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<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong><br />
24. La fourmi et la feuille<br />
Je me suis réveillée et j’ai commencé à bouger chacune de mes six jambes.<br />
Une par une, elles ont commencé à participer, touchant délicatement un gaz<br />
blanc qui m’enveloppait. C’était doux comme un oreiller, à chaque fois que<br />
je le touchais, il rebondissait vers moi délicatement et doucement.<br />
Les deux parties de mon corps, dur comme une armure, étaient très lourdes<br />
comme si j’avais bu une boisson de ciment qui avait glissé dans mon corps.<br />
J’avais l’impression que mon ventre était plein de cette ancre de ciment et<br />
ma tête était un bateau flottant sur l’eau, sans intention délibérée. Cette<br />
sensation d’être collée sur place m’empêchait de bouger, harponnée par<br />
l’ancre de ciment.<br />
<strong>Ma</strong> tête était brumeuse et mes pensées étaient cachées dans un immense<br />
brouillard, jouant à cache-cache avec moi, mais je ne voulais pas jouer.<br />
J’étais consciente de mes pensées et je sondais les endroits sereins, mais<br />
comme des fragments qui nagent dans une mer de silence, elles n’étaient<br />
pas touchables.<br />
Tout à coup, comme une bombe qui avait explosé, tous mes objectifs, mes<br />
obligations, mes pensées se précipitèrent vers moi en même temps. Je me<br />
sentais comme quelqu’un sur qui on avait jeté un seau d’eau froide, presque<br />
congelée, sur la tête. Une chute d’eau remplie de fourmillants souvenirs se<br />
versait sur mon corps, laissant un sentiment de renouveau rafraîchissant.<br />
Mon bateau flottant coulait pour rejoindre mon corps. C’était extraordinaire<br />
comment le ciment dans mon ventre s’était brisé immédiatement, comme la<br />
glace qui se fissure sur un lac pendant l’hiver pour trouver le chemin le <strong>plus</strong><br />
rapide. Dans une flaque de transition, j’étais libre.<br />
Je devinais le grand ciel bleu, tellement loin, une demi-sphère qui protège<br />
tout. Les arbres autour de moi donnaient de l’ombre aux endroits choisis par<br />
leurs amples branches. L’herbe était droite, comme au garde-à-vous, avec un<br />
milliard de ses camarades au milieu de cette vaste florissante nature. J’ai<br />
profondément accepté ma vulnérabilité dans ce champ émotionnel et<br />
délicat.<br />
À cet instant, mes multiples yeux furent émerveillés par une feuille verte et<br />
brillant d’une telle énergie. La petite feuille, cet aimant qui m’attirait, était<br />
comme un oasis, un festin pour les yeux, au milieu du désert ; une pierre