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<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong><br />
miroir, je vis bien que cette grosse bouffonnerie n’avait aucun sens. Je ne<br />
pouvais cacher cette peur qui me terrorisait et j’étais encore pire à voir<br />
démaquillée. Je replaçai le miroir vite fait, sans m’assurer qu’il puisse me<br />
servir à regarder derrière. De toute façon, en constatant mon état, j’ai eu<br />
l’idée de ne <strong>plus</strong> jamais regarder derrière, d’affronter mon destin et celui de<br />
ma fille.<br />
À l’arrivée, quand je mis le pied à l’intérieur, cette odeur que je déteste me<br />
donna envie de vomir. Cette peur refit surface et tous les regards que les gens<br />
me lancèrent me firent comprendre que je n’étais pas <strong>belle</strong> à voir. Quand<br />
j’entrai dans la chambre des soins intensifs où ma petite Mylène se trouvait,<br />
j’eus une énorme boule dans la gorge. Elle était dans son lit. Petite, inoffensive<br />
et intubée de partout. Je versai une larme quand je lui serrai une de ses<br />
toutes petites mains. À ce moment, j’aurais eu envie de l’entendre me dire<br />
que tout allait bien, mais elle était dans un coma profond, entre la vie et la<br />
mort. Dans cette situation, mon cœur de maman n’était <strong>plus</strong> triste, mais<br />
profondément perdu. Cette enfant, c’était ma raison de vivre et mon unique<br />
bonheur. Une école de sagesse à elle seule, où j’étais sa seule élève. Je me<br />
remémorai tous ces beaux instants où nous nous étions chicanées, où nous<br />
avions pleuré et ri ensemble. J’avais envie de revivre ces instants au moins<br />
une seule fois et même pour une dispute, j’aurais tout donné.<br />
Au bout de 2 semaines, mon bébé sortit de son coma. J’ai eu une impression<br />
qu’un cauchemar se continuait, quand le médecin nous annonça que<br />
Mylène serait paraplégique. J’étais dévastée pour elle qui était calme face à<br />
cette triste nouvelle. Il lui expliqua comment sa nouvelle vie allait se dérouler,<br />
mais pour moi, qui étais incompréhensive face à cette situation, le bourdonnement<br />
dans mes oreilles m’empêcha d’entendre son discours. Je ne fis<br />
que regarder les yeux courageux de ma fille qui l’écoutait attentivement. Elle<br />
vit bien la détresse dans mes sanglots et m’envoya des sourires et des clins<br />
d’œil pour me rassurer. Elle finit par demander au médecin de nous laisser<br />
seules et, avec le courage d’une lionne, elle me dit dans ses mots : « Tu sais,<br />
maman, la vie est fragile et je suis pour toi une preuve vivante. Je ne suis pas<br />
morte à ce que je sache ! Et ces jambes... je n’en avais pas vraiment de<br />
besoin ». Avec ce petit sourire qui m’étonnera toujours, elle ne put s’empêcher<br />
de rire devant la tragédie. J’envie cette façon qu’elle a de prendre tout<br />
avec un grain de sel. Et, toujours avec ce petit sourire, elle me dit : « Ne<br />
t’inquiète pas maman, on va continuer à se chicaner ! ». Comme si elle avait<br />
entendu mes confessions durant son coma.