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<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong><br />
perdre le fruit de son labeur ; son garage. <strong>Ma</strong> mère passait beaucoup de<br />
temps à faire de la comptabilité afin de trouver le problème. Voyant mes<br />
idoles se démener pour nous garder un toit sur la tête, j’étais tout simplement<br />
effrayée. Pour un enfant, le monde semble tellement grand, rempli de<br />
péripéties, les gens nous tiennent à l’écart pour nous protéger, ils disent<br />
que nous sommes trop jeunes pour comprendre, mais c’est eux qui ne<br />
comprennent pas. Sous l’enveloppe charnelle du petit être que nous sommes<br />
se cache une conscience qui comprend tout.<br />
Je me souviens. C’était le premier novembre 1999, le temps de l’année où<br />
la neige ne tarde pas à tomber, la fumée dans les cheminées se faisait déjà<br />
sentir. Un moment que j’adorais, Noël arrivait bientôt. Mes parents étaient<br />
heureux, ils avaient hâte de nous montrer quelque chose. Je ne savais pas ce<br />
que c’était, mais j’étais aussi heureuse qu’eux. Ils nous ont emmené devant<br />
cette immense bâtisse, la pluie tombait à petites gouttes sur mon visage,<br />
j’adorais cette sensation. Un vent de renouveau soufflait. C’était grand,<br />
l’odeur d’huile et d’essence emplissait mon nez, cette odeur que je sentais<br />
souvent sur les chemises de mon père à son retour le soir. J’avais tout<br />
compris ! Il s’agissait d’un garage. Mon père venait de réaliser un de ses<br />
rêves, le mien en même temps, car tous les rêves de mes parents étaient<br />
devenus les miens. Ce garage était celui de la municipalité de mon petit<br />
village natal. Tout allait pour le mieux, nous étions heureux ! <strong>Ma</strong>is il semble<br />
que la vie n’est pas un conte de fées…<br />
Au fil des ans, mes yeux d’enfant grandissaient, mes parents adorés travaillaient<br />
avec ardeur, je me sentais seule, très seule. Il m’arrivait souvent de<br />
surprendre leurs conversations, qui malheureusement, n’étaient <strong>plus</strong> aussi<br />
magiques qu’elles l’étaient auparavant. Ils parlaient souvent qu’ils pensaient<br />
se faire flouer, un employé du garage les volait. Je ne comprenais pas, c’était<br />
trop compliqué pour moi… Il m’était alors impossible d’envisager ce qui<br />
allait se produire, la peur envahissait ma tête et les larmes remplissaient mes<br />
yeux. Mes parents ne perdaient pas espoir, mais je pouvais tout de même<br />
percevoir la douleur dans les yeux de ma douce maman.<br />
Le 2 octobre 2001, la vie de rêve tirait à sa fin. Nous étions en train de tout<br />
perdre, nos voitures, notre maison, notre fierté. J’entendais les autres enfants<br />
rire de moi, ils ne pouvaient pas comprendre, eux. J’avais le désir de<br />
m’enfuir, fuir cette petite vie de misère que des gens sans cœur et jaloux<br />
nous avaient donnée. Nous avons finalement déménagé. J’entendais mes<br />
parents pleurer, ils ne pleuraient pas pour la perte matérielle, mais plutôt<br />
pour le mal que cette faillite avait fait à notre petite famille. À partir de ce