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Ma plus belle histoire - FSE

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<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong><br />

18. La crique magique<br />

Lorsque nous étions petits, moi, mes sœurs et mon cousin, nous allions souvent<br />

à la pêche sur les terres d’un de nos voisins. Il nous appréhendait pratiquement<br />

à tous les coups et il nous expliquait que c’était dangereux d’y<br />

aller. Car il s’agissait d’une partie de ses terres où vivait le taureau dominant<br />

de son troupeau de vaches, « une bête agressive ». <strong>Ma</strong>is nous nous croyions<br />

<strong>plus</strong> rapides et futés que lui, et rien au monde ne nous faisait peur.<br />

Cette crique que nous disions magique, on l’avait baptisée la « Thousand<br />

Fishes », car il y avait des bancs de ménés à profusion et il était très facile de<br />

les attraper. Notre but était d’être celui ou celle qui en attraperait le <strong>plus</strong>.<br />

Juste de savoir qu’Hubert, notre voisin, ne voulait pas nous voir là, c’était la<br />

moitié du fun. Car nous avions à nous trouver des manières de <strong>plus</strong> en <strong>plus</strong><br />

futées de nous y rendre sans nous faire prendre.<br />

Nous avons mis au point toutes sortes de plans des <strong>plus</strong> laborieux pour ne<br />

pas nous faire attraper. On passait par le petit bois derrière les terres. Ou un<br />

de nous allait demander à Hubert de mettre de l’air dans ses pneus de bicyclette.<br />

Ou nous marchions devant chez lui avec notre chien pour que le sien<br />

coure après le nôtre et crée une diversion. Semble-t-il qu’il voyait toujours<br />

clair dans notre jeu.<br />

À croire qu’il avait des pouvoirs magiques. Même que certaines personnes<br />

disaient qu’il s’agissait d’un vieux sorcier et que, s’il attrapait quelqu’un en<br />

train de pêcher dans sa crique, il l’enfermerait dans sa cave que nous appelions<br />

son « cachot » pour mieux nous faire peur. Car il ressemblait vraiment<br />

à une sorte de personnage macabre. Il avait un œil <strong>plus</strong> gros que l’autre et<br />

il était un peu croche. Et que dire de son grand nez pointu avec deux grosses<br />

verrues poilues... Il était vraiment épeurant. Il était dans presque toutes nos<br />

<strong>histoire</strong>s d’épouvante, assez que j’en ai souvent rêvé. « Brrrr… »<br />

Une fois, mon grand frère s’était fait prendre. Quand il est revenu à la maison<br />

<strong>plus</strong> tard dans l’après-midi, il nous a conté toutes sortes de choses <strong>plus</strong><br />

épouvantables les unes que les autres. À faire raidir tous les poils sur le<br />

corps. Le vieux Hubert lui avait dit qu’il voyait à travers les yeux de son<br />

taureau ; c’était comme ça qu’il le savait toujours quand nous allions pêcher<br />

dans sa crique.<br />

Aujourd’hui, je comprends que ce vieil homme, si effrayant à nos yeux<br />

d’enfants, nous aimait beaucoup <strong>plus</strong> que nous n’aurions jamais pu<br />

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