d'éloigner d'Alger ce 5° bataillon qui, restant, ici, ne ten-


— 195-<br />

La situation de l'Algérie me paraît satisfaisante sous tous<br />

les rapports ; à l'ouest, les tribus qui ont suivi Abd el-Kader de<br />

mandent la paix et tremblent devant nos colonnes ; à l'est, notre<br />

domination s'affermit ; les tribus apprennent à connaître notre<br />

civilisation, à apprécier la justice de notre administration. La<br />

population européenne augmente ; une confiance entière dans<br />

l'avenir du pays se montre partout et j'ai la certitude que, pen<br />

dant l'année qui va commencer, de nouveaux progrès se feront<br />

remarquer partout. Je suis heureux, monsieur le Maréchal, d'avoir<br />

à vous présenter de semblables résultats. L'Algérie compte sur<br />

l'intérêt que V.E. lui a toujours montré et elle a la conviction<br />

que, sous votre ministère, la colonie grandira rapidement et ac<br />

querra une prospérité qui rattachera à sa consolidation tous les<br />

intérêts de la France.<br />

97<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 1382 original) (1)<br />

Alger, le 29 décembre I840<br />

V.E. me demande dans sa dépêche du 27 novembre dernier<br />

de lui faire connaître les modifications qui me semblent devoir<br />

être introduites dans les dispositions de l'arrêté du 17 février<br />

1840, portant organisation de Commissariats civils dans la pro-<br />

drait qu'à recruter les bataillons réguliers d'Abd el-Kader où se trouvent<br />

déjà une centaine d'Espagnols de la Légion. Ce bataillon est parti pour Bône<br />

sur les bateaux à vapeur le Tartare et l'Etna, les 27 et, 29 de ce mois, et<br />

j'ai recommandé à son égard toutes les mesures de la meilleure surveillance<br />

possible... Une expérience de quelques jours a suffi pour justifier les crain<br />

tes que j'avais des embarras qu'occasionnerait l'arrivée des Espagnols à<br />

l'armée d'Afrique. L'infanterie régulière d'Abd el-Kader en comprend déjà<br />

plus de 100, auxquels se joindront sans doute les 65 désertés récemment et<br />

au bout de trois jours après l'arrivée du 5° bataillon de la Légion. Ce batail<br />

lon sera, en dernière analyse, un grandi embarras beaucoup plus qu'une res<br />

source pour l'armée. Il en sera de même des 500 tirailleurs annoncés ». Archi<br />

n°<br />

ves de la guerre Carton 259 14).<br />

(1) Les observations de M. le maréchal Valée, qui font l'objet de cette<br />

méritent d'être prises en très grande considération, et ayant l'in<br />

dépêche,<br />

tention d'y donner suite je désire qu'un rapport circonstancié et motivé m'en<br />

soit fait.<br />

Note du Ministre.


-196 —<br />

vince d'Alger. Elle m'annonce, en même temps, que l'intention du<br />

gouvernement du Roi est d'apporter à cette institution un chan<br />

gement radical,<br />

en séparant les fonctions judiciaires des fonctions<br />

administratives, en créant, dans les districts, des justices de paix<br />

qui relèveront directement des tribunaux d'Alger.<br />

L'adoption de cette mesure réclamée depuis longtemps, fait<br />

penser que le gouvernement de S.M. est enfin décidé à revenir<br />

pour l'Algérie aux règles administratives posées en France par<br />

la raison commune, à renoncer, en un mot, au système excep<br />

tionnel qui a fait tant de mal au pays. La colonie, monsieur le<br />

Maréchal, vous devra un immense bienfait : elle trouvera, dans<br />

les institutions qu'elle tiendra de vous, de nouveaux motifs à la<br />

reconnaissance qu'elle conserve pour l'appui que vous lui avez<br />

constamment accordé.<br />

Lorsque le Ministère du 15 avril me consulta sur l'organisa<br />

tion des pouvoirs civils dans l'Algérie, j'exposai à M. le ministre<br />

de la guerre, dans une dépêche en date du 27 juillet 1838, les<br />

principes sur lesquels je croyais que devaient être établies les ins<br />

titutions civiles et judiciaires de la colonie. Je prie V.E. de faire<br />

mettre sous ses yeux cette importante dépêche dans laquelle je<br />

m'explique de la manière suivante sur l'organisation des premiers<br />

échelons de l'ordre administratif et de l'ordre judiciaire.<br />

« Dans la hiérarchie aministrative et judiciaire du royaume,<br />

« les premiers fonctionnaires qui apparaissent sont les maires et<br />

« les juges de paix. Ces deux institutions, à la fois paternelles et<br />

« gouvernementales, me paraissent devoir former en Afrique les<br />

« premiers échelons de la constitution du pays. Lorsque j'exami-<br />

« nerai l'organisation de l'ordre judiciaire, j'indiquerai les attri-<br />

« butions des juges de paix et je ferai connaître les points sur<br />

« lesquels il me paraît urgent d'en instituer.<br />

« Le maire, en Afrique, doit être un fonctionnaire salarié.<br />

« Les devoirs nombreux qui lui sont imposés exigent qu'il se livre<br />

« uniquement à ses fonctions et, dès lors, il doit recevoir une<br />

« indemnité pour son travail. Le gouvernement du Roi exami-<br />

« nera plus tard si, dans les grandes villes telles qu'Alger, Bône et<br />

« Oran, les fonctions de maire peuvent être confiées à l'un des<br />

« principaux habitants en bornant ses attributions à celles<br />

« qu'exercent les fonctionnaires de même ordre dans l'intérieur<br />

« du royaume ».


-197-<br />

Ces principes si simples ne purent triompher : l'ordonnance,<br />

qui intervint le 31 octobre de la même année, confondit tous les<br />

pouvoirs dans la personne des commissaires civils. L'article 3<br />

résuma leurs attributions dans les termes suivants :<br />

« Dans toutes les parties du territoire administré par l'au-<br />

« torité française, il pourra être institué des commissaires civils<br />

« ou des commandants dont les pouvoirs et le traitement seront<br />

« déterminés par notre ministre-secrétaire d'Etat de la guerre<br />

« sur la proposition du gouverneur général.<br />

« Sur les points éloignés de plus de 10 kilomètres du siège<br />

« du tribunal de la province, les pouvoirs des commissaires civils<br />

« ou commandants pourront comprendre la juridiction des juges<br />

« de paix en France, les fonctions d'officiers de police judiciaire<br />

« et de juges d'instruction et même, à raison de la difficulté et<br />

« de la rareté des communications, tout ou partie de la juridic-<br />

« tion des tribunaux civils ou de commerce en Algérie ».<br />

Le gouvernement du Roi me demanda, en me transmettant<br />

ampliation de cette ordonnance, de lui faire connaître les dispo<br />

sitions qui me paraissaient devoir être comprises dans l'arrêté<br />

d'organisation des commissariats civils. Je crus, longtemps, de<br />

voir me refuser à cette demande. Le ministre avait, dans mon opi<br />

nion, abandonné la seule voie qui pût introduire des améliorations<br />

dans l'organisation civile de l'Algérie : il avait préféré pour les<br />

services civils, comme pour l'ordre judiciaire, un système excep<br />

tionnel qui me paraissait devoir amener la confusion et je croyais<br />

qu'il appartenait à ses auteurs seuls de le développer. Je cédai,<br />

cependant,<br />

plus tard. J'indiquai les dispositions qui me parais<br />

saient pouvoir être adoptées sous l'empire de l'ordonnance du<br />

31 octobre. Ces dispositions, développées dans le département de<br />

la guerre, formèrent l'arrêté du 17 février 1840.<br />

Je dois dire que cet arrêté produisit, dans l'Algérie,<br />

une im<br />

pression fâcheuse. Personne ne s'expliqua une création qui sem<br />

blait vouloir renverser toutes les règles suivies dans le royaume.<br />

La magistrature française, d'accord sur ce point avec la magis<br />

trature africaine, s'éleva contre la réunion dans les mêmes mains<br />

des fonctions administratives et du pouvoir judiciaire : elle ne<br />

comprit pas un tribunal exceptionnel qui n'avait pas d'action<br />

pour faire exécuter ses jugements hors de son ressort : elle ne


-198-<br />

put admettre qu'un fonctionnaire civil pût connaître, comme juge,<br />

de ses propres arrêtés. Il fallut bientôt reconnaître qu'un pareil<br />

système devait être abandonné et que les deux pouvoirs devaient<br />

être distincts : c'est le but de l'arrêté que V.E. m'annonce par<br />

sa dépêche du 27 novembre. Je ne puis qu'applaudir à une me<br />

sure dictée par l'esprit de sagesse et de raison qui aurait dû cons<br />

tamment présider à la rédaction des ordonnances constitutives<br />

de l'Algérie.<br />

Lorsque le titre 3 de l'arrêté du 17 février aura disparu,<br />

quelles seront les attributions des commissaires civils ? Ces fonc<br />

tionnaires seront-ils limités aux attributions définies dans le ti<br />

tre 2 ? Pourront-ils les exercer dans toute leur étendue ? Enfin<br />

ces attributions sont-elles susceptibles d'être modifiées et enfin<br />

quels sont les changements à apporter à l'institution des commis<br />

saires civils ? En répondant à ces questions, je rétablirai les prin<br />

cipes dont je crois que l'arrêté précité s'est écarté et j'exposerai<br />

le seul système d'administration qui me paraisse applicable à<br />

l'Algérie.<br />

Je ferai, d'abord, observer à V.E. que l'arrêté du 17 février<br />

dernier n'est applicable qu'à la province d'Alger : les points de<br />

l'Algérie que la mer sépare de la capitale n'ont pas été soumis<br />

aux règles administratives qu'il prescrit : plus tard je mettrai<br />

sous les yeux de V.E., si elle me fait l'honneur de me consulter,<br />

les principes qui me paraissent devoir présider à l'organisation<br />

du pouvoir civil dans les provinces latérales du vaste territoire<br />

dont le Roi m'a confié le gouvernement.<br />

Dans mon opinion, l'institution de commissaires civils dans la<br />

province d'Alger, était inutile. La législation qui existait précé<br />

demment suffisait à tous les besoins de la population : l'arrêté du<br />

17 février a introduit un rouage de plus, une complication nou<br />

velle dans l'expédition des affaires, un pouvoir anormal, d'ail<br />

leurs, avec les autres institutions du pays. L'expérience a prouvé<br />

que les commissaires civils n'avaient d'importance réelle que com<br />

me magistrats et V.E. a reconnu qu'ils devaient perdre ce carac<br />

tère. Il reste à examiner les attributions que ces fonctionnaires<br />

conserveront lorsque le titre 3 de l'arrêté du 17 février aura été<br />

supprimé.<br />

Dès les premiers moments de la promulgation de l'arrêté, il<br />

fut reconnu inapplicable dans presque toutes les dispositions rela-<br />

'<br />

'


— — 199<br />

tives à l'administration civile. Une partie des attributions qu'il<br />

donnait aux commissaires civils appartenaient, en vertu des or<br />

donnances royales en vigueur dans l'Algérie, à d'autres fonction<br />

naires ; les autres1, dans l'intérêt du service, ont dû être déléguées<br />

à des agents spéciaux.<br />

L'expérience est le premier des maîtres, monsieur le Maré<br />

chal, et celle que l'on vient de faire des principes posés dans l'ar<br />

rêté du 17 février me paraît concluante. Je vais donc examiner,<br />

d'abord, les attributions confiées par le titre 2 de l'arrêté précité,<br />

aux commissaires civils et je mettrai sous les yeux de V.E. les<br />

mesures qui ont dû être prises pour régler l'action de ces fonc<br />

tionnaires.<br />

Le premier devoir imposé aux commissaires civils par l'arrêté<br />

précité est la tenue des registres de l'état-civil : l'article 23 ne<br />

laisse aucun doute à cet égard. Cependant il a fallu recourir à<br />

d'autres dispositions et créer, dès les premiers moments, dans les<br />

centres de population, des adjoints qui ont été spécialement char<br />

gés de recevoir les actes de l'état-civil : Il ne pouvait en être<br />

autrement : l'officier de l'état-civil doit, en effet,<br />

se trouver à<br />

portée de ses administrés : de graves inconvénients résulteraient<br />

évidemment de l'éloignement du commissaire civil s'il était char<br />

gé de cette partie de l'administration. On a dû y<br />

renoncer : les<br />

maires, qui existaient précédemment, ont pris le nom d'adjoints :<br />

l'état-civil est resté entre leurs mains.<br />

Le maire d'Alger et les commissaires civils sont chargés aux<br />

termes de l'article 21 de l'arrêté :<br />

Ie<br />

de la publication et de l'exécution des lois, ordonnances,<br />

arrêtés ou règlements.<br />

Les maires remplissaient ces fonctions antérieurement à l'ar<br />

rêté ; les adjoints les ont conservées : elles sont, d'ailleurs, dans<br />

toutes les communes du royaume, dévolues aux officiers de l'état-<br />

civil : la promptitude de la publication, l'exactitude de l'exécu<br />

tion,<br />

exigent que ces attributions soient confiées aux fonction<br />

naires qui sont en relations constantes avec la population. Le com<br />

missaire civil n'est donc,<br />

entre le sous-directeur et les adjoints ;<br />

au bien du service.<br />

sous ce rapport, qu'un échelon inutile<br />

c'est un rouage qui nuit


2°<br />

— 200-<br />

de l'exécution des mesures de sûreté générale.<br />

L'exécution de ces mesures appartient au directeur de l'inté<br />

rieur qui a sous ses ordres un commissaire central et de nombreux<br />

agents de police dont l'action s'étend dans l'enceinte et au dehors<br />

d'Alger : sur les points éloignés, elle appartient aux commandants<br />

supérieurs qui ont la force armée sous leurs ordres. Si l'interven<br />

tion des fonctionnaires civils était nécessaire, les adjoints rece<br />

vraient des instructions du sous-directeur de l'intérieur dt le com<br />

missaire civil ne serait encore qu'un échelon inutile entre ce fonc<br />

tionnaire et les adjoints.<br />

3°<br />

et 4"<br />

de la police municipale et de la police rurale.<br />

Les commissaires civils ont dû encore abandonner ces attri<br />

butions aux adjoints : la vaste étendue du district soumis à l'au<br />

torité de chaque commissaire ne permettait pas à ce fonctionnaire<br />

d'exercer une surveillance suffisante sur la population : son action<br />

aurait donc été nulle et il a fallu encore donner aux adjoints les<br />

fonctions que le commissaire civil ne pouvait remplir. Son inuti<br />

lité a été constatée une fois de plus.<br />

Je sais, monsieur le Maréchal,<br />

qu'on peut faire observer que<br />

le commissaire civil surveille les adjoints. L'objection pourrait<br />

avoir quelque force s'il n'existait pas à Alger un fonctionnaire<br />

dont la mission unique est de surveiller tous les actes des pou<br />

voirs du second ordre, de résoudre les difficultés de détail, d'ap<br />

peler l'attention du directeur de l'intérieur sur les affaires impor<br />

tantes et d'en presser la solution. Le sous-directeur de l'intérieur<br />

a été créé pour remplir cette mission et, dès lors, le commissaire<br />

civil est une superfétation.<br />

De plus graves erreurs se remarquent encore dans l'arrêté<br />

du 17 février 1840. Le même article 21 charge les commissaires<br />

civils :<br />

5°<br />

de la voirie vicinale.<br />

Les communes, dans la province d'Alger, n'ont pas de reve<br />

nus : les chemins vicinaux sont construits au moyen de fonds<br />

portés au budget colonial, leur construction et leur entretien sont<br />

confiés nécessairement aux ingénieurs des ponts et chaussées.<br />

Le chef de ce service reçoit les instructions du directeur de l'in<br />

térieur et les transmet aux ingénieurs sous ses ordres. Les com-


— 201<br />

missaires civils ne peuvent exercer sur ces ingénieurs aucune<br />

surveillance : leurs fonctions, en matière de vicinalité,<br />

se bor<br />

nent donc à transmettre les observations des adjoints au sous-<br />

directeur : celui-ci seul pourrait peut-être avoir un droit de sur<br />

veillance sur l'ensemble des travaux, si le directeur de l'intérieur<br />

jugeait convenable de le lui déléguer, mais, dans aucun cas, les<br />

commissaires civils, fonctionnaires d'un ordre inférieur, ne peu<br />

vent avoir d'action sur l'ingénieur des ponts et chaussées qui oc<br />

cupe, dans la hiérarchie, un rang plus élevé qu'eux.<br />

6"<br />

de la surveillance des biens appartenant à la colonie.<br />

J'ouvre l'ordonnance royale du 31 octobre 1838 et je trouve,<br />

article 4 :<br />

« Le directeur des finances dirige et surveille, sous les ordres<br />

« du gouverneur général, les services ci-après :<br />

« L'enregistrement et le timbre ;<br />

« Les domaines ;<br />

« Les douanes et contributions diverses, la garantie d'or et<br />

« d'argent, la vérification des poids et mesures ;<br />

« Les postes ;<br />

« Le cadastre ;<br />

« Les forêts.<br />

« Il est généralement chargé de tout ce qui concerne l'éta-<br />

« blissement, le régime, la perception et la comptabilité des con-<br />

« tributions publiques, impôts, taxes ou revenus de toute nature<br />

« quelle qu'en soit l'origine ou la destination, à l'exception de<br />

« ceux dont il est parlé en l'article 9 ;<br />

« il exerce, tant en demandant qu'en défendant, les actions<br />

« qui intéressent le domaine ;<br />

« il dirige et surveille l'administration des biens appartenant<br />

« aux corporations et établissements indigènes, de piété, de cha-<br />

« rite ou d'utilité publique.<br />

« Les mêmes dispositions sont reproduites dans l'ordonnance<br />

« royale du 21 août 1839. On y lit article 143 :<br />

« Le domaine de l'Etat et le domaine colonial, lorsque les im-<br />

« meubles ne sont pas affectés à un service public,<br />

sont adminis-<br />

« très, sous les ordres du directeur des finances, conformément


— — 202<br />

« aux règlements sur la matière, par les agents du domaine nom-<br />

« mes par le ministre de la guerre.<br />

« Les immeubles affectés à des services publics sont admi-<br />

« nistrés et gérés par les chefs des services auxquels il sont affec-<br />

« tés. Il est pourvu à leur entretien et à leur conservation sur les<br />

« fonds de ces services ».<br />

Certes, monsieur le Maréchal, si j'eusse été consulté sur les<br />

attributions à confier au directeur des finances, je ne leur au<br />

rais pas donné l'étendue qu'elles ont reçue. Je connaissais trop<br />

les règles qui doivent présider à une bonne administration civile,<br />

pour consentir à dépouiller le directeur de l'intérieur d'attribu<br />

tions qui doivent être inhérentes à sa charge. Mais, puisque les<br />

ordonnances du 31 octobre 1838 et du 21 août 1839 ont reçu l'ap<br />

probation du Roi, puisqu'elles sont mises à exécution dans l'Al<br />

gérie, toutes leurs dispositions doivent être exécutées et je ne<br />

puis, dès lors, concevoir qu'un fonctionnaire d'un rang subalterne,<br />

appartenant à la direction de l'intérieur, soit appelé à surveiller<br />

et à contrôler les actes de la direction des finances. Cette dispo<br />

sition de l'arrêté du 17 février n'a donc pu être mise à exécution.<br />

7°<br />

de la surveillance des travaux exécutés sur les fonds du<br />

budget des services coloniaux.<br />

Les travaux civils qui ne sont pas exécutés par le service des<br />

ponts et chaussées sont, jusqu'à ce jour, en trop petit nombre<br />

pour que l'application de cette disposition ait pu être faite. Elle<br />

présentera nécessairement des difficultés d'exécution et je ne<br />

doute pas que le commissaire civil ne soit encore, dans ce cas, une<br />

superfétation.<br />

L'article 24 de l'arrêté du 17 février porte :<br />

« Les propositions touchant les recettes et les dépenses à<br />

« effectuer dans les districts sont transmises par les commissaires<br />

« civils au directeur de l'intérieur de la manière prescrite par<br />

« l'article 26 ».<br />

Je commence par déclarer, monsieur le Maréchal, que je ne<br />

suis pas partisan du système financier introduit en 1839 dans<br />

l'Algérie. Dans mon opinion, les règles prescrites par l'ordonnance<br />

du 21 août ont de graves inconvénients ; l'organisation adoptée ne<br />

répond pas aux besoins de la population. Le système communal, la


— 203-<br />

division des fonds telle qu'elle a lieu en France, en fonds de l'Etat,<br />

fonds coloniaux et fonds communaux me paraît préférable sous<br />

tous les rapports et un jour, peut-être, j'appellerai l'attention de<br />

V.E. sur cette partie si importante de l'organisation de l'Algérie :<br />

mais des ordonnances royales ont consacré un autre système :<br />

tant qu'elles n'ont pas été abrogées, elles sont exécutoires et je<br />

ne puis expliquer l'article 24. Comment, en effet,<br />

un commis<br />

saire civil peut-il faire des propositions touchant les recettes au<br />

directeur de l'intérieur, lorsque l'article 4 de l'ordonnance royale<br />

du 31 octobre 1838 dit textuellement :<br />

« Le directeur des finances est chargé de tout ce qui con-<br />

« cerne l'établissement, le régime, la perception et la comptabi-<br />

« lité des contributions publiques, impôts, taxes ou revenus de<br />

« toute nature, quelles qu'en soient l'origine et la destination, à<br />

« l'exception de ceux dont il est parlé en l'article 9 ».<br />

(Cet article 9 est relatif aux tributs imposés aux populations<br />

purement indigènes).<br />

Les dispositions indiquées ci-dessus sont, en outre, confir<br />

mées par l'article 60 de l'ordonnance du 21 août 1839 qui porte<br />

§ 2, partie des recettes :<br />

« Le Budget des recettes coloniales, préparé et soumis au<br />

« conseil d'administration par le directeur des finances, com-<br />

« prend tous les impôts,<br />

« titre quelconque au profit de la colonie ».<br />

produits ou revenus réalisables à un<br />

En ce qui concerne les dépenses, les commissaires civils sont<br />

encore une superfétation, des fonctionnaires d'un ordre inférieur,<br />

lorsqu'ils ne connaissent pas les recettes, qu'ils ne peuvent em<br />

brasser l'ensemble des services coloniaux,<br />

ne peuvent qu'indiquer<br />

les besoins des localités qu'ils administrent. Ce rôle appartient,<br />

d'un autre côté,<br />

aux adjoints et le sous-directeur a nécessaire<br />

ment pour mission d'apprécier l'urgence des dépenses demandées,<br />

d'appeler l'attention du directeur de l'intérieur sur l'ordre dans<br />

lequel ces dépenses doivent être exécutées, de préparer enfin le<br />

budget des dépenses de la province d'Alger, budget que le direc<br />

teur doit ensuite réunir, après examen, à ceux des provinces laté<br />

rales pour en former le budget général des dépenses de la colonie.<br />

J'ai mis sous vos yeux, monsieur le Maréchal, les anomalies<br />

que présente l'arrêté du 17 février 1840. J'avais gardé le silence,


— 204 —<br />

jusqu'à ce jour, sur un acte du pouvoir ministériel contraire aux<br />

opinions émises par moi à diverses époques. Il a fallu, monsieur,<br />

le Maréchal, l'appel que V.E. a fait à mon expérience pour me<br />

décider à revenir sur des questions qui se rattachent au dissenti<br />

ment profond qui existe, depuis trois ans, entre la direction des<br />

affaires de l'Algérie et le gouverneur pour le Roi dans le nord de<br />

l'Afrique. Je désire que vous ne trouviez dans les observations qui<br />

précèdent que la pensée d'être utile au pays dont l'administration<br />

m'est confiée et de contribuer, avec V.E., à augmenter la puis<br />

sance et la grandeur de la France.<br />

Il me reste, monsieur le Maréchal, à soumettre à V.E. les dis<br />

positions qui, dans l'état actuel de la législation, me paraissent<br />

devoir être adoptées pour l'administration civile de la province<br />

d'Alger.<br />

La première mesure à prendre est la séparation du pouvoir<br />

judiciaire et du pouvoir civil. La division de ces deux pouvoirs<br />

en France est celle qui a été faite avec le plus de soin, qui a été<br />

entourée des formes les plus conservatrices. L'indépendance réci<br />

proque des autorités administratives et judiciaires a été posée<br />

dans toutes les lois, depuis l'Assemblée constituante, comme ga<br />

rantie donnée aux citoyens contre l'omnipotence d'un pouvoir uni<br />

que. Il était réservé à l'Algérie de donner un triste exemple de<br />

l'oubli des premiers principes de notre gouvernement et je crois<br />

qu'on ne saurait s'élever avec trop d'énergie contre une sembla<br />

ble erreur. La création de justices de paix est donc indispensable<br />

et je suis heureux de voir V.E. disposée à adopter cette mesure.<br />

La division du territoire de la province d'Alger en quatre<br />

districts me paraît devoir être maintenue : les districts forme<br />

raient des subdivisions analogues à celles des cantons dans l'in<br />

térieur du royaume : chacun d'eux serait soumis à la juridiction<br />

d'un juge de paix dont les jugements seraient, dans les limites<br />

prescrites par les lois, déférés au tribunal de première instance<br />

d'Alger.<br />

Les commissaires civils, lorsqu'on leur aura enlevé les fonc<br />

tions de juges de paix,<br />

n'auront plus qu'une importance très se<br />

condaire. J'ai déjà fait remarquer à V.E. qu'une partie des attri<br />

butions qui leur sont dévolues par le titre 2 de l'arrêté du 17 fé<br />

vrier 1840 appartiennent, en vertu des ordonnances en vigueur,


-205 —<br />

au directeur des finances : d'un autre côté l'étendue des districts<br />

n'a pas permis de supprimer, dans les anciennes communes, les<br />

officiers de l'état-civil : les adjoints ont dû, par le même motif,<br />

rester chargés de la police municipale et rurale : la surveillance<br />

de l'administration des communes appartient au directeur de l'in<br />

térieur qui a, sous ses ordres, un sous-directeur auquel il peut dé<br />

léguer toutes les fonctions qui exigent une étude spéciale des<br />

localités. Les commissaires, comme pouvoir administratif, sont<br />

donc une superfétation et je n'hésite pas à proposer leur suppres<br />

sion sur tous les points du territoire où il existe actuellement des<br />

officiers de l'état-civil.<br />

Dans mon opinion, l'article 3 de l'ordonnance du 31 octobre<br />

et l'arrêté du 17 février 1840 ont fait faire un pas rétrograde à<br />

l'organisation administrative de la province d'Alger,<br />

en faisant<br />

disparaître la commune, premier anneau de la constitution civile.<br />

La force des choses a maintenu cette institution et, quoique mu<br />

tilée, elle a lutté avec avantage contre les commissaires civils ;<br />

mais je persiste à penser que l'organisation établie par l'arrêté<br />

de M. le Comte d'Erlon, en date du 29 avril 1835, était, sous tous<br />

les rapports, préférable à celle qu'on a essayé de lui substituer.<br />

Je crois qu'il n'y a pas à hésiter et qu'il faut revenir au système<br />

qu'on a si imprudemment abandonné.<br />

A l'époque où l'organisation municipale fut créée dans l'Al<br />

gérie, le pouvoir semblait dirigé par la sage pensée de constituer<br />

la colonie sur des institutions administratives semblables à celles<br />

créées dans le royaume : l'expérience, alors, était comptée pour<br />

quelque chose ; on s'engageait dans la voie légale,<br />

avec timidité<br />

quelquefois, parce qu'on marchait sur un terrain peu connu, mais<br />

enfin,<br />

on donnait peu à peu à l'Algérie les institutions de la mé<br />

tropole et on préparait, ainsi, les éléments d'une immense pros<br />

périté. Depuis la fin de 1837, on a abandonné complètement cette<br />

voie : un régime exceptionnel, l'arbitraire le plus complet, ont été<br />

systématiquement organisés : on a recherché dans l'ancienne<br />

législation des colonies toutes les dispositions qui s'éloignaient<br />

des institutions de la métropole, en ne donnant à l'Algérie aucune<br />

des garanties que présente la législation adoptée en 1827 pour les<br />

colonies des Antilles. Mon devoir m'oblige à protester devant le<br />

Roi et devant la France contre un système qui nuit au développe-


ment de l'Algérie,<br />

— — 206<br />

qui perdrait ce pays s'il était plus longtemps<br />

maintenu. L'ordre légal, le droit commun du royaume, voilà les<br />

seuls moyens de donner à l'Algérie l'essor que la France veut lui<br />

voir prendre.<br />

Je n'attache aux mots qu'une importance secondaire et si<br />

V.E. préférait donner aux chefs de l'administration municipale<br />

le nom de commissaires civils, je n'y verrais pas de grands incon<br />

vénients. Cependant je crois le nom de maire préférable, parce<br />

qu'il représente des attributions bien définies dans le royaume.<br />

A mon avis, la division en 14 communes du territoire formant le<br />

Sahel d'Alger doit être maintenue telle qu'elle a été faite par les<br />

arrêtés des 22 avril et 23 mai 1835. Chacune de ces communes<br />

doit être administrée par un maire ou commissaire civil placé<br />

sous les ordres du sous-directeur de l'intérieur. Dans les districts<br />

de Boufarik et du Hamise on doit également créer des commu<br />

nes, dans des conditions (identiques) à celles des communes du<br />

Sahel.<br />

J'ai besoin d'indiquer ici à V.E. le système de colonisation<br />

que je crois devoir proposer pour la province d'Alger. Je ne<br />

pense pas qu'il y ait opportunité à laisser les colons s'établir iso<br />

lément dans la plaine : l'autorité doit s'occuper de la formation<br />

de tous les établissements, présider à leur organisation et défen<br />

dre aux colons de bâtir ou de cultiver en dehors des zones cou<br />

vertes par des lignes défensives L'établissement d'une colonie<br />

doit, en effet, être soumis à des conditions dont le pouvoir peut<br />

seul constater l'existence. En Afrique, il faut que les villages<br />

soient placés sur des positions saines, à portée du bois et de<br />

l'eau ; que, surtout, une sécurité complète soit assurée aux co<br />

lons sur tout le territoire livré à la culture. Ces conditions, le pou<br />

voir peut seul y pourvoir et, dès lors, à lui seul appartient la for<br />

mation des colonies. Boufarik, Belida, Koléah, sont les premiers<br />

essais de ce système : ils réussiront, j'en ai la conviction,<br />

et de<br />

nouveaux établissements formés d'après les mêmes principes ne<br />

tarderont pas à s'organiser sur les points principaux de la plaine<br />

et du Sahel.<br />

Ces colonies formeront nécessairement des communes. La<br />

commune est le premier élément de notre constitution adminis<br />

trative : le culte du clocher vit encore dans tous les cœurs et per-


-207-<br />

sonne n'ignore que les habitations particulières se multiplient<br />

rapidement autour des établissements publics, de l'église, du pres<br />

bytère, des écoles. Mais, pour que les communes grandissent rapi<br />

dement, il faut que chacune d'elles soit une des unités de l'orga<br />

nisation administrative, qu'un chef spécial soit appelé à la gou<br />

verner, que des liens étroits, des intérêts communs en unissent<br />

tous les membres. Ces considérations amènent nécessairement à<br />

confier à un maire l'administration de chacune de ces communes.<br />

J'insiste fortement, monsieur le Maréchal,<br />

ment du système communal dans l'Algérie,<br />

pour l'établisse<br />

parce que j'ai la con<br />

viction qu'il peut seul assurer la prospérité de la colonie. Etudiez<br />

attentivement l'histoire du développement de la puissance romaine<br />

dans le nord de l'Afrique : vous verrez les municipes et les colo<br />

nies s'établir partout, l'intérêt de localité grandir rapidement et<br />

devenir, dès les premiers moments, un des éléments principaux de<br />

la force du peuple vainqueur. Dans l'Amérique du nord, le même<br />

système a produit les même résultats et nous sommes obligés de<br />

reconnaître que l'esprit municipal a donné à la race anglaise une<br />

force colonisante qui envahit le monde.<br />

Les pays, au contraire, où l'unité administrative a prévalu,<br />

ont rarement prospéré : l'organisation supérieure de notre ad<br />

ministration, si convenable pour les grands travaux, serait im<br />

puissante pour les détails. La France l'a parfaitement compris et,<br />

à côté des intérêts généraux du royaume, elle a placé les intérêts<br />

départementaux et les intérêts communaux qui agissent dans un<br />

cercle plus restreint,<br />

qui interviennent dans toutes les affaires<br />

locales. Je regarde comme une faute énorme d'avoir abandonné,<br />

dans l'Algérie,<br />

ce système que l'expérience de tant de siècles<br />

avait consacré et mes efforts constants ont pour but d'y ramener<br />

le gouvernement du Roi.<br />

Je me résume, monsieur le Maréchal, et je propose :<br />

1°<br />

l'établissement de juges de paix dans les quatre districts<br />

de la province d'Alger ;<br />

2°<br />

3°<br />

la suppression des commissaires civils actuels ;<br />

la création, dans toutes les communes actuelles, d'un ma<br />

gistrat municipal, pour lequel je préfère le nom de maire et qui,<br />

cependant,<br />

de commissaire civil ;<br />

sans de graves inconvénients, pourrait porter le nom


4°<br />

— — 208<br />

la création de communes sur les points où la colonisation<br />

se développera. Ces communes seraient organisées sur les mêmes<br />

bases que les communes déjà constituées ;<br />

5°<br />

le rétablissement du sous-directeur dans ses fonctions de<br />

surveillance sur les communes rurales, en laissant, ainsi que cela<br />

a lieu dans les grandes villes du royaume, le maire d'Alger admi<br />

nistrer cette ville et traiter les affaires avec le directeur de l'in<br />

térieur.<br />

Je persiste à penser que la nomination des maires doit appar<br />

tenir au gouverneur général. Ces fonctionnaires seront choisis,<br />

autant que possible, parmi les propriétaires les plus influents des<br />

communes. Sur les points où une commune devrait être créée, le<br />

gouverneur général enverrait des hommes habiles dont la gloire<br />

serait de fonder une colonie qui devrait trouver, plus tard, dans<br />

son sein, des magistrats dignes de succéder au fondateur.<br />

Dans un pays où le temps a une immense valeur, le maire<br />

doit nécessairement être un fonctionnaire salarié. Les appointe<br />

ments des maires ne peuvent être fixés à un taux commun : ils<br />

doivent varier avec les localités, avec les obligations imposées.<br />

V.E., sur la proposition du conseil d'administration, fixerait le<br />

traitement de chacun de ces fonctionnaires. Plus tard, lorsque le<br />

conseil colonial sera organisé et qu'il aura reçu la mission d'exa<br />

miner le budget colonial, le traitement des maires sera soumis à<br />

son vote annuel.<br />

J'ajouterai, monsieur le Maréchal,<br />

arrivé d'instituer, dans l'Algérie,<br />

que le moment me semble<br />

une assemblée composée des<br />

principaux habitants et appelée, ainsi que cela a lieu dans les An<br />

tilles, à donner son avis sur les besoins et les intérêts du pays. Le<br />

complément de cette mesure sera, à une époque rapprochée, la<br />

création de conseils municipaux. L'Afrique, si ces grandes insti<br />

tutions sont créées sous le ministère de V.E., lui devra des élé<br />

ments puissants de prospérité. Je ne cesserai jamais de réclamer,<br />

pour la colonie, une organisation régulière et semblable à celle du<br />

royaume, parce que j'ai la triste expérience que le système ex<br />

ceptionnel suivi depuis trois années, malgré mes pressantes ré<br />

clamations, a d'immenses dangers.<br />

Les attributions des maires me paraissent avoir été parfai<br />

tement définies dans l'arrêté de M. le Comte d'Erlon, du 29 avril


-209 —<br />

1835. Je demande que les dispositions de cet arrêté soient remises<br />

en vigueur. Ce sera un premier pas dans la voie nouvelle où je<br />

crois indispensable d'engager l'administration de la colonie. L'or<br />

dre légal sera ainsi rétabli et il ne restera qu'à attendre du temps<br />

et du fonctionnement régulier de tous les pouvoirs de nouvelles<br />

améliorations.<br />

J'ai été sévère, monsieur le Maréchal, dans l'appréciation que<br />

j'ai faite des institutions qu'on essaie, depuis trois ans, de donner<br />

à l'Algérie. Ce devoir pénible m'était imposé par la circonstance<br />

spéciale, que ces tentatives commençaient au moment même où le<br />

gouvernement du pays m'était confié et que j'ai vainement récla<br />

mé contre un système que je crois funeste. J'ai toujours pensé<br />

qu'une colonie ne pouvait prospérer dans les conditions où on a<br />

voulu placer l'Algérie. L'expérience justifie mes prévisions : l'ins<br />

titution des commissaires civils périt, avant d'avoir atteint une<br />

année de durée ; il faut en revenir aux maires et créer des juges<br />

de paix. L'organisation judiciaire, contre laquelle je me suis élevé,<br />

dès 1838, est aujourd'hui attaquée de toute part et elle périra,<br />

malgré les efforts qu'on fait pour la soutenir. Pour l'ordre judi<br />

ciaire, pour l'organisation administrative, il faudra nécessaire<br />

ment en venir à la constitution adoptée pour le royaume : on peut<br />

encore faire des essais semblables à ceux qui ont si mal réussi,<br />

mais toutes ces tentatives viendront se briser devant les faits,<br />

devant la froide raison des hommes d'Etat et la France entière<br />

comprendra que l'ordre légal du royaume, le droit commun des<br />

Français,<br />

sauf les rares exceptions amenées par l'état de guerre,<br />

peuvent seuls assurer la prospérité de l'Algérie,<br />

car les colonies,<br />

comme la métropole, ne peuvent exister qu'appuyées sur de gran<br />

des institutions et à l'abri de l'arbitraire et des utopies.<br />

98<br />

Valée à Soult<br />

(Girod de l'Ain le maréchal Valée, p. 318 note)<br />

Alger, le 29 décembre 1840<br />

Je vous prie de me permettre de faire auprès de vous une<br />

démarche personnelle pour prévenir toute interprétation erronée<br />

14


— — 210<br />

de ma correspondance officielle avec le département de la guerre.<br />

Ma position vis-à-vis de V.E. est parfaitement simple ; personne<br />

n'a le droit de penser que je puisse hésiter à exécuter les ordres<br />

que vous m'adressez. Depuis près de cinquante ans, je suis habi<br />

tué à voir V.E. à la tête de l'armée ; j'ai sollicité plusieurs fois<br />

l'honneur de commander l'artillerie de son armée et je suis prêt<br />

encore à me placer sous ses ordres dans toutes les circonstances.<br />

D'un autre côté, j'ai reconnu dès les premiers jours de la forma<br />

tion du ministère que vous présidez, une bienveillance particulière<br />

dans les dépêches, j'ai la conviction que mes vœux et mes opinions<br />

sur l'Algérie sont partagés par V.E. et j'ai l'espoir fondé que la<br />

prospérité de l'Afrique française grandira sous son administra<br />

tion. Mais entre nous vient toujours se placer le système que la<br />

direction des affaires d'Algérie veut faire prévaloir depuis trois<br />

années. Mon devoir, Monsieur le Maréchal,<br />

m'oblige à protester<br />

contre des institutions que je crois dangereuses. A cet égard, je<br />

me suis prescrit la règle suivante : garder le silence lorsque le<br />

gouvernement du Roi me transmet des ordres positifs ; dire la<br />

vérité tout entière, lorsque V.E. me fait l'honneur de me consul<br />

ter. Je vous prie d'approuver cette ligne de conduite et de ne pas<br />

voir, dans le jugement sévère que je porte sur des actes qui sont<br />

soumis à mon appréciation,<br />

une pensée d'opposition à un minis<br />

tère avec lequel je veux rester parfaitement uni.<br />

Dans mon opinion, les institutions de la colonie doivent se<br />

rapprocher, autant que possible de celles du royaume. Je repousse<br />

comme dangereuses les innovations qu'on veut tenter d'introduire<br />

dans la constitution du pays ; je n'approuve pas le jugement par<br />

un seul, le roulement et tant d'autres anomalies que je remarque<br />

dans l'organisation judiciaire. Je blâme la réunion de tous les<br />

pouvoirs entre les mains des commissaires civils ; je déplore la<br />

suppression du système municipal et l'exclusion complète du pays<br />

dans l'appréciation de ses besoins et de ses intérêts. En un mot,<br />

je veux que l'expérience de la France profite à la colonie et que<br />

l'Algérie ne soit pas une terre de tentatives et d'essais toujours<br />

dangereux. La direction de l'Algérie pense,<br />

au contraire, qu'en<br />

Afrique, tout doit être exception ; que les noms comme les choses<br />

doivent être différents de ceux adoptés dans le royaume. Je crois<br />

que personne ne connaît le pays mieux que moi,<br />

que personne n'a<br />

un intérêt plus grand à sa prospérité et je dois nécessairement


-211-<br />

souffrir, plus que tout autre, des fautes que j'ai vu commettre et<br />

dont la France pourrait me reprocher d'avoir été l'instrument.<br />

J'ose espérer, Monsieur le Maréchal,<br />

que vous ne verrez dans<br />

la démarche que je fais aujourd'hui, qu'une preuve de la confiance<br />

que j'ai dans les sentiments que vous m'avez toujours montrés et<br />

un témoignage du dévouement que je conserverai toujours pour<br />

V.E.<br />

99<br />

Le Ministre de la Guerre à VaZée<br />

(Girod de l'Ain le maréchal Valée -<br />

p. 317)<br />

Paris, le 29 décembre 1840<br />

Monsieur le Maréchal, le Roi, cédant au vœu que vous avez<br />

plusieurs fois exprimé de cesser vos fonctions de commandant en<br />

chef de l'armée d'Afrique et de gouverneur général de l'Algérie,<br />

m'a donné l'ordre de vous autoriser à rentrer en France. Le lieu<br />

tenant-général Bugeaud est destiné à vous succéder dans le com<br />

mandement de l'armée et dans les fonctions de gouverneur.<br />

Vous devez croire, Monsieur le Maréchal,<br />

au sentiment de<br />

vif regret que j'éprouve à vous transmettre les intentions aux<br />

quelles S.M. s'est arrêtée de l'avis de son conseil. Le Roi et le<br />

cabinet tout entier apprécient l'importance des services que vous<br />

avez rendus depuis trois ans dans l'exercice d'un commandement<br />

difficile et au milieu de circonstances très délicates ; je vous en<br />

témoigne particulièrement toute la reconnaissance de S.M. ; je<br />

n'ose y ajouter la mienne, mais soyez assuré que j'en suis profon<br />

dément pénétré.<br />

Si vous croyez devoir partir d'Alger avant l'arrivée de votre<br />

successeur, vous remettrez le commandement des troupes au lieu<br />

tenant-général Schramm et prescrirez, dans l'ordre administratif,<br />

les mesures nécessaires pour que les services publics ne demeu<br />

rent sur aucun point en souffrance. Vous ferez en même temps la<br />

remise des pièces et documents relatifs aux fonctions militaires<br />

et politiques que vous avez remplies afin que votre successeur<br />

intérimaire ou le général Bugeaud, à son arrivée, se trouve saisi,


— 212-<br />

en prenant les fonctions, des renseignements quelconques qu'A<br />

doit posséder dans ses nouvelles attributions. J'écris dans le même<br />

sens à M. le lieutenant-général Schramm, mais je laisse sa lettre<br />

sous votre couvert, afin que vous la lui fassiez parvenir,<br />

si vous<br />

vous déterminez à partir avant l'arrivée du lieutenant-général<br />

Bugeaud.<br />

Je vous exprime de nouveau, Monsieur le Maréchal, mes re<br />

grets de voir cesser des relations dont je sentais tout le prix et<br />

dont j'aurais voulu de tout mon cœur, pouvoir prolonger la durée.<br />

100<br />

Résultats de la campagne et situation générale<br />

Préliminaire. —<br />

(Archives du Gouvernement Général, E. 139 2)<br />

La<br />

Alger, le 31 décembre I84O<br />

situation nouvelle et périlleuse que la<br />

rupture inopinée de l'état de paix en novembre 1839 faisait à notre<br />

établissement, l'échec qu'aurait reçu l'influence française si une<br />

agression préparée de longue main et étendue à toutes les pro<br />

vinces fût demeurée impunie, tout devait porter le gouvernement<br />

à prescrire les mesures exigées par les circonstances. Sans atten<br />

dre le vote législatif qu'il provoqua aussitôt qu'il lui fut possible<br />

de le faire, il envoya à l'armée d'Afrique des renforts considéra<br />

bles. L'artillerie, le génie, les transports militaires, le service des<br />

hôpitaux, reçurent en même temps l'extension reconnue néces<br />

saire. Les approvisionnements de guerre et de bouche furent réu<br />

nis. Tout, en un mot, fut disposé pour pousser la guerre avec vi<br />

gueur dès que la saison le permettrait.<br />

Les Chambres ont sanctionné les dépenses résultant de ces<br />

mesures prises d'urgence sous l'empire d'impérieuses nécessités.<br />

La loi du 17 juin 1840 a ouvert les crédits nécessaires pour y<br />

faire face d'après des prévisions qui ont été un peu dépassées.<br />

La commission demande maintenant à connaître quels résul<br />

tats ont été obtenus par l'emploi des ressources tant ordinaires<br />

qu'extraordinaires mises à la disposition du département de la<br />

guerre.


— 213 —<br />

On croit ne pouvoir mieux remplir le vœu exprimé à ce sujet<br />

qu'en exposant succinctement la situation au I"<br />

janvier 1840,<br />

les projets que le gouverneur général avait annoncés pour les<br />

campagnes de printemps et d'automne et enfin la situation au<br />

1"<br />

janvier 1841.<br />

Les publications officielles par insertion au Moniteur, que le<br />

ministre de la guerre a multipliées autant qu'il l'a pu, contien<br />

nent, avec tous les développements fournis par les rapports du<br />

général en chef, le récit des événements qui ont été successive<br />

ment portés à la connaissance du gouvernement et quelquefois<br />

l'indication de leurs conséquences probables. On ne peut que s'en<br />

référer à ces documents pour le détail des faits dont on présente<br />

seulement ici l'analyse fidèle.<br />

1839. —<br />

Attitude de l'ennemi dans la province d'Alger à la fin de<br />

Aux<br />

derniers jours de 1839, les Arabes qui avaient en<br />

vahi le territoire d'Alger s'étaient, il est vrai, éloignés de nos<br />

postes, mais leurs masses remplissaient encore les versants sep<br />

tentrionaux des montagnes les plus voisines. La plaine étaSt<br />

dépeuplée d'Européens dont les habitations avaient été détruites.<br />

Des partis ennemis se glissaient à la faveur des plis du terrain<br />

jusqu'au voisinage d'Alger ; nulle part la campagne n'était sûre<br />

et les communications d'un poste à l'autre ne s'effectuaient plus<br />

que par des colonnes. Les troupes, jusqu'à l'arrivée des renforts<br />

demandés pour pouvoir reprendre l'offensive, gardaient soigneu<br />

sement les positions qu'elles occupaient ; toutefois divers enga<br />

gements avaient eu lieu sur plusieurs points et les Arabes avaient<br />

été toujours repoussés. Le 31 décembre, l'infanterie régulière<br />

d'Abd el-Kader et 1.500 de ses cavaliers avaient été complètement<br />

défaits. Mais ces rencontres n'étaient pas et ne pouvaient pas<br />

être décisives et il devenait évident que l'émir serait gravement<br />

affaibli,<br />

sinon détruit, seulement par une suite d'opérations com<br />

binées qui emprunteraient une puissante assistance à une politi<br />

que persévérante autant qu'habile.<br />

I. —<br />

Opérations<br />

militaires<br />

Situation générale de l'Algérie. —<br />

le 15 décembre,<br />

La<br />

division d'Oran, dès<br />

avait eu à soutenir à Mostaganem et à Mazagran<br />

des attaques très vives. Les forces, que montrait l'ennemi dans


-214 —<br />

cette province, étaient assez considérables pour que de nouvelles<br />

troupes dussent être dirigées de ce côté, non pour prendre immé<br />

diatement l'offensive, mais pour résister avec succès dans les posi<br />

tions occupées à une agression qui n'avait en aucun temps été plus<br />

menaçante.<br />

Dans la province de Constantine, les intrigues de l'émir<br />

avaient pénétré la Medjana et la zone méridionale. Le Zab, le Djé<br />

rid, le Sahara, le pays entre les Portes de Fer et Sétif étaient ou<br />

exploités ou dominés par des lieutenants de l'émir et nos khalifas<br />

ne pouvaient sans assistance leur disputer le commandement. La<br />

frontière orientale était agitée par la présence d'Ahmed Bey à<br />

qui il restait quelques partisans et par la turbulence de quelques<br />

tribus puissantes. Les Kabyles ne laissaient reposer ni Bougie, ni<br />

Djigelly. Le contre-coup de la question d'Orient semblait même<br />

se faire sentir dans les mouvements de troupes assez mal expli<br />

qués alors qu'ordonnait dans ses Etats le bey de Tunis.<br />

C'était donc partout la guerre ou une situation voisine d'hos<br />

tilités réelles.<br />

Projets de campagne du maréchal Valée en 1840. —<br />

Dans<br />

un<br />

tel état de choses et vers la fin du mois de janvier, le gouverneur<br />

général communiqua ses projets pour la campagne qui allait s'ou<br />

vrir. Il déclarait que la destruction d'Abd el-Kader n'était pas une<br />

œuvre qui pût être accomplie rapidement et qu'une campagne ne<br />

suffirait pas pour la consommer.<br />

Il proposait pour 1840 :<br />

1° — de<br />

refouler et anéantir les Hadjoutes,<br />

rait la prise de possession de Cherchel ;<br />

2° — l'occupation<br />

ce qui entraîne<br />

de Médéa et Miliana avec la construction<br />

d'une route conduisant de la plaine de la Mitidja dans la vallée du<br />

Chélif ;<br />

3° — d'opérer<br />

ensuite dans cette vallée même, de manière à<br />

détruire les établissements nouveaux de l'émir et à donner la<br />

main à la division d'Oran. Les deux premières parties du projet<br />

devaient s'exécuter avant les chaleurs, la troisième en automne.<br />

On pouvait, dans le cours de cette dernière, être par, la faveur des<br />

circonstances, déterminé à marcher sur Mascara, mais, dans tous<br />

les cas, toute opération sur Tlemcen devait être ajournée au prin-


-215 —<br />

temps de 1841. La division de Constantine ne devait pas rester<br />

inactive non plus que celle d'Oran. La première se porterait sur<br />

Sétif où, indépendamment de la protection qu'elle assurerait à la<br />

Medjana, en tenant en échec le khalifa de l'émir, elle contiendrait<br />

peut-être les auxiliaires que l'émir pourrait trouver pendant la<br />

guerre dans la province de Titteri. La seconde, presque immobile<br />

jusqu'à l'automne, entrerait en ligne au mois de septembre et,<br />

s'appuyant sur Mostaganem, porterait la guerre au sud du Chélif,<br />

au cœur même de la puissance et des richesses de l'ennemi, pen<br />

dant qu'une autre division française, ayant Miliana pour base<br />

d'opérations, descendrait le cours du fleuve, parcourrait un pays<br />

fertile et peuplé et viendrait communiquer avec les troupes ve<br />

nues de Mostaganem.<br />

Les diverses parties de ce plan obtenaient, au commence<br />

ment de février, une approbation à peu près entière. Le ministre<br />

de la guerre pensait qu'on devait faire à l'émir une guerre patien<br />

te et opiniâtre et qu'il était désormais impossible de traiter avec<br />

lui. Il fallait l'atteindre dans les lieux où il avait fixé ses princi<br />

paux établissements, sans se croire pour cela obligé de les occuper<br />

d'une manière permanente. Les troupes et les autorités françaises<br />

devaient être placées seulement dans des centres militaires ou<br />

commerciaux en nombre fort limité et choisis sur une ligne tracée<br />

parallèlement au rivage de Constantine à Tlemcen. La garnison<br />

des villes occupées devait être assez considérable pour fournir<br />

une colonne de 3 à 4.000 hommes afin de contenir et châtier au<br />

besoin les tribus insoumises. Enfin il était recommandé de veiller<br />

avec la plus grande sollicitude sur la santé des soldats.<br />

L'ennemi, qui ne s'était pas montré dans la Metidja depuis<br />

le combat du 31 décembre, y reparut à la fin de janvier. Dans la<br />

nuit du 28 au 29, il s'était établi près de Blida ; la garnison de<br />

cette ville le rejeta dans les montagnes après un engagement assez<br />

vif.<br />

— Défense de Mazagran. En même temps, la division d'Oran<br />

était sérieusement menacée. 12.000 Arabes se portèrent sur le<br />

petit poste de Mazagran, dépendance de Mostaganem. 123 hom<br />

mes y firent une résistance héroïque et, après avoir causé des<br />

pertes considérables à l'ennemi, le forcèrent à la retraite. Le<br />

28 mars, les spahis d'Oran et un bataillon du 1"<br />

de ligne soute-


naient — en avant de Messerghin —<br />

-216 —<br />

un brillant combat à la suite<br />

duquel le khalifa Bou Hamedi avec plusieurs milliers de cavaliers<br />

s'éloignait et se retirait du côté de Tlemcen.<br />

Les préparatifs des opérations militaires dans la province<br />

d'Alger s'avançaient pendant que les Arabes se bornaient à quel<br />

ques fugitives apparitions.<br />

Prise de Cherchel. —<br />

Le<br />

corps expéditionnaire se mit en<br />

marche le 12 mars. Le 16, il prenait possession de Cherchel aban<br />

donné de ses habitants et, après avoir une seule fois rencontré<br />

et repoussé l'ennemi, rentrait, le 21, dans ses positions de Blida<br />

et de Coléa.<br />

Le 17 avril, le gouverneur général, en personne, se porta avec<br />

5 bataillons et un escadron sur le camp du Fondouk que les Ara<br />

bes menaçaient. On les aperçut, le 19, déployés sur les hauteurs<br />

qui dominent l'oued Kaddara, mais ils ne tardèrent pas à s'éloi<br />

gner par des chemins où il fut impossible de les suivre.<br />

— L'armée se met en marche sur Médéa. La prise de Médéa<br />

et de Miliana étant résolue, l'armée s'ébranla, le 25 avril, pour<br />

l'effectuer. Les chefs revêtus par l'émir du titre de beys de ces<br />

deux villes étaient à la tête des troupes qu'Abd el-Kader nous<br />

opposait et ce devait être pour eux un notable échec que de ne<br />

pouvoir empêcher l'occupation par les Français des seules villes<br />

que l'ennemi tînt encore dans les provinces d'Alger et de Titteri.<br />

L'ennemi plusieurs fois aperçu et abordé parvint toujours à se<br />

dérober à la poursuite ; néanmoins dans les journées des 27 et 29,<br />

il éprouva des pertes assez considérables.<br />

Mais, pendant que le général en chef s'étudiait à l'atteindre<br />

et à rechercher les plus faciles chemins pour passer les monta<br />

gnes qui séparent la Métidja de la vallée du Chélif, les Arabes<br />

attaquaient Cherchel avec des forces supérieures. Dès le 30, le<br />

maréchal Valée avait prescrit un mouvement rétrograde, il attei<br />

gnit la Chiffa le lendemain, prit position le 2 mai à la ferme de<br />

Mouzaïa et y séjourna jusqu'au 8. Le 9, il était retourné à Cher<br />

chel d'où les Arabes venaient de s'éloigner après six jours d'inu<br />

tiles tentatives pour surprendre ou forcer la garnison.<br />

Le corps expéditionnaire renforcé de trois bataillons appelés<br />

d'Oran se remettait, le 10, en marche sur Médéa, suivant, pour


-217-<br />

franchir les montagnes, la seule route pratiquée jusqu'alors. L'en<br />

nemie avait cherché à inquiéter notre marche et on avait à se dé<br />

fendre de ses attaques en tête et en queue.<br />

Passage du Ténia de Mouzaïa. —<br />

L'armée<br />

trouva le col de<br />

Mouzaïa, qu'elle gravit le 12 mai, défendu par un grand nombre<br />

de redoutes dont quelques unes armées de canons. Ces redoutes<br />

furent enlevées après une vigoureuse défense. L'ennemi resta<br />

constamment en vue.<br />

— Occupation de Médéa. Il<br />

fallut, le 16, le chasser du bois des<br />

Oliviers où il s'était établi sur là pente sud. On le vit encore,<br />

le 17,<br />

prendre position à petite distance de Médéa dont il ne dis<br />

puta pourtant pas l'entrée et que nous trouvâmes complètement<br />

évacué. Une garnison de 2.400 hommes fut laissée dans cette ville<br />

d'où le maréchal Valée partit le 20. Chassés de la position qu'ils<br />

avaient voulu occuper le 17, les Arabes s'étaient portés sur la<br />

route de Miliana, prévoyant que l'armée française continuerait<br />

ses opérations de ce côté. Mais la possibilité d'un retour vers la<br />

base d'opérations ne leur avait probablement pas échappé, car on<br />

les retrouva au bois des Oliviers où ils attaquèrent avec fureur<br />

l'arrière-garde à laquelle il fut un moment nécessaire d'envoyer<br />

des secours. Le 21, le corps expéditionnaire avait regagné la ferme<br />

de Mouzaïa.<br />

— Occupation de Miliana. Pour compléter les opérations pro<br />

jetées pendant la campagne de printemps, il restait à occuper Mi<br />

liana. Dans les premiers jours de juin, 10.000 hommes étaient<br />

réunis à Blida. Le 5, le maréchal Valée se mit en marche et, cette<br />

fois, il se dirigea par le territoire des Béni Menad sur le col de<br />

Gontas qu'il franchit le 7. La veille, un léger engagement avait<br />

eu lieu avec les Kabyles. Le 8, on était en vue de Miliana d'où<br />

s'élevait un nuage de fumée,<br />

signe de l'incendie allumé par l'en<br />

nemi, mais qui ne fit heureusement que peu de ravages. Toute la<br />

cavalerie de l'émir paraissait réunie dans la plaine ; elle se retira<br />

aux premiers coups de canon. Miliana fut occupé le soir même. La<br />

ville fut trouvée déserte comme Cherchel et Médéa.<br />

On employa trois jours à mettre Miliana en état de défense<br />

et à commencer l'installation de la garnison qui se composa de<br />

2 bataillons.


— 218 —<br />

Le 12, le corps expéditionnaire commença son mouvement<br />

en arrière. Les Arabes, ayant pour auxiliaires les Kabyles de la<br />

contrée, tentèrent de disputer le passage. Nos troupes les repous<br />

saient devant elles, tandis que l'arrière-garde leur tenait tête.<br />

L'armée marchait parallèlement à la chaîne des montagnes se diri<br />

geant sur le Ténia, par lequel, après s'être mise en communication<br />

avec Médéa, elle devait redescendre dans la plaine. Les Arabes ne<br />

cessaient de la suivre. Le 15, on marcha sur le col de Mouzaïa. Le<br />

lendemain, les attaques de l'ennemi et principalement des batail<br />

lons réguliers de l'émir furent très vives et l'engagement assez<br />

meurtrier. L'armée eut 500 hommes hors de combat ; les pertes<br />

des Arabes durent être fort considérables. Le Ténia demeura for<br />

tement occupé pendant que les blessés étaient- dirigés sur Blida<br />

et qu'on faisait venir de la ferme de Mouzaïa, où ils avaient été<br />

réunis, les approvisionnements destinés au ravitaillement de<br />

Médéa.<br />

Ravitaillement de Médéa. —<br />

Tout<br />

étant prêt, le 20, le corps<br />

expéditionnaire se porta sur cette ville où il arriva à midi. L'en<br />

nemi se montra de nouveau, au nombre de 1.500 cavaliers envi<br />

ron. Il se borna à inquiéter faiblement l'arrière-garde. Pendant<br />

que le maréchal s'occupait d'assurer la défense et les approvision<br />

nements de Médéa, 5.000 hommes étaient dirigés sur Miliana<br />

pour compléter aussi l'approvisionnement de cette place et faire,<br />

sur la route, le plus de mal possible aux Arabes. Le 20, la colonne,<br />

sous les ordres du général Changarnier, communiqua avec le com<br />

mandant supérieur de Miliana qui était venu au devant du convoi.<br />

Une attaque conduite par l'émir en personne, à la tête de toute<br />

sa cavalerie dont une partie avait mis pied à terre, fut repoussée<br />

avec vigueur. Le 24, l'ennemi était encore en vue, au nombre de<br />

5 à 6.000 cavaliers, au moment où le général Changarnier se por<br />

tait sur la rive gauche du Chélif, mais il demeura hors de portée.<br />

Le 25, l'ennemi avait avec lui un engagement sans importance.<br />

La colonne était, le 25, retournée au pied du Nador où le maréchal<br />

Valée la rejoignit. Un nouveau convoi tiré de Blida fut amené,<br />

le 30, à Médéa.<br />

Retour de l'armée dans ses cantonnements. —<br />

La<br />

chaleur ne<br />

permettant pas de continuer les opérations dans la province de<br />

Titteri, le gouverneur général se disposa à ramener ses troupes


-219 —<br />

dans le territoire d'Alger. Il fit détruire les villages et les mois<br />

sons des Kabyles de Mouzaïa, infliger un semblable châtiment aux<br />

Béni Salah ; il évacua le camp de Mouzaïa qui n'était qu'un poste<br />

de campagne, ordonna des travaux préliminaires à l'établissement<br />

d'une route qui aurait permis de tourner à l'est le col de Mouzaïa,<br />

comme on l'avait déjà tourné à l'ouest et l'armée était, le 5 juil<br />

let, rentrée dans ses cantonnements.<br />

Résultats de la campagne. — Cherchel,<br />

Médéa et Miliana<br />

occupés, le territoire des Hadjoutes balayé, les plus turbulentes<br />

tribus de la montagne atteintes et dévastées dans leurs propres<br />

foyers, l'ennemi repoussé partout où il avait essayé une résis<br />

tance, tels étaient les résultats matériels de la campagne. On es<br />

pérait de plus, que l'impuissance de l'émir à défendre ses villes<br />

affaiblirait son autorité et que l'interposition des forces françaises<br />

dans le pays au sud des montagnes, en contenant les populations<br />

jusqu'alors ennemies qui environnent la Metidja, rendrait plus<br />

difficiles, si elle ne les ruinait tout à fait, les tentatives sur la<br />

province de Constantine. Ces dernières conséquences des opéra<br />

tions consommées au printemps de 1840 ne peuvent se produire<br />

que lentement.<br />

Proposition du maréchal Valée pour la campagne d'automne.<br />

Le maréchal Valée, de retour à Alger, s'occupa immédiatement<br />

des dispositions à prendre pour la campagne d'automne. Au milieu<br />

du mois d'août, il avait arrêté ses projets qui modifiaient en plu<br />

sieurs points ses propositions antérieures à la campagne de prin<br />

temps ; ils peuvent se résumer ainsi :<br />

1° — Dans<br />

la province de Constantine, former au voisinage<br />

des Portes de Fer (Bibans) une place nouvelle, achever la soumis<br />

sion des tribus indécises, préparer pour le printemps un nouveau<br />

passage du Biban et compléter, jusqu'à cette époque, l'approvi<br />

sionnement de toutes les places.<br />

2" — Dans<br />

la province de Titteri, approvisionner pour six<br />

mois Médéa et Miliana, opérer autour de Médéa pour amener les<br />

tribus à la soumission, détruire l'établissement de Taza.<br />

3° — Dans<br />

la province d'Alger, former deux divisions mo<br />

biles, l'une couvrant le Sahel, l'autre manœuvrant dans la plaine,<br />

toutes deux combinant leurs mouvements.


4° — Transporter<br />

— — 220<br />

dans la province d'Oran le théâtre de la<br />

guerre, y former deux divisions,<br />

occuper définitivement Mascara<br />

et Tlemcen, détruire l'établissement de Tagdempt.<br />

Si ces dernières opérations réussissaient, au printemps de<br />

1841, les forces françaises seraient employées dans toute la lon<br />

gueur de la vallée du Chélif et, en partant des extrémités oppo<br />

sées, à parcourir le territoire le plus riche et le plus peuplé de<br />

l'ennemi, à l'appauvrir par tous les moyens possibles pour le for<br />

cer à une complète soumission.<br />

A ces données, sur lesquelles il demandait à connaître les<br />

intentions du gouvernement, le maréchal Valée ajoutait l'établis<br />

sement d'une route directe de Cherchel à Miliana, l'occupation de<br />

Dellys pour achever la destruction de la piraterie.<br />

Sur la communication d'un projet si vaste, le gouvernement<br />

a successivement fait connaître dans quelles limites il en pouvait<br />

autoriser l'exécution.<br />

Instructions du gouvernement. — Les<br />

rapports avec l'exté<br />

rieur ayant placé la France dans une situation nouvelle, la pru<br />

dence commandait de ne pas donner en Algérie trop d'extension<br />

aux opérations militaires. Sans doute, la guerre contre Abd el-<br />

Kader et ses partisans devait être continuée et menée à fin et il<br />

fallait prévoir, après la campagne qui allait se continuer, une<br />

campagne nouvelle en 1841, mais toutes les parties du plan com<br />

muniqué ne paraissaient pas immédiatement exécutables. En con<br />

séquence on écrivit au maréchal :<br />

1° — Il<br />

n'y a pas lieu de fonder une nouvelle place ni même<br />

un camp au voisinage des Bibans.<br />

2° — Les<br />

3° — Les<br />

projets pour la province de Titteri sont approuvés.<br />

dispositions relatives à la province d'Alger ne<br />

donnent lieu à aucune observation.<br />

4° — La<br />

campagne d'automne peut s'ouvrir sans aller à<br />

Tlemcen. On ne fondera pas d'établissement permanent à Masca<br />

ra qui sera occupé seulement pendant que l'on marchera sur Tag<br />

dempt. La route de Cherchel à Miliana est reconnue utile ; l'occu<br />

pation de Dellys sera ajournée.


tembre.<br />

-221-<br />

Ces diverses explications étaient complétées dès le 11 sep<br />

L'exécution des projets annoncés et en grande partie auto<br />

risés n'a pas été achevée ;<br />

on ne l'a qu'à peine commencée.<br />

— Dernières opérations de la campagne d'automne. Le<br />

corps<br />

destiné à opérer dans la province de Titteri s'ébranla, le 26 octo<br />

bre,<br />

et se dirigea sur Médéa avec un convoi destiné à la garnison<br />

de cette place qu'elle atteignit le 29, après une seule rencontre<br />

avec les Arabes au bois des Oliviers. L'arrière-garde fut encore<br />

attaquée au retour, le l*r<br />

novembre. Ces divers engagements<br />

n'eurent point d'importance, le terrain et les passages n'étant<br />

point sérieusement disputés.<br />

Ravitaillement de Miliana. —<br />

Le<br />

5 novembre, le maréchal<br />

Valée se remit en marche pour se porter sur Miliana ; il devait<br />

approvisionner la place pour six mois. Il espérait d'ailleurs, d'après<br />

quelques avis reçus, rencontrer l'émir qu'on disait s'être dirigé<br />

avec des bataillons réguliers vers la vallée supérieure du Chélif.<br />

La route fut prise par le col de Gontas. L'armée n'aperçut qu'une<br />

seule fois des cavaliers qui s'éloignèrent sans combat ; des Kaby<br />

les vinrent en petit nombre tirer de loin quelques coups de feu<br />

sans portée. Tout le territoire étant traversé, on arriva, le 8, dans<br />

Miliana. L'émir avait congédié ses troupes,<br />

probablement parce<br />

qu'on approchait de la saison des semailles et s'était lui-même<br />

retiré du côté de l'ouest.<br />

La place fut trouvée dans un excellent état de défense, mais<br />

la garnison avait beaucoup<br />

souffert. L'énergie des troupes et de<br />

leur chef était demeurée au-dessus des privations et des maladies<br />

et leur moral s'était soutenu dans le complet isolement où ils<br />

étaient restés durant cinq mois, ignorant même si les événements<br />

de la guerre permettraient de leur porter secours. La garnison<br />

fut relevée et l'approvisionnement effectué ; des mesures furent<br />

prescrites pour assainir la ville, faciliter la culture de ses nom<br />

breux jardins et assurer en tous points le bien-être de la troupe.<br />

Retour de l'armée et reconnaissance de l'ancienne piste ro<br />

—<br />

maine d'Aquae Calidae. Le<br />

9, le corps expéditionnaire reprit la<br />

route de Blida ; il fut divisé en trois colonnes pour mieux parcou<br />

rir le pays, châtier les tribus qui, de ce côté, bordaient la Metidja<br />

et exerçaient sur la plaine des brigandages depuis longtemps im-


— 222-<br />

punis. Les tribus kabyles des Righa et des Béni Menad furent ra<br />

vagées ainsi que plusieurs fractions des Hadjoutes. On reconnut,<br />

le 10, l'ancien poste romain de Aquae Calidae où se bifurquait la<br />

voie conduisant de Cherchel à Miliana et Médéa. Le 11, l'armée<br />

était rentrée à Blida. Les Kabyles de Béni Menad avaient, une<br />

seule fois, inquiété nos colonnes. Une autre fois,<br />

l'oued Djer,<br />

au passage de<br />

on aperçut environ 2.000 cavaliers précédés d'une<br />

ligne de tirailleurs mais on ne put réussir à les amener au combat.<br />

Approvisionnement de Médéa. —<br />

Du<br />

15 au 22 novembre, le<br />

maréchal Valée s'occupa de relever la garnison de Médéa et d'ap<br />

provisionner plus complètement cette place dans la prévision des<br />

opérations qui devaient être entreprises au printemps de 1841. Ses<br />

intentions purent s'accomplir sans incident qui mérite d'être re<br />

marqué.<br />

Opérations du général Lamoricière dans la province d'Oran.<br />

Le gouverneur général ne s'étant pas porté de sa personne dans<br />

la province d'Oran et les troupes de la division n'ayant pas reçu<br />

de renforts,<br />

on ne dut pas songer à exécuter de ce côté les opé<br />

rations qu'on avait prévues en août et septembre précédents. Tou<br />

tefois, le général Lamoricière put inquiéter au loin des tribus en<br />

nemies qui se croyaient en parfaite sûreté à grande distance de<br />

nos postes. La tribu des Béni Yacoub fut ainsi frappée à l'impro<br />

viste, le 28 octobre ;<br />

elle perdit une grande partie de ses trou<br />

peaux, de ses chameaux, de ses chevaux de guerre et cet heureux<br />

coup de main eut dans les contrées voisines un favorable retentis<br />

sement. Les Arabes ne se sentaient plus insaisissables. Le 2 no<br />

vembre, les silos des Béni Amer furent vidés, à la suite d'une<br />

marche rapide exécutée avec le même bonheur. Une troisième<br />

course entreprise, le 8 novembre,<br />

pénétra encore plus loin dans le pays,<br />

sur la droite de l'oued Tlélat<br />

en quelque sorte sous les<br />

yeux de l'ennemi, et les blés des silos de Bou Chouicha furent éga<br />

lement enlevés. Les Arabes, étonnés d'être atteints à de telles dis<br />

tances, tentèrent cette fois de s'opposer à la marche de la colonne<br />

qui retournait à Oran, mais ils furent reçus avec une telle vigueur<br />

qu'ils durent, après un combat très vif, cesser toute poursuite.<br />

Enfin, le 28 novembre, la division d'Oran se portait sur l'oued<br />

Sinan et enlevait aux Ouled Gharaba et aux Ouled Khalfa de nom<br />

breux troupeaux, 200 tentes et des prisonniers.


— — 223<br />

La garnison de Mostaganem faisait aussi, le 30 du même<br />

mois, des tentatives du même genre sur le territoire des Hachem<br />

et, si des incidents imprévus diminuèrent les résultats, l'effet fut<br />

néanmoins excellent.<br />

La division d'Oran,<br />

par l'ensemble de ces mouvements heu<br />

reux, a repris en grande partie l'ascendant qu'une longue défen<br />

sive avait compromis. L'alarme a été jetée au loin dans les tribus<br />

et doit augmenter leur hésitation à continuer une guerre qui ne<br />

peut plus que leur être dommagère.<br />

Situation de la province de Constantine. —<br />

L'année<br />

1840<br />

avait été marquée dans la province de Constantine par des événe<br />

ments qui ne sont pas sans importance. L'état de cette province<br />

ne comporte pas heureusement la guerre telle que nous la soute<br />

nons ailleurs ; mais, ainsi qu'on l'a vu plus haut, l'aspect général<br />

du pays, sur les points éloignés de la capitale, offrait plus d'un<br />

sujet d'inquiétude. Toute tentative pour troubler la paix était<br />

par cela même d'autant plus dangereuse et le châtiment infligé à<br />

propos à des dispositions hostiles équivalait à un combat heureux.<br />

Dès le mois de février, le khalifa de la Medjana, avec le con<br />

cours de plusieurs chefs de ce canton, poursuivit Ben Amar, kha<br />

lifa d'Abd el-Kader et lui fit éprouver des pertes sensibles. Les<br />

Béni Abbès, gardiens des Portes de Fer, demandèrent en même<br />

temps la faveur de commercer avec Constantine. On châtia<br />

sévèrement les tribus de Béni Saak et Béni Oualban qui avaient<br />

commis des brigandages sur la route de Constantine et les autres<br />

Kabyles du voisinage s'empressèrent de faire leur soumission.<br />

Sétif, occupé par des indigènes et des Français, commença à sortir<br />

de ses ruines. Les Amer Gharaba offrirent leur cavalerie au com<br />

mandant français pour marcher contre Abd el-Kader et leurs fa<br />

milles comme otages en garantie de leur fidélité. Les Kabyles<br />

vinrent concourir aux cultures de Guelma et recommencèrent à<br />

approvisionner Djigelli. Dans le cours du mois de mars, notre<br />

cheikh el-Arab, Bou Aziz ben Ganah, défit, dans un combat san<br />

glant, le khalifa que l'émir lui opposait dans le Djérid. Un batail<br />

lon régulier fut entièrement détruit à Selsous (80 lieues de Cons<br />

tantine) . Les armes, le drapeau furent pris et même de l'artillerie.<br />

Bientôt après (avril) les Haracta,<br />

d'Ahmed Bey, ayant attaqué des tribus amies, une colonne fran-<br />

excités par les émissaires


— 224-<br />

çaise partie de Constantine pénétra jusqu'aux extrémités de leur<br />

territoire et leur enleva une grande quantité de bétail. Les cava<br />

liers de cette tribu puissante furent culbutés et les chefs vinrent<br />

demander grâce. La tribu fut frappée d'une forte contribution<br />

qu'elle a payée. A la même époque, pour punir les Kabyles de<br />

Béni Moussa d'avoir dépouillé plusieurs habitants de Djigelli,<br />

500 hommes de troupes françaises allèrent détruire leur village<br />

et ses habitants, châtiment nécessaire qui décida nombre de chefs<br />

du voisinage à renouer des relations pacifiques avec nous.<br />

Etablissement du camp d'Aïn-Turco. —<br />

Ben Amar, lieutenant<br />

de l'émir, était revenu inquiéter Sétif... Mohammed el-Mokrani,<br />

notre khalifa... Une colonne partie de Philippeville (mai) vint au<br />

secours de ce chef indigène ; elle poussa jusqu'à Aïn-Turco, point<br />

plus rapproché de Zammoura, et où un poste fut établi. Pendant<br />

plusieurs jours, le camp d'Aïn-Turco eut à résister à diverses<br />

attaques qui demeurèrent impuissantes.<br />

Dans le cercle de l'Edough (subdivision de Bône) les mon<br />

tagnards essayèrent une attaque de nuit contre une colonne char<br />

gée de la levée du tribut ; ils furent repoussés. Ce fait contrastait<br />

avec les dispositions générales des Kabyles qui,<br />

presque partout,<br />

se montraient disposés à un rapprochement. C'est ainsi que ceux<br />

de Collo avaient, peu avant,<br />

tine. En juin,<br />

apporté leur soumission à Constan<br />

ceux qu'Abd el-Kader avait entraînés à la guerre<br />

contre nous se rangeaient sous l'autorité de notre khalifa dans<br />

la Medjana.<br />

Soumission d'un grand nombre de Kabyles. —<br />

En<br />

août, une<br />

colonne française s'étant portée du côté de Msila, au devant de<br />

quelques partisans de l'émir, était accueillie avec bienveillance par<br />

les habitants des montagnes qu'elle avait à traverser, pendant<br />

que, de la province de Titteri, beaucoup de familles émigraient<br />

dans celle, de Constantine pour habiter de préférence un terri<br />

toire régi par l'autorité de la France.<br />

Tentatives des partisans de l'émir dans le sud de la province.<br />

D'un autre côté, les Béni Abbès fermèrent les Portes de Fer au<br />

passage des partisans de l'émir. Bou Akkaz, l'un des principaux<br />

chefs de la province, offrit ses services contre l'ennemi commun<br />

août). Le moment était bien choisi car, une fois de plus, le frère<br />

d'Abd el-Kader menaçait notre khalifa, Mohammed el-Mokrani.


— — 225<br />

Un corps de troupes françaises s'avança jusqu'à quinze lieues au<br />

sud de Sétif pour soutenir nos alliés,<br />

mais l'ennemi ne put être<br />

rejoint. Pour la première fois, nos soldats, dans une reconnais<br />

sance poussée sur les montagnes qui forment la chaîne intérieure<br />

de l'Atlas, aperçurent de loin l'immense plaine du Sahara.<br />

Les troupes d'Abd el-Kader s'étant de nouveau rapprochées<br />

de Sétif (septembre) sont refoulées au loin. A l'autre bout de la<br />

province, les Haracta rapportent eux-mêmes, toutes cachetées, les<br />

provocations écrites de l'émir pour une insurrection. Les Nemen-<br />

cha attaquent et poursuivent Ahmed Bey<br />

qui trouve un dernier<br />

asile chez les Hannencha où on espère qu'il ne sera pas longtemps<br />

en paix.<br />

L'ennemi, enfin rejoint au col d'Ouled Braham, est chassé<br />

de la Medjana et se réfugie dans la partie du pays qui touche au<br />

désert. Les tentatives pour soulever les Kabyles échouent com<br />

plètement.<br />

Punition du kaïd des Righa. —<br />

Le kaïd Messaoud, des Righa,<br />

après avoir reconnu l'autorité française, avait passé à l'ennemi.<br />

Les indigènes rangés sous notre drapeau ont eux-mêmes puni<br />

cette infidélité. Le chef parjure a été complètement ruiné par une<br />

razzia dirigée contre lui ; il n'a pu sauver que sa personne.<br />

— Réparation tirée de l'assassinat du capitaine Saget. Le<br />

chef<br />

des Béni Salah de la montagne avait fait assassiner le capitaine<br />

français Saget. Un tel crime, que la trahison avait préparé, ne pou<br />

vait rester impuni. Le commandant de la subdivision de Bône a<br />

dirigé, le 22 décembre, une colonne sur la tribu coupable. La ven<br />

geance a été éclatante. La fortune du principal auteur de l'assassi<br />

nat a été détruite, l'un des complices tué, d'autres pris et mis en<br />

jugement. Un butin considérable a profité aux indigènes qui ont<br />

concouru à cet acte d'énergique répression.<br />

La tribu châtiée a demandé grâce. Elle ne lui a été accordée<br />

qu'à la condition de livrer l'assassin mort ou vif.<br />

Situation favorable de la province. — Pendant<br />

que les divers<br />

événements dont on vient d'analyser le récit se passaient dans<br />

la province de Constantine, le commandant supérieur recevait de<br />

bonnes nouvelles des points les plus éloignés. Aïn Madhi était<br />

retourné en la possession du marabout Tedjini et se repeuplait.<br />

15


-226 —<br />

Biskara demandait que le cheikh el-Arab allât,<br />

pour nous, com<br />

mander dans ses murs. Le chef de Tuggurth envoyait des assu<br />

rances amicales.<br />

Le tribut perçu sans trop de difficulté sur une portion du<br />

pays commençait à offrir quelques ressources, les premières de ce<br />

genre qu'on eût encore obtenues. Les marchés étaient presque<br />

partout fréquentés par les indigènes. Les Arabes, cultivant la<br />

terre avec sécurité, demandaient qu'on leur confiât des soldats<br />

pour leur enseigner des procédés moins imparfaits et particulière<br />

ment la culture de la pomme de terre dont ils commencent à con<br />

naître la valeur. Et enfin, nouveau rapprochement, peut-être le<br />

plus remarquable de tous, près de 400 indigènes venaient se faire<br />

vacciner à Constantine.<br />

Ces signes multipliés d'un progrès réel ne font cependant<br />

point disparaître toute cause d'appréhension dans la province.<br />

L'ouest et le sud n'ont encore qu'imparfaitement échappé aux<br />

intrigues ou à la domination de l'ennemi ; les lieutenants de l'émir<br />

y sont encore avec des forces qu'un sinistre arrivé à la cause<br />

française grossirait bien vite. Un acte de faiblesse produirait le<br />

même effet. Les Hannencha ont accordé un refuge à Ahmed Bey<br />

et cette importante tribu n'est pas encore rangée sous notre obéis<br />

sance non plus que les Nemencha. Les Haracta ont besoin d'être<br />

surveillés et maintenus. Une politique sage et prévoyante peut<br />

seule nous rallier lentement les Kabyles, sauvages, défiants et ce<br />

pendant plus propres que les Arabes à comprendre notre civilisa<br />

tion. S'il reste encore beaucoup à faire de ce côté,<br />

tant reconnaître que la situation y<br />

qu'elle ne l'a été partout ailleurs.<br />

on doit pour<br />

est relativement meilleure<br />

Les faits ainsi rappelés dans leur ordre chronologique avec<br />

l'indication de leurs résultats immédiats, il reste, pour répondre<br />

au vœu exprimé par la commission, à exprimer la situation géné<br />

rale au dernier jour de l'année qui vient de finir.<br />

IL —<br />

Situation<br />

générale (31 décembre 1840)<br />

Résultats généraux de la guerre pour les indigènes ennemis.<br />

Du côté des Arabes, la guerre s'est continuée, pendant toute l'an<br />

née qui vient de s'écouler, selon le même système de déprédation,<br />

de dévastation et d'attaques contre les individus isolés ou de fai-


-227 —<br />

bles détachements. L'émir ne défend ni le pays, ni les villes ; ja<br />

mais de rencontres sérieuses, d'engagements décisifs ; l'avantage<br />

final semble devoir être le prix de la persévérance. Malgré d'assez<br />

fréquents sinistres, il semble, à certains signes,<br />

que la barbarie<br />

s'adoucit. On ne tue plus les prisonniers, on les conserve ; on a<br />

même tenté quelques ouvertures pour des cartels d'échange.<br />

Abd el-Kader fait et continue de grands sacrifices pour orga<br />

niser des bataillons réguliers. Il y est en partie parvenu. Les dé<br />

serteurs, presque tous de la légion étrangère, servent d'instruc<br />

teurs à ses soldats qui tiennent mieux qu'autrefois devant nos<br />

troupes et se plient au commandement. L'art de la guerre est évi<br />

demment en progrès chez les indigènes non soumis et cependant<br />

ce que nous aurions à en redouter est compensé par de réels avan<br />

tages. L'ennemi est devenu plus facilement saisissable et ses corps<br />

réguliers ont beaucoup souffert en plusieurs rencontres.<br />

rielle ;<br />

Les moyens de recrutement se bornent à la violence maté<br />

ce que l'on appelle honneur est inconnu. La crainte du<br />

châtiment, la solde, l'espoir du butin, tels sont les seuls liens qui<br />

assemblent ou retiennent les troupes arabes. Actuellement, le pil<br />

lage sur nous ou nos alliés n'a guère rien qui puisse tenter et la<br />

solde ne peut être assurée qu'au moyen d'exactions pratiquées<br />

sur les non combattants dans le pays soumis à l'émir. Celui-ci ne<br />

saurait donc entretenir son armée régulière et permanente sans<br />

fouler ses partisans dans les tribus. Cet état de choses ne peut<br />

durer. L'Arabe, qui produit peu,<br />

a des besoins bornés sans doute,<br />

mais par cela même plus impérieux ; il ne peut plus les satisfaire.<br />

Aucun marché ne lui est ouvert, ni sur la côte,<br />

Fermeture des marchés. —<br />

Les villes,<br />

ni à l'intérieur.<br />

où il se pourvoyait en<br />

échange de ce qu'il y venait vendre, sont toutes entre nos mains ;<br />

la misère des indigènes est grande ; le mécontentement peut con<br />

tribuer à les désarmer.<br />

Le blocus territorial, que l'armée française maintient, est<br />

déjà efficace. Il peut et doit devenir plus rigoureux encore par<br />

une plus étroite surveillance des côtes. Quelques bâtiments de<br />

faible tonnage effectuent des chargements pour les points non<br />

occupés,<br />

entre Cherchel et Oran, entre ce dernier point et la<br />

frontière du Maroc. La contrebande serait peu dommageable si<br />

la poudre et les armes n'étaient fournies en échange par les négo<br />

ciants de Gibraltar.


— — 228<br />

Ressources qu'offre la contrebande. — Dans l'état des choses,<br />

il est difficile que ce commerce suspect soit tout à fait empêché.<br />

La guerre est encore alimentée par la connivence des autorités<br />

marocaines si ce n'est celle du chérif lui-même.<br />

Les munitions de guerre arrivent à l'émir par Nedroma et<br />

Tlemcen ainsi que par l'intermédiaire des gens de Rifa (1). Les<br />

représentations faites à Mequinez ont, de tout temps, produit peu<br />

d'effet et ce genre de fournitures se fait assez ouvertement à<br />

Tanger après avoir été traité sur la côte espagnole.<br />

On a cru que Tunis aidait aussi aux approvisionnements de<br />

guerre pour l'émir. JJ y<br />

a effectivement quelques raisons de le<br />

penser, mais le circuit est grand par cette voie et cette ressource<br />

est tout au plus utilisée par ceux des partisans d'Abd el-Kader<br />

qui disputent à nos commandants arabes l'autorité sur la Med<br />

jana et le Sahara, à l'est et au sud de Constantine.<br />

— Affaiblissement du fanatisme. Le fanatisme, réchauffé de<br />

temps à autre par les fausses nouvelles de quelque échec pour les<br />

armées françaises, ne suffira bientôt plus pour empêcher la paci<br />

fication. On le trouve partout réuni à l'intérêt ; tout seul, il serait<br />

impuissant dans la plus grande partie de l'ancienne Régence. Il<br />

n'y<br />

a guère qu'une tradition de haine religieuse qui s'affaiblira<br />

si la paisible jouissance du sol et des habitudes du culte est<br />

assurée.<br />

Du côté de Constantine, nous voyons ce phénomène s'accom<br />

plir chaque jour ; il doit naturellement s'étendre de l'est à l'ouest,<br />

selon la marche naturelle de toutes les conquêtes dans le nord de<br />

l'Afrique. L'œuvre sera plus difficile et plus lente à mesure que<br />

l'on s'approchera du Maroc, parce que, là, est un foyer de réaction<br />

contre la civilisation et le christianisme tout ensemble.<br />

Kabyles. —<br />

Les<br />

montagnards, de tout temps insoumis, ne<br />

nous reconnaîtront pas de longtemps pour maîtres, mais ils ne<br />

demandent que le repos, ne fuient que le mélange avec un peuple<br />

nouveau. Il est facile de leur donner satisfaction.<br />

Voilà des races avec lesquelles on peut faire des conventions<br />

de limites. Les Kabyles produiront pour nos ports,<br />

car ils sont<br />

industrieux ; ils y viendront acheter car ils consomment plus que<br />

(1) Le Rif.


— — 229<br />

la race arabe ; ils se civiliseront à la longue plus aisément car,<br />

ainsi que les habitants de nos montagnes, ils émigrent en tout<br />

temps pour aller travailler parmi les Européens des plaines. Il y<br />

en a eu de tout temps à Alger. Presque tous les manœuvres de<br />

Philippeville n'ont pas d'autre origine et plusieurs compagnies du<br />

bataillon d'infanterie indigène de Constantine sont composées de<br />

Kabyles.<br />

Changement de système de guerre. —<br />

La<br />

grande guerre a<br />

été reconnue sans résultat en Algérie. On s'est enfin occupé d'at<br />

teindre dans ce qu'il offrait de saisissable un ennemi qui se déro<br />

bait toujours.<br />

On a renoncé à cette ceinture de postes fortifiés qui ne pro<br />

tégeait rien, comme l'a prouvé l'irruption des Arabes en 1839. On<br />

a occupé les villes et commencé à pratiquer, dans la province<br />

d'Alger, le système qui consiste à rayonner autour de soi en par<br />

tant d'une position permanente. Ce système, qui a complètement<br />

réussi dans la province de Constantine, aurait peut-être eu le<br />

même succès dans celle d'Oran,<br />

si Tlemcen et Mascara avaient pu<br />

rester occupées. L'ennemi ainsi tenu à distance, menacé inces<br />

samment dans les seuls biens qu'il possède, les moissons et les<br />

troupeaux ; il est réellement sur la défensive et s'appauvrit cha<br />

que jour. Il se soumettra partout où il craindra qu'on arrive jus<br />

qu'à lui. Accoutumés à nous voir quitter presque immédiatement<br />

les points sur lesquels se dirigeaient autrefois nos expéditions,<br />

les Arabes s'étonnent déjà que nous demeurions à Médéa et à<br />

Miliana ; ils accusent l'émir de les avoir trompés en leur prédisant<br />

le contraire. Rien ne les frappe comme la patience et le succès et<br />

l'émir le sait bien. En plusieurs circonstances, il a tenté directe<br />

ment ou indirectement de renouer quelques négociations avec l'au<br />

torité française qui a rejeté toute ouverture de ce genre.<br />

— Ouvertures de l'émir. La<br />

paix est impossible avec ce chef<br />

qui profiterait de la trêve pour se préparer à des hostilités nou<br />

velles. On a, au contraire, saisi toutes les occasions de faire savoir<br />

qu'on ne traiterait point avec Abd el-Kader, mais qu'on recevrait<br />

avec bienveillance les chefs et les populations qui, se séparant de<br />

sa cause, demanderaient à traiter pour leur compte.<br />

Des tribus ont demandé à fréquenter nos marchés malgré la<br />

pénurie ou la cherté des denrées ;<br />

on leur a répondu que le com-


— 230-<br />

merce était un fruit de la paix et qu'on ne voulait pas en faire<br />

avec des populations insoumises. « Chassez, leur a-t-on dit, les<br />

« agents de l'émir, déclarez-vous contre lui ; vous serez avec nous<br />

« et nous avec vous ». Les tribus sont ébranlées et le succès de<br />

cette politique résolue ne saurait être fort éloigné.<br />

Accroissement des troupes indigènes à notre solde. — La<br />

cause française gagne de nouveaux défenseurs. Les troupes indi<br />

gènes à notre solde s'accroissent à vue d'œil. Leur chiffre aura<br />

presque doublé cette année et leur fidélité éprouvée s'affermit<br />

chaque jour. En 1841, nous aurons probablement 7.000 musul<br />

mans, cavaliers ou fantassins, sous nos drapeaux avec l'espérance<br />

d'un recrutement progressif et rapide.<br />

Généralement, l'occupation en s'étendant semble se consolider<br />

et le gouverneur général espérait fermement que la campagne, qui<br />

allait s'ouvrir au printemps, amènerait des événements décisifs et<br />

dissoudrait sur beaucoup de points les lignes arabes.<br />

Situation de l'occupation. —<br />

En<br />

résumé, l'occupation mili<br />

taire et politique s'est étendue, en ce sens qu'elle conserve une<br />

surface qui s'agrandit de jour en jour, mais elle est restreinte, en<br />

ce sens, qu'elle ne comprend, avec la possession exclusive de tous<br />

les ports, qu'un nombre limité de points choisis dans l'intérieur<br />

des terres et jugés dominateurs.<br />

La France n'est pas et ne doit pas être partout elle-même,<br />

soit par des soldats, soit par des agents français ; il lui suffit que<br />

son autorité directe ou déléguée soit en tout lieu présente et qu'on<br />

n'en reconnaisse pas d'autre que la sienne, là même où des indi<br />

gènes combattent et commandent en son nom. C'est la souveraine<br />

té dans sa véritable acception ; c'est, si l'on veut, la domination<br />

générale mais non pas l'occupation universelle et effective. Quel<br />

ques précisions par province peuvent n'être pas sans utilité.<br />

Province d'Alger. —<br />

Autour<br />

d'Alger, avec les territoires dont<br />

il avait été pris possession après le traité de la Tafna, nous occu<br />

pons Cherchel, Médéa, Miliana ; on travaille à assurer les com<br />

munications entre ces divers points. Les malheurs, qui ont suivi<br />

la prise de possession de Miliana, sont la conséquence ordinaire de<br />

tout nouvel établissement dans les villes moresques et même dans<br />

les lieux inhabités.


Miliana. —<br />

— — 231<br />

Les premiers occupants paient un tribut regret<br />

table à l'insalubrité et à l'absence de tous moyens de bonne ins<br />

tallation. Dès que l'établissement a pris quelque consistance et<br />

une forme européenne, les causes de maladies et de mortalité<br />

s'affaiblissent et rentrent dans les limites ordinaires. Le maréchal<br />

Valée insistait vivement pour que l'on gardât la position de Milia<br />

na dont l'abandon serait une brèche irréparable, peut-être, au<br />

système général et reculerait indéfiniment la pacification espérée.<br />

Médéa. —<br />

Médéa<br />

est en communication télégraphique avec<br />

Alger. On espère, pour pénétrer dans la province de Titteri, pou<br />

voir déterminer le tracé d'une route qui permettra d'éviter le dif<br />

ficile passage du col de Mouzaïa. Le poste militaire de Médéa<br />

sera bientôt complètement installé.<br />

Les Kabyles de l'est ont déclaré à leur chef qu'ils ne pou<br />

vaient se passer de commerce avec les Français et qu'ils force<br />

raient les passages si la défense continuait. Le chef lui-même a<br />

proposé des arrangements au gouverneur. Les ia(utres Arabes<br />

disent : « Depuis que les Français sont dans toutes les villes,<br />

« nous ne savons plus où faire réparer nos armes, nos chaussures<br />

« et les selles de nos chevaux ». De telles plaintes sont très signi<br />

ficatives.<br />

Province de Constantine. —<br />

Dans<br />

la province de Constan<br />

tine, les cercles de Bône, de l'Edough, La Calle, Guelma, Philip<br />

peville, sont soumis à l'autorité française. Les commandants fran<br />

çais y obtiennent aisément l'obéissance et le service militaire.<br />

L'immense rayon de Constantine est paisible sinon complètement<br />

soumis. Quelques châtiments infligés à propos ont agi puissam<br />

ment sur les esprits. Le souvenir du bey Ahmed est à peu près<br />

effacé. Malgré quelques démonstrations un moment suspectes, il<br />

n'y a rien à régler avec Tunis qu'une question de limites.. Sétif,<br />

fortement occupé, forme depuis peu une subdivision militaire im<br />

portante. Nos amis ont déjà paru à Biskra et doivent prochaine<br />

ment chercher à s'y établir. Zemmora et les cheikhs des Portes<br />

de Fer nous envoient ou nous apportent des paroles d'amitié et<br />

de soumission. Enfin, nous travaillons, avec l'espoir d'y parvenir,<br />

à ramener à Constantine les caravanes du Fezzan et à y rétablir<br />

les anciens rapports avec l'intérieur de l'Afrique par Ghadamès,<br />

Mourzoug, etc..


— 232-<br />

Modification probable dans les modes d'action de l'adminis<br />

— tration indigène. L'état généralement paisible de cette province<br />

réclamera peut-être des modifications assez graves dans l'exer<br />

cice de la délégation de l'autorité sur les Arabes. On s'occupera<br />

de cette importante étude.<br />

Province d'Oran. —<br />

C'est<br />

dans la province occidentale que<br />

l'occupation est la plus limitée. Elle ne comprend que la ville<br />

d'Oran avec le port de Mers el-Kébir, son annexe, et Mostaganem.<br />

Les postes sont peu avancés dans la campagne et, néanmoins, le<br />

général qui commande la division depuis quelques mois a déjà su<br />

tirer très bon parti de ses troupes. Il a exercé sur tout le terri<br />

toire arabe d'heureuses et utiles représailles. Les tribus de l'in<br />

térieur, fortement imposées et appauvries par la cessation du<br />

commerce, inclinent vers la paix. Encore contenues par les trou<br />

pes régulières d'Abd el-Kader, elles refuseront probablement<br />

l'obéissance dès que les circonstances paraissant favorables, cha<br />

cune d'elles saura qu'elle ne sera pas seule à faire sa paix avec<br />

nous. Cette paix peut aussi être obtenue par d'autres moyens et<br />

la politique fera, pour y parvenir, autant au moins que la guerre.<br />

Nos alliés, les Douairs et les Zmelas, qui nous fournissent 1.000<br />

cavaliers, ont beaucoup souffert cette année par la perte de leurs<br />

bestiaux et de leurs récoltes, mais, depuis que la division fran<br />

çaise est devenue active, ils se dédommagent aux dépens de l'en<br />

nemi. Quelque succès que les armes ou les conventions puissent<br />

obtenir, il ne faut point toutefois se dissimuler que cette partie<br />

de la Régence offre des obstacles et des difficultés bien plus gran<br />

des que partout ailleurs. La pacification n'y<br />

les progrès accomplis dans les autres provinces.<br />

III. —<br />

Colonisation<br />

suivra que de loin<br />

Population européenne. — La population européenne aug<br />

mente constamment et dans une proportion rapide. Elle était de<br />

16.500 âmes au 1" janvier 1838 ; l'année suivante,<br />

20.000 ;<br />

au 1<br />

elle dépassait<br />

janvier dernier, elle atteignait 25.000 ; actuelle<br />

ment elle doit en avoir plus de 30.000, dont 13 à 14.000 Français,<br />

9.000 Espagnols, le reste Italiens, Maltais et Allemands.<br />

Les villes d'Alger, Oran et Bône sont sorties de leurs ruines<br />

et les constructions, surtout dans la première, ont pris un déve<br />

loppement tel qu'il a fallu agrandir l'enceinte.


— — 233<br />

Philippeville, entièrement construit à neuf, a déjà 4.000 habi<br />

tants et sera bientôt un poste important.<br />

Eléments de succès préparés à la colonisation. — Cherchel<br />

est disposé pour devenir une colonie tout à fait européenne.<br />

Boufarik se peuple et s'assainit en même temps. On va<br />

essayer de coloniser Coléa avec des militaires mêlés de colons<br />

civils.<br />

Blida s'ouvre aux Européens et son territoire,<br />

autres, va être divisé entre des cultivateurs.<br />

comme les<br />

A la fin de 1841, tous ces points seront en grande partie cou<br />

verts d'habitants et de cultures et les nouveaux colons armés et<br />

organisés en milice afin de restreindre la protection militaire et<br />

de faciliter la réduction de l'effectif en même temps que la con<br />

centration des forces.<br />

Le territoire de Mostaganem est destiné à une colonisation<br />

prochaine.<br />

La colonisation sur une grande échelle se prépare dans le<br />

territoire de Bône. Des émigrations considérables s'ébranlent et<br />

les autorités les accueillent avec faveur.<br />

Le renouvellement des hostilités, il y a un an, a momentané<br />

ment suspendu les progrès autour d'Alger, mais il n'y a aucun<br />

découragement et on compte sur l'avenir.<br />

...En Afrique,<br />

101<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Archives de la guerre H.M.A. VIII -<br />

p. 269)<br />

Alger, le 5 janvier I84I<br />

l'importance des points stratégiques n'a pas<br />

le même caractère qu'en Europe. Il est évident,<br />

qu'en l'absence<br />

d'armée régulière, l'occupation de certaines positions ne peut<br />

amener les brillants résultats qui, en Europe,<br />

riorité d'un peuple sur un autre,<br />

constatent la supé<br />

mais il n'en reste pas moins dé<br />

montré, que les positions géographiques ont évidemment une in-


— — 234<br />

fluence immense sur le succès des opérations. En Afrique, comme<br />

en Europe, les montagnes ne peuvent être franchies que par un<br />

petit nombre de passages ; l'occupation de ces points est donc<br />

indispensable et il importe, avant de commencer une campagne,<br />

de les bien connaître et de s'en assurer la possession, lorsque cela<br />

est possible...<br />

...La guerre, en Algérie, ne nourrit pas la guerre ; il faut<br />

porter avec soi tous les approvisionnements nécessaires aux sol<br />

dats, mais les moyens de transport ont une limite étroite et, audelà<br />

d'un certain nombre, les mulets deviennent un immense em<br />

barras et rendent même impossible toute opération qui demande<br />

de la promptitude et de la vigueur. L'armée est donc obligée de<br />

former, de distance en distance, des établissements pour y dépo<br />

ser ses magasins.<br />

L'Afrique française est formée de deux chaînes de monta<br />

gnes sensiblement parallèles ; deux systèmes de vallées se trou<br />

vent compris entre ces chaînes et le littoral. Cette configuration<br />

avait commandé l'occupation romaine. Ce peuple habile avait oc<br />

cupé tous les ports de la côte d'Afrique de Carthage, au fleuve<br />

Malva (1). Il avait tracé sur les plateaux qui séparent les deux<br />

chaînes de l'Atlas,<br />

une longue voie dont tous les points étaient<br />

occupés par d'importants établissements de chacun desquels par<br />

tait une voie secondaire qui aboutissait au port le plus voisin.<br />

Tous les établissements que j'ai fondés dans la province de Cons<br />

tantine ont été dictés par la pensée de refaire l'occupation ro<br />

maine. C'est le système que je veux appliquer dans l'ouest.<br />

...La France,<br />

pour être forte, en Algérie, a besoin, quoiqu'on<br />

puisse dire, d'étendre au loin sa domination, de menacer les Ara<br />

bes sur un grand nombre de points. Je ne pourrai jamais admettre<br />

l'occupation restreinte,<br />

par ce que l'expérience de tous les siècles<br />

prouve qu'elle est impossible et, comme je l'ai déjà dit, le seul<br />

système qui ait des chances de succès,<br />

est le développement pro<br />

gressif de notre domination par l'occupation successive de tous<br />

les points importants du pays. Cette occupation, appuyée sur des<br />

colonnes habilement dirigées, peut seule, à mon avis, amener les<br />

indigènes à la soumission et les attacher à nous par les intérêts<br />

commerciaux et les liens de l'habitude.<br />

(1) La Moulouya.


— 235 —<br />

102<br />

Valée au Ministre de la Guerre (1)<br />

Alger, le 5 janvier 184*<br />

La province d'Alger est parfaitement tranquille. Le mauvais<br />

temps a empêché de communiquer avec Médéa.<br />

Un léger engagement a eu lieu à Mostaganem ; les Arabes<br />

ont été battus.<br />

Le courrier de Constantine n'est pas arrivé.<br />

103<br />

Valée au Ministre de la Guerre<br />

(Girod de l'Ain - le maréchal Volée Pièces justificatives n°<br />

34)<br />

Alger, le 5 janvier 1841<br />

J'ai reçu la lettre que V.E. m'a fait l'honneur de m'écrire, le<br />

23 décembre dernier, pour me demander un rapport spécial sur<br />

les causes qui ont amené, pendant le mois d'octobre, la mort de<br />

10 officiers et de 1.598 sous-officiers et soldats dans les hôpitaux<br />

de l'Algérie. Ces pertes cruelles n'étaient pas imprévues et je<br />

n'avais pas vu de motifs pour en faire l'objet d'un rapport en de<br />

hors des comptes mensuels qui sont rendus à votre département.<br />

Dès longtemps j'ai appelé l'attention du gouvernement du Roi<br />

sur les causes qui amènent chaque année une mortalité déplorable<br />

dans les rangs de l'armée et je n'aurais pu que revenir, à cet<br />

égard, sur les considérations que j'ai mises, plusieurs fois, sous<br />

les yeux de vos prédécesseurs.<br />

Je commencerai, Monsieur le Maréchal, par déclarer qu'aucun<br />

reproche ne peut être adressé à l'administration de l'armée d'Afri<br />

que. Toutes les mesures ont été prises à l'avance pour que les ma<br />

lades reçussent les soins que nécessitait leur état, les ordres les<br />

plus sévères ont été donnés pour faire usage de toutes les res<br />

sources mises à la disposition de l'armée. Pour prévenir toute<br />

erreur, j'ai chargé, au commencement de la saison des maladies,<br />

(1) Dépêche télégraphique de Toulon, le 11 janvier.


— 236 —<br />

le conseil de santé de l'armée de visiter les établissements hospi<br />

taliers dans les trois provinces, d'examiner les casernes, d'indi<br />

quer les changements et améliorations qui lui paraîtraient néces<br />

saires, de donner des conseils aux officiers de santé sur le traite<br />

ment des maladies que l'expérience d'un long séjour en Afrique a<br />

permis aux chefs des services médicaux d'étudier spécialement.<br />

Cette mission a été parfaitement remplie et je me suis assuré,<br />

par moi-même à Alger et par les rapports que j'ai reçus des<br />

provinces latérales,<br />

vies. J'ajouterai, Monsieur le Maréchal,<br />

que les prescriptions du conseil ont été sui<br />

que la tenue des hôpi<br />

taux en Afrique ne laisse rien à désirer. Le fait a été constaté et<br />

V.E. peut faire mettre sous ses yeux les rapports des officiers<br />

envoyés en mission en Afrique et que j'avais autorisés à visiter<br />

les établissements hospitaliers.<br />

La mortalité du mois d'octobre n'a d'ailleurs rien qui ne dût<br />

être prévu après celle des mois d'août et de septembre. Vous re<br />

marquerez, Monsieur le Maréchal, que 70 malades ont succombé<br />

à l'hôpital de Mahon, que 251 mlades sont morts dans les hôpi<br />

taux de Médéa et Miliana. Ces pertes si cruelles étaient insépara<br />

bles des conditions de premier établissement ; elles étaient, en<br />

outre, indiquées par la présence dans les hôpitaux d'homme, bles<br />

sés dans1 les combats que les garnisons ont eu à soutenir.<br />

Le mois d'octobre est celui où, en Afrique, la mortalité est<br />

la plus considérable ; l'expérience de dix années a prouvé que,<br />

pendant ce mois, le nombre des malades diminue mais que les<br />

rechutes sont plus fréquentes et qu'elles deviennent presque tou<br />

jours mortelles.<br />

L'année 1840 a été très mauvaise ; les Arabes eux-mêmes ont<br />

éprouvé d'énormes pertes ; cependant, je ne crois pas que le chif<br />

fre de la mortalité dans nos hôpitaux ait dépassé de beaucoup les<br />

prévisions qu'il était permis de faire. En 1839,<br />

de 48.745 hommes, nous avons perdu,<br />

pour un effectif<br />

pendant le mois d'octobre,<br />

637 hommes, sans que l'armée eût été appelée à faire des opéra<br />

tions fatigantes ou périlleuses ; 1.000 hommes environ auraient<br />

donc dû succomber, en 1840,<br />

pour un effectif de 66.000 hommes,<br />

en admettant que l'armée fût restée dans les mêmes conditions.<br />

Mais les événements de la guerre ont dû nécessairement augmen<br />

ter considérablement ce nombre. J'ai déjà fait remarquer à V.E.<br />

que 251 malades avaient succombé dans les hôpitaux de Médéa et


-237 —<br />

de Miliana. Dans les autres hôpitaux de l'Algérie, la mortalité<br />

devait être nécessairement considérable ; les opérations de la cam<br />

pagne du printemps avaient donné plus de 1.200 blessés. Un cer<br />

tain nombre, après de longues souffrances, a succombé à l'entrée<br />

de l'automne. D'un autre côté, deux expéditions importantes ont<br />

eu lieu au mois de septembre et en octobre,<br />

sur Médéa et Milia<br />

na ; elles ont donné 500 blessés dont plusieurs sont morts en oc<br />

tobre des suites de leurs blessures. Enfin, les fatigues de longues<br />

et pénibles expéditions devaient nécessairement exercer une gran<br />

de influence sur le chiffre de la mortalité.<br />

Ces conditions, Monsieur le Maréchal, expliquent, sans les<br />

rendre moins déplorables, les pertes que nous avons faites ; je<br />

pense avec V.E. qu'il est urgent de prendre toutes les mesures<br />

possibles pour améliorer le sort des soldats et ma conviction, à<br />

cet égard, est formée depuis longtemps. Je vous envoie copie<br />

d'une dépêche adressée par moi à votre prédécesseur, le 30 août<br />

dernier ;<br />

elle indique les moyens de remédier aux causes inces<br />

santes de maladies que produit le climat de l'Algérie. Voici en<br />

quels termes, M. le ministre de la guerre répondait, le 24 septem<br />

bre, à cette communication :<br />

« Vous m'avez fait l'honneur de me transmettre, par votre<br />

« lettre du 30 août dernier, le rapport que le conseil de santé de<br />

« l'armée a remis à M. l'intendant militaire de l'Algérie après<br />

« l'accomplissement de la mission spéciale dont il a été chargé<br />

« dans la province de Constantine. J'ai lu attentivement les ob-<br />

« servations consignées dans ce document et dans la lettre qui<br />

« l'accompagne. J'ai déjà répondu aux propositions que vous<br />

« m'avez adressées de donner un grand développement aux cons-<br />

« tructions entreprises ou projetées et je dois répéter ici, que<br />

« Pénormité de la dépense s'oppose à ce que je l'autorise dans<br />

« les proportions que vous avez indiquées.<br />

« Une raison semblable ne permet pas de faire pour le cou-<br />

« chage du soldat toutes les dispositions que réclamerait son<br />

« bien-être, car il n'est pas possible de penser, pour le moment,<br />

« à transporter en Afrique l'immense matériel que nécessiterait<br />

« l'assiette d'un casernement établi à l'instar de celui qui existe<br />

« dans l'intérieur du royaume.<br />

« Les troupes en Afrique sont sur le pied de guerre ; les ser-<br />

« vices y sont pénibles, sans doute, mais il en est tenu compte


-238-<br />

« et ils sont récompensés avec un empressement qui témoigne<br />

« tout le prix qu'ils ont aux yeux du gouvernement. Chaque an-<br />

« née de séjour en Algérie figure comme double campagne dans<br />

« les services des militaires qui y sont employés et cet avantage<br />

« peut bien entrer en compensation d'une partie des fatigues et<br />

« des privations qu'ils ont à supporter ».<br />

Je ne puis, Monsieur le Maréchal, que revenir aux proposi<br />

tions que je faisais, il y a quelques mois au Ministère de la guerre.<br />

Le climat d'Afrique, les miasmes délétères que l'action du soleil<br />

fait surgir du sein de la terre sont les causes incontestées des<br />

maladies qui déciment l'armée et agissent, à moindre degré tou<br />

tefois,<br />

sur la population civile. Le réel moyen de prévenir ces<br />

maladies, c'est de donner au soldat un grand bien-être, de le sous<br />

traire, autant que possible, à l'action pestilentielle des marais. Il<br />

faut donc :<br />

1° — Construire<br />

et organiser complètement les hôpitaux.<br />

Sous ce rapport nous sommes en progrès. En 1841, les hôpi<br />

taux de la province de Constantine et ceux d'Oran seront termi<br />

nés et pourront recevoir des malades.<br />

A Alger, il existe un bon provisoire en bois qu'il faut songer<br />

à remplacer le plus tôt possible par des bâtiments en pierres.<br />

A Blida, Coléa, au Fondouk et à Cherchel, les hôpitaux sont<br />

parfaitement établis dans des bâtiments en pierres.<br />

A Blida, les baraques provisoires seront remplacées par des<br />

constructions définitives dès que les crédits que V.E. m'a annon<br />

cés seront accordés.<br />

La construction des hôpitaux ne suffit pas seule ; il faut en<br />

core que les malades soient établis avec tout le soin possible. Il<br />

est donc nécessaire d'augmenter le matériel de lits d'hôpitaux.<br />

Le gouvernement du Roi doit admettre que, pendant quelques an<br />

nées encore, le nombre des malades sera égal au quart de l'armée.<br />

Il faut donc indispensablement porter à 15.000 le nombre des<br />

fournitures de couchage et calculer sur le même chiffre pour tout<br />

le mobilier d'hôpital.<br />

Les malades ont besoin de soins constants et l'expérience a<br />

prouvé que le nombre des officiers de santé était insuffisant,<br />

qu'eux-mêmes étaient atteints par la maladie et que,<br />

par consé-


— — 239<br />

quent, les proportions établies pour le royaume, étaient insuffi<br />

santes dans l'Algérie.<br />

En 1840, le département de la guerre a refusé longtemps<br />

d'admettre ces principes ; il a dû cependant finir par s'y soumet<br />

tre ; il a augmenté le personnel de santé de l'armée, mais, mal<br />

heureusement, cette mesure a été tardive et elle n'a pu produire<br />

le bien que j'en espérais lorsque je la réclamais avec instance.^<br />

2° — Construire<br />

des casernes et les pourvoir du mobilier néces<br />

saire.<br />

H ne suffit pas de soigner le soldat lorsqu'il est malade ; il<br />

faut encore, pendant qu'il est en santé, s'occuper de lui de ma<br />

nière à prévenir l'invasion de la fièvre. Pour cela, il faut cons<br />

truire des casernes qui le mettent à l'abri des rosées pendant la<br />

nuit et de l'influence des miasmes qui se développent dans l'air,<br />

qui, pendant le jour, lui permettent de se soustraire à l'action du<br />

soleil brûlant de l'Algérie, qui adoucissent pour lui les brusques<br />

transitions du chaud au froid si fréquentes et si dangereuses en<br />

Afrique.<br />

Sous ce rapport nous sommes encore en progrès, mais lente<br />

ment. A Alger, à Coléa, au Fondouk, j'ai fait construire de belles<br />

casernes ; à Douera, à Boufarik, un provisoire suffisant existe.<br />

J'ai donné des ordres pour construire des casernes à Blida. Le<br />

casernement d'Oran est bon.<br />

Dans la province de Constantine, on va commencer la cons<br />

truction de casernes ; mais, si des crédits extraordinaires n'étaient<br />

pas obtenus, il faudrait un grand nombre d'années pour terminer<br />

ces travaux. Dans l'intérêt de l'Etat,<br />

mée, il y<br />

comme dans celui de l'ar<br />

a urgence à obtenir des allocations qui permettent de<br />

presser ces travaux et d'obtenir enfin pour nos soldats, des abris<br />

où ils puissent, après de pénibles expéditions, se reposer complè<br />

tement de leurs fatigues.<br />

Le service qui est le plus en souffrance, Monsieur le Maré<br />

chal, est celui des lits militaires ; nos soldats, dans presque toute<br />

l'Algérie, couchent par terre ou dans des hamacs reconnus dan<br />

gereux lorsqu'ils ne sont pas garnis d'un matelas suffisamment<br />

épais. L'homme ne peut souvent se déshabiller pendant plusieurs^<br />

mois ; il dort avec les vêtements qu'il a portés pendant la journée;,<br />

et qui sont souvent humides ou imprégnés de miasmes délétères. \^<br />

7


-240-<br />

Cet état de choses est la cause d'une partie des maladies et un<br />

prompt remède doit y être apporté. Lorsque votre prédécesseur<br />

m'écrivait qu'il était impossible d'envoyer en Afrique le mobilier<br />

nécessaire au casernement, j'ai dû me taire et attendre, mais<br />

puisque V.E. me fait l'honneur de me demander mon avis sur les<br />

améliorations à apporter au sort du soldat en Afrique, j'insiste<br />

vivement pour la prompte construction de casernes,<br />

immédiat de lits pour tous les militaires.<br />

3° — Augmenter<br />

et améliorer la nourriture du soldat.<br />

pour l'envoi<br />

L'insuffisance de la nourriture est démontrée depuis long<br />

temps. Le soldat souffre de la faim. En Afrique, l'influence du<br />

climat, les fatigues de la guerre et les travaux continuels produi<br />

sent des déperditions journalières qui ne peuvent être réparées<br />

que par une nourriture plus saine et plus substantielle. Les ordi<br />

naires ne peuvent, dans une grande partie des points occupés,<br />

acheter des denrées. Le soldat est forcément réduit à la ration<br />

que lui fournit l'Etat ; il lutte quelques temps, mais les forces<br />

l'abandonnent peu à peu et, lorsqu'il est atteint par la fièvre, les<br />

remèdes les plus énergiques sont impuissants pour relever un<br />

corps considérablement usé et il s'éteint misérablement.<br />

La qualité des denrées distribuées aux troupes doit égale<br />

ment appeler l'attention du gouvernement de S.M. De tous les<br />

points de l'Algérie des plaintes s'élèvent contre les denrées. L'Etat<br />

alloue des denrées de deuxième qualité ; presque partout, elles<br />

sont de troisième ou de quatrième. J'ai plusieurs fois signalé ces<br />

faits ; les rapports des inspecteurs généraux les mentionnent éga<br />

lement. En principe, je crois qu'il faut donner aux troupes des<br />

denrées de première qualité. La Marine a adopté ce système et<br />

elle s'en trouve bien. Je crois que son application à l'armée d'Afri<br />

que est urgente et que les dépenses qu'il entraînera seront moins<br />

considérables qu'on ne le croit. Les denrées de première qualité<br />

contiennent une plus grande quantité de parties nutritives ; elles<br />

permettent moins la fraude et nourrissent mieux le soldat. En te<br />

nant compte des journées d'hôpital que l'on aurait en moins, de<br />

l'avantage de ne plus tranporter à grands frais du son et de la<br />

poussière,<br />

on arriverait à prouver que l'augmentation de dépen<br />

ses, occasionnée par une décison qui prescrirait de ne prendre<br />

que des denrées de première qualité, serait peu considérable.


— — 241<br />

J'ai peu d'observations à faire sur l'habillement ; je dirai<br />

seulement que le modèle de casquette adopté récemment est très<br />

mauvais ; il est surmonté d'un calot en cuir bouilli qui charge inu<br />

tilement la tête du soldat. Il faut se hâter de l'abandonner pour<br />

revenir à l'ancienne casquette. Les insolations sont fréquentes<br />

dans l'Algérie ; la coiffure me paraît la partie de l'habillement<br />

la plus défectueuse et qui a besoin d'une étude sérieuse.<br />

La capote est excellente parce qu'elle préserve bien le ventre,<br />

partie du corps qui souffre le plus en Afrique ; je préfère ce vête<br />

ment à la redingote écourtée qu'on a donnée aux chasseurs à pied.<br />

La couverture est indispensable. Il ne faut pas songer au<br />

manteau en toile imperméable. La couverture n'a d'autre incon<br />

vénient que d'être trop lourde ; on y remédie, en été, en la cou<br />

pant en deux et en laissant une partie au dépôt.<br />

Je ne me dissimule pas, Monsieur le Maréchal, que les amé<br />

liorations que je réclame entraînent l'Etat dans des dépenses très<br />

considérables, mais ces dépenses, faites promptement, produiront!<br />

par la suite, d'immenses économies ; elles auront d'ailleurs pour<br />

résultat de conserver la vie d'un grand nombre de soldats et, sous<br />

ce rapport,<br />

elles paraîtront légères à la France.<br />

104<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 -<br />

copie)<br />

15 janvier 1841<br />

Je viens de recevoir le rapport sur la situation de l'Algérie<br />

que vous m'avez adressé le 29 décembre dernier, et auquel étaient<br />

joints ceux du général Galbois et du lieutenant-colonel Cavaignac<br />

J'y vois avec satisfaction que, dans la province de Constantine,<br />

l'esprit des populations en faveur de la France fait de jour en<br />

jour des progrès ; que les contributions rentrent avec régularité ;<br />

qu'à l'ouest d'Alger, les tribus qui ont embrassé la cause d'Abd<br />

el-Kader semblent vouloir s'en détacher ;<br />

que les travaux de dé<br />

fense de Blida touchent à leur terme et, enfin, qu'il y a de l'amé<br />

lioration dans l'état sanitaire, excepté cependant à Philippeville,<br />

16


— 242-<br />

mais j'ai l'espoir que cet état de choses cessera aussi bientôt dans<br />

cette localité et que le nouvel hôpital, qui sera mis à la disposition<br />

de l'administration vers le mois d'avril prochain, contribuera<br />

beaucoup, par les soins que les malades y recevront, à l'améliora<br />

tion de l'état sanitaire sur ce point.<br />

105<br />

Le Ministre de la Guerre à Galbois<br />

(Archives de la guerre Carton 259 -<br />

copie)<br />

13 janvier I841<br />

J'ai reçu avec la lettre que vous m'avez fait l'honneur de<br />

m'écrire le 23 décembre dernier, la copie du rapport sur la situa<br />

tion de la province de Constantine que vous avez adressé à M.<br />

le maréchal Valée, le 20 du même mois. J'y vois que vous avez<br />

pris en sérieuse considération l'état sanitaire dans la province et<br />

que vous vous êtes appliqué à faire les réparations que réclamaient<br />

les établissements militaires de Philippeville. J'apprends avec<br />

satisfaction que, sous peu de temps, le nouvel hôpital pourra être<br />

mis à la disposition de l'administration.<br />

Je vois aussi que la tranquillité se maintient dans la pro<br />

vince que vous commandez ; que la confiance des Arabes est en<br />

progrès ;<br />

qu'ils ont eu recours à vous et que vous leur êtes venu<br />

en aide en accueillant les demandes qu'ils vous ont faites d'auto<br />

riser quelques soldats à les aider de leurs conseils dans les tra<br />

vaux d'agriculture.<br />

J'apprends avec plaisir que les naufragés du brick français<br />

qui a échoué entre Collo et Djigelli ont dû, d'après vos ordres,<br />

être recueillis et protégés par les cheikhs des tribus voisines de<br />

ces parages.<br />

Je suis très satisfait de ce que vous me dites des marchés de<br />

Sétif et de Djemila, des dispositions des Arabes de cette partie de<br />

la province de Constantine, comme aussi d'apprendre qu'un des<br />

cheikhs nouvellement soumis vous a fait l'offre de fournir des<br />

bois de construction dont on pourra avoir besoin à Sétif et en a<br />

déjà livré.


— — 243<br />

Je vois enfin que les contributions rentrent avec facilité sur<br />

tous les points de votre commandement. C'est d'un bon augure et<br />

j'aime à espérer que la situation de la province prospérera de jour<br />

en jour sous tous les rapports.<br />

106<br />

Ordre général de Valée (1)<br />

(Archives de la guerre - H.M.A.<br />

VIII -<br />

p. 292)<br />

15 janvier I841<br />

Soldats, le Roi me rappelle en France. Après trois ans et demi<br />

de travaux et de combats, nous allons nous séparer. Mais, avant<br />

de partir, j'ai voulu vous remercier de la confiance que vous avez<br />

eue en moi, de l'appui que vous m'avez constamment accordé.<br />

Depuis le jour mémorable où vous avez planté vos drapeaux sur<br />

la brèche de Constantine,<br />

nous avons parcouru ensemble presque<br />

toute l'Algérie et partout vos armes ont été victorieuses. Les an<br />

nales de l'Afrique conserveront la mémoire du passage des Bibans,<br />

de la défense de Mazagran, de la prise de Cherchel, de Médéa,<br />

de Miliana, de l'enlèvement du col de Mouzaïa, des combats du<br />

31 décembre 1839, du 20 mai, du 15 juin 1840 et de tant d'autres<br />

brillantes affaires qui ont assuré la prépondérance de la France<br />

en Algérie et rejeté l'ennemi bien loin de nos établissements.<br />

Une gloire plus solide vous a été donnée, les beaux établisse<br />

ments que vous avez fondés, les magnifiques routes,<br />

qu'à l'exem<br />

ple du peuple romain, vous avez construites. Tant que la France<br />

sera souveraine en Afrique, Philippeville, Constantine, Cherchel,<br />

Blida et Coléa, attesteront votre dévouement et votre persévé<br />

rance. Soldats de l'armée d'Afrique,<br />

France et de la colonie.<br />

...Adieu, soldats,<br />

vous avez bien mérité de la<br />

un jour peut-être nous nous retrouverons<br />

sur d'autres champs de bataille. J'ai la conviction que vous y sou<br />

tiendrez noblement la gloire de cette France que je sers depuis<br />

cinquante ans avec un dévouement sans réserve.<br />

(1) La lettre du ministre annonçant le rappel de Valée (29 décembre<br />

1840) avait été reçue le 8 janvier 1841. Valée s'embarqua sur le Sphinx le<br />

20 janvier 1841.


-244 —<br />

107<br />

Proclamation aux habitants de l'Algérie<br />

15 janvier 1841<br />

Habitants de l'Algérie, le Roi me sépare de vous mais, avant<br />

de m'éloigner, j'ai besoin de vous remercier de la sympathie que<br />

vous m'avez témoignée, du concours que vous m'aviez promis et<br />

que vous m'avez donné.<br />

Pendant ma longue administration, la colonie a traversé des<br />

circonstances difficiles ; elle a heureusement surmonté les obsta<br />

cles qui s'opposaient à son développement et, désormais,<br />

assise sur des bases durables.<br />

elle est<br />

L'Algérie peut lutter pour sa conservation, car la France ne<br />

veut pas perdre un empire qui lui est précieux à tant de titres.<br />

Séparé de vous, vos intérêts ne me seront pas moins chers.<br />

Je dirai à la France vos nobles efforts pour lui assurer la posses<br />

sion de cette .terre conquise au prix de tant de sang et dont la<br />

prospérité importe à la grandeur de notre patrie. J'ai la con<br />

fiance que les grands établissements que nous avons fondés en<br />

semble se développeront rapidement et que la France ne sera pas<br />

moins fière des travaux de ses colons que de la gloire de ses<br />

soldats.<br />

108<br />

Le Ministre de la Guerre au Préfet Maritime à Toulon (1)<br />

(Archives de la guerre Carton 359 -<br />

copie)<br />

18 janvier I841<br />

Faites parvenir immédiatement la dépêche ci-après à M. le<br />

général Schramm, gouverneur général par intérim de l'Algérie :<br />

« Le général Bugeaud ne tardera pas à se rendre à Alger.<br />

« On ne doit pas inférer de sa nomination que l'occupation sera<br />

« restreinte ; la campagne qui s'ouvrira au printemps prouvera<br />

« le contraire. Donnez au besoin cet avis ».<br />

(1) Dépêche télégraphique.


— 245-<br />

109<br />

Le Ministre de la Guerre à Valée<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

19 janvier 1841<br />

J'ai reçu, avec le rapport que vous m'avez adressé le 22 dé<br />

cembre dernier, la copie de deux lettres du général Lamoricière<br />

du 15 du même mois et celle d'une dépêche du colonel Cavaignac<br />

dont j'ai pris lecture avec intérêt. Votre rapport me fait con<br />

naître que la tranquillité continue à régner dans la province d'Al<br />

ger, qu'une razzia faite par la garnison de Médéa sur la tribu des<br />

Ouzra a eu un plein succès, que les travaux extérieurs de Blida<br />

touchent à leur terme. Je vous remercie de ces renseignements<br />

ainsi que des détails intéressants que vous me donnez sur la<br />

situation d'Abd el-Kader.<br />

110<br />

Le Ministre de la Guerre à Galbois (1)<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

26 janvier I841<br />

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire<br />

le 7 janvier courant,<br />

pour me rendre compte du résultat de l'expé<br />

dition entreprise par le général Guingret contre la tribu des Béni<br />

Salah, pour les châtier de l'assassinat commis sur le capitaine<br />

d'état-major Saget. J'apprends avec plaisir par cette même dé<br />

pêche que l'état sanitaire est très satisfaisant à Constantine ainsi<br />

qu'à Sétif et qu'il s'est beaucoup amélioré à Philippeville ainsi<br />

que dans la subdivision de Bône et à Djigelly et enfin que les nau<br />

fragés du navire la Jeune Apolline ont été ramenés par les Kaby<br />

les à Constantine.<br />

Quant à l'expédition contre les Béni Salah pour tirer ven<br />

geance de l'odieux assassinat du capitaine Saget, j'avais reçu<br />

(1) Du même jour - accusé de réception du rapport adressé par Guin<br />

gret sur cette affaire (Archives de la guerre Carton 259 copie).


-246 —<br />

copie du rapport que le général Guingret a adressé à M. le maré<br />

chal Valée. Cette expédition fait beaucoup d'honneur à cet officier<br />

général,<br />

ainsi qu'aux troupes qui en faisaient partie.<br />

J'ai également reçu votre lettre du 7 janvier à laquelle était<br />

joint le plan de la subdivision de Constantine contenant en outre<br />

le tableau statistique de cette partie de la province. Je vous re<br />

mercie de l'envoi de ce travail intéressant.<br />

P.S. —<br />

Je<br />

vous m'avez faites.<br />

(Moniteur, 12 février 1841 —<br />

1841).<br />

m'occuperai des demandes de récompenses que<br />

111<br />

Ordre du jour de Schramm<br />

reproduisant le Moniteur algérien du 29 janvier<br />

Alger, le 27 janvier 1841<br />

Une nouvelle opération heureusement conçue et habilement<br />

dirigée par M. le lieutenant-colonel Cavaignac a été couronnée<br />

du succès le plus complet.<br />

Une colonne forte de 500 hommes, partie de Médéa dans la<br />

nuit du 16 au 17 janvier, a surpris les tribus d'Ouzra (1) sous le<br />

camp même d'El Barkani qui avait mission de les protéger et dont<br />

la fuite a démontré évidemment l'impuissance.<br />

32 prisonniers, 1.500 moutons, 150 bœufs et 40 bêtes de<br />

somme sont tombés entre les mains des zouaves.<br />

Au retour, 300 Kabyles environ, auxquels les lenteurs occa-<br />

sionnées par les difficultés du chemin avaient donné le temps de<br />

se réunir,<br />

ont vainement assailli nos braves soldats qui leur ont<br />

fait éprouver des pertes nombreuses.<br />

Un transfuge, survenu après la razzia, a appris au comman<br />

dant supérieur que l'ennemi avait eu 27 hommes tués et un nom<br />

bre plus considérable de blessés.<br />

De notre côté nous avons eu 1 homme tué et 4 blessés.<br />

(1) A trois lieues au nord-est de Médéa.


— 247 —<br />

M. le lieutenant-colonel Cavaignac donne les plus grands<br />

éloges à M. le chef de bataillon Le Flô, qui l'a parfaitement<br />

secondé dans cette entreprise difficultueuse ; il cite également<br />

comme s'étant fait particulièrement remarquer :<br />

MM. les capitaines Peyraguey, Lannier, Dantemarre, le ser<br />

gent-major Martin, le sergent Djennady, les zouaves Delpech et<br />

Besson.<br />

Le lieutenant-général commandant l'armée s'empresse de<br />

rendre compte à M. le maréchal, ministre de la guerre, de la belle<br />

conduite de la garnison de Médéa et de solliciter la bienveillance<br />

du gouvernement du Roi en faveur de ceux qui viennent d'y acqué<br />

rir de nouveaux titres.<br />

112<br />

Ordre général de Schramm<br />

(Moniteur algérien, 30 janvier I84I3<br />

Alger, le 29 janvier<br />

Les tribus de Zerouela, Béni Saada et Béni Zerguin (situées<br />

sur les premiers mamelons du versant septentrional du petit<br />

Atlas) s'étaient montrées constamment malveillantes, soit en<br />

attaquant partiellement nos troupes, soit en donnant asile aux<br />

cavaliers de Mahyeddin, qui partaient de ce point pour faire leurs<br />

excursions dans la plaine ; tout récemment elles avaient servi de<br />

refuge aux goums nombreux dans l'embuscade desquels nos Aribs<br />

ont failli tomber et où ils ont perdu 6 hommes. Il importait de<br />

leur faire subir un châtiment exemplaire.<br />

Une colonne, partie d'Alger dans la nuit du 27 au 28 janvier,<br />

sous les ordres de M. le général Parchappe, a pleinement rempli<br />

la mission qu'elle était chargée d'accomplir.<br />

Au point du jour, la plupart des villages ennemis étaient cer<br />

nés et les Kabyles surpris abandonnaient la plus grande partie de<br />

leurs troupeaux.<br />

12 morts, 23 prisonniers, près de 400 bœufs et 1.000 mou<br />

tons ou chèvres, 5 chameaux, un nombre assez considérable de<br />

bêtes de somme, plusieurs silos vidés ou incendiés, telles sont les<br />

pertes que l'ennemi a éprouvées dans cette journée.


-248 —<br />

113<br />

Le Ministre de la Guerre à Schramm (1)<br />

(Archives de la guerre Carton 252 copie)<br />

12 février 1841<br />

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire,<br />

le 19 janvier dernier, pour me rendre compte de l'échec éprouvé<br />

par un détachement de la garnison de Cherchel dans une razzia<br />

entreprise contre un des ferkas (2) des Béni Menacer et des per<br />

tes que ce détachement a éprouvées.<br />

Je déplore cet événement qui me paraît avoir été amené par<br />

l'imprudence du chef de bataillon Gautherin. Trop confiant, sans<br />

doute, dans le détachement qu'il commandait, il a négligé de tenir<br />

ses troupes réunies et ne les a point rassemblées avant de com<br />

mencer son mouvement de retraite. C'est un malheur qu'il ait<br />

payé de sa vie cette erreur de commandement et que d'autres<br />

militaires aient succombé avec lui, mais il est consolant de voir<br />

que les officiers ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour<br />

rétablir l'ordre parmi les troupes qui se retiraient et surtout que<br />

le capitaine du génie Bouteilloux, en prenant le commandement,<br />

se soit déterminé à une sortie vigoureuse pour aller chercher le<br />

corps du chef de bataillon Gautherin et ceux des autres militaires<br />

restés sur le champ de bataille, pour les rapporter à Cherchel,<br />

où il a pu leur rendre les honneurs militaires, les préservant ainsi<br />

d'être profanés par les Arabes. J'approuve la résolution prise par<br />

le capitaine Bouteilloux ; je vous prie de lui témoigner ma satis<br />

faction.<br />

Je suppose que vous avez immédiatement pourvu au rempla<br />

cement du commandant Gautherin,<br />

en envoyant à la garnison un<br />

officier supérieur et même un détachement pour remplacer les<br />

militaires mis hors de combat.<br />

J'ai vu avec peine qu'une partie des militaires qui ont pris<br />

part à cette expédition s'étaient mis dans un état d'ivresse, soit<br />

avant que le mouvement eût commencé, soit pendant sa durée.<br />

Le chef et les officiers sont très blâmables de n'avoir pas fait<br />

assez attention aux excès que leurs soldats pouvaient commettre.<br />

(1) Gouverneur général par intérim.<br />

(2) Fraction de tribu.


-249 —<br />

114<br />

Le Ministre de la Guerre à Schramm<br />

(Archives de la guerre Carton 259 copie)<br />

Paris, le 12 février 1841<br />

J'ai reçu les lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire<br />

les 24, 27 et 30 janvier, la première contenant des détails sur une<br />

razzia exécutée par la garnison de Médéa, le 29 décembre, sur la<br />

tribu des Ouzra-Garaba, dans laquelle nos troupes ont enlevé aux<br />

Arabes un nombreux troupeau, leur ont tué 30 hommes et fait<br />

18 prisonniers.<br />

La deuxième annonçant un nouveau succès remporté par la<br />

même garnison dans la vallée d'Ouzra.<br />

La troisième rendant compte d'une expédition dirigée par le<br />

général Parchappe contre les tribus des Zerouila, Béni Saada et<br />

Béni Zerguin dont le résultat a été la prise de 400 bœufs, 1.000<br />

moutons, beaucoup de bêtes de somme et de grains.<br />

La quatrième donnant des nouvelles satisfaisantes de Milia<br />

na, de Cherchel et de Médéa.<br />

Je vois avec grand plaisir que, dans ces expéditions, nos<br />

troupes et les auxiliaires indigènes qui en faisaient partie, ont<br />

montré beaucoup de vigueur et qu'elles ont été habilement diri<br />

gées par leurs chefs. Le succès obtenu par le lieutenant-colonel<br />

Cavaignac, dans la razzia du 29 décembre et les résultats de celle<br />

du 17 janvier lui font honneur. Lorsque des propositions régu<br />

lières m'auront été faites, tant à l'égard de cet officier supérieur<br />

qu'en faveur des militaires qu'il a particulièrement signalés, je<br />

ne manquerai pas de les prendre en considération.<br />

M. le maréchal-lde-camp Parchappe mérite également des<br />

éloges pour les résultats qu'il a obtenus dans l'expédition qu'il a<br />

si habilement dirigée contre les trois tribus hostiles que vous<br />

indiquez. C'est ainsi que,<br />

par des exemples fréquents de punition<br />

méritée, on imprime aux Arabes ennemis une terreur salutaire.<br />

Il en résultera encore que la campagne prochaine sera plus fé<br />

conde en succès.


-250 —<br />

115<br />

Le Ministre de la Guerre à Schramm<br />

(Archives de la guerre Carton 259 -<br />

copie)<br />

Paris, le 19 février 1841<br />

J'ai reçu le rapport que vous m'avez adressé le 9 février cou<br />

rant, sur la situation des provinces de l'Algérie. J'y ai vu avec<br />

satisfaction que la garnison de Médéa a obtenu un nouvel avan<br />

tage dans une sortie exécutée le 5, que les travaux entrepris sur<br />

la ligne de Mered à Blida avancent rapidement et qu'ils pourront<br />

être terminés le 16P<br />

mars prochain ; que l'établissement arabe qui<br />

se forme à la Maison Carrée prend de la consistance et qu'il s'est<br />

augmenté de plusieurs familles appartenant aux tribus châtiées<br />

le 29 janvier ; enfin que, dans la province d'Oran, plusieurs nou<br />

velles razzias faites par la garnison de Mostaganem ont eu un<br />

plein succès. Je vous remercie de ces communications.<br />

J'ai également reçu votre lettre du 6 février, à laquelle vous<br />

avez joint un rapport du général Galbois, du 20 janvier, dans le<br />

quel il rend compte d'une expédition dirigée contre la tribu des<br />

Béni Ouilban, de la retraite de l'ex-bey Achmet dans les monta<br />

gnes d'Aïn Chabrou, après avoir été poursuivi et battu sur tous<br />

les points, dépouillé de ses biens et abandonné par tous ses parti<br />

sans.<br />

116<br />

Le Duc d'Orléans à Valée<br />

(Récits de campagne p. 500)<br />

TuUeries, le 3 mars 1841<br />

J'avais jusqu'à présent espéré, mon cher Maréchal,<br />

vous re<br />

voir bientôt à Paris et avoir prochainement l'occasion de vous<br />

répéter encore tout ce qu'il me tarde de vous dire, mais j'ap<br />

prends, en revenant de Saint-Omer, que vous comptez prolonger<br />

votre séjour dans le midi et je prends la plume pour vous deman<br />

der de vos nouvelles.


-251 —<br />

J'éprouve d'ailleurs le besoin,<br />

au moment où, après tant de<br />

glorieux faits d'armes et d'éclatants succès, vous venez de quit<br />

ter un pays où vous laissez d'impérissables souvenirs et l'exemple<br />

du seul système possible,<br />

au moment où vous rentrez dans la car<br />

rière de la politique intérieure de la France, précédé de tout ce<br />

que vous avez fait de beau et de grand en Afrique, j'éprouve, dis-<br />

je, le besoin de vous exprimer de nouveau tous les sentiments<br />

bien sincères que vous me connaissez pour vous.<br />

Les deux campagnes que j'ai été assez heureux pour faire<br />

sous vos ordres, mon cher Maréchal,<br />

compteront toujours parmi<br />

les meilleurs moments de ma vie et j'espère que votre séjour en<br />

France et les nouveaux services que vous rendrez encore à ma<br />

patrie pour laquelle vous avez tant fait, resserreront de plus en<br />

plus les liens déjà étroits qui se sont formés entre nous en<br />

Afrique.


8 Janvier<br />

J. 101.<br />

Correspondance du Ministre M<br />

Partie administrative (Analyse)<br />

1840<br />

(Archives du Gouvernement Général, LE. 151 3)<br />

Le ministre, afin de prévenir les doutes qui paraissent exis<br />

ter sur les attributions des services civils ou militaires dans les<br />

affaires qui intéressent le domaine, rappelle au procureur général,<br />

qu'aux termes de l'article 4 de l'ordonnance du 31 octobre 1838,<br />

c'est au directeur des finances qu'il appartient de soutenir en jus<br />

tice les intérêts de l'Etat, quelle que soit la nature du domaine.<br />

En conséquence, c'est à ce fonctionnaire qu'il convient de trans<br />

mettre les citations, observations ou mémoires et le procureur<br />

général doit veiller avec soin à ce, qu'en aucun cas, les services<br />

intéressés n'interviennent dans la cause. Car, il y aurait lieu dès<br />

lors de requérir la nullité.<br />

15 Janvier<br />

D. 708.<br />

Le ministre fait connaître à son collègue de l'intérieur qu'il<br />

est tout disposé à autoriser l'émigration en Algérie des réfugiés<br />

polonais venant de France, mais à la condition que leur subside<br />

leur sera conservé, afin qu'ils ne retombent pas à la charge de<br />

notre colonie.<br />

29 Janvier<br />

D. 741.<br />

Transmission à M. le garde des sceaux des pièces destinées<br />

à constater la mise à exécution par les soins du gouverneur<br />

général des dispositions contenues dans l'ordonnance royale du<br />

(1) Ministère de la guerre Direction des affaires de l'Algérie - Bureau<br />

des affaires politiques et civiles.


— 254-<br />

31 octobre 1839,<br />

l'élection du pasteur. C'est M. Sautter,<br />

en ce qui touche la formation du consistoire et<br />

ancien pasteur de Mar<br />

seille, qui a été élu. Toutefois une protestation a été faite contre<br />

son élection. M. le garde des sceaux appréciera si, nonobstant<br />

cette protestation, il y a lieu de soumettre la nomination de M.<br />

Sautter à la sanction royale.<br />

29 Janvier<br />

J. 111.<br />

Le pourvoi en cassation du capitaine de gendarmerie Da-<br />

gard contre un jugement qui l'a condamné à l'emprisonnement<br />

pour avoir refusé son assistance dans l'exécution d'un mandement<br />

de justice (affaire Laujoulet),<br />

soulève une grave question. Tou<br />

tefois la solution de cette question n'est point douteuse. En Algé<br />

rie pas plus qu'en France,<br />

un officier de gendarmerie ne saurait<br />

désobéir à la justice, sous prétexte qu'il y a été autorisé par ses<br />

supérieurs. Dans cet état de choses, il importe, dans l'intérêt de<br />

la dignité du commandement, d'éviter un nouveau scandale, en<br />

invitant le capitaine Dagard à se désister de son pourvoi. Le mi<br />

nistre se réserve de faire relever cet officier de la peine qu'il a<br />

encourue, en appelant sur lui la clémence royale.<br />

5 Février<br />

I. 153.<br />

Le ministre apprécie toute l'utilité de la création d'une caisse<br />

d'épargne à Alger avec des succursales dans les principales loca<br />

lités et il regrette que la proposition faite à cet égard par le<br />

directeur de l'intérieur dans le sein du conseil d'administration<br />

n'ait point été l'objet d'une discussion approfondie. Toutefois, il<br />

est disposé à y donner suite mais dans un certain ordre d'idées<br />

sur lequel il appelle toute l'attention du gouverneur général. A<br />

côté de l'établissement destiné à recueillir le produit des écono<br />

mies des artisans et ouvriers, il faut, en Algérie plus que partout<br />

ailleurs, l'établissement qui vient à leur secours dans les mauvais<br />

jours. En d'autres termes, la caisse de prêt sur gages est insépa<br />

rable de la caisse d'épargne. Déjà bien souvent, le ministre a eu<br />

occasion d'appeler l'attention du gouvernement d'Alger sur la<br />

première de ces institutions ; aujourd'hui, l'occasion se présente


-255 —<br />

de les lier en quelque sorte ensemble. Le mont de piété, fondé avec<br />

une dotation primitive fournie par les fonds coloniaux recevrait,<br />

sous la garantie de la colonie, les dépôts effectués selon le régime<br />

propre aux caisses d'épargne. Seulement, il en servirait l'intérêt à<br />

un taux plus élevé qu'en France mais inférieur néanmoins à l'in<br />

térêt dû par les emprunteurs. H y aurait ainsi un boni applicable<br />

aux frais de gestion. Que, s'il y avait insuffisance de fonds, l'éta<br />

blissement pourrait être autorisé à ouvrir des emprunts. Ce sys<br />

tème,<br />

qui a pour effet de placer sous la sauvegarde de l'adminis<br />

tration les intérêts des classes nécessiteuses, se recommande par<br />

sa simplicité comme par sa moralité ; il convient de le soumettre<br />

sans retard aux délibérations du conseil d'administration qui for<br />

mulera,<br />

en conséquence des indications ci-dessus, un projet sou<br />

mis ensuite à l'approbation du ministre.<br />

5 Février<br />

I. 155.<br />

Des modifications importantes ont eu lieu dans le collège<br />

d'Alger, sans attendre l'autorisation du ministre. C'est ainsi que<br />

le cours supérieur de français a été séparé en deux divisions et<br />

qu'un nouveau professeur a été appelé. Aujourd'hui, on propose au<br />

ministre de régulariser ces mesures. Le ministre s'y refuse. Le<br />

cours supérieur de français rentrera dans ses limites primitives<br />

et le professeur indûment appelé sera congédié. C'est ainsi en<br />

core, qu'au lieu de confier à l'un des professeurs du collège, qui<br />

sont peu occupés, le soin de suppléer son collègue absent,<br />

on a<br />

également appelé un répétiteur étranger pour lequel on réclame<br />

une indemnité. Le ministre consent à cette allocation,<br />

mais à con<br />

dition qu'elle sera égale seulement au montant de la retenue pré<br />

levée sur le traitement du professeur en congé. Quant à la propo<br />

sition d'attacher au collège d'Alger des professeurs suppléants,<br />

le ministre n'y<br />

suppléer entre eux.<br />

5 Février.<br />

G. 125.<br />

Le ministre fait<br />

saurait donner suite. C'est aux professeurs à se<br />

connaître au gouverneur général que son<br />

collègue de la marine est disposé à augmenter le nombre des bâti-


— — 256<br />

ments de l'Etat employés sur les côtes de l'Algérie dès que la<br />

situation du matériel naval le lui permettra.<br />

12 Février<br />

D. 770.<br />

Le ministre demande à son collègue de l'intérieur des expli<br />

cations précises sur la position des réfugiés espagnols d'Alhuce-<br />

mas qui se trouvent encore en Algérie. S'ils refusent de profiter<br />

de l'amnistie qui leur est offerte par le gouvernement de la reine<br />

Christine,<br />

que fera-t-on d'eux ? On ne saurait les forcer à re<br />

tourner en Espagne. D'un autre côté, l'Algérie ne peut être forcée<br />

de conserver un pareil dépôt. Dans cet état de choses, il faut que<br />

le département de l'intérieur les fasse interner en France et, les<br />

considérant comme réfugiés, leur accorde des subsides,<br />

ou bien<br />

qu'ils soient embarqués à leurs risques et périls pour telle desti<br />

nation qui leur conviendra.<br />

12 Février<br />

D. 771.<br />

Le ministre fait connaître à son collègue, le garde des sceaux,<br />

qu'il existe des fonds au budget de la guerre pour le vicaire<br />

général du diocèse d'Alger, mais non point pour un curé. C'est<br />

un titre qui ne saurait être reconnu, quant à présent, en Afrique<br />

où les circonscriptions paroissiales n'existent pas. Le département<br />

de la guerre ne reconnaît que des vicaires diocésains ou des des<br />

servants.<br />

19 Février<br />

G. 130.<br />

Le ministre, en adressant au gouverneur général l'arrêté du<br />

17 février contenant toutes les règles à suivre pour l'exécution<br />

de l'article 3 de l'ordonnance royale du 31 octobre 1838, croit de<br />

voir accompagner cet envoi de ses observations. Ce qu'il impor<br />

tait avant tout, c'était d'instituer pour les territoires ruraux et<br />

les localiés isolées une administration simple et en état de satis<br />

faire à tous les intérêts comme à tous les besoins. Il importait<br />

aussi de prévoir le cas où les indigènes se détermineraient à vivre


— 257-<br />

au milieu de nous. L'arrêté du 17 février,<br />

qui consacre en partie<br />

les vues présentées à ce sujet par le gouverneur général, permet<br />

tra sans doute d'atteindre ce double but. Le ministre a approuvé<br />

les circonscriptions territoriales indiquées par le gouverneur<br />

général, seulement, il a cru devoir leur appliquer l'appellation de<br />

« district ». Les commissaires civils sont placés sous l'immédiate<br />

autorité du sous-directeur de la province. Il en est de même du<br />

maire d'Alger. S'il en était autrement, la sous-direction de cette<br />

province deviendrait un rouage inutile et le ministre pense, au<br />

surplus,<br />

qu'en conférant au directeur de l'intérieur la faculté de<br />

déléguer le droit de visite ou de tournée à l'un de ses nombreux<br />

agents, ces fonctions pourraient être supprimées sans inconvénient.<br />

Jusqu'à ce que cette question soit résolue, le sous-directeur de l'in<br />

térieur n'exerce qu'un simple contrôle de transmission ; au direc<br />

teur est réservé le droit de... Il est adjoint au commandant mili<br />

taire du district de l'Atlas (art. 7), un auxiliaire civil auquel sont<br />

conférées certaines attributions purement administratives et tout<br />

à fait indépendantes de l'action militaire. Les commissaires civils<br />

sont assistés au moins par une brigade de gendarmerie,<br />

par un détachement de gendarmerie indigène,<br />

en outre<br />

enfin par des gar<br />

des coloniaux qui remplissent à peu près les fonctions des gardes<br />

champêtres en France et qui, choisis parmi les sous-officiers, ne<br />

sauraient à aucun titre se voir ravalés au rang de la domesticité.<br />

Le commissaire civil, exerçant à la fois des fonctions administra<br />

tives et judiciaires, les secrétaires de commissariat sont appelés<br />

à faire office de greffiers. L'intention du ministre est,<br />

par ce<br />

moyen, de rendre la distribution de la justice accessible à tous,<br />

prompte et pour ainsi dire gratuite. Le commissaire ne siégera<br />

qu'en costume. Le secrétaire-greffier sera astreint à la même for<br />

malité. C'est lui qui,<br />

en cas d'absence ou maladie, suppléera com<br />

me intérimaire son chef de service. L'article 18 consacre l'insti<br />

tution des kadis dans les districts mais leur juridiction paraît de<br />

voir être purement civile. Ni les kaïds ni les kadis ne pourront<br />

percevoir de redevance de leurs<br />

coreligionnaires : nous ne devons<br />

pas oublier qu'un usage toléré dans les tribus ne saurait l'être<br />

dans un district administré par l'autorité française. Le directeur<br />

des finances devra préparer un projet de règlement pour les per<br />

ceptions d'impôts sur les indigènes habitant les districts. Sous<br />

aucun prétexte les commissaires civils ne devront, dans leurs com-


— 258-<br />

munications, s'écarter des voies hiérarchiques. La compétence<br />

judiciaire des commissaires civils en dernier ressort est étendue<br />

jusqu'à 300 f. en matière civile et commerciale. Il y a lieu d'es<br />

pérer de cette mesure l'anéantissement de l'esprit de chicane. Il<br />

semblait convenable, pour une juste application de ces principes,<br />

d'étendre également la compétence en matière correctionnelle et<br />

de police mais la révision prochaine de l'ordonnance du 10 août<br />

1834 sur la justice permettra sans doute de le faire. Le gouver<br />

neur général aura à régler par un arrêté spécial la faculté d'appel<br />

des sentences du commissaire civil laissée dans certaines limites<br />

au procureur général,<br />

ainsi que la nature et les formes des com<br />

munications dues à ce magistrat. Le gouverneur général prescrira<br />

l'immédiate exécution de l'arrêté qui lui est transmis et qui est<br />

susceptible d'ailleurs, avec le temps, de perfectionnements. Le<br />

ministre se réserve de le compléter par l'envoi prochain d'une<br />

communication relative aux formes de la procédure et à l'exécu<br />

tion des jugements. Le gouverneur général devra s'occuper sans<br />

retard du règlement à promulguer à ce sujet, car les attributions<br />

judiciaires des commissaires commenceront le 1"<br />

mai. Il fera<br />

rechercher également les édifices convenables pour le logement<br />

des commissaires, de leurs secrétaires, de la brigade de gendar<br />

merie française, du détachement de gendarmes indigènes et enfin<br />

des gardes coloniaux.<br />

19 Février<br />

1/159."<br />

t. .<br />

Pour faire suite à la précédente communication, le ministre<br />

envoie trois arrêtés dont l'un détermine les traitements et indem<br />

nités divers attribués aux commissaires civils et à leurs secré<br />

taires, et les deux autres contiennent diverses nominations dans<br />

l'administration des districts, qui se trouve ainsi composée :<br />

District Commissaire Civil Secrétaire<br />

Philippeville MM. Fenech MM. Cassaignard<br />

Boufarik Bertier Sauvigny Costallat<br />

Kouba Bequet<br />

v<br />

Lapaine<br />

Doueira Grenier de Lamôthe Langon<br />

Hamis Pergaud Bautain<br />

En outre, M. Marey'<br />

dant militaire du district de l'Atlas.<br />

à été nommé adjoint civil au comman<br />

!


4 Mars<br />

D. 830.<br />

— — 259<br />

Le ministre appelle de nouveau l'attention de son collègue<br />

de l'intérieur sur les réfugiés espagnols d'Alhucemas qui refuse<br />

raient de profiter de l'amnistie. Ces réfugiés, étant en général des<br />

condamnés pour crimes ou délits communs, ne sauraient être gar<br />

dés en Algérie à l'état de liberté. Comme prisonniers, ils entraîne<br />

raient des dépenses que le budget ne peut supporter ; dans cet<br />

état de choses, il semble naturel de les embarquer à leurs risques<br />

et périls pour telle destination qui leur semblera convenable.<br />

11 Mars<br />

I. 165.<br />

Le ministre, en faisant part au gouverneur général de la<br />

nomination de M. Sautter aux fonctions de pasteur de l'église pro<br />

testante d'Alger, lui fait connaître les règles à suivre en cette cir<br />

constance. Le pasteur ne doit être installé qu'après prestation de<br />

serment ; il est dressé procès-verbal de cette installation par le<br />

consistoire. C'est le consistoire qui doit délibérer sur les absences<br />

que le pasteur peut être dans le cas de faire de son poste. L'église<br />

consistoriale d'Alger est de la communion réformée ; cependant<br />

si la confession d'Augsbourg<br />

présentait les éléments nécessaires<br />

pour la formation d'une seconde église, il conviendrait que le mi<br />

nistre en fût informé et c'est dans cette vue qu'il réclame de nou<br />

veau le recensement exact des protestants de l'Algérie,<br />

lité et par communion.<br />

16 Mars<br />

I. 167.<br />

par loca<br />

Par décision du 28 avril 1839 un commissariat civil a été ins<br />

titué à Philippeville. Des considérations personnelles ont empêché<br />

le gouverneur général de donner suite à cette création, parce que<br />

le titulaire choisi n'avait pas son agrément ;<br />

laire vient d'être nommé, M. Fenech,<br />

un nouveau titu<br />

ex-maire de Bône. Celui-là<br />

présente toutes les garanties désirables. Il est important qu'il<br />

entre immédiatement en fonctions, car les intérêts de tout genre<br />

se trouvent en souffrance à Philippeville faute de protection suffi-


— — 260<br />

santé. Il devra être recommandé à M. Fenech de ménager avec<br />

soin la transition du commandement militaire à l'administration<br />

civile.<br />

16 Mars<br />

I. 168.<br />

L'arrêté du 17 février 1840, portant organisation de districts<br />

dans la province d'Alger, a implicitement supprimé les communes<br />

et leurs maires. Cependant, il en est quelques-unes qu'il sera pos<br />

sible de conserver comme subdivisions de districts et dans les<br />

quelles des fonctionnaires secondaires, dont la création est auto<br />

risée par l'article 23 de l'arrêté, pourront exercer les attributions<br />

limitées qui leur seront déléguées par les commissaires civils.<br />

17 Mars<br />

G. 136<br />

Le représentant du ministère public à Oran a failli, en pre<br />

nant sous sa protection des esclaves qui ont quitté leur maître.<br />

L'administration française,<br />

genres de propriété en Algérie,<br />

qui s'attache à respecter tous les<br />

a dû comprendre nécessairement<br />

dans cette catégorie la possession des esclaves, consacrée chez les<br />

musulmans par la loi religieuse. Le gouverneur général a fort bien<br />

compris qu'il en devait être ainsi et que la politique se trouvait,<br />

en cette circonstance, d'accord avec l'équité. Des instructions sé<br />

vères et précises devront être adressées dans ce sens par le pro<br />

cureur général à ses substituts. JJ demeure entendu toutefois<br />

qu'elles ne s'appliqueront qu'aux esclaves des indigènes qui recon<br />

naissent notre autorité. Car, quant aux autres, la suite à donner<br />

à leurs revendications sera toujours subordonnée aux exigences<br />

de notre politique. Le ministre se réfère, à ce dernier égard, à<br />

sa dépêche du 13 mars 1839 confidentielle,<br />

25 Mars<br />

G. 139.<br />

Le gouverneur général a mis en état de guerre, par son ar<br />

rêté du 9 mars, les districts de Boufarik, du Hamis et de Philip<br />

peville. Cette disposition, commandée par les circonstances en ce<br />

n°<br />

67.


-261 —<br />

qui touche les deux premiers districts, semble n'avoir qu'une por<br />

tée administrative par rapport au troisième. L'article 23 de l'ar<br />

rêté organique, en obligeant les commissaires civils à déférer aux<br />

réquisitions qui leur seront faites par d'autres que par leurs supé<br />

rieurs hiérarchiques, ne saurait les soustraire à l'obéissance qu'ils<br />

doivent aux prescriptions de ces mêmes supérieurs pour tout ce<br />

qui touche l'expédition des affaires courantes. S'il en était autre<br />

ment, l'autorité civile se trouverait promptement absorbée par le<br />

commandement militaire et c'est ce qui, dans l'état actuel de<br />

l'Algérie, arriverait tous les jours si l'on voulait suivre à la lettre<br />

les dispositions de la loi française. Le ministre se propose au sur<br />

plus d'adresser prochainement aux commissaires civils des ins<br />

tructions sur les règles à suivre tant dans l'état de guerre que<br />

dans tous les autres. Il convient que, de son côté, le gouverneur<br />

général donne à l'autorité militaire des instructions en confor<br />

mité de la présente dépêche.<br />

1"<br />

Avril<br />

G. 142.<br />

Le ministre, sur les observations du gouverneur général, a<br />

cru devoir modifier comme il suit le tarif adopté le 17 avril 1839<br />

pour les prestations en nature allouées aux interprètes de l'ar<br />

mée :<br />

Interprètes principaux . . ,<br />

— de<br />

— de<br />

1 classe<br />

2« et 3'<br />

— auxiliaires . .<br />

Il résulte de ce tarif,<br />

..<br />

Rations de vivres<br />

en temps<br />

ordinaire<br />

en cam<br />

pagne<br />

Rations de fourrages<br />

en temps<br />

ordinaire<br />

en cam<br />

pagne<br />

que tous les interprètes doivent être<br />

montés sauf les auxiliaires lorsqu'ils ne sont pas en campagne.<br />

Le nombre de ces derniers n'est plus limité ; toutefois le gouver<br />

neur général ne devra pas dépasser le crédit de 12.000 francs sans<br />

en référer au préalable au ministre. Jusqu'à nouvel ordre, les in<br />

terprètes ordinaires seront recrutés parmi les auxiliaires, mais<br />

plus tard il y aura lieu d'adopter un autre mode de recrutement.


— — 262<br />

Enfin, les dispositions qui précèdent,<br />

combinées avec celles arrê<br />

tées précédemment, devront être l'objet d'un règlement que le<br />

gouverneur général est invité à soumettre au ministre.<br />

8 Avril<br />

I. 181.<br />

Le ministre approuve l'arrêté du 9 mars relatif au maintien<br />

provisoire dans la province d'Alger des circonscriptions actuelles<br />

de communes, à titre de subdivisions de districts. Toutefois il est<br />

bien entendu que les dispositions de cet arrêté sont essentielle<br />

ment transitoires et que leur effet devra cesser aussitôt que les<br />

motifs sur lesquels elles s'appuient auront disparu. Quant à la<br />

dénomination de gardes-champêtres,<br />

place à celle de gardes coloniaux.<br />

8 Avril<br />

I. 183.<br />

elle doit désormais faire<br />

Le ministre rappelle au gouverneur général ses dépêches des<br />

3 avril et 6 novembre 1839,<br />

au sujet de l'organisation du culte<br />

israëlite dans l'Algérie. La formation d'une commission mixte<br />

avait été prescrite. Le ministre tient à connaître promptement<br />

le résultat des délibérations de cette commission. Enfin il croit<br />

devoir adresser au gouverneur une série de questions sur lesquel<br />

les il désire être éclairé,<br />

tion.<br />

22 Avril<br />

F. 174.<br />

avant d'arrêter aucun plan d'organisa<br />

Le ministre a remarqué que, depuis quelque temps, le respect<br />

exagéré de la propriété de l'indigène prévalait même sur la néces<br />

sité de la politique et de la guerre, dans les demandes en resti<br />

tution d'immeubles soumises à son approbation. Il importe de<br />

suivre une tout autre marche. En principe les conditions diffé<br />

rentes de notre occupation de chacun des points de l'Algérie im<br />

pliquent nécessairement une appréciation différente des demandes<br />

en restitution. A Alger, à Oran, à Bône où l'occupation a été ac<br />

complie sous la foi de certains engagements, l'administration peut


— — 263<br />

se montrer facile envers les réclamants, mais, lorsque l'occupa<br />

tion a eu lieu de vive force, le cas est différent et nous rentrons<br />

dans le droit de la guerre. Si nous restituons, c'est par bienveil<br />

lance et parce que l'immeuble n'est pas nécessaire à un service<br />

public. Enfin, dans ce cas, il ne doit jamais y avoir lieu à aucun<br />

règlement pour le passé. Toute stipulation est faite pour l'avenir,<br />

lorsque l'immeuble est à notre convenance et que nous jugeons<br />

cependant utile ou politique de reconnaître les droits du proprié<br />

taire. Ce sont là les vrais principes dont il importe de ne plus<br />

s'écarter.<br />

11 Mai<br />

D. 989.<br />

Une dame génoise, Mme la Mta8<br />

Pallaviani,<br />

a laissé par son<br />

testament une somme de 33.333 lires pour l'entretien de deux mis<br />

sionnaires en Algérie. Il importe que les conditions de l'accomplisse<br />

ment de ce legs se trouvent conciliées avec l'exercice de la juridic<br />

tion épiscopale et c'est dans ce but que le ministre croit devoir<br />

demander l'avis de l'évêque.<br />

11 Mai<br />

D. 990.<br />

Communication au ministre des affaires étrangères faisant<br />

suite à la lettre ci-dessus,<br />

héritiers.<br />

11 Mai<br />

I. 209.<br />

afin de connaître les intentions des<br />

Autre communication sur le même sujet au gouverneur géné<br />

ral qui est prié de donner son avis sur l'opportunité de la fonda<br />

tion projetée au point de vue politique.<br />

19 Mai<br />

G. 152.<br />

Le gouverneur général ayant quitté Alger sans déléguer à<br />

personne les pouvoirs civils dont il est investi, le ministre lui<br />

annonce que, dans l'intérêt de la bonne et prompte expédition des


— 264 —<br />

affaires, il croit devoir autoriser les chefs des services civils à<br />

correspondre directement avec lui, pendant tout le temps que<br />

durera l'absence de M. le maréchal Valée. Le ministre, de son<br />

côté, enverra directement ses ordres à ces fonctionnaires, lesquels<br />

auront soin de faire enregistrer les dépêches au secrétariat du<br />

gouvernement,<br />

interrompue.<br />

20 Mai<br />

D. 1,017.<br />

afin que la série de chaque service ne soit point<br />

Par décision du 11 mai, M. Auguste Martineau des Chesnez,<br />

auditeur au conseil d'Etat, a été adjoint à la commission des fi<br />

nances appelée à se rendre dans la province de Constantine. Le<br />

ministre adresse à cet auditeur les instructions nécessaires pour<br />

l'accomplissement de sa mission. En principe, la tâche de M. Mar<br />

tineau doit avoir pour objet de compléter,<br />

au point de vue admi<br />

nistratif, les investigations des inspecteurs des finances au point<br />

de vue financier. A ce titre, tout ce qui constitue, soutient ou mo<br />

difie les réunions d'hommes à quelque titre que ce soit, doit être<br />

étudié avec soin et fournir la matière de rapports qui seront<br />

adressés au ministre par chaque courrier. Sans vouloir détermi<br />

ner la forme de ces rapports, il serait bon qu'ils fussent divisés en<br />

deux parties, l'une purement historique, l'autre entièrement admi<br />

nistrative. Enfin une section distincte pourrait être consacrée à<br />

des rapprochements entre l'état présent et l'état passé du pays.<br />

20 Mai<br />

I. 217.<br />

Le ministre donne au directeur de l'intérieur l'ordre d'atta<br />

cher temporairement aux bureaux de sa direction tous les agents<br />

de l'administration civile des districts qui ne peuvent exercer<br />

actuellement leurs fonctions, à cause des événements de la guerre.<br />

Ce sera pour eux un stage utile.<br />

20 Mai<br />

J. 147.<br />

Le ministre appelle l'attention du procureur général sur la<br />

nécessité de régulariser le service des audiences qui, à Alger sur-<br />

[


— — 265<br />

tout, paraît être en souffrance. En premier lieu, il importe de<br />

n'accorder de congés aux magistrats qu'avec la plus grande ré<br />

serve et sous l'assentiment du ministre, sauf le cas de maladie<br />

réellement dangereuse et, de plus, de ne tolérer aucune absence<br />

illégale. Ainsi l'on disposera d'un personnel plus nombreux. En<br />

second lieu, il convient de renoncer à l'usage vicieux qui tend à<br />

s'introduire à Alger, de compléter le tribunal supérieur par l'ad<br />

jonction d'un membre du barreau, ainsi que cela se fait en) France.<br />

Un tel usage est condamnable, puisque d'une part il n'est point<br />

consacré par l'ordonnance organique du 10 août 1834 et que,<br />

d'autre part, les défenseurs en Algérie sont institués à un tout<br />

autre titre que les avocats en France. Le tribunal supérieur est<br />

le seul qui exige le concours de plusieurs juges et des dispositions<br />

d'ordre intérieur peuvent toujours lui permettre de se compléter,<br />

en appelant les juges de 1<br />

instance. C'est ce qu'il sera toujours<br />

facile de faire soit en fixant pour les audiences de 1"<br />

instance<br />

les heures de la matinée et pour celles d'appel les heures de rele<br />

vée, soit en faisant alterner les jours d'audience de chacun de ces<br />

tribunaux. Le procureur général rendra compte au ministre par<br />

le retour du courrier, des dispositions qu'il aura prises en exécu<br />

tion de ces instructions.<br />

27 Mai<br />

J. 148.<br />

Le ministre autorise le procureur général, par exception à la<br />

règle posée dans l'article 45 de l'ordonnance du 10 août 1834, à<br />

faire exécuter les jugements, après rejet d'un pourvoi en grâce,<br />

sans attendre pour cela l'autorisation du gouverneur général,<br />

lorsque cette autorisation ne pourrait être obtenue sans de gran<br />

des difficultés ou d'extrêmes lenteurs. H n'y aura d'exception que<br />

pour le cas où le jugement comporterait peine de mort.<br />

27 Mai<br />

G. 153.<br />

Des plaintes s'élèvent journellement de la part des cheikhs<br />

arabes qui recevaient<br />

anciennement des subsides par les soins<br />

des bureaux arabes et qui, depuis la formation des districts, se<br />

voient destitués de ces allocations. Le ministre invite le gouver-


— 266 —<br />

neur général à lui adresser un état signalétique de ces agents in<br />

digènes,<br />

afin que l'administration puisse vérifier leurs titres et<br />

leur continuer, s'il y a lieu, des subventions dont le retrait, dans<br />

les circonstances actuelles, est au moins impolitique.<br />

27 Mai<br />

G, 155.<br />

Le ministre,<br />

saisi par le gouverneur général de la question<br />

de savoir si les réfugiés polonais libérés du service dans la légion<br />

étrangère peuvent être admis indistinctement aux subsides, fait<br />

connaître qu'il n'appuiera de pareilles demandes auprès de son<br />

collègue de l'intérieur, qu'autant que les militaires dont il s'agit<br />

seraient incapables de continuer leur service sous les drapeaux.<br />

3 juin<br />

D. 1.062.<br />

Le ministre annonce à son collègue, le garde des sceaux, que<br />

le plan formé par M. l'évêque d'Alger pour la fondation d'un petit<br />

séminaire dans cette ville ne lui paraît présenter aucun caractère<br />

d'urgence. Le nombre des ecclésiastiques du diocèse est fort limi<br />

té (14) et il suffit à tous les besoins. Un personnel aussi restreint<br />

doit pouvoir se recruter parmi le clergé du continent. D'un autre<br />

côté, les dépenses actuelles du culte catholique sont déjà très for<br />

tes et il est peu probable que les Chambres accordassent une aug<br />

mentation de crédit. Enfin, il n'y a pas en Algérie plus de 20.000<br />

chrétiens romains dont la majeure partie appartient aux nations<br />

étrangères. Tout ce que l'administration pourrait faire serait de<br />

laisser à l'évêque la faculté de fonder à ses frais une école reli<br />

gieuse et d'envoyer en France ceux des élèves qui montreraient<br />

le plus de dispositions pour le sacerdoce. Ces élèves seraient pla<br />

cés dans les séminaires continentaux,<br />

pour achever leur instruction religieuse.<br />

17 juin V<br />

J. 160.<br />

aux frais du gouvernement,<br />

A l'occasion d'une demande d'office de notaire à Boufarik,<br />

formée par un sieur Delahaye, le ministre exprime l'opinion que


— — 267<br />

cette localité ne lui semble point réunir une population assez con<br />

sidérable, ni être un centre d'intérêts et d'affaires assez impor<br />

tant pour qu'il soit dès à présent utile d'y créer un pareil office.<br />

17 juin<br />

J. 161.<br />

Le projet de règlement présenté par M. le procureur général<br />

en conformité des instructions ministérielles, pour organiser le<br />

service des audiences, présente plusieurs inconvénients. Le prin<br />

cipal consiste dans la simultanéité des audiences des divers tri<br />

bunaux, supérieur, civil, correctionnel et de commerce. En outre,<br />

ces audiences ont été réparties très inégalement. Le procureur<br />

général, qui reconnaît ces inconvénients, pense qu'ils sont de na<br />

ture à disparaître au moins en partie, d'abord lorsque le tribunal<br />

de commerce, pourvu d'un prétoire particulier, sera libre de fixer<br />

autrement ses jours et heures d'audience et ensuite, quant au tri<br />

bunal correctionnel, en ce que les affaires peu graves qui occupent<br />

ce dernier tribunal attirent rarement les défenseurs. Le ministre<br />

croit au contraire qu'il est possible d'éviter dès à présent les in<br />

convénients signalés par une nouvelle distribution des audiences.<br />

Ainsi, au lieu d'en multiplier le nombre comme au projet, il vaut<br />

mieux le restreindre en exigeant seulement que leur durée soit<br />

plus longue, trois heures au lieu de deux, et qu'elles commencent<br />

plus tôt pour certains tribunaux, ce qui permettra aux magistrats<br />

et défenseurs de consacrer plus de temps dans la journée aux<br />

travaux de cabinet. Le tableau ci-après semble devoir tout conci<br />

lier : les<br />

les lundis Tribunal civil,<br />

ouverture de l'audience à 9 h.<br />

mardis Tribunal supérieur, » » 10 h.<br />

» correctionnel, » » 2 h.<br />

mercredis Tribunal civil, » » 9 h.<br />

» de commerce, » » 2 h.<br />

jeudis Tribunal supérieur, » » 10 h.<br />

» correctionnel, » » 2 h.<br />

vendredis Tribunal civil, » » 9 h.<br />

» de commerce, » » 2 h.<br />

samedis Tribunal supérieur,<br />

» » 10 h.


— — 268<br />

Le ministre examinera avec la plus mûre attention les objec<br />

tions qui pourraient lui être présentées contre cette distribution,<br />

objections qu'il ne prévoit pas. Au surplus, il consent à ce que, jus<br />

qu'à la rentrée des vacances prochaines, l'ancien ordre soit suivi,<br />

sauf les modifications les plus urgentes.<br />

17 juin<br />

I. 236.<br />

Le ministre autorise le Directeur de l'Intérieur à envoyer sur<br />

le champ à Philippeville, au delà du personnel actuellement y exis<br />

tant, un inspecteur principal de police, deux tschaous et un con<br />

ducteur des ponts et chaussées.<br />

17 juin<br />

I. 237.<br />

Le ministre fait connaître au Directeur de l'Intérieur, à pro<br />

pos d'une demande de congé formée par M. de Barrau, membre<br />

de la Commission scientifique d'Algérie, qu'il ne peut accorder<br />

à ce membre qu'une simple autorisation d'absence motivée par<br />

son fâcheux état de santé. Ce n'est point en effet un traitement<br />

que reçoivent les membres de la commission, mais bien une in<br />

demnité représentative de leur collaboration, laquelle est limitée<br />

dans sa durée et n'admet point d'intérimat. Tout membre qui se<br />

sépare de la commission, à quelque titre que ce soit, doit être con<br />

sidéré comme ayant cessé d'en faire partie.<br />

17 juin<br />

I. 240.<br />

Le ministre, en rappelant au gouverneur général que l'arrêté<br />

organique du 17 février qui a institué les commissariats civils,<br />

n'a eu pour objet que de répondre aux premiers besoins consta<br />

tés, l'invite à examiner si l'accroissement de la population et le<br />

développement des intérêts ne réclament pas l'institution de nou<br />

veaux services et, dans cette vue, à lui adresser un rapport sur la<br />

situation des populations, de la propriété, le nombre et la valeur<br />

des transactions, le commerce, l'industrie,<br />

calité.<br />

etc.. dans chaque lo


17 juin<br />

D. 1.096.<br />

Le ministre, pensant que la mission confiée à M. Auguste<br />

Martineau dans la province de Constantine corrélativement à<br />

celle que remplit l'inspection des Finances, demandera plus de<br />

temps que cette dernière, autorise M. Martineau à prolonger son<br />

séjour dans la province jusqu'à ce que ses investigations soient<br />

complètement terminées.<br />

24 juin<br />

D. 1.119.<br />

Le ministre transmet à son collègue des Cultes deux propo<br />

sitions émanées du consistoire de l'église protestante d'Alger. La<br />

première a pour objet d'obtenir la division de cette église en trois<br />

paroisses dont le siège sera à Alger, à Dely Ibrahim et à Boufa<br />

rik. M. Hoffmann est proposé pour les fonctions de pasteur auxi<br />

liaire de la seconde de ces paroisses. Le ministre pense qu'il y a<br />

lieu dès à présent, conformément à l'article 3 de l'ordonnance du<br />

31 octobre 1839, d'établir un oratoire à Dely Ibrahim et si son<br />

collègue partage cet avis, un projet d'ordonnance formulé dans ce<br />

sens sera soumis incessamment à l'approbation royale. Quant au<br />

candidat proposé, c'est au garde des sceaux qu'il appartient d'exa<br />

miner ses titres.<br />

24 juin<br />

D. 1.125.<br />

Le personnel des ponts et chaussées de l'Algérie se compose<br />

aujourd'hui, 1° d'un ingénieur ordinaire de 1"<br />

classe f.f., d'ingé<br />

nieur en chef, d'un second ingénieur ordinaire et de 4 aspirants<br />

ingénieurs. 2°<br />

de 32 conducteurs de toutes classes et d'un nombre<br />

indéterminé de piqueurs,<br />

chefs d'ateliers, etc., La masse des tra<br />

vaux répartis entre ces divers agents répond à l'emploi d'un cré<br />

dit annuel de trois<br />

millions. Dans cet état de choses il semble<br />

qu'il y a lieu de confier la direction supérieure du service à un<br />

agent pourvu du grade d'ingénieur en chef. Telle est depuis long<br />

temps la pensée de<br />

l'administration de la guerre, mais tant que<br />

M. l'ingénieur Poirel a occupé le poste dont il se trouve dans la


— — 270<br />

nécessité de se démettre, on avait cru devoir ajourner la réalisa<br />

tion de ce vœu. Aujourd'hui que cette considération n'existe plus,<br />

le ministre demande à son collègue des travaux publics un ingé<br />

nieur en chef pour diriger les travaux d'Algérie. Ce fonctionnaire<br />

aura droit à un traitement principal de 5.000 francs, à un sup<br />

plément colonial de pareille somme et à une indemnité de 3.000<br />

francs pour frais de tournée, total 13.000 francs ; il sera subor<br />

donné au directeur de l'intérieur, son intermédiaire légal avec le<br />

département de la guerre, sauf les cas spéciaux où il y aura lieu<br />

de lui attribuer la correspondance directe. Quant à la comptabi<br />

lité,<br />

elle se trouve réglée conformément aux principes généraux<br />

en usage dans le département de la guerre.<br />

24 juin<br />

G. 158.<br />

Le ministre a examiné avec une attention le projet destiné à<br />

organiser et compléter les études au collège d'Alger. Ce projet<br />

lui a paru fort insuffisant, conçu qu'il est dans l'unique pensée<br />

d'établir entre les collèges royaux du continent et celui de la<br />

métropole africaine une assimilation complète. On a perdu de vue<br />

que, d'après la composition actuelle de la population d'Alger,<br />

population industrielle et mobile, il est une espèce d'enseigne<br />

ment qui doit marcher de pair avec l'enseignement universitaire,<br />

c'est ce qu'on pourrait appeler l'enseignement professionnel. Dans<br />

le projet, tout est subordonné à l'étude du latin et du grec. Les<br />

mathématiques, l'histoire, l'arabe, etc.. sont à peine indiquées<br />

dans l'emploi du temps des élèves. Telle n'est pas l'opinion du<br />

ministre. Il faut que la question soit réétudiée d'après les données<br />

suivantes : division du collège en deux grandes sections, ensei<br />

gnement universitaire,<br />

enseignement intermédiaire. Professeurs<br />

communs aux deux sections pour certaines branches des connais<br />

sances, neuf années pour l'éducation complète, deux années pour<br />

l'éducation professionnelle. Le projet de règlement à rédiger de<br />

vra être fort explicite et fort détaillé. Les vues du ministre ne<br />

sauraient au surplus entraîner un grand surcroît de dépenses car,<br />

dans les premiers temps, chacun des professeurs des langues an<br />

ciennes pourra professer pour deux classes dans le même local, la<br />

création d'une seconde section devant nécessairement diminuer


— — 271<br />

le nombre des élèves de la première. L'inspecteur de l'instruction<br />

publique devra s'occuper immédiatement de la réalisation de ces<br />

vues.<br />

8 juillet<br />

D. 1.170.<br />

Le ministre croit devoir appeler une dernière fois l'attention<br />

de son collègue de l'intérieur sur la position dans laquelle l'admi<br />

nistration de l'Algérie se trouve placée vis-à-vis des réfugiés d'Al-<br />

hucemas. Au nombre de ces réfugiés se trouvent des hommes flé<br />

tris par la justice de leur pays pour les crimes les plus odieux<br />

et qui sont même sujets à extradition mais, comme le gouverne<br />

ment espagnol ne justifie point de leurs condamnations, ils ne<br />

sauraient être livrés. Maintenant faut-il que l'Algérie garde à sa<br />

charge un dépôt si dangereux ? Mais pour cela elle est obligée de<br />

les loger dans des bâtiments qui devraient être affectés à nos<br />

soldats car on ne pourrait conserver ces hôtes incommodes à l'état<br />

de liberté. Le ministre se voit ainsi dans la pénible nécessité de<br />

faire embarquer les réfugiés dont il s'agit pour telle destination<br />

qui leur conviendra, l'Algérie et la France exceptées, à moins que<br />

le département de l'intérieur ne consente à les recevoir sur le con<br />

tinent.<br />

13 juillet<br />

J. 170.<br />

Le nombre des offices de notaire pour la ville d'Alger a<br />

été porté à cinq par décision ministérielle du 17 décembre 1838.<br />

Depuis cette époque, l'activité des transactions civiles a fait de<br />

grands progrès. En 1839, il y<br />

a eu accroissement de plus de 300<br />

et les ventes se sont élevées en total à 1.225.000 francs de capital<br />

et 174.000 francs de rente. Le mouvement des capitaux n'a pas<br />

été moins fort à en juger par l'état des inscriptions hypothé<br />

caires et des transactions mobilières. Dans cet état de choses, le<br />

ministre a pensé que le moment était venu d'instituer un 68 office<br />

de notaire à Alger et il en donne avis au gouverneur général.<br />

13 juillet<br />

F. 222.<br />

Le ministre a été informé qu'un sieur Ricardier, mandataire<br />

d'un Maure,<br />

-avait assigné l'administration*<br />

devant le tribunal


— — 272<br />

d'Oran pour obtenir la restitution d'un immeuble séquestré et que<br />

le tribunal,<br />

au lieu de se déclarer purement et simplement incom<br />

pétent, comme c'était son devoir,<br />

avait cru devoir exprimer les<br />

motifs sur lesquels il fondait son incompétence. Un pareil acte est<br />

une violation des principes en matière de séquestre. L'administra<br />

tion a seule qualité pour discuter et résoudre les questions qui se<br />

rattachent au séquestre et il est étrange qu'elle se trouve dans<br />

la nécessité de le rappeler. Le procureur général, auquel le minis<br />

tre croit devoir s'adresser spécialement à cet égard, devra donner<br />

des instructions à ses substituts pour qu'un pareil oubli ne se re<br />

nouvelle plus,<br />

15 juillet<br />

J. 176.<br />

Le cautionnement des notaires, qui n'a encore été l'objet d'au<br />

cune décision, est fixé à 6.000 francs pour Alger et à 3.000 francs<br />

pour les autres localités. Il devra être versé dans le délai de deux<br />

mois.<br />

15 juillet<br />

G. 160.<br />

L'évêque se plaint de n'être point encore en possession d'une<br />

église cathédrale. Le gouverneur général sait quel motif a fait<br />

ajourner jusqu'à présent les constructions projetées pour l'appro<br />

priation de la mosquée affectée depuis quelques années à l'exer<br />

cice du culte catholique. H s'agissait de démolir les bains maures.<br />

Cette démolition ne doit plus être retardée, à moins qu'on ne re<br />

vienne à une ancienne combinaison qui consisterait à consacrer<br />

comme cathédrale la mosquée dite de la Pêcherie,<br />

en ce moment<br />

affectée à la secte hanefi. Cette mosquée serait très facilement<br />

appropriée à sa nouvelle destination et ce n'est point après la vio<br />

lation du traité de la Tafna qu'on doit être arrêté à cet égard par<br />

des scrupules légitimes à une autre époque. Il conviendrait seule<br />

ment au préalable, dans ce cas, de livrer au culte hanefite, en<br />

remplacement de la mosquée qui lui serait reprise, une autre mos<br />

quée aujourd'hui occupée par les magasins du campement et qui<br />

serait convenablement réparée. Enfin, le culte réformé serait ins-


-273-<br />

tallé dans la mosquée aujourd'hui consacrée au culte catholique,<br />

ce qui éviterait l'érection d'un temple. Le gouverneur général<br />

fera connaître sans retard son avis sur la présente communica<br />

tion.<br />

22 juillet<br />

I. 269.<br />

Les protestants de France appartiennent à deux communions,<br />

calviniste et luthérienne. Les premiers sont les réformés propre<br />

ment dits, les autres,<br />

bords du Rhin,<br />

qui habitent généralement l'Alsace et les<br />

appartiennent à la confession d'Augsbourg. Le<br />

directoire de cette dernière confession, à Strasbourg, réclame<br />

avec instance un pasteur de sa communion pour l'Algérie, ce qui<br />

aurait pour résultat de scinder ce que l'ordonnance organique de<br />

1839 avait réuni. L'administration n'est pas éloignée de donner<br />

suite à cette réclamation, mais il faut vérifier au préalable si le<br />

nombre des luthériens d'Algérie est suffisant pour légitimer la<br />

création proposée. S'il en était ainsi, le directoire de Strasbourg<br />

adresserait au consistoire d'Alger une liste de candidats parmi<br />

lesquels celui-ci devrait élire un pasteur auxiliaire.<br />

5 août<br />

I. 277.<br />

Le Moniteur algérien, journal officiel de l'Algérie, ne remplit<br />

point l'objet d'une publication de ce genre. Indépendamment des<br />

actes officiels et des rapports militaires, il serait bon, qu'à l'instar<br />

des journaux, organes avoués du ministère en France, il renfer<br />

mât les rectifications ou réponses auxquelles les assertions hasar<br />

dées des feuilles publiques peuvent donner lieu. Le ministre a dé<br />

cidé, qu'à l'avenir, le Moniteur algérien contiendrait 1° l'analyse des<br />

actes administratifs de quelque importance, 2° les décisions minis<br />

térielles sur des questions de principe, 3° les rectifications ou ex<br />

plications relatives aux affaires de l'Algérie insérées dans les<br />

journaux ministériels du continent, 4» les documents ou notes<br />

dont l'insertion sera demandée par le département de la guerre.<br />

Enfin, il conviendra de joindre à ces divers objets des articles<br />

d'utilité générale approuvés par le gouverneur. Le Moniteur algé<br />

rien devra paraître au moins une fois par semaine et, d'ordinaire,<br />

le surlendemain de l'arrivée du courrier de France.<br />

18


5 août<br />

I. 280.<br />

-274-<br />

Le gouverneur général a rendu compte de la nécessité où il<br />

se trouvait d'abandonner un certain nombre de postes secondaires<br />

dans l'est,<br />

en raison de leur insalubrité. Ce résultat est pénible et<br />

s'il n'est pas permis de l'éviter, du moins faut-il faire en sorte<br />

qu'il ne se représente plus à l'avenir. La colonisation seule, la co<br />

lonisation sérieuse et sur une grande échelle,<br />

voilà le remède.<br />

D'abord, il faut dessécher, car on ne peut appeler les populations<br />

à la culture du sol que lorsque l'autorité se sera convaincue qu'on<br />

peut le faire sans danger pour elles. Des fonds ont été votés par<br />

les Chambres à cet effet ; il faut employer ces fonds qui, au be<br />

soin, seront augmentés. Ici surgit une autre question. La santé<br />

des colons assurée, il faut songer à leur défense, soit qu'on adopte<br />

la pensée d'un obstacle continu autour de la plaine de la Mitidja,<br />

soit qu'on préfère des villages fortifiés et défendus par les colons<br />

eux-mêmes, car l'armée ne doit plus être occupée que de la sûreté<br />

générale. Maintenant que la suspension des opérations militaires<br />

laisse quelque repos au gouverneur général, il convient qu'il con<br />

sacre son temps à l'examen des grandes questions que soulève la<br />

colonisation. Le ministre attend avec impatience l'exposé de ses<br />

vues sur la disposition et la distribution des terrains par l'auto<br />

rité, sur la situation relative des nouveaux établissements, sur<br />

les facilités à accorder aux émigrations agricoles, etc.. Toutes<br />

ces questions, longtemps envisagées au point de vue théorique,<br />

doivent passer maintenant à l'état pratique et sans aucun retard.<br />

5 août<br />

G. 169.<br />

Le ministre demande au gouverneur général l'état nominatif<br />

des réfugiés étrangers qui reçoivent des subsides du gouverne<br />

ment français dans l'Algérie. Cet état devra indiquer la nature<br />

des occupations et les ressources pécuniaires de chaque réfugié<br />

et le ministre s'entendra avec son collègue de l'intérieur pour<br />

faire rayer ceux des réfugiés qui, ayant trouvé dans leur indus<br />

trie une existence honorable, ne sauraient continuer à être à la<br />

charge du gouvernement français.


5 août<br />

I. 281.<br />

-275-<br />

Deux commissions ont été instituées à Alger et à Oran, en<br />

conformité des prescriptions ministérielles, pour examiner les<br />

moyens d'amener la réforme sociale et religieuse des israëlites de<br />

l'Algérie. Le ministre désire connaître si ces commissions seront<br />

bientôt en mesure, comme il se plaît à le croire, de fournir les<br />

renseignements qui ont été réclamés d'elles.<br />

5 août<br />

G. 172.<br />

Des plaintes sont parvenues au ministre, de la part des corps<br />

académiques, sur l'insuffisance de l'assistance accordée aux mem<br />

bres de la Commission Scientifique d'Algérie. On s'explique jus<br />

qu'à un certain point que, dans la province d'Alger,<br />

théâtre des<br />

opérations militaires, il ait été interdit aux membres de la com<br />

mission dont il s'agit de se livrer à des excursions périlleuses ;<br />

cependant le ministre a peine à comprendre comment les savants<br />

n'ont pas été associés aux expéditions de Médéa, Miliana, Cher<br />

chel où leur présence eût été si profitable pour la science et<br />

alors, surtout, que ces mêmes savants appartiennent,<br />

au moins,<br />

pour moitié<br />

aux rangs de l'armée. Ce sont là de précieuses occa<br />

sions perdues et il importe qu'il n'en soit plus ainsi à l'avenir.<br />

Dorénavant, toutes les fois que les membres de la commission ex<br />

primeront le désir de faire partie d'expéditions ou de convois, le<br />

gouverneur général devra leur en fournir les moyens. Il sera<br />

pourvu par des allocations spéciales aux dépenses résultant de<br />

ces déplacements. Le ministre termine sa dépêche en invitant le<br />

gouverneur général à lui rendre compte de l'exécution des ins<br />

tructions du 11 décembre 1839.<br />

5 août<br />

D. 1.261.<br />

Le ministre a examiné avec une mûre attention les deux pre<br />

miers rapports qui lui ont été adressés par M. Auguste Marti<br />

neau des Chesnez sur la situation de la province de Constantine. Il<br />

est satisfait de ce travail. Toutefois il ne l'accepte qu'à titre


-276-<br />

d'aperçu général et il désire maintenant que M. Martineau s'oc<br />

cupe des détails. Ces détails ne sauraient être ni trop précis ni<br />

trop techniques et il convient, en outre,<br />

qu'ils soient appuyés de<br />

chiffres. Sans doute il en résultera pour M. Martineau un accrois<br />

sement de tâche et sa mission deviendra plus longue, mais en<br />

même temps elle sera plus importante et donnera des résultats<br />

plus positifs. C'est dans cette vue que le ministre croit devoir<br />

prescrire à M. Martineau de ne point quitter la province sans son<br />

ordre.<br />

5 août<br />

J. 186.<br />

Le ministre réclame du procureur général un relevé général<br />

des jugements rendus en matière civile par les divers tribunaux<br />

de l'Algérie depuis le 1"<br />

octobre 1834 jusqu'au 31 décembre 1839.<br />

Ce relevé s'appliquera uniquement aux sentences rendues en ma<br />

tière civile sur des questions de droit musulman, de droit mixte<br />

ou de droit local, lorsque ces sentences s'écarteront plus ou moins<br />

de la législation française ou auront pour objet de modifier la<br />

jurisprudence déjà adoptée. A l'avenir, ce travail sera continué<br />

tous les ans par les greffiers sous la surveillance et la direction<br />

immédiate des substituts et adressé au ministre. Les jugements<br />

seront rapportés par ordre chronologique avec une colonne d'ob<br />

servations pour l'intelligence du texte,<br />

colonne que le procureur<br />

général ou les magistrats auront à remplir. Ce sera un recueil<br />

utile à consulter pour les magistrats appelés en Algérie.<br />

5 août<br />

J. 187.<br />

Le ministre annonce au procureur général qu'il donne son<br />

approbation au règlement arrêté par le service des audiences con<br />

formément à ses instructions du 17 juin. Il consent à la seule mo<br />

dification proposée et qui a pour objet de fixer l'ouverture des<br />

audiences du Tribunal civil à 10 heures au lieu de 9. Le tribunal<br />

consulaire, appelé à intervenir dans cette affaire, s'en est abstenu ;<br />

le ministre l'apprend avec surprise et peine. Si les juges de com<br />

merce se trouvent lésés dans leurs intérêts en étant obligés de


-277 —<br />

venir siéger les jeudis et samedis, c'est-à-dire les jours de départ<br />

pour Bône et Oran et pour France, ils pouvaient venir s'en ex<br />

pliquer d'une manière convenable avec le procureur général qui<br />

les avait convoqués à cet effet. Ce magistrat devra les convoquer<br />

à nouveau et leur faire part de l'observation du ministre. Il<br />

ajoutera que le moment n'est point encore venu,<br />

ainsi que le de<br />

mandent MM. les commerçants d'Alger, de rendre la juridiction<br />

consulaire élective comme en France. Les choix faits jusqu'à ce<br />

jour par l'autorité ont répondu à tous les besoins, satisfait tous<br />

les intérêts. Il faut persister dans cette voie. Le ministre ter<br />

mine sa dépêche en demandant des explications écrites à MM. les<br />

membres des tribunaux de 1<br />

Instance à Alger, lesquels ont cru<br />

devoir également et sans motifs s'abstenir de se rendre à la con<br />

vocation qui leur avait été adressée pour le règlement des au<br />

diences.<br />

5 août<br />

D. 1.264.<br />

Le ministre notifie au chef de la Commission scientifique<br />

d'Algérie ses intentions au sujet des travaux de la commission.<br />

Il importe dès à présent de concerter un plan ou programme de<br />

composition et de rédaction dont chacun prendra et exécutera sa<br />

part, selon sa spécialité. Aussitôt que chaque membre aura ter<br />

miné un fragment du dit travail, il devra l'adresser au ministre,<br />

cacheté de son sceau et par l'intermédiaire du chef de la Com<br />

mission auquel il se bornera à en déclarer le contenu. Ces envois<br />

seront classés au ministère de la guerre et demeureront à la dis<br />

position de leurs auteurs pour être revus et corrigés par eux jus<br />

qu'à la coordination définitive. Que si quelque membre voulait<br />

faire constater une observation ou découverte nouvelle à lui parti<br />

culière, afin de prendre date, le ministre aurait soin,<br />

mande, d'en faire l'objet d'une<br />

sur sa de<br />

communication au corps académi<br />

que compétent. Dans tous les cas, il est entendu que chaque au<br />

teur conservera le mérite de son œuvre en tête de laquelle son<br />

nom sera placé dans la publication. Quant à présent, le chef de la<br />

Commission scientifique doit<br />

septembre,<br />

borateurs.<br />

adresser au ministre, avant le 10<br />

l'exposé succinct des travaux de chacun de ses colla


6 août<br />

I. 282.<br />

— 278-<br />

Le ministre appelle l'attention du gouverneur général sur le<br />

développement rapide de la colonie de Philippeville, développe<br />

ment qui réclame avec instance un complément d'organisation<br />

civile. Dans une localité qui compte près de 4.000 âmes de popu<br />

lation,<br />

un commissaire civil ne saurait suffire seul à sa laborieuse<br />

tâche ; il aura besoin d'un adjoint. La justice sommaire et pater<br />

nelle qu'il est chargé de distribuer exigera peut-être aussi bientôt<br />

l'assistance régulière de magistrats spéciaux. 'Les nombreuses<br />

transactions appellent également l'assistance d'officiers publics<br />

qui en garantissent la loyauté. Les travaux publics ne sauraient<br />

plus être abandonnés à un simple conducteur. Les services finan<br />

ciers doivent être installés sans délai et le ministre attend sur<br />

tous ces objets un rapport détaillé du gouverneur général, rapport<br />

auquel il conviendra de joindre des propositions. H est même re<br />

grettable que ce rapport ne soit pas encore arrivé au ministère<br />

de la guerre.<br />

11 août<br />

I. 285.<br />

Le gouverneur général n'a pas cru devoir reprendre le projet<br />

indiqué dans la dépêche ministérielle du 15 juillet dernier de con<br />

vertir la mosquée hanefite en cathédrale ; il préfère, de concert<br />

avec l'évêque, que l'église St-Philippe soit achevée. Le ministre<br />

ne s'oppose nullement à ce qu'il en soit ainsi et les travaux con<br />

tinuent en conséquence.<br />

11 août<br />

J. 188.<br />

Le ministre appelle l'attention du gouverneur général sur les<br />

fraudes nombreuses facilitées par la production d'actes arabes<br />

émanés de kadis algériens ou étrangers et dont l'authenticité ne<br />

peut être vérifiée. Il importe de prévenir le retour de ces fraudes<br />

et, dans cette vue, le ministre croit devoir indiquer les conditions<br />

auxquelles foi pourra être ajoutée aux actes passés en pays musul<br />

man, hors des limites de l'administration française. Il faudra, dans<br />

ce cas, que les agents diplomatiques français attestent que le ma<br />

gistrat qui a reçu les actes dont il s'agit avait bien réellement


—<br />

— 279<br />

la qualité qu'il se donne et que son cachet soit légalisé par eux.<br />

En l'absence de cette garantie l'acte sera déclaré inadmissible.<br />

Quant à l'Algérie, la légalisation devra être donnée par les com<br />

mandants militaires sur tous les points occupés par nos troupes ;<br />

sur ceux où les tribunaux sont organisés, la notoriété judiciaire<br />

suffira. Enfin, les actes reçus dans les portions non soumises de<br />

l'ancienne Régence ne .serontpoint<br />

admis.<br />

Le procureur général<br />

aura à examiner si les dispositions qui précèdent sont suffisantes<br />

et à les formuler en projet d'arrêté qui sera soumis aux délibéra<br />

tions du conseil et à la sanction du ministre.<br />

11 août<br />

F. 244.<br />

Le ministre approuve les instructions données par le direc<br />

teur des finances aux commissaires civils sur les obligations qui<br />

résultent pour eux des articles 34 et 35 de l'arrêté organique du<br />

17 février 1840. L'enregistrement des actes translatifs de pro<br />

priété consacré par l'article 35 n'est pas exigé pourtant, comme<br />

paraît le penser le directeur des finances, dans un intérêt pure<br />

ment fiscal, mais bien plutôt, en Algérie surtout, dans un intérêt<br />

d'ordre public. Puisque la législation établit des droits, ils doi<br />

vent être acquittés en tous les lieux soumis à l'administration<br />

française. L'incertitude de la propriété en Afrique et la nécessité<br />

d'en suivre la transmission pour en fixer convenablement les bases<br />

ont fait introduire l'article 35, lequel s'applique à tout acte qui<br />

transfère sur un immeuble des droits constituant soit le domaine<br />

direct (nue propriété) soit le domaine utile (usufruit)<br />

soit l'un<br />

et l'autre réunis (toute propriété). Les simples baux à ferme ou<br />

à loyer à temps limité ne sont pas assujétis à l'enregistrement<br />

par l'article 35, à moins qu'ils ne soient volontairement soumis à<br />

cette formalité par les parties ou qu'il n'y<br />

ait à cet égard acte<br />

notarié. C'est dans ce sens que devra être modifiée la circulaire<br />

adressée par le directeur des finances aux commissaires civils.<br />

11 août<br />

J. 192.<br />

Le ministre a pensé que le moment était venu d'imprimer<br />

aux actes nombreux auxquels donnent lieu les transactions mul<br />

tipliées qui s'opèrent à Philippeville un caractère d'authenticité


-280 —<br />

et il a, en conséquence, approuvé l'institution d'un notariat dans<br />

cette localité. Le cautionnement du notaire de Philippeville sera<br />

de 3.000 francs comme à Oran et à Bône.<br />

11 août<br />

D. 1.276.<br />

Le ministre des finances a signalé à son collègue de la guerre<br />

l'espèce d'anomalie qui lui semble exister entre les dispositions de<br />

l'arrêté organique du 17 février 1840, institutif des commissariats,<br />

et le règlement général de comptabilité publique consacré par<br />

l'ordonnance royale du 21 août 1839. Le ministre de la guerre<br />

ne partage pas l'avis de son collègue. On ne saurait assimiler les<br />

districts de nouvelle formation aux autres localités de l'Algérie<br />

où tous les services publics sont régulièrement organisés et qui,<br />

par cela même, rentrent sous l'empire du droit commun. S'il a<br />

été créé une administration civile dans les districts de nouvelle<br />

formation, c'est pour ménager la transition entre l'état d'une<br />

société naissante et l'état d'une société organisée. La franchise<br />

d'enregistrement accordée en conséquence à certains actes n'est<br />

qu'un faible accessoire de ce système ainsi que l'affectation des<br />

impôts et revenus au trésor colonial. C'est un état de choses<br />

purement provisoire qu'il était dans le droit du département de<br />

la guerre de consacrer dans un pays où presque tout se trouve<br />

régi encore exceptionnellement.<br />

14 août<br />

F. 249.<br />

L'organisation actuelle du service du cadastre n'a point ré<br />

pondu à tous les besoins. Le ministre a cru devoir, sur la proposi<br />

tion du directeur des finances en adopter une nouvelle qui repose<br />

en principe sur la séparation du cadastre en deux sections, l'une<br />

pour le cadastre proprement dit et l'autre pour le domaine rural.<br />

La première section, placée sous la direction d'un triangulateur de<br />

lre classe, se composera de cinq géomètres dont 3 à Alger, 1 à<br />

Oran et 1 à Bône. La seconde section sera confiée à un contrô<br />

leur qui aura trois employés sous ses ordres. La direction supé<br />

rieure du service appartiendra à un chef de bureau chargé de


— — 281<br />

contrôler toutes les opérations. Cette organisation nouvelle don<br />

nera lieu à une dépense totale de 24.400 francs pour les traite<br />

ments du personnel des deux sections.<br />

14 août<br />

I. 289.<br />

Le département de la guerre, dans ses instructions du 11 oc<br />

tobre 1839, avait abandonné à l'autorité locale le choix des com<br />

missaires de police autres que le commissaire central. Le mo<br />

ment est venu de renoncer à ce système, en présence, d'une part<br />

du développement de notre colonie et, de l'autre, des scandales qui<br />

viennent d'être donnés à Alger par plusieurs des agents dont il<br />

est question. En choisissant dorénavant ces agents sur le conti<br />

nent, il sera possible d'exiger d'eux plus de garanties.<br />

23 septembre<br />

D. 1.400<br />

L'adhésion donnée par M. l'ingénieur Poirel aux modifica<br />

tions apportées à son projet de port ne saurait déterminer le mi<br />

nistre à lui confier de nouveau la direction des travaux publics<br />

de l'Algérie. La mésintelligence qui a été signalée et qui a duré<br />

si longtemps entre lui et le chef auquel il était hiérarchiquement<br />

soumis ne permet pas de le rappeler à Alger ; le ministre persiste<br />

donc à demander à son collègue des travaux publics un ingénieur<br />

en chef pour remplacer M. Poirel,<br />

se référant au surplus à cet<br />

égard aux explications contenues dans sa lettre du 12 août.<br />

25 septembre<br />

J. 213.<br />

Le ministre approuve l'interprétation donnée par le procu<br />

reur général à l'article 58 de l'ordonnace du 10 août 1834 relati<br />

vement à la translation en caractères hébraïques des actes signi<br />

fiés aux israëlites indigènes. L'intention du législateur a été évi<br />

demment que les indigènes puissent lire les actes extra judi<br />

ciaires qui leur sont signifiés et cela sans augmentation de frais.<br />

Des ordres devront être donnés en conséquence et il conviendra<br />

d'examiner si ces ordres ne devront pas être étendus aux offices<br />

ministériels de Bône et d'Oran.


25 septembre<br />

D. 1.403.<br />

-282 —<br />

Le ministre notifie à M. de Slane qu'il a fait choix de lui<br />

pour exécuter les travaux de publication du texte et d'une tra<br />

duction française de l'historien arabe Ibn Khaldoun.<br />

25 septembre<br />

D. 1.405.<br />

Le ministre demande à son collègue des travaux publics un<br />

nouvel ingénieur ou, à son défaut, un aspirant ingénieur pour diri<br />

ger les travaux importants qui vont s'exécuter en 1841 dans les<br />

localités de Stora et Philippeville, travaux qui ne sauraient de<br />

meurer plus longtemps confiés à un simple conducteur.<br />

26 septembre<br />

G. 188.<br />

Le ministre a été informé que M. Solvet, juge de Bône,<br />

s'était rendu sans autorisation à Alger pour solliciter le gouver<br />

neur général d'user de la faculté qui lui est conférée par l'article<br />

4 de l'ordonnance du 10 août 1834, en comprenant le district de<br />

Philippeville dans l'arrondissement judiciaire de Bône. Le mi<br />

nistre ne saurait donner son approbation à une pareille disposition<br />

que tout condamne, l'extrême difficulté des communications,<br />

l'éloignement et enfin la possibilité de constituer dans un avenir<br />

très prochain un tribunal spécial pour Philippeville. Le gouver<br />

neur général devra donc communiquer au ministre, préalablement<br />

à toute publication, tout arrêté qui tendrait à modifier l'état de<br />

choses existant.<br />

2 octobre<br />

I. 318.<br />

Une proposition émanée du consistoire d'Alger tend à faire<br />

créer deux oratoires protestants à Boufarik et à Dely Ibrahim.<br />

Deux candidats ont même été désignés pour remplir dans ces pa<br />

roisses les fonctions de pasteurs auxiliaires. Des difficultés rela<br />

tives à la naturalisation d'un de ces candidats ont fait ajourner


-283-<br />

jusqua ce jour la création projetée et le ministre s'en applaudit,<br />

car il resuite du recensement de la population protestante à Bou<br />

farik opéré par les soins du gouverneur général, que le chiffre de<br />

cette population, qui n'était que de 34, tend journellement à dé<br />

croître. Dans cet état de choses, il y a lieu de surseoir. Ce qui<br />

parait beaucoup plus urgent, c'est la nomination d'un pasteur pour<br />

Philippeville. Le gouverneur général est invité à adresser le plus<br />

promptement possible ses propositions à cet égard, en ayant soin<br />

de les accompagner d'un recensement exact qui doit toujours pré<br />

céder en pareille matière toute proposition.<br />

9 octobre<br />

I. 320.<br />

Le ministre notifie au gouverneur général l'adjonction arrê<br />

tée en principe d'un ecclésiastique au 3" bataillon de la légion<br />

étrangère. Cet ecclésiastique fera fonctions d'aumônier et rece<br />

vra, à ce titre, une allocation mensuelle de 150 francs.<br />

9 octobre<br />

D. 1.433.<br />

Pareille notification est faite à l'évêque d'Alger avec prière<br />

de conférer à l'ecclésiastique dont il s'agit les pouvoirs spirituels<br />

nécessaires. Une ordonnance royale du 1er<br />

juin ayant supprimé<br />

les aumôniers, cet ecclésiastique ne saurait en recevoir le titre<br />

officiel.<br />

16 octobre<br />

G. 193.<br />

Le ministre des affaires étrangères a remis à son collègue de<br />

la guerre une réclamation de plusieurs consuls étrangers à Bône<br />

contre le défaut de concours qu'ils éprouvent de la part des auto<br />

rités françaises pour la remise des matelots déserteurs des navi<br />

res de commerce de leurs nations. Le droit réclamé dans cette cir<br />

constance fait partie des attributions généralement reconnues<br />

aux consuls et le gouverneur général est invité à donner des or<br />

dres pour que toute assistance leur soit donnée, tant à Bône que<br />

sur les autres points de nos possessions.


16 octobre<br />

J. 222.<br />

-284-<br />

Le ministre renvoie au gouverneur général avec quelques mo<br />

difications le projet d'arrêté délibéré par le Conseil, concernant<br />

les formalités propres à garantir l'authenticité des actes. Cet arrê<br />

té est le complément nécessaire de celui sur le séquestre, car il a<br />

pour objet de priver du bénéfice de nos lois les indigènes qui ne<br />

se seraient point entièrement soumis à notre autorité. La publica<br />

tion des deux arrêtés devra donc être simultanée.<br />

16 octobre<br />

G. 194.<br />

Le ministre approuve les dispositions prises pour assurer la<br />

surveillance du port d'Alger et celle des côtes de l'Algérie. Ces<br />

dispositions, rigoureuses à l'égard des bâtiments indigènes navi<br />

gant sous pavillon français, devront cesser avec les circonstances<br />

qui les ont provoquées et faire place à des prescriptions nou<br />

velles sur lesquelles le ministre demande l'avis du gouverneur<br />

général.<br />

23 octobre<br />

I. 335.<br />

Le ministre a examiné avec attention le nouveau projet d'ar<br />

rêté d'organisation par lui réclamé pour le collège d'Alger, le 24<br />

juin dernier et ce projet lui a semblé de nature à être adopté,<br />

sauf quelques modifications dont le détail suit. En premier lieu,<br />

l'enseignement universitaire devra se renforcer par l'adjonction<br />

d'une classe de huitième préparatoire ; en second lieu, le cours<br />

d'arabe devra être divisé en deux degrés, l'un élémentaire, l'autre<br />

supérieur ; enfin les mathématiques, qui comportent également<br />

deux degrés, auront aussi, comme l'arabe, deux professeurs. L'en<br />

seignement sera entièrement gratuit au collège d'Alger ; néan<br />

moins les élèves qui se présenteront devront satisfaire à certaines<br />

garanties. Ils ne pourront passer d'une classe dans une autre<br />

qu'après examen de capacité. Les élèves catholiques recevront<br />

seuls l'instruction religieuse dans l'intérieur du collège. Tous pour<br />

ront, moyennant une faible rétribution, recevoir dans l'intérieur


-285 —<br />

du collège le repas du milieu du jour, à l'heure du dîner des maî<br />

tres et pensionnaires. Il y aura un professeur spécial pour cha<br />

cune des trois dernières classes élémentaires mais les autres se<br />

ront professées simultanément pour deux classes par le même<br />

professeur. Il en sera de même pour l'enseignement professionnel<br />

qui, bien que réparti en quatre années, sera confié à deux profes<br />

seurs seulement. D'après le nouveau tarif adopté pour les traite<br />

ments, la dépense du personnel s'élèvera à 37.560 francs. Celle<br />

du matériel ne change point.<br />

23 octobre<br />

D. 1.465.<br />

Le ministre, à l'occasion de diverses désignations réclamées<br />

par lui pour renforcer le personnel des douanes de l'Algérie, ap<br />

pelle l'attention de son collègue des Finances sur l'habitude fâ<br />

cheuse contractée par l'administration centrale d'accorder, aux<br />

agents qu'elle envoie en Algérie, des avancements réellement exor<br />

bitants. Il serait préférable que les avancements fussent modi<br />

ques afin de mettre l'autorité locale en mesure de stimuler le zèle<br />

des agents par des encouragements qu'elle se trouve dès lors<br />

dans l'impuissance de distribuer. En second lieu, le ministre désire<br />

qu'il ne soit point fait mention, sur les commissions délivrées aux<br />

employés, du poste qui leur est réservé, poste dont la désignation<br />

doit toujours appartenir à l'autorité locale, suivant les besoins<br />

du service.<br />

6 novembre<br />

G. 198.<br />

Le ministre ne saurait approuver l'arrêté pris par le gouver<br />

neur général et qui place Philippeville dans le ressort du tribunal<br />

de Bône. L'éloignement et la difficulté des communications qui<br />

existent entre ces deux localités rendent l'arrêté d'une exécution<br />

difficile. D'ailleurs, il eût été convenable de faire une distinction<br />

entre les affaires du ressort de la justice de paix et qui pouvaient<br />

continuer d'être jugées sur les lieux mêmes par l'autorité civile,<br />

et celles qui devaient être déférées aux tribunaux ordinaires. Au<br />

surplus, l'arrêté du gouverneur, quels que puissent être ses incon-


-286-<br />

vénients, ne saurait demeurer longtemps en vigueur, puisque l'or<br />

donnance royale destinée à réformer celle du 10 août 1834 ne va<br />

pas tarder à paraître.<br />

6 novembre<br />

G. 199.<br />

Le ministre approuve l'arrêté du gouverneur général qui or<br />

ganise à Philippeville un bataillon de milice africaine. Il est ur<br />

gent de pourvoir à tous les services civils de cette localité. Dans<br />

cette vue, le ministre fait détacher d'Alger un aspirant ingé<br />

nieur ;<br />

un commissaire de police va être adjoint au commissaire<br />

civil ; la justice va être organisée ainsi que les cultes chrétiens<br />

et l'instruction élémentaire. La surveillance et la direction de ces<br />

divers services sont recommandées à la sollicitude du gouverneur<br />

général.<br />

13 novembre<br />

F. 310.<br />

La dernière rédaction présentée par le conseil d'administra<br />

tion pour le projet d'arrêté relatif au séquestre a paru au minis<br />

tre de nature à satisfaire à tous les intérêts,<br />

sauf quelques légè<br />

res modifications et le ministre se félicite vivement de l'heureux<br />

résultat des études combinées de l'administration centrale et de<br />

l'autorité locale. Les modifications dont il s'agit portent en géné<br />

ral plutôt sur l'expression que sur la pensée. Quelques unes sont<br />

plus importantes ; on analysera seulement ces dernières. C'est<br />

ainsi qu'il convient d'ajouter à l'article 2 « ou qui auront pris<br />

parti pour lui », car les tribus peuvent faire acte d'hostilité sans<br />

abandonner leur territoire. A l'article 8 il serait bon d'ajouter que<br />

les tribunaux ne pourront user de la latitude que leur confère<br />

l'article 463 du code pénal pour la modération de l'amende ; l'ar<br />

ticle 20 paraît devoir être suivi d'une disposition qui permette de<br />

vendre les biens séquestrés avant la réunion au domaine, sous<br />

toute réserve des droits afférents à quiconque sur le prix de<br />

vente. Ces modifications effectuées, rien ne s'opposera plus à la<br />

mise en vigueur d'un arrêté dont le gouverneur général doit ap<br />

précier l'urgence.


17 novembre<br />

D. 1.536.<br />

— 287-<br />

Le ministre, à l'occasion d'une demande de grade de sous-<br />

chef pour un employé de la direction des finances à Alger, M.<br />

Testu, croit devoir appeler l'attention de son collègue des finances<br />

sur la position toute spéciale des employés de cette direction, telle<br />

qu'elle doit résulter de l'ordonnance du 21 août 1839. En principe,<br />

on ne saurait méconnaître que l'ordonnance dont il s'agit a eu en<br />

vue d'assurer un avenir en France aux employés des services fi<br />

nanciers de l'Algérie, non seulement ceux qui seraient appelés à<br />

en faire partie à l'avenir, mais encore ceux qui déjà figuraient<br />

dans ce cadre et dont la position, provisoire pour la plupart, se<br />

trouve régularisée par l'ordonnance. C'est ce que les Forêts, les<br />

Douanes, l'Enregistrement s'empressèrent de reconnaître en déli<br />

vrant des commissions aux agents dépendant de leurs administra<br />

tions respectives. Quant à ceux qui,<br />

n'appartenant à aucune de<br />

ces administrations, font pourtant partie des services financiers<br />

à des titres divers, l'article 161 de l'ordonnance est formel : c'est<br />

dans les bureaux du ministère des finances qu'ils doivent pren<br />

dre rang. C'est dans la stricte application de cet article que le mi<br />

nistre réclame en leur faveur et il ne saurait y avoir à cet égard<br />

le moindre doute.<br />

27 novembre<br />

G. 211.<br />

L'organisation civile essentiellement provisoire consacrée par<br />

l'arrêté du 17 février 1840 est devenue insuffisante sur plusieurs<br />

points où il y a lieu actuellement de séparer le pouvoir adminis<br />

tratif et le pouvoir judiciaire. Cette distinction sera l'un des<br />

objets de la nouvelle ordonnance sur la justice. Peut-être aussi<br />

entraînera-t-elle quelques<br />

vrier autres que la<br />

judiciaires. Le gouverneur<br />

son avis à ce sujet, d'urgence.<br />

27 novembre<br />

G. 213.<br />

modifications dans l'arrêté du 17 fé<br />

suppression du titre relatif aux attributions<br />

général est invité à faire connaître<br />

Le ministre a cru devoir faire préparer un projet d'arrêté<br />

sur l'expropriation pour cause d'utilité publique après s'être fait


— 288-<br />

représenter les nombreux documents déjà recueillis sur cette ma<br />

tière délicate. Ce projet, qu'il envoie au gouverneur général, de<br />

vra être soumis aux délibérations du conseil d'administration dont<br />

il est permis d'attendre dans cette circonstance, comme dans tant<br />

d'autres, un utile concours et des observations pleines de sagesse.<br />

1"<br />

I. 353.<br />

décembre<br />

L'emploi de directeur de la Pépinière d'Alger a été, jusqu'à<br />

ce jour, laissé à la nomination de l'autorité locale. Dans le prin<br />

cipe, cet état de choses ne présentait aucun inconvénient, mais<br />

maintenant que l'emploi dont il s'agit réclame à la fois des con<br />

naissances administratives et scientifiques assez étendues, le mi<br />

nistre a pensé qu'il convenait de le mettre au nombre de ceux qui,<br />

en vertu de l'instruction du 11 octobre 1837, sont réservés à la<br />

nomination ministérielle. Ainsi il y<br />

aura plus de latitude et plus<br />

de garanties pour l'administration dans les choix. Le gouverneur<br />

général pourra toujours d'ailleurs présenter des candidats.<br />

4 décembre<br />

I. 356<br />

Les israëlites algériens se plaignent d'être contraints à signer,<br />

le samedi, des actes de l'état-civil. Cette contrainte, si elle a lieu,<br />

est illégale : elle est attentatoire à la liberté des cultes et le gou<br />

verneur général devra la faire cesser.<br />

11 décembre<br />

I. 359.<br />

Le ministre envoie au gouverneur général cinq exemplaires<br />

d'une instruction générale relative aux réfugiés politiques pour<br />

être répartis entre les divers services de l'Algérie. Le gouverneur<br />

général est invité à examiner s'il n'y a pas lieu,<br />

conformément à<br />

l'article 26 de cette instruction, à proposer la radiation de ceux<br />

des réfugiés résidant en Algérie dont la position s'est améliorée.<br />

11 décembre<br />

D. 1.579.<br />

M. Bonfils, lieutenant de vaisseau, vient d'adresser au Dé<br />

partement de la guerre un mémoire fort important sur la création<br />

d'une marine indigène en Algérie. Ce mémoire a semblé au mi-


-289 —<br />

nistre de nature à fixer l'attention du gouvernement et il croit<br />

devoir en conséquence en entretenir son collègue de la marine.<br />

Les premiers avantages qui en résulteraient seraient d'anéantir<br />

les restes de la piraterie et d'utiliser à notre profit l'aptitude et<br />

l'influence morale de l'ancienne population maritime de ces côtes.<br />

M. Bonfils évalue à 4.000 le nombre des marins de l'ex-flotte algé<br />

rienne dont on pourrait certainement recruter un bon nombre au<br />

moyen d'engagements de trois années. Maintenus par une disci<br />

pline sévère, ces recrues deviendraient en même temps pour nous<br />

de véritables otages. Le ministre demande l'avis de son collègue<br />

de la marine sur les moyens de réaliser un pareil plan.<br />

11 décembre<br />

G. 217.<br />

Une communication dans le sens de la précédente est adres<br />

sée au gouverneur général avec invitation de mettre à l'étude le<br />

projet présenté par M. le lieutenant de vaisseau Bonfils et de ré<br />

clamer à cet effet le concours du commandant de la marine.<br />

11 décembre<br />

D. 1.588.<br />

Des bâtiments espagnols nolisés de Palma pour l'Algérie sont<br />

signalés par M. le gouverneur général comme se livrant à des<br />

opérations de commerce frauduleuses avant de se rendre au port<br />

de destination. Cet état de choses présente les plus grands incon<br />

vénients sous les rapports fiscal, politique et sanitaire. Il serait<br />

bon que les consuls du gouvernement du Roi, pour prévenir le re<br />

tour de pareils abus, donnassent, sur les patentes de santé des<br />

navires, toutes les instructions nécessaires à cet effet et M. le<br />

ministre des affaires étrangères est prié de vouloir prendre des<br />

mesures en conséquence.<br />

18 décembre<br />

G. 218.<br />

Le ministre, informé que le substitut d'Oran est intervenu sur<br />

la réquisition du général commandant la province, auprès du ma<br />

gistrat indigène,<br />

pour faire infliger le châtiment de la baston-<br />

19


— — 290<br />

nade à un israëlite inculpé d'avoir insulté publiquement un mara<br />

bout, croit devoir appeler l'attention du gouverneur général sur<br />

cette irrégularité. Les membres du parquet, comme toutes les au<br />

tres autorités civiles ou militaires, ne doivent prêter assistance<br />

qu'à l'exécution des arrêts de justice. Que si, dans certains cas<br />

exceptionnels, l'autorité supérieure croit devoir sévir spontané<br />

ment, c'est à elle à réclamer personnellement le concours du ma<br />

gistrat indigène et à ne point imposer à autrui la responsabilité<br />

de ses actes. Des instructions devront être adressées dans ce sens<br />

à qui de droit.<br />

18 décembre<br />

J. 250.<br />

L'arrêté du 28 novembre, par lequel le gouverneur général a<br />

cru devoir instituer une chambre temporaire près le tribunal de<br />

1<br />

instance d'Alger, consacre une innovation grave et tout à fait<br />

en dehors des prévisions de l'ordonnance du 10 août 1834. Cette<br />

mesure, qui a néanmoins de justes causes, est approuvée comme<br />

disposition transitoire, jusqu'à l'époque très prochaine des modi<br />

fications que va recevoir l'organisation judiciaire.<br />

18 décembre<br />

D. 1.596.<br />

Le ministre appelle de nouveau l'attention de son collègue de<br />

l'intérieur sur la position des insurgés espagnols d'Alhucemas dé<br />

tenus au fort Mers el-Kebir. Aucune réponse à la communication<br />

dont ils ont été l'objet, le 8 juillet dernier, n'est encore parvenue<br />

dans les bureaux, bien qu'un résultat tout contraire eût été ver<br />

balement annoncé. Le ministre comprend tout ce qu'une solution<br />

en pareille matière présente de délicat, aussi est-il résolu, dès<br />

qu'il aura reçu la réponse de son collègue de l'intérieur, à soumet<br />

tre également au département des affaires étrangères la question<br />

de droit international soulevée en cette circonstance.


TABLE de la Correspondance Générale<br />

N°'<br />

Correspondance générale<br />

Pages<br />

Correspondance du ministre, partie administrative (analyses) 253<br />

BEDEAU<br />

61 12 novembre 1840, à Valée 118<br />

CHANGARNIER<br />

67 20 novembre 1840, à Valée 135<br />

<strong>DU</strong>VIVIER<br />

68 20 novembre 1940, à Valée 142<br />

GALBOIS<br />

69 20 novembre 1840, à Valée 149<br />

78 3 décembre » » , , 165<br />

87 20 décembre » » 183<br />

D'ILLENS<br />

21 27 septembre 1840, à Valée 33<br />

22 27 » » » 45<br />

DE LAGAU<br />

14 18 septembre 1840, à Valée 26<br />

18 23 » » » 29<br />

27 5 octobre » » 55<br />

37 20 » » » 76<br />

46 2 novembre 94<br />

65 15 134<br />

77 2 décembre » » 164<br />

82 13 » » » 178<br />

95 28 191<br />

LAMORICIERE<br />

24 4 octobre 1840, à Valée 50<br />

40 26 79<br />

63 13 novembre » 120<br />

79 4 décembre » » 167<br />

85 15 » » » 182<br />

LE MINISTRE DE LA GUERRE<br />

1 3 septembre 1840, à Valée 7<br />

7 11 » 15<br />

8 8 15<br />

19 24 » » » 30<br />

20 25 » » » 31<br />

38 23 octobre » 77<br />

41 13 novembre à Lamoricière 85<br />

47 4 » » à Valée 95<br />

49 15 » » à Schramm 100<br />

50 6 à Valée 101<br />

51 6 » 103<br />

7


NM<br />

52<br />

53<br />

54<br />

55<br />

56<br />

57<br />

58<br />

62<br />

66<br />

70<br />

72<br />

74<br />

81<br />

86<br />

90<br />

91<br />

92<br />

93<br />

94<br />

99<br />

104<br />

105<br />

108<br />

109<br />

110<br />

113<br />

114<br />

115<br />

11<br />

28<br />

116<br />

48<br />

64<br />

111<br />

112<br />

13<br />

75<br />

6 novembre 1840, à Valée<br />

11 » » s<br />

11 »<br />

11 »<br />

11 » » »<br />

-292 —<br />

.<br />

11 » » »<br />

11 » »<br />

13<br />

20<br />

»<br />

20<br />

»<br />

27 » à Schramm<br />

s.d. Annotation à la dépêche à Valée<br />

9 décembre 1840, à Valée<br />

19 » » »<br />

23 » »<br />

23 »<br />

23 » »<br />

23<br />

28<br />

» »<br />

29 » »<br />

15 janvier 1841 »<br />

13 » » à Galbois<br />

18 » » au préfet maritime de Toulon<br />

19 » » à Valée<br />

26 janvier » à Galbois<br />

12 février » à Schramm<br />

12 » »<br />

19 » »<br />

s.d., à Valée<br />

6 octobre 1840, à Valée<br />

3 mars 1841 »<br />

MOHAMMED GUERZOUAOU<br />

<strong>DU</strong>C D'ORLEANS<br />

SCHRAMM<br />

5 novembre 1840, au ministre de la guerre<br />

16 » » »<br />

27 janvier 1841, ordre du jour<br />

29 ordre général<br />

s.d., à Valée<br />

TEDJINI<br />

TEMPOURE<br />

30 novembre 1840, à Lamoricière<br />

10 septembre 1840, à Valée<br />

THIERSi<br />

VALEE<br />

s.d., à d'Illens<br />

6 septembre 1840, au ministre de la guerre . . . .<br />

6 » » »<br />

S » »<br />

Pages<br />

105<br />

106<br />

107<br />

108<br />

108<br />

109<br />

110<br />

120<br />

134<br />

151<br />

152<br />

157<br />

176<br />

183<br />

187<br />

189<br />

190<br />

190<br />

191<br />

211<br />

241<br />

242<br />

244<br />

245<br />

245<br />

248<br />

249<br />

250<br />

22<br />

56<br />

250<br />

96<br />

130<br />

246<br />

247<br />

25<br />

158<br />

11


—<br />

— 293<br />

9 13 septembre 1840, au ministre de la guerre i6<br />

15 21<br />

16 21<br />

« 21<br />

23 28<br />

25 5<br />

»<br />

»<br />

octobre<br />

»<br />

» à Thiers<br />

»<br />

»<br />

17<br />

26<br />

27<br />

V<br />

51<br />

of<br />

29<br />

3°<br />

31<br />

5<br />

11<br />

12<br />

17<br />

*<br />

»<br />

»<br />

»<br />

»<br />

»<br />

»<br />

au ministre de la guerre ..................<br />

à Lamoricière ..'.'.'.<br />

au ministre de la guerre .......<br />

»<br />

54<br />

57<br />

59<br />

32<br />

33<br />

34<br />

18<br />

18<br />

19<br />

» »<br />

»<br />

»<br />

,<br />

à Galbois<br />

au ministre de la guerre<br />

65<br />

68<br />

71<br />

oD 19 79<br />

36<br />

39<br />

42<br />

43<br />

44<br />

45<br />

59<br />

60<br />

19<br />

26 »<br />

2 novembre<br />

2<br />

2, »<br />

2<br />

12 »<br />

12 »<br />

•»<br />

»<br />

»<br />

»<br />

»<br />

»<br />

„<br />

»<br />

»<br />

»<br />

»<br />

»<br />

..:::::::::::::;::<br />

74<br />

78<br />

86<br />

86<br />

90<br />

gg<br />

110<br />

m<br />

71 24 » > » 152<br />

73 30 » » 153<br />

76 1"<br />

décembre » 161<br />

80 8 > » 175<br />

83 14 » » 178<br />

84 s.d. » » > 179<br />

88 22 185<br />

89 22 » » 185<br />

96 29 » » 192<br />

97 29 » 195<br />

98 29 » à Soult 209<br />

100 31 » » Résultats de la campagne et situation gé<br />

nérale 212<br />

101 5 janvier 1841, au ministre de la guerre 233<br />

102 5 » » » 235<br />

103 5 » » » 235<br />

106 15 Ordre général 243<br />

107 18 » » Proclamation aux habitants de l'Algérie 244<br />

YAHYIA BEN ZAANOUN<br />

12 15 djemad el tani 1256, à Valée 24


Abdallah Bey<br />

Index Général (1)<br />

I 456<br />

Abd el Kader (émir)<br />

I VII, XII, XV, XVI, XVII, XVIII,<br />

XXI, 63, 65, 70, 87, 91, 98, 99, 102,<br />

109, 110, 111, 112, 113, 114, 116, 117,<br />

120, 121, 124, 132, 133, 135, 138, 142,<br />

146, 150, 151, 159, 160, 164, 165, 166,<br />

167, 171, 172, 173, 174, 175, 176, 180,<br />

181, 182, 183, 184, 186, 187, 188, 189,<br />

190, 191, 192, 193, 194, 195, 199, 200,<br />

201, 202, 203, 209, 210, 211, 213, 219,<br />

221, 222, 224, 225, 226, 227, 229, 232,<br />

233, 236, 242, 244, 245, 249, 251, 252,<br />

253, 254, 255, 256, 257, 258, 263, 264,<br />

265, 266, 267, 268, 269, 272, 273, 274,<br />

275, 276, 277, 281, 284, 286, 287, 288,<br />

290, 291, 293, 294, 296, 297, 302, 303,<br />

305, 306, 307, 314, 316, 317, 318, 319,<br />

320, 321, 322, 326, 328, 330, 331, 332,<br />

333, 335, 336, 337, 338, 339, 341, 342,<br />

347, 348, 351, 353, 354, 357, 364, 365,<br />

366, 375, 378, 380, 382, 395, 396, 398,<br />

399, 400, 401, 408, 415, 418, 419, 420, 429,"<br />

422, 423, 424, 425, 428, 431, 433,<br />

435, 437, 440, 441, 442, 453, 454, 458,<br />

459.<br />

II VIII, IX, XV, 3, 4,<br />

11, 14, 16, 17, i8, 22,<br />

31, 38, 43, 46, 47, 48,<br />

60, 61, 64, 65, 67, 68,<br />

79, 80, 88, 90, 91, 108,<br />

120, 125, 126, 128, 129,<br />

143, 153, 154, 160, 161,<br />

173, 176, 203, 209, 211,<br />

236, 238, 248, 251, 262,<br />

274, 280, 281, 284, 285,<br />

298.<br />

5, 6, 7, 8, 10,<br />

23, 25, 29, 30,<br />

49, 52, 53, 57,<br />

72, 73, 77, 78,<br />

109, 118, 119,<br />

130, 132, 139,<br />

162, 164, 165,<br />

213, 229, 230,<br />

266, 269, 272,<br />

286, 287, 295,<br />

m IX, X, XII, XHI, XV, XIX, 5, 18,<br />

20, 21, 23, 24, 29, 30, 36, 41, 42, 44,<br />

45, 46, 48, 51, 61, 62, 63, 64, 65, 66,<br />

67, 69, 70, 71, 72, 76, 83, 97, 98, 99,<br />

100, 101,<br />

124, 127,<br />

143, 150,<br />

167, 169,<br />

187, 188,<br />

223, 228,<br />

238, 239,<br />

248, 249,<br />

265, 266,<br />

281, 288,<br />

105, 107, 110,<br />

128, 132, 133,<br />

159, 161, 162,<br />

170, 172, 173,<br />

201, 203, 207,<br />

229, 233, 234,<br />

240, 241, 242,<br />

251, 255, 256,<br />

267, 268, 270,<br />

295, 304, 315.<br />

111, 119, 123,<br />

136, 140, 141,<br />

163, 164, 165,<br />

174, 182, 186,<br />

216, 218, 221,<br />

235, 236, 237,<br />

243, 246, 247,<br />

257, 259, 262,<br />

278, 279, 280,<br />

rv vu, ix, x, xn, xni, xiv, xv,<br />

XVI, XVII, XVIII, XX, 3, 5, 6, 7, 8,<br />

11, 12, 18, 20, 28, 33, 34, 38, 40, 44,<br />

45, 46, 47, 48, 49, 50, 52, 63, 67, 69,<br />

70, 72, 73, 83, 92, 93, 94, 95, 98, 100,<br />

101, 102, 103, 104, 106, 107, 108, 110,<br />

112, 114, 115, 118, 119, 123, 124, 125,<br />

126, 127, 128, 138, 139, 140, 147, 153,<br />

154, 156, 158, 165, 168, 171, 174, 176,<br />

178, 181, 184, 185, 186, 187, 194, 199,<br />

205, 214, 219, 222, 223, 224, 227, 230,<br />

234, 237, 238, 240, 245, 251, 252, 259,<br />

260, 261, 268, 275, 276, 278, 281, 290,<br />

291, 292, 293, 294, 297, 298, 301, 303,<br />

309, 310, 311, 312, 313, 314.<br />

V 8, 12, 13, 15, 17, 18, 19, 20, 23, 24,<br />

25, 50, 58, 65, 73, 86, 87, 88, 89, 91,<br />

93, 98, 108, 110, 111, 112, 121, 131,<br />

150, 155, 162, 163, 164, 165, 166, 175,<br />

186, 187, 190, 193, 194, 195, 213, 214,<br />

216, 220, 223, 224, 225, 226, 227, 228,<br />

229, 232, 241, 245, 246.<br />

Abd el Kader (marabout de) III,<br />

197 IV, 232, 235, 236, 245 V, 61,<br />

82.<br />

Abd el Kader bou Klifa IV, 50.<br />

Abd el Kader ben Zirer IV, 190.<br />

Abd el Gellil IV,<br />

111 V, 101, 102.<br />

Abd el Nour III, 76, 100, 131, 142<br />

IV, 293.<br />

II- (juin-décembre 1838). —<br />

—<br />

III. (1839).<br />

(1) Tome I. (octobre 1837-Mai 1838). — 'V- ^^^^^c^V^^l^^ dans ces mois Index, seulement<br />

l'indication « citations ».


Abderrahman (Muley) Sultan du<br />

Maroc I, 167, 173, 252, 431 H, 31,<br />

-<br />

32, 49, 126, 153<br />

92, 94.<br />

m, 98, 190 IV, 5,<br />

Abderrahman (Sidi) ni, 201.<br />

Abderrahman el Forkani ni, 228.<br />

Abd es-Salem I, 166, 172, 175, 195,<br />

197, 210, 226, 269, 293, 297, 331 H,<br />

22, 47, 59, 235, 239, 247, 248, 261, 269,<br />

279, 300<br />

231, 312.<br />

- EH, 99, 114 IV XVIII,<br />

Achache in, 252.<br />

Achmet-Bey (Ahmed) ancien bey de<br />

Constantine I V, VII, XVII - 1, 4,<br />

5, 9, 21, 22, 24, 25, 32, 37, 43, 45, 49,<br />

50, 51, 52, 56, 57, 59, 63, 64, 65, 68,<br />

71, 81, 95, 108, 137, 150, 153, 154, 155,<br />

156, 160, 165, 166, 167, 168, 182, 186,<br />

206, 207( 208, 209, 212, 214, 215, 226,<br />

228, 240, 244, 251, 252, 255, 268, 278,<br />

279, 280, 282, 283, 284, 285, 291, 297,<br />

300, 307, 310, 317, 320, 321, 322, 331,<br />

334, 335, 336, 337, 338, 339, 341, 342,<br />

343, 347, 348, 349, 353, 354, 356, 357,<br />

366, 369, 372, 377, 379, 382, 383, 399,<br />

403, 417, 418, 424, 425, 426, 427, 428,<br />

433, 436, 437, 438, 439, 444, 452.<br />

H - - XI 1, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 21,<br />

29, 31, 35, 39, 47, 48, 59, 65, 74, 75,<br />

81, 87, 88, 89, 108, 113, 115, 124, 128,<br />

129, 132, 139, 143, 150, 151, 167, 168,<br />

170, 171, 174, 175, 178, 200, 201, 202,<br />

206, 208, 209, 212, 218, 230, 231, 236,<br />

242, 243, 245, 246, 247, 248, 249, 260.<br />

m 120, 121, 122, 210, 216, 252.<br />

IV 33, 70, 72, 77, 101, 105, 110, 111,<br />

119, 128, 194, 198, 199, 221, 259, 282,<br />

289.<br />

V 19, 223, 225, 226, 231, 250.<br />

Projet de Convention I, 26.<br />

Achmet ben Saraoui IV, 190.<br />

Adda ould Belcha (Belaga) IV, 188,<br />

190 - V, 127.<br />

Afroun (el) IV, 131, 166, 167 V,<br />

145.<br />

Agbaïl V, 150.<br />

Agueli IV, 253.<br />

Ahmed m, 57.<br />

-296 —<br />

Ahmed (cheikh) V, 25.<br />

Ahmed bel Hadj IV, 108, 109, 120,<br />

122.<br />

Ahmed ben Kaddar H 127.<br />

Ahmed ben Kouider n, 117.<br />

Ahmed Cherif I, 16, 23, 53 H, 22,<br />

- 287 m, 93, 200.<br />

Ahmed ben Saphir m, 274.<br />

Ahmed Razouk m, 228.<br />

Ahmed Tedjini m, 7, 8.<br />

Aïn Babouch IV, 129, 130, 220, 313 -<br />

V, 19.<br />

Aïn Beïda HI, 6 V, 50, 51.<br />

Aïn Chabrou V, 250.<br />

Aïn bou Hadjar V, 167.<br />

Aïn Kliffa IV, 260.<br />

Aïn Kseur V, 12, 132.<br />

Aïn Madhi H IX 46, 52, 60, 67,<br />

78, 82, 83, 90, 105, 109, 120, 126, 132,<br />

153, 160, 173, 176, 177, 219, 229, 269,<br />

272, 274, 275, 281, 286 - m ■ X - 5,<br />

15, 18, 21, 23, 29, 30, 39, 41, 42, 71,<br />

169, 174, 243 - 69, 225.<br />

-<br />

IV 46 V 19, 23, 24,<br />

Relation du siège d'Aïn Madhi m,<br />

5, 14.<br />

Aïn Ratidja V, 168.<br />

Aïn Safra V, 158.<br />

Aïn Sultan HI, 170, 173, 224.<br />

Aïn Talazid (Telaizid) IV, 254, 269,<br />

281, 315.<br />

Aïn Turco HI, 218 - IV,<br />

18, 165, 224.<br />

Aïouf (Djebel) III, 92.<br />

Aix ni, 92.<br />

207, 221 -<br />

Alboise IV, 226, 227, 229, 310.<br />

Albrecht H, 144, 145.<br />

Aies ben Aôn I, 17.<br />

V,<br />

Alexandrie I, 32 H, 111 m, 44<br />

IV, 49 V, 55.


Ali (caïd) m, 57, 203, 208, 227, 283.<br />

Ali ben Bahmed I, 206 -<br />

209.<br />

Ali ben Smati m, 158, 159.<br />

Ali Labrak III, 76.<br />

H,<br />

76 -<br />

—<br />

— 297<br />

ni<br />

Alger I -<br />

VIII, IX, XVI 68, 78, 84<br />

85, 86, 89, 90, 92, 98, 102, 103, 104<br />

105, 109, 110, 113, 114, 129, 134, 136<br />

142, 143, 144, 145, 148, 150, 154, 157<br />

160, 163, 164, 171, 172, 178, 179, 180<br />

181, 195, 196, 197, 210, 213, 219, 222<br />

223, 226, 230, 250, 251, 253, 254, 259<br />

260, 261, 262, 264, 265, 266, 268, 275,<br />

276, 277, 279, 282, 283, 286, 291 294<br />

295, 304, 307, 320, 321, 325, 327, 329<br />

331, 335, 336, 353, 354, 355, 361, 372<br />

374, 377, 382, 394, 395, 397, 398, 399,<br />

413, 415, 416, 419, 421, 422, 424, 425<br />

—<br />

- 429, 438, 440, 441, 459 H VIII,<br />

- LX 1, 7, 8, 9, 11, i2, 13, 17, 23, 33,<br />

40, 45, 49, 52, 59, 60, 61, 63, 65, 68,<br />

76, 77, 78, 79, 90, 91, 93, 98, 99, 100,<br />

103, 104, 106, 113, 119, 128, 134, 141,<br />

144, 154, 160, 162, 163, 171, 174, 187,<br />

189, 229, 230, 235, 236, 237, 240, 247,<br />

248, 249, 250, 254, 255, 256, 257, 258,<br />

261, 265, 270, 273, 276, 280, 283, 287,<br />

288, 294, 296, 297, 300, 310, 312 —<br />

UI IX, XIII, XVI, XVIII, XIX -<br />

2, 3, 4, 8, 38, 39, 45, 68, 77, 83, 88,<br />

101, 102, 103, 104, 105, 108, 111, 112,<br />

117, 118, 121, 136, 137, 149, 155, 163,<br />

164, 165, 166, 169, 170, 180, 181, 189,<br />

194, 199, 200, 208, 214, 215, 216, 219,<br />

220, 221, 222, 234, 236, 237, 238, 241,<br />

255, 257, 259, 260, 263, 265, 267, 271,<br />

276, 280, 283, 284, 285, 286, 287, 289,<br />

—<br />

297, 298, 300, 302, 316, 319, 324<br />

rv - ■ xrv, xvi, xvii, xvin 3, 17,<br />

18, 20, 22, 24, 27, 29, 30, 32, 38, 39,<br />

40, 47, 48, 54, 55, 58, 65, 66, 72, 73,<br />

74, 81, 82, 87, 99, 101, 107, 112, 113,<br />

114, 128, 134, 137, 141, 145, 153, 155,<br />

159, 160, 161, 164, 168, 187, 192, 197,<br />

198, 201, 203, 205, 206, 218, 231, 233,<br />

235, 243, 250, 254, 262, 275, 280, 288,<br />

—<br />

294, 296, 300, 303, 304 V, 13, 14,<br />

23, 29, 34, 54, 56, 57, 58, 59, 74, 75,<br />

76, 104, 107, 130, 134, 155, 162, 164,<br />

165, 178, 191, 196, 199, 200, 207, 208,<br />

211, 213, 219, 229, 232, 233, 236, 238,<br />

239, 241, 244, 247, 254, 255, 256, 259,<br />

262, 263, 264, 265, 266, 270, 271, 272,<br />

273, 275, 277, 280, 281, 282, 283, 284,<br />

286, 287, 288, 290.<br />

Province d'Alger I 45, 59, 100 109<br />

113, 114, 133, 135, 142, 143,<br />

162, 163, 171, 187, 192, 229, 230, 232<br />

233, 242, 244, 245, 246, 249, 258, 265<br />

277, 284, 287, 303, 311, 312, 314<br />

318, 319, 324, 325, 331, 332, 335,<br />

340, 341, 342, 358, 364, 373, 376, 386<br />

388, 390, 392, 395, 396, 401, 413 414<br />

419, 422, 437, 441 — '<br />

- H IX XV<br />

3, 4, 9, 11, 17, 32, 33, 45, 46, 79,-<br />

56, 60,<br />

90, 91, 93, 94, 95, 109, 121, 130<br />

131, 134, 135, 140, 142, 152, 153,<br />

161, 180, 183, 261, 264, 269, 272 277<br />

— 295 m - XV - 49, 70, 77, 80, 107,<br />

119, 124, 127, 130, 147, 157, 158, 162,<br />

175, 189, 196, 202, 203, 206, 207, 217<br />

219, 241, 257, 259, 263, 268, 277, 289!<br />

—<br />

-<br />

291, 293, 307 IV VIII, XVIII<br />

14, 20, 35, 36, 39, 51, 54, 67, 68, 77<br />

94, 101, 106, 107, 120, 160, 170, 203,<br />

— 254, 255, 259, 280, 296 V 8, 12<br />

16, 17, 27, 50, 52, 59, 71, 72, 73 74 'l83,'<br />

79, 97, 110, 130, 152, 175, 179,<br />

185, 190, 191, 192, 194, 198, 199, 200,<br />

203, 204, 205, 206, 207, 213, 219, 230<br />

235, 245, 254, 255, 256, 257, 262, 264<br />

265.<br />

Division d'Alger I, 87, 96, 175 n,<br />

102 m, 147, 157 IV, X, 69, 121,<br />

301 V, 58, 94, 97, 107, 121.<br />

Expédition d'Alger I, IX, 403 ///,<br />

71, 304.<br />

Collège d'Alger m, 301, 309, 310, 315,<br />

318, 322.<br />

Ecoles primaires m, 320, 321.<br />

Evêché d'Alger I, 354, 355, 356 ■<br />

n,<br />

31, 49, 195 ///, 302, 304, 312, 316,<br />

317.<br />

Môle d'Alger m, 327.<br />

Algérie I XIII, XIV, XV, XVI,<br />

XVIII, XIX 87, 99, 106, 142, 149,<br />

151, 154, 157, 158, 160, 166, 174, 192,<br />

198, 214, 217, 224, 226, 231, 232, 235,<br />

237, 238, 241, 252, 276, 279, 281, 284,<br />

305, 308, 309, 311, 317, 321, 322, 333,<br />

340, 343, 346, 347, 353, 360, 363, 369,<br />

370, 381, 388, 389, 393, 397, 400, 403,<br />

413, 416, 418, 429, 435, 439, 446 —<br />

n vin, x, x, xi, xii, xiv, xvii<br />

- 1, 11, 71, 86, 95, 96, 100, 101, 102,<br />

106, 120, 125, 129, 131, 133, 137, 139,<br />

151, 160, 163, 168, 176, 206, 208, 215,<br />

216, 218, 229, 231, 237, 243, 255, 257,<br />

258, 270, 271, 282, 288, 294, 304, 306,


—<br />

310, 312, 313 m rx, xrv, xv,<br />

- XVII, XIX 5, 17, 19, 27, 29, 35, 39,<br />

40, 42, 51, 53, 54, 70, 79, 89, 110, 113,<br />

118, 133, 140, 143, 146, 153, 156, 164,<br />

167, 168, 170, 171, 172, 177, 178, 179,<br />

180, 181, 183, 184, 185, 187, 190, 192,<br />

196, 201, 206, 207, 214, 215, 224, 237,<br />

238, 241, 243, 245, 251, 254, 256, 259,<br />

260, 262, 264, 267, 270, 288, 289, 291,<br />

297, 298, 299, 300, 300, 302, 303, 305,<br />

306, 307, 311, 313, 314, 315, 316, 317,<br />

318, 320, 322, 323, 324, 325, 326, 327,<br />

— - - 328 IV XVIII, XXIII, XXIV 18,<br />

20, 23, 28, 37, 38, 39, 41, 42, 43, 44,<br />

45, 46, 47, 48, 52, 53, 66, 71, 76, 82,<br />

84, 94, 102, 104, 116, 152, 153, 157,<br />

161, 177, 193, 207, 212, 217, 220, 252,<br />

257, 258, 265, 267, 269, 270, 271, 275,<br />

277, 280, 282, 285, 289, 293, 294, 297,<br />

— -<br />

308, 309 V 12, 16, 29, 31, 32, 41,<br />

51, 53, 54, 65, 67, 68, 76, 90, 91, 92,<br />

93, 94, 96, 101, 103, 115, 117, 152, 153,<br />

156, 163, 187, 195, 196, 197, 198, 199,<br />

202, 203, 204, 205, 206, 207, 208, 209,<br />

210, 211, 213, 229, 234, 235, 237, 238,<br />

239, 241, 243, 244, 250, 256, 259, 260,<br />

261, 263, 265, 266, 269, 271, 273, 274,<br />

275, 276, 279, 280, 282, 284, 285, 287,<br />

288, 289.<br />

Dénomination m, 206, 207.<br />

Politique générale ï, 221, 237 HI,<br />

167, 174, 178, 183, 184, 185 - IV,<br />

53,<br />

82, 96, 137, 142, 275, 280, 293, 303.<br />

Organisation administrative n, 91,<br />

105, 257, 260.<br />

Organisation judiciaire n, 97, 104.<br />

Cultes catholique m, 195, 310, 312<br />

- Protestants m, 254, 259, 265, 269,<br />

282, 299, 302, 311, 312, 322, 323.<br />

Israélites m, 262, 275, 288.<br />

Douanes m, 300.<br />

Colonisation I, 384, 394 IV, 279<br />

V, 206, 232, 274.<br />

Alhucemas (réfugiés d') HI, 298, 302,<br />

309, 311, 318, 327 V, 256, 259, 271,<br />

290.<br />

Allègre IV, 80.<br />

Allonville (d') IV, 61.<br />

Alloulah (lac) IV, 165, 169 - V,<br />

Alquier Cazes ni, 278, 279.<br />

116.<br />

-298-<br />

Alton (d') n, 40 IV, 227.<br />

Alsace V, 273.<br />

Amara ben Saïda in, 212.<br />

Amamza IV, 221.<br />

Amaraoua m, 115, 201 IV, 195.<br />

Amezian HI, 96 IV, 101, 106.<br />

Amer I, 226 n, 175, 204, 215, 246<br />

m, 162, 203, 234, 281 IV, 34.<br />

Amer Gharaba ni, 206, 2Ù9 -<br />

Ammer el Chaïd IV, 105.<br />

V,<br />

223.<br />

Ameria (Amria) IV, 191, 196 V,<br />

170, 171, 172.<br />

Amérique IV, 42.<br />

- Ammal (djebel) I, 162<br />

- 170, 224 IV,<br />

35.<br />

Amour (djebel) H, 83.<br />

Amran n, 53.<br />

n,<br />

287 -<br />

m,<br />

Andalouses (plaine des) m, 176 V,<br />

168.<br />

Andrieu H, 250.<br />

Angad V, 187.<br />

Anglais V, 192.<br />

Angleterre m, 98, 183 IV, 42, 142.<br />

Antilles H, 97, 100.<br />

Antonini m, 226.<br />

Aquae Calidae IV XVII V, 114,<br />

115, 221, 222.<br />

Arabes I - XVIII<br />

-<br />

9,"<br />

10, 12, 13, 15,<br />

23, 25, 28, 31, 32, 34, 36, 39, 48,<br />

49, 52, 55, 56, 57, 59, 63, 65, 67,<br />

75, 76, 77, 81, 87, 91, 92, 94, 95,<br />

99, 113, 116, 120, 121, 123, 127, 137,<br />

138, 141, 144, 146, 147, 149, 153, 154,<br />

158, 160, 165, 171, 174; 176, 178, 179,<br />

191, 199, 200, 205, 206, 207, 208, 211,<br />

212, 213, 215, 216, 218, 219, 220, 221,<br />

230, 232, 233, 235, 236, 240, 241, 242,<br />

243, 244, 248, 254, 256, 270, 280, 281,<br />

283, 286, 292, 295, 300, 302, 303, 304,<br />

305, 310, 319, 322, 326, 328, 338, 344,<br />

345, 351, 353, 358, 359, 361, 366, 367,<br />

375, 376, 384, 387, 388, 389, 391, 401,<br />

403, 408, 416, 417, 420, 422, 423, 424,<br />

425, 426, 427, 435, 436, 437, 438, 443


— H, XV • 2, 10, 11, 14, 15, 20, 21,<br />

25, 30, 31, 38, 43, 45, 49, 52, 54, 55,<br />

57, 58, 64, 70, 79, 82, 84, 85, 86, 87,<br />

88, 89, 91, 107, 109, 113, 120, 121, 122,<br />

123, 125, 126, 128, 129, 132, 136, 144,<br />

164, 165, 166, 192, 200, 201, 206, 208,<br />

210, 211, 215, 218, 222, 235, 260, 262,<br />

— -<br />

273, 275, 280, 292, 301 m, XVI,<br />

• XVIII 6, 13, 15, 19, 27, 33, 35, 38,<br />

49, 50, 52, 53, 54, 57, 59, 62, 70, 85,<br />

87, 123, 125, 126, 128, 136, 159, 164,<br />

165, 166, 169, 176, 177, 178, 184, 186,<br />

187, 188, 190, 205, 221, 223, 224, 231,<br />

236, 239, 241, 244, 249, 250, 257, 258,<br />

260, 266, 268, 269, 272, 274, 275, 279,<br />

—<br />

283, 284 IV XII, XIII, XVI, XXI<br />

- 1, 2, 3, 12, 13, 14, 17, 20, 24, 25, 26,<br />

30, 33, 35, 36, 40, 41, 42, 43, 45, 46,<br />

47, 56, 58, 59, 62, 65, 71, 73, 83, 90,<br />

91, 95, 97, 100, 103, 105, 106, 108, 110,<br />

125, 131, 133, 134, 135, 136, 138, 143,<br />

146, 154, 163, 168, 169, 170, 173, 174.<br />

176, 177, 178, 179, 182, 184, 186, 188,<br />

191, 193, 194, 196, 199, 200, 203, 206,<br />

212, 217, 226, 232, 238, 239, 240, 241,<br />

243, 244, 248, 261, 265, 267, 268, 269,<br />

276, 278, 280, 283, 287, 301, 304, 305,<br />

—<br />

306, 307, 315, 317 V 13, 14, 18, 19,<br />

23, 24, 25, 32, 43, 46, 47, 51, 52, 54,<br />

55, 64, 65, 66, 88, 89, 95, 97, 98, 99,<br />

100, 102, 105, 106, 112, 125, 126, 131,<br />

134, 149, 151, 154, 162, 175, 179, 180,<br />

181, 187, 192, 213, 215, 216, 217, 218,<br />

221, 222, 226, 231, 232, 242, 249, 267.<br />

Arba m, 119, 130, 136, 143, 250, 258,<br />

268 IV, 35, 57, 83, 115, 124, 133,<br />

268.<br />

Arbatache I, 312.<br />

Arbi Kahya II, 287.<br />

Aribi (Sidi el) V, 121.<br />

Aribs I, 173, 178 H, 59, 286, 287 -<br />

m, 158, 191, 250 IV, 133 V, 247.<br />

Arlanges (d') IV, 92.<br />

Armandy<br />

(d') I, 33, 41, 105 H, 40.<br />

Armée Organisation et effectifs I,<br />

-<br />

105, 108, 139, 145, 247, 262 n, 39,<br />

41, 140, 142, 146, 149, 179, 191, 275,<br />

280, 292, 304, 308, 310, 313 m, 16,<br />

154, 157, 169, 179, 191, 289, 294 IV,<br />

84, 293, 303.<br />

Corps indigènes I, 298, 304 m, 186,<br />

189.<br />

Etat sanitaire ni, 147, 154, 177 V,<br />

189.<br />

-299-<br />

Arratch (Harrach) I, 191 m, 119,<br />

- 130, 152, 153, 250, 253, 268 IV, 133,<br />

222, 268, 278, 279.<br />

Arrouch I, 456, 457 n, 199, 213, 214<br />

215, 217, 221, 222, 228 HI, 81, 112,<br />

116, 147, 209 -<br />

IV, 106 V, 167, 188.<br />

Arzew I, 100, 110, 131, 161, 197, 200,<br />

432 ■ - n, 58, 61, 79, 93, 106, 141 m,<br />

- 208, 288 IV, 3, 32, 37, 266.<br />

Asie mineure m, 131.<br />

Askar Ali Pacha IV, 110, 111, 199.<br />

Assigny (d') IV, 271.<br />

Ataia I, 217.<br />

Ataf IV, 49.<br />

Atlas I -<br />

- XVI 100, 109 142, 162, 163,<br />

164, 165, 187, 188, 191, 201, 230, 239,<br />

265, 319, 320, 321, 322, 332, 359, 360,<br />

- 378, 396 H, 5, 7, 10, 13, 30, 44, 95,<br />

126, 136, 272, 281, 308 m, 4, 14, 19,<br />

119, 136, 167, 168, 170, 212, 216, 217,<br />

219, 221, 224, 259, 286 - IV X, XII,<br />

XIII, XVII 12, 16, 21, 25, 40, 50, 51,<br />

83, 99, 100, 108, 114, 126, 139, 140,<br />

147, 159, 163, 175, 179, 195, 200, 201,<br />

230, 231, 232, 234, 260, 279, 291, 294,<br />

- 298 V, 8, 49, 57, 58, 65, 66, 72, 73,<br />

75, 89, 113, 117, 186, 192, 193, 225,<br />

234, 247.<br />

Atlas (district de 1') V, 257.<br />

Aumale (duc d') HI, 257 IV, 132,<br />

159, 166, 180, 197, 202.<br />

Aurès I, 48 -<br />

217, 220.<br />

H,<br />

20, 48 -<br />

Autheville (d') IV, 318.<br />

Auvity I, 105.<br />

IV,<br />

104, 105,<br />

Auvray I, 83, 87, 96, 104, 199, 200,<br />

201 IV, 60.<br />

Auzia m, 220.<br />

Avizard n, 40.<br />

Azan I -<br />

VIII.<br />

B<br />

Baba Ali IH, 155, 307 -<br />

IV,<br />

256.<br />

Bab Aroussa IV, 134, 135, 305, 306.<br />

Bab Azoun IV, 381.<br />

Bab el Kantara I, 29.


Bab el Oued (Alger) ni - XVI<br />

-<br />

77.<br />

Bab el Oued (Constantine) I, 6, 9,<br />

10.<br />

Babin IV, 143.<br />

Bachellerie (de la) I, 174.<br />

Bâcher ni, 232.<br />

Baghadi (el) IV, 49.<br />

Bardo (le) Constantine I, 33, 34, 38.<br />

Bardo (Tunis) IV, 70, 117, 135, 193.<br />

Bardon IV, 80.<br />

Barkani (Barkani) I, 50, 51, 418 -<br />

-<br />

n, 23, 59 IV,<br />

-<br />

305, 310, 311, 316<br />

193, 240.<br />

Barrai (de) IV, 235 -<br />

Barrau (de) V, 268.<br />

Bastien m, 122.<br />

Bautom V, 258.<br />

Bazaine V, 44, 48.<br />

125, 195, 224, 227, 234,<br />

V, 18, 20, 131, 153,<br />

Beaufort (de) H, 292.<br />

Bechemeil m, 86.<br />

Bechir m, 241.<br />

Bedeau I, 31, 38, 42 - HI,<br />

V,<br />

141.<br />

95, 96, 97,<br />

114, 124, 133 IV, 74, 103, 185, 186,<br />

187, 235, 246 V, 62, 63, 87, 88, 114,<br />

143, 144, 146, 185, 193.<br />

Béja IV, 118.<br />

Belkassen ben Selema ni, 232.<br />

Belkacem ben Seliman n, 187.<br />

Bellemont H, 197.<br />

Bellonnet IV, 54, 183, 241.<br />

Belouffa ould Kedda IV, 189.<br />

Ben Abd el-Kader IV, 63, 64.<br />

Ben Achnoun m, 191.<br />

Benaïm IH, 67.<br />

Ben Aïssa I - XVII,<br />

XVIII - 186,<br />

268,<br />

277, 278, 279, 280, 281, 282, 283, 284,<br />

285, 291, 295, 297, 298, 303, 307, 310,<br />

313, 315, 321, 333, 335, 336, 337, 349,<br />

— — 300<br />

353, 357, 369, 371, 373, 380, 382, 383,<br />

394, 395, 399, 407, 415, 418, 424, 426,<br />

427, 428, 444, 445 - H, 15, 16, 17, 18,<br />

20, 48, 65, 76, 88, 123, 124, 171, 175,<br />

210, 218, 219, 231, 237, 251, 298 m,<br />

21, 32, 76, 122, 208, 280, 283 - IV, 105,<br />

287.<br />

Ben Allai I, 378 H, 131, 253.<br />

Ben Amar HI, 237 IV, 102, 109,<br />

222, 291 -<br />

V, 223, 224.<br />

Ben Arrache (Miloud Mouloud) I-<br />

XVI -<br />

250, 251, 253, 254, 255, 256,<br />

264, 265, 268, 272, 273, 275, 286, 290,<br />

295, 302, 318, 325, 327, 329, 342, 365,<br />

368, 379, 382, 397, 419, 423, 440, 441<br />

H IX 3, 4, 7, 10, 11, 12, 13, 27,<br />

29, 34, 46, 52, 53, 60, 62, 64, 67, 68,<br />

69, 72, 78, 79, 80, 82, 84, 91, 105, 126,<br />

130, 132, 161, 166, 173, 235, 261, 266<br />

HI - X 4, 34, 41, 42, 44, 125, 145,<br />

- 163, 170, 197, 240 IV, 50, 103, 125,<br />

174, 195 V, 121, 131, 157.<br />

Ben Azeddin ni, 212 V, 184, 194.<br />

Ben Bajou I, 17.<br />

Benchory V, 28.<br />

Ben Durand I, 120, 254, 256, 263 -<br />

- H, 13, 27, 68, 155, 197 HI, 191, 196,<br />

197.<br />

Ben Ferha II, 118.<br />

Ben Ganah (Ganna) I, 278, 283, 297<br />

— HI - XIII - 21, IV, 25, 34,<br />

— 208<br />

107, 108, 119, 120, 121, 122, 132, 138,<br />

277 — V, 11, 69, 70, 223.<br />

Ben Gandouz I, 53, 226, 296.<br />

Ben Hennechy I, 226, 227.<br />

Ben Hini ben Ylès I, 53, 90, 211 - 60, 210, 211, 239, 247 ■ m,<br />

224 - IV,<br />

222, 427.<br />

H,<br />

99, 170,<br />

Ben Mahiddin m, 201 IV, 108.<br />

Ben Mendi IV, 195.<br />

Ben Ouchefoun n, 117.<br />

Ben Oueni V, 10, 149.<br />

Ben Rabah m, 109, 200.<br />

Ben Rafas IV, 2.<br />

Ben Saïd n, 59.


Ben Salem m, 5, 201, 22T IV, 17,<br />

21, 125, 133, 195, 206 V, 26, 28, 29,<br />

64, 133.<br />

Ben Siam IV, 203.<br />

Ben Smati H, 59, 117.<br />

Ben Taïeb ben Salem n, 118 ni,<br />

191.<br />

Ben Thami H, 274, 281 - HI, 24, 36,<br />

275 IV, 55, 56, 78, 195 V, 27, 80,<br />

121, 122, 123, 132, 167, 168.<br />

Ben Yacoub V, 80, 82, 83, 84, 122.<br />

Ben Zamoum U, 47, 59 IV, 51.<br />

Ben Zekri (Zegri) I, 296.<br />

Ben Zerguine n, 123, 166, 268 ni,<br />

122.<br />

Béni Abhès IL 247 -<br />

223, 224.<br />

Béni Achour HI, 108.<br />

Béni Ahmed IV, 147.<br />

Béni Aïcha in, 45, 115.<br />

Béni Amer I, 338 -<br />

H,<br />

m,<br />

219 V, 166,<br />

- 80, 84, 85 m,<br />

48, 240 IV, 189 V, 58, 80, 85, 97,<br />

121, 131, 135, 167, 222.<br />

Béni Aza V, 192.<br />

Béni Barbar n, 88.<br />

Béni Bouktoune III, 219.<br />

Béni Djaad I, 329, 387 H, 61, 106,<br />

132, 173 m, 223, 224.<br />

Outhan n, 79.<br />

Béni Fergath ni, 35.<br />

Béni Hieznass m, 244.<br />

Béni Khelil H, 117 -<br />

in,<br />

78, 108, 109.<br />

Béni Mansour ni, 216, 220, 221, 225<br />

- IV, 39.<br />

Béni Mehenna I, 456 H, 210 ni,<br />

75.<br />

Béni Menacer IV, 50, 104, 195, 305<br />

V, 41, 46, 47, 180, 187, 248.<br />

Béni Menad n, 59 -<br />

IV,<br />

168, 175, 195,<br />

- 219, 231, 251 V, 60, 63, 113, 115, 140,<br />

193, 217, 222.<br />

—<br />

— 301<br />

Béni Messaoud I, 375 -<br />

IV, 260, 315 V, 8, 225.<br />

Béni Mestine ni, 191.<br />

Béni Mhezen m, 233.<br />

Béni Misrah I, 167.<br />

H, 38, 50<br />

Béni Moussa I, 195 H, 31, 250 IV,<br />

148 V, 224.<br />

Béni Mzab IV, 47, 52.<br />

Béni Oualban V, 223, 550.<br />

Béni Saada V, 247, 249.<br />

Béni Saak V, 223.<br />

Béni Salah (Blida) I, 100, 101, 118,<br />

163, 229, 350, 351, 352, 368, 375, 377,<br />

378, 379, 396, 398, 400, 440 H, 38,<br />

■ 50, 51, 118, 186, 219 IV, 106, 218,<br />

249, 251, 254, 255, 260, 315.<br />

Béni Salah (Bône) H, 271 V, 98,<br />

99, 150, 225, 245.<br />

Béni Sliman I, 206 H, 284, 285.<br />

Béni Urgine I, 271.<br />

Béni Yacoub V, 80, 82, 83, 84, 122.<br />

Béni Zerguine V, 247, 249.<br />

Béquet V, 258.<br />

-<br />

Bernard (général) I XII HI, 289.<br />

Bernard (capitaine) IV, 227, 310.<br />

Bernelle (général) I, 24, 50, 56, 59,<br />

69 71, 72, 74, 75, 76, 77, 79, 80, 82,<br />

87, 88, 89, 95, 96, 105, 136, 137.<br />

Bernelle (s/lt) V, 46, 48.<br />

Bérot V, 160.<br />

Berry I, 374.<br />

Berthier de Sauvigny I, 364 -<br />

V, 258.<br />

Beyrouth V, 55, 95.<br />

Biaz IV, 92.<br />

n,<br />

112<br />

Bibans I, 164, 166, 172, 180, 195, 210,<br />

223, 226, 245, 269, 297, 331, 332, 334,<br />

22, 33,<br />

418 437, 441 -<br />

—<br />

- H IX 6,<br />

38 47 61, 68, 73, 78, 90, 106, 109,<br />

135 151, 173, 201, 203, 211, 235, 239,<br />

242 248, 261, 265, 272, 291, 295 —


HI XIII, XIV, XV, XVI 1, 2, 3,<br />

45, 111, 127, 135, 146, 168, 169, 173,<br />

211, 213, 216, 217, 218, 219, 220, 221,<br />

224, 225, 226, 228, 230, 235, 236, 237,<br />

263, 280 — -<br />

- IV VII, X 39, 108, 156,<br />

221, 222, 252, 281, 291, 292, 295, 301<br />

- V, 11, 68, 74, 93, 166, 214, 219, 220,<br />

223, 224, 231, 243.<br />

Expédition des Bibans IU, 211, 238.<br />

Bidequin V, 48.<br />

Billen IV, 229, 310.<br />

Birkadem I, 90 Ht, 157, 174. 292<br />

IV, 62, 133.<br />

Bir Touta HI, 198.<br />

Biskra I, 87, 166, 168, 170, 209 IV,<br />

47, 52, 104, 109 V, 70, 166, 226. 231.<br />

Bizerte V, 177.<br />

Bizot V, 173.<br />

Blanc V, 134.<br />

Blangini IV, 307 V, 181, 191.<br />

Blanquefort IV, 126, 166, 167, 168,<br />

186, 243, 248.<br />

Blanqui IV XX.<br />

Blanvillain IV, 318.<br />

Blida (Belidah) I XVI 100, 101,<br />

110, 111, 132, 133, 163, 166, 167, 175,<br />

179, 183, 184, 185, 197, 221, 229, 236,<br />

244, 259, 274, 294, 312, 314, 323, 324,<br />

342, 356, 358, 364, 365, 368, 374, 376,<br />

377, 379, 380, 385, 398, 411, 419, 442<br />

— H - VII, XV - 4, 10, 38, 44, 45, 50,<br />

51, 57, 62, 73, 93, 122, 130, 140, 215,<br />

—<br />

269, 270, 272, 273, 274, 301, 302 m<br />

XVI 47, 49, 112, 136, 156, 196, 202,<br />

207, 249, 250, 253, 258, 278, 287, 295,<br />

— - 308 IV XII, XVII, XVIII ■ 1, 6,<br />

9, 10, 11, 12, 13, 15, 16, 18, 23, 25,<br />

29, 35, 36, 37, 38, 39, 67, 81, 84, 85,<br />

90, 91, 124, 138, 159, 164, 166, 168,<br />

169, 170, 171, 172, 187, 192, 203, 219,<br />

220, 223, 229, 243, 248, 249, 254, 260,<br />

275, 279, 296, 307, 315, 318 - V,<br />

9, 17,<br />

23, 41, 52, 59, 64, 65, 66, 71, 73, 75,<br />

78, 86, 89, 93, 110, 111, 115, 116, 117,<br />

118, 130, 139, 140, 141, 142, 144, 152,<br />

155, 162, 175, 176, 179, 183, 185, 191,<br />

192, 193, 206, 215, 216, 217, 218, 221,<br />

233, 238, 239, 241, 243, 250, 275.<br />

Occupation de Blida I, 349, 353.<br />

— — 302<br />

Blondel H, 110, 116.<br />

Boazis H, 241, 247.<br />

Boghar IV, 10.<br />

Bois le Comte IV, 262<br />

Bois des Oliviers IV - XII - 183, 184,<br />

185, 192, 195, 211, 238, 239, 240, 241,<br />

- 243, 247, 248, 316, 317 V, 87, 88, 89,<br />

118, 138, 142, 146, 217, 221.<br />

Bois Sacré IV, 31.<br />

Boissonnet IV, 226.<br />

Boissy (de) V XX.<br />

Bollard I, 324.<br />

Bonafont IV. 39.<br />

- - Bône I XVII, XX 10, 11, 12, 19,<br />

20, 21, 26, 44, 45, 46, 49, 52, 54, 55,<br />

57, 58, 59, 60, 61, 63, 65, 66, 67, 68,<br />

69, 70, 75, 77, 78, 80, 82, 85, 86, 87,<br />

88, 89, 90, 96, 98, 102, 104, 105, 106,<br />

128, 129, 130, 133, 136, 138, 139, 142,<br />

143, 144, 145, 148, 168, 169, 170, 175,<br />

196, 207, 209, 211, 212, 213, 214, 215,<br />

220, 228, 234, 235, 246, 261, 266, 268,<br />

271, 279, 280, 282, 285, 295, 303, 321,<br />

323, 339, 344, 345, 355, 358, 359, 360,<br />

363, 371, 373, 374, 380, 383, 400, 402,<br />

406, 412, 414, 427, 429, 430, 433, 435<br />

— - H XI, XVI - 2, 3, 8, 13, 19, 21,<br />

36, 37, 39, 40, 51, 65, 66, 73, 74, 81,<br />

88, 89, 91, 93, 96, 98, 99, 100, 104, 108,<br />

112, 113, 114, 115, 125, 130, 135, 136.<br />

137, 138, 141, 150, 151, 153, 166, 172,<br />

175, 176, 187, 189, 199, 203, 213, 214,<br />

220, 221, 222, 224, 225, 227, 231, 249,<br />

250, 251, 255, 256, 257, 271, 276, 288,<br />

- 290, 291, 293, 303, 311 EU, 1, 14, 47,<br />

65, 66, 69, 70, 71, 74, 75, 76, 81, 82,<br />

111, 112, 116, 127, 147, 152, 155, 157,<br />

171 175, 188, 189, 203, 253, 259, 267,<br />

— - - 281, 298 IV XII, XVI 21, 28,<br />

31, 35, 36, 71, 101, 117, 135, 141, 152,<br />

162, 199, 213, 254, 259, 262, 269, 283,<br />

290, 292, 307, 308, 312, 314 - V, 8, 9,<br />

14, 27, 30, 64, 71, 93, 94, 96, 98, 100,<br />

108, 134, 151, 165, 166, 178, 182, 184,<br />

185, 191, 194, 196, 215, 225, 231, 233,<br />

245, 259, 262, 277, 280, 281, 283, 285,<br />

286.<br />

Bonfils HI, 146, 285 V, 288, 289.<br />

Bonnemain ni, 227.<br />

Boquet IV, 241.


Bord I. 34.<br />

Bordj el Arba IV, 85, 86, 87, 90, 165,<br />

175, 195 V, 193.<br />

Bordj Medjana m, 234 IV, 291<br />

V, 69, 150, 165.<br />

Bordj. Sebaou m, 201.<br />

Borne (la) V, 54.<br />

Bosq m, 293<br />

Bostock V, 48<br />

Bou Akkaz m, 216 IV, 102, 292,<br />

313 V, 224.<br />

Bou Azeddin IV, 33.<br />

Boualouan IV, 176, 219, 230, 237<br />

V, 88, 89.<br />

Bouazid IV, 108.<br />

Bou Azouz IV, 104, 107, 108, 109, 119,<br />

311.<br />

Bouchouicha V, 122, 132, 222.<br />

Bouderbah (Abouderba) I, 254, 256,<br />

263, 265, 286, 295, 392 n, 27.<br />

Boudouia I, 190.<br />

Boufarik I, 101, 231, 351, 355, 358<br />

U, 45, 121, 140, 273, 274, 276 ni,<br />

77, 112, 156, 249, 250, 254, 287 IV,<br />

9, 10, 15, 25, 37, 67, 85, 114, 125, 126,<br />

203, 206, 255, 260, 279, 296 - V, 65,<br />

71, 75, 87, 110, 206, 233, 239, 258,<br />

260, 269, 282, 283.<br />

Bougainville m, 14, 139, 288 IV,<br />

255.<br />

Boughatem m, 232.<br />

Bougie I, 58, 130, 136, 142, 156, 233,<br />

280, 303, 307, 322, 332, 334, 340, 353,<br />

355, 444 - H, 24, 93, 141, 189, 203, 255,<br />

— - -<br />

256, 263 m XIII 19, 29, 45, 68,<br />

75, 83, 86, 95, 97, 113, 114, 124, 125,<br />

132, 133, 169, 202, 208, 214, 216, 217,<br />

220, 225, 288, 316 - IV, 18, 26, 36, 54,<br />

V, 214.<br />

73, 74, 101, 106, 198, 207 -<br />

Bou Hamidi H, 25, 152 - m, 73 IV,<br />

2, 19, 25, 37, 78, 100, 148, 149, 189<br />

V, 27, 50, 58, 80, 121, 122, 123, 124,<br />

131, 132, 167, 168, 171, 172, 216.<br />

Bouhina I, 217.<br />

-303 —<br />

Boujaroun m, 84.<br />

Bou Massery m, 233.<br />

Bou Merzoug I, 3, 28.<br />

Bou Messaoud IV, 106.<br />

Bou Mezrag IV, 49, 62, 63, 64, 65,<br />

157.<br />

Bourchgia IV, 231.<br />

Bourgon (de) I, 402 H, 292 IH,<br />

153.<br />

Bourjolly HI, 292 IV, 11, 13 V,<br />

80, 81, 82, 84.<br />

Bourkika IV, 87, 90, 168, 230 - V, 60,<br />

Bounic m, 227.<br />

Bourg Samar IV, 61, 64.<br />

Bouroudou IV, 315.<br />

Bou Roumi IV, 91, 166, 167, 171, 183,<br />

185, 231, 238 - V, 88, 138.<br />

Bou Saada I, 379 V, 166.<br />

Bouscarens IV, 231, 236.<br />

Bousquier IV, 227.<br />

Bou Taleb IV, 48, 50.<br />

Bouteilloux IV, 143, 145 V, 248.<br />

Boutlelis IV, 150.<br />

Bouvier IV, 227.<br />

Bou Zegza IH XV —<br />

IV, 126, 127.<br />

Braham ould si Adda ni, 175.<br />

Brahim HI, 227.<br />

Braihy ben M'thiers I, 361.<br />

Branvilliers I, 303.<br />

Bria V, 128.<br />

Bréhiou V, 46.<br />

Brédif m, 59.<br />

Bresson H, 28.<br />

Bridia (Bredea) IH,<br />

48 IV, 148,<br />

149, 150, 191, 192, 197, 215, 216, 261 -<br />

V, 27, 172.<br />

Brimis ben Chamise HI, 237.


Bro I, 83, 87, 97, 104 n, 63.<br />

Brossard I, 40 H, 14, 40, 197.<br />

Brudo ni, 67.<br />

Brun IH, 108 IV, 80.<br />

Brunet HI, 227.<br />

- Bugeaud I - XII, XIX, XXI 82, 83,<br />

85, 87, 88, 92, 109, 110, 118, 119, 120,<br />

121, 159, 165, 198, 410 II, 27, 55<br />

IH, 43, 44, 46, 165, 166, 263, 264 —<br />

IV XX, XXII, XXIII, XXIV V,<br />

211, 212, 244.<br />

Busnach (Bousnaque) I, 14, 19, 20.<br />

Byrsa IV, 275.<br />

Caffort I, 35.<br />

Cagliari IV, 51, 55.<br />

Calcutta m, 183.<br />

Calla (Kalâa) I, 164, 197 n, 22<br />

m, 169, 219.<br />

Calop V, 173.<br />

Caraman I, 13.<br />

Carbonnières V, 48.<br />

Carentin IH, 6.<br />

Carlos (don) HI, 310.<br />

Carthage V, 115, 234.<br />

Cassaignard V, 258.<br />

Cassaignol IV, 149.<br />

Cassarin ni, 74.<br />

Castellane I XI -<br />

209, 214, 215, 218,<br />

220, 235, 360, 395 n, 76.<br />

Caurine V, 137.<br />

Cavaignac IV, 173, 304 V, 63, 118,<br />

141, 186, 192, 241, 245, 246, 247, 249,<br />

Ceccaldi HI, 226.<br />

Chabâa el Ketta IV, 231 V, 60, 63,<br />

141, 144.<br />

-304 —<br />

Chabaud V, 125.<br />

Chabert n, 303.<br />

Chacaton IV, 304.<br />

Challay I, 221.<br />

Champeaux HI, 85.<br />

Champion IV, 303.<br />

Champmontant IV, 83.<br />

HI, 197, 223,<br />

12, 31, 106, 178, 179, 203,<br />

219, 220, 233, 238, 239, 244, 245, 246,<br />

— 247, 248, 249, 254, 255, 269 V, 7,<br />

8, 9, 26, 27, 28, 29, 55, 59, 60, 77, 86,<br />

87, 89, 114, 115, 118, 176, 218.<br />

— Changarnier I LX<br />

— 226 IV,<br />

Charpenay IV, 225, 226, 227, 246, 310.<br />

Chasles (de) n, 40.<br />

Chassinat V, 225, 227.<br />

Château-Neuf H, 24.<br />

Chefia I, 271 -<br />

Cheiff V, 158.<br />

H, 137.<br />

Cheikh el Arab H, 202, 203, 206, 207<br />

— IH<br />

XIII 203, 208, 210 —<br />

12Ï, 271, 311, 313.<br />

IV,<br />

Chélif (Schelif) I, 100, 142, 161, 163,<br />

—<br />

197, 232, 233, 377, 396 H, 11, 23,<br />

126, 282 — m, 18, 111, 133, 173, 218,<br />

— - - 225, 282 IV X, XIV 50, 51, 82,<br />

83, 123, 125, 155, 156, 161, 165, 183,<br />

194, 195, 200, 201, 213, 214, 218, 229,<br />

230, 232, 233, 234, 236, 237, 244, 246,<br />

250, 252, 266, 294, 297, 301 — V, 15,<br />

32, 35, 37, 41, 52, 59, 65, 71, 73, 90,<br />

110, 111, 114, 115, 116, 121, 131, 137,<br />

142, 177, 214, 216, 226.<br />

Chellik I, 460.<br />

Chenouan (Chenoua) H, 127 —<br />

74, 85, 87, 173, 175, 305.<br />

IV,<br />

— Cherchel (Scherchell) I, 353 n,<br />

— 131 m, 51, 98, 255, 283, 284, 288,<br />

— - 294 IV X, XII, XV, XVII, XVIII<br />

- 26, 29, 33, 50, 51, 68, 69, 71, 77, 81,<br />

82, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 91,<br />

99, 101, 123, 128, 145, 147, 171, 172,<br />

173, 174, 195, 233, 250, 253, 274, 302,<br />

— 305 V, 65, 66, 73, 91, 93, 113, 115,<br />

120, 131, 153, 176, 177, 180, 189, 214,<br />

216, 217, 219, 220, 222, 227, 230, 233,<br />

238, 239, 243, 245, 248, 275.


Occupation de Cherchel IV, 84, 91.<br />

Chiffa I, 98, 100, 101, 145, 162, 165,<br />

170, 175, 197, 233, 277, 301, 318, 320,<br />

—<br />

324, 332 H - XV 4, 6, 11, 22, 44,<br />

117, 122, 126, 130, 131, 258, 269, 273,<br />

—<br />

274, 301 m, 4, 37, 119, 173, 188,<br />

—<br />

241, 243, 248, 249, 250, 258, 295 IV,<br />

1, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 17, 25, 26, 68,<br />

81, 86, 90, 91, 115, 165, 166, 169, 171,<br />

172, 183, 185, 219, 229, 238, 248, 279,<br />

— 318 V, 67, 87, 88, 89, 91, 118, 119,<br />

136, 137, 138, 139, 142, 216.<br />

Cissey (de) I, 41, 105.<br />

Chopin IV, 129.<br />

Christine (reine d'Espagne) V, 256.<br />

—<br />

Citations I, 41, 42 HI, 96, 122, 226,<br />

—<br />

271, 274 IV, 14, 130, 145, 150, 167,<br />

170, 171, 175, 181, 187, 216, 228, 236,<br />

—<br />

242, 246, 247, 250, 307, 318 V, 10,<br />

29, 129, 137, 141, 148, 160, 174, 247.<br />

Clappier HI, 160, 161.<br />

Clauzel I - VIII — 45 H,<br />

—<br />

271, 288, 298 —<br />

IH, 307<br />

176, 260.<br />

Clauzelbourg IV, 256.<br />

Clavet H, 120, 131.<br />

Clément V, 119.<br />

Clere IV, 186.<br />

Codja Berry I, 257.<br />

41, 270,<br />

IV, 49,<br />

Coléa (Koléa) I - XVI - 88, 100, 101,<br />

110, 111, 112, 132, 133, 162, 166, 167,<br />

175, 183, 184, 185, 197, 229, 244, 259,<br />

277, 302, 332, 340, 350, 352, 353, 380,<br />

385, 398, 419, 442 — - H XV - 10, 44,<br />

45, 93, 122, 140, 215, 269, 272, 273,<br />

— - -<br />

274, 301, 302 HI XVI 112, 156,<br />

202, 207, 250, 254, 278, 287, 308 —<br />

IV - XIX - 1, 16, 21, 37, 38, 39, 82,<br />

83, 86, 91, 124, 125, 139, 165, 203, 206,<br />

275, 279, 296, 303, 304, 305 — V, 19,<br />

17, 21, 65, 67, 71, 73, 93, 110, 115,<br />

155, 161, 206, 216, 233, 238, 239, 243.<br />

—<br />

CoUo I, 21, 26, 335 H,<br />

Ht -<br />

— V,<br />

XIII<br />

■<br />

38,<br />

194, 224, 242.<br />

Combassive IV, 310.<br />

—<br />

241, 268<br />

—<br />

80, 117 IV, 77, 101<br />

Combe I, 4, 7, 38, 40, 42, 47.<br />

Commission<br />

scientifique V, 275, 277.<br />

-305 —<br />

Considine II, 49.<br />

Constantine I VII, VIII, XI XVT<br />

-<br />

XVII, XVIII 1, 2, 3, 5, 6 7 8 9<br />

10, 11, 12, 13, 16, 18, 19, 20,<br />

24, 26, 27, 28, 29, 43, 44, 46 47<br />

49, 50, 52, 54, 55, 57, 58, 59, 6o! 61<br />

62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71<br />

72, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82!<br />

83, 84, 86, 88, 89, 92, 94, 95, 96, 97<br />

98, 99, 108, 114, 128, 129, 133, 136<br />

137, 138, 140, 142, 148, 149, 154, 155,<br />

160, 167, 168, 169, 170, 173, 176, 1SÎ,<br />

186, 187, 193, 194, 195, 196, 197, 204,<br />

205, 206, 207, 208, 209, 210, 211, 212,<br />

213, 214, 215, 216, 217, 220, 223, 226,<br />

227, 234, 235, 240, 244, 248, 265, 266,<br />

267, 268, 269, 270, 278, 279, 280, 281,<br />

282, 285, 286, 292, 293, 295, 296, 297,<br />

298, 299, 300, 305, 307, 310, 311, 317,<br />

318, 320, 321, 322, 334, 336, 337, 343,<br />

345, 346, 347, 348, 353, 356, 366, 367,<br />

369, 370, 372, 374, 380, 385, 394, 395,<br />

399, 401, 402, 406, 407, 408, 414, 415,<br />

416, 418, 426, 427, 428, 433, 435, 436,<br />

439, 444 — - - H X, XI, XII 1, 2, 6,<br />

14, 16, 19, 20, 21, 22, 23, 27, 36, 39,<br />

40, 47, 61, 63, 64, 65, 68, 73, 74, 75,<br />

77, 80, 81, 86, 87, 88, 89, 106, 108,<br />

113, 114, 115, 122, 123, 124, 128, 132,<br />

135, 136, 137, 138, 150, 151, 153, 156,<br />

157, 158, 160, 161, 167, 171, 174, 175,<br />

176, 177, 178, 191, 192, 194, 198, 200,<br />

201, 203, 204, 205, 209, 210, 211, 212,<br />

217, 218, 219, 220, 221, 222, 223, 227,<br />

228, 229, 231, 232, 235, 236, '237, 239,<br />

240, 241, 242, 243, 244, 247, 248, 251,<br />

255, 256, 261, 262, 265, 267, 268, 269,<br />

280, 283, 291, 294, 296, 297, 298, 299,<br />

— 309 HI XIH, XIV 1, 4, 19, 20,<br />

21, 24, 32, 57, 70, 71, 76, 81, 83, 88,<br />

89, 103, 104, 108, 112, 115, 116, 120,<br />

121, 124, 125, 126, 127, 130, 131, 136,<br />

141 147, 150, 153, 157, 168, 169, 171,<br />

174, 194, 196, 198, 202, 203, 209,<br />

210! 211, 215, 216, 217, 220, 221, 230,<br />

233, 234, 242, 245, 252, 263, 268, 280,<br />

— 282 IV - -<br />

VII, XVIII 6, 28, 33,<br />

35 104, 107, 108, 113, 115, 121, 122,<br />

129, 130, 137, 138, 156, 162, 206, 207,<br />

221 222, 253, 259, 262, 287, 292, 314<br />

— V 18 19, 23, 26, 64, 71, 101, 131,<br />

154 166, 179, 184, 194, 215, 223,<br />

226! 228, 235, 243, 245, 246.<br />

-<br />

Province de Constantine I XIV, XV,<br />

XVIII - 21, 45, 49, 56, 58, 61, 84, 85,<br />

104 105, 109, 110, 114, 125, 132, 133,<br />

147 149, 150, 151, 157, 164, 165, 167,<br />

171 173, 174, 175, 182, 185, 186,


— 306-<br />

189, 192, 193, 194, 198, 208, 209, 210,<br />

214, 216, 222, 225, 227, 228, 236, 240,<br />

244, 265, 266, 269, 276, 277, 282, 283,<br />

284, 286, 287, 291, 297, 299, 307, 309,<br />

317, 320, 324, 331, 335, 339, 342, 345,<br />

353, 366, 367, 369, 372, 373, 377, 379,<br />

380, 382, 395, 400, 404, 405, 406, 407,<br />

—<br />

414, 417, 430, 434, 437, 441 H - VII,<br />

LX, XI, XV - 1, 2, 6, 11, 19, 20, 22,<br />

32, 33, 35, 36, 37, 38, 47, 48, 51, 63,<br />

65, 67, 68, 76, 79, 80, 86, 89, 90, 106,<br />

107, 112, 113, 115, 122, 126, 127, 128,<br />

132, 134, 135, 141, 149, 150, 151, 159,<br />

160, 166, 172, 179, 180, 183, 187, 189,<br />

191, 198, 207, 208, 211, 212, 213, 214,<br />

216, 233, 237, 238, 242, 246, 247, 248,<br />

256, 259, 260, 263, 265, 266, 267, 268,<br />

272, 277, 291, 292, 297, 300, 305, 309<br />

— m - - LX, XII 2, 4, 14, 18, 19, 34,<br />

45, 68, 69, 76, 79, 80, 101, 111, 114,<br />

116, 118, 120, 130, 131, 133, 143, 147,<br />

152, 153, 162, 175, 179, 189, 203, 207,<br />

208, 225, 227, 247, 252, 267, 271, 277,<br />

280, 286, 291, 314, 316, 319 — IV -<br />

-<br />

VIII, LX, XV, XVII, XXI 5, 6, 18,<br />

25, 40, 46, 52, 67, 73, 77, 101, 103, 104,<br />

107, 113, 116, 118, 119, 123, 140, 141,<br />

154, 157, 160, 161, 193, 199, 231, 253,<br />

268, 273, 278, 280, 283, 289, 291, 293,<br />

300, 311, 312, 313, 314 — V, 15, 20,<br />

21, 33, 52, 59, 64, 68, 91, 92, 100, 101,<br />

102, 108, 113, 149, 150, 151, 152, 153,<br />

154, 155, 190, 194, 214, 215, 219, 223,<br />

224, 229, 235, 237, 238, 239, 242, 243,<br />

245, 246, 264, 269, 275.<br />

Siège et prise de Cnstantine I, 28,<br />

42.<br />

Administration de Constantine I, 22<br />

H, 242, 266.<br />

Organisation de la province de Cons<br />

tantine H, 201, 213.<br />

Constantinople I, 429 H, 31, 111<br />

IV, 111, 285 V, 7, 6, 191.<br />

Coqueret I, 410.<br />

Corail m, 83, 93, 94.<br />

Corbelin (cap) HI, 68.<br />

Corbin I, 38 -<br />

IV, 243.<br />

Costagliola IV, 145.<br />

Costallat V, 258.<br />

HI,<br />

224, 227, 291, 293<br />

Coudiat Aty I, 3, 4, 29, 30, 31, 32, 33,<br />

34, 36, 407 m, 209, 210.<br />

Coulouglis I, 118, 119, 167, 257, 258,<br />

272, 276, 287, 288, 289, 306, 378, 409,<br />

410 ■ H, 79, 225, 227 - m, 49, 218,<br />

239, 240 - IV, 45, 46 V, 102, 154.<br />

Coumès V, 181.<br />

Craun (baron de) V, 128.<br />

Crény m, 292 V, 125, 128, 139.<br />

Croix (Plateau de la) IV, 238, 239,<br />

240, 247<br />

-<br />

V, 89.<br />

Cubières m, 263, 264.<br />

Dagard V, 254.<br />

Dahra HI, 240.<br />

Dakla (djebel) IV, 184, 185, 226, 317.<br />

Dampierre H, 63, 85 -<br />

m, 224, 268,<br />

286, 291, 293 IV, 85, 126, 185, 187.<br />

- Damrémont I Xrv, XVII - 2, 5, 7,<br />

—<br />

9, 18, 19, 20, 32, 43, 70, 88, 132 196<br />

m, 304.<br />

Dangecourt I, 35.<br />

Darrican m, 226.<br />

Daumas L 200, 201, 225, 431 H, 26,<br />

53, 54, 55, 82, 83, 84, 152 - m, 236,<br />

238, 240, 242, 267<br />

121, 167, 169.<br />

V, 50, 81, 85, 95,<br />

Davin V, 147.<br />

Daygalliers V, 160.<br />

Decroix IV, 71, 116, 195, 213 V, 94.<br />

Defrance n, 54.<br />

Defresne I, 249.<br />

Déjeuner (Plateau du) IV, 178, 181.<br />

Delahaye V, 126, 266.<br />

Delaplace m, 311.<br />

Delaporte m, 51, 53, 54.<br />

Delespare V, 125.<br />

Dellys H, 5, 6, 7, 11, 23-, 45, 256, 265<br />

— HI XIII 38, 68, 83, 118, 168,<br />

— 173, 200, 220 IV XV 198, 255,<br />

—<br />

302, 303 V, 220.


Dely Hassan n, 287.<br />

Dely Ibrahim m, 19, 191, 192, 287<br />

IV, 206 V, 269, 282.<br />

Derdoura (Verdura) H, 171, 249.<br />

Desjobert m, 152, 153.<br />

Desmaisons I, 42, 105.<br />

Despinoy ni, 226.<br />

Destez IV, 78.<br />

Devaux IV, 149, 150, 191, 196, 215,<br />

216.<br />

Dey el Guerrah m, 231, 232.<br />

Dika V, 127, 128, 133, 153.<br />

Diz HI, 121, 130, 147.<br />

Djemaa Dra IV, 315 -<br />

V,<br />

22, 52.<br />

— 307-<br />

—<br />

Djemilah (Jimmilah) H, 240, 309<br />

m XIII ■ 2, 15, 19, 20, 21, 24, 25,<br />

27, 35, 48, 69, 71, 76, 79, 82, 88, 90,<br />

100, 101, 107, 112, 130, 131, 136, 156,<br />

—<br />

162, 169, 212, 280, 288 V, 166, 184,<br />

242.<br />

Djendel IV, 236, 237, 245 V, 112.<br />

Djérid I, 356 ■ H,<br />

— — 250 HI, 21, 69<br />

—<br />

108, 154, 277 V,<br />

151, 203, 208, 209,<br />

IV<br />

Djinet (Ginet) IH, 38.<br />

Donnadieu IV, 227.<br />

- XVIII - 107,<br />

69, 214, 223.<br />

Dorliac I, 344, 348, 367, 369, 399, 405,<br />

416.<br />

Douadi IV, 109.<br />

Douairs I, 112, 113, 199 — H XV<br />

25, 59, 85, 135, 152 — HI, 44, 46, 49,<br />

—<br />

165, 195, 238, 239 IV, 2, 25, 37, 69,<br />

75, 78, 97, 98, 148, 150, 151, 260, 261<br />

— V, 50, 51, 58, 80, 82, 83, 88, 122,<br />

123, 126, 127, 156, 158, 159, 161, 167,<br />

168, 169, 170, 171, 174, 182, 232.<br />

-<br />

-<br />

Douera I, 231, 355 — n, 44, 45, 121,<br />

— 141 m - XVI - 136, 156, 254, 287<br />

— — IV 17,<br />

62, 114, 165, 169, 191,<br />

—<br />

260, 296, 303 V, 27, 54, 97, 239,<br />

258.<br />

Doumet IV, 235.<br />

Doussen IV, 108.<br />

Dra el Amar m, 218, 220, 221.<br />

Dragmena I, 271.<br />

Dréan —<br />

I, 54, 56, 62, 67, 68, 81<br />

—<br />

135, 137, 141, 221, 223<br />

Drolenvaux IV, 31, 318.<br />

H,<br />

m, 82, 171.<br />

Drouet d'Erlon I VIIT— H, 41 —<br />

V, 205, 208.<br />

Dubarail I -<br />

IX<br />

— — IH, 235<br />

Dubard de Limé IV, 26.<br />

Ducros I, 69 —<br />

Dufaure IV, 20.<br />

Duguet m, 233.<br />

Dumas I, 4.<br />

Duperrê H, 303 —<br />

V, 136.<br />

IV, 271.<br />

Dupin (Baron) m, 303.<br />

Duplat V, 40.<br />

Duplessis V, 48.<br />

Dupont HI, 272.<br />

Dupré IV, 149.<br />

Durand HI, 274 —<br />

Durrieux IV, 163.<br />

Dutemps V, 40.<br />

IV, 55.<br />

IV, 56.<br />

49,<br />

Duvivier I, 76, 209, 214 — m,<br />

249, 258, 286, 291, 292 — IV, 9, 13,<br />

16, 25, 31, 70, 74, 85, 106, 153, 249,<br />

252, 269, 297, 307, 316 — V, 12, 22,<br />

52, 56, 86, 111, 114, 116, 118, 119, 172,<br />

176, 177, 178, 179, 185, 201, 220, 223,<br />

231, 237, 244.<br />

Dyr IV, 83, 221, 282.<br />

Dziewonski V, 40.<br />

Edough I, 272 —<br />

231.<br />

Eghris I, 338 -<br />

H,<br />

Egypte I, 150, 429 —<br />

Ellal m, 75.<br />

D3,<br />

203 —<br />

240 -<br />

IV,<br />

V,<br />

V, 101.<br />

224,<br />

299.


— Embarek (M'barek) I, 232<br />

86, 125, 166* 167 — V,<br />

Eulma I, 456 —<br />

— V,<br />

9.<br />

HT,<br />

IV, 1,<br />

55, 173.<br />

168 —<br />

IV,<br />

Entsa H, 123, 198, 199, 213, 221.<br />

102<br />

Espagne m, 261, 309, 310, 318, 327,<br />

330.<br />

Espagnols (déserteurs) IV, 101.<br />

Espinosa I, 451 —<br />

Exéa IV, 143.<br />

Fabre H, 242 —<br />

Fabus m, 226.<br />

Fahs m, 290.<br />

V, 48.<br />

HI, 321.<br />

Falcon (cap) IV, 191.<br />

Fallût de Brongniard m, 292.<br />

-<br />

Farhat ben Saïd I - XVHI 14, 16,<br />

23, 24, 49, 50, 53, 56, 62, 63, 70, 71,<br />

74, 81, 85, 89, 94, 156, 166, 168, 170,<br />

174, 186, 194, 195, 209, 213, 227, 244,<br />

268, 281, 283, 284, 296, 309, 310, 334,<br />

—<br />

348, 356, 373, 382, 426 H, 16, 22,<br />

HI,<br />

—<br />

65, 90, 128, 206, 208, 209, 236<br />

— 21 IV,<br />

312.<br />

Faudoas n, 40.<br />

Fenech V, 255, 257.<br />

Fer (cap de) H, 255, 257.<br />

Fredjioua H, 202, 203, 210, 240, 269,<br />

— —<br />

299 HI, 32, 203, 208, 212 IV,<br />

102, 103, 222.<br />

Ferme modèle I, 190 —<br />

Ferme Vialard IV, 256.<br />

Ferrari V, 35, 44, 45, 46, 48.<br />

Férussan I, 138, 149.<br />

Fès n, 310 —<br />

HI, 71, 99.<br />

Fezzan V, 101, 231.<br />

IV, 256.<br />

Fezzara (lac) n, 135, 137, 138, 222<br />

—<br />

— m, 112 V, 167.<br />

— — 308<br />

H, 56, 57, 85,<br />

—<br />

Figuier (le) I, 432<br />

— 141, IV, 188, 189, 191, 192, 197 —<br />

V, 51, 80, 81, 83, 84, 122, 126, 127.<br />

Flissa IV, 41.<br />

Flitta IV, 51.<br />

Foltz I, 17, 18, 19.<br />

Fondouk n, 140, 295 —<br />

m<br />

- XV<br />

130, 159, 198, 216, 217, 224, 225, 250,<br />

— 287 IV, 17, 21, 35, 36, 37, 39, 82,<br />

114, 115, 125, 126, 127, 128, 139, 203,<br />

—<br />

275, 281, 296 V, 17, 23, 26, 67, 71,<br />

110, 155, 175, 216, 238, 239.<br />

Forez m, 227.<br />

Forgeot IV, 226.<br />

Fort d'Alger IV, 89.<br />

Fort d'Annabat IV, 89.<br />

Fort d'Aumale IV, 89.<br />

Fort Cigogne HI, 74.<br />

Fort de Constantine n, 226, 227, 252.<br />

Fort Duquesne m, 86, 87, 92, 119,<br />

130.<br />

Fort Joinville m, 89.<br />

Fort Nemours IV, 88.<br />

Fort Neuf m, 227.<br />

Fort d'Orléans n, 226, 252 —<br />

88.<br />

Fort Royal IV, 106.<br />

Fort du Ruisseau H, 226.<br />

IV,<br />

Fort Sainte Eugénie m, 86, 119, 130.<br />

Fort Skikda m, 226, 227.<br />

Fort Valée m, 252.<br />

Fort de l'Eau ni, 250 —<br />

IV, 255.<br />

Fort de France H, 216, 221, 223, 224,<br />

225, 226, 228, 233, 241, 255<br />

Fortin IH, 75.<br />

Forton (de) IH, 273, 274.<br />

Foucaud m, 227.<br />

Foum oued Ger V, 116, 145, 169, 170.


Fouquet V, 137.<br />

Fourteau V, 40.<br />

Foy H, 222.<br />

Franceschetti IV, 143, 144.<br />

Frenda m, 240.<br />

Froidefond IV, 102.<br />

Gabès IV, 116, 152, 213, 220, 269, 270.<br />

Gachot V, 174.<br />

Galbois I, 220, 351 —<br />

-<br />

H - VII 3, 88,<br />

113, 114, 115, 122, 123, 124, 127, 132,<br />

149, 150, 151, 157, 175, 199, 203, 210,<br />

214, 218, 245, 248, 268, 269, 272, 291,<br />

—<br />

298, 300, 309, 310 m, 2, 19, 20, 21,<br />

24, 25, 26, 32, 35, 47, 48, 75, 76, 81,<br />

82, 83, 88, 89, 99, 100, 101, 104, 107,<br />

108, 130, 131, 136, 146, 157, 169, 213,<br />

216, 218, 219, 226, 230, 252, 267, 286<br />

—<br />

IV, 12, 25, 33, 52, 77, 101, 107, 115,<br />

120, 121, 161, 199, 206, 208, 209, 252,<br />

281, 283, 289, 290, 294, 295, 309, 311,<br />

314 —<br />

V,<br />

9, 10, 16, 18 ,19, 52, 64, 72,<br />

75, 91, 98, 109, 131, 152, 176, 190, 194,<br />

241, 250.<br />

Gallian I, 457.<br />

Gamarra (djebel) IV, 215 —<br />

V, 168.<br />

Garavini I - XV 90, 91, 92, 98, 103,<br />

134, 135, 136, 201, 248, 249, 255, 262,<br />

— 441 IH, 65, 254, 255, 313.<br />

Gardarens I, 38, 42.<br />

Gastu I, 396.<br />

Gautier IV, 227.<br />

Gautherin IV, 240 —<br />

Gavaudan H, 28, 57.<br />

Gentil IV, 316, 318 —<br />

137.<br />

V, 248.<br />

V,<br />

Genty de Bussy I XII.<br />

Georges V, 46, 48.<br />

Gerbis IV, 136.<br />

Germanie m, 185.<br />

Ghadamès V, 101, 231.<br />

116, 136,<br />

-309-<br />

Gharabas I, 338 —<br />

—<br />

—<br />

—<br />

HI, 240 IV, 2<br />

85, 97, 135, 222.<br />

Gibraltar HI, 71 —<br />

227.<br />

n, 58, 71, 84, 85<br />

V, 58, 80, 84,<br />

IV, 271<br />

V, 190,<br />

Gigelly (Djidjelli) I, 21, 26, 45, 169,<br />

170, 196, 278, 280, 283 — H, 203, 240,<br />

- IH XIII 34,<br />

— 241, 256, 263 35,<br />

38, 68, 80, 82, 83, 84, 86, 88, 89, 91,<br />

93, 94, 95, 96, 99, 102, 103, 104, 106, 119,'<br />

107, 108, 111, 112, 113, 114, 129,<br />

130, 138, 139, 142, 162, 202, 203, 208,<br />

— 252, 288 IV, 26, 33, 34, 35, 54, 77,<br />

— 101, 107, 147, 148, 162, 297, 292 V,<br />

151, 184, 185, 194, 214, 223, 224, 242,<br />

245.<br />

Occupation de Gigelly HI, 83, 88.<br />

Giovanelli IV, 181.<br />

Girod de l'Ain I - VIII.<br />

Gontas (Gantas) IV, 183, 184, 230,<br />

—<br />

232, 237 V, 60, 61, 63, 111, 113, 140,<br />

217, 221.<br />

Gonzalès V, 45.<br />

Gosselin HI, 274.<br />

Gouba H, 136, 138, 139, 141, 150, 199,<br />

Grenade HI, 308.<br />

Groix V, 45, 258.<br />

Grosjean V, 139.<br />

Gué de Constantine IV, 133, 206, 268.<br />

—<br />

Guéhéneuc H, 63, 85, 160 ni, 77,<br />

190, 238, 239, 242, 252, 285, 286, 291<br />

— IV, 4 19, 25, 32, 60, 68, 69, 76, 81,<br />

V, 7, 52.<br />

100, 115, 170, 196, 260 —<br />

Guelma I, 21, 26, 45, 56, 62, 67, 68,<br />

77 81, 128, 214 — - - H X 22, 52, 111,<br />

119 136, 137, 138, 141, 204, 245, 268,<br />

—<br />

280, 298 ni, 47, 48, 77, 81, 107,<br />

111, 155, 175, 196, 252, 281 — IV, 105,<br />

V, 151, 184, 194, 223,<br />

129! 130, 295 -<br />

231.<br />

Guerfa I, 215, 216, 217, 344, 345, 366,<br />

399, 404, 416, 443.<br />

Guerraou I, 221.<br />

Guesviller I, 304 —<br />

— HI, 226, 292<br />

—<br />

IV, 25, 85, 91, 173, 180, 183 V, 71,<br />

150, 165, 166.


Guilbert m, 59.<br />

Guingret H, 63, 85, 29T- HI, 15, 47,<br />

—<br />

75, 81, 107 IV, 105, 120, 129, 130,<br />

—<br />

295, 314 V, 95, 96, 150, 184, 194,<br />

246.<br />

Guizot I VIII.<br />

Guyon m, 226 —<br />

Guyot m, 267.<br />

H<br />

Habib benel Cadi I, 324.<br />

IV, 181, 257.<br />

Habib ould Addla Otman IV, 189.<br />

Habra I, 109 —<br />

88, 182.<br />

IH,<br />

239, 240 —<br />

Hachems (Medjana) m, 203.<br />

Hachems (Oran) I, 109 —<br />

m,<br />

V, 158, 159, 160, 223, 251.<br />

Hadars I, 119 —<br />

Hadi (el) HI, 243.<br />

Hadj Ahmed m, 272.<br />

m, 241.<br />

Hadj Boualem IV, 188.<br />

Hadj el Arbi m, 5.<br />

Hadj el Boukari n, 70.<br />

Hadj el Habib H, 70 —<br />

160, 240.<br />

HI,<br />

Hadj el Kabaïly V, 183.<br />

Hadji Bey I, 17, 18.<br />

— 310-<br />

V,<br />

240 —<br />

49, 73,<br />

Hadj Kaddour ben Saharaoui IV, 188,<br />

189, 190, 196.<br />

Hadj, Makhlouf IV, 188, 189, 190.<br />

Hadj Miliani IV, 49.<br />

Hadj Mustapha IV, 312 —<br />

18, 19, 20, 149.<br />

Hadj Omar V, 29.<br />

V, 10, 17,<br />

Hadjoutes I, 100, 112, 162, 168, 350,<br />

—<br />

351, 352, 353, 379, 396 H, 44, 51,<br />

116, 118, 122, 140, 273, 301, 302 —<br />

HI -<br />

XV, XVI - 78, 108, 109, 187, 241,<br />

242, 243, 249, 251, 257, 294, 301, 302<br />

— IV - - X, XVI 1, 10, 12, 19, 26, 62,<br />

63, 64, 65, 74, 83, 123, 166, 174, 251,<br />

— 296, 303 V, 73, 113, 116, 130, 193,<br />

214, 219, 222.<br />

Haket I, 4, 41 —<br />

H, 245.<br />

Hamelaoui I, 298, 369, 373, 407, 417,<br />

438 —<br />

H, 76, 175, 209, 210, 240 —<br />

HI, 57, 208, 213, 280, 283.<br />

Hammam Berda I, 56, 62, 67, 81, 130<br />

—<br />

—<br />

H, 138, 223 m, 171.<br />

Hammar (el) I, 324.<br />

Hamouda H, 211, 212, 266 —<br />

208, 212.<br />

m, 57,<br />

Hamza I XVI 114, 148, 164, 165,<br />

166, 175, 180, 186, 189, 192, 195, 226,<br />

230, 245, 319, 320, 321, 326, 328, 331,<br />

— 336, 337, 418, 426, 437 H VIII,<br />

LX, X -<br />

3,<br />

4, 5, 6, 7, 8, 11, 12, 20, 22,<br />

23, 29, 34, 45, 47, 61, 68, 78, 79, 106,<br />

211, 248, 265, 269, 271, 272, 274, 280,<br />

281, 284, 285, 293, 294, 295, 299, 300,<br />

HI, XHI, XIV, XV, XVI -<br />

304, 308 —<br />

1, 2, 3, 19, 24, 80, 111, 112, 145, 169,<br />

170, 173, 216, 217, 221, 222, 225 —<br />

IV, 51, 266, 267, 268, 279, 295, 313 —<br />

V, 166.<br />

Hanencha H, 20, 28, 90, 150, 175, 202,<br />

203, 204, 205, 206, 207, 209, 235, 248<br />

— —<br />

HI, 47, 48, 69, 175, 189 IV, 283<br />

— V, 19, 225, 226.<br />

Haouch el Ksob H, 117.<br />

Haouch Kudri IV, 170.<br />

Haouch Mouzaïa IV - - XII 147, 171,<br />

172, 175, 176, 182, 186, 187, 203, 229,<br />

238, 243, 248, 318.<br />

— Haracta (Aracta) I, 399 H, 20, 87,<br />

88, 150, 175, 202, 203, 204, 205, 206,<br />

—<br />

208, 218, 268, 269, 309 m, 20, 32,<br />

— 208 IV, 105, 128, 129, 130, 161, 221,<br />

— 271, 292, 293, 313 V, 19, 223, 225,<br />

226.<br />

Harchaoua II, 59.<br />

Harrars n, 6.<br />

Hassan (bey d'Oran) HI, 8.<br />

Hassan ben Ali IV, 49.<br />

Hassan effendi V, 95.<br />

— Hassenaoui I, 340<br />

m, 175, 189 — IV,<br />

H,<br />

283.<br />

90, 150 —


Haussmann m, 116, 226.<br />

Heckel IV, 318.<br />

Hippone IH, 155.<br />

Hensena V, 110.<br />

Heudna (Hodna) V, 150, 165.<br />

Hoffmann V, 269.<br />

Horain HI, 85, 93, 114.<br />

—<br />

Houdetot (d') HI, 292 IV, 9, 84,<br />

—<br />

86, 91, 178, 233, 235, 241, 247, 248<br />

V, 25, 52.<br />

Housse V, 126.<br />

Houveaux I, 42 —<br />

Hugon V, 134.<br />

Hulsen IV, 268.<br />

m, 94, 97.<br />

Hussein ben Abderrhaman HI, 229.<br />

Hussein Dey IV, 133, 268.<br />

Ibrahim ould Sidi Adda H, 35.<br />

Illens (d1) IV, 218, 234 —<br />

Inde H, 97 —<br />

IV,<br />

Inglis Bey n, 172.<br />

Interprètes V, 261.<br />

Irkof IV, Î4.<br />

I<br />

142 —<br />

Ismaïl ould Cadi n, 155.<br />

V, 65, 109.<br />

V, 102.<br />

Issers I, 312, 319, 326, 328, 332, 337<br />

— H VIII, IX - 3, 5, 7, 8, 11, 12,<br />

—<br />

20, 22, 29, 34, 60, 79, 106, 295<br />

- XV 115,<br />

170, 173, 201, 216,<br />

IV, 51, 126.<br />

Italie IH, 261, 330, 331.<br />

Jaën HI, 308.<br />

Janet I, 47.<br />

m<br />

Joinville (prince de) I, 19, 54, 73.<br />

Jolly IV, 149 —<br />

V, 127.<br />

— 311 —<br />

-<br />

221 —<br />

Jomard HI, 320.<br />

Jourgeon IV, 225.<br />

Josse V, 19, 130.<br />

Jouve IV, 74.<br />

Juifs (de Tlemcen) m, 240.<br />

—<br />

Jurjura I, 164, 334<br />

m -<br />

xvi.<br />

n, 22, 272<br />

Jusuf ben Hafiz Khodja IH, 301.<br />

Kabyles (Kabaïles -<br />

Quobails) I, 40,<br />

148, 164, 169, 179, 197, 278, 280, 283,<br />

285, 303, 327, 329, 332, 335, 340, 343,<br />

346, 347, 353, 356, 363, 371, 372, 378,<br />

381, 386, 404, 414, 415, 423, 426, 436,<br />

—<br />

457, 458 H, 16, 20, 24, 31, 77, 111,<br />

114, 123, 128, 137, 138, 144, 149, 152,<br />

199, 203, 210, 214, 215, 220, 225, 227,<br />

—<br />

228, 232, 253, 263, 268, 280 IH, 19,<br />

20, 25, 27, 35, 48, 84, 85, 86, 87, 91,<br />

92, 93, 95, 96, 99, 106, 107, 108, 113,<br />

119, 129, 168, 169, 184, 187, 207, 216,<br />

— 219, 258, 267 IV - - X, XVIII 12,<br />

13, 14, 16, 17, 26, 34, 40, 44, 46, 47,<br />

51, 73, 87, 104, 106, 114, 115, 127, 141,<br />

148, 169, 172, 173, 176, 178, 179, 180, 195,'<br />

181, 183, 184, 185, 206, 207, 222,<br />

223, 231, 233, 235, 239, 240, 243, 244,<br />

248, 249, 255, 260, 261, 293, 294, 303,<br />

—<br />

312, 315, 316, 317, 318 V, 9, 11, 20,<br />

22, 24, 29, 37, 41, 45, 46, 50, 60, 61,<br />

64, 88, 89, 111, 114, 115, 118, 119, 138,<br />

139, 140, 141, 143, 154, 166, 183, 195,<br />

186, 214, 217, 218, 221, 228, 246, 247.<br />

Kabylie IV IX.<br />

Kachna I, 188, 189, 340 —<br />

117.<br />

H 61, 79,<br />

Kaddara (Khadara - Khadra) I - - XVI 109,<br />

XI,<br />

162, 164, 177, 180, 1»2,<br />

187, 188, 190, 191, 202, 230, 248, 257,<br />

276, 277, 287, 288, 306, 312, 314, 315,<br />

319, 321, 324, 325, 331, 332, 336, 340,<br />

342, 352, 355, 358, 368, 377, 386, 388,<br />

397, 452, 453 — H - VIII, IX, X - 3,<br />

4 6, 10, 11, 12, 22, 44, 60, 68, 79, 258,<br />

—<br />

269 272, 273, 295, 300, 308 HI, 4,<br />

5 45, 166, 167, 170, 172, 173, 198, 217,<br />

224, 248, 268 — IV, 17, 21, 35, 37, 51,<br />

82 101, 102, 103, 104, 115, 127, 128,<br />

V, 64, 216.<br />

255, 279, 291 —<br />

Kaddour ben Sarraoui IV, 162.


Kaddour el Khaoui IH, 37.<br />

Kadian (el) H, 83.<br />

Kadour Douby V, 182.<br />

Kantara (el) I, 209, 399 — H,<br />

Kantour I, 405 —<br />

221, 222, 268.<br />

H,<br />

46.<br />

123, 198, 213,<br />

Kara Mustapha H, 6, 44, 45, 265,<br />

269,<br />

—<br />

— HI, 173, 202, 207, 268 IV,<br />

V, 27, 28.<br />

21, 125, 203 —<br />

Karezas IV, 165, 166, 170.<br />

Karoubet el Ouzri IV, 231 —<br />

111, 114, 115, 141.<br />

Kebour Roumia IV, 86.<br />

V, 60,<br />

— Kef (le) H, 88, 175, 200, 201 HI,<br />

—<br />

226, 213, 244 IV, 152, 213, 220, 270,<br />

304.<br />

Kef Redjala m, 221.<br />

Kérouan (Kairouan) IV, 304.<br />

Keroulin (djebel) V, 167.<br />

Khalledi (el) IV, 49.<br />

Kolb ni, 327.<br />

Korte H, 293 —<br />

— Kouba I, 190, 355<br />

— 165 V,<br />

258.<br />

V, 62, 116.<br />

Ht,<br />

287 —<br />

IV,<br />

Kouider ben Rebbah HI, 47 — IV,<br />

195.<br />

Laborde (de) IV, 271.<br />

- La Calle I XVIII - 21, 26, 131, 228,<br />

272, 293, 343, 350, 360, 361, 362, 363,<br />

364, 366, 384, 401, 402, 404, 416, 427,<br />

— - 428, 429, 430, 444 H X 1, 2, 16,<br />

19, 37, 52, 81, 111, 112, 125, 134, 137,<br />

141, 151, 168, 241, 249, 255, 256 —<br />

HI, 38, 75, 76, 231, 232, 238, 271, 288,<br />

—<br />

316, 336, 337, 338 IV, 5, 6, 70, 270<br />

— V, 74, 98, 99, 150, 231.<br />

Occupation de La Calle H, 112.<br />

La Chaise (de) I, 359.<br />

La Châtre (de) n, 105.<br />

-312-<br />

Lacour I, 85 —<br />

n, 151.<br />

Lafond V, 119, 143, 144, 147.<br />

Lacroix HI, 285.<br />

Lafontaine HI, 268.<br />

Lagau (de) IV, 6.<br />

Laghouat HI, 13, 18, 100 —<br />

— V,<br />

19, 23.<br />

La Goulette IV, 71, 275 —<br />

La Hitte IV, 10 —<br />

Lamarche IV, 151.<br />

Lami m, 285.<br />

IV, 154<br />

V, 76.<br />

V, 59, 128.<br />

La Mecque H, 230, 248 —<br />

— Lamoricière I, 4, 36, 38<br />

- - IV XV, XX, XXII 1,<br />

—<br />

178, 179, 180, 266, 307<br />

V, 104.<br />

n,<br />

40 —<br />

16, 165, 166,<br />

V, 12, 17,<br />

20, 21, 51, 57, 72, 97, 109, 131, 133,<br />

134, 135, 175, 186, 190, 222, 245.<br />

Lamothe Langon (de) V, 258.<br />

Lamri m, 57.<br />

Landri ni, 59.<br />

Lantserï IV, 49.<br />

Larache ni, 71.<br />

Larbi ben Joseph IV, 188, 189, 190.<br />

Largillidre V, 128, 174.<br />

Lapaine V, 258.<br />

La Rochefoucauld V, 10.<br />

—<br />

La Bue (de) I, 85, 86 H 32, 49 —<br />

HI VIII - 81, 121, 142, 143, 148,<br />

—<br />

149, 193 V, 76, 92.<br />

La Salle (de) I, 72.<br />

La Torre V, 169, 172, 173.<br />

La Tour du Pin I, 224, 246 —<br />

Laujoulet V, 254.<br />

Laurence HI, 149.<br />

Lazaristes I, 355.<br />

Leblond V, 60, 61, 62, 89.<br />

Lebœuf I, 34, 41.<br />

Le Caire n, 30.<br />

V, 141.


Lecomte HI, 96.<br />

Ledjina m, 68.<br />

Le Flô V, 217.<br />

Lejean V, 48.<br />

Lelièvre IV, 56 —<br />

Lepic IV, 129, 130.<br />

Leray IV, 71.<br />

V, 48.<br />

Lesparda (de) V, 18.<br />

Lestapy ni, 227.<br />

— Letellier I, 30, 41 n, 84.<br />

Levaillant I, 42 —<br />

V, 174.<br />

— Levasseur IV, 250, 291, 312 V, 16,<br />

17, 27.<br />

Liadières IV, 262.<br />

Liancourt (duc de) I, 224, 246.<br />

Lions (montagne des) IV, 25.<br />

Livourne HI, 331, 335, 338.<br />

Londres (traité de) IV XIV.<br />

Louis-Philippe I -<br />

89.<br />

X,<br />

XI —<br />

M<br />

Mac Mahon I, 34, 41 —<br />

Maçon V, 126.<br />

Macquery V, 27.<br />

III<br />

-<br />

IV, 250.<br />

— Macta I, 109, 161, 197 H, 61.<br />

Mafrag<br />

H XVI 135, 137, 141.<br />

Magnien HI, 272, 274.<br />

Mahalla m, 212.<br />

Mahelma I, 227 —<br />

206.<br />

IV,<br />

Mahiddin IV, 50, 133, 206 —<br />

Mahmoud IH, 9.<br />

VIII,<br />

25, 125, 203,<br />

Mahmoud (caïd) V, 95, 96, 98.<br />

V, 247.<br />

Mahmoud (sultan) I, 21, 64, 65, 252,<br />

— 403 m, 9, 47.<br />

— 313-<br />

Mahmoud ben Zouadi IH, 228.<br />

Mahon HI, 28 —<br />

V, 74, 256.<br />

—<br />

Maison Carrée I, 190, 191<br />

—<br />

198, 268<br />

— 296 V,<br />

250.<br />

HI, 155,<br />

IV, 17, 139, 203, 266, 268,<br />

28, 97, 99, 100, 130, 152,<br />

Makki ben Zergui n, 77.<br />

Malaga HI, 139, 178.<br />

Maléchard I, 30, 41.<br />

Malek HI, 57.<br />

Maltais I, 206 —<br />

Malte m, 139 —<br />

Malva IV, 136.<br />

IH, 320, 322, 328.<br />

V, 55, 76, 95, 191.<br />

— Manucci (Nicolas) I, 205<br />

—<br />

171, 172, 250 HI,<br />

—<br />

161, 314 V, 190.<br />

H, 155,<br />

36, 37, 38, 65, 67,<br />

Manucci (Noël) ni, 65, 66.<br />

Marbre (ruisseau de) HI, 222.<br />

Marchand de la Ribellerie IV, 262.<br />

Marengo IH, 117.<br />

Marey I, 304 —<br />

Margo m, 67.<br />

H,<br />

40 —<br />

Marguend (de) HI, 227.<br />

Marlaud I, 34.<br />

Mamda IV, 136.<br />

V, 258.<br />

Mansourah I, 3, 4, 29, 30, 31, 32, 35,<br />

— 40 DI, 210.<br />

Mantout HI, 205, 206.<br />

Marbot IV, 181.<br />

- Maroc I XIV 118, 150, 173, 174,<br />

—<br />

202, 239, 245, 252, 429 H XVII<br />

31, 32, 49, 71, 107, 220, 282 — HI<br />

LX 51, 71, 77, 98, 160, 165, 241, 270<br />

V,<br />

— IV,<br />

270, 271, 273, 297, 299 —<br />

72, 186, 187, 190, 227, 228.<br />

Empereur du Maroc I, 116, 152, 291<br />

—<br />

— H, 30, 31, 163, 173 HI, 72, 98,<br />

160, 259.<br />

Marquât HI, 85.<br />

Martimprey V, 85. /


Martin V, 40, 48, 173.<br />

Martineau des Chesnais V, 264, 269,<br />

275, 276.<br />

Martinet HI, 227.<br />

Martini (Giacomo) V, 41.<br />

Marseille H, 71, 119, 190, 255 —<br />

— 55, 56, 117, 164, 192 V, 74.<br />

HI,<br />

Mascara I - VIII - 100, 142, 167, 173,<br />

200, 201, 225, 232, 233, 250, 303, 339,<br />

— 342, 357, 396, 401, 431 H, 11, 31,<br />

53, 55, 58, 67, 70, 78, 82, 83, 91, 120,<br />

—<br />

126, 152", 274, 281 HI, 12, 50, 77,<br />

80, 173, 238, 240, 242, 255, 267, 275,<br />

— 288 IV X, XV, XVIII - 44, 50,<br />

51, 140, 176, 261, 266, 270, 298, 299<br />

—<br />

V, 12, 27, 57, 82, 97, 121, 122, 123,<br />

128, 131, 182, 214, 220, 229, 234.<br />

Mas Latrie IH, 321.<br />

Matic IH, 51, 52.<br />

Matifou (cap) IV, 253.<br />

Matra IV, 118.<br />

Maugère IV, 80.<br />

Maures I, 119, 421.<br />

Mauritanie IH, 320 —<br />

V, 113.<br />

Maussion (de) V, 124, 125, 126, 133,<br />

153.<br />

Mazafran (Massafran) I, 100, 101,<br />

— 162, 175, 277, 302, 314, 332 H, 121,<br />

— 130 IV, 206 — V, 9.<br />

Mazagran HI, 271, 272, 273, 274, 275,<br />

285 —<br />

V, 213, 215, 243.<br />

Mazelier ni, 52.<br />

Mazères HI, 192.<br />

Mecheri I, 226, 227 —<br />

— 314-<br />

147, 153, 155, 156, 157, 158, 164, 165,<br />

170, 172, 176, 177, 182, 183, 184, 187,<br />

192, 193, 194, 195, 200, 201, 203, 212,<br />

213, 214, 215, 217, 218, 219, 220, 223,<br />

224, 226, 227, 229, 230, 231, 235, 236,<br />

237, 243, 244, 247, 248, 249, 252, 253,<br />

254, 255, 260, 261, 266, 267, 275, 279,<br />

281, 295, 296, 297, 301, 307, 310, 311,<br />

— 315, 316 V, 8, 12, 13, 15, 20, 21, 22,<br />

33, 52, 65, 66, 67, 72, 78, 79, 86, 87,<br />

88, 91, 92, 96, 110, 111, 113, 115, 117,<br />

119, 120, 134, 136, 139, 142, 146, 152,<br />

155, 176, 177, 179, 185, 186, 189, 191,<br />

192, 214, 216, 217, 218, 219, 221, 222,<br />

229, 230, 231,<br />

249, 250, 275.<br />

236, 237, 243, 246, 247,<br />

Occupation de Médéa IV, 184.<br />

Medjahers HI, 235, 239, 240.<br />

Medjana (Mejana) I XVn - 166,<br />

172, 180, 182, 210, 226, 269, 293, 297,<br />

—<br />

331, 372, 416, 417, 437 H, 20, 22,<br />

65, 75, 151, 202, 203, 207, 210, 221,<br />

235, 239, 241, 247, 248, 260, 261, 269,<br />

272, 280, 298, 299, 300, 301, 309 —<br />

IH ■ XIII - 20, 25, 32, 71, 76, 82, 88,<br />

99, 100, 112, 136, 156, 162, 169, 173,<br />

174, 213, 216, 218, 219, 221, 237, 280<br />

— ■ IV XVIII, 34, 39, 51, 102, 103,<br />

105, 119, 120, 221, 281, 282, 290, 291,<br />

— 292, 293, 295, 309, 311, 314 V, 9,<br />

11, 16, 18, 20, 33, 49, 50, 64, 69, 70,<br />

71, 75, 108, 149, 150, 154, 165, 214,<br />

223, 224, 225, 228.<br />

Medjerda I, 334.<br />

Medjez Amar (Mjez Ammar) I, 6, 7,<br />

9, 11, 13, 21, 24, 25, 28, 45, 54, 56, 57,<br />

62, 63, 67, 68, 69, 70, 74, 75, 77, 81,<br />

82, 89, 130, 206, 207, 212, 344, 345,<br />

— - 367, 443 H - X 22, 52, 74, 89, 111,<br />

119, 136, 137, 141, 153, 203, 204, 210,<br />

—<br />

221, 223, 241, 268, 311<br />

155, 171, 196.<br />

m, 81, 82,<br />

H, 117.<br />

Médéa I, 88, 132, 163, 174, 179, 190,<br />

191, 203, 210, 219, 222, 229, 232, 233,<br />

258, 259, 263, 266, 316, 338, 339, 341,<br />

342, 350, 351, 353, 357, 358, 364, 386,<br />

—<br />

395, 397, 399, 421 H, 7, 9, 10, 11,<br />

12, 22, 29, 35, 36, 44, 45, 47, 50, 281<br />

—<br />

- ni XIII, XV - 5, 18, 20, 133, 136,<br />

161, 163, 170, 173, 175, 187, 197, 221,<br />

—<br />

222, 225, 241, 243, 244, 255, 295<br />

IV - Medjez Kahel m, 252.<br />

Medzergah V, 9, 16, 19, 20.<br />

Mehemet V, 193.<br />

Mehemet Ali V, 55.<br />

MeKedra V, 82, 123.<br />

— Malata HI, 239 V, 127.<br />

XI, XII, XIII, XIV, XV, XVII,<br />

- XVIII, XIX 1, 11, 44, 50, 52, 68, 69,<br />

83, 92, 100, 115, 123, 125, 139, 140,<br />

Melcion d'Arc I, 274.<br />

Melilla m, 306, 308, 310.


Mellaha III, 95, 96 — V,<br />

Melouan H, 118.<br />

Menonville I, 98, 200.<br />

71.<br />

—<br />

Mequinez —<br />

ni, 270 IV, 92<br />

Mered — I, 530, 351<br />

—<br />

—<br />

IV, 9, 10, 25<br />

Meridji (el) I, 217.<br />

Meris IV, 102, 128.<br />

Mermet IV, 80.<br />

-<br />

V, 228.<br />

HI XVI 249<br />

V, 192, 250.<br />

—<br />

Mers-el-Kebir I, 99 — n, 58, 59<br />

— m, 75, 308<br />

— V,<br />

IV, 162, 163, 195, 271<br />

168, 232, 290.<br />

Mesnil (du) m, 94, 226.<br />

Messaoud (caïd) V, 149, 225.<br />

Messaoud Bousmaa HI, 228.<br />

Meurice H, 54.<br />

Meyriès I, 138.<br />

Mezaïta V, 168, 169, 170.<br />

Meyer V, 49.<br />

Meyries I, 138.<br />

Mezari —<br />

(el) HI, 44, 176, 177, 236<br />

IV, 8, 25, 50, 51, 149, 151, 188, 189,<br />

—<br />

190, 261 V, 80, 169, 170.<br />

Miaillon IV, 83.<br />

Michel V, 45, 46.<br />

Mila (Milah) I, 169, 170, 176, 196,<br />

208, 212, 216, 266, 267, 272, 295, 406,<br />

— 426 H X 75, 239, 240, 241, 242,<br />

— 248, 262, 263, 269, 309 m - XIII<br />

15, 19, 20, 21, 24, 27, 35, 76, 88, 99,<br />

106, 111, 112, 130, 131, 211,<br />

— 212<br />

V, 17, 19, 166.<br />

Miliana I, 142, 174, 229, 258, 259,<br />

—<br />

358, 386, 396 H, 7, 9, 11, 29, 42,<br />

—<br />

67, 131 HI, 37, 39, 51, 64, 80, 98,<br />

133, 163, 175, 196, 255, 258, 293, 295<br />

— IV X, XII, XIII, XIV, XV, XVII,<br />

- XVIII 1, 9, 10, 21, 44, 49, 50, 51, 69,<br />

83, 88, 92, 100, 114, 123, 125, 139, 140,<br />

156, 157, 160, 174, 176, 180, 184, 185,<br />

193, 195, 198, 201, 205, 206, 211, 212,<br />

213, 214, 215, 218, 219, 220, 230, 231,<br />

233, 234, 235, 242, 243, 244, 245, 247, 266,'<br />

250, 251, 252, 253, 260, 261, 267,<br />

-315 —<br />

275, 277, 295, 301, 302,<br />

311 —<br />

V, 7, 9, 12, 13,<br />

34, 37, 38, 41, 42, 43<br />

61, 62, 65, 66, 67,<br />

78, 79, 90, 91, 92, 96,<br />

111, 112, 113, 115, 116,<br />

144, 149, 152, 162, 176<br />

186, 189, 191, 214, 216,<br />

220, 221, 222, 229, 230<br />

243, 244J1 245,'<br />

247^250.<br />

Occupation de'. Miliana Milis<br />

235.<br />

Ravitaillements IV, 243 —<br />

139.<br />

303, 305, 307,<br />

15, 21, 22, 33,<br />

44, 45, 55, 59,<br />

72, 73, 74, 75,<br />

106, 109, 110,<br />

120, 130, 140,<br />

177, 180, 181,<br />

217, 218, 219,<br />

231, 236, 237,<br />

IV, 214, 230,<br />

V, 60 111<br />

Miloud ben Arrach (cf. Ben Arra<br />

che).<br />

Miloud ben Ramdan ni, 109.<br />

Miltgen I, 304 —<br />

Mina HI, 111 —<br />

ni, 218, 222, 227.<br />

IV, 10, 50, 51, 297.<br />

Mirbeck (de) I, 271, 272, 339, 345<br />

358, 359, 360, 362, 363, 364, 372, 383<br />

384, 400, 404, 406', 416, 429, 433, 443<br />

—<br />

II, 2, 21, 22, 51, 111, 112, 119, 125,<br />

— 249 IV, 70.<br />

Mirmont (de) I, 30, 41.<br />

Misserghin IH, 48, 176, 195, 239 —<br />

IV, 1, 68, 78, 79, 80, 81, 94, 100, 148,<br />

— 149, 191, 196, 197 V, 27, 50, 172,<br />

216.<br />

Mistina I, 190.<br />

- Mitidja I XVI, XX - 100, 163, 164,<br />

180, 182, 188, 190, 191, 257, 258, 259,<br />

277, 288, 314, 318, 319, 323, 332, 350,<br />

— - 351, 377, 385, 386, 396, 397 H XI,<br />

- XV, XVI 4, 5, 6, 8, 10, 11, 12, 23, 44,<br />

46, 130, 134, 143, 185 — - m XV,<br />

XVII - 19, 54, 77, 112, 127, 156, 165,<br />

— 255, 286 IV - VII, IX - 17, 18, 37,<br />

51, 74, 83, 87, 90, 94, 128, 141, 146,<br />

168, 173, 200, 230, 231, 248, 252, 255,<br />

263,<br />

—<br />

267, 268, 297 V, 65, 88, 92,<br />

113, 115, 116, 183, 214, 215, 216, 217,<br />

219, 221, 222, 274.<br />

—<br />

Mgador HI, 51, 52, 53 IV, 94.<br />

Moktar H, 87.<br />

Mohammed (ancien bey de Médéa)<br />

IV, 49.<br />

Mohammed (cheikh el beled) I, 23,<br />

48, 71, 85, 137, 138, 168, 204, 205, 207,<br />

H, 75, 156,<br />

227, 270, 299, 300, 417 —


—<br />

157, 158, 159, 191, 192, 236 IV, 154<br />

— V, 23.<br />

Mohammed Assen HI, 122.<br />

Mohammed ben Aalla I, 378 —<br />

131 —<br />

IV, 195.<br />

Mohammed ben Attar I, 18, 20.<br />

H,<br />

Mohammed ben Djari IV, 188, 190.<br />

Mohammed ben Douadi I, 53.<br />

Mohammed ben Egas IV, 190.<br />

Mohammed ben Ikhou H, 176, 253,<br />

254, 283.<br />

Mohammed ben Kaddour HI, 176 —<br />

IV, 189, 190.<br />

Mohammed ben Mihoun n, 31, 32,<br />

49.<br />

Mohammed ben Mokhljar IV, 188,<br />

189, 196.<br />

Mohammed ben Mouloud V, 24.<br />

Mohammed ben Saïd V, 123.<br />

Mohammed Caroni V, 19.<br />

Mohammed Effendi H, 30.<br />

Mohammed Lefgoun.<br />

Mohammed el Serir IV, 290, 291.<br />

Mohammed ould Abd el Hazimi IV,<br />

188, 189.<br />

Mohammed ould Kouskoussa H, 83.<br />

Mohammed Saïd Chérif I, 340.<br />

Mohammed Sarir ben Ferhat I, 215,<br />

217.<br />

Mole I - VIII, XI, XII - —<br />

9, 48<br />

- VIII — - 290, 293, 295 HI - VII<br />

33.<br />

Mollière H, 228, 253 —<br />

Mons (défilé de) in, 212, 213.<br />

Montauban in, 227, 233.<br />

Montebello IV, 79.<br />

Montelimar IV, 210.<br />

II<br />

-<br />

23,<br />

m, 136, 233.<br />

Moqrani H, 241, 247, 248, 261, 269,<br />

— 299 HI - XIII - 20, 107, 213, 216,<br />

—<br />

— 218, 220 IV, 39, 119, 222 V, 224.<br />

-316 —<br />

Moreau V, 48.<br />

Morizot IV, 303, 304 —<br />

Morel V, 48.<br />

Mornay (de) n, 32, 49.<br />

V, 9, 106, 161.<br />

Mostaganem I, 100, 110, 131, 142,<br />

161, 197, 200, 233, 234, 303, 330, 355,<br />

—<br />

432, 444 H, 58, 61, 69, 79, 93, 106,<br />

141, 282 — m, 77, 204, 205, 225, 235,<br />

—<br />

238, 246, 271 IV X, XII 3, 32,<br />

50, 60, 69, 115, 141, 234, 276, 297, 298,<br />

—<br />

300, 301 V, 71, 88, 110, 159, 160,<br />

185, 186, 190, 213, 215, 223, 232, 233,<br />

235.<br />

Mouktar V, 150.<br />

Mouret V, 138.<br />

Mourzouk V, 101, 231.<br />

Moussa IV, 39.<br />

Mouzaïa I, 396 —<br />

IV<br />

-<br />

XII,<br />

XIV -<br />

115, 147, 158, 159, 166, 170, 176, 182,<br />

186, 195, 196, 201, 215, 220, 237, 243,<br />

—<br />

283, 310, 316 V, 8, 60, 86, 87, 88,<br />

89, 134, 136, 142, 143, 146, 152, 216,<br />

217, 218, 219, 231, 243.<br />

Tribu des Mouzaïa IV - - XIV<br />

—<br />

243, 248 V,<br />

251.<br />

233,<br />

146, 162, 193, 219, 231,<br />

Combat et prise du Ténia IV, 176,<br />

181.<br />

Mr'is I, 215.<br />

Msila (Emsila) IV, 26, 222, 281, 295,<br />

—<br />

301, 311, 312, 314 V, 69, 70, 150,<br />

166, 224.<br />

Muley Abderrahman m, 241, 270 —<br />

IV, 49, 297.<br />

Muley Chekfah IV, 33.<br />

Muley Cherek HI, 106.<br />

— — Munster I, 41 ni, 193<br />

IV, 262.<br />

Mustapha (bey de Tunis) I, 244, 403.<br />

Mustapha (cadi hanéfi) III, 285.<br />

Mustapha n, 41.<br />

Mustapha (Khalifa d'Abd el-Kader)<br />

II, 78, 80, 105, 152, 274, 281 — ni,<br />

12, 41, 161.


Mustapha ben Abd el-Kader IV, 63,<br />

64, 234.<br />

—<br />

Mustapha beii Ismaïl H, 25, 84<br />

—<br />

44, 176, 236, 238<br />

HI,<br />

IV, 8, 25, 50, 51,<br />

98, 149, 162, 163, 188, 189, 190, 196,<br />

— 239, 261 V, 51, 80, 123, 126, 169,<br />

174.<br />

Mustapha ben Omar I, 276, 277, 281,<br />

287, 288, 295, 306.<br />

Mustapha ben Sacri in, 49, 72, 73.<br />

Mustapha ben Tami (cf. ben Tami).<br />

Mustapha el Cherif ni, 37.<br />

Mustapha el Mekki in, 283.<br />

Mzaïa m, 20, 25 —<br />

Naam IV, 109.<br />

N<br />

IV, 26.<br />

Nador (djebel) IV, 166, 237, 243, 247,<br />

— 316 V, 88, 119, 137, 138, 142, 146,<br />

218.<br />

Nagant IV, 225, 226.<br />

Naples ni, 331, 335, 338.<br />

Napoléon H, 30 —<br />

Narrey HI, 274.<br />

m,<br />

185.<br />

Nechmeya I, 24, 56, 62, 67, 77, SI<br />

— H, IH, 171.<br />

138, 221, 223 —<br />

Nedès II, 138, 141, 222 —<br />

Nedroma IV, 261, 271 —<br />

HI, 81.<br />

V, 528.<br />

- - Négrier I XVIII 77, 78, 83, 89, 96,<br />

104, 114, 136, 173, 176, 185, 204, 205,<br />

206, 207, 208, 210, 211, 213, 214, 220,<br />

235, 266, 267, 268, 269, 292, 295, 296,<br />

297, 298, 299, 305, 339, 342, 343, 366,<br />

367, 381, 399, 400, 414, 415, 417, 430,<br />

— -<br />

433, 443, 444 II VTJ - 1, 2, 14, 15,<br />

19, 20, 21, 36, 47, 63, 89, 114, 122, 132,<br />

HI, 65.<br />

156, 157, 175, 244, 267 —<br />

Nemencha IV, 221 —<br />

V, 225, 226.<br />

Nemours (duc de) I, 3, 6, 19, 29, 34,<br />

37, 38, 39, 41, 47, 54, 73, 86 — HI,<br />

245.<br />

Nemours (batterie de) I, 31, 32, 33,<br />

34, 35, 37.<br />

— — 317<br />

Neuilly (de) I, 402, 446 —<br />

—<br />

Niel I, 41 — n, 221, 222<br />

Nion (de) IH, 278 —<br />

209 —V, 72.<br />

Niqueux V, 35, 36, 48.<br />

Nogaret V, 48.<br />

Nogent V, 50.<br />

m, 59.<br />

m, 130.<br />

IV, 5, 207, 208,<br />

Ocher de Beaupré III, 22, 23.<br />

Olivet V, 136.<br />

Omar m, 216, 218.<br />

Omar (Léon Roches) in, 5, 12.<br />

Omar Pacha IV, 49.<br />

Oran I, 58, 68, 76, 83, 85, 86, 99, 100,<br />

104, 131, 134, 140, 142, 143, 145, 160,<br />

161, 179, 230, 232, 233, 250, 261, 303,<br />

—<br />

323, 331, 339, 355, 401, 409, 431<br />

- XI, XV 30,<br />

H<br />

-<br />

31, 53, 58, 69, 70, 71, 85,<br />

93, 98, 99, 100, 104, 121, 126, 134, 155,<br />

156, 189, 273, 274, 280, 282, — 293<br />

m - XV 49,<br />

50, 72, 73, 97, 98, 135,<br />

155, 156, 189, 273, 274, 280, 282, 293<br />

— IV - X, XVI 2, 3, 10, 21, 29, 31,<br />

35, 75, 76, 80, 81, 82, 83, 84, 103, 115,<br />

122, 124, 150, 174, 191, 192, 197, 208,<br />

209, 231, 233, 261, 266, 269, 272, 273,<br />

—<br />

277, 284, 297, 298, 299, 307 V, 8,<br />

9, 12, 15, 22, 27, 34, 50, 58, 59, 75, 79,<br />

83, 97, 120, 123, 128, 132, 167, 169,<br />

172, 173, 174, 175, 182, 213, 214, 215,<br />

216 222, 223, 227, 232, 238, 239, 260,<br />

262, 272, 275, 277, 280, 281, 289.<br />

Province d'Oran I XV - 45, 58, 99,<br />

105, 113, 117, 120, 133, 164, 166, 171,<br />

174, 190, 191, 198, 200, 201, 202, 220,<br />

224 229, 231, 232, 233, 244, 246, 258,<br />

259, 261, 266, 276, 303, 311, 338, 342,<br />

357, 400, 430, 435 — H, 3, 7, 8, 11,<br />

18 22, 35, 40, 46, 51, 55, 61, 64, 69,<br />

78 86, 91, 93, 96, 121, 134, 135, 141,<br />

142 152, 160, 164, 180, 183, 187, 275,<br />

— 277 m, 43, 48, 70, 80, 107, 111,<br />

120, 127, 130, 133, 137, 143, 147, 173,<br />

—<br />

-<br />

175 264 IV VII, VIII, XI, XV,<br />

XXII 19, 32, 36, 38, 42, 51, 68, 69,<br />

94 95, 96, 98, 103, 103, 123, 138, 140,<br />

147 154, 170, 252, 259, 266, 276, 277,


280, 294, 295, 296, 297, 298, 300, 301<br />

— V, 21, 32, 51, 57, 84, 97, 131, 153,<br />

155, 156, 175, 177, 186, 187, 190, 196,<br />

219, 220, 222, 229, 232, 239, 250, 276.<br />

—<br />

Division d'Oran I, 79, 117, 118 m,<br />

147, 157, 162, 189, 190, 205, 207, 247,<br />

252, 263, 277, 290, 291 — IV, 75, 82,<br />

—<br />

84, 94, 95, 124, 197, 300 V, 58, 133,<br />

214, 223.<br />

Orléans (duc d') I - XI, XIII 234,<br />

— 240 H XVII — 68 HI - VIII,<br />

XIV, XVIII 41, 42, 194, 199, 202,<br />

207, 208, 209, 211, 214, 215, 219, 221,<br />

— -<br />

222, 223, 224, 226, 238, 240 IV X,<br />

-<br />

XII, XXI 113, 132, 159, 166, 167,<br />

168, 169, 180, 184, 311.<br />

Fort d'Orléans m, 213, 217, 268, 290<br />

— IV, 113, 126.<br />

Ouamri IV -<br />

Ouazena H, 70.<br />

XIII<br />

220, 237, 244.<br />

Oudam el Ganam H, 90.<br />

Oudjda IV, 208, 271.<br />

Oued Adélia IV, 111, 230, 231, 232 —<br />

V, 60, 63, 111, 115.<br />

Oued Alligah I, 298.<br />

Oued Aratch (Harrache) IH, 51.<br />

Oued Béni Djaad m, 224.<br />

Oued Béni Salah IV, 135.<br />

Oued Bona Moussa H, 136.<br />

Oued Bellal IV, 87, 90, 116, 173, 174.<br />

Oued Besar I, 196 —<br />

Oued Bouberak m, 45.<br />

Oued Bouciton IV, 245.<br />

n, 225.<br />

Oued Boudouaou I, 109, 170, 190, 187,<br />

— 257 H, 152 28.<br />

— —<br />

HI, 250 V, 26,<br />

Oued Bousellam ni, 19, 217.<br />

Oued Cherf I, 169.<br />

— — Oued Corso I, 188 IH, 170<br />

127.<br />

Oued Dahab m, 212.<br />

Oued Djemaa HI, 51.<br />

TV,<br />

-318 —<br />

— Oued Djer (ger) I, 162 IV, 21, 86,<br />

91, 131, 165, 166, 167, 169, 171, 183,<br />

211, 230, 231 — V, 60, III, 114, 115,<br />

116, 139, 140, 141, 144, 145, 214, 222.<br />

Oued Enfsa (Ennetha) n, 113, 221,<br />

231.<br />

Oued Foddah II, 78, 284 —<br />

297.<br />

Oued Gander TV, 172.<br />

Oued Gettara V, 171.<br />

IV,<br />

52,<br />

Oued Hachem IV, 74, 87, 88, 90, 146,<br />

172.<br />

Oued Hamiz (Kramis) I, 188, 190,<br />

— —<br />

191, 219, 221, 230, 312, 314 H, 6<br />

m, 119, 198, 202, 207 — V, 28, 206.<br />

District du Hamiz V, 258, 260.<br />

Oued Hammam (el) IV, 231 —<br />

114.<br />

Oued Hamza HI, 219, 221, 222.<br />

Oued el Houd I, 360 —<br />

Oued Isser V, 121.<br />

Oued Kaddara (cf. Kaddara).<br />

V, 60,<br />

n, 221, 224.<br />

—<br />

Oued el Kebir (Blida) I, 350, 351<br />

— H, 14, 50, 225 IV, 9, 12, 13, 31,<br />

— 249, 318 V, 192.<br />

Oued el Kebir (cf. Oued Besar).<br />

Oued Kerma ni, 197, 198.<br />

Oued Lalleg m XVI —<br />

11, 17, 18, 21.<br />

Oued Legenil I, 130 —<br />

H, 138.<br />

IV, 1, 10,<br />

Oued Mansour IH, 219, 220, 221.<br />

Oued Mekelou m, 220.<br />

Oued Melah V, 167, 168, 170.<br />

Oued Meskiana IV, 129.<br />

Oued Messaoud IV, 316.<br />

Oued Nador (Bourkika) IV, 175.<br />

Oued el Ouache I, 457 —<br />

224.<br />

Oued Radjella m, 222.<br />

Oued Rhaser V, 171.<br />

H,<br />

221,


Oued Rezas H, 224 —<br />

Oued Selal V, 169.<br />

Oued Sidi Ali TV, 316.<br />

HI, 168.<br />

Oued Sidi Amadi V, 168, 169.<br />

Oued Sinan V, 168, 222.<br />

Oued Smendou n, 122, 196, 199, 221,<br />

222.<br />

Oued Soussaï V, 61.<br />

Oued Tharfa II, 83.<br />

Oued Tlélat HI, 240 —<br />

IV, 80, 83,<br />

— 87, 122, 124, 131, 132 V, 133, 222.<br />

Oued Yel IV, 108.<br />

Oued Zarzour I, 43, 457.<br />

Oued Zefsaf I, 129, 196.<br />

Oued Zeitoun I, 148, 453 —<br />

IH, 217, 22L<br />

II,<br />

Oued Zenati n, 138 — III, 252.<br />

79 —<br />

Ouennougha I, 165, 166, 172, 210,<br />

— —<br />

231 H, 61<br />

— 295 V, 7, 63.<br />

—<br />

HI, 217, 231 IV,<br />

Oukaci HI, 20.<br />

Oulassa V, 121.<br />

Ouled Abd el-Nour I, 131, 161, 295,<br />

— 296 m, 76.<br />

Ouled Adda IV, 133.<br />

Ouled Afif I, 217.<br />

Ouled Ahmed V, 98, 99, 100.<br />

Oued Ali IV, 123, 181 —<br />

Ouled Amar I, 207.<br />

Ouled Arid ni, 232.<br />

Ouled Arif HI, 76, 232.<br />

Ouled Assan V, 64, 149.<br />

Ouled Aziz I, 207.<br />

Ouled ben Ali ni, 175, 190.<br />

Ouled ben Saïd m, 48.<br />

Ouled Boazis I, 271.<br />

V, 80, 122.<br />

-319-<br />

Ouled Braham V, 49, 70, 225.<br />

Ouled Derradj TV, 108.<br />

Ouled Dieb I, 271.<br />

Oued Djellah IV, 108, 311.<br />

Ouled Guebarra V, 167, 171, 222.<br />

Ouled Kalfa V, 167, 222.<br />

Ouled Khadra ni, 175, 190.<br />

Ouled Koufar IH, 48.<br />

Ouled Madhi IV, 108.<br />

Ouled Maïman V, 183.<br />

Ouled Meddini r^, 148.<br />

Ouled Mendil HI, 197 —<br />

Ouled Messoud I, 205, 271 —<br />

Ouled Naïl IV, 109.<br />

Ouled Nasser I, 271.<br />

Ouled Ou Kaci HI, 201.<br />

Ouled Saham I, 206.<br />

IV, 125, 255.<br />

Ouled Sidi Ahmed IV, 290, 291.<br />

Ouled Siouan HI, 48.<br />

Ouled Yahya IV, 221.<br />

m, 169.<br />

Ouled Yahya ben Taleb IV, 105.<br />

Ouled Sidi Yahya ben Merbouh ffl,<br />

78, 209.<br />

Ouled Youb I, 271.<br />

Ouled Zeitoun (Zouatna) I, 237, 272,<br />

276, 287, 453 —<br />

II, 143, 152, 173, 250.<br />

Ouled Zenakra H, 123, 209.<br />

Outoudja TU, 105, 106.<br />

Ouzra V, 8, 246, 249.<br />

Pachob V, 124.<br />

Pages TV, 167.<br />

Pallaviani V, 263.<br />

Palma V, 289.


Parchappe m, 291<br />

150 —<br />

V, 247, 249.<br />

Parent IV, 82.<br />

Pariset V, 128.<br />

IV, 80, 149,<br />

Paris I - X 253, 276, 286, 287, 290,<br />

— 337 H, 13, 84, 85, 88, 245, 272, 294,<br />

— 296 IH, 54, 55, 57, 58, 59, 60, 164,<br />

193, 276, 301.<br />

Passy m, 265.<br />

Pâté H, 296 — IV, 130.<br />

Pau m, 192.<br />

Pelet V, 100.<br />

Pellissier de Raynaud I VIII, XI<br />

189, 253 —<br />

HI, 40, 304.<br />

Pérel V, 139.<br />

Pergaud V, 258.<br />

Perpignan H, 13, 14, 197 —<br />

HI, 117.<br />

Perrégaux I, 4, 7, 13, 37, 40, 47, 60,<br />

82, 85, 88 —<br />

H, 40.<br />

Petit-Devoize IV, 318.<br />

Philippe IV, 183, 273 —<br />

Philippe (Saint) V, 276.<br />

Philippeville H - X -<br />

255, 257, 268, 291, 303 —<br />

227,<br />

V, 128, 133.<br />

252, 254,<br />

HI<br />

-<br />

XIV<br />

-<br />

32, 70, 74, 75, 81, 83, 104, 108, 112,<br />

116, 127, 130, 135, 139, 147, 171, 202,<br />

208, 209, 234, 280, 286, 309, 316 —<br />

IV XVI - 18,<br />

34, 52, 106, 116, 162,<br />

— 199, 200, 207, 222, 270, 282, 314 V,<br />

14, 29, 64, 67, 71, 93, 99, 101, 151, 184,<br />

224, 229, 231, 232, 234, 241, 242, 243,<br />

245, 259, 260, 268, 278, 279, 280, 281,<br />

282, 283, 285, 286.<br />

Picouleau IV, 148.<br />

Plumbaria H, 122.<br />

Poërio IV, 240.<br />

Poitiers III, 251.<br />

Poirel V, 269, 281.<br />

Ponet V, 181.<br />

Pont du Chélif V, 193.<br />

Porte ottomane I, 403 —<br />

Portes de Fer (cf. Bibans).<br />

H, 31, 201.<br />

- - 320<br />

Port-Vendres HI, 117, 118 —<br />

V,<br />

Poule (Emmanuel) IV XIX.<br />

Poulier ni, 104.<br />

Provence ni, 173.<br />

Puyg y Mundo II, 197.<br />

Rabat ni, 71.<br />

Rachgoun I, 119 —<br />

3, 32.<br />

R<br />

HI,<br />

Radjettas HI, 75, 76 —<br />

4, 288 —<br />

IV, 314.<br />

Raffeneau de l'Isle m, 327, 328.<br />

Raguet V, 126.<br />

Rahman IV, 108.<br />

Raindre I, 34, 42.<br />

90.<br />

Rambaud IV, 17, 36, 237, 239, 240.<br />

—<br />

Randon ni X IV, 151 — V,<br />

84, 124, 125, 126, 127, 174.<br />

Rapatel H, 3, 60.<br />

Raphel m, 241.<br />

Ras el Aïn Sigam I, 433.<br />

IV,<br />

81,<br />

Ras el Akba I, 24, 28, 56, 57, 63, 136,<br />

—<br />

138, 176, 210, 214, 270, 278, 374 H,<br />

m, 111.<br />

135, 138, 268 —<br />

Ras el Oued TV, 290, 312.<br />

Regaïa I, 190, 191 H, 152 —<br />

263.<br />

Renaut m, 85 —<br />

137, 145.<br />

Rcsguy H, 150<br />

189.<br />

IV, 187<br />

Ressauta I, 190, 191, 289 —<br />

Reveu IV, 130.<br />

Rey V, 124, 125.<br />

Ricardier V, 271.<br />

Richepanse I, 4, 42.<br />

Rifa IV, 271 —<br />

V, 228.<br />

IV, 133,<br />

V, 136,<br />

m, 47, 48, 175,<br />

Righa (de Kesseder) m, 213 —<br />

149.<br />

H, 152.<br />

V,


Righa (Miliana) IV -<br />

XVII<br />

184 —<br />

V, 41, 46, 48, 113, 114, 130, 140, 222,<br />

225.<br />

Rigondet IV, 181.<br />

— Rio Salado I, 161<br />

2 —<br />

m,<br />

V, 50, 122, 132, 175.<br />

Rochat m, 97.<br />

48, 49 —<br />

— 321-<br />

IV,<br />

Roches (Léon) IH, 236, 237, 242, 243.<br />

Rogniat IV, 141, 278.<br />

Roguet V, 174.<br />

Rohault de Fleury I, 3, 29, 38, 41.<br />

Roblaye IH, 226.<br />

Rosamel n, 81 —<br />

274, 304, 308.<br />

ni,<br />

Rostaing m, 227.<br />

103 —<br />

IV, 259,<br />

Rostolan m, 198, 291, 292, 294 —<br />

IV,<br />

10, 13, 15, 126, 127, 128, 133, 187, 203,<br />

243, 268, 269.<br />

Rousset (Camille) I VIII.<br />

Roux I, 360, 362 —<br />

18, 22.<br />

H,<br />

Rovigo (duc de) I -<br />

Rozières (de) III, 226.<br />

VIII<br />

125, 250 —<br />

—<br />

IH,<br />

H, 195.<br />

RuUière I, 3, 6, 8, 28, 29, 31, 33, 34,<br />

41, 47, 54, 58, 76, 82, 87, 89, 96, 102,<br />

—<br />

104, 351 H, 51, 160, 270, 273, 274<br />

—<br />

HI, 159, 203, 217, 224, 250, 263.<br />

Rummel I, 29, 33, 169, 176, 267, 367,<br />

II, 139, 213, 240.<br />

418, 455 —<br />

Rumigny rv, 5, 166, 169, 170, 171,<br />

175, 178, 181.<br />

—<br />

Rusicada I, 129, 342, 430, 356 H,<br />

137, 214, 215, 220, 221, 222, 223, 224,<br />

225, 231, 252.<br />

Saad HI, 57.<br />

—<br />

Saget m, 226 V, 95, 98, 100, 150,<br />

151, 184, 194, 225, 245.<br />

H, 16,<br />

14, 30, 210, 225, 280<br />

Sahara I, 227, 250, 339", 403 —<br />

108, 124 — m,<br />

— IV -<br />

XVIII<br />

-<br />

166, 214, 225, 228.<br />

102, 104 —<br />

Saharis H, 21, 87, 88.<br />

- Sahel (d'Alger) I XX<br />

— 180, 182, 242, 319, 386<br />

— 13, 14, 45, 46, 134, 185<br />

V, 24, 25,<br />

10T, 164,<br />

H XV<br />

HI<br />

-<br />

XVI<br />

-<br />

251, 254, 258, 259, 278, 287, — 290<br />

- IV - XV, XVIII 64, 85, 87, 128, 133,<br />

164, 165, 166, 168, 206, 223, 224, 243,<br />

— 278, 279, 296, 301 V, 65, 75, 106,<br />

206, 219.<br />

Sahel (Constantine) U, 77, 114, 123,<br />

149, 150, 199, 202, 20 3,204, 210, 237,<br />

— 268 HI, 21, 32, 35, 76.<br />

Sahel Babour IV, 105.<br />

Sahel des Béni Menad IV, 168.<br />

Sahel du Chenouan IV, 175.<br />

Saïda H, 59 —<br />

V, 27.<br />

HI,<br />

240 —<br />

Saïd ben Haddad V, 23.<br />

Saïdi m, 158.<br />

Saiget V, 123, 174.<br />

Saint André IV, 188.<br />

Saint Arnaud I, 42 —<br />

XX.<br />

HI,<br />

Saint-Etienne ni, 55, 56.<br />

Saint-Eugène HI, 86.<br />

Saint Ferdinand IH, 86.<br />

Saint Hippolyte IV, 278.<br />

Saint Orner V, 250.<br />

Saint Sauveur ni, 226.<br />

Salé W, 71.<br />

Saleh m, 57.<br />

Salih I, 217.<br />

IV,<br />

~<br />

92 —<br />

34 —<br />

IV<br />

Salles (de) I, 30, 41, 85, 86, 105, 114,<br />

—<br />

- -<br />

317 318 H IX 2, 62, 68, 77, 78,<br />

—<br />

80 238 m X 39, 42, 83, 88, 89,<br />

91 92, 93, 94, 99, 103, 104, 107, 114,<br />

IV, 4, 12, 36, 186.<br />

116, 117, 226 —<br />

Salomon H, 58.<br />

Santons (les) I, 69.


Sarant V, 48.<br />

Sardaigne V, 178.<br />

Sartarieu V, 35, 43, 46, 48, 49.<br />

Sautter V, 254, 259.<br />

Sauvage V, 126.<br />

Schauenbourg H, 40.<br />

Schefer I VIII, X.<br />

Scheik ben Touhoun I, 457.<br />

Schmidt n, 144, 145.<br />

Schneider HI VIL<br />

Schramm ni, 263 — IV, 4, 35, 37,<br />

60, 61, 77, 85, 126, 166, 167, 169, 216,<br />

— 241, 257 V, 79, 93, 94, 212, 244.<br />

Schwebel I, 360, 363, 402.<br />

Schweitzer V, 48.<br />

Sdama IV, 50.<br />

Sebaou I, 173, 277, 281, 319, 325, 326,<br />

— 328, 332, 337, 340, 342, 358, 454 U,<br />

— 59, 79 m, 107, 119, 124, 125, 176,<br />

— 197 V, 20.<br />

Sebastiani BOT, 55, 56, 60 —<br />

226.<br />

Secal IH, 284, 285.<br />

Sedrata I, 206.<br />

Segba I, 161.<br />

Selmia IV, 108.<br />

IV, 192,<br />

Selsous (Scelsous) IV, 108, 115, 118,<br />

—<br />

132, 311 V, 223.<br />

Semoul ni, 203.<br />

Sénégal V, 102.<br />

Senia (la) H, 57.<br />

Senia (Segnia) HI, 203.<br />

Sérigny I, 4, 39, 42.<br />

Sérisux V, 44.<br />

Serir ben Tach HI, 121.<br />

— Sétif I, 226, 374 H<br />

22, 65,<br />

- - X 20,<br />

75, 151, 203, 229, 239, 240, 248, 262,<br />

— 269, 272, 280, 299, 300, 309 HI<br />

-322 —<br />

- XIII, XIV, XV 2, 19, 20, 24, 25, 27,<br />

71, 80, 88, 100, 107, 112, 130, 131, 136,<br />

156, 162, 169, 173, 174, 203, 211, 212,<br />

213, 215, 216, 217, 218, 230, 233, 234,<br />

—<br />

237, 253, 268, 280, 295 IV, 34, 39,<br />

44, 102, 103, 105, 120, 137, 140, 162,<br />

222, 270, 281, 290, 291, 295, 312, 313<br />

— V, 15, 16, 17, 20, 21, 52, 64, 69, 71,<br />

98, 108, 131, 149, 150, 151, 154, 155,<br />

156, 183, 184, 194, 214, 223, 224, 225,<br />

231, 242, 245.<br />

Seybouse I, 138, 147, 169, 209, 210,<br />

215, 278, 279, 283, 285, 359, 363, 385<br />

—<br />

— H, 135, 137, 138 m, 82, 112,<br />

168.<br />

Sfax IV, 213, 269.<br />

Sidi Ali Tamjeret IV, 244, 247.<br />

Sidi bel Kaïr V, 83, 123, 132.<br />

Sidi bel Kali V, 169.<br />

Sidi bou Rafour V, 123, 132, 153.<br />

Sidi Cassem Boudia (djebel) V, 168.<br />

Sidi Chabal IV, 189.<br />

Sidi Embarek IV, 10.<br />

Sidi Klifa IV, 10.<br />

Sidi Mabrouk I, 29, 31.<br />

Sidi M'cid I, 40.<br />

Sidi Moussa r^, 25, 175.<br />

Sidi Raya V, 167.<br />

Sidi Rougeise (djebel) IV, 105.<br />

Sidi Sadi I, 173.<br />

Sidi es Safi I, 338.<br />

Sidi Saïd I, 161.<br />

— Sidi Tamtam I, 138 H,<br />

—<br />

— 223, 268 HI, 252, 281<br />

128, 129.<br />

Sidi Yacoub V, 119.<br />

122, 221,<br />

TV, 102,<br />

—<br />

Sig H, 83, 167, 182 m, 239, 240.<br />

Sikkak IV, 92.<br />

Simon m, 284, 285.<br />

Skikda H, 223, 226, 251.<br />

Slane (de) V, 282.<br />

^


Smelas (Constantine) I, 206, 207, 208,<br />

— —<br />

369, 374, 399, 406, 457 H, 77 HI,<br />

203.<br />

Smelas (Oran) I, 113, 119 —<br />

II<br />

XV 85, 135, 152 — m, 44, 46, 49,<br />

— 238, 239 IV, 2, 25, 37, 68, 69, 74,<br />

78, 97, 98, 148, 150, 151, 162, 163, 188,<br />

—<br />

189, 190, 191, 260, 261 V, 17, 80,<br />

98, 127, 156, 232.<br />

Smendou II, 221 —<br />

Smyrne I, 268 —<br />

Smidt V, 17, 27.<br />

Soiragh HI, 232.<br />

m,<br />

209.<br />

IV, 71.<br />

Somha (Somma) I, 3, 28, 138.<br />

Solvet V, 282.<br />

- Soult m - VII, XI — 193, 298<br />

— - 60, 70 V X, XX - 14.<br />

Soumata V, 63, 193.<br />

Sousse IV, 213, 217, 269.<br />

Staoueli IV, 206, 303.<br />

Stopford V, 55.<br />

IV,<br />

Stora I XVIII 24, 26, 45, 129, 130,<br />

169, 170, 176, 196, 197, 216, 269, 279,<br />

280, 281, 292, 303, 321, 323, 335, 337,<br />

339, 342, 343, 345, 346, 347, 348, 356,<br />

366, 370, 385, 404, 405, 315, 426, 427,<br />

— -<br />

430, 436 n X, XI -1, 2, 16, 19,<br />

20, 37, 73, 75, 115, 123, 134, 136, 138,<br />

139, 198, 199, 200, 213, 217, 220, 224,<br />

225, 228, 231, 232, 238, 239, 240, 241,<br />

250, 251, 252, 255, 256, 257, 268, 280,<br />

—<br />

299, 303 m, 14, 68, 75, 102, 112,<br />

V, 282.<br />

139, 168, 209, 288 —<br />

Occupation de Stora n, 213, 229.<br />

Strasbourg V, 273.<br />

Syrie V, 192.<br />

Tabarque H, 250 —<br />

Tadjemout m, 13.<br />

Tafilet ni, 52, 53.<br />

Tafna I, 232, 325 —<br />

m, 75.<br />

V, 128.<br />

-323 —<br />

Tafna (Traité - de la) I<br />

- XVI 45,<br />

VII, XIV<br />

83, 88, 99, 100, 132, 14ô!<br />

159, 160, 164, 165, 166, 171, 172, 173<br />

174, 175, 176, 177, 180, 187, 188, 189,<br />

191, 192, 199, 201, 202, 244, 251, 252,<br />

255, 273, 276, 287, 291, 302, 303, 305,<br />

311, 317, 318, 319, 324, 325, 326, 328,<br />

330, 333, 342, 353, 357, 379, 419, 420,<br />

422, 423, 426, 428, 430, —<br />

433, 440<br />

II VIII, X, XV - 3,<br />

4, 6, 8, 10, 22,<br />

29, 31, 47, 52, 68, 78, 120, 128, 129,<br />

— -<br />

- 134, 139 HI X, XLX 41, 43, 45,<br />

71, 80, 97, 110, 111, 123, 132, 134, 172,<br />

187, 188, 197, 243, 247, 248, 259, 288<br />

—<br />

— IV VII, VIII 53, 92, 140 V,<br />

272.<br />

Convention rectificative n, 60, 163,<br />

165, 219, 237, 266.<br />

Tafraoua HI, 240.<br />

Tagdempt (Tagadempt) I, 100, 142,<br />

—<br />

173, 232, 339, 378, 396 H, 11, 23,<br />

—<br />

26, 31, 46, 52, 126, 153 HI, 6, 14,<br />

— - 160, 237, 270 IV X, XV, XVIII<br />

21, 44, 251, 276, 297, 298, 299, 300 —<br />

V, 12, 32, 33, 57, 115, 220.<br />

Tamise HI, 183.<br />

— Tanger HI, 71, 278<br />

—<br />

209, 258, 271, 273<br />

190, 228.<br />

Tatareau V, 136, 142.<br />

IV, 5, 207, 208,<br />

V, 7, 72, 110, 175,<br />

— -<br />

Taza HI, 98, 148, 270 IV X 44,<br />

277, 297, 301 — V, 32, 33, 73, 115, 186,<br />

219.<br />

Tebeinet IV, 88.<br />

Tebessa (Tybessa) I, 87 —<br />

IV, 221.<br />

n,<br />

-<br />

88 —<br />

Tedjini H, 67, 78, 90, 109, 153, 275,<br />

— 281 HI, 5, 8, 13, 18, 23, 30, 139,<br />

174, 183 —<br />

IV,<br />

V, 19, 25, 69, 225.<br />

Telagrma I, 433 —<br />

Tell I, 279, 399 —<br />

219, 281 — IV -<br />

Tempoure V, 190.<br />

Tenès HI, 98 —<br />

131.<br />

43, 100, 108, 119 —<br />

IH,<br />

100, 131.<br />

H, 29, 120, 160,<br />

LX 47, 94, 154.<br />

IV,<br />

Ténia (cf. Mouzaïa).<br />

134, 305 —<br />

Ten Salmet IV, 73, 79, 80, 81.<br />

V,


Terre Neuve ni, 338.<br />

Tess m, 240.<br />

Testu m, 287.<br />

Tetouan ni, 91, 160.<br />

Teza HI, 95, 96.<br />

Thelemine H, 58.<br />

Thiers I - VII,<br />

XII —<br />

in,<br />

149 —<br />

XI, XIV, XXI, XXIV 211.<br />

Thomas ni, 205 —<br />

Tibiarine II, 60.<br />

Tiffach I, 202, 204.<br />

IV, 306.<br />

Tinan (de) m, 256, 257, 270.<br />

IV<br />

- Tittery I XVI 87, 99, 110, 113,<br />

114, 148, 163, 164, 166, 171, 173, 180,<br />

227, 229, 230, 251, 252, 255, 258, 265,<br />

317, 324, 331, 338, 339, 342, 357, 377,<br />

— -<br />

396, 398 H - IX 7, 11, 23, 29, 35,<br />

48, 78, 79, 105, 248, 261 — - m XVI -<br />

— -<br />

4, 133, 247, 255, 267, 269 IV VIII,<br />

IX, X, XII, XIII, XTV, XV 26, 38,<br />

42, 49, 50, 51, 94, 103, 120, 138, 141,<br />

153, 154, 155, 156, 158, 164, 176, 185,<br />

230, 238, 241, 248, 253, 276, 277, 281,<br />

—<br />

294, 295, 296, 297, 301 V, 12, 20,<br />

75, 86, 150, 155, 189, 192, 215, 216,<br />

218, 219, 220, 221, .224,231.<br />

Tixeraïn I, 190.<br />

Tizi IH, 95, 96, 113.<br />

Tlemcen I, 57, 70, 71, 118, 119, 166,<br />

167, 180, 200, 232, 233, 325, 339, 409,<br />

— 410 H, 11, 31, 70, 71, 83, 152, 153,<br />

— 176 HI, 12, 49, 72, 238, 239, 240,<br />

— 255 IV - X, XV - 2, 44, 50, 51, 92,<br />

100, 140, 208, 261, 271, 277, 299, 300,<br />

— 301 V, 12, 27, 58, 121, 128, 131,<br />

175, 187, 214, 215, 216, 220, 228, 229.<br />

Tabler HI, 303.<br />

Tonga HI, 231, 232.<br />

Toscane IH, 318.<br />

Toulon I, 82, 90, 219, 247, 254, 261,<br />

—<br />

262, 273, 290, 294, 325 H, 14, 61,<br />

79, 119, 145, 190, 198, 255, 257, 271,<br />

— 276, 288, 300 m - LX - 16, 55, 56,<br />

103, 104, 117, 139, 154, 161, 180, 269<br />

•-■£« !''■•>*.)<br />

::j<br />

-324 —<br />

— —<br />

IV, 20, 71, 74<br />

191.<br />

Toumiettes H, 222 —<br />

106.<br />

V, 7, 20, 74, 134,<br />

m,<br />

209 —<br />

Tournemine (de) I, 33, 41.<br />

Traras V, 121.<br />

Tremblay IV, 315.<br />

IV,<br />

Trézel I, 3, 41, 58, 77, 82, 84, 87, 89,<br />

— H, 41 V, 128.<br />

96, 102, 104, 205 —<br />

Tribus de la province de Constantine<br />

I, 53, 447.<br />

Tripier V, 46.<br />

Tripoli I, 242, 403 — —<br />

H, 107, 200<br />

—<br />

IV, 111, 127, 136, 198, 199 V, 76,<br />

95, 101.<br />

Tsaraoua m, 240.<br />

Tubusuptus m, 220.<br />

Tuggourth I, 69 —<br />

V, 69, 166, 226.<br />

Tunis I XIV -<br />

IV, 104, 314 —<br />

26, 46, 64, 65, 131,<br />

138, 156, 167, 174, 196, 202, 209, 215,<br />

228, 239, 242, 245, 268, 334, 359, 362,<br />

363, 384, 401, 402, 403, 416, 428, 446<br />

— - - H XVII 2, 19, 21, 32, 33, 86, 87,<br />

88, 89, 107, 112, 113, 124, 125, 128,<br />

137, 150, 152, 173, 175, 176, 198, 202.<br />

212, 218, 220, 242, 245, 248, 268, 291<br />

— m - LX 75, 111, 127, 169, 179,<br />

189, 216, 230, 232, 270, 271, 303, 304<br />

—<br />

IV, 6, 22, 35, 71, 111, 117, 135, 136,<br />

213, 221, 259, 269, 274, 282, 283, 289,<br />

— 290, 293, 308, 313 V, 26, 30, 71, 72,<br />

76, 101, 102, 151, 191, 228, 231.<br />

Bey de Tunis I, 45, 214, 228, 272, 360,<br />

— 361, 362, 363, 402 H, 90, 125, 201,<br />

—<br />

—<br />

230 HI, 259, 303 IV, 199, 220,<br />

— 259, 270, 274, 289, 290 V, 20, 76.<br />

Turcs I, 187, 207, 242, 287, 304, 345,<br />

363, 409, 424, 426, — 437 H, 2, 98,<br />

200, 208, 222, 244 —<br />

m,<br />

218 — TV,<br />

— 45, 72, 112, 154 V, 70, 102, 154.<br />

Ubel V, 141.<br />

Uzer H, 40.<br />

u


Vaillant I, 407.<br />

Valabrègue IV, 115.<br />

Valée I - VII, VIII, LX, XI, XIV, XV,<br />

-<br />

XVI, XVII, XVIII, XIX, XX, XXI<br />

— -<br />

26, 171, 181, 218 II<br />

VII, VIII, IX,<br />

x, xii, xrv, xv, xvi, xvii 60,<br />

— 220, 221, 245, 246, 247 m VTI,<br />

vin, xii, xiii, xrv,. xv, xvi, xvii<br />

- 55, 56, 94, 149, 150, 279, 302, 303,<br />

306, 308, 309, 321, 325, 327 —<br />

IV<br />

—<br />

— 325<br />

-<br />

VII, IX, X, XI, XII, XIII, XtV, XVI,<br />

-<br />

xvn, xix, xx, xxi, xxrv 23,<br />

—<br />

153, 205, 206, 210 V, 85, 151, 153,<br />

157, 216, 217, 218, 219, 220, 221, 222,<br />

231, 243, 246, 264.<br />

Valence IV, 139, 261.<br />

Venture IH, 320.<br />

Verdune HI, 315 —<br />

IV, 257.<br />

Vernet (Horace) I, 54, 57, 73.<br />

Vernon V, 9, 10.<br />

Vial V, 125.<br />

Vialard IV, 62.<br />

Viand V, 48.<br />

Vieux I, 4, 38, 39, 41.<br />

Vignon m, 328.<br />

Villa II, 59.<br />

Villemots HI, 274.<br />

Villeneuve (de) I, 41 —<br />

Vivil V, 127.<br />

Walsain V, 159.<br />

w<br />

Warnier H, 53, 54, 57.<br />

IV, 127.<br />

Waysse II, 110.<br />

Wiet HI, 53, 54.<br />

Winkler IH, 97.<br />

Yahya Aga I, 111.<br />

Yahya ben Zaanoun V, 23, 24.<br />

Yaïch I, 351.<br />

—<br />

Yusuf —<br />

I, 94, 304 n, 293<br />

IH, 176<br />

—<br />

— IV, 8, 68, 78, 80, 151 V, 81, 84,<br />

170, 174.<br />

Zab IV, 109 —<br />

Zaccar I, 326, 329.<br />

V, 214.<br />

Zaccar (Zikkar) IV, 230, 232, 233,<br />

302 — V, 42, 110, 114, 140, 145.<br />

Zaboudj<br />

Lazera IV, 21.<br />

Zemmorah (Zamoura) m, 69, 76,<br />

115, 217, 218, 225, 233, 234 — IV, 34,<br />

V, 70, 231.<br />

39, 221, 281 —<br />

Zenati I, 28, 54, 55, 81, 136 —<br />

175.<br />

Zermati HI, 161, 163.<br />

Zerouela IV, 117 —<br />

Zin V, 80, 82.<br />

Zouaoua ni, 101, 123.<br />

Zouagha HI, 212.<br />

Zoualouy m, 76.<br />

II, 138,<br />

V, 247, 249.<br />

Zouatna (cf. Ouled Zeïtoun).<br />

—<br />

Zouaves I, 106, 107, 143, 145, 247<br />

H, 186 — Ht, 125, 129, 137, 138, 141,<br />

142, 186.


Imprimerie E. 1MBERT<br />

—<br />

26, Rue Hoche ALGER<br />

Dépôt légal<br />

n° 64 ■<br />

3- Trimestre 1957

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!